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 Deux lunes, deux coeurs

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Message Sujet: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyMar 2 Aoû 2016 - 20:53


Livre I, Chapitre 5 • Le Tournoi des Trois Opales
Le Roi Noir & Quitterie Aubenacre

Deux lunes, deux coeurs

Ou serait-ce trois, en vérité ?



• Date : Le 24 juillet 1001
• Statut du RP : Privé
• Résumé : Aboutissement de la fantasque correspondance entre le Roi Noir et la Chevaucheuse Louison Aubenacre, un rendez-vous à Port-Liberté.

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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyMar 2 Aoû 2016 - 21:08


Le Roi

La Rose Noire





L’odeur de la mer est bien différente à Port-Liberté. Forte, puissante. Ses vagues, même, se font différentes qu’ailleurs. Elles ne se battent pas, non, elles ne semblent pas vouloir tout dévorer sur leur passage. Elles sont paisibles, presque tendres, et semblent chanter, appeler les quelques hommes et femmes qui n’ont pas encore vogué sur les eaux. Le Roi Noir emplit ses poumons, ravi, le nez plein du parfum piquant du sel. Sur le dos de Vif-Argent, seul griffon dans ce ciel de dragons, il survole Port-Liberté. Pas au-dessus de la mer, son écrin ne le supporterait pas, ne le supporterait plus, bien au-dessus des terres, mais même à cette hauteur, à cette distance, la mer chante.

Son esprit ne pense déjà plus aux affaires qui ont été discutées à la cour d’Ansemer, avec le duc Bartholomé. Elles ont été utiles, certes, et les pirates ne verront pas leur nom sali par un homme qui les traque avec frénésie. D’un côté, un homme dont la position publique ne le place pas avantageusement dans ce nouveau règne impérial. De l’autre, un symbole que l’on regarde avec un soupçon encore plus grand. Ne pas être en odeur de sainteté ne dérange absolument pas le Roi Noir, qui en a vu bien d’autres en mille ans de Rose Écarlate. Puis, ce soir, cette nuit, il ne veut pas y penser.

Il a un rendez-vous à honorer et il y vole justement, le sourire faisant enfin fleurir les lèvres tristes de son écrin. Les missives échangées l’ont fait rire, l’ont amusé, puis finalement, il a décidé. Louison Aubenacre, la jolie Chevaucheuse, celle aux cheveux brillant de feu. Oui, il s’en rappelle, il s’en émeut, et il y a quelque chose autant chez l’écrin que chez Hypérion qui les pousse de concert à se rapprocher de la demoiselle. On pourrait croire qu’il profite de son admiration pour lui, qu’il se fait vil hypocrite, que l’alliance de l’enfant terrible et du séducteur font de lui un monstre menteur, mais il y a plus. Plus, pour son cœur blessé, son cœur brisé, pour l’homme sous le masque qui pleure si longuement les journées durant, pour celui dont les mains tendres n’hésitent pas à se couvrir de cals à force d’écrire, pour celui qui a trouvé en cette correspondance une étincelle de joie.
Et que le Destin s’offusque, que Levor s’emporte ! Lorsque les jupons de Mirta tournoient, son cœur tout entier se dédie à ces passions, et elle sait qu’elle sera toujours reine de son cœur, aux côtés d’un Erelf qui jamais ne retient ses excès et sa grandeur. Il est leur fidèle serviteur.

Le Roi Noir s’éloigne du centre, de ces bâtiments illuminés, de ces rues où il aperçoit marins de passage et femmes rire aux éclats, dans les lueurs tamisées des globes lumineux. Les limites de Port-Liberté se font rapidement sauvages, les arbres s’entassant contre les baraques abandonnées et le lierre ayant englouti les corps de coques vides, entreposées le temps d’un hiver et oubliées. Le cimetière végétal enfin s’ouvre sur une clairière, où le griffon se pose avec grâce. Il caresse son plumage, doucement, tout en le menant un peu à l'écart. C'est qu'un dragon prend un brin plus de place qu'un griffon et qu'il se doute que c'est ainsi que Louison Aubenacre les rejoindra. Enthousiasme. Nervosité. Un chat persan couché seul sur un canapé. Non, pas aujourd’hui. Elle est mage. C’est une idée saugrenue. Contre laquelle, comme je peux le constater, tu t’es vivement opposé. Embarras. Vif-Argent s'exprime pour toi, Hypérion. C’est un enfantillage. J’ai passé l’âge de m’adonner à toutes ces… séductions. Obéron de Faërie. Un balai. Il éclate de rire, subitement, rire chantant qui l'espace d'un instant trahi presque la gorge qui l'émet. Il sait que les protestations d'Hypérion sont de l'ordre de la prudence plus qu'autre chose et que l'ancien empereur d'Ibélène a le même intérêt que lui envers la Chevaucheuse, doublé d'une fierté égocentrique à l'idée d'être encore le séducteur de jadis.

« Les vois-tu, Vif-Argent ? Multitude de dragons groupés. Enchevêtrement de couleurs. Confusion. » Vrai. Il y en a beaucoup. Cela ne l'empêcher pas de fixer la voûte céleste, en l'attente de la Chevaucheuse, espérant la voir jaillir d'entre les lunes et les étoiles, Valda plus vraie que nature. Et si elle ne se présente pas ? Non, elle viendra. Il l'espère.


Dernière édition par La Rose Écarlate le Mer 14 Sep 2016 - 6:12, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyVen 2 Sep 2016 - 15:45


Deux lunes, deux cœurs
Ou serait-ce trois en vérité ?
Le Roi Noir & Quitterie • 24 juillet 1001


Un rendez-vous !

