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 J'suis pas bien dans ma tête Maman...

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Aubrée de Sombregemme
Aubrée de Sombregemme

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Message Sujet: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyMar 3 Jan 2017 - 19:46


Livre II, Chapitre 1 • Les Sables du Temps
Grâce de Sombregemme & Aubrée Martel

J'suis pas bien dans ma tête Maman...

Heure où les cœurs se vident.



Date : 8 décembre 1001
Météo : Vent froid
Statut du RP : Privé
Résumé : Aubrée a donné rendez-vous à Grâce, afin de pouvoir discuter. En effet, les événements liés à sa famille durant le Tournoi des Trois Opales l'ont marquée et affectée, et la jeune femme cherche à se confier.
Recensement :
Code:
• [b]8 décembre 1001 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t1633-j-suis-pas-bien-dans-ma-tete-maman]J'suis pas bien dans ma tête Maman...[/url] - [i]Grâce de Sombregemme & Aubrée Martel[/i]
Aubrée a donné rendez-vous à Grâce, afin de pouvoir discuter. En effet, les événements liés à sa famille durant le Tournoi des Trois Opales l'ont marquée et affectée, et la jeune femme cherche à se confier.

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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyMar 3 Jan 2017 - 19:48

La taverne maintenant bien en vue, Aubrée presse le pas. Elle sait qu'elle est en retard, autant ne pas traîner en chemin. Sa mère est sûrement déjà à l'intérieur, et la jeune femme n'a pas envie de la faire attendre plus longtemps.
Elle a hâte de la voir, et de pouvoir échanger avec elle plus que les banalités d'usage. C'est qu'avec leurs obligations respectives de Voltigeuse et d'apprentie assassin, les temps libres se font rares, et en général ils sont incompatibles - et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Cependant, Aubrée avait appris que sa mère était à Lorgol en ce moment, et s'était aussitôt empressée de lui écrire pour lui donner rendez-vous à la taverne de la Rose. Puis elle avait tanné Ljöta jusqu'à ce que l'Ecoutante accepte de lui laisser son après-midi de libre.

Si elle est si pressée de retrouver Grâce, c'est donc tout d'abord parce que les occasions de discuter sont rares et désirées par la jeune femme, qui apprécie sincèrement sa mère. C'est une femme forte et courageuse, et Aubrée nourrit envers elle un sentiment d'admiration profond. Aussi elle a pensé la haïr durant des années, il n'en est plus rien aujourd'hui, et ce depuis sa fuite de Brumecor.

Cependant, si elle lui a donné rendez-vous aujourd'hui, ce n'est pas pour parler chiffons, et Grâce aura peut-être deviné entre les lignes de la lettre de sa fille sa requête. En effet, c'est une jeune femme en proie au doute et à de sombres pensées qui vient se confier à sa mère, et éventuellement chercher un peu de réconfort auprès d'elle. Tous les événements qui ont eu lieu durant le Tournoi des Trois Opales la tourmentent, et viennent hanter ses nuits. Grâce à Ljöta, elle est au courant, Aubrée, de tout ce qui s'est tramé autour du nom des Martel. Elle sait, pour le contrat que la mère a passé avec la Confrérie Noire. Elle sait aussi pour les menaces du père envers la mère, pour la tentative d'enlèvement de ses frères, pour l'assassinat du père par Ljöta. Et elle ne sait pas quoi penser, pas quoi faire. Elle est perdue, l'Aubrée. Elle a l'impression d'être redevenue la petite fille de trois ans qu'elle était, qui cherchait alors le réconfort d'une mère absente, et ce sentiment de faiblesse la mine encore plus.

Depuis deux mois, elle voudrait bien en discuter avec quelqu'un, quelqu'un qui sache apaiser son esprit et ses craintes. Quelqu'un qui lui dirait que tout ira bien, que tout est fini, tout est arrangé, et elle espère secrètement que sa mère réagira ainsi. Après tout, c'est là le rôle d'une mère, non ? Enfin, Aubrée le suppose. Cependant, elle ne peut s'empêcher d'appréhender sa réaction à ses confidences.

