RP Express • À tire d'aile

Concentrée, Faustine hoche la tête au fil des explications de Tristan. Son choix semble résolu, sa décision réfléchie, elle ne peut que s’incliner devant le courage qu’il manifeste. Il n’est pas donné à tous de trouver la foi d’abdiquer ce qu’ils ont conquis pendant les années écoulées, et elle admire sa force d’âme, tout autant qu’elle savoure le contact caressant de son esprit contre le sien. « Je vous enseignerai ce que je sais, ce sera un honneur. Le maître qui m’a tout appris est revenu du large avec les Amoureux du Vent, il est à Marguerin chez les siens actuellement. Si nous le demandons à dame Carmine, sûrement consentira-t-elle à ce que vous preniez place parmi nos apprentis ? Malion est un professeur remarquable, j’ai hâte qu’il nous rejoigne, me montrer ce qu’il a appris ces dernières années… »

Doucement, elle saisit le petit dragon multicolore, caressant le corps si fragile du bout des doigts, avant de le déposer précautionneusement dans la paume de Tristan où il bat des ailes sereinement, reniflant prudemment, effleurant de ses antennes la peau inconnue. « Il reconnaît en vous un porteur du Sang. Je l’ai vu plusieurs fois dans les jardins quand je venais modeler les statues, il est farouche d’ordinaire, quand je ne suis pas seule. Je pense qu’il vous a adopté. » Et il n’est pas le seul : elle aussi, elle l’a adopté, le Chevaucheur aux cheveux de flamme.

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Ce n'est guère dans ses habitudes de se confier, peu sont les personnes avec qui il partage ses pensées, mais il sait qu'il a raison de le faire, de croire Faustine digne de cette confiance se tissant entre eux. Alors il parle, il raconte l'incertitude, les difficultés à accepter ou à renoncer. Il n'aurait sûrement pas pu le faire, s'il ne s'était pas décidé. Alors il lui sourit, quand elle accepte de lui enseigner. Il porte ses mains à ses lèvres, y déposant un chaleureux baiser. Qu'importe le traumatisme qu'elles aient subies. Elles sont le reflet de cette bonté, cette beauté, qui appartiennent à Maidhenn. « Je ne peux que vous en remercier, que vous acceptiez me fait infiniment plaisir - j'ai rarement tant apprécié une décision prise en ma faveur. Je vous en suis réellement reconnaissant. »

Il s'arrêta brièvement, réfléchissant à ses questions. Nous pouvons, oui, demander à dame Carmine. « Je suis impatient de rencontrer celui qui a fait de vous l'admirable et talentueuse jeune femme devant moi. » S'il la flattait, il restait sincère, mais il était désireux de lui faire prendre conscience de sa valeur, comme il le lui avait promis. Il baisse les yeux, sentant ses mains effleurées de manière surprenante, incroyablement douce, très agréable. Il avait vu quelques uns de ses semblables, auparavant, mais trop furtivement pour envisager les approcher. « Est-il lié à vous ? Est-ce un symbole de sa confiance, et de la vôtre ? »

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Un sourire attendri se dessine sur les traits de Faustine, lorsqu’elle contemple la délicate créature dans les mains de Tristan. « Il ne m’est pas lié spécifiquement, non ; mais il est né du Sang, et il reconnaît cette essence en moi. Il la ressent certainement en vous également, Tristan, voyez : il est un peu méfiant, mais n’a pas peur de vous. » Le dragon des fleurs agite les antennes, et Faustine promène son regard alentour, cherchant ses semblables. « Il doit y avoir deux autres, peut-être trois, qui vivent dans ces jardins. Le duc a quelques essences diaprées entre ses murs. »

Soudain, elle se rend compte que le soleil a bien entamé sa course dans le ciel, et se lève avec une précipitation maladroite. « Divine Aura, il est plus tard que je ne le pensais ! Sa Grâce la duchesse m’attend certainement. Je suis confuse de prendre congé de la sorte, Tristan, mon devoir ne saurait attendre. » Elle lui dédie une élégante révérence, d’une fille de rien à un marquis, et relève le regard avec une lueur complice au fond des yeux. « Nous nous reverrons prochainement, si vous souhaitez apprendre. Je parlerai à dame Carmine. »

Du bout du doigt, elle effleure les ailes translucide du petit dragon en guise d’adieu, puis se sauve en courant le long des allées soigneusement entretenues, le cœur battant à tout rompre de cette bien belle rencontre.

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Si le marquis pensait, en initiant cette conversation, qu'il ne s'agirait que d'un simple échange visant à découvrir ce qui pouvait bien lier Faustine de la Fugue à la famille ducale de Faërie, et qu'il pourrait la questionner légèrement sur la magie du Sang, ses plans avaient de toute évidence été déjoués.

Il n'aurait jamais imaginé rencontrer Maidhenn, et partager une expérience si surprenante. Jamais imaginé voir ce doux sourire se peindre sur ses lèvres, alors que le dragon entrait en contact avec ses propres mains, créant de légers chatouilles très doux. Il acquiesce, à ses paroles. Est-ce ainsi pour toutes les créatures nées de la magie du Sang ? Peu sont aussi belles que ces dragons, cependant. Il aurait bien des questions à lui poser à ce sujet, mais elle s'interrompt promptement, l'intriguant malgré tout en parlant des essences diaprées présentes ici. Les dragons leurs sont-ils physiquement liés, ne peuvent-ils s'éloigner ?

Il n'en pose cependant aucune, se contenant de déposer un baiser sur la main de nouveau gantée de la mage. « Ne vous inquiétez pas de cela, présentez mes respects et mes excuses à Sa Grâce la duchesse en lui expliquant que je vous ai retenues, en espérant que ça n'ait d'incidence néfaste ni sur elle ni sur vous. Et nous nous reverrons rapidement, oui. Passez une belle fin de journée, Dame Maidhenn. »

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FIN

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