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 Où commence le mystère, finit la justice

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Le Pavillon Noir
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Louis de Brunante
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Message Sujet: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyJeu 10 Aoû 2017 - 18:38


Livre II, Chapitre 5 • La Mort dans les Veines
Liam d'Outrevent & Louis de Brunante

Où commence le mystère, finit la justice

Ou quand tout vient à point à qui sait attendre



• Date : Le 16 juillet 1002.
• Météo (optionnel) : Fraîche et brumeuse, avec le vent qui siffle aux meurtrières.
• Statut du RP : Je dirais bien privé, mais possible qu'il y ait des guest star :miguel:
• Résumé : Justice a été réclamée, justice sera être faite. Louis s'est rendu, afin d'être jugé pour le meurtre de la princesse Lisbeth, qu'importe l'innocence qu'il prétend être sienne. Que Levor veille sur eux.
• Recensement :
Code:
• [b]16 juillet 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t2516-ou-commence-le-mystere-finit-la-justice]Où commence le mystère, finit la justice[/url] - [i]Liam d'Outrevent & Louis de Brunante[/i]
Justice a été réclamée, justice sera être faite. Louis s'est rendu, afin d'être jugé pour le meurtre de la princesse Lisbeth, qu'importe l'innocence qu'il prétend être sienne. Que Levor veille sur eux.

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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyVen 11 Aoû 2017 - 0:21

Le 6 juillet 1002

Pour une fois, Louis a accepté de dépenser de ses fleurons. Il n’a pas hésité à mettre le prix pour son portaillage, surtout, afin que le mage ne le fasse pas apparaître au coeur de l’antenne de la Guilde à Port-Liberté. Afin d’étirer juste un peu son temps avant d’être arrêté. L’air salin de la ville maritime l’apaise. Cela fait une heure qu’il regarde les lunes, assis sur l’un des quais, le nez au vent. Il ne sait pas quand il reverra la mer. Ni s’il la reverra un jour, tout simplement.

Un bruit de bottes derrière lui attire son attention et lorsqu’il jette un coup d’oeil par-dessus son épaule, il avise l’homme qu’il attendait. « Hé, Rackham », qu’il souffle en se levant, puis saluant le Chevaucheur d’un geste grandiloquent des bras, dans une révérence exagérée. Ils se sont vus il y a bien peu, en vérité, alors que l’homme célébrait son mariage à même le pont de l’Audacia, les pouvoirs de capitaine de Philippe le rendant apte à donner corps et légitimité à cette union à l’ansemarienne. Ils ont festoyé, tous ensembles, et bien vrai qu’il a été heureux pour lui. Mais s’il est là, c’est bien plus de par la dette qu’il a envers l’Îlien. Ce n’est pas à lui de décider comment celle-ci sera remboursée, mais il espère qu’il saura apprécier le geste. « Ou j’dois t’app’ler sire, maint’nant ? », qu’il ajoute, goguenard.
Il a fait passer le message du lieu de rendez-vous par Viana, sachant bien qu’il ne pouvait quand même pas aller à la Guilde des Mages demander une petite conversation à teneur d’arrestation avec le capitaine d’Ansemer, ou envoyer une lettre à ce même illettré de capitaine, qui n’y comprendrait que dalle. Il a bien pensé lui faire un dessin, aussi, mais vu ses talents, il a préféré s’abstenir.

Il est prêt.
Il croit.
Ses vêtements sont propres, les plus décents qu’il possède, ceux qui hurlent le moins à la piraterie. Il s’est rasé, sans savoir combien de temps il devra attendre avant d’être jugé. A coupé ses boucles roussies par le soleil, donnant à son visage un air plus digne. Il a embrassé Ariane, joué avec ses nièces et ses neveux, promis à Ilse de revenir. À l’équipage de l’Audacia, parti il y a trois jours, il leur a aussi promis de revenir. Il sera du prochain départ, juré.
Des promesses et des baisers comme des talismans.

Les mains levées, le pirate se rapproche de son ennemi. Sans même son sabre, pour se défendre. « Fais-toi pas trop plaisir. » Et sans prévenir, il s’élance et frappe Rackham au visage, d’un coup de poing bien placé.

Il faut bien que cette arrestation soit crédible, non ?

***

Le 16 juillet 1002

Le matin du neuvième jour à attendre, il s’est endormi aux lueurs du jour, recroquevillé sur sa couchette. Espérant que peut-être enfin, ce serait aujourd’hui, et qu’on ne le ferait pas moisir des mois durant dans les geôles du palais d’Outrevent.
Ça faisait partie de l’entente, après tout.
Ça n’était pas encore la guerre, cela dit.
Il ne fait pas confiance à Liam, surtout.

Il est réveillé par une chute d’eau glaciale s’écrasant sur sa tête, le trempant aussitôt jusqu’aux os, vêtements inclus. Comme s’il ne faisait pas assez froid dans ces cachots humides ! L’Ansemarien crache et grogne et ouvre les yeux sur un garde, qui tient encore entre ses mains un seau d’eau, et dont le visage arbore une moue satisfaite, sous sa moustache. « Debout. C’est aujourd’hui. T’as d’la visite. » Enfin. La porte de la cellule s’ouvre sur Laurent, attend que le garde défasse Louis de ses fers pour entrer.

Il a fière allure, son frère, vêtu des couleurs d’Ansemer et de l’insigne de Brunante, affichant son titre de marquis avec fierté, qu’importe qu’il vienne assister au procès de son propre frère. Il se retient bien mal de lui faire une accolade, ne voulant pas tremper ses beaux habits, ni les salir, et ils se contentent donc d’une poignée de main. « Comment tu vas ? » Louis hausse une épaule, sans répondre. Il a passé plusieurs jours aux fers, donc mal, mais il sait que ça aurait pu être pire. Il sait que dans un duché moins scrupuleux, il aurait pu être battu comme plâtre par les gardes, et n’être même pas en état de recevoir ce jugement. Là, il a un peu froid, et n’a pas mangé assez, il en est certain, mais il est vivant. En un morceau. Bien portant. L’oeil au beurre noir que lui a retourné Rackham est encore présent, halo verdâtre autour de son oeil gauche. « J’ai réussi à te trouver un avocat. Impossible d’en avoir un cielsombrois, avec la guerre, mais un ansemarien sera bien assez. Enfin, au prix que je le paie, il sera plus qu’assez, renifle le jeune homme avec dédain. Il a réussi à t’autoriser à te laver, avant le procès, mais pas à ce que tu te changes. Louis relève la tête, un instant interloqué, et ouvre les bras, désignant ses vêtements trempés, qui n’auront certainement pas entièrement séché d’ici à ce qu’il soit dans la salle de tribunal. C’était ça, mon autorisation de m’laver ? Je crois que oui. Un petit gloussement de dépit. Et on dit qu’les Outreventois savent pas jouer sur les mots… » Leur mauvaise foi les emmènera loin, ces damnés personnages. Il se masse les poignets et les épaules, du bout des doigts, guettant le garde d’un oeil mauvais. Il sait qu’il reprendra ses fers, dès qu’il sera hors de la cellule, et qu’il les portera jusqu’à son arrivée dans la salle de justice. Pour le crime qu’on lui prête, il sera jugé au palais ducal. Devant jury et devant public, car tous pourront y assister.

La nervosité commence à lui tordre le ventre, doucement. Laurent prend son visage entre ses mains, le forçant à le regarder dans les yeux. « Dis-moi que tu n’as pas tué Lisbeth. Tu ne me crois pas ?!, s’outre le pirate, générant un soupir exaspéré chez son frère. Oui, je te crois. Juste, dis-le-moi. Oh. Je n’ai pas tué Lisbeth. Encore. Je n’ai pas tué Lisbeth. Je te jure, Laurent, je ne l’ai pas tué. » Il veut être convaincant. Il doit l’être. Divinateurs et diseurs de vérité seront présents, mais il sait que ceux-ci se fieront à ses émotions. Que les jurés peuvent être émus, ou au contraire, en colère, contre un accusé. Son frère hoche la tête. « On va réussir. » Par Levor. Il le souhaite de tout coeur.


Dernière édition par Louis de Brunante le Jeu 7 Sep 2017 - 12:03, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyDim 3 Sep 2017 - 20:20

Louis est vraiment venu.

Je ne le pensais même pas capable de respecter sa parole, même si mon opinion a quelque peu… Changée, à le voir en présence de son fils. Il tient vraiment à Aymeric, même s’il est aussi le fils de Lisbeth, et qu’il tient pour beaucoup de sa mère. Lui qui pourtant passe le plus clair de son temps en mer, à piller les côtes, plutôt que de s’occuper de son enfant, si bien qu’il a fini par échapper à sa garde… C’est plutôt étrange de constater la complicité qui peut les lier. Je ne pense pas qu’elle ressortira indemne de ce procès, néanmoins, ni celle que je maintiens avec Aymeric.

Je l’ai croisé, à se questionner dans les couloirs sur toute cette agitation, alors que le procès se mettait doucement en place pour accueillir l’accusé. Il a attrapé ma manche pour me stopper, quand il m’a surpris prêt à m’engouffrer dans la salle à mon tour. « Qu’est-ce qui se passe, oncle Liam ? » J’ai posé un genou en terre pour me porter à sa hauteur, une main posée sur sa tête. Un soupir a passé mes lèvres. Non. Je ne lui parlerais pas comme à un enfant incapable de comprendre. Je ne lui mentirais pas non plus. « Ton père s’est remis à la Justice. Son procès est pour aujourd’hui, Aymeric, pour… Connaître sa responsabilité, dans le meurtre de ta mère. » Je le vois me dévisager en retour, et un instant, je retrouve en lui bien plus de Lisbeth qu’il m’est supportable de le voir. Quand nous avons appris qu’il s’était rendu, en Ansemer, les images de ma sœur mutilée, désarticulée, me sont revenus en tête avec tellement de force que mes nuits n’ont guère été reposantes. Je veux qu’il paie, pour tout ce qui lui a fait subir. Je veux qu’il paie, pour m’avoir retiré une sœur, pour avoir retiré une mère à Aymeric.

