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 Tout est une question de marché

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La Noblesse
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Castiel de Sombreflamme
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Message Sujet: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyMar 31 Jan 2017 - 18:56


Livre II, Chapitre 1 • Livre II, Chapitre 2 • La Fortune des Flots
Castiel de Sombreflamme & Maximilien de Séverac

Tout est une question de marché

Ou quand on doit prendre ses responsabilités



• Date : Le 5 février 1002
• Météo : Il est tôt le matin et la température est glaciale.
• Statut du RP : Destin, come to mama
• Résumé : L'heure est grave. La guerre gronde, toujours plus terrible, et Castiel est prêt à être le duc qu'on attend de lui. Accompagné de son conseiller, il rencontre la duchesse Ermengarde, afin de lui proposer une alliance.
• Recensement :
Code:
• [b]5 février 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t1720-tout-est-une-question-de-marche]Tout est une question de marché[/url] - [i]Castiel de Sombreflamme & Maximilien de Séverac[/i]
L'heure est grave. La guerre gronde, toujours plus terrible, et Castiel est prêt à être le duc qu'on attend de lui. Accompagné de son conseiller, il rencontre la duchesse Ermengarde, afin de lui proposer une alliance.

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Message Sujet: Re: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyMar 31 Jan 2017 - 19:15

« Dis-moi que tout ira bien, Maximilien », chuchotes-tu à ton conseiller. Tu es affreusement nerveux, immobilisé devant la porte qui vous sépare de la duchesse de Bellifère. Tu as demandé, la veille, à rencontrer Sa Grâce Ermengarde à la première heure ce matin, mais maintenant que la rencontre est arrivée… oh, comme tu crains ce qui s’y passera. Comme tu as peur, de ces mots qui franchiront ta bouche, celle de Maximilien, et plus encore de ceux qui vous seront répondus.

Car ce matin, tu viens demander la main de Madeleine de Bellifère.
Celle-là même que tu as refusé catégoriquement il y a des mois, en hurlant, rageant, pleurant, jurant même que jamais on ne nouerait ton poignet à celui de la princesse de la Guerre. Pourtant, te voilà. Derrière vous se tient un de vos législateurs d’Euphoria, dépêché à Ibelin en urgence afin de s’occuper des potentiels papiers à signer. Et par la suite, des volumes et des volumes à fouiller afin que tout le plan que vous avez mis sur pied puisse tenir. Car il y a ça, n’est-ce pas ? La crainte que ce fragile château de cartes s’effondre comme l’ont fait les frontières de ton duché, sous l’attaque des mages de bataille de Faërie.
Tu es pâle, Castiel, fatigué. Tu n’as pas dormi et aux petites heures du matin, tu as rencontré Alméïde en secret. Tu es encore survolté du goût de ses baisers, de vos mots échangés à voix basse, des larmes qui ont coulé et de vos cœurs qui se sont froissés, sous la nécessité de ce que tu dois faire. Pourtant, tu te sens encore plus fort, de cet amour partagé jusque dans l’adversité.

Tu prends la main de Maximilien dans la tienne et la serres avec force. Tu n’es plus le petit garçon qui s’agrippait à cet homme, intimidé et terrifié à la fois, tu es un homme, maintenant, mais dans ce geste, il y a encore de ce petit Castiel qui a besoin de son père. « S’il te plaît. » Tu as besoin qu’il croit en toi, qu’il croit en vous.
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Maximilien de Séverac
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Message Sujet: Re: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyDim 12 Fév 2017 - 21:51

Il est fier, Maximilien, de se trouver aux côtés de Castiel. D’un Castiel apeuré, hésitant, qui préférerait probablement fuir que de faire ce qu’il s’apprête à faire mais qui est là, tout de même, droit et prêt à faire son devoir. La présence du législateur derrière lui l’empêche d’être autre chose que le premier conseiller ducal, l’empêche de serrer celui qu’il considère comme son fils dans ses bras. Et pourtant, il en a sans doute bien besoin. Il est pâle, le jeune duc, et nul doute qu’il a versé des larmes amères, depuis que cette décision de demander la main de Madeleine de Bellifère a été prise. Sans nul doute la regrette-t-il encore. Mais c’est une sage décision, la seule à prendre. Le devoir nous impose bien des tourments, parfois.

La main du duc serre la sienne, dans un geste de recherche de réconfort qu’il n’est pas possible d’ignorer, et Maximilien ne s’y trompe pas. Il la serre aussi, d’une pression qui ne flanche pas, avec chaleur et conviction. « Je suis fier de vous, mon Duc. » Dit-il à voix basse, sans chercher à y cacher la fierté et l’affection qu’il ressent. Certains des détracteurs de Castiel doutent de sa capacité à diriger son duché, mais alors qu’il se tient là, droit devant cette porte qui cache son avenir, Maximilien ne voit plus un petit garçon, mais bien un grand duc. Un homme fort, courageux, qu’il est fier de servir et de reconnaître comme son souverain. « Tout va bien se passer. » Chuchote-t-il encore, en y insufflant assez de conviction pour se leurrer lui-même. Oh non, tout pourrait ne pas bien se passer : il en a passé des nuits sans sommeil, à repasser ce qui pourrait arriver. A revenir sur les lois, les traités, à traquer avec les législateurs le moindre petit détail qui pourrait tout faire s’écrouler. Et il y sont, désormais.

La porte s’ouvre sur ce qui semble bien être l’avenir de Sombreciel. Ou de ce qu’il en reste. Les forces Faës ont écrasé celles du duché, et se sont approprié une bonne partie de leurs terres. Ce sont appropriés Séverac. Et si faire des alliances comme celle-ci peut aider, Castiel n’a pas le choix. Il doit s’y plier.
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Message Sujet: Re: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyLun 13 Fév 2017 - 4:21

« Je suis fier de vous, mon Duc. » Maximilien est fier. Fier de toi. Fier du duc que tu es. Chacun de ses mots, ceux-là et ceux qui t’assurent que tout se passera bien alors que tout peut très bien se passer horriblement, te rassure. La main qui serre la tienne, te rend cette marque d’affection douce que tu cherchais tant. Vous le savez tous les deux, vous en avez discuté, mais tu préfères ne pas t’attarder au négatif. Il y a une part de lumière, en toi, qui n’est jamais morte, une part d’optimisme qui ne saurait être atteinte, qui ne cesse pas de croire.

Tu veux croire, Castiel, à cette porte qui s’ouvre sur votre avenir. Cette porte par laquelle tu entres, la tête haute, tu veux croire qu’elle saura relever Sombreciel, relever Ibélène et relever tout Arven. En toi, il y a du duc de Sombreciel, mais aussi de l’empereur d’Ibélène, tous deux unis, brûlant, vivant.