Les doigts mordus par le froid de décembre se posent sur la porte de la taverne, actionnent la poignée, et poussent la porte, laissant s'engouffrer dans la taverne une bourrasque d'air frais, et Aubrée s'empresse de se glisser à l'intérieur. Elle repère rapidement Grâce, assise au fond de la salle, face à la porte. La jeune femme sourit doucement et s'avance pour la rejoindre, ondulant entre les tables d'une démarche rendue souple par de longs entraînements. Une fois au niveau de la table, la blondine sourit à sa mère, pour finalement s'asseoir en face d'elle. « Bonjour. Tu vas bien ? » Pas d'embrassade, pas d'étreinte chaleureuse, témoignant des nombreuses années d'éloignement. Quand on pense que la blondine veut justement se confier à cette presque-inconnue... Curieux paradoxe.
La jeune femme dégrafe sa cape, et la laisse retomber négligemment sur le dossier de la chaise, avant de s'y adosser. Puis, en se recalant une mèche rebelle derrière l'oreille, la jeune femme sourit. « Je suis contente de te voir, tu sais. » Et puis, le regard azur s'échappe quelques secondes avant de revenir se poser sur Grâce. Le sourire de la fille faiblit légèrement, présage de la tournure de la discussion. « J'ai... Tu sais, je suis au courant, pour... Enfin... J'ai besoin d'aide. » Ses hésitations témoignent de sa détresse, un peu trop au goût de l'apprentie assassin. Elle se gifle mentalement, et tente de reprendre. « Je veux dire... J'ai... des problèmes, j'aimerais me... en parler, avec toi. » Elle se sent cruche, tout à coup. Ce n'est pas dans ses habitudes d'hésiter autant. Ni de demander de l'aide, d'ailleurs. Mais elle a l'impression d'en avoir absolument besoin. « C'est que, en vérité, ça te concerne aussi... » Elle tourne autour du pot, chose curieuse quand on connaît sa franchise et son habitude à être directe. Le problème, c'est qu'elle ne sait pas trop comment amener la chose, ne voulant pas passer pour une désespérée en quête d'affection. Alors, elle se laisse le temps de réfléchir encore un peu.
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Grâce de Séverac
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyMer 18 Jan 2017 - 19:13



Un tête à tête avec Aubrée. Grâce n’était pas sûre d’y être réellement prête, mais ne s’était-elle pas engagée à cela, en répondant à son appel alors qu’elle la priait de les sortir de la misère dans laquelle elles se trouvaient, Agathe et elle, il y a plusieurs mois de cela ? Elle avait découvert depuis avec… surprise, mais pas vraiment d’effroi, que sa fille était en apprentissage auprès d’un assassin. Un assassin doué, à n’en pas douter. N’importe qui l’aurait qualifiée de mère indigne, une fois de plus, de laisser les choses se dérouler ainsi, mais était-ce réellement le cas ? Elle savait qu’Aubrée obtiendrait ainsi le moyen de se défendre, comme ça avait été le cas pour Grâce elle-même lorsqu’elle s’était tournée vers la Voltige. Sa colère, sa hargne et sa rage avaient fait de la belliférienne évadée une excellente combattante, sans peur, ou sachant les dissimuler du moins, et sans hésitation. Sans un regard en arrière. N’était-ce pas ce qu’elle offrait à sa fille ? Pouvait-elle pour autant lui refuser une rencontre, après être venue à son secours ?

Sujet épineux est délicat pour la voltigeuse, peu habituée à prendre la place d’une mère, chose qu’elle n’avait jamais réellement été, si ce n’est pour mettre au monde quatre enfants – et partir loin d’eux, dès qu’elle s’était sentie suffoquer dans cette vie qui ne lui convenait pas. Elle ne savait pas quoi offrir à Aubrée, et elle ne savait pas plus ce qu’Aubrée attendait d’elle. Elle n’était pas certaine de vouloir s’immiscer dans sa vie, mais était-ce vraiment à elle de faire ce choix ? Non. Si sa fille voulait l’y inclure, alors elle ne pouvait aller à l’encontre de cela. Mais voulait-elle, elle, faire de la place dans sa propre vie à son enfant ? La réelle hésitation se trouvait là, et elle se sentait coupable de nourrir de telles pensées, alors qu’elle l’attendait assise à une table de la Taverne de la Rose. Elle se sentait protégée par ces lieux familiers, protégée par le regard de ces gens dont elle en connaissait certains plutôt bien, d’autres bien moins.

Elle se leva pour… sans trop savoir pourquoi, alors que sa fille faisait face à elle, avant de lui faire signe de s’asseoir et de se rasseoir elle-même, hochant la tête. « Bonjour Aubrée, je vais bien, et toi ? » Inutile de partager avec sa fille les tourments que faisaient naître ce tête-à-tête en elle : Grâce pouvait dire sans difficulté que cela n’aurait pas plus à l’enfant face à elle. Non, pas l’enfant, la jeune fille. Elle ne l’avait pas vue grandir, de toute évidence, mais cela ne changeait rien au fait qu’elle n’était plus une enfant. Sa gorge se serra, à la voir faire des gestes aussi simples que de déplacer cette mèche de cheveux qui gênait sa vision, qui devaient être habituels pour Aubrée, mais dont Grace ne connaissait rien. Tout autant que ses paroles la serrèrent encore un peu plus. Pouvait-elle sincèrement dire qu’elle aussi ? Elle n’en savait trop rien, mais c’était ce que l’on attendait d’elle. Même si l’incertitude de sa sincérité compliquait la tâche. « Moi aussi, Aubrée. Je… craignais que ma compagnie te soit indésirable. » Craignais ou espérais ? Elle n’aurait sû le dire.