Valda soit louée – ou maudite ? Son idole lui a donné rendez-vous, et la Chevaucheuse s’affole. Elle a terminé l’entraînement tardivement, récolté une superbe coupure qui marbre sa pommette – les poignées de porte des vestiaires sont décidément très mal positionnées – et se trouve un peu en retard. Sur le bureau de ses appartements à la caserne, la missive reçue et relue – avec peine – une quinzaine de fois stipulait bien au crépuscule, et la nuit est déjà tombée lorsqu’elle parvient enfin à grimper sur le dos de Serment pour rejoindre la clairière désignée. Elle aurait pu s’apprêter, la petite mage, enfiler quelques jolis vêtements comme aiment à en porter les dames bien nées de la capitale ansemarienne ; mais les froufrous sont fort peu compatibles avec la Chevauchée, aussi est-elle simplement mise. A quoi sert de se déguiser, de toute manière ? Alors, elle a donné sa soirée à son Familier, et sauté sur le dos de son dragon pour filer à tire d’aile rejoindre le lieu du rendez-vous. Elle ne sait pas trop quoi penser, quoi attendre, quoi espérer ; elle est tout autant ravie qu’anxieuse de voir son héros personnel, flattée de voir qu’il lui a accordé un moment de son temps si précieux, et terriblement indécise quant à la pertinence de ce rendez-vous audacieux. Qui est-elle, pour oser prétendre à l’attention du très respecté Roi Noir, l’un des souverains de la Rose Écarlate, millénaire et si sage qu’il n’existe pas de mots pour le décrire ?

Serment se moque d’elle ; et cela rajoute à sa confusion. Effectivement, de dragon à dragonne les choses sont bien différentes, et elle n’est pas persuadée que « le mordre un bon coup derrière la nuque » soit vraiment propice à l’élaboration de liens durables. Elle perçoit son amusement, et tente de se rasséréner en se rappelant que c’est lui qui lui a fixé rendez-vous – et que, donc, il veut la voir. Au moins un peu. Sayam parti en éclaireur transmet une image : un griffon altier, et une silhouette voilée de noir. Bon. Il est là…

Dans un grand battement d’ailes, Serment effectue un atterrissage à peu près impeccable – sûrement parce qu’elle ne s’en est absolument pas mêlée – et elle retire le bandeau qui voilait ses yeux pendant le vol, mettant pied à terre avec la fluidité de l’habitude. Poliment, elle salue le griffon – Vif-Argent, c’est son nom, l’a écrit le Sombre Souverain dans sa dernière missive – tandis que Serment s’avance le renifler avec curiosité, sans plus de manières. Elle perçoit vaguement un échange d’images, de notions, d’impressions – ah, que la communication de dragon à griffon doit être malaisée ! Les laissant à leurs présentations, elle s’incline avec révérence devant la sombre silhouette qu’elle devine bien plus qu’elle ne la voit, un sourire heureux traversant fugitivement son visage avant que la gêne ne reprenne le dessus. « Votre Altesse, me voilà. Je suis… Je suis honorée que vous ayez pris de votre temps pour venir me visiter. » Courbette pleine de respect, pour saluer le noble souverain des Noirs, puis elle se redresse, joignant les mains devant elle pour tâcher de dissimuler sa nervosité. « Votre Altesse, dites-moi, comment puis-je me rendre utile auprès de vous ? J’imagine que vous avez besoin de mes services, pour m’avoir convoquée en votre auguste présence, quel sombre péril vous menacerait-il… ? »


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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyMer 14 Sep 2016 - 6:12


Le Roi

La Rose Noire





Orange. C’est un signe, un symbole. Vif-Argent a aperçu la cigogne orangée, dans le ciel déjà obscurci, et à l’image du Roi Noir dont le ventre se tord de nervosité, le griffon piétine le sol avec une heureuse impatience. Émerveillés, griffon et cavalier observent le majestueux dragon d’Améthyste se poser et sa propre cavalière en descendre ensuite, retirant de ses yeux presque aveugles le bandeau les couvrant. Je dois au moins reconnaître que tu as du goût. Elle ne peut pas voir le sourire qui illumine son visage, attribuable autant à son arrivée qu’au commentaire d’Hypérion, mais il est bien présent. Et un instant, le triste mortel sous les voiles noirs se remplit de joie, tendant à nouveau vers la lumière.

« Votre Altesse, me voilà. Je suis… Je suis honorée que vous ayez pris de votre temps pour venir me visiter. C’est vous qui m’honorez, demoiselle », qu’il répond, cherchant à revoir sur ce visage cet heureux sourire si fugace, chassé bien vite par la gêne. Une révérence, une courbette encore, et c’est à peine s’il se sent gêné de tous ces salamalecs, qui le flattent et l’amusent. « Votre Altesse, dites-moi, comment puis-je me rendre utile auprès de vous ? J’imagine que vous avez besoin de mes services, pour m’avoir convoquée en votre auguste présence, quel sombre péril vous menacerait-il… ? » Un péril ? Par la barbe de Levor, ciel, non ! C’est un caprice, plutôt, un désir, une urgence, même, qui convie le souverain en ces lieux, à la lueur des deux lunes d’Arven. Il en serait même gêné : encore une fois, il a l’impression de se jouer de cette jeune femme à l’âme tendre, vil personnage à l’inconstance dangereuse. C’est à lui de s’incliner, devant celle qui est venue le rencontrer, d’une révérence profonde et sincère que l’homme ne réserve qu’à quelques rares personnes. Le gant de sa main gauche est retiré (Que fais-tu ?), rangé, et quelques pas comblent l’espace entre eux. Ses mains viennent prendre les siennes, jointes – la main, gantée, déjà se mourant de ce contact qu’elle sait doux, et celle, dénudée, offrant la cicatrice qui trône au creux de la paume. Comme un gage de sincérité, de vérité. Peut-être le geste lui est-il familier ? Se souvient-elle, de cette balade en Sombreciel ?