« Je veux venir. »

Il interrompt violemment le cours de mes pensées, et l’entendre le dire avec tant d’aplomb… Je me relève, sa main minuscule dans la mienne. « C’est d’accord, Aymeric. Il ne faudra pas que tu perturbes le déroulement du procès, entendu ? » Il hoche la tête vigoureusement en réponse. Je sais qu’il se tiendra tranquille. On dirait qu’il comprend bien la gravité de la situation. Et, quelque part, peut-être que j’espérais qu’il prononce ses mots. La vérité est parfois difficile à affronter, mais pas moins nécessaire, même pour lui.

Alors nous avançons, main dans la main, dans la salle du trône. Je m’arrête à hauteur de Lionel pour lui glisser quelques mots. « Garde un œil sur lui, s’il te plaît. » Et laisser le soin à Aymeric de s’installer à côté de lui. Les conversations vont bon train, mais elles diminuent toutes sur mon passage pour ne se résumer qu’à un simple murmure. Je vois bien ces regards qui me suivent, jusqu’à ce que je prenne la place centrale.

Je reste là, le poing contre ma mâchoire, à attendre que les derniers s’installent. J’ai l’impression qu’il y a bien plus de monde qu’il ne le faudrait, et des figures d’importance qui plus est. Comme si nous avions besoin d’un tel public… Je pousse un profond soupir, avant de lâcher quand le silence se fait : « Qu’on fasse entrer l’accusé. » Il est bousculé en avant, Louis, dans des habits détrempés, certainement les plus beaux qu’il ait trouvés initialement. A sa simple vue, la colère me saisit aux tripes. J’ai eu l’occasion de le frapper, encore et encore, jusqu’à ce que Lionel soit obligé de nous séparer, et pourtant… Ca n’a en rien diminué la rancœur que j’éprouve pour lui.

Je veux qu’il meure.
Exprimer cette pensée suffit à me reprendre.

Je serre le poing, à m’en blanchir les phalanges, et me redresse. On le jette devant moi, le force à s’agenouiller. Je lui fais signe de se relever, sans savoir s’il attendra mon bon vouloir. Son frère est à ses côtés, à le soutenir. J’ai déjà la conviction qui le défendra, malgré sa fuite, même si Louis a aussi renié sa famille en s’adonnant à la piraterie. Ils sont quelques uns, dans cette salle, ceux qui les voient comme une victime. Ils n’ont pas vu ce qui restait de Lisbeth.

« Louis de Brunante. » Ma voix est claire et forte, ce n’est pas le moment de s’adonner à la rage. « Vous êtes accusé de coups et blessures, de torture, du viol et du meurtre de votre femme, la Princesse Lisbeth d’Outrevent. Qu’avez-vous à répondre à cela ? »
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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyJeu 7 Sep 2017 - 12:04

Il est escorté hors des cachots par le garde et son frère, jusqu’au devant de la salle d’audience. Là les y attend un homme aux longs cheveux auburn, noués en catogan, qui s’avance vers eux dès qu’ils apparaissent en haut des escaliers. « Je te présente Maître Aiglefin. Ton avocat, précise Laurent, alors que les deux Ansemariens s’échangent une poignée de main robuste. L’homme lui apparaît sympathique, malgré le sourire de serpent qu’il arbore. « Enchanté, sire Louis. Ce procès ira très bien, je vous promets – j’ai soigneusement inspecté les preuves, et la couronne n’a rien, on vous sortira d’ici en un rien de temps, et comme un homme libre. Encore heureux. » Il n’espère rien de moins.

On lui remet ses fers, et Laurent repousse légèrement ses cheveux mouillés de son front, avant que les portes s’ouvrent depuis l’intérieur. Le garde le pousse vers l’avant et il réussit à ne pas trébucher. Il lève plutôt le menton, arrogant jusqu’au trognon, sans se soucier des regards sombres qui accompagnent son chemin. Il se doute bien de ce qu’on dit de lui, mais il n’en a rien à faire – rien de tout cela n’est vrai. Il sera innocenté, car il n’a pas tué Lisbeth. Chaque paire d’yeux est ignorée avec superbe… sauf une. Sauf une, si bleue, tout au-dessus d’un sourire ravi, de taches de rousseur et d’une frimousse malicieuse qu’il aime plus que tout au monde.

Il a amené Aymeric.
Mais quel imbécile.

Le bambin se lève sur son siège afin de le saluer de la main, et un « Papa ! » joyeux brise le silence des lieux. Louis lui retourne le coucou, mais il serre les dents. Il est hors de question que tout ceci se déroule devant les yeux de son fils. Il n’a rien à voir dans cette histoire. Il a six ans. Le pirate jette un coup d’œil entendu à Laurent, qui comprend immédiatement où il veut en venir. Leur avocat saura régler cela, n’est-ce pas ?

On lui refuse de rester avec son frère et son avocat, le jette plutôt à genou devant le duc. La position lui fait serrer les dents et il lui faut se retenir, pour ne pas cracher sur les bottes de Liam. Quasiment comme lors de leur dernière rencontre, où il lui a bien agréablement refait le portrait. « Louis de Brunante. Son regard vert, mauvais, se relève sur son beau-frère. Vous êtes accusé de coups et blessures, de torture, du viol et du meurtre de votre femme, la Princesse Lisbeth d’Outrevent. Qu’avez-vous à répondre à cela ? » À chaque mot prononcé par le duc, les yeux de Louis s’écarquillent, ébahis. Et furieux. Il va le tuer. Il va lui sauter à la gorge et l’étrangler à mains nues. Laurent doit lire dans son esprit, car dès le moment où il bouge, son frère se jette à son côté et plaque ses deux mains sur ses épaules et le force à rester sur ses genoux. À ne pas se jeter sur son beau-frère afin de lui arracher la langue et les yeux, avec ses dents s’il le faut, si on l’empêche d’utiliser ses doigts. « Ferme ta gueule », qu’il lui siffle à l’oreille, et c’est bien difficilement qu’il se plie à l’ordre de son cadet, sans pourtant quitter Liam des yeux. C’est plutôt Maître Aiglefin qui se lève de son siège et s’incline devant le juge, qui préside l’assemblée du haut de son siège. « Votre Honneur… Si je ne m’abuse, il a été convenu avec la défense de la couronne outreventoise que ce procès devait uniquement se tenir sur l’accusation de meurtre sur la personne de la princesse Lisbeth, et uniquement sur ce point. Y aurait-il eu modification imprévue ? Si oui, il faudra ajourner ce procès, afin que nous puissions mettre nos documents en ordre. » Sa voix glisse, sirupeuse, à l’image du serpent que lui a bien justement évoqué son sourire, et Louis est heureux que l’avocat soit de son côté. Il ne sait pas quel imbécile zélé la couronne outreventoise a recruté, mais ce n’est certainement pas un maître du marchandage comme un Ansemarien peut l’être.
« Tu as promis », qu’il murmure, la tête à la hauteur des genoux de Liam. Il a promis à Ilse, en décembre. Outrepasser ses mots, c’est se trahir. Il n’oserait pas, ce fameux champion de l’Honneur, tout de même… ça, ou il lui fait une fleur. Celle de pour une fois montrer son vrai visage, hypocrite et laid.

L’avocat dans son dos ajoute une nouvelle chose, après que Laurent ait quitté ses côtés pour lui suggérer quelque chose à voix basse : « Également, le père du jeune prince Aymeric, ici présent devant vous, ainsi que son parrain et tuteur légal, le marquis Laurent de Brunante, demandent à ce qu’il soit escorté hors de la salle d’audience. Avec tout mon respect, ce n’est pas un spectacle pour un enfant de cet âge, Votre Honneur. » Il n’y a bien que cet imbécile de Liam pour penser que ce serait une bonne idée de faire venir un fils au procès de son père.

Il n’est pas trop tard pour rajouter coups et blessures envers le duc Liam d’Outrevent à la liste de ses chefs d’accusation.
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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyJeu 19 Oct 2017 - 20:06

Sa colère est égale à la mienne, seulement moins froide. Je la lis sans mal, qui couve au fond de son regard. Il a tout juste assez de retenue pour que nous n’en finissions pas à nouveau aux mains. Il n’apprécie certainement pas de voir son fils dans les rangs, mais Aymeric est assez grand pour faire ses propres choix. Il est ici, de sa propre volonté. Il aura besoin d’entendre ce que nous avons à dire… Et il n’a rien à craindre, s’il est bien innocent comme il veut le faire croire, non ?

