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 Quand une vie commence

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Mélusine de Séverac
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Message Sujet: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyLun 20 Fév 2017 - 2:44




Livre II, Chapitre 2 • La Fortune des Flots
Mélusine & Alméïde & Hiémain & Denys

Quand une vie commence

c'est qu'une autre s'achève




• Date : 1er mars, dans la nuit du 2
• Météo : Je sais pas, je suis occupée :argh: Il fait nuit
• Statut du RP : Privé
• Résumé : Mélusine vient d'accoucher de son premier enfant, mais elle est en train d'agoniser, empoisonnée à l'aide de son rosier diapré resté dans les jardins de Denys à Edenia.
• Recensement :
Code:
• [b]1er mars :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t1805-quand-une-vie-commence#54225]Quand une vie commence[/url] - [i]Alméïde, Mélusine, Denys, Hiémain[/i]
Mélusine vient d'accoucher de son premier enfant, mais elle est en train d'agoniser, empoisonnée à l'aide de son rosier diapré resté dans les jardins de Denys à Edenia.

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Mélusine de Séverac
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyLun 20 Fév 2017 - 2:50

Le silence est oppressant. Quelques instants auparavant, il n’était rompu que par mes gémissements de douleur, devenus de plus en plus haletants, faibles et inquiétants au fil des heures qui passent, mais à présent j’ai arrêté de me plaindre. La souffrance dans mon ventre a reflué, et Alméïde s’affaire au pied du lit – je devine vaguement sa silhouette derrière mes genoux relevés. Quel choc suprême, de découvrir ma princesse des dunes dans cette Tour Noire si chère à ma Rhéa… Mon regard s’était déjà fait trouble, mais j’ai bien cru voir le même choc sur ses traits tendrement aimés lorsque Rhéa s’est esquivée. Elle n’a dit que quelques mots tandis que ma douce amie m’allongeait encore masquée sur le lit – quelques paroles qui m’ont glacée. « Il y a un mal qui la ronge, écrin de Simon. Quelque magie de même nature que celle qui m’a forgée, une magie de Sang qui a pu agir ainsi dissimulée… Je vais tâcher de la tenir en respect le temps que tu fasses le nécessaire pour sauver le bébé. Je remets mon écrin entre tes mains, prends soin d’elle – et de l’enfant qui s’en vient. » Et la conscience de Rhéa s’est enfuie dans les tréfonds de mon être, lutter contre cet insidieux poison inattendu et avancé si près qu’il en est devenu affreusement dangereux. Je me suis retrouvée seule, le visage découvert ; et morte de peur.

Je n’avais pas l’esprit très clair, mais je me souviens avoir poussé. Je me rappelle de la tête dorée de Fantasme passant et repassant devant la baie vitrée, emplie de curiosité. Je me rappelle avoir appelé – ma mère, ma sœur, mon mari. Je me rappelle des bougies allumées pour éclairer la nuit, des heures qui ont passé. Je me rappelle des linges imbibés d’eau fraîche sur mon front, des mains d’Alméïde qui massaient mon ventre distendu pour aider les contractions. Je me rappelle la faiblesse envahissant progressivement mes membres. Et cette dernière pointe déchirante qui m’a coupée en deux – c’est l’impression que j’ai eue.

Et le silence.

Je suis quasiment certaine que je devrais entendre quelque chose. N’importe quoi – mais pas ce silence si pesant que je pourrais presque le respirer. J’essaie de me relever, mais peine perdue ; je suis trop fatiguée, trop malade, pour y parvenir. J’émets une toux rauque pour parler à ma princesse, l’interroger, mais je n’en ai pas le temps ; rompant ce silence insupportable, je l’entends.

Le premier cri d’un nouveau-né.

Dans ma fièvre, le son perce cependant, parvient jusqu’à ma conscience. Un instant passe – de très loin, je capte une pensée distante de Fantasme, informant Stellaire qu’il peut arrêter de promener son cavalier, quoi que cela puisse bien signifier. Alméïde dit quelque chose que je n’entends pas, et sur ma poitrine qu’elle dégage, elle pose une toute petite silhouette gigotante qui attire instantanément toute mon attention. Je remue les doigts sur le matelas, et elle semble comprendre : délicatement, elle prend ma main pour la poser sur le dos du bébé qui s’apaise peu à peu, et qui finit par refermer ses doigts sur l’extrémité de mon index. Je peine à le distinguer, dans la brume qui a envahi mon champ de vision, et les larmes qui dévalent mes joues n’arrangent pas la situation. D’une voix cassée, j’interroge ma douce Alméïde. « C’est… C’est quoi, Mémé ? Et sa santé ? » Je devine sa main sur mon front, et elle m’apprend que j’ai un fils.

Un fils.
Mon fils.

Les larmes coulent de plus belle, silencieuses et soulagées ; un sanglot me secoue. Un fils, en bonne santé, malgré sa naissance prématurée, malgré le mal qui brûle mes veines. « Hiémain… » Il arrive, m’informe Fantasme dans le silence de mes pensées. La tête me tourne, et la douleur pulse sous ma chair, dans tout mon être. J’émets une plainte haletante. Alméïde m’interroge. Un rire discordant et désenchanté m’échappe. Rhéa a compris d'où venait le poison. Elle me l'a dit. « Je ne pensais pas… qu’il serait si mesquin. Je pensais… je pensais que même... la guerre... ne le pousserait pas... à se servir de cette arme. Pas... contre moi. Pas après... ce qu'on avait... partagé, même si... Même si ça s'est mal... terminé. Je me suis… toujours trompée… sur lui. Toujours… » Elle parle, je ne comprends pas les mots, juste l’intonation. Une question. « Le rosier, Mémé. Le rosier diapré... dans les jardins... du démon. Il est… en train… de me tuer. » Ma gorge est sèche. C’est avec grande difficulté que j’articule la suite. « Mémé, tu prendras… tu prendras soin, de mon bébé, promets… Hiémain aura… besoin… »

Je n’ai pas le temps d’articuler la suite : la tête me tourne bien plus intensément, et je perds le fil de ma pensée. « Mère… » Aide-moi, maman.

Je ne veux pas mourir.



Dernière édition par Mélusine de Sylvamir le Lun 20 Fév 2017 - 5:14, édité 1 fois
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Alméïde de Sombreflamme
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyLun 20 Fév 2017 - 3:42

Les paroles de Rhéa ont jeté un froid sur son coeur mais la véritable surprise, c'est lorsqu'elle a laissé place à Mélusine. La belle et solaire Mélusine, soudain bien pâle, prise d'un mal dont elle ne connaissait nullement la cause. Alméïde a déjà assisté à des accouchements compliqués, mais la faiblesse qui s'est emparée de son amie était si forte, si soudaine, qu'elle s'est retrouvée quelques instants sans bouger, encore choquée par les révélations. Et puis finalement, elle s'est mise à l'ouvrage, la princesse, laissant le médecin prendre le pas sur tout le reste, retrouvant les gestes dont elle a l'habitude, ces gestes assurés qu'elle a souvent pratiqués.

Et les heures passent.
Les heures passent, la nuit s'avance et elle reste concentrée sur sa tâche malgré une Fantasme impatiente qu'elle se voit obligée de repousser, demandant l'aide de son précieux Justice afin de ne pas être déconcentrée. Des heures douloureuses pendant lesquelles les cris de son amie emplissent la pièce et l'inquiétude s'insinue peu à peu en elle. Une inquiétude qui n'est pas liée à l'accouchement lui-même, mais à ce mal dont Rhéa lui a parlé. Un mal qu'elle tente de tenir en respect.

Puis enfin, c'est terminé. Entre ses bras, le nouveau-né semble minuscule, si fragile. Elle l'enveloppe dans un linge d'un geste rapide et précautionneux, essuie son visage et elle appréhende le silence qui s'éternise jusqu'au moment béni où enfin, le cri perce la nuit. Elle pourrait presque en rire, ou en pleurer, tant la fatigue a eu raison d'elle. Pourtant, elle ne cherche pas le repos, pas encore. Elle s'avance aux côtés de Mélusine et pose délicatement l'enfant contre son coeur avant de l'aider à le serrer dans ses bras. La faiblesse de son amie lui fait peur, plus que jamais. L'a-t-elle déjà vue si pâle ?

« C'est un petit garçon. Et il va bien. » la rassure-t-elle d'une voix rauque mais emplie de sincérité. Oui, malgré son arrivée précipitée, il semble aller bien. La priorité, c'est elle. C'est Mélusine qui cherche Hiémain alors que celui-ci doit être loin, chez eux, sans avoir aucune idée de ce qu'il se passe. « Mélusine, est-ce que ça va ? Rhéa... » « Je ne pensais pas… qu’il serait si mesquin. Je pensais… je pensais que même la guerre ne le pousserait pas à se servir de cette arme. Pas... contre moi. Pas après... ce qu'on avait... partagé, même si... Même si ça s'est mal... terminé. Je me suis… toujours trompée… sur lui. Toujours… » « De... de quoi tu parles ? » « Le rosier, Mémé. Le rosier diapré... dans les jardins... du démon. Il est… en train… de me tuer. » Son sang ne fait qu'un tour et c'est son visage, cette fois, qui perd toutes ses couleurs. Le rosier. « Mémé, tu prendras… tu prendras soin, de mon bébé, promets… Hiémain aura… besoin… » Alméïde sent la colère se mêler à la détermination. Une détermination farouche qui la pousse à se lever. « Tu vas t'en sortir, je t'en fais la promesse. Il n'est pas question que ce bébé grandisse sans sa mère. » Et sur ces mots, elle se penche pour déposer un baiser sur son front perlé de sueur. Oui, elle en fait le serment, par Levor.

Elle s'éloigne d'un pas vif, Alméïde, et en un instant, elle redevient la Tour, fière et droite, digne et battante. Derrière la porte, elle voit avec surprise le Roi des Blancs qui tente de la questionner mais elle esquive ses interrogations en le repoussant d'un geste ferme avant de lui signaler un problème urgent et de lui demander de veiller sur l'écrin du Fou. Peu importe l'anonymat à cet instant, une vie est en jeu.

Elle dévale les escaliers de la tour de la Rose et s'adresse aux Épines ; il lui faut de toute urgence un mage Outreparleur et un mage Outremarcheur. Le premier s'avance vers elle et Alméïde lui dicte son message destiné au duc de Lagrance ; elle doit le voir dès à présent, ça ne peut pas attendre, qu'importe ce qu'il est en train de faire. Et elle piétine, Alméïde, alors que l'Épine fait passer le message et qu'à son tour, elle lui indique qu'un mage des portails l'attendra une fois sur place afin de la faire parvenir au palais sans être inquiétée. Bien, très bien. Une petite part de la princesse appréhende mais l'urgence est trop grande pour s'arrêter sur de telles considérations. Alors elle prend le portail et arrive en plein coeur d'Edenia. Sur place, comme prévu, l'attend un homme qui lui fait signe d'approcher avant de faire apparaître un nouveau portail. Alméïde prend une grande inspiration et s'avance ; l'obscurité est grande dans la pièce qui l'accueille et le silence est pesant alors qu'elle se retourne, cherchant des yeux celui qu'elle considère comme son ami malgré la guerre qui fait rage. Du moins jusqu'à maintenant.


