Histoire
C’est sous une pluie d’étoiles que ses premiers pleurs vinrent rompre le silence. Le ciel de nuit, sombre comme l’encre, illuminé d’un millier de joyaux, avait alors fait cavaler les siens, laissant dans leur course une traînée de poussière qui restait un moment avant de s’étioler et de se fondre dans le firmament. Un jour, elle traverserait les cieux comme ces étoiles ; elle l’ignorait encore, petit poupon qu’on enveloppait dans une étoffe finement brodée. Un jour, son destin l’éloignerait des dunes de sable pour rejoindre les vallées de glace. Mais elle y reviendrait, contempler le voile scintillant de la nuit qui n’est aussi magique qu’ici, en plein coeur du désert.
L’enfant du sable et des étoiles vint au monde dans l’un des plus grands clans d’Erebor. Les Kamar étaient respectés, fortunés, et avaient toujours été de fidèles conseillers du pouvoir en place. Les domaines qu’ils occupaient étaient de vraies forteresses et porter le nom Kamar était quelque chose dont ils pouvaient être fiers. Ce n’est pas la guerre, ce n’est pas la mort, qui fit perdre à cette famille cette renommée ; c’est l’amour. Elles étaient trop jeunes, les sœurs, pour comprendre réellement ce qui se passait autour. Elles étaient trop petites, pour comprendre que dans les yeux de leurs parents elles prenaient alors place de pions pour tenter de redorer le blason de leur nom.
Leur enfance fut ainsi brodée des contes d'Erebor, des merveilles qui s'y trouvait, des histoires de leur clan, de la grandeur de son passé ; du duché voisin de Sombreciel, on n'eut cesse de le présenter comme l'ennemi et on répéta inlassablement à leurs oreilles que les choix pris par l'héritière de Chamaar n'étaient que trahison et disgrâce. Qu'elle avait entaché la tapisserie de leur lignée et que l'espoir de retrouver prestige ne reposait à présent qu'entre leurs mains. Un lourd poids à porter, pour des enfants qui n'ont pas même souvenir de ces temps dont on leur parle les yeux emplis d'étoiles. Un poids lourd d'espoirs et d'insistances, pour des enfants qui nourrissent en cachette des rêves tout autre.
Elles étaient belles, les sœurs Kamar ; d’elles ils voulaient en faire les plus belles courtisanes, les plus envoûtantes danseuses. Et Soltana les a apprises, les danses. Elle a mémorisé, les mouvements, les jeux de mains et de pieds, le balancement des hanches. On lui a montré, comment se faire belle, et Soltana a appris, comment nouer son sari, comment coiffer ses cheveux et enfiler tous ces bijoux qui faisaient briller son regard. Rigoureuse et stricte, l’enfant qu’elle était, même au travers ces enseignements desquels elle ne trouvait pas l’intérêt et ne cessait de questionner leur utilité. Alors elle apprenait, mais le soir venu c’était vers le ciel qu’elle portait son regard et s’imaginait un futur bien différent de celui que ses parents voulaient pour elle. Elle voulait danser, mais là-haut dans les cieux, elle voulait virevolter, mais sur le dos de ces griffons qu’elle pouvait parfois observer d’ici-bas. Ce n’était pas le destin que l’on voulait pour elle, ce n’était pas ainsi qu’elle pourrait regagner pour sa famille l’égard qu’ils se méritaient.
Elles étaient belles, les soeurs Kamar ; on aurait souhaité d'elles qu'elles se marient parmi la noblesse, que leur nom devient synonyme de prestige. C'est l'aînée qui déçue la première ; partie épouser un gitan, chef d'un clan des sables. Mais pour elle les soeurs ne pouvaient ressentir que compassion et compréhension ; elle partait poursuivre l'amour et la liberté.
