Et voilà comment j'en suis arrivé là.
Naissance, 15.08.956, Alfaë.
Sibylle est le fruit d'une union entre Amaury Clairval et Anthéa Clairval, tous deux issus d'une riche famille marchande. Anthéa était elle même la fille des Valreux, icône en matière d'ébénisterie alors que les parents d'Amaury Clairval se distinguaient par leurs parchemins d'une qualité exceptionnelle. Le jeune homme récupéra la boutique de ses parents à leur décès. Il avait acquis durant sa jeunesse, tout le savoir du commerce, en passant de la fabrication à la vente de ses produits. Anthéa quant-à-elle était toujours aussi passionnée par les meubles et les structures en bois, elle collectionnait les fauteuils et les coiffeuses. Tous étaient somptueux et d'un goût certain. Il fallait dire que la belle Anthéa en avait de bons. La rencontre des deux amants ne fût pas un hasard, leur famille respective avait déjà bien calculé la chose, allier ébénisterie et perganamo afin d'avoir une puissance commerciale importante afin d'enrichir chacun. Leur savoir fût également partagé lors de cette union, l'un et l'autre apprenant les modes de fabrication des produits de leur marché.
C'est ainsi qu'un matin d'Août, alors que le soleil venait de poindre à l'horizon, la petite Sibylle vit le jour. Elle était mignonne, souriante, avec deux beaux yeux couleur noisette, des traits fins et peu de cheveux sur le crâne. Anthéa et Amaury étaient aux anges, la petite était vouée à un grand avenir.
Enfance, de 959 à 968, en Cibella
Sibylle eut tout d'une enfance heureuse. Entourée de l'amour de ses parents et de ses grands-parents, mangeant à sa faim, croulant sous les petites attentions de la part de tout le monde y compris des clients du magasin. Il ne lui manquait rien et ce fût peut-être cela qui lui manqua. La petite se démarqua par son sourire et sa jovialité. Toujours prête à faire les 400 coups, elle attendrissait par son regard et sa bonne humeur enfantine. Sibylle n'était pas une enfant naïve, grandissant dans un milieu de paraître et de commerce elle apprit bien vite à mettre ses atouts en avant. Grâce à elle, le chiffre d'affaire du couple doubla, tripla même, ils avaient une véritable fortune ! Du moins en comparaison avec la plupart des autres marchands. Ainsi la famille pût s'offrir des magasins régis par des "subordonnés" un peu partout en Cibella. Ils voyageaient alors souvent de ville en ville, afin de chercher le fruit de leur travail. La petite était reconnue partout, beaucoup de riches ibéléens et faëriens lui cédaient de jolies choses. Des bijoux, des jeux nécessitant de la réflexion, des brosses à cheveux ornées de dorures ... Le rêve pour une petite que la noblesse n'avait pas touchée. Elle participait énormément au commerce, faisant les yeux doux, proposant des produits, les clients se laissaient séduire par son apparente naïveté et ses expressions enfantines.
Ainsi son père voulut pousser la chose. Ne jurant que par Erelf l'Opulent, il cherchait par tous les moyens à s'enrichir encore et encore, afin de multiplier l'achat de domaines privés et de résidences secondaires. Il voulait même exporter son commerce dans les autres duchés de Faërie pour amasser encore plus de fleurons ! Alors il eut l'idée d'utiliser sa fille. Elle lui avait parlé à l'aube de ses 11 ans de phénomènes étranges qui lui arrivaient. Parfois elle entendait des mots qu'un client n'avait prononcés. Amaury comprit tout de suite, la petite était imprégnée de magie. Lui même avait tenté l'académie, mais n'avait pas été assez doué pour parfaire ses talents. Anthéa ne put s'opposer au choix de son époux concernant les études de sa fille. Il l'envoya donc à l'Académie.
La jeune fille fût enchantée par les lieux, par ce qu'elle allait apprendre. Mais quelque chose de plus fort était né en elle. L'amour pour les dragons. Sibylle en avait vu énormément, passant tout son temps libre à scruter le ciel, à la recherche des silhouettes reptiliennes se découpant parfaitement à travers les nuages. La petite avait observé presque toutes les couleurs de dragons, du rouge rubis au vert émeraude, passant par le saphir, l'or et l'argent, sans oublier le jade l'améthyste, le grenat, la citrine et l'ambre. Elle ne les connaissait que de couleur, et pourtant ils l'attiraient, lui arrachaient de grands sourires sincères. Au fond d'elle-même, elle savait que rien ne pourrait consumer cette admiration.
