RP Express • Le secret le mieux gardé est celui que l'on a soi-même oublié.

Messages : 1321 J'ai : un âge au dessus de toute raison.

Livre II, Chapitre 2 •La Fortune des Flots

Marjolaine & Denys du Lierre-Réal

Le secret le mieux gardé est celui que l'on a soi-même oublié. (Robert Sabatier)

RP express

Elle enfle, cette rumeur, en parallèle à celle de l’infidélité de la duchesse… Celle du duc est connue, mais jamais elle n’a remis en cause la place de Marjolaine, et encore moins celle de Rose du Lierre-Réal, trésor de ses parents, et bijou de la couronne ducale. Ce bâtard, ce premier-né, pourrait-il y changer quelque chose ? Ou compliquer les relations du couple ducal, déjà peu aisées ? Toujours est-il que cette information est parvenue aux oreilles de Marjolaine, qui hésite à confronter son époux…

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Livre II, Chapitre 2 • La Fortune des Flots

Denys du Lierre-Réal & Marjolaine du Lierre-Réal

Le secret le mieux gardé est celui que l'on a soi-même oublié.

Sous-Titre du Topic ici

• Date : 8 mars 1002
• Météo : Une douce brise souffle sur les terres et un soleil timide pointe son nez entre de blancs nuages flottant avec paresse dans le ciel.
• Statut du RP : Express
• Résumé : Elle enfle, cette rumeur, en parallèle à celle de l’infidélité de la duchesse… Celle du duc est connue, mais jamais elle n’a remis en cause la place de Marjolaine, et encore moins celle de Rose du Lierre-Réal, trésor de ses parents, et bijou de la couronne ducale. Ce bâtard, ce premier-né, pourrait-il y changer quelque chose ? Ou compliquer les relations du couple ducal, déjà peu aisées ? Toujours est-il que cette information est parvenue aux oreilles de Marjolaine, qui hésite à confronter son époux…
• Recensement :

Code:

• [b]8 mars 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t1855-rp-express-o-le-secret-le-mieux-garde-est-celui-que-l-on-a-soi-meme-oublie]Le secret le mieux gardé est celui que l'on a soi-même oublié.[/url] - [i]Denys du Lierre-Réal & Marjolaine du Lierre-Réal[/i]
Elle enfle, cette rumeur, en parallèle à celle de l’infidélité de la duchesse… Celle du duc est connue, mais jamais elle n’a remis en cause la place de Marjolaine, et encore moins celle de Rose du Lierre-Réal, trésor de ses parents, et bijou de la couronne ducale. Ce bâtard, ce premier-né, pourrait-il y changer quelque chose ? Ou compliquer les relations du couple ducal, déjà peu aisées ? Toujours est-il que cette information est parvenue aux oreilles de Marjolaine, qui hésite à confronter son époux…

La duchesse était depuis longtemps habituée à entendre parler des histoires extra-conjugales de son époux et elle supportait le tout avec une patience angélique, pansant elle-même les plaies de son coeur meurtri. Ces bruits n'avaient jamais remis en question sa place, mais les dernières rumeurs qui avaient remonté jusqu'à elle la tourmentaient encore plus que jamais : Rose aurait un grand-frère. Déjà effrayée à l'idée qu'on découvre son infertilité, maintenant s'ajoutait celle que sa petite fille chérie soit évincée par un bâtard. C'était un peu comme si quelqu'un cherchait absolument à briser le couple ducal, alors qu'on racontait aussi qu'elle avait commis une adultère.

C'est en se tordant les mains qu'elle traversa la demeure pour aller rejoindre son mari dans son bureau, ne se sentant pas le courage d'aborder le sujet ailleurs. Elle essaya de se composer un visage serein avant de cogner à la porter puis d'en pousser le battant. « Denys? J'aimerais vous parler de quelque chose, » dit-elle, un léger tremblement dans la voix. Marjolaine, qui savait habituellement contenir ses émotions, ne savait pas si c'était une bonne chose de faire part de ses inquiétudes au duc, alors qu'il n'était peut-être pas au courant même de l'existence prétendue de cet enfant. Ni même de rumeurs à ce propos. Cependant, elle avait besoin de réconfort devant ses incertitudes et depuis le Tournoi, elle avait pu compter sur lui.

