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 Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée

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Le Destin
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J'ai : un âge au dessus de toute raison.
Message Sujet: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptySam 1 Avr 2017 - 1:30




Livre II, Chapitre 3 • La Roue Brisée
#4 ♦ Octavius & Rejwaïde

Pour une plume perdue

Intrigue 2.3 ♦ Trame temporelle alternée




Il est puissant et respecté, le redouté Maréchal de Serre d’Ibélène. Bien peu sont ceux qui osent lui tenir tête, et sa parole a force de loi : quand Octavius parle, la plèbe s’incline. Il mène son escadron d’une main de fer et fait régner l’ordre à tous les niveaux de ses subordonnés – sauf, peut-être, dans quelques recoins de Sombreciel notoirement difficiles à mater.
Lorsqu’il dit non, l’on obéit ; mais voilà que depuis quelques jours, une femme – une femelle inférieure ! – s’obstine à gâcher son précieux temps déjà bien fuyant en le harcelant de demandes d’audience.
C’est que, contrairement à lui, cette femme-là se souvient : toute princesse d’Erebor qu’elle soit, couverte de richesses et de prestige, il manque à Reja son griffon : et c’est Sirocco qu’elle est venue chercher, au cœur de l’escadron, demandant l’aide du Maréchal en personne.
Bon courage, petite Reja, tu vas devoir déployer des trésors de conviction…




Consignes

Le Destin vous passe la main



• Ce topic est votre participation à l'intrigue 2.3 La Roue Brisée et n'est ouvert qu'à vous.  

• Vous devez y poster au moins une fois par semaine chacun.  

• Ce sujet devra être clôturé avant le dimanche 28 mai !  

• Vos personnages doivent arriver à Lorgol en fin de sujet, pour rejoindre l'Académie, ils ont le pressentiment qu'on les y attend. De fait, un campement de romanichels rescapés commence à se former dans la forêt de sapins à proximité. Vous serez sûrement au complet vers la fin du mois de mai.

• C'est le Destin qui décide si votre personnage a conscience d'avoir vécu une autre vie auparavant, ou pas ! Respectez bien votre contexte, et soyez attentifs : il peut vous faire retrouver la mémoire en cours de sujet...  

• Le premier message posté sera obligatoirement le formulaire d'ouverture des RP ! Pensez à le dater et à insérer le lien de votre sujet à l'endroit prévu pour permettre son recensement dans la chronologie.

• Le Destin passera peut-être vous taquiner de temps en temps...

• Pas de limite de mots, vous êtes des dragonnets libres, liiiiiiibres !

Bonne chance à tous !  

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Octavius Fer-Vaillant
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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyDim 2 Avr 2017 - 22:48


Livre II, Chapitre 3 • La Roue Brisée
Octavius le Rouge & Rejwaïde Sinhaj

Pour une plume perdue

Ou quand une princesse capricieuse n'arrête pas d'embêter les grands



• Date : Le 23 avril 1002
• Météo : Fraîche, un peu plus chaude que l'hiver cela dit.
• Statut du RP : Intrigue.
• Résumé : Il est puissant et respecté, le redouté Maréchal de Serre d’Ibélène. Bien peu sont ceux qui osent lui tenir tête, et sa parole a force de loi : quand Octavius parle, la plèbe s’incline. Il mène son escadron d’une main de fer et fait régner l’ordre à tous les niveaux de ses subordonnés – sauf, peut-être, dans quelques recoins de Sombreciel notoirement difficiles à mater.
Lorsqu’il dit non, l’on obéit ; mais voilà que depuis quelques jours, une femme – une femelle inférieure ! – s’obstine à gâcher son précieux temps déjà bien fuyant en le harcelant de demandes d’audience.
C’est que, contrairement à lui, cette femme-là se souvient : toute princesse d’Erebor qu’elle soit, couverte de richesses et de prestige, il manque à Reja son griffon : et c’est Sirocco qu’elle est venue chercher, au cœur de l’escadron, demandant l’aide du Maréchal en personne.
Bon courage, petite Reja, tu vas devoir déployer des trésors de conviction…
• Recensement :
Code:
• [b]23 avril 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t1947-pour-une-plume-perdue-intrigue-2-3-la-roue-brisee#58448]Pour une plume perdue[/url] - [i]Octavius le Rouge & Rejwaïde Sinhaj[/i]
Il est puissant et respecté, le redouté Maréchal de Serre d’Ibélène. Bien peu sont ceux qui osent lui tenir tête, et sa parole a force de loi : quand Octavius parle, la plèbe s’incline. Il mène son escadron d’une main de fer et fait régner l’ordre à tous les niveaux de ses subordonnés – sauf, peut-être, dans quelques recoins de Sombreciel notoirement difficiles à mater.
Lorsqu’il dit non, l’on obéit ; mais voilà que depuis quelques jours, une femme – une femelle inférieure ! – s’obstine à gâcher son précieux temps déjà bien fuyant en le harcelant de demandes d’audience.
C’est que, contrairement à lui, cette femme-là se souvient : toute princesse d’Erebor qu’elle soit, couverte de richesses et de prestige, il manque à Reja son griffon : et c’est Sirocco qu’elle est venue chercher, au cœur de l’escadron, demandant l’aide du Maréchal en personne.
Bon courage, petite Reja, tu vas devoir déployer des trésors de conviction…

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyDim 2 Avr 2017 - 22:49

« Maréchal, la princesse Rejwaïde désire vous rencontrer. »

Encore elle.
Un soupir et Octavius chasse bien simplement l’homme d’un signe de la main, sans donner suite à sa demande. La même qui revient avec de plus en plus de régularité, avec toujours la même réponse de son côté. Toute princesse soit-elle, Rejwaïde d’Erebor n’a rien à obtenir de lui et n’obtiendra certainement rien en le harcelant comme elle le fait depuis des jours, avec une ténacité qu’il trouverait admirable si ce n’était pas si horripilant. Agacement. Dommage qu’elle soit princesse. Réprimande. Insigne de Voltigeur. Place. Supériorité. Et il n’est pas le seul à en avoir assez, non. Le duc Anwar est vraiment incapable de tenir ses sœurs en laisse : entre la comploteuse qu’a épousé le duc Martial et cette capricieuse indésirable, le pauvre sultan a vraiment gagné la palme.

Ses pensées se détournent tout de même bien vite de la gracieuse princesse du Sable et du Roc. Celles-ci reviennent à l’escadron spécial qu’il tente de monter afin de mieux protéger les frontières de Bellifère aux abords d’une Lorgol coupe-gorge dont les mages renégats, les Assassins et les Voleurs se plaisent à abattre ses ouailles en plein vol. Une insulte à l’excellence du corps des Voltigeurs et encore plus à lui-même. Hors de question que ces sans-papiers bouseux de Fils des Miracles et d’Oracle continuent de se mettre dans le chemin de la supériorité du Savoir. Surtout que les rumeurs qui viennent de la Ville aux Mille Tours (peut-être plus aux 500 tours, en ce moment) sont d’autant plus scabreuses au sujet de ceux qui tiennent Assassins et Cour des Miracles sous leur coupe, puisqu’on les dit celles.
Infamie. Énième preuve se fait Lorgol, si cela est bien vrai, que les femmes ne sont absolument pas faites pour diriger quoi que ce soit, à peine une maison et sa cuisine. Ridicule. Médiocrité.
Son visage se plie en un rictus de dédain, alors qu’il inspecte les recommandations faites par les différents capitaines de vol. Des Voltigeurs émérites, aux qualités supérieures, abondamment décorés et prêts à remettre ce regroupement de romanichels dans la bouse d’où ils se sont tirés au détriment des honorables. Majoritairement des hommes, malgré l’obstination de Sombreciel à présenter des femmes à ses recrutements particuliers. Quelle idée. La prochaine fois, il se le promet, l’escadron spécial sera constitué afin de faire comprendre à ces pédants de l’Esprit qu’ils devraient apprendre à obéir.