Alors ce fut sur Soltana, qu’on déposa les espoirs de la famille. Elle n’avait pas les charmes et les douceurs de sa sœur, et avait toujours été quelque peu revêche, récalcitrante, aux enseignements appris, mais elle était belle et saurait attirer l’œil, qu’ils croyaient. Ils ne voyaient pas dans ses yeux briller les étoiles et les cieux ; ils ne voyaient pas son être entier demander autre chose que le mariage ne pourrait jamais lui apporter ; alors quand on voulu l’offrir au prince d’Erebor, s’en fut assez. Les entraves qu’elle s’efforçait de porter par amour pour ses parents et ses sœurs se brisèrent. Elle fit serment de sang, jurant le célibat. Droite et décidée, elle prenait l’exemple de son aînée, elle prenait enfin les rênes de sa vie ; elle quittait cet échiquier de pouvoir et de gloire sur lequel elle n’avait toujours été qu’un pion parmi tous les autres. Elle abandonnait Sitara d’une étreinte et de promesses, de mots d’espoirs et de courage, pour qu’à son tour elle prenne le chemin qui était le sien. Elle ne se doutait pas encore que sa petite sœur irait rejoindre le harem, que les chaînes qu’elle associait au mariage seraient pour la dernière le velours de l’épanouissement.
Alors devant elle, le sable finit par faire place aux pavés et aux tours de Lorgol. C’était un monde nouveau, pour l’Erebienne qui n’avait pas encore quitté son duché ; mais quand elle levait les yeux au ciel, elle pouvait encore y voir ces étoiles, les mêmes qu’elle voyait depuis chez elle. Elle avait appris à reconnaître les constellations, elle s’était toujours intéressée à la façon qu’avait les nomades d’y lire leur chemin pour ne jamais s’y perdre. Elle était loin de chez elle, mais quand elle regardait tout là-haut, juste à côté des lunes jumelles, il y avait cet assortiment d’étoiles, et elle savait que peu importe où elles étaient, ses sœurs pouvaient les voir à leur tour. Pas forcément les mêmes, mais qu'elles étaient aussi enveloppées de ce voile scintillant qui pouvait faire briller leurs espoirs. Et elle se sentait proche d'elles à nouveau, malgré tout.
Devant Acier son cœur s’était emballé. Elle avait tout abandonné, quitté, pour cet instant d’incertitudes. Rien n’était assuré, en cette matinée, et peut-être qu’elle repartirait bredouille après avoir attendu trop longtemps. Mais au fond d’elle, elle savait, en regardant ces majestueuses bêtes, que sa destinée était sur le dos de l’une d’elles. Et quand elle avait vu Acier, ses plumes claires tachetées, avant même que leur regard ne se croisent, elle avait compris que ce serait lui. Et le griffon avait tourné un œil vers elle, incliné très légèrement la tête, et dans son esprit une multitude d’images et de sensations avaient déferlées à une folle vitesse. Là-haut dans la nuit, au travers des cieux sombres et scintillants. Cette immensité brillante. L’infini des dunes perçue des hauteurs. Le monde, si petit. Son même regard, à elle, déterminé.
Sérieuse et disciplinée, la cadette, alors qu’elle avait poursuivi les cinq années de formation à la Caserne. C’était plus difficile qu’elle se l’était imaginé, alors que depuis le sol elle voyait parfois tout là-haut les griffons voler. Les cuisses en sang, les muscles meurtris, le corps couvert de bleus et d’éraflures ; jamais elle n’avait abandonné, malgré la frustration de l'apprentissage plus long et plus ardue qu'elle ne l'aurait souhaité. Elle aurait aimé être douée immédiatement, impatiente de pouvoir voler et de pouvoir être capable de faire tout ce qu'il fallait. Soltana n'avait jamais été très patiente, et ces années d'entrainement furent un travail sur elle-même. Mais ensemble, ils avaient appris, elle et Acier, à ne former plus qu’un, à se comprendre et à synchroniser leurs mouvements. Alors elle pouvait finalement danser, cette danse brutale qui se jouait dans les airs où la musique était celle du vent et les cliquetis rythmiques ceux des pièces de son armure. Les jeux de pieds appris à contrecœur petite lui était maintenant utile, pour conserver son équilibre. Elle était gracieuse et envoûtante, autrement que comment ses parents auraient préféré qu’elle soit, mais elle l’était tout de même. Elle avait appris à dompter le vent et le grand vide, elle était devenue Voltigeuse, acrobate des étoiles.