Dernière édition par Alméïde d'Erebor le Jeu 23 Fév 2017 - 14:37, édité 1 fois
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Hiémain de Sylvamir
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyLun 20 Fév 2017 - 16:07

« Calme toi Hiémain, il ne sert à rien de s’agiter, tu ne seras pas plus utile. Ce sont les trucs de femelles. Tu sais, c’est toujours le premier œuf le plus difficile.

- Et c’est censé me rassurer ? »

A regarder l’immense dragon, il crut un instant que celui-ci haussait les épaules, sans avoir autre chose à rajouter. Et non en effet, ça n’aidait en rien le baron de Sylvamir qui depuis plusieurs heures se morfondait sur l’état de Mélusine. Pourtant, ce devait être une bonne chose, un événement merveilleux qu’est la naissance, mais quelque chose en lui semblait s’agiter d’une crainte plus profonde, sans qu’il n’en su la raison réelle. C’était insidieux, froid, comme un serpent qui frôlerait plusieurs fois son échine pour le faire trembler. Il avait peur pour Mélusine, plus qu’il n’aurait dû. Il aurait souhaité être à ces côtés, ne pas la laisser affronter ça seule, mais il n’avait pu se soustraire à la réunion de la Rose en même temps que le Fou Noir et la Tour Noire sans attirer l’attention et la suspicion. Obéron ne l’avait de toute façon pas permis et même s’il n’était pas resté indifférent, il s’était forcé à mettre fin en bonne et due forme à la discussion.

Depuis, les heures s’étaient écoulées avec lenteur et le crépuscule déjà sombre laissa place à une nuit profonde. Le froid mordait dans le vent et pourtant, il préférait rester dehors en compagnie de Stellaire pour trouver du réconfort et un moyen de se changer les idées. Plusieurs fois, il releva la tête en direction de la tour de la Rose, captant la fantasque Fantasme accrochée à celle-ci, tentant de voir tant bien que mal le déroulement des opérations via la fenêtre des appartements du Fou Noir.

« Ta femme t’appelle. Fantasme me dit que c’est terminé... »


Il n’a alors qu’un bref regard pour son ami ailé, le Hiémain, reprenant la forme du Roi Blanc pour reparaitre dans la tour et monter quatre à quatre les marches jusqu’à la pièce où se trouvait Mélusine. Il aurait dû, dans son allégresse, percevoir dans les paroles de Stellaire un ton triste et dans son regard une compassion désolée. Il n’a rien vu de tout cela Hiémain, et à peine arrive-t-il devant la porte du Fou que la Tour Noire s’échappe sans un mot, sans répondre à ses questions et lui demande seulement de veiller sur l’écrin. Veiller sur l’écrin ? En une seconde, il capte l’urgence dans la voix magiquement modifiée, et bien vite, c’est cette même urgence qui le fait franchir le pas de la porte et pénétrer dans la pièce. Il en frissonne, quand il se retire du rôle du Roi Blanc et voit devant lui sa Mélusine, Ô flamboyante Mélusine, si pâle et si malade. Entre ses bras, un petit enfant entouré de linge. Et c’est entre joie et crainte que se met à battre le cœur du baron. Avec mesure, presque précaution, il avance jusqu’à elle, mais la sueur sur son front, le mouvement erratique de sa respiration l’inquiète. Doucement, il se pose à ses côtés et du bout des doigts frôle la peau de ses joues, son front, d’une si grande chaleur. Fièvre. Lourde fièvre qui est en train de l’emporter.

« Mélusine… » Il l’appelle, gardant tant bien que mal sa contenance, sans pour autant le pouvoir entièrement, pétri de craintes pour elle. D’un baiser sur son front, le murmure qui parvient à sortir de ses lèvres est trahi d’un tremblement. « Je t’interdis de m’abandonner… » Et de poser sa main sur celle de Mélusine, cette main posée sur leur bébé, resté d’un calme étonnant pour l’instant, les yeux refermé reposant sur sa mère. Mais il ne veut pas que ce petit grandisse sans elle, jamais. Que peut-il faire ? Qu’arrive-t-il à sa si merveilleuse Mélusine ?
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Denys du Lierre-Réal
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyLun 20 Fév 2017 - 18:05

Palais ducal d'Edenia, Lagrance.

La nuit était tombée depuis quelques heures déjà. La soirée était calme au palais d’Edenia. Ni fête ni occupation particulière pour faire vibrer les murs élégants et luxueux du domaine du duc de Lagrance. Celui-ci n’était d’ailleurs pas en charmante compagnie ni en société, mais plutôt resté solitaire dans l’un de ses salons privés, à laisser ses lectures effacer de son esprit les événements qui pullulaient en Arven. La guerre était de bon augure pour Faërie qui voyait sa victoire se profiler à l’horizon, mais rien aux yeux de Denys n’était gagné d’avance. En réalité, peu importait de savoir qui serait victorieux – même si son âme Faë voulait voir la Magie écraser le Savoir – mais d’obtenir le chaos le plus parfait, le plus total.

C’est une voix inconnue qui finit par résonner dans son esprit, brisant ses barrières au point de le surprendre réellement. Il ne s’y attendait pas, Denys, à être contacté en personne par un Outreparleur. En général, c’était un autre Outreparleur qui recevait les messages pour lui et les communiquait. Mais en l’instant, les mots étaient à son attention. Alméïde ? Alméïde qui le pressait de l’accueillir au palais sans donner plus de raisons, voulant lui parler de toute urgence ? C’était parfaitement insensé, risqué, stupide même, dirait-il, et il ne s’attendait pas à ça de la part de son amie qu’il n’avait pas revue depuis bien longtemps. Soit, il était curieux d’en savoir plus malgré le risque. Il fit venir son propre Outreparleur pour qu’il renvoie une réponse à la jeune femme, accordant à celle-ci sa demande et faisant déplacer un Outremarcheur à l’antenne de la Guilde des Mages pour aller la chercher et la mener jusqu’à lui.

Il ne s’écoula qu’une petite quinzaine de minute avant qu’un portail ne soit ouvert à même le petit salon du duc, où il attendait patiemment sur son fauteuil, un livre à la main qu’il arrêta de consulter quand le portail fut fermé. Elle lui tournait le dos pour l’instant, mais elle chercha bien vite à capter son regard en se retournant. Alors il fit claquer le livre en le refermant, se leva pour l’observer, malgré la mince clarté qui illuminait la pièce. La seule source de lumière était aux côtés de Denys, sous la forme d’un orbe posée sur le bureau. Même si d’ordinaire il aurait été content de la voir, il percevait dans son regard l’urgence et l’inquiétude, ce qui lui intima de rester sur ses gardes. Méfiant, il ne voyait pas cette venue d’un très bon œil. Et quand il éleva enfin la voix, le ton était légèrement sévère, mais pas encore mécontent.

« Alméïde. Quelle folie t’a prise de venir ici ? » Il contourna son bureau, pour s’approcher d’elle, prenant l’orbe en main pour éclairer son chemin jusqu’à elle. « Je suis content de te voir, mais… mais c’est stupide de ta part de venir en plein territoire ennemi. De quoi voulais-tu me parler et qui ne pouvait se faire à distance ? »

Spoiler:


Dernière édition par Denys du Lierre-Réal le Lun 20 Fév 2017 - 22:41, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyLun 20 Fév 2017 - 18:38

Palais ducal d'Edenia, Lagrance.


Son regard est très vite attiré par l'orbe, seule source de lumière dans la pièce, éclairant le visage de son ami. À cet instant, elle ne saurait dit ce qu'elle éprouve réellement, entre soulagement de voir qu'il va bien et indignation quant à ce qui arrive à Mélusine. Elle est fatiguée la princesse, du long voyage qui l'a menée à Lorgol, de la réunion qui a eu lieu et dont le poids pèse lourd sur ses épaules ainsi que celles des autres pièces, de l'accouchement qui a duré des heures et du manque de sommeil qui commence à se faire sentir. L'adrénaline la maintient pourtant parfaitement alerte et elle se tient droite alors qu'il se relève, se retenant de s'avancer pour l'étreindre avec force.

« Alméïde. Quelle folie t’a prise de venir ici ? » Une douce folie du nom de Mélusine. Jamais elle ne la laissera tomber, jamais elle ne la laissera mourir, c'est hors de question, elle ne le supporterait pas. Au point de se jeter dans la gueule du loup. « Je suis content de te voir, mais… mais c’est stupide de ta part de venir en plein territoire ennemi. De quoi voulais-tu me parler et qui ne pouvait se faire à distance ? » Territoire ennemi. Elle déglutit difficilement, encore affectée par cette guerre qui a déjà fait beaucoup de mal, à son duché et aux autres. Mais elle veut croire qu'il saura mettre tout cela de côté pour écouter ce qu'elle a à lui dire.

« Je suis désolée, je n'étais pas certaine de pouvoir te contacter autrement et le problème qui m'amène est bien trop urgent, je ne pouvais pas attendre. » explique-t-elle très franchement. L'heure n'est pas aux tergiversations. « Mélusine est mourante. Son rosier est en train de la tuer ; le rosier qui se trouve dans tes jardins. » Elle s'efforce de ne pas faire transparaître d'accusation dans sa voix, mais le doute est trop fort pour qu'elle puisse le dissimuler efficacement. « Il faut agir tout de suite ou elle... ne passera pas la nuit. » La réalité la rattrape violemment et le fait de prononcer ces mots à haute voix la heurte profondément, lui coupant le souffle, juste un instant.


Dernière édition par Alméïde d'Erebor le Lun 20 Fév 2017 - 20:19, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyLun 20 Fév 2017 - 19:04


Lorgol, Tour de la Rose


Elle est partie – j’ai vaguement entendu sa voix, entre deux pensées fiévreuses, le bruit de la porte qui s’ouvre et se referme, un murmure dans le couloir. Ma princesse est partie ; suis-je donc un cas désespéré, que sa science ne puisse me venir en aide ? Ou bien s’est-elle désintéressée de ma personne tout à fait, n’y a-t-il donc plus que Castiel qui existe pour elle, n’a-t-elle voulu sauver que l’enfant qui serre le bout de mon doigt ? Pourtant, sa tendresse et sa vigilance me donnaient l’impression de plus d’affection…

L’arrivée de Hiémain lance mes pensées dans une tout autre direction. Il s’approche de moi, de nous ; et lorsque sa main recouvre la mienne sur le dos de notre fils, je sens une pulsation porteuse d’urgence au fond de mon esprit, tandis que Rhéa appelle silencieusement Obéron à l’aide. Elle lutte de toute sa volonté pour tenir en respect le mal qui me dévore, mais la brûlure s’intensifie dans mes veines, mon souffle erratique se fait de plus en plus court et la fièvre augmente ; je sais que le temps m’est compté. « Pardon… je suis désolée. » Je peine à fixer mes yeux dans les siens, tant le monde est devenu flou, mais j’essaie. Peau contre peau, je perçois les magies des Noirs et des Blancs s’effleurer. « Mon amour… j’aurais dû… t’en parler, je… je sais. Je n’ai… pas osé. J’avais peur… de ta réaction… de te blesser. » Péniblement, je reprends mon souffle, fermant les yeux pour rassembler la lucidité qu’il me reste. C’est important que Hiémain l’apprenne de ma bouche. Qu’il sache. Qu’il comprenne – ce qui tue sa femme. Ce qui va faire de son fils – de notre fils – un orphelin, aux premières heures de sa vie. « Quand j’étais jeune… et stupide… j’ai diapré un rosier… pour un homme que j’ai… aimé. Un homme… qui a détruit… ma confiance. Je ne pensais pas… qu’il se servirait… de mon rosier… comme d’une arme. Malgré la guerre… je le pensais… au-dessus de ça. » D’une main tremblante, je caresse doucement le dos du bébé qui ne lâche pas mon doigt. « J’aurais dû… m’en douter. Je suis… désolée… de n’avoir rien dit. Il est… si puissant… il est duc, maintenant. De Lagrance… En Faërie. Le duc… Le duc Denys. » Mon cœur se fêle. Savait-il que je portais un enfant, quand il a décidé ma mort ? S’est-il réjoui de tuer l’enfant avec la mère ?