« Votre Grâce. Merci d’avoir accepté cette entrevue, alors que le temps déjà file entre nos mains et celles du Destin. » Tu t’inclines profondément devant la duchesse Ermengarde. Elle est fatiguée, la noble dame, au moins autant que vous trois, ton conseiller, toi-même et le législateur nerveux dans votre dos. Tu laisses Maximilien saluer la duchesse, avec plus de chaleur vu leurs liens amicaux, avant de prendre place dans un des fauteuils du petit salon où vous êtes isolés, pour peut-être de longues heures à venir.
De la bien haute pile de parchemins et de papiers, tu sors le premier feuillet, le plus épais de tous, sur lequel en lettres stylisées s’étire le titre d’un acte de mariage, aux lignes déjà dûment remplies, n’attendant que signatures et modifications diverses. « Ne tournons pas autour du pot. Je viens demander la main de la princesse Madeleine, comme épouse principale. » Elle ne semble même pas surprise, Ermengarde, de cette demande que tu verbalises sans attendre. Des mois après ton refus. Dans une succession de termes légaux qui feraient tourner chèvre toute autre personne qu’un Cielsombrois. Comme il est paradoxal, que vous soyez à la fois poètes et avocats, capables de rédiger les plus belles odes comme les contrats les plus excellents.
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Maximilien de Séverac
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Message Sujet: Re: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyMer 22 Fév 2017 - 15:33

Il se tient droit, le duc de Sombreciel, et pour Maximilien qui se targue de bien le connaître, c’est une réelle fierté. Une preuve qu’il prend ses devoirs à coeur, quoi que cela puisse lui coûter. Car cela lui coûte, ils le savent tous les deux, de revenir sur sa décision et de demander la main de Madeleine, alors qu’il préférerait cent fois, mille fois demander celle d’Alméïde d’Erebor en échange. Telles sont les jeux de la politique, et avec la guerre qui fait rage, ce n’est pas le moment d’hésiter : des décisions doivent être prises.

Ils entrent, et le duc s’incline devant son homologue, imité par son premier Conseiller. C’est d’une voix nettement plus chaleureuse que Maximilien s’adresse à la duchesse ensuite. Ils se connaissent, tous les deux, entretenant une correspondance assidue sur bien des sujets. Politiques certes, mais parfois plus personnels. Ils sont âgés, tous les deux, peinant parfois à ne pas soupirer devant la fougue et l’impétuosité de la jeunesse. Ils s’entendent bien, et le conseiller regrette de voir la duchesse Ermengarde aborder des traits tirés et des yeux fatigués. Mais bien que la chaleur de ses salutations soient sincères, et la joie de la revoir réelle, il n’est malheureusement pas temps pour des retrouvailles plus appuyées.
Chacun a pris place à l’invitation de la duchesse, et Maximilien laisse Castiel exposer le but de leur visite, s’expliquer, s’avancer. Il n’est là qu’en soutient, en vérité. Soutien de la démarche de son duc, en tant que premier conseiller, mais Ermengarde n’est pas stupide, elle sait pourquoi il est là. Pourquoi sa présence était nécessaire à cette réunion, autant pour apaiser les tensions que pour rassurer tout le monde sur les intentions du jeune duc de Sombreciel. Il est la caution sagesse dans cette entrevue, Maximilien, et n’est pas persuadé d’en être ravi. Ce n’est pas comme si à la base, on lui avait demandé son avis.

Alors il laisse Castiel parler. Demander la main de la princesse Madeleine, tandis que Maximilien prie tous les Dieux que le duc ne bute pas sur le prénom de la jeune femme, pour le remplacer par une princesse plus chère à son cœur. Le législateur a déjà tout prévu, s’apprêtant à expliquer, défendre, assurer de la légitimité de la demande, et de la légalité de la place de Madeleine aux côtés du duc de Sombreciel. Le premier conseiller a croisé les bras, l’air serein, observant la duchesse. Ils ont mis leurs cartes sur table : à présent, c’est à elle de jouer. De faire de Madeleine la duchesse de Sombreciel. De sceller un accord nécessaire entre le duché de la Guerre et le duché de l’Esprit.

C'était leur voeu le plus cher, il y a quelques mois, cet accord qu'ils avaient presque achevé tous les deux, et le refus de Castiel avait tout fait s'écrouler. Son refus, et sa proximité avec Alméïde d'Erebor. Ermengarde n'est pas rancunière, non... mais elle aime Madeleine, il le sait, Maximilien. Et les traditions de mariage Cielsombroises peuvent en décontenancer plus d'un.
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Message Sujet: Re: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyVen 24 Fév 2017 - 20:24

La présence de Maximilien te rassure, même dans son silence. C’est à toi de parler, d’expliquer, de vendre tes idées folles, pas à lui. Si tu as besoin d’aide, il volera à ton secours. Si tu oublies quelque chose, il saura se faire la voix précise qui se rappelle de chaque détail a priori insignifiant. Il est là, pour le meilleur et pour le pire

Elle te demande une précision, sur le terme épouse principale, qui soulève bien des questions. Elle n’est pas ignorante des particularités maritales des Cielsombrois, mais avant d’accepter tout marché que ce soit, elle veut être certaine de bien comprendre tout ce que cela sous-entend pour Bellifère et pour la princesse Madeleine. Pour sa petite-fille. Tu te fais doux, en reprenant la parole, presque vulnérable, reconnaissant ces torts qui sont les tiens : « Vous devez trouver cette demande… à la fois bien particulière et fort soudaine, des mois après que la main de Madeleine m’ait été proposée et que cette offre soit restée sans réponse de la part de Sombreciel. Je me dois d’être entièrement honnête, Votre Grâce, en vous avouant que mon cœur était autre part et mon esprit tout autant. Pas de surprise là non plus. Cela fait toutefois un mois, que je réfléchis à demander la main de la princesse Madeleine et que mes législateurs fignolent les documents nécessaires à cette demande. J’aurais aimé lui faire la cour en bonne et dûe forme et vivre une belle année de fiançailles, apprendre à connaître cette femme que je désire faire mienne, mais je me vois pressé par la guerre. » Tu es même prêt à l’enlever dans les heures qui suivront, si c’est ce qu’on te demande – à ton départ précipité d’Euphoria, tu as emporté avec toi armes et bombes artisanales, ainsi qu’un nécessaire de chimie portatif. Prêt à engager ce mariage dès ces papiers signés, pour ne pas qu’un Belliférien outré de voir sa princesse s’unir au duc décadent de Sombreciel te l’enlève sous le nez. Tu te retrouves étrangement engagé, dans cette coutume barbare et régressive qui vient réveiller ta possessivité. « Madeleine sera ma duchesse. Maximilien a fait un excellent travail, afin de vanter ses nombreuses qualités et je crois sincèrement qu’elle serait une régnante idéale pour les Cielsombrois. Elle saurait tempérer mon… enthousiasme, dirais-je, dis-tu avec malice, les yeux brillants. et apporter une voix diplomate et nouvelle à chaque décision. Son indépendance sera très grande, sur tous les plans. Elle aura son propre domaine en Sombreciel, toute la liberté qui lui plaira et pourra s’engager dans ce qu’elle désire, autant au plan politique que personnel. » Tu fais miroiter cette liberté que Madeleine acquerra, en Sombreciel, tout ce que cette couronne lui permettrait d’accomplir. Maximilien t’a confié les inquiétudes de la duchesse, quant à l’avenir de la blonde princesse, et tu tiens autant que possible à la rassurer. Elle sera ta femme, mais elle sera bien plus que cela.