« Ô, demoiselle, aucun sombre péril, si ce n’est celui qui m’accuse d’être fou et corrompu », commente le Roi Noi, qui se désire joyeux, mais s’avère finalement sérieux, malgré la pointe d’ironie qui se lit dans sa réplique. L’ombre n’est jamais bien loin, malheureusement, et l’orage toujours guette. « Je suis bien égoïste, demoiselle, puisque peut-être désirais-je uniquement m’assurer que votre cœur m’était encore dévoué, au travers de cette nouvelle tempête à affronter ? Mon propre cœur n’a certainement pas toute la noblesse que vous lui prêtez, d’ainsi vouloir m’accaparer votre parole. » Il est incertain, ce souverain à la langue habituellement bien pendue, il hésite, même, alors que sa main nue serre celles de la Chevaucheuse, y cherchant le réconfort, l’assurance. Il se ment, lorsqu’il prétend que les insultes ne l’atteignent pas, ni les racontars – en d’autres temps, peut-être, mais un homme fragile se tient sous la couronne d’argent et les ombres en dévorent chaque jour une part.


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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyVen 23 Déc 2016 - 19:44

Elle en tremble tellement, la petite Chevaucheuse aveugle ! Elle n’y voit plus grand-chose, c’est vrai, mais elle ressent tout de même très fortement l’aura de majesté et de puissance qui émane du Sombre Souverain. Comme si le poids des souvenirs et la richesse de la mémoire laissaient une trace dans le tissu même de l’atmosphère, comme si le simple fait d’être voilé de ténèbres faisait de lui une entité nocturne aux terribles pouvoirs. Il y a dans l’air comme un frisson solennel, comme un frémissement mystique – comme si la caresse de son aura sur les mortels éphémères appelait un soupir de la Création elle-même. Elle est sensible à cette ambiance irréelle, Quitterie, elle qui se repose désormais bien plus sur ses autres sens que sur sa vue bien inutile, elle ressent profondément la vibration tranquille d’un cœur désincarné qui bat sereinement depuis mille ans déjà. Elle s’enivre de ce toucher léger sur son âme, avide d’en recevoir la caresse à la lisière de son esprit de magicienne, prête déjà à goûter la présence si particulière d’un champion de la lumière mort depuis bien longtemps.

C’est un contact bien physique qui se produit toutefois, et la fille de Bellifère en est toute électrisée. Inattendu, imprévu, déstabilisant, mais ô combien bienvenu ! Elle ressent d’abord le toucher délicat de son gant doux qui s’en vient saisir sa main, et ses doigts se mettent à trembler légèrement sous l’effet de la surprise, tandis que son cœur rate un battement. Puis un deuxième, lorsque l’auguste Voltigeur prend son autre main au creux de la sienne – dégantée, celle-là, et la chaleur de cette peau contre la sienne assèche soudain sa gorge déjà serrée. Les paroles du Roi Noir ne font rien pour dissiper son trouble, et elle hésite un instant, ne sachant trop quoi déduire de ces mots qui font battre son cœur et tourner sa tête. Pour se donner contenance, elle déplace légèrement ses mains au creux du gant de velours, et prend l’autre entre les siennes. Du pouce, elle effleure doucement la cicatrice dans la paume offerte, reconnaissant là son travail sur le pont ravagé de la Marie Sanglante en pleine folie. Son regard aveugle se lève, cherche la direction approximative du visage voilé de ténèbres, et elle sourit. Toute timide, rosissant vivement dans la nuit qui dérobe sa confusion, et elle chuchote pour les seules oreilles de l’homme qui se tient sous la couronne d’argent, penchée légèrement en avant pour son aveu complice. « Je vous demeure aussi loyale que ce jour-là, mon Roi, cette cicatrice en soit témoin : je vous conserve ma foi et mon soutien. »

Doucement, elle soulève la main offerte, porte la paume dénudée à ses lèvres, et dépose un baiser léger sur la balafre qui en barre la longueur. « Ma reconnaissance envers vous n’a pas failli, mon seigneur. Usez de mes services comme il vous convient – ma personne est à votre disposition. Commandez, et j’obéis – n’y a-t-il donc rien que je puisse accomplir pour vous témoigner ma gratitude ? Vous avez sauvé ma vie. »
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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyVen 27 Jan 2017 - 6:52


Le Roi

La Rose Noire





Elle a un de ces sourires, ô Mirta, qui va jusqu’à éclipser la lumière des astres jumeaux de Valda. « Je vous demeure aussi loyale que ce jour-là, mon Roi, cette cicatrice en soit témoin : je vous conserve ma foi et mon soutien. » Vient le baiser, léger, sur la balafre de sa main, lui faisant tourner la tête. « Ma reconnaissance envers vous n’a pas failli, mon seigneur. Usez de mes services comme il vous convient – ma personne est à votre disposition. Commandez, et j’obéis – n’y a-t-il donc rien que je puisse accomplir pour vous témoigner ma gratitude ? Vous avez sauvé ma vie. »

Un sourd silence résonne dans son esprit, alors que sur son visage, s’étire le plus crapuleux des sourires. Hypérion aimait et aime encore Astrée de cet amour dévorant, affolant, que les Cielsombrois ont élu au rang de divinité, mais leur mariage n’a jamais empêché jupons et pantalons d’être abondamment courus et chassés. N’a jamais empêché le cœur de faiblir, de s’émouvoir, d’autant plus que son écrin a l’âme tendre. Oh, être plus jeune, être moins raisonnable, il ne se formaliserait certainement pas de ces voiles pour bien justement profiter de la gratitude de la Chevaucheuse d’Ansemer.