Adolescence, apprentissage de la magie, de 968 à 976 à l'Académie
C'est à la mi-juillet que son entretien se déroula. Il faisait une chaleur épouvantable, le vent chaleureux de l'été amenait des nuages de poussière qui s'infiltrait dans tous les recoins, tous les interstices même les plus petits. L'air était sec et suffoquant, il n'était pas agréable de traîner par ici. Et pourtant, du haut de ses 12 petites années, quelques mois après avoir eut ses premières règles, que la jolie Sibylle vint se présenter au professeur de l'outreparole et de ses deux acolytes. Elle éprouvait un profond respect pour ses personnages qui l'intimidait quelque peu. Heureusement pour elle, ses parents lui avaient, quelques années auparavant, attitrer un professeur afin qu'elle apprenne à lire et à compter. Elle réussit cette première épreuve avec brio. Le professeur référent lui demanda alors de montrer ce qu'elle savait faire de sa "magie". Elle répondit aussitôt que le savant assis à côté de lui aurait préféré voir un futur savant. L'intéressé émit un petit rire nerveux et son faux sourire disparut de ses lèvres. Ce n'est qu'à la fin de ce long entretien que le jury de trois membres lui annonça à Sibylle et ses parents, restés dans le hall, que la petite était prise ! Ce fût alors une première victoire !
Rapidement ses parents la laissèrent aux bons soins du cadre scolaire de l'Académie. Elle était logée et nourrie, contre une bonne bourse bien remplie. Ses premiers cours commencèrent, elle était alors très motivée.
Ses études de magie prirent beaucoup de retard, en effet, notre Sibylle n'était pas comme qui dirait une élève modèle. Bien au contraire, elle passait son temps de cours à dessiner, à regarder haut delà de la fenêtre, espérant apercevoir un dragon. Il fallait la rappeler l'ordre deux ou trois fois avant qu'elle ne se mette réellement à travailler. Mais quand elle travaillait, elle allait vite et faisait bien les exercices demandés. Au fil des mois qui s'enchaînaient, la jolie jeune fille se disait qu'elle perdait du temps qu'elle pourrait passer avec un dragon, peut-être. Son idée n'ayant jamais été ternie, elle ne voulait pas le dire à son père qui cesserait tout approvisionnement monétaire, l'empêchant d'atteindre son but final. Et pour le conforter dans l'idée qu'elle allait poursuivre dans cette voie, Sibylle lui envoyait régulièrement des lettres où elle adressait ses louanges aux cours et à la magie, lui racontant parfois ses cours et ses exercices.
Ce n'est qu'après 8 années d'apprentissage qu'elle sortit enfin de l'Académie. Elle s'installa à Lorgol, payant le logement en exerçant un petit boulot de serveuse dans une taverne, afin d'accumuler une petite pécune.
Vous avez dit dragons ? Année 978 à la caserne de Flamme
Ce n'est qu'à 21 ans que Sibylle se présenta à la caserne de Flamme. Ici son rêve pouvait devenir réalité, ou alors se transformer en un effroyable cauchemar. C'est ainsi qu'elle passa la plus longue épreuve de sa vie.
"Je ne pouvais pas bouger. J'étais debout, stoïque face à la sétresse de tous les muscles de mon corps. Si je ne me contenais pas, je tremblais, je tomberai à genoux par terre, et je ne serai plus digne face à eux ... Tant de puissance, tant de beauté. Tous me fixaient, s'approchant à quelques pas de moi, tournant ensuite les talons. Un dragon vert d'émeraude s'approcha à son tour, il planta ses yeux dans les miens. Cet échange me parut interminable, les secondes s'allongeaient, me laissant là, ruisselante de sueur. On aurait dit qu'il aspirait toute mon énergie vitale, toute ma force rien qu'avec ses prunelles verdoyantes. Le contact fût rompu brusquement, l'immense bête verdâtre émit un grondement agacé. L'un de ses compagnons avait, semble-t-il croquer sa queue afin d'interrompre sa contemplation. L'importun s'approcha alors avec vivacité. Il profitait de l’inattention de l'autre pour se planter face à moi. Qu'il était beau, d'un noir plus profond que l'ébène, plus sombre que le ciel nocturne. Je parvenais à peine à distinguer ses yeux, ténébreux mais inspirant la confiance et le respect. Ils étaient d'un bleu foncé merveilleux, lui donnant une touche de splendeur et de charisme. Son port de tête était fabuleux tellement majestueux qu'il en devenait royal ! Je ne pouvais me détacher de sa vue, il était si "tout". Il était tout ce que j'avais pu espérer.
Elle. Un mot. Je regardai le dragon noir en face de moi d'un air interloqué, incertaine d'avoir entendu quelque chose.
Je m'appelle Bravoure, je suis une dragonne, et je te choisi. [...]