Sa Grâce Ermengarde acquiesce, mais d’une voix incisive, te rappelle que le terme principale évoque donc une épouse secondaire. Tu esquisses un sourire entendu. Il est inévitable que vous en veniez là et il ne sert à rien de mentir à cette femme, qui a pratiquement trois fois ton âge et qui en a vu bien d’autres. Tu es au moins le troisième, ou le quatrième, duc de Sombreciel auquel elle fait affaire. « La princesse Alméïde serait ma seconde épouse. » Les mots sont dit avec un calme aplomb. Tu sais qu’ils la choqueront – ceci met à mal toutes les tractations qui ont pu avoir lieu à propos d’un mariage entre le prince Martial et la princesse Alméïde, et tu crains bien que ces manigances secrètes ne soient pas spécialement bien accueillies. À raison. Elles n’ont pas été bien accueillies par… personne, oui. Personne. « Nos actes de fiançailles sont déjà signés depuis la mi-décembre, mais ceux-ci ne nous engagerons officiellement que si cette entente entre Sombreciel et Bellifère prend forme. Le fait que les princesses seraient épouses consort peut alors justifier, si on se fie à l’acte de mariage du duc Gabriel datant de 562, une collaboration des duchés engagés dans ces épousailles. Je laisse Aurélien vous expliquer les détails. » Beaucoup de détails. Ceux de l’union du duc Gabriel et de ses trois épouses, de l’aide apportée entre les divers duchés d’origine des dames et la forte alliance qui en était ressortie. Ceux d’un autre acte de mariage ayant aussi amené son lot d’avantages indéniables, lorsque les deux parties prenantes se retrouvaient bien investies dans des accords privilégiés. Elle comprend bien, la duchesse de Bellifère, et l’idée lui semble en effet plausible, mais elle soulève le problème le plus épineux de cette belle entente : Erebor.

« Anthim a déjà accepté. »

L’aveu te brûle les lèvres, au point où tu en oublies de citer le titre de noblesse dudit Anthim, trop habitué à cracher son nom sans aucune fioritures. La surprise sur les traits de la duchesse est totale et compréhensible, Anthim a déjà accepté.. Accepté que sa sœur t’épouse sans être duchesse, qu’elle ne soit « que » ta deuxième épouse, que tout ce qui ceigne son front soit sa couronne de princesse. Anthim a accepté la proposition diplomatique la plus risquée que tu aies pu lui faire et si tu ne peux pas absolument prétendre qu’il te fait confiance, il a néanmoins donné son accord. Il a signé les papiers, par le Destin ! De sa main ! Si tout fonctionne, si tout est accepté, Augustus croira probablement à un canular, à une terrible blague bien mal placée, mais tout est vrai. Tu as de la difficulté à y croire toi-même. « Je souhaite que ces unions réunissent nos duchés dans une collaboration mutuelle, afin de repousser l’envahisseur faë et faciliter la coordination de nos armées respectives. Nos troupes déjà volent au secours d’Erebor, selon ces accords signés en prévision des fiançailles futures, et nous désirons que Bellifère en fasse de même pour Erebor. Si, pour cristalliser cette entente, les mariages avec les princesses Madeleine et Alméïde doivent être avancés, ce sera fait sans problèmes – le duc Anthim a donné son accord à des fiançailles tronquées, considérant la situation politique actuelle et la nécessité de cimenter les décisions. » Le législateur sort une carte de Sombreciel et l’étend sur la table, entre les documents étalés qui déjà la recouvrent. Ton index mince trace le contour d’une île, située non loin d’Euphoria et pratiquement inoccupée, si ce n’est d’un phare qui mériterait réfection. « 100 kilomètres de l’île d’Étincelâme seront cédés à Bellifère, comme camp de résidence et d’entraînement pour les soldats, et même une caserne de Voltigeurs annexe. Leur temps d’intervention lors de conflits sera grandement réduit et nous assurerons qu’un port praticable soit aménagé, à l’usage de la flotte belliférienne. Le Quai des brumes, à Euphoria, sera aussi réaffecté. » Ce qui ne sera pas de trop. Dans cette entente, vos architectes kyréens se retrouvent également avec une juteuse part du gâteau, sans parler des forces armées qui se retrouveront enfin soutenues.

Tu te recules dans son fauteuil et laisses la duchesse observer les documents, en silence. Sous son crâne dansent probablement mille idées et détails et vous êtes prêts à éclaircir le moindre point problématique, au besoin. Tu as toutefois quelque chose à ajouter. Sur un sujet autrement délicat. « Et… si cette proposition est acceptée, je sais que le prince Martial sera sans fiancée potentielle, et ce bien malgré lui. Je tiens donc à attirer une demoiselle à votre attention. Ma cousine Séverine. » Cousine ? Tu hoches la tête doucement. « Vous avez eu vent des tristes déboires de mon trône, impliquant les tenants de la baronnie de Mauve. Ils ont laissé dans le deuil une jeune femme, Séverine, qui portait jusqu'à peu le nom Belastre. Nous avons retrouvé les échanges épistolaires de mon grand-père, ainsi que son journal personnel, et ceux-ci permettent de prouver sa descendance formelle de la lignée de Sombreflamme. La reconnaissance de son statut de princesse est donc une simple formalité, d’ores et déjà prise en charge. » La principale concernée n’a pas encore été informée de cet état de fait, bien sûr, et il est inutile de cacher que ces documents soigneusement élaborés encadrent son titre de princesse d’une quantité impressionnante de limites. Tu es cruel, Castiel, et si tu n’hésites pas une seconde à tirer la femme que tu aimes de potentielles fiançailles à un homme qui l’enfermeraient dans un triste carcan, tu n’as pas non plus hésité à sacrifier Séverine. À utiliser ce que sa famille a tant voulu, de la reconnaissance, pour en faire un simple outil. Un objet, à peu près, vendu pour ton propre bien et celui de ton duché. Tu n’as pas honte, tu n’as pas peur, car cette femme, tu ne crains pas. Ni sa rancune, ni sa colère. « C’est une savante astronome, élevée dans la noblesse, tout à fait apte à comprendre et participer aux discussions politiques, si on lui demande. Amatrice d’arts, raffinée, agréable et surprenante. Puis, je ne sais pas si c'est pertinent de le souligner, mais elle est fort jolie. » Une de ces beautés brunes bien typiques de Sombreciel, et tu serais de mauvaise foi de ne pas reconnaître que Séverine est charmante. Tu n’offres pas un pauvre laideron, au prince de Bellifère, qu’on se le dise ! Ton offre est à peu près honnête.
Tu lui offres une bombe. Joliment emballée, mais tout de même prête à exploser entre ses mains. Entre tes mains.
Tu n’as pas peur non plus de jouer avec le feu.
Avec le danger.