Elle fronça les sourcils, en entendant la suite. Au courant ? De quoi donc ? Et qu’est-ce qui peut nécessiter qu’elle vienne lui demander son aide ? Elle doit avoir bien des moyens à sa disposition, pour régler ses problèmes. Pas que Grâce ne veuille pas lui fournir son assistance, mais le but est aussi qu’elle apprenne à le faire d’elle-même, sans se réfugier dans les jupons de sa mère en permanence. Oh, elle se sent bien ingrate, de ces pensées mal disposées envers sa fille, mais elle sait. Elle sait qu’elle ne pourra pas toujours venir à son secours. Elle sait que la vie est dure. Elle ne dit rien, pourtant, attend. Et est encore plus perplexe, alors qu’Aubrée lui affirme que ça la concerne aussi. À quoi fait-elle donc référence ? Les pensées se bousculent dans la tête de Grâce, incapable de déterminer à quoi sa fille fait allusion.

« Je t’écoute. Attentivement et sincèrement. » Elle ne peut faire mieux. Elle ne peut lui promettre de régler ses problèmes pour elle. Mais elle peut écouter. N’a t’elle pas bénéficié de l’oreille de Freyja, lorsqu’elle était plus jeune ? Il est peut-être temps de rendre la pareille. En est-elle seulement capable ? Elle en doute.

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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyVen 10 Fév 2017 - 17:28

Aubrée est bien trop obnubilée par ses propres pensées pour sentir l’hésitation de sa mère. A vrai dire, elle est même à des lieues de se douter des pensées de Grâce. Enfin, elle se doute que ce ne doit pas être évident, de voir ses propres enfants débarquer après quinze ans de séparation, et qu’il est normal de réagir maladroitement. Mais naïvement, elle pense que sa mère est contente, au fond, de la retrouver. Après tout ce qu’elle a entendu, durant son enfance, sur le rôle de la mère auprès des enfants, de l’amour maternel et autres choses du genre, Aubrée a envie d’y croire. Elle s’est déjà persuadée toute seule que si sa mère a fui, c’était pour fuir son mari et sa vie morne, mais qu’elle tient à sa progéniture, comme elle l’a montré quand elle est venue les chercher, Agathe et elle. Et la blondine ne songe même pas à remettre ses certitudes en question.

En tout cas, le simple fait d’entendre le son de sa voix lui fait plaisir, même sur une phrase aussi banale que des salutations de base. « Je vais, je vais. » Oui, maintenant, ça va presque bien, au point qu’elle laisse échapper un petit rire en entendant les paroles de Grâce. « Indésirable ? Non, bien sûr. Je ne t’aurais pas appelée à l’aide, sinon. » A quel appel fait-elle allusion ? Celui-ci, ou au premier ? Aux deux, peut-être. Elle ne le sait pas vraiment elle-même.

L’apprentie assassin retrouve rapidement son sérieux. Tandis qu’elle parlait, ou tentait de s’exprimer, elle a bien vu le froncement de sourcils et la perplexité se peindre sur le visage de Grâce ; elle en a déduit qu’elle ne savait pas ce que sa fille voulait. Aubrée s’est alors tue, pour chercher ses mots. Encouragée par les mots de Grâce, elle acquiesce, et finit par se jeter à l’eau. « C’est en rapport avec… avec tout ce qui s’est passé, au Tournoi des Trois Opales. Les menaces. La tentative d’enlèvement. » Elle marque un temps d’arrêt. « Et le contrat que tu as passé avec la Confrérie. » Elle omet de préciser qu’elle était là, quand Ljöta a mis fin aux jours du Martel. L’Ecoutante a accepté qu’elle la suive. Elle lui a même proposé de s’en charger, mais l’apprentie a décliné l’offre, préférant rester tapie dans l’ombre, à observer son géniteur mourir. D’une part, cela lui avait permis de se venger de celui qui l’avait tant fait souffrir ; de l’autre, d’être certaine que cet homme ne lui causerait plus de tort, ni à elle, ni à Agathe, et ni à sa mère.

Cependant, si cet épisode l’avait soulagé d’un poids, il avait généré en elle de nombreuses pensées, plus noires les unes que les autres. Et depuis, la nuit, il venait la hanter, en rêve. Il voulait lui faire payer sa mort et la faire souffrir, aidé d’Anthelme et Arnaut. Elle s’était de nombreuses fois réveillée en sursaut à cause de ses chimères nocturnes. Et alors, elle s’est rendu compte que cet homme lui faisait peur. Même mort, elle le craignait.

