Indispensable réclamation

Votre Grâce
Votre soeur aînée et moi-même nous retrouvons parfois pour quelques têtes-à-têtes, mais elle a pris l’habitude de sacrifier mes chemises sur l’autel de nos retrouvailles. Pas que je m’en plaigne, puisque lesdites retrouvailles sont bien plus agréables sans vêtements superflus, mais ma solde de voltigeur commence à ne plus pouvoir faire face à l’afflux de dépenses supplémentaires. Une chemise coûte ridiculement cher, le savez-vous?

J’ai peur qu’à terme, n’ayant plus rien à me mettre, je me retrouve dans l'obligation  de ne plus rien mettre effectivement et de voir ainsi déferler des hordes de demoiselle attirées par ma peau nue, qui assiègeraient la Caserne. Je doute que mon Capitaine soit ravi d’un tel trouble, et ne m’en fasse porter la responsabilité. Responsabilité avérée, mais en même temps, que puis-je y faire?
J’aimerais savoir si vous pouviez m’accorder quelques chemises de façon exceptionnelle, pour éviter tout trouble à l’ordre public. Ce serait très gentil de votre part. A moins que vous n’obligiez Mélusine à me les rendre, mais dans ce cas, je vous souhaite bon courage.

Respectueusement,
Mayeul de Vifesprit.

Seigneur de Vifesprit,

Vous comprendrez sans aucun doute ma surprise à la réception de votre missive, qui se fend d’une bien curieuse demande. Vous êtes le premier des amants et amantes de ma sœur à demander réparation pour vos ébats et si votre demande n’était pas aussi farfelue, j’en serais vexé. C’est un honneur que de retrouver vos effets personnels déchirés par les mains agiles de la dame de Séverac et marquise de Sinsarelle et j’espère que vos plaintes s’accompagnent d’autant de supplications et de baisers à ses pieds.

Je n’en reste pas moins un homme généreux et j’ai à cœur que nos Voltigeurs soient décents lors de leurs interventions. Il serait en effet dommage que les activités de la Caserne d’Euphoria se retrouvent mise à mal par la fougue de nos Cielsombroises, sans parler de nos Cielsombrois ! Ils ne seraient certainement pas en reste, face à votre torse nu. Vous trouverez, jointes à cette lettre, un lot de chemises qui vous serviront dans l’exercice de vos fonctions autant que dans celui de vos loisirs. J’exige que vous les portiez lors des prochaines cérémonies officielles : un cadeau ducal aussi précieux se doit d’être exposé aux yeux de tous et je serais très froissé si vous vous absteniez de les vêtir à ces occasions.

Bien à vous,

Castiel de Sombreflamme

Votre Grâce.
Votre cadeau me comble de bonheur et j’aurais grande joie, croyez-moi, à suivre à la lettre vos instructions. J’ai déjà repéré une chemise parfaite à porter pour le couronnement, rouge et parsemée de petits dragons verts crachant un feu violet. Un vêtement splendide qui aura, je le sais, la chance d’attirer tous les regards. Je ne sais pas si vous vous souvenez, elle est échancrée un peu bas, mais puisqu’elle semble trop petite, cela devrait aller.
Par contre, veuillez pardonner l’extrème indélicatesse de mes mots précédents, je n’avais aucunement l’intention de vous vexer. Mais n’ayez crainte, je sais très exactement comment m’excuser auprès de votre soeur si elle a eu vent de mes paroles malencontreuses.

Respectueusement
Mayeul de Vifesprit