Tu tournes la tête vers ton conseiller. Avoir tant parlé t’a laissé la gorge sèche et le monde tourne un peu autour de toi. Tu es exténué. Les derniers jours n’ont pas été de tout repos. Même, le dernier mois. « Ai-je… oublié quelque chose, Maximilien ? »
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Maximilien de Séverac
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Message Sujet: Re: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyVen 3 Mar 2017 - 23:11

Il est plus que satisfait, Maximilien, de ce que raconte le duc. Il est sincère et honnête, exactement comme il doit l’être devant une femme telle qu’Ermengarde. Elle n’est pas stupide, la duchesse, et elle n’est pas devenue ce qu’elle est par hasard. Elle a de l’expérience, elle sait lire les gens, et essayer de l’amadouer ou de lui mentir n’apportera rien à leurs projets. Castiel offre à la Duchesse ce qu’elle ne pouvait espérer rêver pour sa petite-fille en la mariant à un belliférien : la liberté. De paroles, d’actions, de pensées.

Elle fourmille de qualités, la jolie Madeleine, qui se seraient flétries sous le joug Belliférien. Sombreciel, et c’était l’un des point dont il avait discuté avec la duchesse il y a des mois de ça, laissera la jeune femme grandir et s’épanouir. Elle mérite qu’on l’écoute, qu’on l’apprécie, qu’on l’élève au rang de duchesse. Et Castiel saura se montrer aimant, il n’en doute pas, même si son cœur appartient déjà à Alméïde. Un point que souligne l’intelligente Ermengarde, d’ailleurs. Le conseiller reste silencieux, se tenant aux aguets, n’attendant qu’un signe de son duc pour l’appuyer. Cela n’est pourtant pas nécessaire, et à nouveau, Maximilien ne peut empêcher la fierté de briller dans ses yeux. Et pourtant, voilà la partie la plus délicate du plan.

Annuler les fiançailles d’Alméïde et de Martial. Assurer la vérité de l’accord entre Sombreciel et Erebor. Autant d’actions délicates qu’Ermengarde est à même de rejeter. Anthim, pourtant - le duc d’Erebor - y a vu son intérêt. Ermengarde le verra aussi. Il ne flanche pas une seule seconde, le conseiller, immobile aux côtés de son jeune duc, l’appuyant sans pour autant noyer sa position d’autorité. Tout est calculé, après tout, dans une rencontre comme celle ci. Viennent les négociations, les dons, plus que généreux, et Maximilien ne peut s’empêcher de penser qu’ils sont à la hauteur, sans doute, du sacrifice de Castiel. Du sacrifice d’Anthim, aussi, peut-être. Sont-ils donc condamnés à sacrifier, tous ? Il s’en fait la promesse, Maximilien, et il en fait la promesse muette à la duchesse : il ne laissera pas Madeleine sacrifier davantage.

Et puis, vient le moment de proposer une autre alliance de mariage. Séverine. Maximilien, en toute honnêteté, est toujours partagé sur cet aspect de la négociation. Il répugne à laisser à la jeune femme une once de pouvoir, et voilà qu’on lui remet un duché entre les mains ! Surement, Martial saura canaliser toutes les envies de paroles et d’opinion de sa future épouse, et il n’en est pas embêté, le conseiller. Mais il sait la personnalité du futur duc de Bellifère, et craint que quelques unes des paroles de la douce Séverine ne finisse par mettre à mal l’accord liant, de fait, Sombreciel et Bellifère. Il a confiance en l’intelligence d’Ermengarde, et beaucoup moins en la fougue de son successeur. Oh oui, donner Séverine est risqué, et risque de se retourner contre eux. Mais ont-ils vraiment le choix. Le sacrifice est calculé, il l’espère.

Castiel se tourne vers lui, lui demandant des précisions, des oublis, et le conseiller secoue négativement la tête. C’est à Ermengarde qu’il s’adresse ensuite, fort de cette amitié qui les unit. « C’est une occasion unique d’unir nos duchés par des liens plus fort encore que ceux d’un seul mariage. » C’est plus que ce que la duchesse et lui avaient désiré, après tout. Plus que Madeleine ne pourra sans doute jamais obtenir en échange de sa main.
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Le Destin
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J'ai : un âge au dessus de toute raison.
Message Sujet: Re: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyLun 17 Avr 2017 - 17:54


Le Destin intervient

Viens petit, on va négocier



Elle a décidé, Ermengarde. Mûrement réfléchi, pris le temps de la réflexion, consulté ses conseillers les plus fiables, ainsi que Madeleine, la première concernée, et Martial, le fiancé humilié. Elle a pris les avis, écouté les suggestions, et voici les conditions qu’elle expose en présence de son premier conseiller à Castiel de Sombreflamme, qui souhaite accomplir une valse juridique complexe.

« Madeleine consent à votre demande. J'y apporte cette première condition : c'est elle, et elle seule, qui coiffera la couronne de duchesse. Aucune de vos autres épouses futures ne pourra jamais prétendre à ce titre, tant qu'elle sera en vie.

La seconde concerne les enfants qu’elle vous donnera. Ils seront reconnus comme héritiers prioritaires, même s'ils ont des aînés venus au monde de vos autres épouses. Les enfants de Madeleine seront les premiers dans la ligne de succession au trône.

La troisième concerne la fiancée de Martial. Nous ne saurions respecter la coutume des fiançailles telle qu'en vigueur en Sombreciel : dès que votre cousine, la princesse Séverine, sera en présence de Martial et qu'il l'aura enlevée et honorée, elle sera mariée, sans retour possible, ni contestation future. Cela devra être écrit et signé de votre main.

Nous acceptons les domaines que vous proposez comme dot de votre gracieuse cousine. En contrepartie, nous vous donnons Madeleine avec ses effets personnels incluant ses biens en terres et en bijoux, ainsi que son douaire, constitué d'une flotte de cinq vivenefs de proportions modestes - nous prendrons en charge la réfection du Quai des Brumes à Euphoria.

Bien sûr, ma dernière condition est simple : vous devrez vous charger en personne, et seul, de l'enlèvement de Madeleine. Mes barons et seigneurs ont eu vent de notre entrevue, je vous conseille donc de ne pas perdre de temps, sans quoi vous pourriez la trouver dans le lit d'un autre, et nos accords seraient caducs, avec Sombreciel comme avec Erebor. Si vous désirez y procéder dès à présent, vous avez mon consentement. Je dois vous avertir : Martial s'oppose quelque peu à ces mesures, je ne puis vous garantir sa coopération...

Voilà mes conditions. Si vous y souscrivez, signez ici et apposez votre sceau.
»

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Message Sujet: Re: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyDim 23 Avr 2017 - 6:40


Le 6 février 1002

L’impatience se lit sur ton visage, alors qu’Ermengarde accepte de vous recevoir, Maximilien et toi, afin de vous donner sa réponse quant à votre osée proposition. Le jour et la nuit lui ont porté conseil. Tu tentes bien que mal d’arborer un masque plus neutre, mais l’épuisement a peu à peu raison de toi, de tes capacités à jouer, à mentir. Duc de l’Esprit, te voilà un instant démuni, alors que le Destin s’apprête à tracer devant toi ton prochain chemin.