Spoiler:

En Lagrance, les rumeurs sont monnaies courantes. Aussi, s’intéresser à chacune d’entre elle relevait du miracle, même si certaines trouvaient plus d’écho que d’autres auprès des oreilles indiscrètes. Difficile néanmoins pour le duc d’ignorer celles sur lui et son épouse. Il n’avait point prit ombrage de celle qui l’avait prétendu en relation… proche avec Castiel, ni de celle qui prétendait que son épouse, comme lui, commettait l’adultère. S’il était conscient que les rumeurs naissaient toujours quelque part, il avait encore assez confiance en Marjolaine pour ne point l’accuser sans aucune preuve. Et force était de constater qu’il avait aussi bien d’autres choses à penser. Celle qui prétendait qu’un enfant bâtard était susceptible de ravir la place de sa fille en tant qu'héritière le laissait cependant bien moins de marbre.Ces potins, parfois, pouvaient aller trop loin.

Affairé à quelques projets pour le duché, Denys fut quelque peu étonné de la visite de Marjolaine dans son bureau, et ce d’une manière pour le moins protocolaire. Il ne prétendait pas connaître son épouse sur le bout des doigts, mais il aurait juré que la timidité seule ne jouait pas dans son attitude embarrassée. D’un geste, il l’invita à prendre place sur l’espace plus intime de son bureau, vers un canapé où il la rejoint pour s’asseoir.

« J’ai toujours une oreille attentive pour vous ma chère. De quoi souhaitiez vous me parler ? »

Spoiler:

La jeune femme accueilli l'invitation à s'asseoir avec un certain soulagement : si elle avait choisi de visiter son mari à son bureau c'était bien pour le côté sérieux de la pièce, mais être assise sur le canapé lui permettrait d'être plus détendue. Et puis, bien que son ventre ne soit pas encore trop gros pour qu'elle aie du mal à se déplacer, elle se fatiguait beaucoup plus vite qu'en temps normal.

C'est une Marjolaine assise bien droite et un peu raide qui accueilli le duc à ses côtés : elle n'arrivait pas à se détendre malgré tout. Elle était venue après avoir réfléchi un moment à la question, mais c'était tout comme si elle n'était arrivée à aucune décision au final. Elle était sujette à un débat intérieur dans lequel elle essayait elle-même de se rassurer. Voyant combien son père raffolait d'elle, il était impossible que les rumeurs portent à conséquence pour la fillette, n'est-ce pas.

Garder le silence plus longtemps aurait été fort gênant et Marjolaine ne tenait pas à déranger Denys plus longtemps que c'était nécessaire. « Eh bien... C'est... à propos de Rose, » balbutia-t-elle avec un ton de voix qui laissait percer son inquiétude. Une part d'elle-même au plus profond de son âme criait : « et à propos de moi. »

Spoiler:

Il avait bien l’habitude d’une Marjolaine timide mais pas d’une Marjolaine gênée par lui. Même si les relations du couple n’étaient pas exceptionnelles, ils avaient pourtant le mérite de s’avoir s’écouter en temps normal. Denys n’était pas certain de comprendre ce qui retenait à ce point son épouse de se détendre en sa présence, lui qui n’avait jamais été outrageusement exigeant ni mauvais à son encontre. Ses seuls torts étaient d’être un mari volage, mais l’affection restait. Même si la curiosité le tenait, il laissa à Marjolaine tout le temps nécessaire pour en venir au fait. Avait-il fait quelque chose d’à ce point déplaisant pour qu’elle soit comme ça ?

Nombreuses étaient ses pensées quand enfin elle daigna prendre la parole, de cette voix à nouveau tremblante. Rose ? Hé bien quoi Rose ? Pragmatique, Denys prit le temps de réfléchir une seconde avant de répondre. Leur fille n’était pas en danger immédiat, sinon Marjolaine ne serait pas venue aussi calmement. Néanmoins, malgré cette irrépressible curiosité titillée d’impatience, il répond doucement, essayant d’obtenir de la part de sa femme plus que quelques balbutiements incertains.

« Rose ? Vous accable-t-elle à ce point de caprices pour que vous veniez trouver refuge vers moi ? » Il se moque, gentiment, pour essayer peut être de détendre son épouse. Mais il n’est pas dupe et sait qu’il y a autre chose. « Et si vous me disiez clairement les choses ? »

Spoiler:

Si sous certains points, Denys manquait un peu pour être considéré comme l'époux idéal, Marjolaine devait convenir qu'elle était tout de même une femme choyée. Peut-être pas comblée sur le point affectif, mais elle ne manquait de rien et n'avait pas beaucoup de sujets desquels se plaindre. Elle pouvait se confier en toute sureté. Puisqu'elle était déjà là, il était un peu trop tard pour reculer.

