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 Le temps s'est arrêté [Quitterie]

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Message Sujet: Le temps s'est arrêté [Quitterie]   Le temps s'est arrêté [Quitterie] EmptyDim 24 Juil 2016 - 22:37


Livre I, Chapitre 4 • L'Ordalie de Diamant
Lucille Sombrefiole & Quitterie Aubenacre

Le temps s'est arrêté

Au fin fond de nulle part



• Date : 12 juillet 1001, au matin
• Statut du RP : Privé
• Résumé : Lucille est en prison et essaie de passer le temps comme elle peut, mais Quitterie va la sortir de là, espérons-le.

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Message Sujet: Re: Le temps s'est arrêté [Quitterie]   Le temps s'est arrêté [Quitterie] EmptyDim 24 Juil 2016 - 22:40

« La bête était tapie dans l'ombre, guettant le moment où nous serions affaiblies ou endormies. Vile et rapide, elle attendait le moment propice pour attaquer, elle n'avait pas l'avantage de la taille mais avait de longues dents qui n'attendaient que de se planter dans notre chair. Et ses yeux, ses yeux dans le noir brillaient d'une lueur malfaisante. Infâme monstruosité, prête à tout pour réclamer notre domaine. Car oui, pour plusieurs mois, c'était notre domaine et nous ne voulions pas le partager avec cette chose. Mais à présent nous regrettions d'avoir attenté à sa vie, car elle n'était plus que vengeance et elle pouvait frapper à tout moment. Puis d'un coup, elle se meut. Ses petites pattes velues parcourent les alentours à une vitesse impressionnante. Elle est prête à bondir, à attaquer sa proie – c'est à dire l'une de nous – à planter griffes et dents aiguisées dans ma peau, à donner corps et âme pour me blesser jusqu'au sang et prendre ma vie. Elle se propulse. Enragée

Je ferme les yeux.

Je hurle.

Et là.



Rien.

Je ré-ouvre les yeux.

Berthe a choppé le bestiau avec ses grosses mains et la pauvre chose se dandine en espérant se glisser et s'échapper. Dès lors, elle n'apparaît plus comme l'horreur démoniaque qui préparait sa vengeance contre nous mais le petit rongeur apeuré qu'il est. Mais plus de pitié, on sait ce dont il est capable et si on le laisse partir, il s'en prendra à nous, peut-être dans notre sommeil. Ca faisait des jours qu'on ne dormait plus ! Bref. Ma colocataire ouvre grand sa bouche et le laisse tomber dedans. 
»


« Attends. Tu vas me dire qu'elle a bouffé ce - c'est quoi au juste ? - vivant ? »

« Un rat. Ouaip. Jamais vu un truc pareil ! J'ai pas pu regarder en fait. Trop occupée à rendre mon repas. Je me demande comment elle a pas eu toutes les maladies du monde après ça. C'est comme ça qu'on l'a nommée Bouff'tout. Je veux dire, elle finissait déjà toutes les soupes immondes qu'on nous servait, mais là c'était d'un autre niveau ! C'était au début. Elle l'a refait plusieurs fois, pas forcément des rats, mais des cafards et plein de trucs dégueu.

Ah... Berthe Bouff'tout. Elle va me manquer ! 
»


J'espère au moins qu'elle a pu passer le message que je lui ai laissé. La vie est trop morne dans cette prison depuis que Berthe est partie. La nouvelle n'a pas l'air aussi... distrayante. Mais il faut lui laisser le temps. Je l'ai été, moi aussi, nouvelle, et les dieux savent à quel point j'ai été ennuyeuse. J'ai été en colère, j'ai été triste, j'ai été repliée sur moi-même. Etre enfermée est la pire chose qui puisse m'arriver. Je me sens comme dix ans en arrière, mais au lieu d'être un village d'attardés, c'est une cellule, et c'est plus difficile de s'en défaire. Le temps n'existe pas ici, n'était-ce pas ce que je voulais ? Arrêter le temps. Ici, on essaie plutôt de le passer. Raconter des histoires et écouter celles des autres, c'est le seul moyen de ne pas mourir d'ennui. Voir Berthe Bouff'tout envoyer des insectes directement dans son gosier était plutôt amusant aussi.