Je croise son regard, mauvais. C’est bientôt la surprise qui se révèle derrière l’agressivité. Je le vois prêt à me sauter dessus, mais son frère le stoppe avant que les gardes ne le fassent à sa place. Dommage. L’occasion aurait été presque trop belle. Je me baisse vers lui, les coudes contre les genoux, mains croisées à le détailler avec un calme seulement feint. « Devons-nous rajouter aux chefs d’accusation… Tentative d’agression envers un duc ? »

Je me retiens de soupirer, quand c’est le bureaucrate qui prend la parole à sa place. Je reporte mon attention sur lui. Il me faut faire preuve de patience et de retenue, deux qualités qui ont tendance à me manquer en présence du meurtrier de Lisbeth. « Pour juger une affaire, il faut l’apprécier dans son ensemble… Ce qui implique tout ce qui a pu mener à la mort tragique de la Princesse Lisbeth d’Outrevent. Rien ne nous dit que l’accusé n’a pas engagé la Confrérie Noire pour accomplir sa basse besogne. » Louis est beaucoup trop sûr de lui, sûr de pouvoir venir en plein tribunal et d’en ressortir indemne, avec son fils à ses côtés. Je ne suis pas dupe. Cette arrogance n’est due qu’au fait qu’il a laissé d’autres se charger d’accomplir la sentence avant de fuir ses responsabilités. « Le procès ne sera pas ajourné, Maître. Inutile de chercher à jouer sur les mots… Louis de Brunante savait très bien pour quels motifs serait-il jugé, et pour lesquels il ne le serait pas. Il ne sera, comme convenu, pas jugé pour ses actes de piraterie proférés envers mon Duché ou même le vôtre. » Si ça n’avait pas encore fait le tour, maintenant, c’était le cas. On verra combien de temps ce bureaucrate-là serait encore de son côté, à voir comment sa réputation pourrait en prendre un coup à le défendre. Tout ce qui se jouait ici n’était que manœuvres politiques, et toutes ces machinations ne suffiraient pas à mettre à mal ma quête de vérité. Je voulais tenir le meurtrier de Lisbeth, quoi qu’il me coûte, et personne ne se mettrait sur mon chemin.

Une lueur flamboie dans mon regard, à ce simple murmure. Je lâche entre mes dents : « Et j’ai tenu mes promesses. » A quoi s’attendait-il ? Que je lui fasse des fleurs ? Nous n’étions pas en Lagrance. On ne plaisantait pas avec la Justice, encore moins quand cela concernait directement ma sœur. Je ne lui laisserais pas d’échappatoires. Et, bien sûr, cet avocat ne manquait pas une occasion de m’agacer. Je lance un regard équivoque à Aymeric. « Il a fait le choix de venir à ce tribunal. S’il désire partir, ce sera de sa propre volonté. Je ne force personne à rester ou à partir. » Je ne l’ai même pas incité à venir. Ils l’infantilisent tellement. Il est en âge de comprendre bien des choses… Et lui aussi a besoin de savoir, mais soit. Ce n’est pas sur ce terrain que je me battrais. Aymeric a toujours fait ce qu’il voulait.

« Pouvons-nous reprendre ? » Je me renfonce dans mon siège. Les gardes viennent chercher Louis, pour le relever et le faire reculer. Sage décision. Il était un peu trop proche pour notre sécurité à tous les deux. Les portes sont closes, par d’autres gardes, et le silence se fait presque religieux l’espace de quelques secondes… Le temps que les diseurs de vérité prennent place, debout sur le côté, et que l’avocat Kevan s’avance. Il présente bien mieux que le leur, dans une tenue irréprochable, droit comme un i. Il prend la parole d’une voix claire : « Les preuves de l’assassinat de la Princesse Lisbeth d’Outrevent sont accablantes. Le corps retrouvé montre de nombreux coups de poignard, perpétrés pour torturer la victime jusqu’à ce qu’elle trouve la mort. En de telles circonstances, il est impossible de douter du fait que ce soit un meurtre prémédité. » Une expression douloureuse passe sur mes traits. Je fais signe à l’avocat de poursuivre, sans prendre la peine de s’en soucier. « Le même poignard a été retrouvé dans les affaires de Louis de Brunante, et de nombreux témoignages du personnel tendent à prouver que de nombreuses querelles déchiraient le jeune couple auparavant, parfois très violentes. Plusieurs personnes ont mentionné que Louis de Brunante aurait levé la main sur sa femme, à de nombreuses reprises, et qu’il aurait même tenté de l’étrangler. Certains faits tendent à prouver que l’enfant qu’ils ont eu n’a pas été librement consenti. En recoupant tous ces témoignages, tout désigne Louis de Brunante comme coupable du meurtre de la Princesse Lisbeth d’Outrevent. »
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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyMar 24 Oct 2017 - 5:48

« Devons-nous rajouter aux chefs d’accusation… Tentative d’agression envers un duc ? M’en donne pas envie. »
À mains nues !
Il se le jure, c’est à mains nues, qu’il tuera Liam d’Outrevent. Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera un autre jour, mais ça arrivera, et les dieux le veillent, car il a rarement été aussi convaincu dans une décision. Les images (délicieuses) se matérialisent dans son esprit et c’est toute sa volonté qu’il lui faut pour ne pas se lever et lui mettre un bon coup de tête afin de débute les hostilités. Serait-ce que parce qu’il n’a pas envie de satisfaire Liam en étant le premier à frapper.

Les oreilles de tous sont grandes ouvertes pour accueillir la justification du duc d’Outrevent, qui se fait avocat de Syned, bien plus que de Levor, en parlant d’apprécier l’affaire dans son ensemble, en remontant tout ce qui aurait pu mener à la mort de Lisbeth. Jusqu’à insinuer qu’il aurait pu faire appel à la Confrérie Noire ! Louis jette un coup d’œil en biais à Laurent ; s’il a besoin des chiffres des coffres de Brunante, il pourra uniquement se fier à son frère. Le meurtre d’une princesse doit se payer rubis pour l’ongle et une telle trace aurait été visible, si ça avait bien été lui le responsable. « […] Louis de Brunante savait très bien pour quels motifs serait-il jugé, et pour lesquels il ne le serait pas. Il ne sera, comme convenu, pas jugé pour ses actes de piraterie proférés envers mon Duché ou même le vôtre. Que les mots de Sa Grâce Liam ne soient pas retenus au procès verbal, intervient aussitôt l’Ansemarien, levant le ton brusquement afin de couvrir les chuchotements nés suite à la dernière phrase de Liam. Louis, quant à lui, envisage de plus en plus le coup de tête dans le ventre de son beau-frère. Ceux à propos de la soi-disant piraterie, dont il n’a absolument jamais été question. Qu’il soit également fait mention que si, et uniquement si, les actes de violence mentionnés par Sa Grâce Liam ont bel et bien mené à une escalade culminant en l’accusation unique et principale de ce procès, soit de meurtre envers la princesse Lisbeth, ceux-ci seront pris en compte. » Patte blanche, pour maître Aiglefin. Louis n’est pas coupable.

Et quant à Aymeric… le duc, égal à lui-même, est d’une connerie sans fin, preuve qu’il existe une chose encore plus grande que le ciel et l’océan réunis. « Il a fait le choix de venir à ce tribunal. S’il désire partir, ce sera de sa propre volonté. Je ne force personne à rester ou à partir. » Se rend-il compte que c’est un enfant de six ans ? Ou s’imagine-t-il qu’au même âge lui, le grand Liam d’Outrevent, aurait parfaitement pu assister au procès pour meurtre de son propre père ? Rien d’impossible : c’est que cet imbécile se tient en très haute estime. Mais Aymeric est un enfant, aussi orphelin de mère que lui l’était, au même âge. Laurent se retourne vers l’avocat, afin de lui glisser ses impressions à l’oreille pour qu’il les transmette aux gens assemblées. Ce qu’il fait sans attendre : « Selon nos lois et plus anciennes coutumes, les enfants sont protégés par leurs parents et tuteurs. Ceux-ci ont l’obligation de faire les choix les plus appropriés, pour eux, jusqu’à ce que les enfants soient en âge de prendre des décisions éclairées et non dangereuses pour leur santé physique et psychique. Le prince Aymeric n’a point atteint l’âge de raison et ne peut donc pas soustraire à aux conditions nécessaires pour prendre une telle décision par lui-même. Nous demandons donc, sous recommandation de son père et de son tuteur légal, que celui-ci soit escorté hors de la salle. » L’ordre ducal n’est après tout pas venu. Liam a mentionné ne forcer personne, mais ce n’est pas le cas de Louis. Pas le cas de ce père qui fait tout cela justement pour cet enfant. Enfant qui s’est levé sur son siège, intrigué à la mention de son nom, et qui déjà commence à se débattre et s’accrocher à Lionel, quand deux gardes se détachent de la sécurité afin de venir le chercher. « Mais oncle Liam a dit ouiiiiii », se plaint l’enfant, mais ses chouinades, bientôt cris, bientôt pleurs, ne sont pas écoutés, et les gardes détachés le ramènent bien vite à des quartiers plus convenables pour un enfant. Louis est aussitôt plus détendu.

Les portes se ferment cette fois pour de bon et tous prennent place, en attente du premier plaidoyer de chaque avocat. C’est maître Kevan (un Outreventois qui semble être du plus grand des ennuis) qui ouvre le bal, comme il convient, et le pirate – enfin assis au banc des accusés, entre son frère et son propre avocat – ne peut que porter une oreille attentive à ce qui est dit. Il n’a jamais assisté à un procès et jamais il ne pensait que sa première occasion serait le sien. Il garde visage aussi impassible que possible, alors que l’Outreventois rappelle ce pourquoi il est accusé, fait mention de cette escalade de violence dont il sait déjà qu’il ne pourra pas entièrement se dédouaner. Une fois sa prise de parole terminée, c’est à maître Aiglefin de s’avancer. La voix subitement bien plus chaude, puissante, vibrant d’une sincérité qui laisse son client pantois – on ne lui a pas pris n’importe quel serpent : « Louis de Brunante a été trahi. Par ceux qui l’ont fiancé sans lui dire, par ceux qui l’ont marié sur le pont même de ce bateau qu’on l’a forcé à quitter, par ceux qui l’ont privé de la mer, par ceux qui ont usé de son histoire afin de mettre sur sa tête, sous sa responsabilité, des actes horribles. La mort de la princesse Lisbeth est un terrible drame, survenu au même moment que des heures bien sombres en Faërie, mais Louis de Brunante n’en est pas le responsable. La relation entretenue entre les deux époux n’était pas idéale, ni facile, mais celle-ci ne fait pas d’un honnête homme un meurtrier. » Bref. Concis. Parfait.