« Eh bien... Il semblerait que de viles rumeurs circulent à propos d'un premier né. » Elle n'osa pas en dire plus pour commencer. Elle n'avait jamais complètement caché son déplaisir à savoir que d'autres femmes passaient entre ses bras, mais elle ne l'avait jamais confronté sur ce point. Il y avait d'autres moyens croyait-elle de pouvoir remédier un jour à la situation. Cependant, c'était la chair de sa chair qui risquait d'en payer le prix et cette idée lui redonna le courage d'un lion.

« Je ne sais si ces bruits ont trouvé le chemin jusqu'à votre oreille, mais vous conviendrez qu'ils puissent porter préjudice à notre fille. » Elle savait Denys très attaché à la petite princesse et elle préféra s'effacer en lui donnant la plus importante place plutôt que d'attirer l'attention sur elle-même. Elle essayait de maîtriser cette tristesse immense qui venait la ronger les soirs qu'elle passait seule entre les draps et qui l'immergeait maintenant. Ce n'était pas facile.

Spoiler:

Ainsi, les rumeurs trouvaient aussi écho aux oreilles de Marjolaine, au point qu’elle laisse l’inquiétude dépasser son habituelle réserve. Denys ne savait trop quoi en penser. Il avait beau avoir connaissance des mots qui se disaient sur lui, cette histoire il avait préféré ne pas s’y intéresser. A ses yeux, cela n’avait aucune importance, mais il convenait que ce n’était peut être pas le cas de tout le monde, et à plus forte raison Marjolaine. Devait-il lui en vouloir de s’inquiéter pour ce qui n’était rien ? Pas réellement, il connaissait son épouse et son instinct maternel protecteur envers Rose. S’il n’avait pas d’inquiétude quant-à l’avenir de sa fille, il en avait autrement plus sur l’effet que pouvaient avoir ces rumeurs sur elle. Aussi, le regard du duc se fit un instant plus sombre, laissant faner son sourire dans un vent de glace.

« J’en conviens oui. Et j’en ai entendu parlé. » Un soupir franchit ses lèvres, il continue dans la foulée. « Je ne sais rien de ce... bâtard dont parle les rumeurs. » Il ne ménage pas le mot utilisé pour parler de l’enfant à l'origine des rumeurs. Bien égoïstement, presque cruellement, Denys n’a d’intérêt que pour ses enfants légitimes. Rose et celui à venir, eux seuls comptaient. « Ce ne sont que des mots Marjolaine, l’avenir de notre fille n’est en rien menacée, vous le savez n’est-ce pas ? »

Spoiler:

Les mots de Denys devaient suffire à la rassurer, mais Marjolaine n'a toujours pas l'esprit tranquille. Pas seulement à cause des enfants, mais aussi parce qu'elle se sentait... beaucoup plus trahie que jamais. Amoureuse, la petite duchesse l'était toujours et si le temps avait rendu à l'état de braise cette flamme du départ, elle ne supportait l'idée de ne pas avoir au moins l'exclusivité sur la descendance.

Quand il disait ne rien savoir de cet enfant, elle le croyait. Il avait bien des défauts, mais elle pouvait se flatter de croire qu'il ne lui mentirait jamais de façon aussi éhontée. Parmi les miettes de leur mariage, restait-il au moins une confiance mutuelle. C'était un lourd poids à enlever sur le coeur de la femme enceinte : cela lui prouvait au moins que sur certains points, elle l'emportait sur toutes les autres, les enfants issus de leur union ne laissaient pas indifférent comme ce bâtard qui semblait le laisser de glace. « Oui, je le sais, je le sais bien seulement... »

Cependant, une terrible question la tracassait tout de même, bien qu'elle soit rassurée sur l'avenir que le père de Rose lui réservait. « Et s'il s'avérait qu'un tel enfant existe réellement, qu'en ferez-vous? » Avec ce qui s'était récemment passé avec l'impératrice Chimène et les combats qui ravageaient Arven, quel être malintentionné pourrait se servir de ces rumeurs et à quelles fins?

Spoiler:

Si seule l’image qui risquait de découler de ces rumeurs pouvait potentiellement inquiéter le duc, Denys devait avouer qu’il ne voyait pas le problème perçu par Marjolaine. A ses yeux, cette rumeur et cet enfant dont il ne savait rien ne pouvaient prétendre à rien dans la vie du couple ducal, et moins encore porter préjudice à la petite Rose.

Un instant, il songe à Chimène de Faërie, coulée par son propre frère ainé. Soit, c’était une bien triste affaire, mais cela n’avait rien à voir avec eux. L’enfant n’était qu’un bâtard sans nom. Rose était princesse. Elle était la première née. La seule à pouvoir hériter de son père. S’il était parfaitement égoïste et ambitieux pour lui même, Rose lui était précieuse, et malgré ses infidélités envers son épouse, la petite était un lien indéfectible et inaltérable entre eux.