Soudain, elle se rappelle qu’elle n’est pas toute seule, qu’elle était, à la base, en train de parler avec quelqu’un. Elle ne sait pas depuis combien de temps exactement elle est ainsi, les yeux dans le vague, emportée par le flot de ses pensées. Elle secoue la tête pour retrouver ses esprits. « Excuse-moi. »  Pour retrouver un semblant de contenance, elle sourit faiblement à Grâce. « Tu veux boire quelque chose ? » C’est que l’Aubrée risque d’en avoir besoin, avant de continuer.
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Grâce de Séverac
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptySam 11 Fév 2017 - 22:04

Sa fille est peu loquace, elle ne s’épanche pas sur ses humeurs, lui livrant une réponse vague. Peut-elle réellement en demander davantage, sachant qu’elle est de toute façon une inconnue pour elle ? Elles sont des inconnues l’une pour l’autre, à vrai dire, même si elles vont peut-être y remédier. C’est un premier pas qu’elles font en ce sens, du moins. Bien que Grâce ne soit pas encore certaine de le renouveler plus tard – trouver une raison au fait de ne pas revoir sa fille serait largement faisable, à commencer par ses obligations de voltigeuse, mais elle n’en est pas encore là. Peut-être sera-t-elle agréablement surprise, à vrai dire. Seul le Destin le lui dira…

Elle sourit quand même, doucement, acquiesçant gestuellement alors qu’Aubrée prend place face à elle, lui précisant qu’elle n’était pas indésirable… d’une manière des plus curieuses. Qu’attend t-elle d’elle ? C’est plus que nébuleux pour la mère dépassée par son rôle. Mais elle ne peut qu’attendre plus de précisions, attendre que sa fille lui exprime ce qu’elle désire. Et voir si elle est en mesure de l’aider. A-t-elle réellement quelque chose à demander, ou veut-elle seulement discuter, à vrai dire ? Il ne lui semblait pas que c’ait été le cas, dans sa lettre, mais elle ne peut l’affirmer…

Elle n’a pas à attendre longtemps, sa fille étant à vrai dire aussi directe qu’elle. Elle grimace, en entendant le début de sa phrase, sur le tournoi, mais elle se mort carrément la lèvre de surprise, involontairement, en entendant la fin. Le contrat ? Aubrée est donc avertie de cela ? Grâce ne l’avait pas envisagé un seul instant. Elle avait fini par comprendre, bien sûr, que sa fille n’était pas une simple dame de compagnie auprès de Ljöta d’Evalkyr, par déduction suite au Tournoi, mais elle n’avait pas envisagé qu’Aubrée soit avertie des modalités de la fin de son époux. Était-ce réellement un mal ? Avec la carrière qu’elle embrassait… Elle secoua la tête pour elle-même. Grâce ne savait pas réellement la façon de fonctionner de la Confrérie, mais elle devait se distancer émotionnellement des cibles, non ?

Un autre problème se présentait, cependant… Elle était dans un lieu fréquenté, et même si Grâce avait confiance en les tenanciers et les pirates de l’Audacia, elle ne pouvait le dire pour tous. « Attends, nous allons parler. Mais pas ici, pas devant… tout le monde. Je ne pense pas que l’on t’ait entendue, mais tu dois veiller à ton entourage, quand tu prononces de telles choses. Et même à moi – ta mentor t’a t’elle dit que j’étais au courant ? Je le suis, mais tu n’es jamais à l’abri, Aubrée. Et si j’ai confiance en la personne à qui cette taverne appartient, si j’ai confiance en certains des gens qui la fréquentent, ce n’est pas le cas de tous. »

Elle se leva, faisant signe à Aubrée de la suivre, en retrait. Dans une des pièces habitées par la famille Jedidiah, à vrai dire, où elles ne pourraient être dérangées que par des personnes de confiance. Elles seraient plus à l’aise, et à l’abri des regards indiscrets. « Que sais-tu, exactement ? Et que veux-tu savoir ? Je ne te promets pas de tout te dire, mais je te parlerais, dans la mesure du possible. » Elle préférait lui dire sincèrement qu’elle ne lui dirait pas tout, même si ça déplaisait à sa fille.

Elle lui laissa le temps de se réinstaller, et observa un silence en même temps qu’elle. « Je vais nous faire servir, ne t’en préoccupe pas. Parle moi. »
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyMar 14 Fév 2017 - 11:47

La jeune femme acquiesce aux paroles de sa mère, silencieusement. Elle a raison. Une taverne bondée n'est pas le meilleur endroit pour discuter de telles choses. A vrai dire, Aubrée n'avait même pas songé à ce problème. Elle avait choisi la taverne comme lieu de rendez-vous, en se disant que mère et fille seraient plus à l'aise pour discuter ici que dans un endroit inconnu. Mais quand on réfléchit un peu, c'est vrai que ce n'est pas une riche idée. Alors, elle se laisse guider, sans un mot, un peu comme la petite fille qu'elle a l'impression d'être redevenue. Une petite fille un peu perdue, qui s'en remet entièrement à sa mère.