La parole est à la Couronne.
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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyMer 25 Oct 2017 - 9:05

« Faites attention, de Brunante. Cette provocation serait suffisante, et risque fortement d’être retenue. » Je lui darde un regard appuyé, soutenu, alors qu’on l’éloigne de moi. Il a toujours été incapable de se taire, de rentrer dans le rang. C’est précisément ce qui risque de lui porter préjudice, et de lui attirer les défaveurs d’un jury qui a déjà des faits accablants pour statuer. Des faits aussitôt rappelés, et l’empressement de l’avocat à répondre à ces chefs d’accusation…  « De quoi avez-vous peur ? Que la vérité éclate au grand jour sur ses nouvelles activités qui font de lui l’accusé parfait et non la victime en fuite que vous cherchiez à dépeindre ? » Je me redresse, et ma voix se fait basse et grondante, à la suite de ses revendications. « Vous outrepassez largement vos droits, avocat. Pensez-vous pouvoir dicter vos propres conditions à notre duché, à notre justice ? Ma parole fait Loi en ces lieux. Louis de Brunante sera jugé pour l’ensemble des chefs d’accusation cités précédemment, et non ceux que vous voulez définir. Je ne vous reprendrais pas deux fois à me défier. La prochaine, et il se défendra seul, sans votre aide. N’abusez pas de ma patience. »

Pour qui se prenait-il ? Se pensait-il au-dessus d’un duc, à pouvoir définir lui-même les termes de ce tribunal ? Louis s’était rendu à la Justice d’Outrevent. S’il pensait un seul instant pouvoir réchapper à ses crimes… Il se trompait lourdement. Nous n’étions pas en pleine négociation sur un de leur marché de poissons. Il serait pour le moins déplaisant d’emmener au cachot un avocat pour obstruction à la Justice, dans une affaire si importante… Mais sa mauvaise foi allait finir par l’y conduire malgré lui.

Je laisse le choix à Aymeric, qui proteste évidemment, et désire rester pour connaître l’issue de ce tribunal. Il est presque traîné de force à l’extérieur. Je secoue négativement la tête. Ils le prennent pour un enfant, incapable de comprendre… Il a déjà six ans. Il est en âge de le faire, et n’a pas besoin d’être couvé par un père qui, de toute façon, a abandonné sa mère, et l’abandonne systématiquement pour chacune de ses virés et de ses débauches. Un père absent, irresponsable, à qui Gustave de la Rive n’a eu aucun mal à enlever l’enfant pour me faire chanter.

« Le parent en question est précisément accusé du meurtre de sa mère… Et il serait l'exemple à suivre ? » Je secoue à nouveau la tête. « Craindrez-vous son témoignage, pour chercher à l’écarter ? » Selon nos Lois… Quelle Loi encore cherche-t-il à inventer, ce marchand de tapis, pour se couvrir ? Précisément aucune. J’en aurais de nombreuses à évoquer, dans le cas contraire, sur l’abandon et l’absence de garde. Comme si une taverne de pirates pouvait être un lieu convenable pour élever un enfant !

L’expression de Maître Kevan reste plus neutre, égal à lui-même. « Lisbeth d’Outrevent a été de même forcée de se marier à Louis de Brunante, et forcée à consommer ce mariage. Il était du devoir de Louis de Brunante, en tant qu’époux, de protéger sa femme. Or, en plus des coups et blessures perpétrés par le passé, Louis de Brunante s’est enfui avec son enfant à la mort de sa femme, plutôt que d’assumer ses responsabilités envers elle et se rendre à la Justice. Je doute que nous puissions qualifier « d’honnête homme » une personne qui lève la main sur sa femme, la violente, et l’abandonne finalement. Mais puisque vous soutenez que Louis de Brunante n’est pas coupable des faits dont on l’accuse, je suppose donc qu’il ne verra aucune objection à se confronter à l’un des mages de sa Grâce Liam, qui saura desceller la vérité. »

Je me redresse, plus calme. Je fais signe aux diseurs de vérité de s’avancer. Ils sont plusieurs à avoir répondu favorablement à l’appel, et certains sont plus de confiance que d’autres, mais à plusieurs, ils sont bien forcés de retranscrire l’entière vérité dans les paroles de Louis de Brunante, sous peine qu’on ne fasse plus jamais appel à eux.

L’un d’eux s’avance, pour faire face à Louis de Brunante, pendant que les deux autres restent plus en retrait à attendre. Ils ont une façon bien à eux de poser les questions, les diseurs de vérité, et les réponses vagues ne sauraient être tolérées. Les questions fusent à toute vitesse.

« Avez-vous levé la main par le passé sur votre femme, Lisbeth d’Outrevent ? L’avez-vous frappé ? Menacé de mort ? L’avez-vous forcé à consommer votre mariage ou à partager votre couche ? »

Il tend la main, pour récupérer l’arme du crime, qu’il dépose devant l’accusé. Le diseur de vérités continue de marteler ses questions, se contentant d’écouter les réponses, qu’elles soient monosyllabes ou plus détaillées, tandis que ses compagnons tendent visiblement l’oreille à chacun de ses propos. « Avez-vous déjà vu cette arme ? L’avez-vous déjà tenu en mains ? L’avez-vous utilisé pour torturer ou attenter à la vie de votre femme, Lisbeth d’Outrevent ? Avez-vous fui après son meurtre ? Avez-vous commandité la Confrérie Noire pour se charger du meurtre de votre femme ? Et, enfin… Êtes-vous coupable du meurtre de Lisbeth d’Outrevent ? »
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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyJeu 9 Nov 2017 - 6:28

Il a l’impression que son avocat va sauter à la gorge de Liam. Ou c’est ce qu’il imagine qu’il a envie de faire, car maître Aiglefin reste magnifiquement immobile pendant que le duc le menace tout simplement de le sortir de ce procès. Il n’en a pas le droit, cet homme qui se prétend si honorable, et même Louis le sait, mais il n’en est pas moins duc. Il faut tout de même se plier à sa bêtise, et c’est tout ce que peut faire l’avocat, d’un simple geste de la main. Soit. Il n’y aura donc que plus de choses à l’innocenter - et c’est donc sans attendre qu’il adresse son plaidoyer, que l’avocat de la Couronne se permet de contredire aussitôt. Est-ce vraiment ainsi, un procès outreventois ? Un étalage de mauvaise foi jusqu’à en faire un concours ? Franchement, il s’en serait passé. « Qu’est-ce qu’il aime s’écouter… », grogne le pirate à l’oreille de son frère, qui ne répond rien afin de ne pas alimenter le mépris de son frère (il s’alimente seul, de toute façon), mais qui réprime bien mal un sourire.

Maître Kevan aime en effet beaucoup s’écouter parler.
Un peu comme Liam.

Enfin l’avocat part et laisse place à quelques diseurs de vérité - et lui, l’accusé, se déplace à la barre pour accueillir les questions de la Couronne. Face à la salle, il regarde les spectateurs, et est écoeuré de les voir là, tous assemblés. Avides de se repaître de son malheur. Sans doute tous venus dans l’espoir de sa mort, oiseaux de malheur. Un homme lui demande de prêter serment ; et il le fait, sur Levor, dans la même position que le dieu des Vents. Juste avant qu’un diseur de vérité s’avance et ouvre le bal des questionnements :

« Avez-vous levé la main par le passé sur votre femme, Lisbeth d’Outrevent ? » Louis cligne des yeux, un peu stupidement, et s’il ouvre la bouche, ce n’est pour rien dire. La réponse, la seule, est oui, mais il ne peut pas dire ça. Il n’est pas jugé pour ça. Il tourne la tête vers son avocat, qui secoue le chef négativement afin de l’inciter à garder le silence et à ne pas jouer le jeu de ces emmerdeurs d’Outreventois, mais il sait que ça ne pourra pas durer. S’il ne répond pas, ça jouera contre lui. Le diseur de vérité poursuit, voyant bien que sa question semble porter à confusion : « L’avez-vous frappé ? Elle m’frappait aussi, hein. Elle était pas à terre à attendre que j’la tape, c’tait Lisbeth, c’était elle qui commençait, faites pas comme si vous la connaissiez pas, grogne l’Ansemarien, les bras croisés. Il évite soigneusement le regard de tout le monde, mais déjà il rougit. De colère, toujours. Pas de gêne.Menacé de mort ? C’était pas sérieux ! L’avez-vous forcé à consommer votre mariage ou à partager votre couche ? Jamais ! » Sa voix a tonné plus fort que chaque intervention précédente, une indignation réelle dans le ton. Qu’on le prenne pour un batteur de femmes, ça, à la limite, il le mérite bien. Qu’on le prenne pour quelqu’un capable d’en forcer une, serait-ce la sienne, c’est trop. Les rumeurs ont assez duré, à ce sujet, et s’il pouvait s’en satisfaire, dans l’intimité de sa fuite, il ne veut pas que tout un tribunal garde cette image en tête. Louis de Brunante, le violeur de femmes. « J’ai refusé de la toucher pendant les quatre premières années de notre mariage, j’aurais préféré qu’on m’écorche vif plutôt que d’partager sa couche. » Ou qu’on annule son mariage. Il s’en foutait. Tant que ça n’impliquait pas d’être avec Lisbeth dans un lit, eux qui avaient déjà de la difficulté à manger dans la même pièce sans qu’on doive leur retirer leurs ustensiles, de peur qu’ils se les plantent dans les yeux… Pourtant, il y a un enfant. « C’t’arrivé une seule fois, et c’est elle qui m’a invité. J’ai dit oui, parce que… j’sais pas, j’avais bu un peu, pis ça m’avait donné envie d’elle, et je vous jure que je l'ai forcée à rien. C’était une belle femme. » Il peut le reconnaître. Sans mauvaise foi. Ses longs cheveux sombres, chutant jusqu’à ses reins. Ses yeux bleus, les mêmes que Liam, les mêmes qu’Aymeric, cette nuit-là chargés de désir. Cette chair pâle, pleine, qu’il avait eu plaisir à parcourir. Découvrir que chacun de ses membres était recouvert de taches de rousseur. L’image, brève, de ses mains tatouées sur ses seins blancs, seul souvenir clair de cette nuit floue et étrange. « On n’en a plus jamais r’parlé, pis neuf mois plus tard, elle a accouché d’Aymeric. Je ne l’ai plus jamais retouchée après ça non plus. »

Louis est un terrible menteur. Peut-être l’influence de sa mère ? Quoiqu’il en soit, à aucun moment dans ce qu’il dit, il ment. Il l’a bien frappée, l’a bien menacée de mort, mais ne l’a jamais forcée. Il dit même vrai, en prétendant ne plus jamais l’avoir retouchée - et peut-être les diseurs de vérité pourront même retranscrire cette troublante sincérité, alors qu’il pense à cette nuit unique. Aussi sincère qu’il n’a jamais regretté d’avoir levé la main sur son épouse, ou de lui avoir souhaité mille tourments.