Cette nuit encore, tu as affreusement mal -et peu- dormi, et lorsque ton conseiller est venu te chercher dans ta chambre ce matin, c’est pour te trouver endormi à même ton tapis, pelotonné au milieu d’un ensemble d’explosifs artisanaux, de mèches et de sacs de poudre à canon. Tu as tempêté de ne point pouvoir avoir Melbren à tes côtés. C’est de lui, dont tu as besoin ! C’est de son génie, de ses idées, afin qu’il te berce de ses histoires folles, de ses théories impossibles, et qu’à vos deux têtes, vous établissiez les plans les plus ambitieux et merveilleux de tout Ibélène. C’est donc seul que tu as étudié la carte du château, la distance entre ta chambre, celle de Madeleine et l’ambassade de Sombreciel, que tu as sélectionné les armes nécessaires à cet enlèvement planifié et que tu es allé harceler des boutiquiers d’Ibelin pour qu’ils te vendent tout ce dont tu as besoin.
Enfin, vendre. Tu as plutôt réquisitionné leurs marchandises, soyons honnêtes, mais ils devraient être honorés de se faire piller par le duc de Sombreciel lui-même.

Autour de toi flotte encore cette odeur étrange de poudre.

Tu t’installes sagement, lorgnant déjà sur les documents placés entre vous. « Madeleine consent à votre demande. J'y apporte cette première condition : c'est elle, et elle seule, qui coiffera la couronne de duchesse. Aucune de vos autres épouses futures ne pourra jamais prétendre à ce titre, tant qu'elle sera en vie. » Madeleine consent. Doux dieux ! Elle consent. « Bien sûr », articules-tu, un peu tremblant, ravi d’entendre que non seulement Ermengarde consent, mais Madeleine consent, et c’est ce qui te semble le plus important. Les conditions qui suivent ne sont que des formalités, ponctuées de « Naturellement » et autres « Tout à fait ». Que vos enfants soient les premiers héritiers ? Naturellement ! Que Séverine soit enlevée et que rien ne soit plus contestable ? Tout à fait ! Que les domaines constituent la dot de ta cousine et que cinq vivenefs accompagnent la main de Madeleine ? Naturellement, tout à fait, bien sûr ! Tu te sens comme un automate aux engrenages rouillés, voué à répéter toujours le même geste, mais tu es trop heureux pour t’en soucier. Elle consent. Ainsi donc, ta folie, tes espoirs, tout ceci a porté ses fruits. Duc de l’Esprit, duc décadent, duc enfant aux mille idées, duc victorieux, au bout de tout cet impossible que tu as décidé d’outrepasser, de ces limites et de ces interdits que, déraisonnable et fou, tu as dédaigné. Digne de ceux de ton espèce, de ta lignée, tu donnes au nom de Sombreflamme de nouveaux galons. « Bien sûr, ma dernière condition est simple : vous devrez vous charger en personne, et seul, de l'enlèvement de Madeleine. Mes barons et seigneurs ont eu vent de notre entrevue, je vous conseille donc de ne pas perdre de temps, sans quoi vous pourriez la trouver dans le lit d'un autre, et nos accords seraient caducs, avec Sombreciel comme avec Erebor. Si vous désirez y procéder dès à présent, vous avez mon consentement. Je dois vous avertir : Martial s'oppose quelque peu à ces mesures, je ne puis vous garantir sa coopération… Voilà mes conditions. Si vous y souscrivez, signez ici et apposez votre sceau. »

Tu esquisses un sourire, à la mention de cet enlèvement pour lequel tu as passé la nuit à te préparer. Martial s’y oppose ? Tu n’en es pas surpris et tu te doutes d’ailleurs que les divers paris en cours ne sont pas en ta faveur, quant à l’issue de cet enlèvement. Pourtant, tu le sais, tu seras gagnant, ce n’est même pas le prince de la Guerre qui t’effraie. Tu lui montreras, à Martial, comment on réussit un enlèvement ! Peut-être pourra-t-il en prendre quelques notes, afin de dignement répéter et achever la chose avec Séverine, bien que tu ne risques pas de montrer autant de zèle à défendre la Belastre qu’il en mettra à défendre la princesse Madeleine.

Tu attrapes la plume et l’encrier laissés près du parchemin et à ta main, tu retires la bague portant le sceau de Sombreciel. « Vos conditions me conviennent tout à fait, Votre Grâce. Vous me voyez même impatient de procéder à cet enlèvement », soulignes-tu, malicieux. Les lettres déliées de ta main s’étirent, au bas du contrat, que tu prends soin de relire avant d’y apposer ta signature, puis, de la face gravée de la bague trempée dans l’encre noire et épaisse, le sceau de ton duché. Tu fixes tes noms comme si tu les avais jamais vus, jamais lus. Fais-tu l'histoire, aujourd'hui, Castiel, de ces quatre mots ?

Castiel Eudes de Sombreflamme


Dernière édition par Castiel de Sombreflamme le Ven 2 Juin 2017 - 7:22, édité 2 fois
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Message Sujet: Re: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyLun 24 Avr 2017 - 23:03

Maximilien a culpabilisé d’être celui qui devait réveiller son duc, ce matin. Castiel n’a que peu dormi, occupé qu’il est à planifier avec un bel optimisme l’enlèvement de celle qui deviendra sa future épouse, et le conseiller ducal répugne à lui enlever encore quelques heures de sommeil. Maximilien a froncé les sourcils lorsqu’il a eu vent des premiers achats de Castiel et de sa demande frénétique de Melbren, mais il ne peut pas le dissuader. Castiel sera... prudent, il prie les dieux pour ça. Il lui a rappelé, tout de même, que tuer qui que ce soit par erreur serait plutôt mal vu.Il n’a guère le choix de réveiiler le jeune homme pourtant, car Ermengarde les attend. L’avenir de Sombreciel les attend, en vérité.

Madeleine... consent. Maximilien, sagement installé derrière Castiel, garde la mine impassible, mais ne peut s’empêcher d’être soulagé. Elle accepte. C’était bien la seule véritable incertitude, qui sous-entendait toutes les autres. Mais puisqu’elle a dit oui, le reste n’est pas très difficile à accepter. Ils en ont déjà parlé, de tous ces points, Castiel et lui, avec les autres conseillers ducaux. Ils ont imaginés toutes les objections que pourraient soulever le trône de Bellifère, les ont décortiqués et analysés. Tout ça n’a pas d’importance, évidemment. Alors tandis que Castiel approuve chacun des points du traité, Maximilien sent ses épaules se détendre.

Castiel a réussi. Il est le duc qui a uni Bellifère et Erebor dans une même alliance. On peut lui reprocher beaucoup de choses, à l’enfant terrible de Sombreciel, mais Maximilien est fier. Fier d’être son conseiller, fier d’être son homme de confiance, et fier de le voir grandir et évoluer. Il n’en dit rien, le comte, mais se promet de le faire à la première occasion. Le duc signe, quelques mots qui ont le pouvoir de faire basculer le destin d’Ibélène, mais aussi d’Arven toute entière. Quelques mots. Le regard du comte croise celui de la duchesse, et il lui adresse un sourire encourageant. Ils se connaissent depuis longtemps, tous les deux, et échangent bien souvent. Initialement. Ils n’avaient pas prévu de telles circonvolutions, mais marier Madeleine à Castiel était depuis longtemps dans leurs esprits.