On cogne encore une fois à sa porte. Toujours le même messager à l’air embêté, qui ne sait plus où se mettre dans son bureau à la décoration martiale, orné de médailles diverses. « M-Maréchal Fer-Vaillant… elle insiste. » Ses yeux clairs se relèvent enfin de ses papiers. L’agacement a laissé place à la froideur et il se satisfait de voir l’homme se recroqueviller sur lui-même, de ce seul regard. « Dis-lui que je n’ai rien à foutre de ce qu’elle veut », articule Octavius avec clarté, ne laissant aucune place à une quelconque discussion sur le sujet. Que peut-elle faire, de toute façon, contre son autorité ? À moins que le duc Anwar lui-même se présente lui-même à sa porte pour exiger audience, la réponse est non. Était non, est non et sera non.

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyJeu 6 Avr 2017 - 0:42

Il déglutit péniblement, le jeune planton, louchant sur la pointe du sabre que tu as braqué entre ses deux yeux. Tu es bien trop irritée pour accepter un autre refus, et il le sait – le sang qui goutte lentement de la lame suffit à prouver que cette fois tu n’as pas hésité à t’en servir pour te frayer un chemin jusqu’ici. Plic, plic plic – la traînée écarlate t’a suivi depuis le rez-de-chaussée où tu as proprement tranché les doigts du secrétaire qui refusait de te laisser monter.

Oh, qu'ils ont été surpris, à Vivedune, quand la princesse timorée et vaniteuse qu’ils ont toujours connue a décroché un sabre pour la première fois de sa vie et remis de l’ordre parmi ses serviteurs. Tout autant que tu as été choquée, toi, de te réveiller dans les ors intenses d’Erebor et les parures d’ordinaire arborées par ta sœur ! Et de trouver dans la salle du trône, non pas l’Anthim détesté que tu t’apprêtais à passer au fil de ta lame et sa mièvre sultane Sitara si tragiquement timorée ; mais un homme inconnu, et pourtant étrangement familier. Qui t’a appelée par ton prénom. Qui t’a qualifiée de sœur. Le sabre t’en est tombé des doigts, et tu as fondu en larmes dans les bras d’Anwar – redoublant de sanglots lorsque ta mère elle-même s’est approchée, le front ceint du diadème de la sultane douairière. Tu n’as rien compris sur le moment. Même maintenant, tu ne comprends pas vraiment, malgré les explications de tes servantes un peu perplexes. Alméïde – Alméïde qui, même dans cette vie, préfère quand même Anthim, et se laisse entraîner par sa faute dans les pires errances, Alméïde qui se détourne de toi, encore une fois, comme si le Destin lui-même prenait plaisir à vous séparer, encore et toujours, à jamais ! Et Sirocco qui n’est pas là, Sirocco qui a disparu – tu n’as jamais été Voltigeuse, tu n’as jamais rejoint les Sinhaj au cœur du désert, tu n’as jamais dansé dans les dunes.

Et ton cœur saigne, et ton esprit hurle dans la solitude de ta tête, à ne pas savoir ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Quelle vie est la vraie, quelle vie n’est qu’une illusion ? Ou est le rêve, où est la réalité ? Viens-tu de te réveiller ou t’es-tu à peine endormie ? Comment savoir ? Comment savoir, par Valda ?

Cela a duré deux semaines, puis tu n’as plus su y tenir. Tu as filé, droit vers Ibelin, solliciter une entrevue au Maréchal de serre – non pas Richard le Harnois, qui semble être le Capitaine du Vol de Bellifère, mais à Octavius Fer-Vaillant. Octavius. Le guerrier tout cassé du Tournoi des Trois Opales. Inexplicable.

Il a refusé de te voir. Plusieurs fois. On t’a ri au nez, à toi la princesse erebienne venue du désert pour grelotter dans la glace des printemps kyréens. Et ce matin, après des jours de refus, la moutarde a fini par te monter au nez. C’est au fil du sabre que tu t’es frayé un chemin dans les étages, laissant quelques gouttes de sang sur ton chemin, les hurlements de douleur du secrétaire délesté de ses doigts comme un carillon au fond de tes oreilles. Plic, plic, plic. Lorsque le planton vient te notifier encore un refus… c’est son oreille droite que tu tranches, fermement, avant d’entrer toi-même dans le bureau du gradé et d’en refermer avec fermeté la porte.

Calant ton sabre ensanglanté dans le loquet pour l’empêcher de pivoter, et vous enfermant à peu près efficacement, tu te tournes vers l’homme hautain qui te toise, t’inclinant d’un pouce à peine. « Maréchal, j’ai à vous parler. Je sais que votre temps est précieux et je n’en abuserai pas. J’ai besoin de savoir où je peux trouver le griffon d’ébène dénommé Sirocco – j’ai des raisons de penser qu’il sert dans le corps des Voltigeurs, peut-être dans le Vol d’Erebor. Vous avez la réputation d'être un commandant efficace et bien renseigné, aussi suis-je venue en toute confiance vous porter ma requête. »

Tissu de lagraneries. Mais les Bellifériens sont un tantinet vaniteux, surtout les hommes, et un peu de flatterie ne fera pas de mal...

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyDim 9 Avr 2017 - 21:57

Il croit la situation réglée une fois pour toute - au moins jusqu’au lendemain, mais c’est bien mal connaître cette Rejwaïde. De l’autre côté de la porte lui parvient un cri de douleur, suivi d’une entrée fracassante dans son bureau. D’un seul geste, il s’est levé et a attrapé la lame pendant à son côté, prêt à occire celui entré sans permission - mais l’épée s’est suspendue, alors qu’il reconnaît sans peine la princesse des dunes. « Maréchal, j’ai à vous parler. Je sais que votre temps est précieux et je n’en abuserai pas. J’ai besoin de savoir où je peux trouver le griffon d’ébène dénommé Sirocco – j’ai des raisons de penser qu’il sert dans le corps des Voltigeurs, peut-être dans le Vol d’Erebor. Vous avez la réputation d'être un commandant efficace et bien renseigné, aussi suis-je venue en toute confiance vous porter ma requête. » Son regard clair passe de son visage à la porte, dans laquelle elle a bloqué un sabre du désert à la lame tachée de sang.

Curieux.
Très curieux.