Je ne veux pas que mes dernières pensées aillent vers lui. Résolument, malgré ma confusion, je redirige mon attention sur ce qui compte vraiment. « Nous avons… un fils. Mon amour – un fils… à nous. Je suis… comblée. Je veux… que tu lui parles… de moi. Qu’il… me connaisse… par tes histoires. Hiémain, je veux qu’il sache… que l’on s’est aimés… toi et moi. Qu’il sache… que c’est de cet amour… si grand, si pur… qu’il est né. Tu lui diras… pour moi ? Promets, dis… »

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Denys du Lierre-Réal
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyLun 20 Fév 2017 - 19:55

Palais ducal d'Edenia, Lagrance.

Elle ne met pas longtemps à expliquer les raisons de sa venue. Il est loin de s’attendre à la révélation qui tombe comme un couperet. En une seconde, le visage de Denys sembla se décomposer, abandonnant toutes couleurs, sans pour autant que son esprit puisse se convaincre de la véracité des paroles. Le ton presque accusateur d’Alméïde le fait réagir, faisant prendre ombrage au duc d’une telle insinuation.

« Tu m’accuse d’être coupable de son état ? » Demande-t-il d’un regard perçant, déçu des mots de son amie. « Et c’est impossible, le rosier est protégé. Il est bien gardé… » Non, cela ne se peut. Il avait veillé à ce que rien ni personne ne puisse entrer dans les jardins secrets de son palais, il avait prit de nombreuses précautions. Le rosier ne pouvait être en danger. Et Mélusine non plus, c’était autre chose ! Et puis peu à peu, les pensées redeviennent d’une logique solide, froide. Mais elles ne sont guère rassurantes. Mélusine en danger. En plus de dix ans, il avait toujours prit soin du rosier malgré la haine glaciale qui s’était développée entre eux deux. Il n’était qu’un moyen de pression, mais jamais Denys n’avait envisagé une seconde d’utiliser celui-ci contre une femme qu’il avait autrefois aimée.  

Elle ne passera pas la nuit…

Les mots résonnent en écho continu dans son esprit. Le rosier était pourtant toujours beau, il n’avait montré aucun signe de faiblesses ces derniers jours… il l’avait vu voilà même pas une semaine. Et puis, qui pourrait s’en prendre à cette plante, là où il était tabou de… et si… et si la cible était lui et non pas Mélusine ? Une personne croyant tuer son duc en empoisonnant l’arbre qu’il aurait pu diaprer peut être ? Les pensées de Denys cheminent une poignée de secondes avant qu’il ne prenne une décision. Il devait en avoir le cœur net.

« Suis moi. » Alors il se retourne vers la sortie de la pièce, le duc, faisant appeler un garde avant qu’Alméïde ne sorte pour qu’il aille chercher un mage de la floraison. Même s’il était tard, le duc n’avait que faire de déranger celui-ci. Si cette histoire était vraie, alors les choses étaient réellement graves. Une fois la venue du mage assurée, ils retrouvèrent celui-ci à l’extérieur, dans les jardins ducaux. Le calme régnait étrangement, la nuit était terriblement pesante. A leur passage, les différentes statues des jardins semblaient bouger la tête, suivant leur cheminement du regard avec intensité. Denys n’y prit pas garde, pas plus que le mage qui les accompagnait, silencieux et ne posant aucune question. Après une poignée de minutes, ils arrivèrent dans les jardins secrets, où tous, hormis le duc, oublieraient le moyen de s’y rendre. Les lieux semblaient plus calmes, moins terrifiants et sans cette impression d’être observé de toute part. Devant eux, le rosier s’élevait avec magnificence et grandeur, sans montrer le moindre signe de maladie. Alors Denys se tourna vers le mage.

« Dites moi si ce rosier est en bonne santé. »

Il acquiesça à nouveau silencieusement avant d’entreprendre un sortilège pour juger de l’état de l’arbre. Mais là où parfois cela pouvait prendre plusieurs minutes, au bout d’une il arrêta, le regard désolé.

« Pardonnez moi votre Grâce, mais ce rosier est en train de mourir. Le poison le détruit de l’intérieur, il tombera bientôt. Pour le sauver il faudrait…

- La Magie du Sang.
- Oui votre Grâce. Pour sauver la personne liée au rosier, il faut le dédiapré, soit…
- Soit ?
- Soit procéder à… un sacrifice votre Grâce. »

Tel était le prix à payer pour la Magie du Sang. Denys le savait bien, depuis qu’il avait fait des recherches sur celle-ci auprès des premiers concernés. Mais devait-il vraiment ce service à Mélusine après tout ce qui était arrivé ? Un instant, il en vient vraiment à se le demander… Dans un murmure - ô sombre murmure - il se tourne vers son amie, lui posant une question :

« Quels sacrifices serais-tu prête à faire pour sauver Mélusine, Alméïde ? »


Dernière édition par Denys du Lierre-Réal le Lun 20 Fév 2017 - 22:41, édité 3 fois
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyLun 20 Fév 2017 - 19:57


Le Roi

La Rose Noire





Il a attendu que la réunion se termine, avant de se glisser en catimini jusqu’aux abords de la pièce où le Fou Noir et la Tour Noire ont disparu. Cela fait déjà bien longtemps et le Sombre Souverain certes s’inquiète pour son Fou – quelle folie que de rester avec un écrin enceinte !, mais c’est l’écrin qui tremble, plus encore, pour celle qu’il sait se cacher sous les voiles de Rhéa. Il s’est caché en voyant la Tour Noire ressortir, d’un pas vif et décidé, et le Roi Blanc entrer à son tour dans la pièce. Les Blancs sont des protecteurs, des boucliers, et il peut comprendre l’apport de la magie du Roi à ce qui semble mystérieusement ronger Mélusine. Car il se doute, oui, que quelque chose ne va pas bien. Cela fait bien trop longtemps. Il y a bien eu un cri de bébé, mais aucune explosion de joie et que ce silence inquiétant de Rhéa. Il s’approche donc doucement de la porte fermée.

Et fort dignement, le Roi Noir, Hypérion d’Ibélène, empereur du Savoir, incarné dans Castiel de Sombreflamme, duc de Sombreciel, colle son oreille contre celle-ci, afin d’écouter ce qu’il se passe de l’autre côté.

Ce qu’il entend est morcelé, à peine quelques bribes qu’il peine à coller les unes aux autres, mais cela suffit à générer mille interrogations. Mille conclusions, aussi, qu’il espère erronées. Un rosier, diapré. Denys ?, qu’il murmure, sans comprendre ce qu’il peut bien faire dans cette histoire de fleurs et de destruction. Qu’est-ce que diaprer un rosier, Hypérion ? La réponse n’est pas immédiate et lorsqu’elle vient, elle est emplie de malaise. Teinter de son sang, par la magie. Ce rosier est relié à Mélusine et s’il meurt… Il n’a pas besoin de terminer, non, car il a compris. Il a compris et les mots doux de sa sœur ne parviennent plus à ses oreilles. Je vais le tuer. Tu ne peux pas faire ça. Crois-tu ? Son esprit s’envahit de mort, oui, et tout son corps tremble, d’une rage qui devient étouffante. Il n’a pas ressenti cela depuis longtemps, d’une façon aussi aigue et perçante, et le monde devient blanc devant ses yeux. Tu dois te reprendre. La voix d’Hypérion est ténue, faible, sous cet écrin aux personnalités multiples qui s’entrechoquent et se dévorent pour prendre le pas l’une sur l’autre. Un Outremarcheur, Lagrance, Denys, mort. Le feu. Partout. Tu dois la sauver. Ses mains autour de sa gorge. Son corps démembré. Ses ongles qui arrachent sa peau. Tu dois rester avec elle. Le sang sur son visage, sa bouche, partout. Castiel. Tu sais quels sacrifices nous devons faire. LES TIENNES SONT MORTES ! Le sang à boire le long de ses doigts. Tu peux la sauver.

« Obéron. »

Hypérion contrôle, brusque, vif, sa poigne serrée autour de l’esprit de son écrin, qui menace de se briser, de tout simplement sauter. Hypérion parle, commande, la voix sifflante malgré le calme. « Je sais qui est l’écrin de Rhéa. Je propose que nous la transportions à la tour de Sylvamir, où elle pourra y recevoir son époux et ses parents, si nous réussissons à les rejoindre. » Le Roi Blanc pourra tout à fait aller chercher le baron, oui, et lui se chargera d’Ismalia et Maximilien. Ô, doux Levor, quelle vérité atroce devra-t-il leur annoncer ?

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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyLun 20 Fév 2017 - 20:56

Palais ducal d'Edenia, Lagrance.


« Tu m’accuse d’être coupable de son état ? » Elle ne sait pas. Comment le pourrait-elle ? Tout ce qu'elle sait, c'est qu'un rosier est lié à cette amie si chère à son coeur et qu'il est en train de le tuer. Sous le doute, il y a une détermination farouche qui luit dans son regard, jusqu'à gronder dans son esprit comme une tempête lointaine. « Et c’est impossible, le rosier est protégé. Il est bien gardé… » Vraiment ? L'interrogation se peint sur ses traits et Alméïde pose la question qui lui brûle les lèvres. « Si ce n'est pas toi, alors qui est le responsable ? » Aussi désireuse soit-elle de lui faire confiance, les paroles de Rhéa résonnent encore en elle, terrifiantes.

« Suis moi. » Sans un mot, elle s'exécute, attentive à ce qui l'entoure. Elle n'est pas en sécurité dans ce palais, malgré l'amitié qui la lie au duc, et l'obscurité pose sur les lieux un voile inquiétant. C'est en silence qu'elle reste aux côtés de Denys, traversant les couloirs peu éclairés puis les jardins qui lui semblent soudain... menaçants. La présence de toutes ces statues lui donnent froid dans le dos, remontant à sa mémoire les événements survenus il y a plusieurs moi à Vivedune. L'illusion était alors si réelle et elle n'est pas rassurée d'en apercevoir sur son chemin.

Ils parviennent alors auprès du rosier qu'elle reconnaît aisément. Ce rosier qu'elle avait trouvé magnifique et dont la beauté mystérieuse reste à couper le souffle malgré le danger qu'il représente. Il semble intouché, en effet, mais les apparences peuvent être trompeuses alors elle attend le jugement du mage, à leur côté.