Ils ont fini par réussir, n’est-ce pas ? Madeleine sera une princesse parfaite, il le sait, et il n’en a aucun doute Maximilien. Ermengarde l’a bien élevé, et il a toute confiance en ses capacités. Tout comme il a toute confiance dans les capacités de Castiel de parvenir à enlever la jeune femme avec panache. Avec tellement de panache, en réalité, qu’il serait malheureux que Martial soit blessé dans un élan de... ferveur maritale.
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Message Sujet: Re: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyMar 23 Mai 2017 - 7:28

Tout se signe, se contresigne, tout s’approuve, et lorsque la valse des documents se termine, tu te relèves pour prendre ton père par les épaules. Tu le regardes sans y croire et ton expression un peu incrédule, qui a pris le pas sur celle maligne, se transforme encore. Extatique. « Nous avons réussi », balbuties-tu à ton conseiller, dont tu viens serrer les mains avec force. Nous. Tu n’aurais jamais pu réussir sans lui, sans Mélisende, sans tous les pauvres législateurs du palais, ni même sans Alméïde et Anthim. Cette réussite n’est pas que la tienne. Ton père aura des vacances fort méritées, lorsque Mélusine aura accouché de son enfant !
Vous avez réussi.
Enfin, presque.

La valse n’est pas finie, car il y a encore quelques pas à esquisser. Un enlèvement et une dame à honorer, rien de moins. Pour un Cielsombrois, c’est plus qu’agréable à envisager !

Tu t’accordes quelques secondes de réflexion, les mains de Maximilien toujours entre les tiennes, avant d’à moi-voix lui confier quelques nécessaires missions : « Fais préparer la chambre à l’ambassade. La meilleure literie que l’on puisse trouver dans cette ville et quelques gardes, dix me semble un bon début. Je ne me ferai pas voler mon épouse à même mon lit. Assure-toi que l’escorte belliférienne ait bien compris que je dois uniquement défaire Martial et non pas l’entièreté de leur armée. Puis... trouve qui prend les paris, pour cet enlèvement. La couronne devrait avoir un bon retour d’investissement, en pariant sur moi. » Coquin duc, qui ne craint pas un instant d’être victorieux, et qui assortit ces paroles d’un clin d’oeil amusé.
Lorsque tu ouvres la porte du salon, tu te retrouves nez à nez avec la princesse Madeleine, qui se dresse vivement, pour ensuite mieux s’incliner, dans une révérence polie. Écoutait-elle à la porte, cette friponne ? L’idée te plaît et à la blonde, tu rends sa révérence, et tu te permets même de prendre sa main pour y déposer un baiser. « J’espère bien vous revoir bientôt », souffles-tu contre sa peau, les yeux brillant d’anticipation. À ta boutade charmeuse, elle répond d’un simple sourire. Vos chemins se séparent. Elle jusqu’à sa chambre, toi jusqu’à la tienne.

Tu sais exactement ce que tu dois faire.

Ta préparation est soigneuse. Tu révises tes plans, tes écrits confus de la veille, les chemins tracés sur la carte du palais, toutes les alternatives qui te permettront d’arriver à tes fins. À tes habits élégants, tu substitues quelque chose d’un peu moins engoncé - ceux que tu portes quand tu es dans ton laboratoire - et quelques pièces d’armure de cuir. Rien de plus, rien qui puisse encombrer tes gestes. Tu t’attends bien à ce que Martial se moque de toi et tu espères bien qu’il te sous-estime. Je vais avoir besoin de toi. Tu dois te charger seul de cet enlèvement, jeune homme. Bien, techniquement, je serai seul. C’est de la triche. Curieux comme tu te découvres des principes, lorsqu’il est temps de se pencher sur mes idées, taquines-tu, alors que tu accroches le fourreau de l’épée à ta taille. Tu n’auras probablement pas le choix de jouer un peu de l’arme, dans cet enlèvement, même s’il n’est absolument pas précisé comment tu dois défaire la parentèle masculine de la dame convoitée. C’est sur cela que tu comptes, plus que sur tes talents insoupçonnés avec une lame. Talent… ce mot est peut-être un peu fort. Je suppose que tu as besoin de mon adresse à l’épée ? Exactement. Uniquement en cas de problèmes. J’ai plutôt confiance en mon plan, mais je ne suis pas à l’abri d’un éclat de réflexion de la part de Martial. Simon serait particulièrement maussade que tu sous-estimes un de ses descendants ainsi. C’est un guerrier et il n’y a pas que les armes, dans la guerre. Il y a la stratégie. Alors espérons que l’esprit le plus fort soit le mien. Tu espères que Martial te sous-estime, mais tu ne dois pas faire de même.
Pas trop.

Les couloirs du palais te semblent étrangement vides, alors que tu les rejoins enfin, en direction de la chambre de Madeleine. Un palais impérial n’est jamais vide, cela doit uniquement être une illusion. Tu ne crois pas Sa Grâce Augustus intéressé par vos manigances au point de s’y investir et d’y impliquer toutes ses gens… à moins que ce soit le fait de ton père et de la duchesse Ermengarde. Tu croises quelques gardes, qui te suivent du regard. Non. Tu imagines tout. Au premier escalier à franchir, enfin, tu aperçois ton ennemi du jour. Martial de Bellifère, si grand, si blond, si imposant, vêtu de son armure, l’arme à la main et le faciès quasi grimaçant de sérieux. Comique, tu esquisses une révérence. « Votre Grâce », dis-tu en retenant à peine ton rire.
La salutation ne t’est pas rendue.
Prudence, Castiel.
« C’est fort aimable à vous de m’indiquer le chemin à prendre jusqu’à la chambre de votre cousine, que tu continues, fanfaron. N’ayez crainte, Martial, je saurai prendre grand soin de Madeleine. Avec beaucoup de plaisir. » Ta voix chaude passe de la fanfaronnade à la caresse, comme pour évoquer tout ce soin que tu t’imagines déjà prodiguer à la charmante Belliférienne, au grand déplaisir de son cousin. Qui ne fait ni une, ni deux, et s’avance vers toi, arme levée, afin de te mettre en déroute.