« Absolument rien. S’il devait exister, alors il n’est rien pour moi. » Froid, incisif. Si quelqu’un devait se mettre en travers de leur route, alors il était prêt à l’éliminer à sa manière. Il pouvait faire taire les rumeurs, mais ça n’aurait pas été judicieux pour eux. « Quoiqu’il arrive, je n’ai jamais eu l’intention de reconnaître un enfant qui n’est pas de nous. » Un main se pose sur celle de son épouse, douce. Elle le sait hélas, certainement, qu’il y en a peut être d’autre. Mais cela ne changeait rien.

Spoiler:

Rien. Cette réponse aurait dû satisfaire la duchesse, mais celle-ci n'arrivait pas à chasser ses inquiétudes. Néanmoins, le ton du duc la rassura quand même un peu : dans l'adversité, elle savait qu'il se rangerait auprès d'elle, pas auprès d'une de ses amantes d'un soir. Même si ce n'était pas exactement ce qu'elle désirait de lui, une petite bouffée de chaleur lui réchauffa le coeur. Malgré tout, il était lié à elle et seulement à elle de cette façon.

Elle contemplait cette main tant aimée posée sur la sienne, mais la sérénité affichée sur son visage restait teintée d'un voile. Que dirait-il s'il apprenait que les enfants issus de leur union ne devaient pas être? Qu'elle lui avait menti dès le début de leur mariage, qu'elle continuait à le faire et recommencerait peut-être même? Elle préférait éviter d'y penser. Ne pas y penser n'effaçait pas le problème, mais au moins elle risquait moins de se trahir. Elle soupira. « Peut-être me fais-je trop de soucis pour un rien. » Elle posa timidement son autre main sur celle de son époux et en caressa les jointures dans un geste distrait, mais tendre. « Je ne regrette pas d'être venue vous trouver, j'ai maintenant l'esprit plus tranquille. » Pas complètement tranquille par contre, songea-t-elle tristement. « Ces rumeurs s'éteindront d'elles-mêmes, croyez-vous? »

Spoiler:

Peu à peu, elle retrouvait une forme de sérénité. Ce qui avait quelque chose d’étonnement rassurant. Même s’il portait plus d’intérêt à ses affaires que celles des autres, au moins avait-il un minimum d’intérêt pour celles de sa femme. Certes, il n’était pas prêt à faire des concessions sur ses activités extra-conjugale (la vérité était qu’il n’y avait jamais songé) qu'il savait blessantes pour Marjolaine. Mais outre ce défaut notable, il avait à cœur de prendre soin d’elle. Quitte à la rassurer sur ce qui n’était qu’une banale affaire – si l’on pouvait l’appeler ainsi.

« Les rumeurs finissent toujours par s’éteindre quand il n’y a personne pour les nourrir, croyez moi. » Il savait bien de quoi il parlait, lui qui n’était pas en reste en ce qui concernait les rumeurs sur sa personne. Les caresses sur sa peau sont distraites. Prenant cette main qui s’était posée sur la sienne, il vient à nouveau à plonger son regard dans celui de son épouse. Oh non, il n’était pas dupe. « L’êtes vous totalement ? N’y a-t-il rien d’autre qui vous tracasse ? » Le sourire qu’il lui accorde est plus doux, moins synonyme de ce charme habituel qu’il affiche que questionnement sincère. « Peut-être… Peut-être n’est-il pas seulement question de Rose. M’en voulez-vous ? Pour cette histoire de bâtard ? » Il n’en aurait pas été surpris.

Spoiler:

Après presque dix ans de mariage, il aurait été sot de croire qu'elle pouvait tout cacher de ses états-d'âme à son mari. L'objet le plus important de ses soucis était pourtant bien lui, cet homme volage à qui elle avait donné sa main, mais lui faire des reproches ne servirait à rien d'autre qu'à les éloigner encore plus. Puis elle avait elle-même ses propres secrets. Le flot de pensée de la Lagrane était complexe.