En train de mourir. Du poison. La Magie du Sang. Un sacrifice.
Tous ces termes font remonter des frissons le long de son échine et son coeur bat plus fort face à ce rosier qui détient la vie de Mélusine en chaque tige, chaque feuille, chaque pétale, chaque racine. Son regard reste fixé sur la plante et ses pensées formulent de pieuses prières au nom de son amie.
Elle ne veut pas la perdre.

« Quels sacrifices serais-tu prête à faire pour sauver Mélusine, Alméïde ? » Elle relève doucement les yeux, la princesse, les posant sur les siens avec un sérieux inébranlable. Elle reste un instant sans rien dire, toute à sa réflexion, mais la question ne se pose même pas. Ne vient-elle pas de pénétrer en territoire ennemi sans même une hésitation ? « Je ne la laisserai pas mourir. » répond-elle, catégorique. Son regard brille d'une résolution nouvelle, éclatante. Elle sent encore en elle la présence de Simon, sa combativité, sa force et elle puise en cela pour s'empêcher de trembler à l'idée de perdre une personne qui compte autant pour elle.

« Je ne la laisserai pas mourir à cause de l'acte malhonnête de l'un ou de la négligence de l'autre. La vraie question est : est-ce que tu peux l'aider, oui ou non ? »
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyMar 21 Fév 2017 - 2:36

Elle parle. Elle parle d’une voix perdue et blanche, entrecoupée de cette respiration qui se fait laborieuse. Et il est impuissant, Hiémain, à l’aider. La regarder se perdre et s’enfoncer est la plus cruelle des tortures et la douleur qui perce son cœur est faite de milles poignards acérés.

Il va la perdre.

Il va la perdre et il ne peut rien faire pour la sauver. Sinon la serrer dans ses bras, réconforter ce corps qui se meurt d’une fièvre intense, il n’a aucune solution. Au fond de son esprit, il perçoit l’urgence d’Obéron qui communique silencieusement avec Rhéa. Si tu peux la sauver, fais le. Je t’en supplie… Et même s’il n’a aucune réponse, il sent la magie passer de lui à Mélusine, sans comprendre comment fonctionne tout ceci. La seule chose qui assure sa contenance, c’est de voir que l’effort apaise un instant son épouse qui reprend dans quelques mots douloureux la parole. Qu’elle ne parle pas, qu’elle se repose… Il voudrait le lui crier, mais il n’a pas la force de l’arrêter alors que leurs yeux se croisent.

« Je t’écoute… »

Elle est faible, la voix du baron de Sylvamir. Il s’efforce pourtant d’en garder la force froide et implacable, mais il peine plus que jamais à ne pas laisser s’exprimer la douleur et la crainte qui s’emparent de lui. Et il écoute, oui, avec une attention toute particulière, prit tour à tour de compassion pour sa Mélusine et de colère contre ce Denys. Etait-ce lui qui en cet instant était en train de tuer son épouse à cause d’un rosier diapré ? Etait-ce lui qui la faisait souffrir milles morts sans raisons aucune et menaçait sa vie ? Il faut toute la raison de son esprit pour le retenir de ne pas aller en Lagrance s’occuper de cet homme, mais il sait qu’il ne pourrait rien faire, qu’il est impuissant à l’aider là aussi.

« Ce n’est pas ta faute Mélusine… tu n’es pas coupable, je t’en prie, ne soit pas désolée. C’est lui qui te fait du mal et un jour il aura à le payer… » Etait-ce une menace ? Il n’en avait aucune certitude, mais il espérait que ses mots soient prophétiques. Il n’en veut pas à Mélusine de lui avoir caché. Non il ne peut lui en vouloir. Pas en cet instant où elle se meurt dans ses bras.

Lui promettre ? Lui promettre quoi…? Ô comme les paroles de Mélusine sont d’une cruauté terrible. Mais elles lui rappelle le discours qu’il a tenu à l’identique à Alméïde, alors que la mort menaçait aussi de l’emporter. Et il ne peut empêcher, pauvre Hiémain, de laisser couleur des larmes silencieuses. Front contre front, ses yeux se ferment pour empêcher celles-ci de couler plus.

« Non… Non Mélusine, c’est toi qui lui raconteras. Car tu vas vivre. Je ne permettrais pas que Sithis t’emporte, je peux te l’assurer… Alors bats-toi… Bats-toi encore et permets nous de te sauver. » Nous ? Tous ceux qui pourraient agir pour récupérer ce rosier et mettre fin à la tuerie sur celui-ci.

La voix d’Hypérion. Derrière la porte, le Roi Noir prononce quelques mots. Il a raison, ils ne peuvent la laisser ici à la tour de la Rose. Bien vite, effaçant les larmes qui perlaient encore à ses yeux, Hiémain reprend la forme du Roi Blanc, abandonnant à contre cœur le contact avec Mélusine avant d’autoriser son homologue à entrer.

« Vient Hypérion, entre. Nous ne serons pas trop de deux pour la transporter, elle et son enfant. »
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyMar 21 Fév 2017 - 3:07

Palais ducal d'Edenia, Lagrance.

L’accusation se fait sentir plus que jamais, même s’il veut donner le bénéfice du doute à son amie. Mais il n’a pas aimé, Denys, la remarque presque cinglante, tempétueuse, lourde de sens, qu’avait prononcé la princesse avant qu’ils ne quittent le palais pour les jardins. Elle lui est restée en mémoire, cette phrase. « Si ce n'est pas toi, alors qui est le responsable ? » Elle émet le doute qu’il ment. Et tout lagran soit-il, habile menteur, il ne peut empêcher à l’orgueil et l’égo de se mêler à cette affaire, vexant bien sa fierté et son caractère. Il n’en fait pas mot sur l’instant, et préfère s’assurer que les paroles, au moins sur Mélusine, soient vraies.

Il est surpris, Denys, et ne le cache pas. La révélation sur l’état du rosier le laisse pensif et pas moins inquiet. Car il n’y avait aucune raison de blesser Mélusine et personne n’était censé savoir qu’il lui appartenait. Alors si ce n’était pas elle qui était visée, il en était surement la cible à l’origine, puisque ces jardins, tout secrets soient-ils, étaient les siens. Et c’est plus pour lui, égoïstement, qu’il s’inquiète en l'instant. Et puis… La vie de Mélusine n'avait plus de l’importance pour lui. S’il l’avait aimé, il avait depuis longtemps tiré un trait sur son histoire avec elle, comme elle l’avait balayé d’un revers de la main. En d’autres circonstances, il n’aurait pas levé le petit doigt, et ce n’était que parce que le rosier était concerné qu’il était lui même impliqué.

Tu te mens à toi même. Tu l’aimais et tu y tiens toujours au fond, sinon tu n’aurais pas gardé ce rosier. Fugaces pensées, trop vite éloignées par l’esprit calculateur de Denys qui préfère ne pas songer au passé.

« Tu ne réponds pas à la question. »

Murmure dans un sourire, le ton légèrement amer, il ne quitte pas des yeux son amie. Mais son regard se fait plus dur quand elle reprend la parole. La détermination dont elle fait preuve est à la limite de l’irrespect, et Denys s’est toujours braqué lorsqu’on osait le forcer contre son gré. Néanmoins, il prend encore sur lui, même si le ton de sa réponse est plus autoritaire, comme son regard.

« Attention à la manière dont tu demandes les choses Alméïde, je n’aime pas trop les insinuations. Dix ans que je veille sur ce rosier, jamais je ne lui ai fait du mal, à lui ou à Mélusine. » Il n’était qu’un moyen de pression dans ses mauvais jours, un souvenir puissant dans les bons, un symbole d’un sentiment passé qu’il avait préféré enfermer dans une corole d’épines. « Oui je peux la sauver. Mais une telle action demande un prix Alméïde. La Magie du Sang n’est pas gratuite. » Il attendait de son amie une réponse claire. Tout n’était peut être pas vrai dans son discours… mais ça, la princesse ne pouvait le savoir.
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyMar 21 Fév 2017 - 6:29


Le Roi

La Rose Noire





L’assentiment de son homologue Blanc ne tarde pas et il entre dans la pièce, qui sent la mort et le sang. Il est vigilant, Hypérion, presque mécanique dans ses gestes, alors qu’il s’approche de cette triste scène. Ils ne doivent pas tarder, mais il ne peut s’empêcher d’être immobile, impuissant, devant le corps faible et pâle de la marquise de Sinsarelle. Protéger les innocents. « Tu es plus à même de la transporter », évalue Hypérion d’un coup d’œil, prétextant leur carrure respective pour justifier ce choix. Il a peur, surtout, qu’avoir le corps inerte de Mélusine entre ses bras soit trop, trop pour son écrin dont la folie à ce moment frise l’ingérable. Un claquement de doigt et tout se brisera. « Je prendrai l’enfant. Il te faudra aussi contacter Joséphine Siguardent, lorsque nous serons arrivés. Elle garde les tours de Séverac, Sinsarelle et Chamaar. » La dame de compagnie saura prendre soin du bébé, pendant qu’ils vont chercher la parentèle de Mélusine, sans savoir comment ils feront. Ismalia est à Ibelin, Maximilien à Euphoria, et il ignore tout à fait où est Hiémain – à Sylvamir, Ibelin, ou Svaljärd. Bien trop loin, dans tous les cas.

Avec toute la prudence du monde, le Roi Noir entoure le bébé de ses bras, le lève de la poitrine de la femme, puis le serre contre son cœur, tout resserrant les langes autour de lui. Oh, s’il doutait, encore, qu’on pouvait aimer d’un seul regard, il serait détrompé, car sous les voiles, les yeux noirs s’éclairent, se calment, et la tempête un instant s’arrête. « Bonsoir toi », souffle Hypérion, souffle Castiel, d’une voix millénaire traversée de bien tendres sentiments.

Une de ses mains se libère et soulève sa couronne d’argent de son front. « Cela ne signifie pas que tu es impératrice, maintenant, ma douce », murmure le Roi Noir pour son Fou, alors qu’à l’endroit où était posé le bébé, il dépose la couronne. Il se sent nu, sans elle, mais son instinct lui souffle qu’ainsi, la magie sera plus forte. Un bouclier pour la protéger, une arme pour se battre. Rhéa a besoin d’eux, des deux Rois, qu’ils unissent leur force et leur magie. Vif-Argent, montre-nous le chemin à suivre pour ne pas être vus. Compréhension. Survol de Lorgol. Il sait que les images du griffon se reflètent dans son esprit autant que dans celle de l’écrin du Roi Blanc, qu’il espère pas trop réfractaire à ce type de communication. Il fait froid, à Lorgol, malgré le printemps qui doucement arrive, et heureusement leur route jusqu’à la tour de Sylvamir ne sera pas longue. « Allons-y. »


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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyMar 21 Fév 2017 - 8:48

Palais ducal d'Edenia, Lagrance.


« Tu ne réponds pas à la question. » Alméïde ne le lâche pas du regard et sa détermination se fait plus forte encore. Elle ne la laissera pas mourir, elle l'a dit, elle n'en démordra pas. Quel que soit le sacrifice, peu importe ce qui lui sera demandé. Attention. L'avertissement est ténu dans son esprit et elle sait qu'elle joue avec des forces qui la dépassent ; la Magie du Sang est puissante, bien plus que certains semblent le penser. Ce n'est pas sans raison qu'elle a été bannie il y a si longtemps. Pourtant, une seule pensée vers Mélusine et sa conviction s'ancre un peu plus en son coeur. Elle n'a pas d'autre choix, pas si elle veut revoir son sourire lumineux, ses yeux brillant de cette exubérance solaire dont elle a tant besoin. Elle n'a pas le choix si elle veut s'assurer qu'un enfant ne perde pas sa mère, cette nuit.