Il aurait été coutume qu’elle rejoigne l’escadron d’Erebor, mais celui de Valkyrion manquait alors cruellement de recrues et la jeune femme qu’elle devenait avait alors accepté d’intégrer les terres glaciales pour voltiger au-dessus des vallées de glace. Curieuse de découvrir le monde davantage, aussi, mais y voyant surtout une occasion de peut-être progresser rapidement. Le duché du savoir était loin de ses vallées de sable, et quand bien même qu'elle aurait préférée retourner en Erebor, les Kyréens partageaient un peu plus ses valeurs que la diversité qu'elle pouvait croiser à Lorgol.
Durant les années qui suivirent, Soltana grandit et appris. Elle devint une bonne guerrière, et une équipière plus que fiable. Le sabre qu’elle avait appris à manier était devenu tout autant une extension d’elle-même qu’Acier l’était aussi. Sous la direction de leur capitaine, Hjalmar d’Evalkyr, elle pouvait pleinement s’épanouir. L’homme exigeant pouvait trouver chez la jeune femme une recrue appliquée et sérieuse, qui se complaisait à exceller sous les attentes élevées auxquelles ils étaient tous soumis. Elle était fière, de gagner sa confiance et de prouver ses talents, fière qu’on lui confie des missions délicates, elle qui était encore toute jeune.
Et si les vallées du sable venaient à lui manquer, si ses sœurs si loin faisaient pleurer un peu son cœur, elle pouvait se réjouir des nouvelles de ces dernières. De Saraj qui semblait heureuse, qui lui parlait de ses filles et de son fils dans les parchemins qu'elle lui faisait parvenir. De Sitara qui semblait faire sa place au sein du harem. Elle était heureuse pour ses sœurs, heureuse pour le bonheur qu'elles ressentaient, un bonheur qu'elle ne rejoignait pas pour autant. Leurs univers semblaient si différent, à présent. Et bien qu'elle les aimait de tout son cœur, elle se sentait s'éloigner d'elles, alors que la femme qu'elle devenait se complaisait toujours autant de la compagnie de son griffon sans chercher les attaches d'une famille. Son destin était différent, mais elle se sentait s'éloigner d'elles alors qu'elle était la seule des soeurs qui ne semblait pas trouver son épanouissement au sein du couple.
Malgré tout, elle avait su se construire une petite vie en Valkyrion. Celle qui pouvait au premier abord sembler un peu dure d'approche face à son caractère si stricte et rigide, réservée et bien souvent fermée quand on ne partageait pas ses opinions, avait su s'y tisser quelques liens ; quelques petites amitiés, avec ses collègues Voltigeurs ou quelques Kyréens ou Kyréennes, et aussi de petites histoires de coeur ; non pas de réelles relations sinon quelques moments partagés pour réchauffer les froides nuits qu'on y vivait.
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Pendant le livre I : Le Tournoi des Trois Opales lui avait permis de revoir Sitara et de rencontrer son neveu le prince Qasim pour la première fois. Elle est fière de voir sa sœur aux côtés de la plus haute noblesse, fière qu'à présent le nom des Kamar rime avec autre chose que trahison, mais elle sait aussi que le harem peut être dangereux, et elle craint un peu pour sa sœur et son neveu.
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Pendant le livre II : Quand la guerre éclate au début de l’an 1002, elle regrette alors de ne pas voler pour Erebor et de pouvoir défendre son duché. Elle ne peut que s’enquérir des nouvelles, et se contenter des images transmises par Acier depuis l’esprit collectif des griffons. Soltana n’ira pas au front, dépêchée avec quelques autres Voltigeurs pour assurer la défense de la cité impériale, alors nommée Major de la division d’Ibelin dans la foulée. Ce n’est pas où elle aurait préféré être, et elle se sent un peu inutile si loin des conflits bien qu’elle reconnaisse la confiance de son Capitaine en la mettant en charge de la défense de la cité impériale et en lui donnant ces nouvelles responsabilités.