Ses mots se font bien sages, alors qu’ils se désirent osés, sa voix grave toujours égale : « Alors, restez aux aguets, ma dame. Le duc Bartholomé n’a pas hésité à plier le front devant l’usurpateur et je crains, oui, qu’Ansemer soit un nid pour des choses bien plus terribles encore… » Les Ansemariens et les Lagrans ont cela en commun que lorsque le profit se fait plus grand ailleurs, ils n’hésitent pas à retourner leur veste. Quant à Cibella… La duchesse Gaëtane a toujours eu une position claire, quant à sa jeune impératrice. « Si dans vos lettres, vous pouviez m’exprimer vos soupçons, vos idées, j’en serais bien heureux. Nos Épines travaillent avec ardeur, mais elles n’ont pas toujours l’occasion d’entendre tout ce qui peut se tramer au sein d’une caserne de Chevaucheurs. » Les rébellions, les plans, les mutineries. Tout ce qu’un équipage enthousiasme ou rébarbatif peut préparer. Fort approprié pour Ansemer, d’ailleurs, que cette métaphore.

La main gantée vient effleurer le visage de Louison, cette pommette entaillée. Il la sait aveugle, la jeune femme, mais il sait bien aussi qu’elle voit autrement. Lui-même sent pulser cette magie, si forte en Faërie, si forte entre eux. Fils d’Ibélène, voilé de si anciens enchantements, il se gargarise de l’Hiver qui affleure à chaque souffle de la Chevaucheuse, à chaque battement de ses cils. « Suis-je trop exigeant ? », s’inquiète le Sombre Souverain.

Ils sont si près l’un de l’autre, on pourrait les méprendre pour des amants.


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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyDim 5 Fév 2017 - 4:31

Le silence s’étire et s’allonge, mais la petite Chevaucheuse n’en tire nul inconfort. Ce soir, seule dans une clairière avec le héros de ses fantaisies, elle se sent… vulnérable, et paradoxalement en pleine et complète sécurité. Il l’a déjà sauvée une fois, ce Sombre Roi si solennel et si puissant – il saura prendre soin d’elle encore, même si l’aura ancienne qui émane de lui lui fait un peu tourner la tête. Elle n’est qu’une simple humaine, après tout ! Quel insigne privilège que de côtoyer Hypérion, souverain d’Ibélène naguère à l’époque si lointaine de la Trêve. Quel honneur suprême, que de respirer le même air ! Oh, quel souvenir inoubliable, que le contact de sa paume contre ses lèvres. Elle sait qu’elle n’oubliera jamais, Quitterie, et qu’elle rêvera longtemps encore de son idole si réputée.

Elle hoche docilement la tête, lorsqu’il lui explique ce qu’il attend d’elle. Elle ne pourra guère ouvrir l’œil, mais elle tendra l’oreille, oui, guettant les rumeurs et les commérages, les ragots et les bruits de passage, pour se dresser la carte de ce qui se dit sous le manteau. Elle écoutera à la Caserne, elle écoutera aussi à la Taverne, partout : elle gravera chaque information sur le tissu de sa mémoire, et en fera un rapport précis, circonstancié, au Sombre Souverain qui l’honore d’une mission si importante. Qu’elle se réjouit, Quitterie, d’avoir un nouveau motif de lui écrire ! Comme elle aime ces moments, qui bien pénibles lui procurent la joie d’écrire à son héros. C’est une manière comme une autre de rester présente à son esprit, et égoïstement elle s’en réjouit, la petite aveugle, d’avoir une place un peu spéciale parmi le réseau d’agents apportant leur aide à Hypérion. Elle si terne, si passe-partout, a enfin réussi à sortir du groupe, et c’est une âme bien hautement née qui l’a distinguée. Ravie, elle sourit de toute son allégresse, flattée et honorée. « Je serai vigilante, je vous en fais serment, monseigneur. »

Sa question la prend au dépourvu. Surprise, elle fronce les sourcils, un peu perplexe. « Non, monseigneur, vous n’êtes point trop exigeant, et je suis fort aise de pouvoir me rendre utile ! Vous êtes… » Sa voix s’estompe, et elle réfléchit, la petite Chevaucheuse aveugle, concentrée sur ce qu’elle ressent, sur ce fil de magie qui s’étire d’elle à lui, tendu de la puissance de l’Hiver, qui détecte et reconnaît la souffrance. « Vous êtes… seul, monseigneur ? » Presque une question. Hésitante, qui demande confirmation. Est-ce la solitude réellement, qui broie le cœur qu’elle devine sous les voiles sombres du seigneur à qui elle vouerait bien son cœur ? « Monseigneur… cela vous fait donc… si mal, d’être seul… ? »

Seul – oh, si seul...