On amène une arme. Un poignard à la lame des plus aiguisées, que Louis n’a jamais vue, mais dont il soupçonne très bien pourquoi on lui montre cela. Aucune émotion, sur son visage bronzé. « Avez-vous déjà vu cette arme ? L’avez-vous déjà tenu en mains ? L’avez-vous utilisé pour torturer ou attenter à la vie de votre femme, Lisbeth d’Outrevent ? Non. Non. Pis non. Je ne sais pas d’où elle vient, je ne l’ai jamais vue, je ne l’ai jamais tenue et je n’ai jamais menacé Lisbeth avec cette lame. » Ils se sont battus suffisamment à l’épée, elle lui a déjà planté une lame dans la main avec suffisamment de force pour la clouer à une table, mais cette lame, jamais. Sûr et certain. « Avez-vous fui après son meurtre ? Quand j’ai découvert le corps. Nous avions été chevaucher, ce jour-là, et je voulais lui en parler. Elle ne répondait pas, la porte était déverrouillée, et quand je suis entré… Ce sang. Tout ce sang. Son épouse, quasi méconnaissable. Sous le hâle, il blanchit un peu. Je suis parti avec Aymeric. » Parti reprendre sa liberté. Parti loin de tous ceux qui le soupçonneraient de ce meurtre affreux. Parti loin de ceux qui voudraient lui prendre son fils, comme aujourd’hui. Parti, enfin libéré de ce mariage, par la pire des façons. Ce n’est ni honorable, ni admirable, lâche tout au moins, douteux tout au pire, mais c’est tout ce qu’il a eu en tête. « Avez-vous commandité la Confrérie Noire pour se charger du meurtre de votre femme ? Non. Je laisserai au marquis de Brunante le plaisir de répondre aux questions concernant les entrées et sorties d’argent du domaine. Et, enfin… Êtes-vous coupable du meurtre de Lisbeth d’Outrevent ? Non. Juste ce mot. Juste ce mot et le silence. Lisbeth et moi ne nous aimions pas depuis l’enfance, je la haïssais depuis notre mariage, mais je ne l’aurais jamais tuée. Jamais. » Qu’importe qu’il en rêve. Qu’importe qu’il lui souhaite.
Jamais.
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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyDim 12 Nov 2017 - 14:18

C’est une vaste mascarade. Debout dans l’assistance, anonyme parmi la multitude de gens du commun venus assister au procès de Louis de Brunante, Ljöta observe les débats, attentive et fortement désapprobatrice. Avec elle dans la salle, il y a quelques assassins – et deux mages de la Confrérie : Gavriel, un maître des illusions lagran, fils du Choix ; et Alcmène, une farouche outremarcheuse cibellane, fille du Hasard. Le premier a déguisé les traits des assassins de l’assistance pour garantir leur anonymat, et si Ljöta conserve sa blondeur kyréenne et la sveltesse adroite de sa silhouette, elle arbore désormais des traits bien plus âgés, un strabisme fictif mais prononcé, un menton très carré et quelques rides au coin de ses yeux et de ses lèvres. La deuxième, elle, est chargée de leur fournir une piste de sortie lorsque les choses deviendront plus… tendues.

Très prochainement, à présent, car le moment est venu, l’Assassin le sent.

Doucement, elle s’est faufilée au premier rang avec ses camarades de la Confrérie, très progressivement pour ne pas alerter les gardes. De quelques gestes précis, ils se délestent des capes passe-partout et des atours communs qui dissimulaient leurs tenues d’assassin, et la voix claire de Ljöta perce le brouhaha. « Ce faquin n’a rien à voir avec la mort de la princesse Lisbeth. » Elle n’a pas crié, mais sa voix a porté – les regards se tournent vers elle, et les assassins se rassemblent en demi-cercle près d’elle, protégeant à la fois leur meneuse et l’outremarcheuse qui a commencé ses incantations sans attendre, tissant avec l’habileté née de l’habitude leur portail de retour.

Son regard faussement divergent braqué vers Liam, Lia relève à demi le bras, dans un geste d’apaisement. « Nous ne sommes pas venus en ennemis, quand bien même vous l’auriez mérité – notre vengeance est accomplie. Nous sommes venus témoigner, car nous sommes accusés de complicité avec cet homme, alors qu’il n’en est rien. » Croisant les bras, Ljöta ne s’adresse qu’au duc ; sans toutefois perdre une seule miette des déplacements de la foule autour d’eux, bien que leurs voisins se soient prudemment éloignés. Elle se tient à portée des diseurs de vérité, et elle sait qu’ils peuvent percevoir la vérité dans ses paroles. Du menton, elle désigne le poignard déposé devant Louis, profitant du silence pour poursuivre ses explications – ce calme empreint de stupeur ne durera pas, elle le sait. « Ce poignard est mien. La dernière fois que je l’ai vu, il était fiché dans le cœur de la princesse, vibrant de ses derniers battements après des heures de torture, et sa garde était encore tiède de la chaleur de ma main. Je suis Lia, l’Écoutante de la Lame, le Cinquième Pilier de la Confrérie Noire, et je viens revendiquer ce meurtre qui est le mien. Que l’on ne m’en vole la gloire ! C’est mon bras qui a abattu Lisbeth d’Outrevent. Non point sur la demande de son mari, qui n’en savait rien ; mais par la volonté de Lida et Sithis, en réparation de l’outrage commis sur la personne de leur Oracle à l’instigation de votre couronne. Seigneur duc, votre sœur n’a péri que par votre faute, et vous en êtes seul fautif. »

Autour d’elle, les Assassins sont prêts. Aucun n’est venu armé, sachant bien qu’ils risquaient d’être fouillés – mais tous sont d’adroits combattants, prêts à en découdre avec les gardes si nécessaire, le temps que la belle Alcmène termine de tramer son portail.

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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyLun 20 Nov 2017 - 19:28

L’ambiance est lourde, presque électrique. Je n’ai qu’une hâte, que ce procès se termine, que l’accusé tombe. Parce qu’il ne peut en être autrement. Les faits sont bien connus d’Outrevent, et nul besoin de les exposer, de les marteler, même si cet avocat ansemarien cherche désespérément à les réinventer. Il est arrivé à bout de ma patience, et le sait, parce que pour la première fois depuis le début de ce procès, il nous fait le plaisir de se taire. Maître Kevan frappe fort, à demander en premier lieu l’accusé lui-même pour entendre sa version des faits, son témoignage. Je sens que la suite risque fortement de me déplaire…

Ca ne rate pas. Je secoue négativement la tête, alors qu’il choisit le silence à toute forme de réponse. Bien sûr que oui, il a déjà levé la main sur ma sœur. Il est bien embêté, Louis, incapable de mentir. Le silence sera retenu contre lui. Il doit bien en avoir conscience… Qui ne dit mot consent. Ce n’est jamais aussi vrai que devant un diseur de vérité. Il cède finalement un peu de terrain, mais seulement pour sortir des gamineries. Je lève les yeux au ciel, à l’entendre proférer un superbe c’est elle qui commençait, comme Aymeric peut le faire à son âge. Dire qu’il était à ce procès précisément pour récupérer son fils… Je comprenais mieux que Louis préfère éviter sa présence, vu l’exemple qu’il lui aurait montré. Je fronce les sourcils, à la suite des réjouissances. Menacer sa femme de mort… Pas sérieusement ? Il m’agace assez pour que je ne préfère plus le fixer, de peur de céder à la colère, quand le diseur de vérité continue, imperturbable. Mon poing se serre, quand ce probable viol est évoqué. La voix de Louis monte d’un ton, mais ce n’est pas une excuse qu’il se contente de servir cette fois-ci. Mon regard croise celui d’un diseur de vérité, cherchant à percer la vérité dans leur regard plus que dans le sien.

Il dit vrai. Tout ensuite n’est que pure vérité.
Les diseurs de vérité ne peuvent pas mentir, pas trois d’entre eux, en plein tribunal.

Je désirais, plus que tout, savoir enfin la vérité. Maintenant qu’on me la servait, elle avait un goût bien amer. Il ne l’a pas touché, pas dans ce sens-là. Il aurait sans doute bien aimé que ce soit retenu pour annuler le mariage. Sa version ne concorde pas avec celle de Lisbeth, si confuse, même chargée de vérité. Mon poing se crispe. Rien ne me dit que la subjugatrice n’était pas, aussi, derrière cette nuit-là. Lisbeth seule aurait pu éclaircir la situation, mais elle n’était plus là.

Et à l’entendre, ce n’était pas à cause de lui. J’ai bien du mal à le croire, mais il était si confiant, prêt à se soumettre à la Justice Outreventoise… J’avais fini par me douter qu’il n’aurait pas tenu la lame lui-même. Il avait seulement fui, comme le lâche qu’il était, plutôt que d’assumer ses actes. Le diseur de vérité aurait dû lui demander s’il n’avait pas commandité quelqu’un d’autre pour le faire à sa place. Il réfute, tout. Comment… ?