« Je sais même pas pourquoi elle était là au final. Elle a laissé planer le mystère pour qu'on invente des trucs. Ca marchait pas mal. Enfin ça devait pas être si grave que ça puisqu'ils l'ont libérée. »

« Et toi, t'es là pour quoi ? »

« Ah ça. C'est une autre histoire. Tu veux pas en garder un peu pour plus tard ? »

C'est une histoire de jeunesse perdue. Et d'amour, aussi.
Il y a quelques jours que le Carnaval est terminé à Lorgol, on parle de disparitions, d'enlèvements et la fête a eu un certain goût de terreur. Un goût que je n'aime pas beaucoup. Je me réfugie dans ma boutique, je n'ai pas envie de retourner à la Taverne de la Rose. J'ai entendu le nom de mon amie, perdu dans une marée d'identités disparues et je refuse d'y croire. Je fais ce que je sais faire de mieux, je me noie dans mes recherches, j'ai encore des projets qui nécessitent réflexion et des clients qui me nécessitent, moi. A ce moment là, le temps je ne veux pas l'arrêter, je veux qu'il se déroule jusqu'au moment où je verrai à nouveau l'éclat de sa chevelure rougeoyante et où j'entendrai la joie portée par son rire. Elle n'a pas disparue, ils se sont trompés. Le temps je ne peux pas l'arrêter, fin mai j'entame une nouvelle décennie et c'est quelque chose que je refuse aussi. Nous sommes tout début avril et à ce moment là tout se bouscule à l'intérieur de moi. Avant d'y être, je pensais à la meilleure fête que je pouvais donner, j'aurais monopolisé la Taverne de la Rose, envoyé des invitations à Melbren, Siméane et Kitty, puis à tout le monde et à encore plus de monde, il y aurait eu à boire et à manger, mais surtout à boire, peut-être même que des types auraient pu jouer de la musique, enfin de la musique, il y en aurait eu après avoir eu suffisamment d'alcool dans le sang.

Mais en fait je ne veux pas avoir vingt ans.

Tout le monde est un adulte à présent. Kitty sauve le monde à dos de dragon, Melbren fait des trucs de noble en plus de ses inventions et moi, on me parle d'ouvrir un commerce à Euphoria mais j'ai juste envie de m'amuser. Bientôt j'apprendrai qu'un de ceux de ma promotion à l'Académie a eu un enfant et là, mon monde s'écroulera. Il sera vraiment trop loin le temps où on faisait des bêtises. S'il ne reste plus que moi, tant pis. Je vais faire ma fête, ce soir, toute seule. C'est la panique à Lorgol ? Très bien ! Il y a plus d'une tour qui peut accueillir une gamine énervée. Trop de choses grondent en moi et je suis à deux doigts d'exploser. Il fait nuit et je parcours la ville avec mon laboratoire sur le dos. Je ne sais pas encore ce que je vais faire, mais je vais le faire. Et ce sera magnifique. Bientôt j'apprendrai que Kitty va se marier et je n'aurai toujours rien fait. Je n'y vois pas clair, j'ai déjà commencé la fête et j'ai attaqué fort. Début avril, fin mai, c'est pareil. Je ne veux pas y être. J'ai dix ans, en vrai, ma vie a commencé trop tard. Quelle injustice ! Cette tour est parfaite. Elle est déserte ce soir, donc elle est à moi. Je sais ce que je vais faire, ce sera un feu d'artifice. Ou quelque chose du genre.

Quelque chose du genre.