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TRAME ALTERNÉE (Intrigue 2.3 La Roue Brisée)
→ Quand le Sablier fut activé, Soltana fut transportée dans sa trame alternée. Les vingt premières années de sa vie sont un calque de sa réelle existence, mais alors qu’elle se présente dans l’auditorium pour la sélection des griffons, elle attend longuement. Et au terme de ce qui lui semble une éternité, elle doit bien se rendre à l’évidence, aucun griffon ne l’a choisie. Ses rêves se brisent, mais elle ne peut pas se résoudre à retourner chez elle pour suivre la destinée que ses parents auraient voulue pour elle. Elle intègre l’académie où elle poursuit un cursus d’astronomie. Elle deviendra par la suite professeure et ne retournera jamais en Erebor. Quand elle s’éveille, elle se retrouve enceinte de plusieurs mois de Meldred, un collègue professeur et Cielsombrois, et se voit contrainte de gérer l’absence d’Acier et cette maternité qu’elle n’avait même jamais envisagé.
→ Elle choisira de
se souvenir, pour pouvoir confronter Acier de retour dans la réalité, mais son griffon n’a pas souvenir de cette autre univers où il ne l’a jamais choisi…
Fin juillet suivant, c’est dans la nuit qu’elle est subitement réveillée, alors appelée en renfort quand les flammes se déclenchent dans la caserne des Voltigeurs de Svaljärd et au palais ducal lors de la fête de Lughnasadh. Elle y était alors présente, dépêchée pour escorter la famille impériale. Rapidement elle rejoint le chaos accompagnés de quelques autres Voltigeurs et c’est aux côtés de la Rose qu’elle combat non sans peine les sentinelles. Quand le calme s’impose à nouveau, c’est de lourdes pertes qu’ils essuient. L’impératrice décédée, l’empereur blessé. Sans compter les morts, tous les morts, et les dégâts. Soltana n’avait pas été au front au début de la guerre entre Ibélène et Faërie, et pour la première fois elle assiste vraiment au chaos destructeur de celle-ci. Sauf que cette fois, ce n’est pas même la guerre, mais une autre menace, l’Ordre. Soltana est ambigüe face à cette organisation ; autant souhaite-t-elle le retour des savoirs perdus, autant préfèrerait-elle que ce ne soit que cela et que les magies ne soient pas impliquée. Et il a aussi leur procédés, cette façon de semer le chaos pour atteindre leurs objectifs qu'elle n'approuve pas pour autant. Le retour au calme est dur, et l’ambiance lourde dans la capitale impériale alors que le futur semble incertain.
Ce n’est pas les semaines suivantes qui rassurent alors qu’un mal étrange s’ajoute à la guerre qui se poursuit. Les mages ne sont pas des plus nombreux en Valkyrion, aussi se croient-ils aux premiers abords épargnés de l'épidémie. Soltana n’a jamais été fervente de la magie, et encore moins partisane du retour des magies bannies, et si elle voit cette maladie comme un signe de ses convictions, elle ne peut s’empêcher de se questionner sur ceux qui sont derrière tout cela.
Et puis il y a la Chasse. La Chasse qu’on libère, la Chasse qui se présente et qui emporte avec elle la Rose, la Rose qu’elle avait toujours soutenue, mais dont elle ne comprend pas le départ.
Et il y a ce nom qui parvient à ses oreilles. Sitara d’Erebor qui était l’écrin du pion blanc. C’est d’abord une grande fierté, malgré la tristesse et l’incompréhension face à la fin de la Rose, qui s’empare de Soltana en apprenant que sa sœur faisait partie de cette organisation. Mais elle fait vite de déchanter quand elle apprend que le pion blanc aurait pris possession de Sitara et se serait enfui. Détruite, effondrée. Elle qui croyait en la Rose se voit à présent trahi par cette dernière qui lui vole une sœur. Elle ne veut pas croire avoir perdu sa sœur, nourrissant l’espoir malsain qu’elle pourrait être retrouvée et qu’elle serait toujours là, Sitara. Mais elle sait, au fond d’elle, que quand bien même qu’ils retrouveraient l’esprit de Johan d’Outrevent, que ce serait le corps de Sitara qu’on retrouverait, que ce ne serait plus sa sœur.