Le diseur de vérité se tourne vers moi, et son regard est sans équivoque. « Il a dit toute la vérité, mon seigneur. » Un autre le confirme aussitôt. « L’accusé a bien frappé et menacé de mort feu la Princesse Lisbeth, mais il n’aurait pas mis en application ses menaces. » Le troisième, enfin, intervient. « Ce n’est pas Louis de Brunante qui a tenu cette lame, ni même qui n’a fomenté son meurtre. Les questions étaient claires et précises. Non, pas assez. » Ils lèvent le regard vers moi, dans l’attente.

Non, ce n’est passez. Quelque chose a dû nous échapper, ce n’est pas possible autrement. Il ne peut pas s’en tirer à si bon compte. Et pourtant… C’était le suspect idéal. C’est précisément la raison qui l’aurait conduit à fuir, plutôt que d’affronter la Justice ce jour fatidique. Jamais il ne l’aurait tué… Vraiment ? Ce n’est qu’un bon à rien, un pirate de la pire espèce maintenant. Piller et tuer est son passe-temps, son gagne-pain, comme celui d’Iseabail.

Les murmures s’élèvent, alors que l’assistance est jetée dans la même perplexité grandissante que moi. Et puis, subitement, des silhouettes se distinguent dans l’assistance. Des capes tombent, et révèlent des assassins, visages découverts. Je me lève subitement, en même temps que les gardes se rapprochent de Louis de Brunante et de moi-même. La foule s’écarte autour du groupe d’assassins, et certains commencent à se lever, en proie à la plus grande des agitations, surtout quand les gardes commencent à se rapprocher d’eux alors que l’assassine se met à parler, une autre à incanter… Sans doute leur porte de sortie.

« Laissez-les parler. » Le mage d’Entrave retient son maléfice. Les gardes les encerclent déjà, armes sorties, face à des assassins qui visiblement n’en ont pas sur eux. Peut-être estiment-ils ne pas en avoir besoin. Ils savent se montrer létaux de bien des manières… Et ce jour, précisément, davantage par les mots. Ils sont comme autant de lames que l’on enfonce dans ma conscience. Ce regard clair me fixe, aussi intensément que je lui rends.

Ils veulent se dédouaner, non… Bien au contraire, ils revendiquent ce meurtre comme étant le leur. Les paroles vibrent dans le silence retrouvé, lourd de révélations. Des heures de torture… Lia, l’Ecoutant de la Lame. Mon regard flamboie, de haine et de colère. « De quelle gloire parlez-vous ? Vous n’êtes qu’un ramassis de meurtriers ! » Ils m’ont volé ma sœur, lui ont infligé les pires souffrances… Et non sous ordre de Louis de Brunante. Non.

Lida et Sithis…
C’était ma propre condamnation.

Mes yeux s’écarquillent, sous le coup de la stupeur. J’ai le souffle coupé. C’est comme si c’était moi qui avait tenu la lame. Je revois son visage défiguré, son corps désarticulé. Et Chrysolde… Qui m’a soutenu. Chimène a perdu une sœur, elle aussi. Faërie a perdu une impératrice. Et tout ce qui a bien pu se passer par la suite peut en découler. C’est un souffle glacial qui chasse ma colère, me laisse anéanti par cette vérité absolue. Elle est morte… Ma faute. Mon châtiment.

« Pourquoi… ? » J’ai parlé si bas, que si le silence n’avait pas été total, comme figé hors du temps, personne n’aurait pu entendre mon filet de voix. Je me sens détaché de mon propre corps, hanté par ces souvenirs, ces décisions... Mes décisions. « Pourquoi ne pas avoir pris ma vie, comme vous l’avez fait pour Chrysolde ? » C’était mon crime, à moi de le payer. Lisbeth, Chrysolde… Ils auraient très bien pu prendre Aymeric aussi, ou Chimène. Ils peuvent encore le faire, s’il me vient seulement l’idée de donner l’ordre aux gardes de les réduire au silence. Ils reviendront. Ils ne cesseront de réclamer justice dans le sang. Ils me laisseront plus seul que jamais, à tuer tous ceux qui pourraient m'importer, jusqu’à ce que je ne leur laisse d’autres choix que d’en faire de même pour moi, car plus rien ne m’arrêterait. Nous ne ferons que continuer cette vendetta, entre Outrevent et la Confrérie Noire. « Pourquoi ?! » J’ai crié, avec l’accent de la souffrance et du désespoir. Je connais déjà la réponse. Tout ce que j’ai pu faire et ne pas faire depuis toujours n’a fait qu’entraîner la chute de ma propre famille… Jusqu’à ce qu’il ne reste plus que moi seul. Toujours.

Je me laisse retomber lourdement sur le trône ducal, privé de mes forces, privé de… Tout. « Partez. » Ma voix gronde, bassement. Je regretterais peut-être ce choix plus tard, celui de ne pas avoir infligé douleur similaire à cette Ecoutante qui a tenu la lame, qui s’est délectée de la souffrance de ma sœur avant de l’achever. Il serait tentant, d’un geste, de les condamner tous. Il serait tentant de laisser la haine s’exprimer… Qu’importe, qu’ils soient venus désarmés ! Mais… « Le sang a assez coulé. » Je refuse d’avoir celui d’Aymeric ou de Chimène sur les mains, à cause d’une décision qui ne serait qu’un coup dans l’eau, face à une guilde entière qui croit pouvoir m’imposer leur sens de la justice. Ils continueront de se terrer dans l’ombre, pour toujours frapper en plein cœur le moment venu. Je le sais, maintenant.
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Louis de Brunante
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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyVen 24 Nov 2017 - 6:58

Le bref interrogatoire laisse Louis déjà lessivé, avec uniquement ces quelques questions. Ce n’est pas encore le tour de son avocat, d’un maître Aiglefin qui se révélera bien plus complaisant que ses homologues outreventois il le sait déjà, mais ce premier tour suffit déjà. Aux yeux des Outreventois, il en a dit suffisamment pour l’incriminer de déjà bien trop. Pas de meurtre, heureusement. Pas du pire. « Il a dit toute la vérité, mon seigneur. L’accusé a bien frappé et menacé de mort feu la Princesse Lisbeth, mais il n’aurait pas mis en application ses menaces. Ce n’est pas Louis de Brunante qui a tenu cette lame, ni même qui n’a fomenté son meurtre. Les questions étaient claires et précises. Non, pas assez. » Comment, non ? Comment, pas assez ? Louis serre les poings, avec tant de force qu’il sent ses ongles s’enfoncer dans sa chair jusqu’à le blesser. Il repense à ce qu’il a dit à son beau-frère, en janvier. Que les Outreventois étaient si bouchés qu’ils étaient incapables de voir qu’ils avaient tort, même si les preuves étaient sous leur nez. Trois diseurs de vérité et il refuse de reconnaître qu’il est innocent. Faut-il que Levor lui-même intervienne ?
« Ce faquin n’a rien à voir avec la mort de la princesse Lisbeth. »

Le pirate sursaute, le coeur affolé.
Il a vraiment crû que c’était Levor qui venait faire son intervention.

Ce n’est pas Levor, qui s’est approché jusqu’au premier rang du public, mais une femme blonde au strabisme si prononcé qu’il en est douloureux à regarder. Ses atours ne trompent pas, ni ceux de ses camarades - Assassins. Enfants de Sithis et de Lida assemblés, présents à ce procès alors qu’ils ont l’habitude d’en dédaigner les bancs, préférant se faire justice seuls. Il est curieux qu’ils soient là, mais Louis a bien compris que d’eux, il n’a rien à craindre. Dès son entrée, la femme a fait clair qu’il n’avait à rien avoir la mort de Lisbeth. Il en viendrait même à avoir une sympathie certaine, pour celle qui se présente comme Écoutante de la Lame de la Confrérie Noire. Qui se présente comme la réelle meurtrière de feue son épouse, afin de punir la couronne d’Outrevent.
Ainsi, depuis le début, il avait raison.
C’est Liam qui a commencé.
Oh, Louis est loin de verbaliser ces pensées mesquines à voix haute ! Il est plutôt hébété, assis dans son siège, muet comme une carpe. Son regard court de Lia à Liam, à Laurent, à son avocat, à toute cette assemblée parfaitement silencieuse. Il voit le comte de Rivepierre rejoindre son duc, sans même faire un son. Même celui de ses bottes sur le carrelage est inaudible. « Pourquoi… ? » L’homme frissonne, à l’entente de ce murmure brisé. Pour son beau-frère, il n’a toujours eu ni peine, ni pitié, et l’empathie n’a jamais été une de ses qualités, mais en ce simple mot, la douleur de Liam semble se déverser toute entière. Il n’ose même plus le regarder, son arrogance crasse disparue de ses traits basanés, alors que Liam réclame - que Liam hurle. Hurle au châtiment qui est le sien, si lourd, même trop.