Un bruit sourd. Tout vole en éclat. J'ai à peine eu le temps de finir une fiole et de voir des fleurs danser. J'ai à peine eu le temps de lancer la première fusée pour voir des paillettes. J'ai à peine eu le temps de sentir le sol s'effondrer sous mes pieds et de voir les murs s'écarter pour laisser passer l'éclat des étoiles. Je ne vois plus rien et lorsque je me réveille, le temps s'est arrêté.

« Cette idiote a fait sauter une tour. »

L'autre est restée silencieuse. Peut-être encore plus effrayante que Berthe, c'est le genre qui tue des gens. C'est la meilleure dans son domaine, paraît-il. Pourtant elle s'est faite attraper tout comme nous, on l'aurait trahie, je pense que ce n'est pas une excuse. Des fois elle me donne des frissons. Elle n'a pas l'éclat malveillant du rat dans son regard car elle n'a pas d'éclat du tout. Elle est froide et calme et pourrait assassiner n'importe laquelle d'entre nous. La seule émotion qu'elle laisse paraître est un petit rire sarcastique dès lors que j'ouvre la bouche. J'ai pourtant animé ce bout de couloir avec mes récits du village et de l'Académie. Même certains gardes passent exprès pour les écouter, parfois. Je sais que je ne suis pas ici pour me faire des amis et c'est bien la dernière chose dont j'ai besoin mais à défaut d'être libre de gambader dans la campagne, j'essaie de m'évader par les mots. Il y a des jours où c'est plus difficile que d'autres.

« Ca a beaucoup moins d'intérêt quand tu dis ça comme ça, tu aurais pu me laisser raconter ! »

Elle ne répond rien et se contente de me fixer d'un air désapprobateur. Elle sait que dès que j'en ai l'occasion, je referai ce récit avec un peu plus d'aventure et de piquant mais elle a gâché mon effet. Et un jour, elle sera tellement agacée qu'elle passera à l'acte. De toute façon, tout ce qui peut lui arriver de pire c'est de se faire exécuter et honnêtement, je ne sais pas si c'est tellement pire que d'être ici. Même moi, parfois, je rêve qu'elle serre ses doigts gelés autour de ma gorge et qu'elle m'extirpe de cette cellule loin de tout. La seule chose qui me tienne hors de ces sombre pensées, c'est l'espoir de revoir celle qui a partagé ma vie toutes ces années. Au début j'étais honteuse d'avoir fini dans ce trou, je ne voulais qu'une chose, qu'elle n'apprenne jamais que je me sois fait isoler. Maintenant j'ai besoin d'elle et c'est pour ça que Berthe est sortie avec un message pour Louison la chevaucheuse. Je ne sais pas si elle l'a eu, je ne sais même pas si elle va bien, avant tout ça, il y avait ces bruits qui me déchiraient le cœur. Ces bruits que je ne voulais pas écouter et qui sont pourtant venus me hanter ces mois quand je me forçais à penser qu'elle vivait sa vie de son côté. Dans son port, en toute liberté. Si seulement j'avais pu lui écrire ! Mais nous réduire à des rats en cage n'est pas suffisant, il faut aussi nous priver de toute possibilité de communiquer avec l'extérieur.

Combien de temps avant qu'on ne se dévore les uns les autres ?
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Message Sujet: Re: Le temps s'est arrêté [Quitterie]   Le temps s'est arrêté [Quitterie] EmptyVen 2 Sep 2016 - 13:52


Le temps s'est arrêté
Au fin fond de nulle part
Lucille & Quitterie • 12 juillet 1001


« Oh, Louison, y’a une Berthe en bas pour toi. »

