MARJOLAINE DU LIERRE-REAL • « Growing strong »

Nul ne pouvait nier que j'avais toujours été à part. Mon père Gauvain, grand blond aux yeux noirs, au teint ambré, ma belle-mère, grande aussi, plus blonde encore, aux yeux marron, à la peau qui prenait vite le soleil, mes trois frères, cadets et plus hauts que moi, avec la chevelure presque argentée de leur mère, sa constitution mate et les yeux d'ébène de mon père, ma soeur qui leur ressemblait tant... Et moi, la fille aînée, la belle-fille, l'enfant du premier lit, cheveux noirs, peau de lait, yeux clairs. La fille de Mahault, point de doute la-dessus. Différente des autres, c'était certain. Mais pas plus malheureuse pour autant. Ma mère était morte en me mettant au monde, mais mon père disait souvent que si je voulais voir à quoi elle ressemblait, il me suffisait de détailler mon reflet dans un miroir. Il ne niait pas l'avoir aimée, et il ne niait pas non plus aimer à présent sa seconde épouse, Johanna. J'appréciais d'ailleurs beaucoup cette dernière, qui se comporta toujours en mère attentive, pour ses fils comme pour moi. Et avec mes trois demi-frères, Thibault, Gabriel et Adrian, avec ma demi-soeur Coraline, l'entente était des plus cordiale. Quiconque entendrait l'histoire de ma famille pourrait penser que j'eus une enfance triste et solitaire, ce ne fut point le cas. Ma différence ne fut jamais un obstacle à mon bonheur, bien que j'eus à la vivre chaque jour.

Que penses-tu des compétences de la toute nouvelle impératrice de Faërie, la jeune Chimène ? La trouves-tu légitime, penses-tu qu'elle va réussir sa période de probation ?
• Légitime, elle l'est, c'est indéniable. Compétente, j'ai encore des doutes. Naître au sein d'une famille impériale ne signifie pas naître impératrice. Je ne puis m'empêcher de plaindre cette jeune personne qui a mon âge et se retrouve propulsée à la tête d'un Empire, mais je crois qu'hélas Chimène n'a pas les épaules assez solides pour endosser les responsabilités qui pèsent sur ceux qui exercent le pouvoir. J'espère me tromper : qui sait ce qui pourrait arriver si Chimène ne réussissait pas sa période de probation ? Assurément, sa soeur et son beau-frère, en Ibélène, sauront utiliser à leur profit cette situation, et mettraient Faërie en péril. Plût aux Dieux que ceci n'arrive jamais.

Envisages-tu de prendre part au conflit si une guerre entre Ibélène et Faërie devait se déclarer ? Quel parti prendrais-tu, et pourquoi ? Comment participerais-tu à la lutte ?
• Une guerre ? Que les Dieux nous en préservent ! Dans un premier temps, c'est surtout aux manoeuvres qui nous permettraient de l'éviter que je prendrais part, du mieux que possible. J'estime avoir l'énergie et les capacités de le faire. Mais si le conflit devait malgré tout éclater, je n'aurais d'autre choix que d'y participer. En tant que duchesse de Lagrance, native de Faërie, c'est évidemment vers là que je tournerais mon allégeance. Je n'ai pas d'autre choix, ni d'autre envie : Denys soutiendra l'Impératrice, et moi je soutiendrais Denys, il n'est pas question de prendre le risque que Lagrance tombe entre d'autres mains que celles des Lierre-Réal. Pour ce qui est de participer à la lutte, je ne suis pas une femme de guerre, hormis l'arc j'ignore comment manier les armes, et la stratégie militaire n'est pas mon fort. Mais je suis appréciée et respectée des gens de Lagrance, et je considère que leur venir en aide est de mon devoir : voilà comment je compte apporter ma pierre à l'édifice, en me rendant utile, en participant à l'effort par tous les moyens qui sont à ma disposition... En espérant que tout ceci ne soient que vaines suppositions, et que jamais pareil édifice ne soit bâti.

Que penses-tu de Lorgol, la ville aux Mille Tours ? Est-ce que tu t'y promènes sereinement ou est-ce que la capitale des peuples libres t'oppresse ?
• J'avoue ne pas avoir d'avis trop tranché sur la question : je n'ai que peu le temps de flâner dans les rues de Lorgol, Lagrance remplit mes journées jusqu'à la panse. Je ne vois rien de répréhensible à Lorgol, la capitale des Peuples Libres ne m'oppresse en rien, en dépit des mille et unes histoires glaçantes qui circulent parfois à son sujet, mais je dois bien dire que je connais trop peu les lieux pour fournir meilleure réponse. Si ses habitants y sont satisfaits, j'en suis heureuse pour eux. Moi, je me satisfais de Lagrance et de ce qu'elle m'offre, en dépit de tout. Et les choses tournent très bien ainsi.