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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyLun 10 Avr 2017 - 4:58


Le Roi

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Son serment est une musique à ses oreilles, et encore longtemps, il entendra ses mots dans son esprit. Une promesse qu’il caressera, lorsqu’il doutera de son entreprise, lorsque son écrin faiblira, lorsqu’il aura besoin de se souvenir des raisons pour lesquelles ils font tout ceci. Tous ces sacrifices, toutes ces batailles, sans jamais faiblir. Il s’en souviendra, comme il se souvient de tous ceux ayant embrassés ses voiles, de tous ceux ayant péri sous Ordalie, de tous ceux ayant cherché sa protection.

Pourtant, le Roi millénaire s’inquiète - que la demande soit trop, peut-être, pour une jeune femme si frêle, si jeune (comme ils l’étaient tous, jadis). Heureusement, elle le rassure sans tarder : « Non, monseigneur, vous n’êtes point trop exigeant, et je suis fort aise de pouvoir me rendre utile ! Vous êtes… » Qu’est-il ? Le Roi Noir se fait attentif, curieux, attend la suite, qu’il imagine pleine de ces compliments qui toujours réussissent à flatter son égo. C’est qu’il ne manque pas de qualités à souligner, par tous les dieux, et il en développe de nouvelles à chaque siècle ! « Vous êtes… seul, monseigneur ? » Seul ?
Oh.
Je la pensais guérisseuse et pas autre chose, cette mignonne. Tu les choisis définitivement bien. Devineresse. Maligne. Il veut leur dire de se taire, de cesser leurs commentaires si mal avisés, mais il est muet, pétrifié. Son coeur palpite de plus belle. Protestant, approuvant. Seul, brisé, amer, perdu. Battant pour celles qu’il a blessé, celles qui lui battent silence et froideur. Battant pour celle devant lui, prête à lui offrir tant de choses, battant comme pour sortir de sa poitrine et bondir entre ses mains graciles. « Monseigneur… cela vous fait donc… si mal, d’être seul… ? » Sur ses lèvres, le goût du sel, soudainement. Quelques larmes furtives, qu’il ne peut chasser. Il n’ose pas défaire sa main dégantée de la sienne, ni éloigner celle qui effleure son visage. « Vous… êtes clairvoyante, demoiselle », prononce sa voix grave, dans laquelle il ne peut cacher la tristesse. La soie du gant vient tout à fait caresser sa joue, sa pommette blessée. Il a envie de parsemer cette peau de baisers, jusqu’à ce cou doré par le soleil d’Ansemer, jusqu’à la naissance de cette gorge, afin d’oublier la solitude, afin que celle-ci devienne plénitude. « Mille ans ont passé et pourtant, les hommes ne deviennent pas plus sages, ni moins cruels, et certaines erreurs… coûtent bien plus cher que des fleurons. »
Peut-être celles ne pourront jamais être réparées, le laissant avec les éclats coupants, meurtriers, de ses échecs et des erreurs passées.

Il relève la tête et voit, dans le ciel, griffon et dragon voler, contre les lunes et le ciel si doucement éclairé. Sous les voiles, à nouveau l’esquisse d’un sourire aux accents canaille. « Donneriez-vous un baiser à un Roi, afin d’apaiser son coeur ? »

Et fi de ces voiles !


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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyMar 11 Avr 2017 - 3:04

Elle murmure, la voix si grave – parle de clairvoyance, alors qu’elle n’y voit… vraiment plus beaucoup. Mais peu importe, Louison comprend ; et lorsque la soie du gant effleure sa joue, elle s’y love, cherchant la caresse, désespérée de ne pas savoir comment combler la tristesse de cet esprit déjà si ancien. Il parle, doucement, dans la nuit paisible, et le tragique de ses mots serre le cœur encore bien tendre de la Chevaucheuse. Que sait-elle de la mort, elle l’enfant du littoral grandie le sel sur les lèvres et le vent du large dans les cheveux ? Elle n’a jamais connu toutes ces horreurs qui se devinent dans les propos du Sombre Seigneur. Elle ne sait rien, du torrent de larmes des veuves et des orphelins. Rien, des rivières nourries du sang des innocents ; des fosses communes emplies de corps sans nom, des sépultures anonymes, des disparus qui ne reviendront jamais. Elle ne sait rien des épidémies impitoyables qui frappent tout autant le fort et le faible, des famines cruelles qui voient les parents obligés de faire un choix entre ceux de leurs enfants qu’ils aideront à survivre pour ne pas tous les voir périr, des oppressions aveugles et égoïstes des populations occupées.

Elle ne sait rien de tout ça, mais elle en devine les fantômes dans la voix triste du Roi Noir – triste, ô Valda, si triste ! Elle entrouvre la bouche, voudrait parler, trouver les mots pour le réconforter ; mais quoi lui dire ? Elle est si petite, misérable et insignifiante, éphémère vermisseau foulant les terres d’Arven le temps ce qui doit lui sembler un simple battement de cœur. Il a vécu si longtemps, rencontré tant d’hommes et femmes remarquables – ah, vraiment, il n’est rien qu’une Chevaucheuse aveugle ne puisse faire pour soulager sa peine. Il porte, après tout, le deuil d’un continent tout entier…