Elle est belle, la princesse Rejwaïde, toujours parée de ces atours splendides, et pourtant ô combien déplacés en ce duché glacial où les fourrures sont bien plus courantes que les soieries. Elle est belle, oui, et encore plus afin que sur ses mains subsistent quelques marques de sang frais, affichant sur son visage une détermination qu’il n’y a certainement jamais vue. Il a peu eu l’occasion de poser les yeux sur elle, et jamais de lui parler, mais elle ne lui a jamais fait grande impression, la vaniteuse soeur du duc Anwar. Docile, à tout le moins, jusqu’à ce qu’elle débute ses étranges réclamations. Que sais-tu de Sirocco ? Couvée de griffons. Griffonne ébène. Absence. Grotte. Joie.
Mm.
Curieux.
Pourquoi donc vouloir voir ce griffon particulier ? Il n’a point de cavalier depuis au moins deux années, le Sirocco, et des images envoyées par le biais de Cobalt, il comprend qu’il est tout juste père de jeunes griffons, probablement éclos depuis peu. Il garde toutefois la question pour lui, ainsi que les quelques informations rapidement glanées au sujet du griffon d’ébène, et d’un geste de l’épée, invite la princesse à prendre place si elle le désire. Puisqu’elle est là… autant ne pas la chasser. Il est un homme puissant, Octavius, mais pas aussi puissant que l’est son frère, et il ne voudrait pas être dans les mauvaises grâces d’un duc. Lui-même reprend place dans son siège et fait disparaître bien vite les documents étalés devant lui, peu désireux qu’elle en capte quelques bribes. Les informateurs de la Cour des Miracles sont partout et ces agissements étranges ont de quoi le rendre soupçonneux. « Pourquoi cette requête ? Si vous désirez devenir Voltigeuse, princesse, vous pouvez tout à fait tenter votre chance lors des essais à la Caserne de Serre. Nous verrions grand plaisir à voir accueillir une femme telle que vous, parmi nos rangs. Vous nous aviez caché ces talents, Votre Altesse. » C’est à lui de flatter, bien que son regard dur ne s’accorde que bien peu à cette voix posée. À vrai dire, avant cet éclat soudain de talent au sabre, jamais il n’aurait invité la princesse Rejwaïde à aucun endroit que dans ses draps - et encore ! Il préfère être prudent, face à une femme qui révèle être autre chose que tout ce qu’elle a jusqu’ici montré, sous ses sourires hautains et ses rires ridicules.

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyMer 12 Avr 2017 - 0:40

Trouver dans le siège du Maréchal le guerrier tout cassé du Tournoi la laisse un peu perplexe, la princesse des dunes. Elle l’a connu différent, sauvage et déchaîné sur le sable de l’arène, blessé mais le cœur fort et vaillant, un champion du courage et du désespoir prêt à se battre jusqu’à la fin pour honorer son serment. Entêté, hargneux et violent, mais brave et conscient du danger, sans hésiter à s’y précipiter avec ses camarades. Un homme… honorable. Un homme qu’elle pourrait respecter. Pourrait. Dans l’autre vie. Dans la vie d’avant. Dans la vie réelle. (Dans son fantasme ? Dans son rêve ? Dans son hallucination ? Valda, elle veut seulement savoir, ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, aie pitié de ta danseuse sacrée qui ne l’a peut-être jamais été !) Parce que l’homme qu’elle a face à elle actuellement ne lui inspire qu’une méfiance mitigée au mieux, et qu’un mépris latent au pire. Cet homme, qui porte semble-t-il un trait de crayon sous les yeux… ?

Mais enfin, quel est ce monde ?

Prudente, elle s’assied comme si le siège allait la mordre, lisant dans le regard dur de ce Belliférien sûrement un peu intellectuellement limité tout le crédit que sa place de femme lui accorde dans son opinion – à peu près inexistant. Elle l’écoute parler, incrédule presque. Il se dégage de lui une impression de suffisance et de prétention que l’Octavius de sa connaissance n’a jamais arborées, et elle ne reconnaît pas l’homme de l’autre côté du bureau. Elle se sent salie, presque, par l’arrogance et la supériorité au fond de ses yeux. Qu’elle soit princesse d’Erebor, ou simple Voltigeuse, elle n’en reste pas moins femme et forte – aucun homme n’a le droit de la rabaisser, sûrement pas un vulgaire fils de Bellifère sûrement moins empressé auprès des femmes que des… chèvres, si l’en croit la rumeur.

D’un poing ferme, elle lui coupe presque la parole, percutant violemment le bois du bureau, faisant tressauter les plumes, encriers et menus objets, et tinter follement le cortège de fins bracelets dont ses poignets sont chargés. Elle s’est levée à demi, penchée vers lui, la flamme intense d’Erebor au fond des prunelles, et elle parle lentement, distinctement, tentant de contenir la rage indicible qui lui dévore les entrailles, pour combattre le doute affreux qui ronge petit à petit les certitudes d’une vie entière. « Non. » Elle laisse le temps au mot de bien s’ancrer dans le silence pesant de la pièce qui vibre de tension, les narines frémissantes de dégoût. « Je suis Voltigeuse depuis dix ans, cessez de me prendre de haut. Je veux mon griffon, maintenant, je veux ma vie d’avant – je veux Sirocco. »

Obtempère, vermisseau.

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyDim 16 Avr 2017 - 5:25

Le poing de la princesse frappe le bois du bureau avec vigueur, dans une cacophonie d’or et de verre. « Non. » Non. Juste un mot, d’abord, protestation ferme opposée à sa raisonnable proposition, et si son visage sérieux portait une quelconque et factice marque d’amabilité à l’égard de l’Erebienne, celui-ci en est désormais tout à fait dépourvu. « Je suis Voltigeuse depuis dix ans, cessez de me prendre de haut. Je veux mon griffon, maintenant, je veux ma vie d’avant – je veux Sirocco. »

Silence.

Lentement, Octavius se lève, jusqu’à pouvoir regarder la jeune femme littéralement de haut, de la vingtaine de centimètres qui les sépare. Elle ne fléchit pas, ne cille pas, même, allant jusqu’à elle même se redresser. Pas assez rapidement, car la réaction se fait sans appel : sur la main encore posée sur son bureau, celle qui n’a pas frappé, n’a pas cogné, sur les doigts ornés de volutes au henné, s’abat son poing. Il se satisfait des craquements des jointures, des os, du souffle brusquement relâché par cette poitrine ferme, du son ténu de la douleur qui ne veut pas être exprimée, être avouée. La princesse Rejwaïde le surprend, mais il en a assez. Octavius n’est pas homme à jouer et il en a assez. « Sinon quoi ? », qu’il grogne, et la voix un instant reprend ces accents bourrus des campagnes et des villages, ce qui lentement s’est effacé dans cette éducation tardive dans laquelle il s’est plongé corps et âme, décidé à montrer à tous qu’il valait bien mieux que la vie misérable qui devait être la sienne. Lui n’est pas né dans la soie, comme la princesse, lui n’a jamais eu tout ce qu’il désirait tendu sur un plateau d’argent. Il s’est battu, pour cette vie, il la mérite, et il ne se fera pas parler comme s’il était un misérable, alors que des deux, il est celui qui a réussi à s’élever. Au-dessus des masses et jusque dans les cieux, porté par les ailes d’or de Cobalt. « C’pas le harem, ici, et j’sais pas quelle vie vous avez bien pu vous inventer à Vivedune, mais vous n’êtes pas plus Voltigeuse que je suis Chevaucheur, et y’a pas d’passe-droit pour Sa Majesté et son caprice. »
Ce n’est pas une cour, ici. La loi qui règne n’est pas celle des ducs et des rois. Il a tenté d’être poli, d’être aimable, tenté de ménager une dame qui pourrait bien le mettre à mal, mais il sait avoir raison.
Assistance ? Tout est sous contrôle. Doute. Scorpion caché sous une pierre. Surprise. Alors reste prêt. Son poing se lève et laisse partir la main blessée de l’Erebienne, et il pose ses doigts sur la garde de son épée. Il la surveille, cette diablesse, sorcière du désert aux talents inédits. Un scorpion caché sous une pierre, comme lui a rappelé son griffon, prêt à attaquer alors que le pied par inadvertance se pose devant lui. « On se reverra à la Caserne de Serre, si vous osez vous y présenter. » Il n’aurait aucun plaisir à la faire sortir lui-même de son bureau.