Quand elle referme la porte de la pièce où Grâce l'a emmenée, Aubrée se rend compte à quel point la salle était bruyante. Les éclats de voix, qui lui parviennent étouffés par le mur et la porte, lui confirment qu'effectivement, parler avec autant de monde à portée d'oreille n'est pas forcément la meilleure idée du monde. Elle examine rapidement la pièce, avant de s'installer sur la chaise la plus proche.

Les interrogations de sa mère ne tardent pas. Aux deux questions posées, Aubrée y ajoute aisément une troisième, implicite : « comment sais-tu tout ça ? ». Et là, il n'y aura peut-être pas de réponse précise. Elle prend son temps, avant de répondre. « Et bien... Disons que je pense savoir à peu près tout ce qui s'est passé, ou en tout cas assez pour ne pas avoir besoin de plus de détails. » Elle ne veut pas de détails, de toute manière. Elle est déjà assez tracassée comme ça. Elle s'apprête à ajouter qu'elle ne cherche pas à en savoir plus, quand une question lui vient. D'abord, elle hésite à la poser, mais encouragée par le « Parle-moi » de Grâce, elle se lance. « Dis-moi... Qu'est-ce que tu penses de tout ça ? Je veux dire... Quand tu y repenses, comme ça, qu'est-ce que tu ressens ? » C'est maladroit, comme question. Elle est mal à l'aise, Aubrée. Elle baisse les yeux en se tordant les doigts, avant de dire, d'une toute petite voix : « Moi, ça me tourmente. » Tourmente. C'est un bien léger mot, pour définir ce qu'elle ressent. C'est surtout pour éviter le mot « peur ». Avouer sa peur, pour Aubrée, est peut-être la pire des faiblesses, et elle ne veut pas être faible devant sa mère. Mais au moins, Grâce a une petite idée de la raison de ce rendez-vous.
La jeune femme regarde à nouveau sa mère, cherchant à savoir comment elle va réagir. Elle appréhende un peu sa réaction. Peut-être que, pour elle, toute cette histoire appartient déjà au passé, et qu'elle trouve ridicule qu'Aubrée y pense autant...
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyMer 15 Fév 2017 - 20:46

Il est… étrange, oui, de voir sa fille la suivre comme ça, l’écouter, comme si elle avait une quelconque autorité. Comment pourrait-ce être le cas, alors qu’elle n’a jamais été présente dans sa vie ? Elle est loin de se douter de ce qui anime Aubrée, et que cette dernière a besoin d’un guide ou même d’être encadrée. Pour Grâce, qui ne l’a jamais connue enfant ou à peine le temps de donner naissance aux quatre, elle ne peut qu’être indépendante et savoir se débrouiller seule. Elle a oublié, depuis le temps, combien elle était elle-même hésitante, faible un peu, et qu’elle ne s’en est sortie que grâce à Corail et à ses instructeurs. Mais ne devrait-il pas en être de mettre pour Aubrée ? N’a –t-elle pas un mentor, près d’elle, prêt à l’aider et à la former ? Elle ne cherche pas pour autant à se dérober à ce contact, elle est simplement perplexe et intriguée face à ce que sa fille chercher en elle. Face à ce qu’elle n’est pas certaine de pouvoir ni vouloir lui offrir.

Elle l’enjoint cependant à la suivre, afin qu’elles s’isolent. Leurs propos peuvent être compremettants pour l’une et l’autre, et elle ne tient de toute façon pas à tenir une discussion de cette teneur au milieu d’une foule bruyante, dont certains doivent bien être indignes de confiance. Elle hoche la tête, doucement, alors que sa fille lui affirme en savoir assez pour ne pas avoir besoin de sordides précisions sur l’affaire au sujet de laquelle elle la questionne. Qu’attend-elle, alors, de Grâce ?

Si la Voltigeuse ne le sait pas, elle ne la presse pas, bien au contraire. Qu’elle exprime en quelques mots son droit de parler n’est pas pour la forcer à se confier, mais bien pour qu’elle ne le craigne pas. Elle fronce les sourcils, cependant, à sa question. Ce qu’elle en pense ? Veut-elle la réponse franche, ou celle édulcorée, pour la faire se sentir mieux ? Elle hésite encore, quand sa fille lui avoue que ça la tourmente.