(ils auraient pu prendre Aymeric)

La pensée le fouette, le brûle. Son fils. Il est plus heureux que jamais d’avoir fait sortir son fils d’ici. Que ses oreilles n’aient pas entendu cela - le récit si bref de la torture de sa mère, l’accusation portée sur son oncle. Il est trop jeune. Il n’a que six ans. Ses iris verts soutiennent ceux de l’Écoutante de la Lame, à laquelle il adresse un discret de signe de tête. De respect. De la Confrérie Noire, il n’a rien demandé. Rien payé. Il a souvent souhaité la mort de son épouse, sans jamais franchir le pas, et pourtant, à eux, il doit une nouvelle vie. « Partez. Le sang a assez coulé. Prenons quelques minutes de pause », réussit à articuler l’avocat ansemarien, visiblement aussi ébranlé que toute l’assistance de ces confessions inattendues. On reconduit Louis entre son frère et maître Aiglefin, dans un brouhaha bruyant qui l’assomme. Sous la table, la main de Laurent attrape la sienne et la serre avec force, comme pour lui transmettre son énergie. Avec cela, doit-on vraiment encore le juger ? Y a-t-il besoin de tenir procès pour un crime qu’il n’a définitivement pas commis ? Ah, le Brunante sent son avocat déjà prêt à partir à la charge, mais pas tout de suite.
Lorsque les Assassins, les réels, seront partis.
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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyDim 17 Déc 2017 - 18:33

Ljöta observe attentivement le ballet des émotions sur le visage du duc, suivant pas à pas le cheminement de ses pensées tandis que la pleine portée de ses révélations s’impose finalement à lui. Qu’il doit être difficile, pour ce seigneur si entêté, d’envisager qu’il ait pu non seulement tenir pour coupable un innocent, mais de surcroît être le responsable de cette mort qui l’a tant affecté. Voilà une bien belle leçon d’humilité pour le plus orgueilleux des porteurs de couronne du continent, assurément, et la princesse de Valkyrion se réjouit au moins tout autant que l’Écoutante de la Lame. Oui, ils ont bien choisi leur punition : le visage de Liam se décompose et une joie sauvage chante dans le cœur noir de l’assassin, apaisant un peu l’amertume de ses souvenirs, de l’image du corps sans vie de Lubin tombé pour protéger l’Oracle. Trop peu de mages, chez les Assassins ; trop peu d’artisans des arcanes, et même si elle ne les aime pas, Ljöta commence à envisager d’en recruter plus souvent. Pour ne pas qu’un autre Liam puisse un jour s’imaginer qu’il était possible d’abattre les Écoutants.

Elle relève la tête, d’un mouvement plein d’assurance et de fierté, soutenant le regard choqué du souverain qui ne comprend pas, égrenant les « Pourquoi » comme une litanie de prières un soir de désespoir. Pourquoi ? La réponse est simple. « La mort aurait été bien trop douce. Nous ne voulons pas votre mort, seigneur duc : nous voulons votre souffrance. À présent, chaque aube vous réveillera avec la certitude que ce sont vos actes qui ont précipité le trépas de votre sœur. Vous ne pourrez jamais oublier qu’elle a souffert – qu’elle a fini par pleurer, elle si fière pourtant. Que nous l’avons brisée, avant d’abréger ses tourments. Nous sommes des assassins, monseigneur : nous tuons sur commande, par contrat, lorsqu’il y a une faute à expier. Si vous n’aviez pas ourdi contre notre Oracle et profondément offensé la Sombre Mère et le Sans-Visage, jamais nous n’aurions levé la main sur la princesse Lisbeth. »

Un instant, le regard si clair venu des glaciers éternels de la banquise kyréenne croise celui aux reflets de verdure de l’accusé, et l’Écoutante répond dignement à son signe de tête. « Nous aurions dû tuer votre fils également. Priver le duc à la fois de sa sœur et de son héritier, mais je répugne à verser le sang des enfants, et Lida a entériné mon choix. Le prince Aymeric n’a rien à redouter de la Confrérie, que votre cœur de père en soit rassuré. Tant qu’il ne commettra point d’agression à notre encontre, tant qu’il ne sera coupable d’aucun crime justifiant que l’on accepte contrat sur sa tête, il n’aura rien à craindre de nous, je vous en fais serment. » Implacable, Lia tourne ensuite les yeux vers le duc blême. Sa voix s’adoucit, imperceptiblement – le coup a porté, inutile d’être cruelle à l’excès. « Il en va de même pour la princesse Chimène. Si elle reste droite et honnête, nous n’aurons jamais besoin de nous en prendre à elle. Notre vengeance est accomplie, seigneur duc : l’impératrice a péri pour avoir ordonné ce crime, et vous souffrirez toujours de lui en avoir suggéré l’idée. Nous n’avons plus de grief contre vous. »

Dans le dos de Ljöta, le portail tramé par la belle Alcmène s’ouvre paisiblement, frémissant, attendant qu’on l’emprunte. Partez, a dit le duc – mais elle a encore une leçon à délivrer. « Je pense que vous ignorez tout du code d’honneur de la Confrérie, seigneur duc ; mais nous, nous connaissons celui d’Outrevent. Quand Lida et Sithis ont exercé leur justice, Levor ne les en a pas empêchés. Monseigneur, posez-vous la question : est-ce que votre atteinte contre la Main de la Nuit était honorable et droite ? Est-ce que tromper et mentir pour atteindre un but, aussi noble puisse-t-il vous sembler, ne ferait pas un peu de vous un parjure ? Songez bien, et puisse votre réflexion éclairer vos choix futurs. » Vœu sincère. Les diseurs de vérité le captent sûrement. Droite et fière, Lia s’incline poliment en direction du seigneur couronné, puis ensuite dans celle du coupable innocenté.

Il ne faut guère de temps aux assassins pour traverser le portail, restituant le tribunal à ses protagonistes.
La justice des dieux a parlé – que celle des hommes soit rendue.

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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyLun 18 Déc 2017 - 0:47

L’assemblée frémit, mais rien ne vient perturber l’échange entre bourreaux et victimes. La frontière est mince, alors que chacun a privé l’autre de quelqu’un de fondamental. Même Louis ne prend pas la peine de s’exprimer, et c’est à peine si celui qui défendait si ardemment ses intérêts clame d’une voix incertaine qu’une pause devrait se faire dans le procès.

Une pause. Comme si mon esprit pouvait cesser de bouillonner… Qu’espèrent-ils de moi ? La souffrance. Les assassins ne s’en cachent pas. Ils ne se sont pas uniquement contentés de faucher une vie, ils ont cherché à la briser et moi à travers elle. Un frisson m’échappe, et les sentiments se bousculent. Du dégoût, de la tristesse… De la colère. Les images sont ravivées, celles qui hantent si bien mes nuits ces dernières années. Je sais ce qu’ils font, si ce n’est la Lame qui fauche, c’est le Choix qui s’impose. Je n’ai que trop bien appris à les connaître, durant cette longue traque silencieuse. Je n’apprends que mieux à les haïr.

Elle ne devrait pas se vanter ainsi de la souffrance qu’elle a réussi à arracher à ma sœur. L’idée de lui faire subir le même sort me traverse, de poursuivre cette vendetta entre Outrevent et la Confrérie Noire… A quoi bon retenir mon bras ? La guerre est déjà ouverte envers Ibélène et mes hommes meurent chaque jour sur le front. « Mesurez vos paroles, vous risqueriez de les regretter. » C’est moi qui aurais dû subir mille tourments, mais plutôt que d’exercer une torture physique, ils ont choisi une torture mentale. Si ce n’est l’Ordre épaulé de Gustave, ce sont les assassins…

Mon regard est aussi brillant que flamboyant, eaux tourmentées qui fixent l’Ecoutante de la Lame, alors que mes pas chargés d’amertume m’amènent vers elle… Stoppé dans ma lancée par une main ferme contre mon bras. Les gardes hésitent, incertains. Je n’ai pas donné l’ordre de les tuer séance tenante, mais mon expression les fait douter de la conduite à tenir. Je me fige, plus à l’entendre mentionner Aymeric, que par l’intervention de Lionel dans ma lancée. « Vous pensez connaître le code d’honneur d’Outrevent ? Vos serments ne valent rien. Vous nous faites croire à votre miséricorde, de ne pas avoir attenté à la vie d’Aymeric ou de Chimène, mais Lisbeth non plus n’était pour rien dans la mort de votre Oracle, et vous lui avez fait subir le martyr, vous avez massacré la famille de Chrysolde. Vos paroles sont creuses, vides de sens. Vous prétendez ne faire saigner que le sang des coupables, mais elle était innocente, ils étaient innocents. C’est moi que vous auriez dû tuer. Moi seul. Si c’est ce que vous appelez là Justice, à faire subir à des innocents le crime d’autres, vous vous méprenez bien plus encore que moi sur les notions d’honneur et de droiture. Nous n’en aurons pas terminé, Lia. » La colère parle, froide, authentique. Je ne cherche pas à me dérober de la prise du chevaucheur, et laisse les assassins repartir. Je ne reprends pas ma parole, même si l’envie de lui faire ravaler la sienne est bien présente. Il me faudra songer plus tard à tout ceci. Dans l’immédiat, il n’y a bien que cette colère pour me garder la tête hors de l’eau, ainsi que la présence de Lionel à mes côtés.

Le silence perdure, même après le départ des assassins. Je reprends place dans le trône ducal, las et atteint en plein cœur. Quand le procès reprend son cours, c’est visiblement sans moi. J’aurais voulu être seul avec mon propre chagrin et rompre avec cette mascarade, qui se poursuit néanmoins jusqu’au bout. Tous semblent attendre une réaction de ma part, et j’ignore résolument les regards qui pèsent sur moi, les silences qui s’éternisent en espérant une intervention de ma part. Tout est comme mort à l’intérieur. Mon regard est absent, et fixe le vide. Leurs babillages ne parviennent même pas à mes oreilles.

De nombreuses personnes sont appelées à témoigner, sous l’écoute vigilante des diseurs de vérité. Les faits accablent rapidement Louis de maltraitance conjugale, de non-assistance envers feu la Princesse Lisbeth d’Outrevent. Les murmures se font chargés, en attente du jugement final. Certains s’offusquent, si Louis de Brunante peut repartir sans avoir à répondre de ses actes, tandis que d’autres l’espèrent ardemment.