« Attention à la manière dont tu demandes les choses Alméïde, je n’aime pas trop les insinuations. Dix ans que je veille sur ce rosier, jamais je ne lui ai fait du mal, à lui ou à Mélusine. » Le ton plus dur de son ami la ramène à la réalité et elle pousse un soupir las, fermant les yeux un instant devant le poids de l'urgence de la situation. « Je suis désolée, j'ai... tellement peur... de la perdre. » Et sa voix est un instant plus douce, plus fragile aussi. Elle a si peur qu'elle ne réfléchit plus, au point de sauter à des conclusions aisées, au point de traverser la moitié du continent afin de lui venir en aide. Mais elle a toujours eu confiance en Denys et leur amitié compte également à ses yeux.

« Oui je peux la sauver. Mais une telle action demande un prix Alméïde. La Magie du Sang n’est pas gratuite. » Elle hoche la tête, consciente des enjeux. Mais si sa raison lui souffle d'être prudente, son coeur, lui, est décidé. « J'en payerai le prix, dis-moi ce que je dois faire et je le ferai. Mais par pitié, dépêchons-nous, chaque seconde nous est comptée. » L'appréhension est si forte, elle en tremblerait si elle n'avait pas Simon à ses côtés, si elle n'avait pas Justice qui la tient au courant de l'évolution de la situation. Elle sait que les Rois ont pris le relais, qu'ils prennent soin de Mélusine et qu'ils la transportent à la tour de Sylvamir où ses proches pourront s'occuper d'elle à leur tour. Le soulagement est bien mince en comparaison de l'urgence qui l'étreint, mais elle se raccroche à ce qu'elle peut alors qu'elle attend de savoir ce qui lui sera demandé.
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyMar 21 Fév 2017 - 18:55

J’ai froid, soudain. Je perçois du mouvement – quelqu’un retire la petite boule chaude lovée sur ma poitrine, et je geins, paniquée à l’idée qu’on me vole mon bébé. Des ondes rassurantes me parviennent de Fantasme – du calme, petite, ton mâle est là, le jeune de ton nid aussi, et ton petit est en sécurité. Le… Le jeune de mon nid ? Entre mes mains, quelque chose rayonne – c’est comme un soleil sombre qui me baignerait dans son manteau de nuit. Hypérion. Son énergie vibrante nous enveloppe étroitement, et je comprends de qui parle Fantasme. Castiel. Le « jeune de mon nid ». Mon esprit confus a à peine le temps de s’émerveiller, de ces conceptions de dragon si étranges, lorsque le brusque changement de température me fait claquer des dents. Il… neige ? Dans la chambre ? J’essaie de voir ce qui m’entoure, mais il fait noir, si noir – au bout de mes doigts, je sens le fantôme de Vespéral frissonner. Il sent le regard des étoiles sur lui. Nous sommes dehors ? Je ne sais pas. Je sens juste la présence d’Obéron contre moi, et l’énergie brûlante d’Hypéron entre mes mains. Ils rendent des forces à mon organisme, mais ne peuvent rien faire pour la folie qui m’emporte.

On m’a couchée. Je pense que c’est un lit. Autour de moi, des images, des chimères, des illusions tandis que la fièvre harcèle mes sens, et que mon esprit bat la campagne. Je les vois tous défiler. « Pardon de m’être mariée sans toi. J’ai besoin de toi, grand frère ; me laisse pas ! Je te promets, je serai sage… » Mais Melsant n’est pas là. C’est Mélisende qui se penche sur moi. « Reste avec moi. Ma moitié, tu es ma moitié, je peux pas vivre si tu es loin de moi, t’en vas pas ! » Mais elle s’en va, elle aussi, loin – et Melbren ignore également mes suppliques. « Mémé… » Mais ce n’est pas ma princesse qui baigne mon front, qui berce le nourrisson, c’est Joséphine. « Ma Josette… s’il te plaît… s’il te plaît, dis-leur, toi, que je ne veux pas mourir… » L’obscurité grignote mon champ de vision, la nuit m’emporte. « Mère, je t'en prie, aide-moi ! » Est-ce fini à présent ? Ma vision se fait trouble, la couronne est froide entre mes mains. Obéron n’est plus là, et Rhéa finit par abdiquer, épuisée au-delà de toute possibilité. Je suis désolée, le mal est trop fort pour moi. Je reste avec toi, petite. Nous restons toutes les deux. Une dragonne d’Or gronde sur le toit de la tour ; et mes pensées s’éteignent, l’une après l’autre. « Père… Je suis – je suis désolée… » J’aurais tant voulu te dire au revoir. Un dernier vestige, un dernier sursaut, et ma conscience vacille. « Hiémain… »

Vis, mon aimé. Vis pour nous deux.
Je vous ai aimés, tous, vous qui avez partagé ma vie ; et maintenant, le temps est venu, de nous dire... adieu.

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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyMer 22 Fév 2017 - 2:29

Palais ducal d'Edenia, Lagrance.

Le temps est compté, il en a conscience. Et il a conscience aussi qu’Alméïde venait de lui dire exactement ce qu’il attendait, presque insidieusement. Elle ne savait pas à quoi elle s’engageait, et non que Denys n’ait l’envie de profiter entièrement du pouvoir qu’elle venait de lui donner sur elle, il avait besoin d’elle. Elle avait de l’utilité, quand bien même cette pensée se déchirait avec les sentiments qu’il avait pour elle. C’était son amie. Une amie qui avait douté de lui mais une amie quand même. Cela serait-il suffisant à Denys pour ne pas profiter du potentiel qu’il pouvait tirer d’elle ? Non. Car il y décelait derrière cette cruelle et triste affaire des enjeux dont elle n’avait encore aucunement conscience. Alors il n’eut aucun scrupule à lui mentir, pas plus que des remords quand elle répondit par l’affirmative. Soit, il agirait.

« Bien. Le prix du Sang, tu ne peux le payer, je m’en chargerais. Mais tu as une dette envers moi Alméïde. » Il se tourna vers le mage de la floraison, resté jusqu’ici silencieux. Un homme fidèle. Ou du moins semblait-il l’être. Il l’avait cru de la part de ses jardiniers. « Ramenez la princesse à l’intérieur du palais, dans mon salon s’il vous plait. Et soyez discret. » Puis à nouveau vers son amie. « Je m’occupe du reste. Navré, tu ne verras pas le processus. » Pourquoi souhaitait-il le cacher ? Simplement peut être parce que c’était un art à ne pas montrer à une Ibéenne. Ou peut être parce qu’il ne voulait pas, en un sens, qu’une autre personne voit la destruction de ce rosier qui depuis dix ans avait représenté un souvenir fort pour Denys. Le dernier vestige de quelque chose qu’il avait sciemment abandonné.

Sans s’attarder plus que ça, il laissa le mage et Alméïde repartir vers le palais. Il fit de même, mais dans une autre direction, faisant mander cette fois un mage du sang spécialisé dans les essences diapré. Un homme de confiance aussi, qui afficha une grande surprise quand, de retour dans les jardins, son duc lui demanda de dediapré définitivement le rosier.

« Vous êtes sûr votre Grâce ? C’est quelque chose d’important pour vous j’imagine. Il y a encore moyen de le sauver, autrement qu’avec cette méthode.
-Je le sais. Mais nous n’avons ni le temps ni les moyens. Faites le.
-Bien. »

Alors il s’exécuta. Lentement, la magie commença à faire effet, et peu à peu, la magnificence du rosier finit par se perdre. Ses fleurs commencèrent à perdre leurs pétales, puis à tomber d’elle même. Les veinures peu à peu disparaissaient pour ne laisser au final qu’un rosier sur le point de mourir, dénué de toute magie.

« Le lien est rompu votre Grâce, mais la personne qui a été touché par le poison du rosier aura certainement besoin de beaucoup de soin. »

Il acquiesce, mais il ne doute pas que vu l’entourage de Mélusine, elle aura des médecins d’Ibélène et même des guérisseurs Faës de Lorgol. Il remercia le mage et le laissa repartir des jardins secrets. Un instant néanmoins, il resta à regarder l’arbre mort. Mort comme ce qui avait un jour vécu entre lui et Mélusine. Plus rien n’était, si ce n’était un souvenir. Qui lui aussi, avec le temps, serait balayé par les vents et l’oubli. Il prit une rose à terre, dont les pétales ne tenaient presque plus et affichaient une couleur brune et desséchée. Quand il revint au palais, dans le salon où se trouvait Alméïde, éclairé plus chaleureusement que lorsqu’elle était arrivée, il déposa sur le bureau devant elle la rose, puis s’appuya sur celui-ci.

« La vie de Mélusine n’est plus mise en danger par le rosier. Mais elle aura besoin de soin, sa vie n'est qu'en sursit. Là dessus, je ne peux plus rien y faire. »

Son regard est pesant, lorsqu’il se pose sur Alméïde. Ses prunelles cherchent, calculent encore, et peu à peu, la douceur semble s’évanouir. A la sympathie habituelle se soustrait quelque chose de plus froid. Ni sourire, ni réelle chaleur. Peut être un véritable visage sans masque.

« Bien, maintenant parlons dette. »
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyMer 22 Fév 2017 - 3:28

Palais ducal d'Edenia, Lagrance.


« Bien. Le prix du Sang, tu ne peux le payer, je m’en chargerais. Mais tu as une dette envers moi Alméïde. » Le regard de la princesse perd quelque peu de sa douceur, mais elle hoche tout de même la tête en signe de compréhension, mais surtout de reconnaissance. À l'inquiétude se mêle désormais un sentiment plus insidieux, quelque chose de sournois qui l'empêche de réellement se sentir soulagée à l'idée qu'il accepte de l'aider. Une dette. Quel genre de dette ? Peu importe, tant que Mélusine est en vie, n'est-ce pas ? Et puis il est son ami, il n'irait pas lui demander quelque chose qui lui porte préjudice tout de même. Elle s'accroche à cette idée alors qu'il prend à nouveau la parole.

« Ramenez la princesse à l’intérieur du palais, dans mon salon s’il vous plait. Et soyez discret. » La surprise se dessine sur ses traits, l'espace d'un instant. « Je m’occupe du reste. Navré, tu ne verras pas le processus. » Troublée, elle finit tout de même par acquiescer, pas tout à fait rassurée. La Magie du Sang reste tout à fait mystérieuse pour elle et l'inquiétude s'amplifie à chaque pas qu'elle fait aux côtés du mage.

Sans un mot, elle le suit à travers les jardins, parcourant le même chemin que tout à l'heure, mais en sens inverse, au coeur de la nuit. Son esprit se brouille de réflexions et d'images ; elle revoit le visage pâle de Mélusine, elle entend à nouveau l'avertissement de Rhéa et les paroles du mage qui mentionne un sacrifice. Un frisson remonte le long de sa nuque à cette idée, alors qu'elle repasse devant les statues et qu'elle pénètre à nouveau à l'intérieur du palais. Ses pensées se tournent vers Justice, incapable de la rassurer, trop occupé à empêcher Fantasme de raboter toutes les tours du voisinage ; tout ce qu'elle obtient de lui, c'est que Mélusine est encore en vie, mais ça ne tient qu'à un fil.