Rapidement, tes doigts décrochent à ta ceinture une fiole, que tu écrases au sol. Aussitôt, un nuage de fumée grise t’enveloppe, te dérobant à la vue de Martial, que tu contournes rapidement, non pas pour rejoindre l’escalier qu’il gardait, mais plutôt un autre couloir. Tu entends l’homme toussoter et rugir, alors qu’il s’élance à ta suite. Tu es peut-être plus véloce, moins lourd que lui, mais tu es bien moins entraîné et tu sais que tu ne pourras pas tenir un rythme de course. Pas très longtemps. Tu dérapes sur les planchers du palais, tu te frappes contre les murs, et alors que les embranchements s’enchaînent, tu lances plusieurs fumigènes contre les murs, dissimulant au mieux possible le chemin réellement emprunté. Martial n’a pas que des yeux, il a des oreilles, mais tu veux autant que possible embrouiller ses sens. Un nuage de fumée grise se fait innocent, mais celui de fumée noire se fait poivré et déclenche chez le prince une crise d’éternuements. Tu te retiens difficilement de rire, ainsi que de toi-même éternuer. Tu grimpes quatre à quatre les escaliers jusqu’à l’étage de la chambre de la princesse et en haut de celui-ci, tu sors une bombe de ton attirail, rapidement allumée et laissée sur les dernières marches. Le son de la pierre qui explose, dans ton dos, est presque comme une musique. Cela ralentira certainement le prince, assez pour te permettre d’aller chercher ta fiancée. Tu repères sa porte et tu poses à peine la main sur la poignée que celle-ci s’ouvre sur la blonde, fin prête et habillée, un sourire nerveux sur les lèvres. Tu as rarement été si heureux de voir quelqu’un, par les dieux ! « Princesse », salues-tu à nouveau la gente demoiselle, prenant une de ses mains dans la tienne. Tu te penches vers elle et dépose un bien bref et léger baiser sur ses lèvres, taquin, avant de l’entraîner à ta suite, vers le chemin décidé pour votre sortie du palais. Tu l’entends te conseiller sur le chemin à prendre et puisque tu aimes cette initiative, tu décides de l’écouter. Elle n’irait tout de même pas te mener dans un g-

La surprise est totale lorsqu’un poing te cueille au ventre, à un tournant, et t’expédie au sol aussitôt. Tu ne peux compter que sur tes réflexes pour éviter que la lame d’une épée s’abatte sur toi et tu te relèves sans attendre, la lame au clair. Un cri de femme, surpris, a résonné dans vos oreilles. Celui de Madeleine. C’est le temps de te rendre utile. C’est ton mariage, Castiel, pas le mien. Crétin de Roi Noir ! Les yeux de Martial sont rougis par les fumées laissées derrière toi, ses dents serrées par la colère, au point que tu comprends à peine ce qu’il te siffle. Que tu n’enlèveras pas sa cousine. Qu’il refuse tout ceci, tout ce mariage, et qu’il t’en empêchera. « Je… je ne m’a, m’attendais pas à moins, réponds-tu, le souffle encore un peu court de la course et du coup de poing, mais ce n’est pas exactement ce qui est prévu. » Oh non. Tu tentes bien de te rappeler de toutes les notions d’épée apprises à Euphoria, mais rien ne semble te revenir. Tu as les mains moites, sur la garde de ton épée, et tu sais que lors d’un échange traditionnel d’hostilités, tu ne peux pas avoir le dessus sur Martial de Bellifère. Pas seul. Hypérion, je t’en prie. Guide mon bras. Tu l’as déjà demandé. Une fois, dix fois, cent fois, et cette fois encore. Une dernière fois, s’il le faut. Lorsque la lame de Martial descend vers toi, tu la pares in extremis, et c’est presque les yeux fermés, que tu te livres à l’exercice d’épée, mené par l’âme de l’Empereur d’Ibélène. Tu ne respires pratiquement pas, alors que tu réfléchis à toute allure à quoi faire pour te sortir de cette impasse. Tu ne pourras pas faire ça mille ans, surtout sans trop le blesser !
La solution vient de Madeleine. D’elle qui crie le nom de Martial, assez soudainement pour qu’il soit déconcentré quelques secondes et la dévisage. Quelques secondes, trois peut-être, suffisantes pour que tu repousses le guerrier et qu’à ses pieds, tu lances un duo de fiole. Une fumigène. Une explosive. L’explosion se solde par le bruit sourd d’un corps volant contre un mur, puis retombant sur le plancher avec un grognement de douleur.

Tu n’as pas le temps de vérifier que tu n’as pas estropié le futur mari de Séverine que Madeleine attrape ton bras et te tire plus loin dans le couloir, t’enjoignant à ne pas t’attarder plus longtemps. Tu ranges ton épée, maladroitement, et sur votre chemin, vous semez un passage de fumigènes et de bombes, ce jusqu’à la sortie du palais. À l’extérieur, le froid est mordant, mais heureusement, l’ambassade n’est pas éloignée des lieux et la belle est parfaitement vêtue pour affronter le vent et la légère neige, toujours accrochée à ta main. Vous courez maladroitement sur les pavés, glissez sur ceux recouverts de neige, et les bannières violettes fièrement levées de ton ambassade sont votre point de repère. Tu jurerais entendre Martial courir derrière vous, mais tu n’oses pas te retourner pour constater si tout ceci est une machination de ton esprit, ou la réalité. Vous devez me porter ! Les mots sonnent avec urgence à tes oreilles et la belle et toi vous arrêtez au coin d’une maison, afin que tu puisses la soulever et la prendre dans tes bras. Tu rigoles, tu glousses, et tu jurerais l’entendre rire de la même façon dans tes oreilles. Nervosité, amusement, panique, tout ceci à la fois, alors que princesse dans les bras, tu franchis les derniers mètres qui vous séparent de l’ambassade de Sombreciel.

Tu entres dans l’ambassade au même pas de course, protégeant la tête de Madeleine afin de ne pas la cogner contre la porte, ou un montant quelconque. Tu t’arrêtes seulement après avoir gravi les escaliers jusqu’à la chambre, dont la porte ouverte révèle un lit parfaitement fait. Sur les draps trône un bouquet de lys blancs, enrubanné d’un long ruban de velours rouge, et par la fenêtre légèrement entrouverte souffle le vent frais de Valkyrion. Enfin, tu respires. Tu déposes la princesse au sol, doucement, récupérant ton souffle. Tu sais que les gardes protégeront l’ambassade au péril de leur vie, si cela est nécessaire, mais… tu as réussi. Tu… tu as réussi. Tu souris, le visage dans tes mains. Lorsque tu te redresses, tu découvres Madeleine, debout à la fenêtre, illuminée par le soleil hivernal qui y filtre. Elle se retourne vers toi et t’adresses un sourire, cette fois timide, et d’une voix calme, te confie qu’elle ne te savait pas si doué avec une épée. Tu ris. « Un de mes talents cachés, que vous apprendrez à connaître, si vous le voulez bien. » Elle te rappelle, malicieuse, que tu l’as enlevé, après tout. « Ma foi, vous m’avez semblée plutôt empressée et consentante. Oserez-vous nier ? » Elle rit. Elle rit, Madeleine, un instant illuminée de soleil, et ébahi devant cette vision digne des déesses, tu te dis que oui… tu veux de cette femme, tu veux de cette vie.
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Message Sujet: Re: Tout est une question de marché   Tout est une question de marché EmptyMar 23 Mai 2017 - 7:30

Le 7 février 1002

Tu te réveilles.

Tu te réveilles et tu t’émerveilles de ce fait. Tu as donc dormi. Combien de temps ? Tes yeux s’entrouvrent et cherchent dans la pièce un signe du temps qui passe. Tu ne trouves qu’une des lunes, par la fenêtre. Une heure, peut-être deux, mais certainement pas plus. Ta tête posée sur la poitrine de ton épouse, bercé par son souffle paisible. Épuisé. Ton corps fourbu, douloureux. D’un mois de janvier terrible. D’une nervosité enfin relâchée. D’une nuit mouvementée. Tu laisses échapper un gémissement ténu au souvenir des heures qui ont précédées celle-ci, et tu te serres un peu plus contre la jeune femme. Sa peau nue, pulpeuse, contre la tienne. Les marques de tes mains sur ses bras, celles de tes dents sur sa gorge. Sur tes côtes et tes omoplates, celles de ses ongles.