Sa demande la prend totalement au dépourvu, elle l’innocente qui ne sait pas jouer des doubles sens ni des sous-entendus. Désarçonnée, elle arrondit les lèvres en un « o » de surprise, battant nerveusement des cils pour tenter d’ordonner ses pensées. Si quiconque d’autre avait demandé, elle aurait refusé et pris la fuite – mais… Mais c’est le Roi Noir qui demande, et il y a en elle un instinct qui lui souffle d’accepter. Peut-être que l’enfant a grandi, que la femme ne tient plus vraiment à se cacher pour se protéger ? Peu importe au final. Elle hésite, tout de même. Le doute la prend. « Monseigneur, c’est que je n’ai… jamais… » Elle a murmuré, tout bas, honteuse soudain de ce noviciat qu’elle portait fièrement en étendard naguère. Puis les épaules se carrent, le sourire fleurit de nouveau, même s’il reste timide – elle ne refusera pas, elle ne peut pas refuser, c’est lui qui demande. Elle ne veut pas refuser – même, elle veut... accepter. « Si un baiser a le pouvoir de calmer votre peine, monseigneur, je vous le donne – et-et-et bien volontiers. » La rougeur a envahi ses joues, le cœur bat plus vite dans sa poitrine ; elle s’angoisse bien un peu, d’être à la hauteur, de savoir comment s’y prendre – mais l’impatience pulse aussi dans ses veines, et elle ne sait plus trop où elle en est.

Par chance, il semble que le Destin l’ait placée entre les mains d’un homme qui, lui, doit savoir ce qu’il fait... !

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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyLun 17 Avr 2017 - 5:02


Le Roi

La Rose Noire





Il s’attend à un refus. Il donne le bâton pour être battu. Il suffit, d’oser, de transgresser, de dépasser toutes les limites, semble dire ce silence surpris dans lequel baignent la Chevaucheuse et le Voltigeur. Il s’attend à un refus, à une gifle qui certainement saurait remettre en place cet esprit rebelle qui a franchi les siècles, mais ce n’est pas ce qu’il espère. « Monseigneur, c’est que je n’ai… jamais… » Admirable et délicate petite chose. Il est ému, le Roi Noir, devant cette jeune femme qui n’a jamais eu le plaisir de connaître les frissons de la chair, l’anticipation délicieuse des premiers baisers, de la peau qui cherche le contact de l’autre, de cette envie qui vibre jusqu’au creux du ventre, lorsque le désir se fait vorace, palpitant. Il est doublement fils de Mirta, celui qui sourit sous les voiles et celui qui il y a mille ans les a revêtu, et il s’attendrit devant celle qui hésite, qui craint, et qui pourtant ne refuse pas. « Il ne faut pas avoir honte de cela, demoiselle », qu’il souffle, indulgent. Aucune honte, alors que tout est à faire, que l’innocence encore étale ses pétales, sans savoir que ceux-ci bientôt seront froissés, que la fleur deviendra jardin, deviendra brasier.

À l’hésitation se substitue autre chose. Un sourire, une assurance, quelque chose qui le charme d’autant plus. Elle veut. « Si un baiser a le pouvoir de calmer votre peine, monseigneur, je vous le donne – et-et-et bien volontiers. » Elle veut. Son sourire s’épanouit tout à fait, immense. Elle veut. Inédit. Curiosité. Lissage de plumes. Pas exactement. C'est une très mauvaise idée. Empêche-moi, Hypérion, si cela te déplaît tant. Le silence qui lui répond est équivoque et ses pensées fanfaronnes sont ainsi comblées.
Il sait bien que le Sombre Souverain ne refuse que pour l’allure, que par principe, et que loin de véritablement s’offusquer, il est même plutôt ravi de la tournure des événements. Ravi de voir qu’après mille ans, certaines choses ne se perdent pas. Son écrin précédent était beaucoup moins folichon, sur ce genre de choses, et bien que ce ne soit pas toujours aisé, il ne regrette toujours pas le choix de renouer avec Sombreciel et ses merveilles !

Les voiles qui dissimulent ses traits se dissipent et sous la couronne d’argent s’affiche le visage d’un homme, si jeune et au regard pourtant si tourmenté. Deux prunelles aussi noires que la nuit, qui voient autant que la belle Louison n’y voit guère, s’abreuvant de chacun de ses traits comme on boirait le vin jusqu’à la lie. Sa main dégantée laisse enfin la sienne, à contrecoeur quelques brefs instants, pour venir se joindre à celle placée contre son visage. Le cueillant entre elles avec une infime douceur, la cicatrice de sa paume tout contre sa joue. Il peut sentir son pouls résonner contre ses doigts, affolé, le rythme de son coeur comme celui d’une musique effrénée, et il sourit un peu plus. « Tout ira bien », qu’il lui murmure, approchant son visage du sien. Leurs fronts se frôlent, leurs nez, leurs lèvres, sans qu’encore il ose l’embrasser. Il veut sentir son souffle, son envie, il veut qu’elle aussi le cherche, le désire. Un baiser, cela se fait à deux, et que l’un des deux danseurs ne soit pas aussi expérimenté ne change rien : la danse ne se partage pas moins.