Elle se lève pour s’assurer que la porte est bien fermée, et retourne aux côtés de sa fille, relève sa tête, doucement. « Il est parti, Aubrée. Je sais que ça n’a rien de facile, de l’accepter, mais il ne pourra plus jamais t’atteindre, comme il ne pourra plus jamais m’atteindre. Et si tes frères essayent de perpétuer ses actions, ils auront à faire à moi. Je ne les crains pas. Mais lui, ton père, est définitivement parti. À jamais. Il mettra peut-être du temps à quitter tes pensées, mais il ne peut plus rien te faire. Son fantôme a été combattu et supprimé, en Sombreciel, durant la Samhain. Pour toujours. »

Elle s’arrêta un instant, grimaçant. « Ton père a toujours été une source de menace qui pesait sur ma tête. Elle n’est plus, et si j’ai pendant longtemps craint ce qu’il pouvait faire, il ne peut plus rien, maintenant. Plus rien du tout. Cela, tu dois le comprendre. Je suis libre, réellement libre, et vous l’êtes aussi, Agathe et toi. » Pouvait-elle seulement l’apaiser, la tranquilliser ? Rien n’était moins sûr.
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyLun 6 Mar 2017 - 21:10

Elle regarde sa mère. Sa mère. Elle n’aurait jamais pensé la retrouver, quelques mois plus tôt. Et maintenant, Aubrée se confie à elle. Et Grâce l’écoute, attentivement, et essaie de la réconforter. Aubrée aurait envie de se jeter dans ses bras, de l’étreindre, comme une enfant, mais elle se retient. Après tout, elles sont des quasi-inconnues l’une pour l’autre, malgré les confidences.

C’est exactement le genre de paroles, douces et rassurantes, que la blondine cherchait à entendre. Pour une fois, Aubrée se moque de savoir si c’est la vérité, si, maintenant, tout est vraiment fini. Ce qui lui importe, au moment présent, c’est de voir qu’elle a enfin une vraie mère qui essaie de l’apaiser. En réponse, la jeune femme hoche la tête.

Elle est soulagée qu’on lui dise, à haute voix, que son père ne reviendra plus. Physiquement, du moins. Peut-être qu’il arrêtera de peupler ses cauchemars la nuit, peut-être progressivement. Peut-être qu’elle arrivera  à l’effacer totalement de son esprit, comme s’il n’avait jamais existé, comme si sa vie en Bellifère se résumait à son court passage à Hacheclair, pour le Tournoi. Mais il lui reste une crainte, à Aubrée, et pas des moindres : deux mini-Martel, deux pères miniatures, certainement prêts à se venger, à laver le nom Martel. Et même si Grâce lui dit qu’elle ne craint rien de la part de ses frères, elle se refuse à y croire vraiment.  « Je sais, mais… Anthelme, et Arnaut… Ils n’abandonneront pas. Je… Et s’ils réessayent… »

Elle se tait quelques instants. Des pensées se bousculent dans sa tête ; elle essaie de les exprimer, mais les phrases qu’elle cherche à formuler s’évanouissent dès qu’elle essaie de les formuler.  Finalement, une idée trace son chemin dans son esprit, et surpasse toutes les autres. Alors, Aubrée arrête de réfléchir à ses paroles, et les laisse sortir toutes seules, sans contrôle, comme elle sait si bien le faire. « Agathe. S’ils réessayent, ils s’en prendront à elle. Elle ne sait pas se battre, elle. Elle ne saura pas se défendre. Et… » Sa voix faiblit sur la fin. « J’ai peur pour elle. J’ai peur qu’ils arrivent à la convaincre de retourner à Brumecor, et à redevenir une gentille belliférienne. Elle aime tellement ses frères… J’ai peur qu’il ne lui arrive quelque chose. » Elle remarque à peine qu’elle a employé le mot qu’elle cherchait à éviter quelques instants plus tôt. Mais c’est vrai. Elle aime sa cadette, Aubrée, même si elles n’ont jamais été bien proches. Elle l’a extirpée de chez elle pour l’éloigner de toutes ces brutes de bellifériens, pour la protéger d’un mariage prématuré et d’une vie morose. Ce n’est pas pour qu’elle y retourne au bout de quelques mois. Elle ne sait pas si elle se plait à Lorgol, l’apprentie Voleuse, mais Aubrée espère qu’elle ne commettra pas l’erreur de revenir près de ses frères.