Pour chaque heure de la nuit à venir, tu l’as fait jouir. Tu l’as faite tienne, toute entière. Tu as voulu qu’elle murmure, chante, crie et supplie ton nom, qu’on l’entende dans tout Ibélène, qu’on sache que de la princesse de la Guerre, tu as fait la duchesse de Sombreciel.

La lueur de la lune te permet de détailler le visage endormi de Madeleine, entouré du halo blond de ses cheveux. La ligne de sa mâchoire jusqu’à son menton pointu, ses pommettes hautes et découpées, ses lèvres pleines. Sur son front et ses joues, le fantôme de taches de rousseur qui doivent se raviver en été et parsemer tout son corps pâle et plein, jusque sur les rondeurs de sa poitrine. Tu la vois déjà vieillir à tes côtés, acquérir cette beauté sévère et grave, si noble, des Bellifériennes. Tu l’imagines, bien avant cela, voilée à la cielsombroise, garder ses boucles d’or pour tes seuls yeux, tes seuls doigts. Se vêtir d’autre chose que ses austères robes bellifériennes, tournoyer dans les voiles et les dentelles aux couleurs du ciel et des étoiles, et tu te retrouves ému de cette vie qui se profile devant vous deux. Tu as hâte de la connaître. Hâte de l’aimer.

Tu penses à ton père.
Tu penses à ta mère.

Tu penses au brasier de leurs corps, unis dans l’éternité. Ils se sont consumés l’un et l’autre bien avant de mourir. Jamais ils ne connaîtront la vieillesse, ni la sagesse. Jamais ils ne pourront apprendre de leurs erreurs. Jamais ils ne pourront se relever. Tu as pitié d’Eudes et d’Hélène, autant que tu as peur d’eux. Peur de devenir comme eux, même si à chaque pas, tu t’éloignes de leur chemin.
Tu penses à ton père, auquel tu ressembles tant et trop. Tu te rappelles à peine de son visage, mais les portraits du palais ne trompent pas. Les différences sont mineures, entre vous, comme des erreurs volontairement faites par un peintre malicieux. Ces mêmes grandes mains d’artiste, cette haute taille élancée, ce sourire dévorant.
Tu penses à ta mère, à laquelle tu ne veux pas ressembler. Ses yeux noirs qui sont les tiens, dans lesquels se meut un fauve.
Tu penses au feu, qui brûle littéralement en toi, et que tu sais hérité autant des dunes d’Erebor que des nuits de Sombreciel.
Tu penses à Alméïde. Ton amour, ton sanctuaire, qui a presque été ta perdition. Celle de tout un empire. Tu penses à ce qui a bien failli te consumer, toi aussi, et qui pourtant est devenu le brasier porteur de vos espoirs, de vos folies, et qui dans quelques mois culminera dans cette union rêvée. Pas à l’identique de tout ce que tu avais fantasmé, mais tu n’es pas moins heureux, et face à la tournure des événements, tu es même serein.

Tu te rendors, alors que derrière tes paupières, danse la princesse du Sable et du Roc.

♦♦♦♦♦

Tu t’es réveillé une nouvelle fois, cette fois à une heure bien raisonnable. Ces quelques heures de sommeil te font l’effet de jours entiers de repos et la bonne humeur semble émaner de toi comme les rayons d’un soleil. Tu as ri de l’amusante pudeur de Madeleine, alors qu’elle remontait les draps sur elle pour cacher ce corps nu dont tu t’es fait un plaisir de jouer. Quelques pâtisseries vous ont été acheminées par le biais d’un domestique, que vous avez grignoté au lit entre deux baisers timides, dans l’espoir d’étirer encore un peu ces moments où les responsabilités ne reviendraient pas. Pourtant, il a bien fallu se lever, s’habiller, et lorsque tu reviens dans la chambre un peu plus rafraîchi et vêtu… c’est pour y trouver ton épouse, à quatre pattes sur le lit, vêtue uniquement de ses jupons et de son corset, marmonnant pour elle-même.

La vue t’enchante, certes, mais n’en est pas moins surprenante. « Vous… Te manque-t-il quelque chose, Madeleine ? », te reprends-tu, peu habitué à tutoyer la dame. Celle-ci, rougissante, se relève et se retourne vers toi, laissant tomber les draps qu’elle a vivement arrachés du lit, en recherche d’un élément encore inconnu de ta personne. Élément qu’elle te révèle ensuite à demi-mot, sans oser te regarder, les yeux obstinément fixés sur ses pieds encore nus. Le sang de celle qui a perdu sa virginité. Elle te le jure, elle était vierge, mais il n’y a pas de sang, sur les draps. « Pourquoi y aurait-il du sang ? », t’étonnes-tu. Tu sais que certaines dames peuvent saigner, mais ce n’est en rien une absolue vérité et mille raisons peuvent justifier que les premiers actes amoureux ne soient pas assortis de quelconques saignements, ou de douleur. Il n’y a aucune nécessité de barbarie ! Ta question naïve fait rougir de plus belle la jeune femme, qui chuchote alors qu’elle t’explique qu’en Bellifère, le drap taché de sang doit être brandi à la fenêtre afin de prouver la consommation de l’union et la virginité de l’épouse.
Choqué, tu restes coi pendant de longues secondes, avant de répondre, la tempête dans ta voix rauque : « Il est hors de question que mon épouse, que ma duchesse, se plie à cette humiliation barbare ! » Enlever son épouse, très bien, mais cela ? Grands dieux, c’est ridicule ! Les coutumes sont les coutumes, pourtant, et tu vois bien au cramoisi des joues de ton épouse que celle-ci accorde une bien grande importance à tout cela. Cela dit, tu ne peux pas lui inventer du sang.

Ou, si, tu peux.

Subitement, tu te retournes vers ce qui a été abandonné dans la chambre, tout ce qui te reste de ton enlèvement. « Je ne remets absolument pas en cause ta virginité, Madeleine, bien que cela m’importe bien peu, lui glisses-tu par-dessus ton épaule. Je refuse que l’on remette en cause notre mariage, de par cette coutume révoltante, et plus encore, que l’on te couvre de honte, alors que rien ne le demande. » Laissée sur le dessus d’un meuble, tu reprends l’épée qui a battu ton côté, la veille, sa lame intacte, remise dans son fourreau sans même qu’elle ait blessé. La cicatrice qui traverse ta paume gauche semble sourire, alors qu’une nouvelle fois, tu l’entailles, jusqu’à ce que le sang coule et que tu puisses l’étaler sur le drap. La blessure pulse, chauffe, le sang glisse le long de tes doigts. Contre ton dos, la Belliférienne se colle, et murmure un remerciement. Tu t’es vu vieillir avec elle.

Tu t’es vu être digne d’elle.
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