Toutefois, qu'il lui demandasse directement si elle lui reprochait cette histoire de bâtard la surprit au point qu'elle ne sut se composer un visage de marbre et lui assurer avec douceur qu'il n'en était rien. Elle était généreuse la duchesse, mais pas au point d'être complètement dénuée d'égoïsme. Cet enfant qu'elle portait dans son ventre en était une preuve. « Pour être complètement honnête avec vous, oui, déclara-t-elle d'une voix un peu plus affirmée qu'elle n'aurait cru en être capable en abordant ce sujet si douloureux pour elle, Mais je ne compte pas vous chercher querelle à ce propos. » Elle était tout à fait honnête. Elle ne croyait pas que la confrontation le ferait changer. Elle ne croyait pas qu'il serait prêt à changer pour elle. Pas encore, un jour viendrait. « Laissons dormir le passé là où il est. Ça ne change pas mon affection pour vous, ni ma loyauté. » Peu importe les blessures infligées.

Spoiler:

Pas surpris, mais peut être un peu vexé. Il n’avait pas eu besoin d’attendre les paroles de Marjolaine pour se rendre compte de sa surprise et de l’étendue de sa réponse. Elle lui en voulait. Au moins, il reconnaissait bien là l’honnêteté de son épouse. Pourtant, une part de lui, la plus égoïste sans nul doute, se trouvait légèrement blessée de constater ce mécontentement sur une affaire qui datait d’avant leur mariage. Mais soit, comme elle le disait si bien, elle ne chercherait pas querelle et préférait enterrer le passé. De la même manière, Denys n’était pas belliqueux ni rancunier, il s’attendait bien à une réponse du genre en posant la question. Le sourire qui prend place sur son visage semble d’ailleurs, pendant une seconde, désolé, avant de reprendre son habituelle contenance.

« Je vois. Je suis désolé néanmoins de vous avoir blessé... » Et de continuer à le faire, c’était ce que sous entendait ses mots. Etait-ce pour autant vrai ? Son visage et le ton de sa voix semblaient le crier. Son cœur pourtant… c’était une autre histoire. « Vous êtes une belle personne Marjolaine, je mesure la chance que j’ai de vous avoir. » Une femme de cœur, généreuse, douce, et qui pardonnait à son époux son attitude volage. Le compliment était sincère. Ce qui était rare dans un duché où les flatteries étaient aussi présentes que les potins en tout genre.

Spoiler:

Elle aurait dû se contenter des mérites que lui accordait Denys, mais son coeur égoïste aurait souhaité qu'il ne se contente pas d'utiliser des mots pou le lui faire sentir, que ses gestes et actes soient en accord. Elle n'était pas malheureuse Marjolaine, cependant devait-elle se contenter d'un bonheur qui lui semblait incomplet? Elle esquissa néanmoins un sourire : elle appréciait ces marques d'attention plus que tout. « Je suis heureuse que vous pensiez ainsi. » Elle leva une main et la posa sur la joue du duc quelques secondes avant de la laisser tomber doucement.

« Vous êtes très bon pour moi. Je ne pourrais demander un meilleur père pour Rose et je ne doute pas qu'il en soit de même pour cet enfant à venir. » Elle jeta un regard de tendresse à son ventre de plus en plus gros. Maari, faites que ce soit un garçon. J'en ai besoin, encore plus que jamais. Non, Marjolaine n'était pas entièrement satisfaite de son époux, mais elle savait reconnaître que malgré ses tares, il ne manquait pas d'égards envers elle. Le reste, elle devait l'acquérir par mérite et elle y était prête.

« Permettez-moi seulement de dire... ne soyez pas désolé. Pas envers moi, ce n'est pas nécessaire Denys. Je suis probablement l'une des femmes les plus choyées de tout le continent et c'est grâce à vous. » Pas parfaitement heureuse, mais assez pour lui en attribuer une large part du mérite.

Spoiler:

Le geste est doux. Trop pour laisser le duc indifférent et pour lui faire ressentir une pointe de culpabilité. Celle de profiter peut être un peu trop de la gentillesse d’une femme qui ne disait rien et souffrait en silence. Une souffrance qu’il n’était pas le seul à remarquer et qui avait attisé la colère d’un certain jardinier, décidé à faire payer l’époux infidèle qu’il était. Mais s’il n’avait jamais donné son cœur à son épouse, l’affection était réelle. Et le regard de tendresse qu’ils partagent en regardant tous deux ce ventre qui doucement s’arrondit l’est aussi. Il se permet de laisser glisser son autre main vers celui-ci, effleurant des doigts cette petite vie qui grandit. On le dit parfois incapable de sentiments, la vérité était beaucoup plus complexe.