C'est presque dans une profonde torpeur qu'elle prend place dans un fauteuil, dans le salon de Denys, puis elle reste pratiquement immobile, en dehors de ses doigts qui tapotent ses genoux ou tortillent les pans de sa robe. Dans le silence de la pièce, elle a l'impression que son coeur va s'arrêter, tant l'attente a un goût d'horreur et d'impuissance.

Puis Denys entre dans la pièce.

Immédiatement, elle se redresse, tous ses sens en alerte. Elle aperçoit la rose flétrie et sa gorge se noue, mais ses yeux ne quittent pas ceux de son ami. « La vie de Mélusine n’est plus mise en danger par le rosier. Mais elle aura besoin de soin, sa vie n'est qu'en sursit. Là dessus, je ne peux plus rien y faire. » Un long soupir s'échappe de ses lèvres, ses yeux se ferment et elle sent son corps se détendre légèrement, débarrassé de la pression qui pesait sur ses épaules. Mélusine est bien entourée, elle s'en sortira, elle en est persuadée. Elle n'a pourtant pas le temps de formuler un remerciement. Son regard retrouve celui de Denys et, un instant, elle se fige dans son fauteuil, comme glacée par ces prunelles limpides.

« Bien, maintenant parlons dette. » Ah. Oui. La dette. Elle n'est pas à l'aise, Alméïde. Pourtant, ça ne lui est jamais arrivé en compagnie de Denys pour qui elle éprouve un grand respect et une affection sincère, et le simple fait de le réaliser la pousse à se montrer plus méfiante. Son regard n'est pas pour la rassurer, pas plus que le ton qu'il a utilisé pour s'adresser à elle, alors elle se redresse un peu plus dans son fauteuil, comme pour garder contenance face à un duc de Lagrance tel qu'elle ne l'a jamais vu. Ses yeux se posent momentanément sur la rose, puis à nouveau sur lui.

« Tu... tu es sûr qu'elle ne risque plus rien ? » s'assure-t-elle, d'un ton hésitant. Puis quand il le lui confirme, elle hoche la tête et transmet l'information à Justice avant de reprendre d'une voix qui se veut plus affirmée. « Qu'est-ce que je peux faire pour toi Denys ? Je doute pouvoir t'être très utile, mais si je peux faire quoi que ce soit pour te remercier de ce que tu as fait... » Elle reste prudente dans sa formulation, encore un peu incertaine quant à ce qu'il attend d'elle exactement. Plus que jamais, elle prend conscience de l'endroit dans lequel elle se trouve et quel risque elle vient de prendre pour sauver la vie de Mélusine. Mais Denys est son ami lui aussi, elle a toujours eu confiance en lui et ce n'est pas le moment de remettre en doute cette confiance. « À ton avis, qui aurait pu s'en prendre à ce rosier ? » demande-t-elle, perplexe. N'a-t-il pas dit qu'il était bien protégé ? Qui aurait pu faire une telle chose ? Alméïde se replonge dans ses réflexions, toujours inquiète et dans l'attente d'une bonne nouvelle du côté de Mélusine.
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyMer 22 Fév 2017 - 15:05

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L’inquiétude se lit dans le regard de la princesse. C’est la première fois qu’il la perçoit avec autant d’intensité à son égard et venant d’elle. Devait-il s’en offusquer ? Il ne faisait rien en réalité pour rendre les choses rassurantes. Peut être parce qu’à ses yeux, l’affaire ne devait pas prêter à la simple complicité nouée d’une longue amitié. Il n’oublie pas qu’il apprécie beaucoup Alméïde, mais c’est presque bien peu quand il songe à la dette qu’elle lui doit – le croit-elle du moins – et ce qu’il peut tirer de ses services. Elle semble si peu consciente, et pour un peu, il s’en voudrait de jouer avec l’ambiance pesante et la peur qu’elle continue de ressentir encore pour son amie. A la question qui semblait bruler ses lèvres, Denys répond d’un regard en biais vers la rose flétrie, qui avait attiré les prunelles d’Alméïde une seconde plus tôt. Le bleu de ses yeux vient rapidement retrouver le noir de ceux de la princesse.

« Pas venant du rosier. »

Du reste, il ne tiendrait qu’à Mélusine de survivre et aux guérisseurs qui l’entouraient de la soigner. Lui ne pouvait plus rien faire, et n’aurait en cet instant pas fait grand chose.

Elle doute de pouvoir être utile ? Naïve. Pauvre Alméïde qui n’a pas conscience. Elle risquerait certainement de refuser. Oh elle le fera sans doute, mais a-t-elle le choix ? Serait-il une menace si d’aventure elle disait non ? Il n’en avait pas encore décidé, Denys, mais il espérait pour elle qu’elle saurait choisir judicieusement. Elle s’attarde sur une autre question, pertinente soit, mais qui ne la regardait pas totalement. Pourtant, il répond sombrement, ayant déjà une idée derrière la tête. Il y avait peu de personnes pouvant correspondre.

« Hormis moi, deux jardiniers ont la possibilité de venir dans ces jardins. Et l’empoisonnement s’est fait de manière très discrète mais répétée. L’un d’eux est forcément le coupable. »

Et il payerait. Oh oui il payerait cher de sa vie d’avoir touché à une chose aussi précieuse de ses jardins pour certainement attenter à sa vie. Il aurait tôt fait d’interroger les deux suspects pour tirer les choses au clair. Mais ça ne concernait pas la princesse. Il revint bien vite à ce qui l’intéressait.

« Maintenant Alméïde, j’ai besoin de toi. L’information aujourd’hui a un prix élevé pour peu qu’elle ait de l’importance. Mais elle se fait rare, difficile à récolter. » Il se détourne un instant, retournant à sa place derrière le bureau, bien calé dans son fauteuil. « Tu es princesse, soeur du duc d’Erebor et fiancée du duc de Sombreciel, autant dire que tu es très bien placée. Je vais être très clair Alméïde, je veux que tu fasses entrer mon espion auprès de celui des deux qu’il te plaira, et que tu le protèges une fois qu'il y sera. »
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyMer 22 Fév 2017 - 21:04

Palais ducal d'Edenia, Lagrance.


« Pas venant du rosier. » Bien. Très bien. C'est tout ce qu'elle voulait entendre. Elle n'aura plus de souci à se faire à propos de ce rosier, elle est hors de danger dans l'immédiat, tant qu'elle est prise en charge. Et elle doute que les Rois la laissent agoniser toute seule après cet accouchement difficile. Elle a même été transportée dans la tour de Sylvamir, lui souffle Justice, et ça lui suffit pour ne pas avoir à s'inquiéter plus encore. Il n'y a plus rien qu'elle puisse faire pour elle, pour le moment du moins. Et elle a un autre sujet d'inquiétude désormais.

« Hormis moi, deux jardiniers ont la possibilité de venir dans ces jardins. Et l’empoisonnement s’est fait de manière très discrète mais répétée. L’un d’eux est forcément le coupable. » Elle hoche doucement la tête sans rien dire. Ca réduit effectivement la liste des suspects, c'est une bonne chose. Elle est même soulagée de savoir qu'il n'y est pour rien. Soulagement de courte durée pourtant, car il revient bien vite sur quelque chose de plus... délicat.

« Maintenant Alméïde, j’ai besoin de toi. L’information aujourd’hui a un prix élevé pour peu qu’elle ait de l’importance. Mais elle se fait rare, difficile à récolter. » Elle fronce un peu les sourcils et le suit du regard, sans prononcer un mot. Doucement, les rouages se mettent en place, la compréhension se fait peu à peu, mais elle n'ose y croire, elle n'ose ne serait-ce que l'envisager. Elle retient son souffle et ses yeux restent tournés vers les siens quand il reprend la parole. « Tu es princesse, soeur du duc d’Erebor et fiancée du duc de Sombreciel, autant dire que tu es très bien placée. Je vais être très clair Alméïde, je veux que tu fasses entrer mon espion auprès de celui des deux qu’il te plaira, et que tu le protèges une fois qu'il y sera. » Toute couleur a disparu de son visage et ses doigts se resserrent sur les accoudoirs de son fauteuil pour les empêcher de trembler.

« Tu veux que je... quoi ? » demande-t-elle, comme si elle avait encore de la peine à y croire. Et c'est le cas, en quelque sorte, alors qu'elle cligne des yeux en espérant voir son ami se matérialiser derrière le bureau à la place de cet être froid et calculateur qui l'observe avec attention. Au choc et à la surprise se substitue soudain la peur, puis l'indignation. Le tout mêlé à l'horreur de cette soudaine prise de conscience ; elle s'est lourdement trompée sur lui.

« J'ai dit que je payerais le prix, je le maintiens. Mais je le paie de ma personne et je le paie à toi, uniquement. » répond-elle lentement, choisissant bien chacun de ses mots. « J'ai une dette envers toi, pas envers Lagrance ou envers Faërie. Il est hors de question que je trahisse mon duché et encore moins ceux que j'aime. » Elle ne peut pas être plus claire. Son regard se fait déterminé mais elle ne peut gâcher la déception qui se peint sur ses traits alors qu'elle observe celui qu'elle pensait être un ami. « Je refuse Denys. Je... ne peux pas faire ça. » conclut-elle, presque dans un murmure. Elle ne les trahira pas, non, ce n'est même pas la peine d'y penser.
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyJeu 23 Fév 2017 - 7:22


Le Roi

La Rose Noire





Ils cheminent rapidement jusqu’à la tour de Sylvamir et le Roi Noir veille Mélusine, alors que le Roi Blanc s’affaire à aller chercher Joséphine. Il refuse de laisser la femme seule, alors qu’elle est mourante, seule alors que même Rhéa n’a plus la force de se battre contre le mal qui la ronge. Sous les voiles, des larmes coulent sans qu’il s’en rende compte, sans qu’Hypérion puisse les arrêter, les empêcher. Son écrin tremble, il a si peur, de voir cette femme qu’il aime tant mourir. Si peur, de penser qu’il va la perdre. Il y a trop peu de temps qu’ils se sont réconciliés et ils ont encore tant de choses à vivre.

Il veut encore d’autres neveux et nièces, d’elle. Il veut vraiment connaître cet époux qu’elle a choisi envers et contre tout. Il veut l’entendre rire, tempêter, hurler, il veut qu’elle puisse vivre son amour pour la princesse d’Erebor au grand jour. Ô, dieux, il veut qu’elle vive, plus que tout, plus que quoi que ce soit.

Les larmes trempent les voiles sombres, mais ses bras bercent le bébé qui y est logé, caché sous les langes chauds. Sa voix basse chantonne, ces quelques berceuses cielsombroises qui ont à peine changé, depuis les mille années qui séparent Hypérion de Castiel. « Dis-moi comment tu fais ton feu, petite luciole », chantent ses murmures, jusqu’à ce que la porte de la chambre s’ouvre sur Joséphine et… et Hiémain. Bon sang, Obéron est d’une efficacité redoutable, cette nuit ! D’abord, la rupture de la Trêve, puis l’arrivée aussi subite que rapide de Hiémain de Sylvamir ? À croire qu’il a mangé tout un lion, son digne Roi Blanc. Il confie le bébé à la dame de compagnie, puis avec un dernier regard, quitte la tour. Front découvert, sa couronne toujours posée sur la poitrine de Mélusine, feu nourrissant celui de ce coeur tant aimé.