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Pendant le livre III : Et elle est furieuse, quand elle apprend le couronnement de Shéhérazade ; mais elle sait bien, l’Erebienne, comment le harem fonctionne, et que pourrait-elle y faire, la Voltigeuse des glaces? À présent elle craint encore davantage pour la vie et la sécurité de son neveu.
Les mois qui suivront, à défaut de panser les blessures de la perte de sa sœur, lui feront oublier un peu cette douleur. La trêve qui a lieu n’est que répit partiel alors qu’ils craignent tous la Chasse à présent. La mort de l’empereur après le décès de sa femme plonge l’empire, et particulièrement Valkyrion, dans une sombre période. Il y a Octave, qui est voué à le remplacer, mais la jeune femme ne peut que nourrir quelques doutes sur les capacités de ce garçon encore si jeune. Elle n’était pas à proprement parler présente pour le couronnement. Affectée à la sécurité de la cité, c’était hors des murs du palais qu’elle avait assuré les patrouilles et la quiétude du peuple et de toute la noblesse qui s’était déplacé. Mais comment rester aveugle et sourd à tout ce qui s’y était passé?
Elle avait dû ravaler la douleur de la perte de sa sœur pour aller présenter ses respects et ses félicitations à la nouvelle sultane, mais elle n’avait pu empêcher son esprit, quelquefois, dans quelques regards rapides, de se méprendre et de voir Sitara à sa place. Son cœur s’était serré, avant qu’elle ne s’oblige à se raisonner. Elle aurait aimé que Qasim les accompagne, le revoir un peu, s’assurer qu’il était encore en sécurité. Elle ne savait pas alors qu’elle le pourrait plus rapidement qu’elle le pensait.
Le refus d’Anthim de prêter serment à Octave l’a surpris, mais au fond d’elle elle soutenait la prise de position de son sultan. Elle n’eut pas le temps de se questionner sur ce qu’il adviendrait d’elle et de ses consœurs Erebiennes à présent que la nouvelle leur parvenait de l’assassinat du nouvel empereur. Mais c’est son retour à la vie au lendemain des mains même de la Chasse qui la choqua le plus. La vision de la mort qu’elle avait était celle ancrée au sein du peuple erebien ; la mort était quelque chose de sacré à laquelle on ne touchait pas et d’où surtout on ne revenait pas. Ce n’était plus Octave qui gouverne à présent Ibelène, mais quelque chose d’inhumain ou quelconque magie obscure.
Presque soulagée, alors, de quitter cet empire qu’elle ne reconnaissait plus ; où on cherchait à faire accepter la magie et où on acceptait de se faire diriger par un homme revenu du royaume des morts. Le retour en Erebor était agréable, bien que chargé des souvenirs douloureux de sa sœur disparue. Elle abandonnait son rôle de Major non sans amertume, ignorant encore l’immense confiance que lui porterait son sultan en la nommant maréchale quelques temps après.
La chaleur était agréable, bienvenue et oubliée presque après toutes ces années dans les froids incessants du duché du savoir. Et les étoiles étaient si belles, le ciel un voile scintillant comme nulle part ailleurs. Soltana était retournée voir Saraj, aussi, et ensemble elles avaient pleuré Sitara avant de se partager quelques espoirs d’un nouvel Erebor qui pourrait à présent briller maintenant libéré des carcans de l’empire. Elle était retournée à Vivedune, alors demandée par le sultan lui même. Elle avait été d’abord surprise qu’on lui offre le poste de maréchale d’Erebor, mais bien évidemment plus qu’honorée et fière de la confiance qu’on lui portait, à elle qui n’avait pourtant jamais même volé pour le duché du sable auparavant. On ne refusait pas un tel honneur, une telle confiance qu’on se voyait donner ; alors bien évidemment que Soltana avait accepté. Elle savait la grande responsabilité qu’un tel poste portait, et elle savait aussi que cela signifiait peut-être moins de temps de vol. Elle était jeune, encore, beaucoup plus jeune qu’il n’était coutume pour être promue à un tel poste, mais l’Erebienne avait toujours été d’un grand sérieux et d’une grande discipline dans ses apprentissages et ses années de travail. Elle avait beaucoup appris en observant son capitaine, en devenant Major par la suite quand la guerre avait éclatée. Elle avait confiance en ses capacités, bien que ces responsabilités seraient nouvelles. Mais surtout, depuis la disparition de sa sœur, elle avait encore plus à protéger. Il y avait Saraj, quelque part dans les dunes, il y avait les enfants de Sitara. Il y avait ce peuple, le sien qu’elle avait délaissé le temps de sa formation et de ces années à voler au-dessus des vallées de glace ; ce peuple qu’elle n’avait jamais oublié et ces gens qu’elle avait toujours considérés les siens.