« J’ai conscience cependant de ne pas être l’époux que vous imaginiez. » Il offrait la bienveillance, la richesse, la renommée, l’affection aussi. Tout ce qu’une personne censée pouvait espérer, à savoir la stabilité. Mais pas l’amour. L’Amour avec un grand A, qui faisait que la flamme ne s’éteignait jamais vraiment. « Et je ne suis sans doute pas le mieux placé pour vous offrir le bonheur. » Pourquoi de telles vérités sur lui même à cet instant ? La culpabilité peut-être qui se joue de lui. « J’aimerai être capable de pouvoir faire plus. Vous le méritez. » Être capable, là étaient les mots importants.

Spoiler:

Les paroles de son époux ne pouvaient qu'attendrir le coeur déjà empli de faiblesse pour cet homme qu'elle aimait de Marjolaine. Et c'était peut-être justement cette sincérité qui lui fit monter le rose aux joues, complètement sous le charme une fois encore. Malgré tout, elle pouvait garder bon espoir qu'un jour les choses s'arrangeraient et qu'il réaliserait enfin que tout ce qu'il cherchait se trouvait déjà auprès de lui, à portée de main.

Elle allait répondre lorsqu'elle sentit un léger mouvement dans son ventre. Presque rien, mais assez pour la surprendre et l'arrêter alors qu'elle ouvrait tout juste la bouche. « Il semblerait qu'il y en ait un qui soit vous aime particulièrement, soit proteste lorsque vous dites n'être pas le plus apte à me rendre heureuse, » dit-elle attendrie. Certes, il y avait des moments où sont moral n'était pas au plus haut, mais il lui avait tout de même donné plus que ce qu'elle espérait de la vie au tendre âge de dix-huit. « Ou plutôt peut-être les deux. » Le père de cette petite crevette avait-il pu sentir un peu le mouvement? Probablement pas, c'était si subtil.

Elle resta silencieuse un instant avant d'ajouter : « Rien ne m'a jamais fait regretté d'avoir accepté de vous donner ma main il y de cela bientôt dix ans et ne serait-ce que pour Rose et son petit frère à venir. »

Spoiler:

Un cœur de faiblesse. Il savait que c’était dangereux, au fond de lui, de se laisser si facilement attendrir là où il avait toujours considéré l’amour comme une forme de faiblesse. Il n’y était pas insensible, ne le condamnait pas, mais il avait fait le choix, il y a bien longtemps, de prendre la route de pouvoir plutôt que celle de l’amour. Par devoir et par ambition. Il s’était pourtant bien des fois imaginé que Marjolaine saurait ravir son cœur, et force était de constater qu’une part lui était sincèrement attaché. Au delà de la culpabilité, il y avait donc cette envie de ne pas lui mentir. Pas à elle. Pas sur ce sujet.

Le mouvement qu’elle perçoit en elle, il n’a pas la chance de le percevoir de son côté, mais n’en est pas moins autant attendrit qu’elle. Il se souvient de l’époque où elle attendait Rose, qui n’était pas si différente de celle-ci. Denys avait toujours aimé et attendu les enfants qu’il pouvait avoir avec Marjolaine. Pour bien des raisons d’ailleurs.

« Je suis heureux et vraiment touché de le savoir. Vous m’êtes cher et je n’ai jamais regretté de vous avoir choisi. » Il prend sa main, la portant à ses lèvres pour déposer un tendre baiser. Puis les mots de son épouse reviennent tout à coup à son esprit, comme une surprise. « Un petite frère vous dites ? Comment… comment le savez-vous ? »

Spoiler:

Marjolaine rougit à la question de son époux. Ce n'était pas un secret qu'elle avait passé le clair de l'hiver à tresser des couronnes de fleurs, grâce à l'aide de mages de floraison, pour les offrir à Maari. Cependant ce fait n'avait dû n'en surprendre que peu puisqu'il n'était pas inconnu que la duchesse était plutôt superstitieuse et prompte à la dévotion. Ces offrandes avaient sûrement aux yeux des autres pour objectif de s'assurer de mener une bonne grossesse, sans peut-être savoir qu'une bonne partie des prières qu'elle récitait en silence réclamait un fils. « Eh bien, balbutia-t-elle, je... c'est une intuition féminine. » Et puis elle l'espérait si fort que c'était presque devenu une réalité certaine à ses yeux.