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyMer 19 Avr 2017 - 16:06

Tout le mielleux disparaît d’un coup du visage d’Octavius, et Reja en éprouve une bien sombre joie. Cet homme pétri d’hypocrisie lui a souverainement déplu dès le premier instant – un adversaire digne d’elle lui plaît bien plus, et elle sent que le guerrier pour lequel elle ressent un si grand respect est peut-être tapi sous la surface de ce courtisan à la langue menteuse. Son refus égratigne visiblement sa patience, et lorsqu’il se redresse, l’écrasant sous sa stature, elle n’en ressent nulle menace. Elle en a vus tellement, des hommes usant de leur taille pour la rabaisser ! Même dans les ors du palais de Vivedune, ces quelques jours écoulés, tandis qu’elle naviguait entre la joie stupéfaite de trouver Anwar en vie et véritablement proche d’elle, et la cruelle douleur de savoir sa mère en vie et désapprobatrice de cette fille qu’elle considère comme paresseuse et bonne à rien. Oui, elle les a vus, les sigisbées, la toiser de haut car elle n’était que femme. Octavius ne lui fait pas peur.

Il lui fait mal, par contre – et si ce corps n’est pas habitué à la douleur, l’esprit qui l’habite a connu la torture, n’en a rien oublié. La souffrance lui tire un simple grognement, elle sent le craquement des articulations, la pointe aiguë qui s’élance depuis son annulaire tandis que la fragile dernière phalange se fêle, prête à se briser. Elle ne fléchit pas, dardant un regard froid et déterminé contre celui du Maréchal, tout aussi buté qu’elle. Les mots qu’ils crachent sont sans intérêt, car ils n’expriment point d’obéissance, ni de coopération – si dans cette vie il n’est pas digne de respect, alors il doit obtempérer, il n’y a point d’autre issue. Il se relève plein de morgue, et elle achève de se redresser, détendant prudemment son doigt blessé. Oui. Sûrement une fracture légère. Elle le lui fera payer. Après. Ce qui compte, c’est Sirocco ; c’est son pourfendeur des cieux, son conquérant de l’horizon, celui qui danse avec elle sous la voûte des nuages.

Le fauteuil où elle était assise est trop lourd pour servir de projectile ; c’est donc du pied qu’elle le fait basculer, d’une poussée sur le dossier, dégageant l’espace au centre de la pièce. Gardant sa main blessée contre son ventre, elle tend vivement l’autre bas, et allonge une gifle retentissante sur la joue d’Octavius. Puis elle fait volte-face dans un envol de voiles, utilisant pleinement les quelques secondes de stupeur du soldat pour tendre sa main valide – sa main d’attaque, par chance – et saisir le sabre, pivotant ensuite pour faire face au guerrier obstiné.

« Si la raison ne m’obtient pas mon dû, je le prendrai pas la force. À moins que vos beaux principes ne vous empêchent de croiser le fer avec moi ? A moins, Votre Grandeur » crache-t-elle avec toute la suffisance observée chez Anthim pendant des années, « que vous n’ayez peur de m’affronter. »

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyVen 21 Avr 2017 - 5:09

Mais que fabrique cette sorcière du désert, par Kern ?

Il est trop intrigué par le fauteuil repoussé d’un coup de pied pour porter une réelle attention à la princesse Rejwaïde, et il est déjà trop tard lorsque le mouvement d’un voile lui indique que quelque chose se dirige rapidement vers lui. Vers son visage. La gifle fait plus de bruit qu’autre chose, surprenant le guerrier plus que le blessant. Sur la joue hâlée par le soleil de la voltige, la trace d’une main rouge commence à apparaître. L’égratignure d’une bague dont la pierre finement taillé a griffé la peau, faisant perler le sang dans sa barbe rousse. Aussi rapidement a-t-elle repris en main le sabre bloquant la serrure de la porte, son épée est sortie de son fourreau. Il s’est dégagé de l’arrière de son bureau, occupant l’espace libre où le fauteuil de cette invitée malvenue a été renversé. Ainsi donc, c’est ce qu’elle cherche. Une pauvre petite princesse en mal de divertissement, qui si elle ne peut pas avoir accès à un griffon afin de satisfaire sa crise d’ennui, désire tâter un peu d’autres dangers. Bien. Soit. « Si la raison ne m’obtient pas mon dû, je le prendrai pas la force. À moins que vos beaux principes ne vous empêchent de croiser le fer avec moi ? A moins, Votre Grandeur, que vous n’ayez peur de m’affronter. »

Peur.
La bonne blague.

Ce n’est de toute façon pas cela qui chatouille le plus ses oreilles, au Voltigeur. Ce n’est pas que l’on insinue que lui puisse avoir peur de cette femme. « La seule chose qui vous est dûe, princesse, c’est d’être r’mise à vot’ place. » Celle d’une potiche inutile et paresseuse, celle que tout le monde ibéen a eu le loisir d’admirer pendant toutes ces années. L’épée et le sabre s’entrechoquent, subitement, dans un fracas de lames. Combattre dans un endroit si restreint n’est pas son habitude, mais les mouvements n’en restent pas moins précis, même gracieux, alors que chacun d’eux est paré et rendu par sa vis-à-vis. Concentré sur le jeu de pieds de la princesse, sur celui de sa main, de sa lame, il guette le moment où elle s’épuisera, où elle se rendra bien compte qu’elle est bien plus faite pour paresser sur ses coussins que pour s’essayer à quelques passes d’armes avec le Maréchal de Serre. Une ouverture et ce n’est pas sa lame qui frappe, mais bien sa main, dans une gifle sifflante qui englobe tout le visage de Rejwaïde et la projette vers l’arrière, sous la force du choc. Il s’amuse. Il n’entend pas les gardes et les Voltigeurs chuchoter derrière la porte close, ne sachant pas s’ils doivent intervenir, ou laisser le Maréchal s’occuper de cette inconvenante visiteuse. Il s’amuse, car il pensait que ce combat serait fini bien plus rapidement. La lame frappe de son plat contre le bras d’attaque. Elle y aura une charmante ecchymose, sans aucun doute. « Pourquoi ce griffon, princesse ? » Pourquoi Sirocco, particulièrement ? Il n’est pas son griffon, puisqu’il n’est celui de personne, et pourtant, elle le prétend sien, tout comme elle se prétend Voltigeuse depuis presqu’aussi longtemps que lui. Pathétique. Ridicule.