Mais elle avait l’ambition que le vol d’Erebor rayonne de son efficacité et des capacités de ses Voltigeurs. Qu’il n’ait rien à envier à ceux de l’empire Ibéen.
Il ne fut pas long que déjà l’aide des Voltigeurs soit demandée dans une opération délicate et cruciale. Quelle idée, de réveiller les morts ainsi ! Profanation immense, et maintenant leurs ancêtres et leurs disparus qui s’éloignaient vers ils ne savaient trop où. Ce fut là la première mission que Soltana organisa en poste de Maréchale, dépêchant une escorte de Voltigeurs pour encadrer les agents de la Confrérie envoyés pour ramener les défunts dans leur vallée sacrée. Avec quelques dégâts, tout fini par rentrer dans l’ordre, mais l’utilisation de la magie du Sang pour éveiller leurs morts laisse encore Soltana prise d’un sentiment glacial. On ne joue pas ainsi avec la vie, et cela ne fait que davantage accentuer sa position face aux magies anciennement bannies.
Les temps se calment un peu suite à cela en Erebor. La nouvelle Maréchale prend tranquillement ses aises dans ce poste et ces responsabilités qu’elle découvre, et elle apprend à faire confiance à ses Voltigeurs, à ses frères et sœurs des dunes. Mais les temps troubles sont toujours là, et le confort du soleil et du sable et du retour à la maison ne peut pas masquer les déchirements et l’escalade d’évènements qui se poursuivent dans tout Arven. Ils sont seuls, à présent.
Et Erebor devra être fort et puissant.
Et le vol d’Erebor devra tout autant l’être.
Chronologie
23 avril 967
Naissance de Saraj
16 décembre 969
Naissance de Soltana
08 juillet 971
Naissance de Sitara
XX juillet 989
Soltana quitte sa famille et les dunes de son enfance pour retrouver Lorgol et poursuivre ses rêves
XX août 989
Elle est choisit par Acier et commence l'entrainement de Voltigeuse
XX juin 994
Soltana est officiellement Voltigeuse et rejoint l'escadron de Valkyrion
XX été 995
Soltana est en permission et de retour en Erebor, elle surprend un rapt dans un village et sauve Astarté d'une tentative d'enlèvement
06 décembre 1000
Naissance de son neveu, le prince Qasim & couronnement de sa soeur Sitara comme sultane
25 janvier 1002
Déclaration de guerre de Faërie à Ibélène, Soltana est sur le front pour défendre Valkyrion.
30 janvier 1002
Soltana est nommée Major de la division d'Ibelin
01 juin 1002
Naissance de son neveu et sa nièce, les jumeaux Qasid et Qamra
29 au 31 juillet 1002
Ailière de Hjalmar, elle assiste aux événements tragiques de la Lughnasadh à Svaljärd.
27 novembre 1002
Sitara disparait le 27 novembre : écrin du Pion Blanc de la Rose Écarlate, l'esprit de Johan d'Outrevent l'enlève et refuse de quitter son corps.
14 février 1003
A la suite de l'absence de Sitara, Shéhérazade Khamsin, mère du premier prince, devient sultane d'Erebor.
29 mars 1003
Suite à la sécession d'Erebor, elle quitte Valkyrion pour retourner dans ses dunes natales
04 juin 1003
Soltana devient Maréchale d'Erebor