ASTRA ☆ Du chaos naît une étoile.

Née le 28 décembre 968, à la Châtaigneraie, Lagrance. Je suis la seule fille d’une fratrie de huit enfants, autant dire que grandir avec sept frères n'a pas été une partie de plaisir. Mon père était jardinier des ducs de Lagrance. Quant à ma mère, elle était au service du trône, pour le compte de la duchesse, en temps que parfumeuse. Ils n'étaient ni pauvres, ni riches, ils avaient tout juste assez pour nous faire vivre mes sept frères et moi. Par chance, contrairement à mes frères qui avaient des appétits d'ogres, moi j'avais un appétit d'oiseau. Préférant me nourrir de ce que j'apprenais dans les livres, et tout particulièrement les livres d'astronomie et d'astrologie. Et plus je me nourrissais et plus j'avais soif d'en apprendre toujours plus. Et pendant que mes frères grandissaient et voyaient leur magie du printemps ou de l'automne prendre de l'ampleur, moi je contentais de regarder les étoiles, en attendant que mon tour arrive, les yeux remplis d'espoir et d'étoiles.

Malheureusement, rien ne se produisit, pas même une infime once de magie, absolument rien. J'étais dépourvue de magie et ça, je le devais uniquement à ma mère. Elle même en étant dépourvue. Bien sûr, sur les huit enfants, il fallait que ça tombe sur la seule fille de la fratrie. Comme de par hasard, me direz-vous. Que voulez-vous, j'ai appris à m'y faire avec le temps. À force d'être rejetée et d'être mise à l'égard par ma propre famille - en particulier mon père et mes frères. J'ai fini par devenir solitaire, préférant la compagnie de mes livres et des étoiles. Eux au moins, ils ne me jugent sur ce que je suis ou ne je ne suis pas. Alors, pour compenser se manque de magie, je me suis plongée avec assiduité et refuge dans les études. À seize ans, j'entrais à l'Académie. À cette même période que mon frère la quitta. J'ai attendu assez longtemps avant d'y entrer - pour être sûre de ne croiser aucun de mes frères et de sentir la dureté et la honte dans leurs regards. J'en subissais assez à la maison, j'en avais absolument pas besoin à l'école. De plus, j'ai changé de nom au passage, pour ne pas faire plus honte à ma famille - comme ça l'honneur était sauve. Quel malheur dans arrivée là me direz-vous ! Enfin bon, faut bien vivre avec. Quoi qu'il en soit, j'entrepris de faire des études d'astrologie.

J'avais déjà une assez bonne connaissance, mais je voulais encore plus en apprendre. J'avais une telle soif de connaissance, que je n'étais jamais rassasié - en voulant toujours et toujours plus. Si bien que j'appris dans un même élan, une autre forme d'art, à mi-chemin entre la science et la magie : l'art de la clair voyance, de la prédiction. A la fin de mon cursus scolaire, faisant partie des élèves les plus doués de toute l'Académie, je reçus le privilège d'enseigner ici même à l'Académie. Poste que j'acceptais bien volontiers. En plus d'être professeur, je suis également astrologue et voyante à mes heures perdues. Les astres comme les planètes, les comètes et les étoiles ont pris une telle place dans ma vie, que je ne vois pas faire autre chose. Parfois, je me dis qu'être née sans magie n'est pas une si mauvaise chose en soit et qu'à la place, j'ai eu le bonheur de me réfugier dans la beauté des voûtes célestes et dans la clarté envoûtante de la lune. Aujourd'hui professeur, je peux dire que j'ai atteint à grand échelon dans ma vie. J'aime ce que je fais et je ne le cache pas. Mes yeux sont remplis de joie et d'étoiles à chaque fois que je parle d'astrologie et d'astronomie. On peut lire dans mon regard que je suis fière d'être devenue la femme que je suis aujourd'hui.

Mes élèves me connaissant, ils savent maintenant comment je fonctionne. Il est possible d'apprendre en s'amusant, mais il est strictement interdit de prendre mes cours et mon savoir à la légère. Je suis ouverte d'esprit, ouverte à toute discussion construite et à des débats réfléchis et qui en valent le coup, mais je ne permettrais pas qu'on puisse mettre en doute mes capacités et mes acquis sur un sujet que je connais sur le bout des doigts, surtout venant d'élèves indisciplinés et irrespectueux. C'est pour ça qu'avec le temps, j'ai appris à devenir un professeur ferme. Une main de fer dans un gant de velours. Je suis gentille, j'aide les élèves qui en ont besoin et qui y mettent de la bonne volonté. Les importuns, je n'y vais pas par quatre chemins, c'est directement la porte de sortie. J'ai passé l'âge de ce genre de gamineries, de bêtises et préfère passer mon temps et travailler avec des jeunes gens qui veulent réellement apprendre et qui veulent aller loin dans la vie.

Il m'arrive de donner des cours du soir ou bien encore des cours de rattrape pour les élèves vraiment en retard qui ont de grosses difficultés. Il faut savoir se montrer patient, tout le monde n'a pas la même façon d’interpréter les choses. Et même si parfois, je m’épuise à répéter pour la millième fois la même chose, je reste calme, patiente et souriante - parce que j'aime tellement ça parler d'astrologie et d'astronomie, que ça ne me dérange absolument pas de passer quatre heures sur un même sujet. La vertu de ma placidité et mon professionnalisme face à genre de situation m'ont valu d'être un pilier du corps professoral de l’Académie. Et je dois dire que j'en suis très fière. J'apprécie d'être considérée comme telle, mais je n'ai décidé d'enseigner ce que je sais pour recevoir ce genre de distinction. Non, si je fais tout ça, c'est uniquement pour offrir une partie de ce que je sais et aussi pour montrer à mes élèves que même sans magie, il est possible de devenir une personne importante. Et pour cause, j'en suis la parfaite incarnation.

Que penses-tu des compétences de la toute nouvelle impératrice de Faërie, la jeune Chimène ? La trouves-tu légitime, penses-tu qu'elle va réussir sa période de probation ?
• Personnellement, ça m'importe peu. Je suis prête à lui laisser une chance. Si ça marche pour elle t'en mieux, dans le cas contraire, j'espère que son Royaume ne lui en tiendra pas trop rigueur. Ce qui est pour le coup, moins sûr.

Envisages-tu de prendre part au conflit si une guerre entre Ibélène et Faërie devait se déclarer ? Quel parti prendrais-tu, et pourquoi ? Comment participerais-tu à la lutte ?
• Absolument pas. Je suis astrologue, pas une guerrière, une sorcière, un mage ou je ne sais quoi d'autre. Je ne servirai à rien si une guerre devait avoir lieu entre Ibélène et Faërie. La chose que je ferais, c'est m'enfuir, me cacher dans la forêt la plus proche ou même quitter le pays si il le faut.

Que penses-tu de Lorgol, la ville aux Mille Tours ? Est-ce que tu t'y promènes sereinement ou est-ce que la capitale des peuples libres t'oppresse ?
• Je m'y promène sereinement, même si je reste sur le qui vive. On se sait jamais sur qui on peut tomber, au détour d'une ruelle sombre. D'ailleurs, j'y vais assez souvent pour me ravitailler en manuscrits et parchemins sur l'astronomie, l'astrologie et ses astres et leur histoire au fil des siècles.