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyMer 26 Avr 2017 - 18:00

Octavius quitte enfin sa posture nonchalante et son air buté – il faut croire que la gifle l’a réveillé pour de bon. Rejwaïde sait bien qu’elle risque gros et que les représailles vont sûrement s’avérer douloureuses, mais cette violence sauvage de la Mer des Dunes couve en elle depuis son réveil dans cette vie insensée. Découvrir Anwar en vie l’a calmée, mais savoir Alméïde paria, son ennemie, encore et toujours inféodée à Anthim l’a considérablement nourrie. Ça, et la désapprobation muette et hautaine de Zénaïde... Reja préfère ne pas s’attarder sur les rumeurs de couloir qui sont venues à ses oreilles, sur la complicité du sultan et de la plus jeune de ses sœurs – elle n’a aucune espèce de souvenir d’aucune sorte le concernant, et c’est peut-être tant mieux. Toute cette frustration rageuse a grondé en elle pendant des jours, et voici qu’elle peut enfin y laisser libre cours – alors elle s’abandonne à la soif de sang, aux coups et aux grognements lorsque la douleur vient l’étreindre. Sabre contre épée, elle attaque et elle pare, pestant intérieurement contre ce corps mal entraîné qui ne répond pas comme elle en l’habitude, ralentissant ses mouvements.

Oh, elle la voit bien venir, cette main immense aussi grande qu’un battoir à linge ; mais elle se sait trop lente pour parvenir à s’en protéger. Ses réflexes de Voltigeuse le pourraient, travaillés inlassablement pendant des années pour lui donner l’efficacité nécessaire aux opérations de répression des bandes organisées. Ses instincts de danseuse des dunes y parviendraient aussi, avec cette souplesse délicate des gestes qui esquivent de biais sans affronter directement… Mais ce corps-là n’a jamais caressé les nuages du bout des doigts, il n’a jamais incarné la ferveur sacrée des gens du sable. Ce corps-ci est lent, paresseux et indolent, inutile et… frustrant. Alors oui, elle la voit venir, cette baffe magistrale – elle sent les phalanges s’étaler sur toute la moitié de son visage, elle sent la pommette craquer, recule de quelques pas en titubant, galvanisée soudain par la brûlure sèche d’un coup sur son bras. En temps normal, elle passerait le sabre dans son autre main ; mais avec une phalange fracturée, ce n’est pas une bonne idée. Contractant et décontractant les muscles de son avant-bras, elle effectue quelques moulinets rapides pour activer la circulation de son sang, rassemblant ses forces. « Ce n’est pas moi qui l’ai désigné, c’est lui qui m’a choisie – dans l’amphithéâtre, à la Caserne de Serre, là-bas au centre de l’arène, au milieu de tous les autres postulants cadets. Il a posé sa marque sur mon âme, j’ai marqué la sienne ; je veux qu’on me le rende. »

Et elle se lance à l’attaque sans crier gare, se faufilant sous la garde du Maréchal et utilisant le pommeau de son sabre pour alourdir sa main. C’est avec une satisfaction profonde qu’elle aplatit le poing sur son œil gauche avec grande vélocité et farouche application – avant de prendre le retour de bâton du guerrier, sous la forme d’une bourrade vicieuse au creux du ventre qui la propulse au loin. Elle se sent partir en arrière toute entière, basculer, et percuter du front le coin du bureau de plein fouet. Elle sent l’os se fendre, là au-dessus de son œil, tandis que l'arcade sourcilière se déchire ; et son corps bien peu habitué à la douleur est parcouru d’un soubresaut irrépressible, alors que le sang coule sur son visage. Serrant les dents, elle tente de reprendre le dessus, se relève, essuie le flot carmin d’un revers de sari – sans grand succès, mais au moins cela ne dégouline plus dans ses yeux… Pleine de haine, elle relève crânement le menton, provocante. « Si vous n’avez aucune raison de me croire, pourquoi ne le faites-vous pas venir, mon Sirocco ? Il saura bien trancher et dire qui de nous deux ment à l'autre ! »

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptySam 29 Avr 2017 - 0:05

« Ce n’est pas moi qui l’ai désigné, c’est lui qui m’a choisie – dans l’amphithéâtre, à la Caserne de Serre, là-bas au centre de l’arène, au milieu de tous les autres postulants cadets. Il a posé sa marque sur mon âme, j’ai marqué la sienne ; je veux qu’on me le rende. »
Il se souvient, de ce moment.
De Cobalt, majestueux, sauvage, le soleil enflammant chacune de ses plumes, changeant l’or en brasier. De ces quelques pensées, sentiments, échangés, non pas avec timidité, mais avec l’assurance de celui qui sait, qui a toujours su.
C’est peut-être ce moment d’absence, si bref, qui lui coûte encore la rapidité de la princesse. D’une main alourdie par le pommeau de son sabre, le coup de poing qu’elle lui donne est douloureux, mais sûrement pas autant de sa réponse. Que le réflexe de ce corps qui frappe en retour, dans un ventre dégagé offrant un point faible idéal, avec une force… non maîtrisée, à voir l’Erebienne basculer comme une vulgaire poupée de son.

Retenue. Princesse. Punition. Il a perdu un instant conscience de la personne devant lui. On ne brutalise pas une princesse, par les dieux ! Ce genre d’agissement pourrait bien lui coûter son poste, si le duc Anwar vient à savoir ce qui se déroule dans cette pièce, même si pour le moment, il peut tout à fait plaider la légitime défense. Musclée, la défense, mais encore légitime. Son visage l’élance. La garce lui aura fait un oeil au beurre noir, au moins. « Si vous n’avez aucune raison de me croire, pourquoi ne le faites-vous pas venir, mon Sirocco ? Il saura bien trancher et dire qui de nous deux ment à l'autre ! Je ne suis pas si stupide, princesse. » Les mettre en présence l’un de l’autre, et puis quoi ? Elle lui saute sur le dos et file à la belliférienne, comme un homme avec sa future épouse sous le bras ? Hors de question de tomber dans ce piège pas même un peu subtil. « Je ne vous dois rien. » Il ne lui doit même pas de lui adresser la parole, à cette femme capricieuse, et encore moins d’une façon ou d’une autre céder à sa requête.

Il la voit rouvrir la bouche, s’avancer, mais le geste s’interrompt, et c’est dans ses bras qu’elle tombe. Évanouie. Proprement sonnée. Le sabre chutant sur le sol, dans un fracas de lame. Octavius reste quelques secondes sans bouger, prêt à repousser ce corps étrangement combatif, mais il comprend qu’elle ne bougera pas. Problème. Oiseau de malheur. Littéralement. D’un bras, il balaie le dessus de son bureau et étend le corps de la brune, afin de vérifier ses signes vitaux. Le coup à la tête a probablement eu raison d’elle, mais elle est encore vivante. D’un coin de sari, qu’il trempe dans la carafe d’eau miraculeusement intacte, il nettoie son visage taché de sang. Bien. Au moins, elle n’a plus l’air aussi… morte. Soupir. Le temps de quelques minutes, il replace les fauteuils et les effets de son bureau, comme si rien ne s’était passé, et lorsqu’il en ouvre la porte, le corps de la princesse étendu dans ses bras, c’est pour trouver un amoncellement de gardes debouts devant celle-ci. « Vous n’avez rien de mieux à faire que d’écouter aux portes ?, gronde le maréchal. Une mauvaise chute a sonné la princesse Rejwaïde. Préparez-lui une chambre privée, elle s’y reposera le temps de reprendre conscience, et attribuez-lui un médecin. Une femme. » Qu’on ne vienne pas lui reprocher d’avoir placé un homme seul avec la princesse d’Erebor. Il a déjà potentiellement suffisamment d’ennuis comme ça.
Surprise. Extérieur. Je vais porter la princesse à sa chambre d’abord. Immédiat. Maintenant ? Une surprise ? Urgence. Une urgence. Bien… à voir ce que peut bien être une urgence, pour ce griffon parfois si digne et parfois si… enfin. Il suppose qu’une mémoire collective n’est pas toujours le mieux, pour les griffons et leur stabilité générale. Octavius bifurque du chemin vers les chambres des Voltigeurs, toujours la princesse entre les bras, jusqu’à atteindre la porte que lui peint Cobalt dans son esprit et sortir de la Caserne, jusque dans la cour intérieure de celle-ci.