Un noble outreventois s’approche finalement de moi, me sortant de ma torpeur, après quelques mots glissés à l’oreille. Il me fait part du délibéré, et je ne vois aucune raison d’aller à son encontre. Mon regard est froid vers Louis, dénué de cette émotion qui m’agite habituellement envers mon beau-frère. Ma voix finit par lâcher comme un couperet : « Louis de Brunante est jugé coupable de coups et blessures, de non-assistance envers la Princesse Lisbeth d’Outrevent. Il est innocenté pour la torture et le meurtre sauvage dont elle a fait l’objet, suite à l’aveu de la Confrérie Noire. Sanction a été prononcée, et Louis de Brunante sera fouetté vingt fois pour ses manquements auprès de la couronne d’Outrevent. Il repartira libre, après avoir expié ses fautes, et son fils et héritier de la Couronne, Aymeric de Brunante, sera remis à son oncle Laurent de Brunante, selon les termes convenus. » Ainsi soit-il.
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Message Sujet: Re: Où commence le mystère, finit la justice   Où commence le mystère, finit la justice EmptyMer 20 Déc 2017 - 5:40

Il a essayé, maître Aiglefin.
De faire ajourner ce procès devenu caduque, le chef d’accusation principal, le seul qui aurait dû être, étant prouvé faux. Louis de Brunante n’a pas tué son épouse, n’a pas planifié sa mort, n’a jamais rien eu à voir avec celle-ci, et c’est un innocent qui se retrouve jugé pour un crime qu’une autre a avoué.
Il a essayé, de détourner les autres chefs d’accusation. De les invalider. De rejeter les témoins présentés par la Couronne, de déjouer les soi-disant preuves apportées. Il n’y a plus rien de bon. Il n’y a que les mots de l’Écoutante, qui continuent de marquer les esprits, qui ramènent chaque phrase de ce procès à ce qu’elle a évoqué sans se cacher, sans se gêner, faisant des dieux ses témoins.
Il a essayé, mais il a échoué, et Louis écoute la sentence délivrée par les législateurs, de la bouche de Liam, dans un silence furieux. Dégoûté. Son fils sera rendu à son frère, comme promis, mais tout le reste… tout le reste l’écoeure tant et tellement ! Aussitôt, son avocat se retourne vers lui et glisse : « Nous pouvons porter la cause en appel, monseigneur. Tout ce procès est une vaste mascarade, il serait aisé d’invalider ce jugement. Nul besoin. » Il murmure. Il se rend. Il n’a pas envie de poursuivre ce procès une autre fois. De retourner aux cachots pendant des jours, des semaines, des mois, en attendant qu’on se décide à vouloir remettre le jugement en question.
Il n’a plus envie de parler de Lisbeth.

La tâche revient à l’avocat d’accepter la sentence, puis aux gardes de faire sortir la foule, jusqu’à la place où sont exécutés les condamnés. Laurent reste à ses côtés et quand on vient le chercher, il l’accompagne jusqu’à ce qu’on lui ordonne de rejoindre la foule. À l’extérieur, le soleil brille, mais ne réchauffe pas l’air froid de la capitale outreventoise.

Une angoisse sourde se glisse dans les veines du condamné. On lui retire sa chemise et la brise fraîche d’Outrevent lève quelques frissons sur ses bras et son torse. On attache ses poignets ensembles, puis on les hisse au-dessus de sa tête. Il est dos à la foule, qui ne voit désormais de lui que l’étoile à sept branches des vivenefs tatouée au bas de son cou, que sa chair exposée, et plus rien de son visage aux traits crispés. Il y a moins de spectateurs que prévu. La confession de l’Écoutante a probablement refroidi les plus avides de vengeance. Il sait pourtant que surplombant tout cela, il y a Liam et Lionel, qui doivent maintenant se détester eux-mêmes plus qu’ils le détestent lui. Amère victoire, qui résonne des mots de Lia de la Lame. Il sait aussi qu’il y a son frère et que loyal, il ne détournera pas les yeux. Lui ne voit que le bourreau, pour l’instant, et un homme qui se présente comme un guérisseur, présent pour superviser le bon déroulement de l’exécution. On met quelque chose dans sa bouche, quelque chose qu’il identifie être un morceau de bois soigneusement poli. Il lève un sourcil interrogateur, en direction du bourreau, qui lui précise bien vite ce qu’il en est : « Ça vous empêchera de vous couper la langue net. On a eu de mauvaises expériences, par le passé. » L’idée le fait frissonner désagréablement, mais il ne va pas jusqu’à remercier l’homme, qui ne fait là que son travail. Ses dents s’appuient sur le morceau de bois et il essaie de respirer, par le nez, par la bouche, et de rester calme. Derrière lui, un législateur calme la foule de quelques paroles, puis rappelle ce qui pèse sur lui. La raison de son châtiment, ainsi que le détail de celui-ci. Louis ferme les yeux et derrière ses paupières fermées, il revoit les iris bleus de l'Écoutante de la Lame. Ses doigts cramponnés les autres aux autres. Le silence bourdonne et sa mémoire se gonfle encore des mots de l'Assassin. Elle devait prendre son fils, mais ne l'a pas fait, et Lida a entériné son choix. S'il était mort, s'il était mort -

Le premier coup de fouet est comme une surprise. Une brûlure inattendue sur sa chair, un serrement dans sa poitrine qu’il n’a jamais ressenti. Une déchirure qu’il devine avec une acuité dérangeante, alors que la zébrure qui traverse son dos déjà se gorge de sang. Il retient et relâche son souffle, le reprend, tente de rester calme, d’oublier, de ne pas penser, de ne pas sentir. La sueur déjà dégouline de son front, entre ses yeux, brouillant sa vue.
Le deuxième est déjà de trop.
Il ne s’entend pas hurler, des cris étouffés par le morceau de bois dans lequel il plante férocément ses dents. Il ne s’entend pas jurer, sacrer, maudire, invoquer les dieux pour un peu de clémence, promettre à Liam pire encore (il vit déjà pire). Il ne sent pas ses yeux brûler de sueur et de larmes, alors que le sang brûlant dévale le long de son dos et trempe ses vêtements, tache l’estrade de son carmin.
Au douzième, il s’évanouit, corps immobile pendu par les mains. On le réveille, grâce aux attentions du mage de l’Hiver, et les huit derniers coups sont d’une telle fulgurance que dès la flagellation terminée, il perd conscience à nouveau.

Lorsqu’il revient à lui, il est étendu auprès d’un guérisseur, dans une pièce sombre. Sûrement une pièce quelconque du palais ducal. Il ne comprend pas ce qui s’est passé, mais dès le moment où il tressaille, dans l’idée de bouger, il se rappelle de tout - la douleur le déchire en entier et le pirate est pris d’un spasme horrible qui l’écrase tout à fait sur sa couche. Il émet un gargouillis étranglé et aussitôt, le guérisseur place ses deux mains sur ses flancs dénudés. La douleur se calme, s’engourdit, et il repose sa tête sur l’oreiller. La fraîcheur des mains de l’homme l’apaise et diffuse sa magie dans ses plaies et jusque dans ses organes internes malmenés par tout le stress engendré par la flagellation. Il a été chanceux de ne pas faire un arrêt cardiaque, mais il a certainement eu une détresse respiratoire, à sentir ce qui oppresse sa poitrine. Chaque inspiration semble être un poignard planté à travers ses poumons. Il devra dormir sur le ventre pendant quelques temps. « Tout est terminé. » Le guérisseur a une voix calme, aussi apaisante que la magie de l’Hiver qui se déploie autour de lui, et Louis laisse le sommeil l’envahir, repos nécessaire. Crucial.

Il se réveille plusieurs heures plus tard, seulement. Son frère est endormi sur une chaise, à côté de son lit, les bras croisés sur son torse. Le guérisseur remarque qu’il est éveillé et s’approche silencieusement de lui, s’enquérant de son ressenti. Il a mal. Pas de surprise. Mais il va mieux. Pas difficile non plus. « Envoyez-moi à Lorgol », qu’il souffle au mage, dans un râle étouffé et brûlant qui lui fait regretter ces quatre mots. Celui-ci lui demande s’il est sûr, s’il ne désire pas plutôt se rendre à Brunante avec son frère et son fils, mais Louis insiste, de mouvements du chef, puis de paroles hachées qui le font se crisper et geindre, haleter de douleur entre chaque syllabe. Lorgol, il veut Lorgol. Dès qu’on pourra le déplacer, il veut Lorgol. Quelqu’un viendra l’y chercher et prendra soin de lui. Il y a une amie (Ilse sera furieuse, elle va vouloir tuer Liam de ses propres mains). Il ne veut pas que son fils le voit ainsi. Ses douloureuses récriminations sortent son frère de son sommeil et il prend le relais, assurant à l’homme que leur tante est à Lorgol, ainsi que la compagne de Louis, et que toutes deux veilleront sur lui.
Laurent demande au guérisseur de les laisser, quelques minutes. Quelques minutes silencieuses, où il se contente de serrer la main de son frère. Le pirate voudrait lui parler. Le remercier, pour tout. De l’avoir crû, sans jamais douter (ou sans jamais lui confier ses doutes quant à son innocence). De l’avoir soutenu, sans faiblir. D’être présent. D’avoir témoigné. Pour Aymeric. « Je viendrai te le porter à Lorgol pour l’hiver. Qu’en penses-tu ? » … et de lire dans ses pensées, aussi, apparemment. Il hoche la tête, un sourire un peu pâle, mais sincère, aux lèvres. Son fils. Il va ravoir son fils. Il pourra présenter tout le monde à Laurent. Ilse, qui va certainement l’adorer (il est si convenable, après tout, ça plaira forcément à son outrageuse outreventoiserie). Ariane, sa nouvelle nièce, son bébé adorable qui en l’espace de dix jours, doit déjà avoir bien grandi, bien changé. « Merci. »

Ils ont réussi.
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