Cette bouche qui, infimement, s’avance vers la sienne, et qu’enfin il embrasse. Quelques secondes, d’abord, presque trop doucement, et aux battements de son coeur le Roi Noir se fait attentif, alors que leurs lèvres si tôt déjà se séparent. L’organe qui s’emballe, se débat, et qui un moment se calme. Comme un signal pour qu’il l’embrasse une nouvelle fois, encore, et encore, avec toujours plus de fermeté. Une profondeur prudente, progressive, contre ces lèvres qui s’ouvrent enfin comme la corolle d’une fleur, cette langue timide et chaude, ce souffle trop souvent coupé alors qu’il n’est pas le seul à en redemander. Elle goûte le sel, qu’il se surprend à penser - celui des embruns de la mer. Elle goûte le sel et la chaleur. Si femme sous ses doigts, contre son corps qui en voudrait tant, qui en voudrait plus, et qui se bat, se retient, se contient. De sa paume nue, il caresse son cou, puis sa nuque brûlante, dont il se meurt d’humer le parfum. De mordre, de mordiller, de taquiner de sa langue, de descendre tout le long de ce corps ferme et frissonnant, jusqu’à découvrir tous ses secrets. « Louison », qu’il dit enfin, la voix un soupçon trop rauque, chargée de ce qui ne se dit pas. De tout son corps émane une chaleur terrible et sur son front, le diamant brille à chaque seconde de plus belle, telle une troisième lune dans le ciel d’été. « Cela vous plaît-il ? » Il ne peut poursuivre plus profondément ces découvertes si délicieuses, malgré les désirs fous qui bouillent et brûlent en lui, mais il veut tant que cela lui plaise. Que dans ce corps, ce coeur, cet esprit, cette âme, ce ventre, puissent enfin fleurir ces doux plaisirs.


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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyMer 26 Avr 2017 - 1:42

Le silence s’étire un instant, et Quitterie s’interroge. A-t-elle dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? S’est-elle montrée trop hésitante, trop peu… enthousiaste ? A-t-il changé d’avis, préfère-t-il s’en aller quérir un baiser auprès de femmes moins timides, de femmes plus… connaisseuses ? Oh, elle comprendrait tout à fait. Elle a suffisamment entendu d’hommes rire ensemble dans les salons de la caserne, échanger des plaisanteries graveleuses, des commentaires scandaleux sur leurs conquêtes… Elle s’en est toujours tenue loin, la si pudique Louison échappée de Bellifère, et cela aussi lui a valu cortège de quolibets et de moqueries – pas méchantes, mais amusées, de la part de ces gens qui ne comprennent pas sa réserve. Alors si le Sombre Seigneur s’offusque de ses réserves, elle n’en sera point blessée – une âme si ancienne doit avoir déjà rencontré pléthore de femmes plus expertes qu’une petite Chevaucheuse de Port-Liberté, quoi de plus naturel ? Elle s’attend presque à ce qu’il batte en retraite, le si digne souverain.

La main qui vient délicatement enserrer son autre joue la détrompe amplement. Une main dégantée – le contact la trouble, peau contre peau, sensation fort inhabituelle pour la petite Louison si solitaire. Son cœur accélère, le sang cavale dans ses veines – elle est terriblement tendue, ne sait pas vraiment à quoi s’attendre tant elle a entendu de racontars contradictoires à l’Académie, à la caserne de Port-Liberté et à la Taverne de la Rose. Qui croire, entre les jeunes élèves savants arrivés de Sombreciel, les Chevaucheurs ansemariens portés sur les écarts, et les pirates sans foi ni loi ? C’est le genre de choses dont une fille devrait parler avec sa mère – sauf que sa mère à elle s’est enfuie si tôt qu’elle ne s’en rappelle pas, et qu’elle n’a pas revu celle qui lui a servi de mère depuis dix ans. Quant à Lucille, ce n’est pas un sujet de conversation qu’elles abordent – surtout parce que son amie est cielsombroise et que Quitterie s’effraie un peu des lumières qu’elle pourrait lui apporter sur le sujet. Elle a tant entendu parler des hommes et de leurs manières, qu’elle a un peu peur, la petite Belliférienne prude.

Il est délicat, pourtant, le Sombre Seigneur – elle perçoit un frémissement de magie, son visage près du sien. Son front qui effleure le sien, leurs nez qui se frôlent, mais rien de plus : il attend, elle le sent, et tandis que son cœur tambourine elle rassemble son courage. Pendant les quelques secondes dont elle a besoin pour se décider tout à fait, elle puise l’énergie qu’il lui faut dans la douceur de cette paume sur sa joue, levant finalement son visage un peu plus, juste ce qu’il faut pour l’inviter. Elle sursauterait presque, lorsqu’il vient poser les lèvres sur les siennes, stupéfaire de les sentir aussi prudentes et retenues. On lui a tant conté sur la violence et l’égoïsme des hommes, elle en a tant vu dans les mariages de ses frères aînés à Aubenacre il y a si longtemps – et lorsqu’il bat en retraite sans insister, elle se sent un peu étourdie, le cœur tambourinant à toute allure dans sa poitrine. Elle a le temps de ciller à plusieurs reprises, de reprendre un peu son souffle, de s’apaiser – les battements se calment à ses tempes, et les lèvres du Roi Noir viennent à nouveau se poser sur les siennes. Plus intensément, cette fois – le baiser est bien plus demandeur, et elle ne peut s’empêcher d’y souscrire, de tout son être. Elle sent les doigts glisser sur sa joue, son cou, sa nuque, brûlants contre sa peau – elle se perd complètement dans le ballet des lèvres jointes, dans ces soupirs involontaires, dans ces frissons qui courent le long de son dos et lui font tourner la tête.

Il la libère un instant, de cette caresse tentatrice qui la fait vibrer sur un diapason totalement inédit, juste le temps de lui poser une question. Est-ce que cela lui plaît ? Elle a envie de rire, de pleurer, de courir, de se cacher, de sautiller, de s’enfuir, de battre des mains et de s’excuser tout à la fois. Elle est glacée par la panique, brûlante de curiosité – choquée par ce qu’elle découvre sur elle-même, transportée par ces premiers émois délicieux. Incapable de parler, elle ne peut que hocher la tête à deux, trois reprises – son souffle court s’étrangle et se précipite, elle peine à happer l’air dans sa gorge serrée. Ses lèvres esquissent un Oui silencieux, elle tend une main fébrile vers la joue qu’aucun voile ne masque plus ; puis l’air vient à lui manquer totalement, et elle s’évanouit gracieusement dans les bras tendus, fauchée net par une très puissante… crise de panique.