« Ce serait merveilleux que Rose ait un frère, vous ne trouvez... » Elle s'arrêta sans compléter sa phrase. Quelque part, quelqu'un prétendait avoir ce fils qu'elle-même désirait tant. L'espace d'un moment elle avait réussi à l'oublier. Elle reprit du mieux qu'elle put contenance, car elle ne voulait pas qu'il croit que ses mots n'avaient pas d'influence sur elle. « J'espère un garçon depuis que nous savons que ce bébé a trouvé sa place en mon sein. Il pourrait vous accompagner là où Rose et moi ne le pouvons pas. »

Spoiler:

Un fils. Il ne savait pas réellement pourquoi la perspective l’enchantait d’une certaine manière. Il n'avait jamais eu de préférence pour une fille ou un fils concernant sa descendance. Lagrance avait la chance d’être un duché ouvert et tolérant. Et depuis bien longtemps, les terres aux milles jardins étaient traditionnellement dirigées par des femmes. Si lui et son père avait détonné ces dernières années, il semblait bien que la tradition reprenait doucement son cours avec la naissance de Rose. En était-il gêné ? Nullement. Car à ses yeux, les femmes n’étaient pas moins compétentes que les hommes et étaient toutes aussi capables de diriger. Feu la duchesse Cyselle s’était révélée être une dirigeante noble et digne pour son duché, même si son règne s’était bien tristement terminé.

Mais un fils. Oui il y avait quelque chose de plaisant dans cette simple perspective, même si en réalité, il ne serait pas moins heureux d’avoir une nouvelle fille. Tendre est le regard que lance le duc à son épouse, posant cette fois de manière plus appuyée sa main sur le ventre arrondit, y laissant de douces caresses.

« Un garçon serait merveilleux oui. Notre fils. » D’un geste il s’approche de son épouse, déposant un léger baiser sur sa joue mais proche de ses lèvres. Puis avant de se reculer, un fin murmure vient chatouiller son oreille dans un souffle. « Mais fille ou garçon, je n’en serais pas moins heureux. »

Spoiler:

Il n'en fallait que si peu, un simple baiser tendre, pour que le coeur de Marjolaine ne batte à la chamade. Si seulement il leur donnait une chance. Une vraie chance d'essayer de s'aimer pour de bon, elle aurait déjà atteint la moitié de son objectif. Néanmoins, elle pouvait se compter chanceuse en comparaison à d'autres femmes de la même position sociale qu'elle-même, mariées par arrangement sans la moindre trace d'affection. Elle leva des yeux embués d'émotion vers Denys. « Avoir un fils de vous est mon désir le plus cher, » avoua-t-elle. Peut-être pas aussi fort que sa soif de l'amour de son époux, mais sinon presque, d'autant qu'elle croyait que c'était un moyen efficace de ramener l'homme de son coeur auprès d'elle.

Elle n'avait point envie de bouger, sa tête était fortement tentée à se poser sur l'épaule de l'homme, mais le temps avait passé et elle craignait détourner de ses tâches trop longtemps le duc. « Je crois avoir abusé de votre temps assez longtemps et il qu'il est peut-être temps pour moi de me retirer, » fit-elle doucement. Ses inquiétudes n'étaient peut-être pas tout à fait calmées, mais ses espoirs avaient pris de l'ampleur et plus que jamais elle était plus convaincue que jamais que cet enfant les rapprocherait.

Spoiler:

C’était son désir le plus cher. Sans aucunes arrières pensées, avec une réelle sincérité, le duc espérait alors que ce vœux se réaliserait pour elle, si cela pouvait apaiser ses douleurs et les tourments qu’il lui faisait endurer par ses infidélités. Le mal qu’il commettait, ce n’était pas à dessein. Mais Denys était hélas bien égoïste, et pour le changer, il lui faudrait prendre conscience de certaine chose avant de l’envisager. C’était dans une danse complexe que se battaient alors l’affection et son égocentrisme parfois trop prononcé. S’il perçoit l'avoir ému par les gestes, il ne la prend pas encore dans les bras. Néanmoins, le sourire qu’il lui accorde est vrai.

« Alors je prierais avec vous Maari pour que ce vœux se réalise. »

Même s’il n’était pas particulièrement superstitieux, Denys priait comme chacun les dieux, bien qu’hormis Cerah, Mirta, Syned et Sithis, peu d’autres dieux recevaient ses prières.

Elle n’a pas tort, sa douce Marjolaine, le temps a filé et les tâches qui l’incombent n’en on pas disparues pour autant. Pourtant, il se prend à vouloir les négliger, comme il lui arrivait parfois de le faire quand il était en agréable compagnie. Comme Alméïde… avant.

« Ne craignez pas de me déranger. En vérité, vous avez égayé ma journée et j’aimerai continuer à profiter un peu vous, si vous avez du temps à m’accorder. » Léger et taquin est le ton du duc.