Et tomber oui, sur Cobalt, mais aussi sur Sirocco.

« Cobalt ? Vraiment ? » Curiosité. Ami ! Initiative. Octavius passe sa main sur son visage, grognant dans sa paume. De l’initiative, oui. Bien mal placée, aujourd’hui. Intrigue. Mystère. Il aurait dû s’en douter, mais non, c’est non. Il va retourner à l’intérieur, déposer la princesse dans son lit, et oublier toutes ces bêtises.

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptySam 6 Mai 2017 - 2:02


Livre II, Chapitre 3 • La Roue Brisée
#4 ♦️ Octavius & Rejwaïde

Le Destin intervient

Des griffons un peu concons ? J'arrive. :superman:




Il s’approche, curieux, le massif griffon d’ébène. Un peu étonné d’avoir été tiré du nid par son ami – curieux, oui, de voir qui est cette humaine qui le revendique. Elle ne bouge plus, dans les griffes du cavalier de Cobalt, et l’odeur fade du sang flotte dans l’air. Blessée ? La question flotte vers le griffon du Maréchal, qui y répond par l'équivalent d’un haussement d’épaules fataliste. Prudemment, Sirocco s’approche, de plus en plus près, jusqu’à frôler du bec le visage meurtri. Il ne la connaît pas, cette humaine, il en est convaincu, et sa perplexité se diffuse dans la conscience collective des griffons.

Jusqu’à ce que l’humaine en question ne remue, n’ouvre les yeux – et que leurs regards se croisent...

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyVen 12 Mai 2017 - 21:31

Ce corps n’est pas entraîné à recevoir les coups, elle l’a bien senti, la princesse jetée dans la tourmente – pas entraîné du tout, les muscles sont trop faibles, les mouvements trop lents… et la douleur, trop forte. Tandis que le sang coule à flots sur son visage, imbibant le tissu de son sari, elle voit les extrémités de son champ de vision se troubler, tandis que le monde commence à vaciller. L’obscurité l’avale, et elle n’a pas conscience d’être emportée à l’extérieur, tout aussi inerte qu’une poupée de chiffon. Elle n’entend pas les commentaires des hommes dans les escaliers, ne voit pas les regards qui suivent Octavius lorsqu’il la transporte à l’extérieur.

Ce qui la réveille, c’est la douleur lancinante de sa phalange fracturée, et la pulsation sourde de son arcade sourcilière. Elle frémit, bat des paupières à plusieurs reprises, sans comprendre dans un premier temps ce qui semble obstruer son champ de vision. Puis sa vision finit par se préciser – et c’est un bec de griffon qui frôle son nez, presque à la toucher. La tête plumeuse bouge, l’étudiant attentivement sous tous les angles – un œil bleu, un œil vert, et le cœur de Reja s’emballe. Quelles sont les chances pour que son irruption au centre de commandement des Voltigeurs ait déclenché la venue d’un autre griffon aux yeux vairons… ? Leurs regards se croisent, s’accrochent ; et la princesse ouvre grand les portes de son esprit, tendant désespérément sa conscience vers l’ébène penché sur elle. Elle est encore étourdie par le coup reçu, et c’est sans aucune difficulté que le griffon surpris intercepte ses pensées, avant de les remonter rapidement, passant sans s’arrêter d’une image à l’autre, extrayant méthodiquement une foule de souvenirs de la mémoire de cette humaine étrange.

Il s’y retrouve partout.

Tant de souvenirs partagés, dix années de mémoire qui se déversent soudain d’elle à lui, bouleversant complètement ce qu’il sait avoir vécu – deux vies, deux passés, qui se télescopent soudainement. En l’espace de deux battements de cœur, tout ce que sait Reja intègre la conscience commune des griffons, laquelle retient un hoquet d’effroi collectif – pour ceux d’entre eux que Reja connaît, leurs vies aussi ont divergé. Corail découvre l’existence de Grâce, Nuage aperçoit un Mayeul bien différent de ce qu’il peut être dans cette réalité, Soie capte quelques images de Melsant, Lierre les esquisses de Solange – et Cobalt apprend sa mort.

Pas le temps de s’y appesantir toutefois : si Sirocco ne comprend pas vraiment ce qui se passe, et que l’ampleur de ce qu’il découvre est trop terrifiante pour qu’il s’y penche totalement, il a bien compris en revanche que l’humaine est à lui, sans aucun doute possible. Elle saigne, elle est blessée ; et les images volées dans son esprit en montrent très clairement le responsable. Toutes serres dehors, il s’apprête à arracher la tête d'Octavius sans autre forme de procès, lorsque Cobalt lui-même l’arrête et s'interpose entre son humain et son congénère. Il est choqué, le griffon du Maréchal, au-delà du possible, par ces informations partielles captées dans l’esprit de Reja, et c’est lui qui se rapproche de son cavalier, transmettant pêle-mêle tout ce qu’il vient d’apprendre, avec cette lancinante interrogation. Reja ne s’en préoccupe pas ; elle s’est relevée à grand-peine, s’est agrippée aux plumes d’ébène, blottie contre l’imposant poitrail. Elle sent le cœur de Sirocco battre à toute allure, et tente de lui communiquer son réconfort, maladroitement tant le lien imparfait tissé entre eux par ces fragments de mémoire est bancal. Mais c’est mieux que rien ; ils se parlent l’un à l’autre dans le silence de leurs esprits, laissant Octavius et Cobalt démêler leur histoire de leur côté.

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Dernière édition par Rejwaïde Sinhaj le Sam 14 Oct 2017 - 20:37, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptySam 13 Mai 2017 - 21:47

La perplexité du griffon d’ébène est diffuse, transmise à Cobalt et même à lui, sans qu’il puisse y apporter de réponse. Il ne bouge pas d’un centimètre, alors que Sirocco étudie avec attention la princesse inconsciente entre ses bras, jusqu’à frôler son visage de son bec, cherchant avec attention un signe qu’elle dise la vérité. Qu’ils se connaissent. Qu’il lui est lié. En vain.
Des yeux s’ouvrent, pourtant, se croisent, s’accrochent, et d’un esprit à un autre, à une conscience collective, c’est une véritable tempête qui se lève. Les secondes se font éternité, alors que le griffon lit en la princesse et que tout un monde se réveille, tremble, bouge, autour d’un impossible qui devient possibilité, réalité.