(ton feu pâlit, puis il s’éteint)

Ses voiles s’estompent avant qu’il mette pied dans la rue et qu’il court jusqu’à la tour de la Guilde des Mages, frappant du poing et hurlant de tous ses poumons jusqu’à ce qu’on lui ouvre en catastrophe. « Envoyez des mages guérisseurs à la tour de Sylvamir, la baronne s’y meurt », balbutie le mince duc à la voix d’automate. C’est son visage, oh oui, c’est son corps, mais dans tout son esprit, c’est Hypérion qui règne, Hypérion qui mène. « J’ai besoin d’un Outreparleur et d’un Outremarcheur. Pour Ibélène. » Il n’a pas peur, non, de les menacer, s’ils refusent (à raison) de se rendre dans cet empire du Savoir qui n'hésiterait pas à les exécuter à vue. De les payer assez pour qu’ils s’achètent trois nouvelles tours dans la Ville Haute, pour qu'ils acceptent son plan fou. Il a besoin d’eux. Besoin de réveiller leur pauvre mère, qui dort du sommeil des justes à Ibelin, sans savoir ce qui attend son réveil. Besoin de réveiller leur père, qui lui aussi ignore tout de ce qui se passe en ce moment. Ô Ismalia, Ô Maximilien, comme il est désolé. Ses balbutiements nerveux et menaçants peinent à expliquer la teneur de sa demande aux responsables de la Guilde, alors que pendant quelques secondes, la poigne d’Hypérion sur son esprit se fait moins marquée – pour ensuite revenir, dans un murmure apaisant. Elle est sauvée.
Elle est sauvée. Mélusine est sauvée.


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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyVen 24 Fév 2017 - 16:30

« Tu as bien entendu Alméïde. »

Cette peur mêlée à la surprise, Denys l’avait calculé. Difficile de croire qu’Alméïde, de toute sa naïveté, ne serait pas étonnée de faire face à une telle demande de la part de son ami. Sans doute parce qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de croiser ce regard qu’affichait en l’instant le duc de Lagrance ni subir ses manipulations et ses plans. Jusqu’à ce jour, il s’était toujours présenté comme gentil et prévenant à son encontre, et si ça, ça n’avait pas été un mensonge, la vérité était qu’une autre facette se cachait en lui, bien moins sympathique et surtout crainte. En viendrait-il à des menaces avec ce refus clair qu’elle affichait ? Il n’en ferait rien. Il savait manier les mots, Denys, et plutôt que faire peur, il ferait culpabiliser. Il tournerait le couteau dans une plaie invisible, cette psyché qu’il appréciait manipuler, tordre à sa convenance par le pouvoir de ses paroles.

« J'en payerai le prix, dis-moi ce que je dois faire et je le ferai. Si je peux faire quoi que ce soit pour te remercier de ce que tu as fait... Ce sont là les paroles que tu m’as dites, mon amie. Dois-je y percevoir un mensonge ? Il est facile de revenir sur ta parole une fois ma part du marché effectuée, mais je te pensais plus honnête. Et ça ne passera pas avec moi. »

Vérité, mais il n’est pour autant pas le moins du monde perturbé. Il est duc de Lagrance, le duché où le mensonge est un art de vivre, une banalité de tous les jours. Qui serait-il, s’il n’avait nuls moyens de le déceler, le contourner, l’user à sa manière et le retourner contre ses adversaires ?

« Je ne reviendrais pas sur ma demande Alméïde, elle est peu chère payée en comparaison du service que tu m’as demandé. Réfléchit y bien, tu verras que c’est vrai. C’est là tout ce que tu peux m’offrir. »

Mensonge, mais si bien tourné, dans un sourire mauvais qui vient se dessiner sur les lèvres du duc. Oh bien sur que non, la princesse d’Erebor est source de beaucoup d’avantage et de marchandage. Le tout pour elle était de ne pas tomber un peu plus dans un piège. Car patient était Denys, mais jamais de manière éternelle.

« Alors ? »

Dernière chance.
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyVen 24 Fév 2017 - 18:51

Palais ducal d'Edenia, Lagrance


« Tu as bien entendu Alméïde. » Oui, il semblerait, en effet. La princesse semble prise au dépourvu par le comportement de son ami et pourtant... À quoi d'autre pouvait-elle s'attendre de la part d'un duc de Faërie en pleine période de guerre ? Est-elle à ce point naïve qu'elle a pensé que leur amitié surpasserait les conflits, ne serait-ce que quelques instants ? Qu'il lui rendrait ce service au nom de la complicité sincère qu'ils ont l'un pour l'autre depuis tant d'années ? Oui, peut-être qu'elle y a songé. Peut-être a-t-elle bêtement cru qu'il ferait pour elle ce qu'elle aurait fait pour lui. Et il est douloureux, pour la princesse, de réaliser qu'elle s'est encore une fois laissée aveugler. Si elle avait su, aurait-elle réagi de la même manière ? Elle songe à Mélusine, plus pâle que la mort, prête à rejoindre Sithis dans son étreinte éternelle, et elle sait qu'elle n'en aurait pas moins pris le risque. Cette idée la réconforte un peu, trop peu cependant, alors que ses yeux semblent sonder ceux de Denys.

« J'en payerai le prix, dis-moi ce que je dois faire et je le ferai. Si je peux faire quoi que ce soit pour te remercier de ce que tu as fait... Ce sont là les paroles que tu m’as dites, mon amie. Dois-je y percevoir un mensonge ? Il est facile de revenir sur ta parole une fois ma part du marché effectuée, mais je te pensais plus honnête. Et ça ne passera pas avec moi. » Son regard se baisse un instant, presque honteuse d'avoir ainsi donné sa parole sans réfléchir ; schéma qui se répète un peu trop souvent depuis quelques temps. L'urgence était trop grande, la peur était trop forte. Mais jamais elle n'aurait songé à une telle demande de sa part. On lui a toujours dit de se méfier des Lagrans, mais tolérante comme elle est, elle faisait confiance à Denys qui ne lui a jamais donné de raison de se méfier. La déception est grande, l'inquiétude encore plus à présent qu'elle sent une insidieuse menace peser au-dessus de sa tête.

« Je ne reviendrais pas sur ma demande Alméïde, elle est peu chère payée en comparaison du service que tu m’as demandé. Réfléchit y bien, tu verras que c’est vrai. C’est là tout ce que tu peux m’offrir. » Silencieuse, elle relève les yeux, songeant à ses paroles. Le pragmatisme et la froideur dont il fait preuve sont autant de coups durs pour la princesse qui ne songeait qu'à son amie, à son enfant risquant de grandir sans une mère, à la douleur qu'elle aurait ressentie si elle avait dû la perdre. La vie d'une personne a-t-elle réellement un prix ? Ce prix est-il aussi élevé que l'avenir d'un duché, d'un empire ? Sa gorge se noue et sa prise sur les accoudoirs se raffermit, comme pour se raccrocher à quelque chose.

« Alors ? » Alméïde croise son regard et son ventre se tord un peu plus. « Alors... je pensais que tu me connaissais assez maintenant, pour savoir que je ne ferais jamais rien qui puisse nuire à mes proches. » répond-elle d'une voix aussi mesurée que possible. Pas consciemment, en tout cas. Elle ne peut dissimuler la déception qu'elle ressent, ni l'amertume face à cet ultimatum qu'il lui présente sans aucun scrupule. Son ton est néanmoins plus assuré lorsqu'elle reprend la parole. « Je préfère être qualifiée de malhonnête que de trahir les miens. Si c'est vraiment la seule chose que tu veux obtenir, j'ai bien peur qu'en effet, je ne sois pas capable de respecter ma part du marché. » Les mots sont à peine prononcés qu'elle sait déjà qu'elle devra payer le prix de son audace. Pourtant, elle n'en est pas moins déterminée. Une ombre plane au-dessus de sa tête. Va-t-il perdre patience ? Que compte-t-il faire exactement si elle s'obstine à refuser ce qu'il lui demande ? Alméïde s'efforce de paraître calme malgré l'appréhension qui la gagne peu à peu, la gorge nouée et le regard laissant entrevoir un brin de cette fierté du peuple des sables, peuple qu'elle protégera autant qu'elle le pourra. Comme elle l'a fait lorsque Faërie a attaqué, que leurs oasis devenaient feu et cendres, que les siens s'échappaient de justesse ou mouraient sous les assauts des dragons. Elle ne les mettra pas plus en danger, elle ne peut pas s'y résoudre.
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyLun 27 Fév 2017 - 23:25

Pourquoi a-t-il l’impression que tout ce qu’il pourrait dire n’y changerait rien ? Parce qu’il connaissait la détermination de celle qu’il avait appelé son amie et qui ne semblait pas décider à lui rendre le service qu’il lui demandait. Soit, ce n’était pas comme s’il était surpris et comme s’il n’avait pas prévu une issue de secours à ce désordre. Dommage, cela remettait en question bien des illusions qu’il n’avait heureusement jamais eues. Au fond, Denys ne se surprenait même plus de ses réactions, il avait abandonné l’idée de s’attacher aux gens, même à ceux qui étaient ses amis. Quitte à les sacrifier pour ses intérêts ? Il fallait croire qu’aujourd’hui encore il était capable de tout, même de finir terriblement seul pour parvenir à ses fins. La détermination d’Alméïde semble inébranlable. Et oui, il ne peut nier s’être douté de cette issue. Mais même en sachant cela, ça ne l’avait pas arrêté dans l’idée d’aller jusqu’au bout. Tant pis, songeait-il alors, avec une froideur perçante. Et si son regard affiche celle-ci avec dangerosité, un masque à nouveau vient parer les traits du duc de Lagrance. Un maigre sourire qui semble réellement désolé accompagne un soupir contrit, tout ce qu’il y a de plus vrai. Ou presque.

« Oui… oui je m’en doutais. Pardonne moi Alméïde, avec la guerre qui fait rage, ne pas tenter une telle manœuvre aurait été stupide de ma part. Mais c’était aussi stupide de te contraindre de la sorte. Je suis décidément un bien mauvais ami. » Et le regard qu’il lance alors semble tout à coup si sincère lui aussi. Terrible son les lagrans, doués de mensonge et tromperie, maitre dans l’art de paraître là où tout ou presque n’était que fausseté. « J’imagine que tu voudrais rentrer maintenant. Rester plus longtemps serait imprudent, pour toi comme pour moi. »

Il se lève alors, ouvre la porte où attend un homme. Un serviteur, à l’affut des ordres de son maitre.

« Appelez Jacinthe, mon invitée va rentrer chez elle. » Ce qu’ignore la princesse, c’est que devant le duc se tient aussi un mage, outreparleur lisant au cœur des pensées de Denys, qui elles sont biens différentes de l’ordre donné de vive voix. « Dites à Jacinthe que quelque soit l’endroit où elle demande à être envoyé, c’est à l’Ordre qu’elle devra être menée. »

Et il acquiesce, d’un petit sourire. Il a confiance, Denys, en ce mage et le mage des portails, qui sont tous deux membres de l’Ordre aussi. Il revient à son fauteuil, le duc de Lagrance, observant son amie avec bienveillance et encore cet air désolé, faux évidemment, mais qui semble si vrai. Ce visage si souvent rencontré par la princesse des dunes, celui de la complicité d’autrefois. Si seulement elle savait. Il faut une poignée de minute pour qu’une personne frappe à la porte, et sur ordre de Denys entre un homme. Le mage qui avait mené jusqu’à lui Alméïde.