Et puis, Aubrée craint aussi pour elle-même. Elle sait que ses frères ne sont pas idiots. Ils auront probablement deviné qu’en s’en prenant à la cadette, ils pourraient atteindre l’aînée. Agathe est, finalement, son point faible. Raison de plus pour qu’il ne lui arrive rien.
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Grâce de Séverac
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyDim 12 Mar 2017 - 19:37

Elle écoute son intuition, Grâce, comme bien souvent, même si elle n’a absolument aucune idée de ce que la jeune femme, la jeune inconnue, en face d’elle cherche. Elle est sa fille, oui, elle a suffisamment souffert pour la mettre au monde, mais cela ne lui a pas donné l’élan maternel dont beaucoup parlent, n’a pas fait naître en elle un amour instantané pour cette enfant qui a besoin d’être rassurée, dont elle partage la compagnie. Car oui, ça n’est pas la femme en devenir à qui elle est confrontée, mais l’enfant. Et cette idée la terrifie. Elle n’a jamais su être mère, comme peut-elle improviser dans ce rôle qui n’est pas le sien ? Mais n’est-il pas de son devoir de tranquilliser la jeune blonde, par rapport à ses frères ? De lui affirmer, sans même en être sûre, qu’ils ne feront jamais plus rien contre elle, ni contre Agathe ?

Elle fait sûrement erreur, mais elle tend la main, pour prendre celle de sa fille dans la sienne. Geste dérisoire, à ses yeux, mais qui signifiera peut-être quelque chose pour Aubrée ? Peut-être y puisera-t-elle de la force, ou un espoir quelconque ? Grâce n’en sait rien, elle est bien balbutiante, bien hésitante, dans ses gestes, mais elle essaye. Si elle peut apaiser l’apprentie assassine… Car elle a presque été toute seule, à Lorgol, quand elle s’est enfuie. Ayant les encouragements et les appuis de ses professeurs à la Caserne, mais pas le soutien ou l’oreille attentive dont elle avait besoin. Elle ne sait si elle est prête à endosser ce rôle, mais elle s’y adjoint, tente de se conformer à ce dont sa fille à besoin, de se couler dans cette place qui lui semble tellement incongrue.

Une seule réponse, pourtant, lui semble valable, aux questionnements de sa fille. Surtout étant donné la profession qui l’attend. Elle ne devrait pas être choquée, si sa mère le lui suggère, pour ses frères… Pas après ce qu’elle lui a dit, sur son implication dans la mort de son mari ? Pourtant, quelque chose retient la Voltigeuse, l’empêche de suggérer de but en blanc de demander le soutien de Lida, celui de Sithis, pour ôter la vie à Antheleme et Arnaut. Ils ne méritent pas mieux, mais peut-elle faire une croix sur ses frères, aussi détestables soient-ils ? Oserait-elle agir ainsi, vis-à-vis d’Agathe, qui– Grâce le sait, maintenant - les aime profondément ? Elle soupire silencieusement, regardant sa fille sans ciller.

« Qu’attends-tu, vis-à-vis de tes frères, Aubrée ? Quel lien avais-tu avec eux, et que ressens-tu, hormis la peur, à leur sujet ? Que… Comment voudrais-tu t’assurer qu’ils ne vous nuisent plus, à Agathe et à toi ? »

Il était hors de question qu’elle suggère de s’en prendre à eux, comme elle-même s’en était prise à son époux. Mais elle ne voulait pas que cette menace plane sur ces filles, toute une vie durant, comme ça avait été le cas pour elle. Elle ne savait que faire, malgré tout, pour les préserver d’eux. Mais Lorgol devrait suffire. Ils n’oseraient pas venir les chercher ici, pas avec la Cour des Miracles et la Confrérie Noire qui régnaient en maître. Grâce devait y croire.

« As-tu revu ta sœur, depuis ? Sais-tu si elle est… heureuse, ici ? Il lui faudra sûrement plus de temps, mais elle en viendra à apprécier sa nouvelle vie, n’est-ce pas ? Grâce retint difficilement une grimace, baissant les yeux, avant de les poser à nouveau sur son vis-à-vis. Tu la connais mieux que moi, et tu peux percer ses barrières bien plus que je ne suis en mesure de le faire. Tu peux savoir mieux que moi si elle parvient à s’acclimater, si elle en viendra à aimer cette ville, avec le temps. »

Oui, aussi absurde ce soit qu’elle ne connaisse rien de sa fille, ça restait malgré tout vrai.
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptySam 18 Mar 2017 - 14:39

Le simple contact avec la main de sa mère, pourtant hésitant et maladroit, fait du bien à Aubrée. Même si ce n’est qu’un simple geste, elle se sent soutenue  et écoutée, et par sa mère, qui plus est. Elle se moque de savoir si c’est vrai ou simplement une apparence. L’important, c’est le moment présent. Alors, elle presse doucement la main tendue, du bout des doigts. La petite fille en elle est réconfortée, du moins pour le moment.