Une… Une Berthe ? Je passe mentalement en revue la liste de mes accointances, mais non, ça ne fait pas tilt – je ne connais aucune Berthe. Bertille oui, Bartholomé le duc aussi, et une petite Menthe qui lave mon linge chaque semaine et me le rend parfumé des herbes qu’elle y met. Mais une Berthe ? Non, vraiment, ça ne me dit absolument rien, et cela n’évoque personne pour Sayam non plus. Une connaissance datant de l’Académie, peut-être ? Je ne me mêlais pas forcément aux autres, mais j’ai retenu la majorité des noms, et aucune Berthe ne s’y trouvait. Une camarade Chevaucheuse ? On a des Berthe, dans l’escadron ? Je suis loin de connaître tout le monde, mais dans ce cas le camarade grimpé me chercher m’aurait précisé… Et c’est ainsi que je trie mentalement toutes mes connaissances, descendant prudemment l’interminable escalier menant à mon logement, marche après marche, peu encline à me vautrer sur un palier. Je finis donc par rejoindre l’antichambre des visiteurs, où une femme dont je n’arrive même pas à discerner le visage m’adresse un très avenant « C’toi, Louison la Chevaucheuse ? » auquel j’acquiesce, un peu perdue. « Y’a une Lucille qu’a fait sauter une tour, elle est dans les cachots d’la Milice à Lorgol, elle m’a d’mandé de t’le dire. » Et la voilà qui repart comme elle est venue. Je ne sais pas combien de temps elle a mis depuis Lorgol à venir me dire ça ici – n’était-il pas plus simple de déposer un message pour moi à la Caserne de Flamme, ou à la Tour du Vol d’Ansemer dans la Ville Haute ? Mais enfin. J’ai l’information.

Ma Lulu, en cellule.
Bien bien.
Elle a fait sauter une tour.
Merveilleux.

Une heure plus tard, munie d’une permission de congé dûment signée et tamponnée par mon major de division, je grimpe sur le dos de Serment, ravi de se dégourdir les ailes. J’ai l’habitude des facéties de Lucille, mais jamais encore elle n’avait donné dans l’architecture, et je me demande ce qu’elle a bien pu inventer cette fois pour réussir à détruire une tour toute entière. Je ne sais pas vraiment si elle est complètement folle ou absolument géniale – sûrement un peu des deux, l’un va rarement sans l’autre après tout, n’est-ce pas ? Je suis... Je ne sais pas. Inquiète, un peu, oui : qui ne serait pas inquiet de savoir un ami emprisonné, pourrissant au fond d'un cachot ? Et en colère, aussi. Quelle idée lui a encore traversé l'esprit, alors que je suis loin et ne peux pas prendre soin d'elle ? Lucille, vraiment ! Tu vas me faire perdre la raison !

Nous mettons trois jours pour couvrir la distance ; je suis chargée de remettre quelques courriers et paquets en route dans les différentes divisions, et je préfère ne pas trop pousser Serment. A mon arrivée à Lorgol, je vais droit à la Taverne de la Rose en bonne habituée, dépose mes sacoches et bagages dans notre appartement que Lucille a changé en laboratoire dangereux, et je m’aventure en direction des geôles de la Milice, munie de tous mes insignes et la ceinture lestée d’une bourse alourdie. Je ne sais pas s’ils sont impressionnés par l’arrivée d’une Chevaucheuse dûment assermentée, ou convaincus par les fleurons qui changent de main, mais on finit par m’apporter ma Lulu sale comme un peigne et son ordre de libération. Je lève les yeux au ciel en voyant dans quel état on me la rend – merci, Sayam, de me prêter ton regard ! Elle n'a pas de blessure apparente, et le soulagement qui déferle sur moi est rapidement noyé par une vague d'agacement.

Sans mot dire, j’attrape ma délinquante par le bras, et l’entraîne avec moi en direction de la Taverne, mes talons martelant fermement les pavés des rues. Je garde les mâchoires serrées tout le long du trajet, et c’est seulement une fois la porte de notre logis refermée derrière nous que je la lâche, campant les poings sur mes hanches et feulant ma colère.

« Mais qu’est-ce qui t’a pris, par Alder et Aura ? Une tour, Lucille – UNE TOUR ! »

Ma voix dérape un peu dans les aigus, et je me mords les lèvres pour ne pas continuer sur ma lancée et dévider la litanie de reproches que je prépare depuis trois jours. Qu'elle ait au moins une chance de s'expliquer...

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