« Bien, je crois que nous nous sommes tout dit. Juste… tu diras à Mélusine que je suis désolé. Vraiment. Et… et qu’elle soit heureuse aussi. »

Etait-ce là un réel mensonge ? En réalité non, même s’il était difficile pour Denys de l’admettre. La seule œuvre de Syned dans les paroles du duc était de faire croire à la princesse qu’elle serait en mesure de faire passer ce message.

« Prends soin de toi Alméïde. »
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyMar 28 Fév 2017 - 1:46

Transporter Mélusine, c’était le plus important. Mais il fallait absolument faire attention à ne pas empirer son état, elle qui semblait sombrer un peu plus à chaque instant. Même s’il a reprit l’apparence du noble Roi des Blancs, Obéron et Hiémain se partagent la conscience et la pensée. En tenant ainsi Mélusine dans ses bras, le baron kyréen laissait l’esprit ancien continuer de se battre auprès du Fou Noir pour entériner le mal qui rongeait sa douce. Mais ni lui ni l’ancien empereur ne parvenait à cacher à l’autre l’inquiétude montante. Ce n’était qu’une question de temps avant que les choses ne s’aggravent, ils le savaient. L’aide bienvenue d’Hypérion ne serait qu’un sursit de plus.

« Veille bien sur lui. »

Souffle le Roi des Blancs à son homologue noir, qui prend entre ses bras le nouveau né emmitouflé dans les langes propres. Un souffle qui dénote de la froideur habituel d’Obéron, un souffle qui est celui de Hiémain, peu rassuré de laisser son tout petit bébé dans les bras d’un autre, là où il n’a pu encore le tenir. Mais le temps presse, et ils se déplacent tous deux à l’extérieur, dans le froid glacial et nocturne de Lorgol. Un peu plus contre lui, il sert sa Mélusine, espérant que sa chaleur saurait réchauffer sa douce si froide et si pâle. Heureusement, la route n’est pas longue jusqu’à la tour de Sylvamir. C’est bien à contrecoeur que le baron doit se séparer de sa douce, encore caché sous les traits du Roi Blanc. Il irait chercher Joséphine, il savait où la trouver. Une nouvelle fois, il ne perd pas son temps en chemin, se séparant des voiles blancs et de la couronne d’or pour plus de discrétion. Oh mais il prie Hiémain, il prie de revenir vite auprès de la femme de son cœur. Car plus les secondes passent, et plus il sent la vie de Mélusine s’éloigner aussi vite que son propre cœur cesse de chauffer. Il a froid, Hiémain, si froid d’être loin d’elle.

Joséphine trouvée, ils courent presque à nouveau jusqu’à la tour. Les larmes envahissent déjà le visage de la petite dame de compagnie, lorsqu’elle passe la porte, se précipitant sur sa Mélusine pâle. Elle voudrait hurler, détruire celui ou celle qui a fait sa à sa bien aimée maitresse, mais ils ne peuvent la sauver en l’instant. Hiémain a un regard pour le Roi Noir resté aux côtés de son épouse. Il l’en remercie d’un geste de la tête, laisse à Joséphine le soin de reprendre le fragile bébé et regard le noble roi d’antan partir à son tour. Quant-à lui, il s’assoit aux côtés de Mélusine, main dans la sienne.

Si froid. Son cœur est si froid.

Et elle délire, pauvre Mélusine, d’une voix éteinte et fébrile. Il ne peut que la regarder gravement, la mort dans l’âme. Les sanglots de Joséphine sont là aussi, elle qui observe discrètement avec la même douleur qui étreint son cœur. Elle prend aussi sa main, les larmes dévalant ses joues rougies. Elle serre de toutes ses forces, mais elle ne peut rester plus longtemps, dévorée par le chagrin. Elle murmure qu’elle va chercher des guérisseurs et médecins, qu’elle ne laissera pas sa Mélusine mourir. Il acquiesce gravement, Hiémain, mais ne répond rien. Tout ce qu’il peut faire, c’est prendre l’enfant dans ses bras, l’enfant qui dort si paisiblement, qui n’a nulle conscience de la détresse qui plane sur sa famille et son entourage. Si fragile et si beau bébé. Un instant, il ne peut se détourner de ce petit visage si tranquille, si innocent, si beau.

Hiémain.

Le dernier murmure de sa Mélusine. Il peut l’entendre comme un adieu, et alors son cœur se brise. Oh il a si froid. Si mal. Sithis, ne vient pas la chercher, tu n’as pas le droit, ce n’est pas encore son heure. Ou alors si tu dois l’emporter, prend avec toi l’homme dont le cœur se meurt avec elle. Car il ne saurait survivre sa la lumière solaire de Mélusine. Il ne peut garder contenance, Hiémain, et un sanglot éclate dans le silence à peine brisé par la respiration presque éteinte de son épouse. Les larmes ne cessent, et sa main dans la sienne tremble de manière incontrôlée.

« Je t’en prie Mélusine… ne me laisse pas… Sans toi je... »

La voix se meurt, comme sa propre vie qui sans elle, semble n’être qu’un immense champ vide de glace et désolation. Eternelle nuit où nulle lueur ne vient éclairer l’avenir. Contre lui pourtant s’agite une vie pleine de lumière. Pauvre enfant, il ne peut l’abandonner aussi. Seul l’amour doit-il disparaître ? D’un baiser sur le front du nouveau né, petite existence nouvelle qui s’éveille, il murmure d’une voix encore enrouée des larmes.

« Je suis là… Nous sommes là. »

Ne perd pas espoir. Pas encore. La nuit n’est pas éternelle.
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Message Sujet: Re: Quand une vie commence   Quand une vie commence EmptyMar 28 Fév 2017 - 2:14

Enfin, on te trouve les mages que tu désires, mages ibéennes qui ne craignent pas de se rendre dans ces terres qui préféreraient les voir mortes. La rumeur a couru dans la tour de la Guilde, tu t’en doutes, celle de la baronne de Sylvamir se mourant. Celle de ta sœur, ta tendre aimée, aux portes du royaume de Sithis. Les deux femmes t’entraînent dans une pièce isolée, plus apte à accueillir vos actes magiques que l’entrée des lieux. Tu es nerveux, Castiel, infiniment nerveux, bien que tu ne sois pratiquement pas en contrôle de ton corps. Tes émotions, elles, ne peuvent être tout à fait réprimées.

Tu leur expliques tes besoins, toujours mécanique, toujours un peu absent, sous la poigne étroite d’Hypérion qui guide chacune de tes actions. Faire venir Maximilien à Lorgol est simple – tu ne vois aucune objection à ce que ces dames pratiquent des actes de magie dans ton palais et ton père n’aura aucun problème à se déplacer jusqu’à l’antenne de la Guilde des Mages à Euphoria, délaissée depuis l’instauration des décrets impériaux. Ismalia, cela dit… À Ibelin, si quiconque se rend compte de ce que vous faites, la conséquence risque d’être très grande, et tu n’as pas (plus) le luxe d’attiser éternellement la colère de ton empereur. « Où pourrait-elle se rendre sans que ce soit problématique pour vous ? », demandes-tu calmement, sans savoir si un tel endroit existe dans la capitale ibéenne. L’Outremarcheuse réfléchit quelques instants, puis propose le temple de Volga. Les voyageurs y sont accueillis et protégés, ainsi que plusieurs réfugiés, et ceux qui outremarchent sont des voyageurs… même si les chemins qu’ils parcourent sont ceux de la magie. Il existe des salles, pour les portailleurs – non utilisées à ce moment, mais connues. Tu n’as pas le temps d’hésiter, alors tu donnes ton accord à cette proposition un brin osée. Si elle la croit judicieuse, alors vous ferez ainsi, mais tu ne veux pas qu’elle risque sa vie, ou celle de ta mère.

Ton père est le premier à être rejoint et peu de temps après le premier contact, un portail est ouvert entre Lorgol et Euphoria – et de quelques pas, il vous rejoint tous les trois dans la pièce. Il est en choc, pâle, et tu l’accueilles d’une étreinte dont il tente vite de se défaire afin de se rendre à la tour de Sylvamir sans plus attendre. « Reste. Nous devons aller chercher Ismalia. » Son regard sur toi est étrange. Soupçonneux. Tu vois Maximilien fixer tes yeux, tes mains, tes manches, comme à la recherche de quelque chose. De drogues. Des traces de drogues. C’est ce qu’il croit. Tu n’es jamais ainsi. Automate étrange, à la voix distante, malgré l’urgence de la situation. Ta main s’agrippe à la sienne, comme à une ancre, alors que la magie éveille Ismalia de Séverac, endormie à Ibelin. Il faut plusieurs minutes, pratiquement la moitié d’une heure, avant qu’un autre portail puisse être ouvert et que ta mère vous rejoigne.
Oh, comme tu peines à tout leur expliquer, en chemin, confus et fatigué, terrifié et angoissé. À chaque pas vous menant jusqu’à la tour de Sylvamir, tu crains de trouver la mort à votre arrivée. Hypérion a dit qu’elle était sauvée, mais est-elle toujours vivante ? Tu ne veux pas que vous soyez arrivés trop tard. Tu ne veux pas qu’elle soit morte.

La chambre semble bien trop pleine. Quatre mages sont présents, réunis autour du corps de Mélusine, et de leur magie, tu ne peux percevoir que quelques mots qu’ils murmurent, que leurs lèvres qui doucement bougent presque sans souffle. Également à leurs côtés, des médecins que tu n’es pas allé chercher, mais tu comprends, d’un regard sur ta Joséphine inquiète et aux joues barbouillées de larmes, que c’est de son fait. Hiémain est toujours là et tu le salues d’un infime et mécanique signe de tête, comme si tu ne l’avais pas précédemment vu – tu ne l’as pas précédemment vu. C’était le Roi Noir. Tu n’étais pas là. Tu n’es toujours pas là, pas entièrement là, plus que jamais scindé entre toutes les parts de ton esprit. « Est-ce qu’elle, est-ce qu, est-c…, que tu bredouilles, incapable de formuler une phrase cohérente. Un des mages se retourne vers toi et poliment, s’incline devant chacun de vous. Elle est vivante, Votre Grâce, vos seigneuries. Pas tirée d’affaires, cela dit. Le mal qui l’a rongé l’a fait pendant longtemps et ses forces sont moindres. » Sa voix est désolée, mais ses mots tout de même te rassurent. Tu veux lui demander si elle vivra, si elle verra le soleil se lever, si elle pourra aimer ce bébé, cet époux, mais tu n’en as même plus la force. L’adrénaline retombe, Castiel, et toi avec. Comme une masse, tu t’écroules dans le canapé où est Joséphine, et la dame de compagnie se blottit conter ton torse, trempant ta chemise de ses larmes et de ses sanglots.

« Je vais le tuer. » Un murmure, dans les cheveux de Joséphine. Tu tueras quiconque a fait ça. Denys, ou un autre, tu n’en as cure. Menace. Promesse.
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