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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptyLun 1 Mai 2017 - 20:54


Le Roi

La Rose Noire





Submergée par l’émotion, les émotions, la belle Louison en perd le souffle et les mots. Quelques hochements de tête, un oui sans même qu’un son passe ses lèvres. Si cela lui plaît, pourquoi ne pas poursuivre ? Recommencer ? Pourquoi se retenir de tenter à nouveau Mirta, la caresse de ses doigts ? Le Roi Noir s’apprête à accueillir la caresse de sa main sur son visage, à baiser à nouveau cette bouche invitante aux lèvres rosies, lorsqu’elle… s’évanouit, entre ses bras. ... diantre. Je savais ne pas avoir perdu la main, mais à ce point ! Inquiétude. Aide ? Avertissement ? Serment. Sayam. Chevaucheurs. Caserne d’Ansemer. Non, tout va bien, Vif-Argent. C’est uniquement… inattendu. Au moins, elle semblait apprécier. Il se retient de rire, le souverain, et il étend doucement la jeune femme dans l’herbe fraîche du soir, s’agenouillant à ses côtés. Elle a besoin d’air, la pauvre, et c’est sans attendre plus longtemps qu’il détaille son corset. Il en défait quelques crochets et lacets, desserrant leur étreinte sur ces côtes fragiles et cette gorge hâlée, jusqu’à la naissance de sa poitrine. Son regard à peine en effleure le rebondi appétissant, sans que pourtant ses mains viennent s’y égarer. Pas même un doigt. Profiter d’une dame évanouie ? Grands dieux ! Jamais, même en mille ans. Mille ans et la mode belliférienne n’a toujours pas changé, souligne d’ailleurs Hypérion avec un accent consterné. De si belles femmes, si étroitement enfermées, jusque dans leurs vêtements. Elle n’a pas changé, mais sous la coupe sévère de la robe, le corset utilitaire et les fioritures à l’ansemarienne, il n’en est pas moins heureux de découvrir de jolies dentelles brodées de perles délicates. Vision fugace, à peine quelques centimètres de mystère dévoilé, qui suffisent à le ravir.

Définitivement, il a eu l’oeil, pour ces sous-vêtements !

Il a été rapide et il faut à peine quelques secondes pour que la Chevaucheuse revienne à elle-même, reprenant de grandes goulées de l’air frais de la nuit. « Doucement, demoiselle », l’enjoint la Pièce, prenant une de ses mains dans les siennes. Qu’elle ne s’évanouisse pas à nouveau, d’avoir tant respiré ! Ce serait fâcheux et une blague de répétition d’un goût de plus en plus douteux. Son faciès est amusé, mais pas moqueur ; tendre, mais sans pitié. « Vous avez un admirateur de grand goût », la taquine-t-il, ses sombres prunelles captant une dernière image de ces dentelles cachées, inopinément dévoilées. Vision agréable qui ne calme pas les désirs et envies qui le tenaillent, mais qu’il musèle comme si de rien n’était. Profiter de la vulnérabilité d’une dame n’est pas non plus très honorable et à cet instant, elle l’est plus que tout.

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Message Sujet: Re: Deux lunes, deux coeurs   Deux lunes, deux coeurs EmptySam 10 Juin 2017 - 18:22

L’air frais du soir la ranime bien vite – sûrement, juste une poignée de secondes se sont écoulées, pas plus, elle en est presque convaincue. Dans un coin de son esprit, un amusement nuancé de pitié de la part de Serment, et une inquiétude diffuse qui émane de Sayam. Elle les rassure brièvement – ça va, elle le croit en tout cas – et tente de comprendre ce qui s’est passé. Sa propre faiblesse lui revient rapidement en mémoire, et elle s’empourpre à nouveau. Ces lèvres sur les siennes, ces mains sur la peau de son visage, cette caresse prudente et douce – oui, c’était trop d’un coup, et son cœur a flanché un instant. Elle a si peu l’habitude de ces jeux si prisés des Cielsombrois ! Confuse, elle se mord les lèvres sans trouver quoi répondre ; et la remarque de son prestigieux interlocuteur concernant le bon goût de son admirateur secret ne fait qu’ajouter à sa confusion. « J-je vous remercie, Votre Grandeur ! » Du compliment, de sa délicatesse, du baiser, en désordre. De tout ça à la fois. De ne pas s’être moqué d’elle. D’avoir accepté son inexpérience.

La tête lui tourne encore un peu, et l’inquiétude sincère de Sayam doublée de l’intérêt vaguement moqueur de Serment lui remettent les pieds sur terre. La course de la lune indique que le temps file, et elle se doit d’être de retour à la caserne avant que son absence ne se remarque. Maladroitement, elle se redresse et se relève, acceptant avec gratitude le soutien proposé par le Sombre Souverain. « Monseigneur, les devoirs de ma charge m’appellent, mais je reste à votre disposition. Faites-moi savoir si je peux vous être utile d’une quelconque façon ! »

Elle prend congé poliment, encore un peu fébrile – beaucoup, même, lorsqu’il l’aide galamment à remonter sur son dragon, même si elle n’en avait nul besoin. De quelques mots, elle salue Vif-Argent, et remonte vers les cieux sur les ailes de son dragon, des étoiles plein la tête, et le cœur en fête.


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