La jeune femme tombe de ses bras, se réceptionnant maladroitement sur ses membres déjà blessés, alors qu’Octavius recule, dans un instinct de préservation instantané. Déjà trop tard, trop lent, pour un griffon furieux, heureusement arrêté dans son ire vengeresse par son compère. Qui, pourtant, ne comprend pas. Il ne comprend pas tout ce qui se diffuse dans la conscience collective, toutes ces informations qui viennent ébranler leur mémoire si longue et si ancienne, leurs expériences partagées, remémorées chaque fois avec la naissance d’un nouveau griffon, ces liens tissés entre chacun d’entre eux. Cobalt se retourne vers Octavius, peut-être curieux, peut-être inquiet. Mort ? Il ne comprend pas, le griffon, et l’homme non plus. Dans son esprit se déverse quelques pensées et images éparses, glanées dans les souvenirs offerts par une princesse des dunes et du roc, quelques informations à peine. Et toutes fleurent la mort. Un guerrier debout dans une arène, le pas boiteux, entouré d’autres formes floues, d’autres silhouettes guerrières. Un homme aux yeux bandés, s’agrippant aux plumes d’un griffon au plumage fauve comme si sa vie en dépendait. Une Opale de Flamme brûle à son épée, mais plus aucun oeil doré, pour s’ouvrir sur lui et sur le monde. Il porte ses traits, mais n’est pas lui. Il porte son nom, mais celui-ci s’est teinté d’écarlate, de sang. Et d’autres encore viennent dans son esprit, jusqu’à ce que celui-ci s’éveille.

Son souffle s’étrangle, alors que dans son esprit déferle une mer de souvenirs, d’un monde où il n’est pas. Il y a Maelys. Il y a de la magie à chaque jour. Il y a des soeurs, une mère. Il y a des chemins marchés pour tenter de se trouver, ou de se perdre. Il y a une princesse des glaces et des lames. Il y a Valkyrion.

Il y a son corps, désarticulé, transpercé de toutes parts, empalé sur les piques meurtrières des gouffres glacés du duché du Savoir, et au bout de cette main brisée, il y a les ailes cassées de Cobalt, son esprit qui s’affole et qui meurt, le sang dans lequel il baigne, mare de leur hémoglobine mêlée, le froid qui engourdit chacun de ses membres, jusqu’à le laisser prisonnier de la douleur sourde de ses blessures, mais celle vive d’une part de lui qui s’éteint, un peu plus à chaque instant.

« Non. » Juste un mot, soufflé. Juste un mot, contenant une note de désespoir, dans ces trois simples lettres. Les traits durs se sont adoucis, un peu, alors qu’il détourne ses yeux de son griffon pour regarder la jeune femme, blottie contre le sien. Les souvenirs se chevauchent. Il connaît cette femme, princesse dans ce monde, mais il ne la connaît pas. Il l’a frappée, mais il n’en a pas le souvenir. Son visage le brûle de ses propres coups. « Princesse… est-ce, est-ce que, est-ce que vous… v’savez c’qui s’passe ? » Les accents polis, travaillés, ont tout à fait disparus, laissant pleine place au paysan incertain, un peu timide, abasourdi par ce qui se passe et qui, clairement, dépasse tout ce qu’il a pu connaître et toutes les limitations des possibilités qui s’esquissent dans son esprit.

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyVen 19 Mai 2017 - 18:10

Elle tremble, Reja, de tous ses membres, contre le poitrail solide de Sirocco. Et il tremble aussi, le grand griffon, dans un bruissement de plumes agitées, tandis que d’esprit à esprit les souvenirs contradictoires se percutent, s’affrontent, se mêlent. L’Erebienne perçoit pêle-mêle des fragments d’une vie avec une belle griffonne d’ébène qu’elle reconnaît comme étant Soie, la griffonne de Melsant de Séverac dans sa vie à elle ; trois griffonneaux à peine sortis de l’œuf, une existence sans cavalier. En retour, quantité de tiroirs s’ouvrent dans sa propre mémoire. Sirocco l’observant au loin danser sur le toit du harem, et de nouveau bien plus tard dans le sable des dunes ; ces images qu’il avait partagées avec elle pour expliquer son choix dans le grand amphithéâtre à ciel ouvert de la Caserne de Serre, il y a si longtemps, lorsqu’il l’avait revendiquée. Des souvenirs de voltige, de chute libre, de dégringolade vertigineuse, de danse à effleurer les nuages, du bout de l’aile, du bout des doigts.

Ils sont tout aussi choqués l’un que l’autre, et dans la conscience collective des griffons l’onde bouleversante se répand ; ils en perçoivent les échos chez Cobalt qui s’ébroue, visiblement confus, visiblement… perdu. Il ne comprend pas, le seigneur du ciel, et son cavalier semble aussi ébahi que lui tout à coup. Il ressemble bien plus au guerrier qu’elle a observé sur le sable de l’arène, tout à coup. Il ressemble… à son souvenir. Lorsqu’il parle, son élocution est différente : elle ne retrouve pas cette morgue infâme typiquement belliférienne, ces belles manières hypocrites et cette supériorité dédaigneuse qui l’ont tant irritée à son irruption dans le bureau du Maréchal. Non, il semble nettement moins arrogant soudain, bien plus hésitant, et exprime une politesse toute rude, mais clairement plus sincère.

Un rire grinçant lui échappe, réveillant la douleur dans ses membres meurtris. « Princesse. Je ne suis pas princesse. Ces vêtements, ces bijoux, cette vie – c’est juste une mascarade. Je suis Voltigeuse, je l’ai toujours été ; je danse dans les dunes et je caresse les nuages. Rien de tout cela n’a de sens. » Au moins Octavius semble-t-il se souvenir également de leurs vies réelles, de leurs vies normales – de leur existence habituelle. « Quelque chose a mal tourné » murmure-t-elle contre les plumes soyeuses, « ça n’aurait pas dû se terminer comme ça. » Elle est au courant des tentatives de l’Ordre auquel elle appartient, elle sait, qu’ils expérimentent avec le Sablier brisé, avec un tamis, avec la relique des Ansemariens. Elle était même curieuse d’en observer le fonctionnement ; mais pas comme ça, non. « Les Sables du Temps » explique-t-elle à Octavius en essuyant du revers de la main un filet de sang qui continue à sourdre de son arcade sourcilière fracassée, « quelqu’un a dû s’en servir et… dérégler quelque chose. Je ne vois pas d’autre explication. »

Et je veux retrouver ma vie.

La pensée tourbillonne dans sa tête, résonne et glapit sa détresse dans le secret de ses pensées. Elle veut oublier ce lit princier dans lequel elle s’est réveillée, cette découverte glaçante qu’il s’agissait de celui de son frère lorsque sa propre mère le lui a craché au visage avec une froide haine dont le simple souvenir la fait encore frémir. Elle refuse d’y songer – de penser à Alméïde que l’on prétend duchesse de Bellifère et traîtresse à la couronne. D’envisager que la mort de Iode pourrait signifier celle de Marianne. D’admettre combien l’absence de Grâce et Corail l’angoisse. D’avouer que celle de Mayeul et Nuage est tout aussi inquiétante…

« Mon seul plan c’était de venir ici réclamer mon griffon. Maintenant qu’il m’a retrouvée, je ne… Je ne sais pas quoi faire d’autre. » Qu’il lui coûte de mettre des mots sur son impuissance ! Fatiguée, la tête encore faible, elle concentre son attention sur Octavius, vacillant légèrement tant l’étourdissement qui la harcèle est dérangeant.

