PNJ • Admin Le Destin Messages : 1321 J'ai : un âge au dessus de toute raison.
| Sujet: Prompt #2 ♦ Votes Jeu 3 Nov 2016 - 18:45 | |
| Livre I, Chapitre 6 Concours Littéraire Octobre 2016 Samhain s'avance au fil de ta plume
♦ Ma sœur dit que maman l’a tuée. Maman dit que je n’ai pas de sœur. ♦
Dernière édition par Le Destin le Jeu 3 Nov 2016 - 22:26, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Prompt #2 ♦ Votes Jeu 3 Nov 2016 - 22:24 | |
| La revenante Tristan Je cours, ma poupée à la main. Une poupée que j'ai faite seule. Comme une grande. Pour elle. Ma sœur. Elle lui ressemble, cette poupée, faite de mes mains d'enfants qui restent toujours les mêmes. C'est la Samhain, ce soir. Le voile qui sépare le monde des morts et celui des vivants est fin, très fin. C'est Elle, qui m'a dit de faire cette poupée, l'an dernier. Qu'elle me confierait un secret, si je la montrais à maman. Je lui ai dit, à maman, que j'avais vu ma sœur, à la Samhain. Que j'avais eu peur, et que je lui avais fait un câlin. Qu'elle m'avait dit que ça ferait plaisir à maman, d'avoir un souvenir. J'avais pas compris pourquoi maman m'en avait pas parlé, mais j'avais obéi. Je l'avais donnée à maman, et elle l'avait jetée, me disant que je n'avais pas de sœur. Un an pour pouvoir la revoir, lui demander pourquoi maman disait ça. « Elle m'a tuée. Elle m'aimait pas, alors elle m'a tuée. Elle m'a abandonnée. » Mais c'est moi, le fantôme, pas elle... Rejoins-moi Alméïde C'est un murmure incessant, c'est un chant lancinant. Sa voix si douce à mes oreilles, son étreinte si tendre. Elle est toujours là, à mes côtés, elle ne me quitte jamais. Elle a un regard absent, comme éteint, et son sourire est triste. La nuit, elle s'endort à mes côtés. Rejoins-moi. Ces mots, encore, qui me réveillent en pleine nuit. J'ai peur, elle me rassure, me dit que tout va bien. Maman s'inquiète, elle ne comprend pas, elle veut que je parle au docteur mais je ne veux pas, alors je ne dis plus rien. Le silence s'empare de moi ; je lui offre mes mots et elle s'en sert pour bercer mes nuits. Elle glisse à mon oreille des paroles réconfortantes, elle me raconte les vérités que je ne veux pas entendre. Maman n'est pas aussi gentille. Maman va me faire du mal. Je ne dois pas la laisser faire, je dois partir, elle me protègera. Rejoins-moi. Je grimpe sur le toit et je vois sa chevelure immobile dans le vent d'automne. Nous échangeons un sourire et je fais un pas en avant. Je te rejoins, ma chère soeur. La mort pour seule réponse Melinda Je coule, entrainée par le poids trop lourd qui me tire lentement vers le fond.
J’aimerais ne rien savoir et n’être personne.
Si je ne savais rien, je n’aurais pas à résoudre le dilemme qui se pose à moi. Mais je sais, je sais, et ça me fait mal, trop mal, quand j’ose y réfléchir. Alors je n’y réfléchis pas.
Ne rien penser. Annihiler tout embryon d’idée qui ose me passer par l’esprit. Je ne veux pas avoir à réfléchir sur les révélations de ce matin. Je ne supporterai pas les conclusions auxquelles de telles réflexions pourraient me mener.
Et pourtant, immanquablement, le dilemme revient hanter mon esprit.
Dois-je croire une sœur dont j’ai toujours rêvé, et dont le fantôme réclame vengeance ? Ou une mère que je ne cesse pas d’aimer, même si parfois je demande sa mort ? Je ne peux pas le dire. Je ne peux pas faire de choix.