Spoiler:

Il ne fallait pas d'invitation mieux formulée pour accepter de rester auprès de son époux : elle n'attendait même que ça, même si elle savait qu'elle ne devrait pas abuser de son temps. Mais puisqu'il manifestait le désir de la garder auprès d'elle, puisqu'il lui avouait même qu'elle avait égayé sa journée, elle ne pouvait qu'acquiescer, un sourire timide aux lèvres.

« Permettez-moi alors de vous imposer ma présence encore quelques temps, » déclara-t-elle aimablement et plutôt rayonnante de bonheur. Toutes les attentions que pouvaient lui accorder son mari ne pouvaient que lui procurer un bonheur infini.

Néanmoins, avoir égayé sa journée était certes une joie euphorique pour la noble dame, mais elle était un peu surprise qu'aussi peu de choses aient pu avoir autant d'influence, surtout qu'elle était d'abord venue emplie d'inquiétudes. « J'espère que vous n'êtes pas tracassé par trop de soucis? » lui demanda-t-elle, soudainement prise d'appréhension pour lui. Certes, on ne pouvait pas dire qu'avec les conflits qui ravageaient Arven la vie des têtes couronnées des duchés étaient libre de tout trouble, or Marjolaine espérait que point d'autres soucis ne dérangeaient le duc. « Vous savez que vous trouverez toujours en moi une confidente attentive et discrète. Mais peut-être préférez-vous ne point y penser maintenant. »

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Il n’était pas difficile de se douter de la joie que ressentirait Marjolaine à sa proposition. Denys n’était pas idiot, il savait que son épouse, même si elle ne le formulait pas, aimait à être avec lui, bénéficier de ses attentions. Et aussi curieux que cela puisse paraître, l’inverse était vrai aussi, même si le duc, contrairement à son épouse, se permettait aussi de partager les attentions d’autres femmes. Mais depuis quelques temps, il partageait plus son temps avec son épouse qu’avec d’autres femmes passant entre ses bras. Les maitresses se faisaient plus rares, à quelques exceptions.

La voir aussi heureuse eut néanmoins l’effet de faire sourire le duc tendrement. Lequel se fana lentement à la remarque éclairée et pertinente de Marjolaine. Des soucis ? Autres que la guerre qui faisait rage ? En réalité c’était bien le cadet des soucis du duc de Lagrance ces quelques derniers jours, puisque Faërie était toujours victorieuse sur Ibélène. Souhaitait-il confier les événements des derniers jours qu’il avait maintenus secrets à son épouse ? Il eu plusieurs secondes d’hésitation, semblant réfléchir, mais la douce Marjolaine avait ce don de pousser à la confidence.

« Hé bien… Je préférerai ne pas y penser en effet, mais vous aurez tôt fait de l’apprendre. Y a quelques jours, nous avons arrêté une nouvelle tentative d’assassinat sur ma personne. Rassurez-vous néanmoins, nous avons arrêté le coupable, sa condamnation a d’ores et déjà eu lieu. »

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Si la duchesse fut tentée momentanément de céder à la panique, mais elle prit sur elle-même pour garder contenance, bien qu'elle fut pétrie d'angoisse. Cela lui rappelait les événements du Tournoi dont elle ne s'était encore remise. Comme le temps avait passé sans incidents majeurs, elle avait réussi à se rassurer et à reléguer aux oubliettes la marque de Sithis aposée sur son époux, mais il ne fallait rien de plus pour lui rappeler sa cruelle présence. Elle ne put s'empêcher de serrer avec anxiété la main de Denys. Si elle l'avait osé, elle l'aurait inspecté de haut en bas afin de s'assurer de sa bonne santé.

« Il ne s'agissait donc pas d'un envoyé de la Confrérie? Ils n'ont pas réussi à vous faire de mal, n'est-ce pas? » s'enquit-elle. Si Marjolaine ne détestait pas son titre et en tirait beaucoup de gratification, parfois elle rêvait d'une vie ordinaire où personne ne s'en prendrait à sa famille.

« Vous auriez dû m'en parler plus tôt, afin de ne plus avoir à y penser. Pourquoi avez-vous attendu? » Ses deux mains serraient toujours celle de l'homme qu'elle aimait alors qu'elle songeait qu'il avait peut-être voulu lui épargner l'angoisse et aussi la condamnation : elle n'avait pas un coeur à les supporter, elle qui était si bonne, et quelque que fut les intentions du duc, elle le remercia en silence.

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» Ce secret que j'ai longtemps gardé
» Le plus fort est celui qui n'oublie pas sa faiblesse
» Celui qui cache son secret est maître de sa route
» C’est le sang qui nous lie, celui qui coule dans nos veines, celui que nous faisons couler
» Prends garde à toi mon frère