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyDim 21 Mai 2017 - 6:13

Elle n’est pas plus princesse qu’il n’est Maréchal de Serre. Elle engoncée dans ses soieries et ces dorures qui ne sont pas siennes, point faites pour toucher le ciel du bout des doigts, ni pour danser en défiant les hauteurs et l’apesanteur. Lui dans cet uniforme qui devrait être celui du Maréchal Le Harnois, ou de son prédécesseur, lui qui a perdu ses ailes et est cloué au sol depuis. Depuis si longtemps. Ses larges mains serrent les vêtements de bonne facture, les tirent légèrement, comme pour les éloigner de sa peau, de son corps, qui ne mérite pas de porter de telles choses. Il n’entend pas les mots chuchotés entre les plumes du griffon, mais ce qu’elle lui adresse éveille quelques lumières dans son esprit un peu obtus : « Les Sables du Temps, quelqu’un a dû s’en servir et… dérégler quelque chose. Je ne vois pas d’autre explication. » Il se souvient, subitement, alors qu’elle parle des Sables du Temps. Il la connaît. Il reconnaît son visage farouche, observé dans les souterrains de Sombreciel, tentant de le convaincre de lui confier les plans sur lesquels il a veillé comme une griffonne sur ses oeufs. Les plans détruits. Qu’il croit. La moitié de ce qui a été récupéré a été brûlé par Thomas, l’ami de Maelys, et le reste… elle s’en est débarrassée, n’est-ce pas ?

Il doute, mais il hésite à formuler ce doute qui le tenaille et qui se mélange à sa confusion générale. Si elle était de l’Ordre du Jugement, elle ne serait pas aussi surprise et déplue de ces changements, n’est-ce pas ?

« Mon seul plan c’était de venir ici réclamer mon griffon. Maintenant qu’il m’a retrouvée, je ne… Je ne sais pas quoi faire d’autre. » Elle vacille légèrement, la jeune femme, et il craint bien de la voir tomber. Octavius s’avance vers elle, afin de la soutenir, mais un mur de pensées le frappe, au même moment que l’imposant griffon d’ébène esquisse un geste défensif envers sa Voltigeuse. Agressif envers lui. Bien que confus, Cobalt maintient sa garde, devant le Voltigeur auquel il est lié depuis si longtemps, qu’importe cette différence subite qui se dresse entre eux. « Je ne lui veux pas de mal. » Difficile à croire. Il revoit sa main frapper son visage, son poing s’abattre sur les délicates phalanges, dans l’estomac. Le corps basculer, tomber entre ses bras. Il reste alors en retraite, respectueux, attendant un assentiment de la Voltigeuse avant de faire un autre geste en sa direction. « Z’êtes pas en état d’voler », qu’il marmonne, gêné d’être la cause évidente de ses blessures. Il est aussi trop gêné pour avouer que lui aussi n’est plus en état de voler, que la seule idée de monter sur le dos de Cobalt le terrifie, suffit à le clouer au sol. Elle voulait uniquement réclamer son griffon, lui ne sait pas que faire du sien. Mort. Oubli. Délaissé. Incompréhension. Confusion entre vérité et mensonge. Identité. « J’vais vous ramener dans la Caserne, au moins pour vous soigner un peu. Pis après… » Que faire ? Où aller ? Une idée, quasi évidente, se glisse dans son esprit. Il se demande même, un instant, si elle ne lui est pas soufflée par le griffon doré, tant elle s’impose naturellement parmi toutes les possibilités qu’il ose à peine envisager. « ... p’t’être à Lorgol ? On peut prendre un portail avec Sirocco et Cobalt, des vivres, et… et voir c’qui s’passe là-bas. » Autres griffons. Soie. Nuage. Lierre. Corail. D’autres images encore qui se dessinent, dans son esprit, puis dans celui de Rejwaïde. D’autres griffons perdus, qui affluent vers Ibelin, qui suivent le cours de leur pensée et de celles transmises par Cobalt et Sirocco. Les terres du Nord seraient-elles la solution ?

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Rejwaïde Sinhaj
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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyVen 26 Mai 2017 - 12:54

Rien n’est clair. Tout est confus, embrouillé, incompréhensible – Reja peine à saisir l’intégralité de ce qui passe par le lien mental malhabile avec Sirocco. Le grand griffon n’est visiblement pas plus avancé qu’elle, et la perplexité des autres griffons du continent entier ne fait qu’ajouter au désordre. Il s’interroge, il l’interroge aussi – mais elle n’a pas les réponses, elle ne sait pas ; et c’est un peu ça qui la tue. En attendant, Sirocco semble avoir retrouvé une part de lui-même, et c’est férocement qu’il se met sur le chemin d’Octavius lorsqu’il fait mine de vouloir l’approcher. Elle en conçoit un timide réconfort, de savoir que son partenaire de naguère est toujours là, quelque part, prêt à la défendre.

Même si Octavius, à sa décharge, ne semble plus si belliqueux.

Elle acquiesce en silence lorsqu’il parle de retourner à la caserne pour obtenir quelques soins. Ses membres meurtris par les coups qu’il lui a infligés ne sont plus capables de grand-chose, et elle perçoit nettement la différence entre son corps entraîné et rodé, et ce corps de princesse paresseuse et empotée. Elle marmonne son assentiment, se laisse escorter jusqu’à l’intérieur, encore un peu sonnée. A l’extérieur, elle perçoit Sirocco en grande conversation mentale avec la conscience collective, et il lui transmet les images de quelques griffons déterminés à les accompagner à Lorgol : Soie et trois petit griffonneaux qui semblent être les leurs – adorables boules de plumes ! – Nuage, Corail, et toute une quantité d’autres qu’elle ne reconnaît pas forcément. Bien bien. Ce voyage va ressembler à une migration dans les règles.

Trouver le lendemain un mage des portails consentant à déplacer les deux humains et leur cortège bigarré s’avère complexe, mais l’autorité d’un Maréchal de Serre aide un peu, et au final c’est une troupe fort disparate qui débarque à la Guilde des Mages de Lorgol. Le temps de réquisitionner deux chevaux pour se rendre au campement repéré par les griffons, et de faire la route avec une prudence excessive pour ménager les blessures de Reja, et le crépuscule s’avance à l’horizon. Avec politesse, mais sans émotion particulière, Reja prend congé du Maréchal un peu dépassé par la hauteur de son nouveau rang, et plante sa tente à l’écart, à la lisière de la forêt qui borde le camp. Sirocco s’installe à proximité, bâtissant un nid confortable pour Soie et les trois petits ; le restant de la troupe ailée se perche dans les arbres ou se trouve un coin douillet. Leurs proches arriveront peut-être. Un jour.

Et la longue attente commence.

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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptySam 3 Juin 2017 - 2:47


Intrigue 2.3 ♦ La Roue Brisée

Sujet clôturé

Bien joué, petits dragonnets !




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Message Sujet: Re: Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   Pour une plume perdue ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée Empty

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