Alors, je laisse l’eau glacée me tirer doucement vers la mort.
La mort, c’est l’oubli.
La mort, c’est le néant.
La mort, c’est la seule solution que j’aie trouvée à un problème insoluble. Maman m’a tué, je me vengerais Mayeul Son rire résonne, tandis que je la pousse sur la balançoire. J’aime son rire, si clair, si communicatif : elle est si adorable quand elle rit, ou quand elle chante cette comptine qu’elle a inventé, lorsqu’elle brosse mes cheveux. Ma petite Marie. Ma petite soeur.
Mais son sourire tombe, quand Maman rentre dans ma chambre. Je ne comprends pas, quand Maman l’ignore en m’assurant qu’elle n’existe pas. Que je n’ai pas de soeur. Que Marie n’est pas réelle. Mais pourtant, je la vois, moi, je vois ses yeux furibonds se poser sur Maman. Je vois le noir envahir ses prunelles. Elle n’existe pas. Tout le monde le dit. Mais c’est faux, je le sais. Pourquoi ment-elle, ma Maman ? Marie dit qu'il faut la punir, comme elle m'a puni, hier, pour avoir dit que Marie existait. Elle a raison, ma petite soeur.
" Maman m’a tué Je me vengerais N’aie crainte, chère Maman Bientôt, je ferais couler ton sang. "
Et je la fredonne avec Marie, cette comptine, tandis que la vie s’écoule des yeux de Maman. Elle mentait. C’est vilain. Elle ne le fera plus. Ensemble Mélusine Le jour est venu ! Mère est de retour. Je vais enfin la rencontrer – enfin, je vais la voir. Il n’était pas désagréable d’être élevées au loin, mais je suis heureuse qu’elle ait décidé de nous reprendre. Une fille a toujours besoin de sa mère, alors, deux filles, plus encore !
Elle arrive. Nous sommes prêtes : Ari’ m’a aidée à me préparer. De nous deux, elle a toujours été la plus soigneuse, et c’est avec fierté que je m’incline devant cette femme si belle qui entre en mon logis.
« Mère, nous sommes si heureuses de vous voir ! »
Le sourcil de la marquise se fronce. Elle ne comprend pas. « Ariane, et moi Aurore, Mère. » Un petit rire gêné. « Nous sommes vos filles. »
Quinze années. Quinze années de ma vie qui partent en fumée dans le rire terrible d’Ari’. Et ces quelques mots si froids qui tombent comme un couperet.
« Ta sœur n’a pas survécu à votre naissance ; folle enfant, tu as grandi seule ici. »
Je n’oublierai jamais la voix d’Ari’ à mon oreille lorsqu’elle m'étrangle de ses mains glacées. « Ensemble pour toujours, ma sœur. Elle ne te prendra pas à moi. » Mortes-nées Castiel J’ai des souvenirs, pourtant. Ou sont-ce ceux que ma sœur me chuchote à l’oreille, à chaque fois que je l’écoute ? Je crois me rappeler de jeux, de friandises, de rires, mais lorsque je cherche hors de ce qu’elle me raconte, il n’y a que le vide. Alors, généralement, je crois maman, lorsqu’elle dit que je n’ai jamais eu de sœur, petite ou grande. Ils ont essayé, elle et papa, mais ils n’ont jamais réussi. Tout ce qu’ils ont réussi à sortir de son ventre est la mort, encore et encore, jusqu’à ce qu’elle meure presque elle-même. Alors je suis seule. Sans toutes ces sœurs, mortes-nées, que ma mère n’a pas su accoucher, celles qui n’ont pas pu grossir dans son ventre et qui accompagnent mes cauchemars. Celles qui auraient pu, celles qui ne sont pas, celles enterrées dans le jardin, amas sanguinolents qui n’ont rien d’êtres vivants. Pourtant, parfois, ma sœur me chuchote à l’oreille qu’elle a bien été là, elle. Puis, que c’est de sa faute si je suis toute seule, maintenant. C’est elle qui punit maman. |
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