La jeune femme soutient le regard de sa mère, et ne cille pas non plus quand elle lui demande ce qu’elle veut pour ses frères. La question de Grâce sonne à ses oreilles pareillement que si elle lui avait demandé « Veux-tu qu’ils meurent ? ». Elle a parfaitement saisi le sous-entendu à propos d’un contrat possible avec la Confrérie. Elle ne s’en offusque pas ; d’une part, elle parle avec celle qui est passée par la Confrérie pour tuer son mari et le père de ses enfants. D’autre part, Aubrée y a plus ou moins déjà réfléchi. En tout cas, cette idée s’est déjà formée dans son esprit. Sa bouche se tort en un rictus. « Je ne sais pas. J’ai déjà envisagé de passer un Contrat, mais… » Mais. Mais la crainte de faire du mal à Agathe. Mais le fait que ce soient ses frères. Mais la peur de regretter, après coup. Et en même temps, quand elle veut se raisonner, ces « Mais » ne sont que des détails. Il suffit de ne rien dire à Agathe ; après tout, c’est le moyen le plus simple à mettre en œuvre, et le plus efficace pour être sure qu’elles ne craignent plus rien. Et pourtant, elle ne se résout pas à passer son Contrat. « … mais je ne sais pas. » Elle hésite, en somme. Avant, elle ne pensait pas que passer un Contrat était difficile. Pour elle, les clients de la Confrérie savaient ce qu’ils voulaient, ils passaient un contrat, l’assassin le remplissait, point. Mais elle se rend compte que cela peut être un brin plus complexe. Ce sont tout de même ses frères… Et même si elle ne les a jamais vraiment appréciés, elle n’arrive pas à s’y résoudre. « Comment tu as fais, pour ton mari ? Qu’est-ce qui t’a décidée ? » Ton mari. Ce n’est même plus son père, dans l’esprit d’Aubrée. Elle songe que ce n’était sans doute pas plus le mari de Grâce, dans son esprit à elle. Ce n’est peut-être pas le même cas de figure, mais cela s’en rapproche. Et puis, elle ne parle jamais avec les clients. S’il le faut, elle pourra y voir plus clair, et se décider.

Et Agathe… « Je l’ai revue, oui, quelques fois. » Pour s’assurer qu’elle va bien, pour être sûre qu’elle n’est pas repartie… « Je ne sais pas si elle est heureuse. J’ai l’impression qu’elle s’habitue. Du moins, elle n’a pas l’air malheureuse. » Réponse vague. Mais que peut-elle dire avec précision sur sa petite sœur ? Elles ne se voient pas souvent, prises par leurs obligations respectives, et elles communiquent peu, encore moins de sujets-qui-fâchent. Aubrée acquiesce. « Oui. Je sais bien. J’espère qu’elle y parviendra. »
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyJeu 13 Avr 2017 - 23:09

La main qui presse la sienne rassure Grâce, autant qu’elle la rend confuse. Peut-être agit-il comme il convient de le faire, pour calmer le désarroi de la jeune femme face à elle… de sa fille. Elle n’admettra rien de tout cela, mais elle n’en a strictement aucune idée, et essaye d’avoir les gestes qui conviennent. Comment pourrait-elle en savoir quoi que ce soit, elle qui n’a eu pour mère qu’une femme qui adulait ses fils, mais certainement pas tous ses enfants, elle qui n’a eu pour époux qu’un homme qui estimait ses enfants inintéressants, tant qu’ils ne pouvaient pas aider à la cuisine ou manier une épée ? Elle aurait pu demander de l’aide à Freyja, mais s’était-elle seulement déjà retrouvée dans une telle situation ? La fière et intrépide Lou-Ann ne demandait pas de conseils, n’admettait pas ses peurs, n’en avait même peut-être pas, et la délicate Lena n’allait sûrement pas épancher ses malheurs auprès de sa mère pirate – pas si elle voulait devenir une princesse. Cela changerait sûrement, mais pas pour l’instant. Quant aux autres, ils étaient encore trop petits pour cela. Elle sourit malgré elle, en pensant à Lucy, et se demandait pourquoi c’était si simple avec l’enfant de Freyja, et si délicat, à l’instant, face à celle qu’elle avait mise au monde ?

Et pourquoi, surtout, elle essayait de lui faire prendre conscience de ses sentiments vis-à-vis de ses frères – si elle pouvait vivre sans regarder par-dessus son épaule à chaque instant, en songeant à eux, alors cela conviendrait à Grâce. Mais elle devait se sentir en sécurité pour admettre qu’elle ne pourrait vivre en paix, tant qu’eux vivraient. Qui était Grâce, pour la juger, après les avoir abandonnées, et avoir négocié la mort de feu son tendre et aimant époux Alban ? Elle serait bien mal placée pour ça. « Tu n’es pas obligée de le faire, Aubrée. Tant que tu vis en paix avec ta décision – quelle qu’elle soit. Je ne choisirais pas à ta place, ne t’influencerais pas, mais tu ne dois avoir aucune honte, dans un cas comme dans l’autre. Que ton esprit soit tranquille est tout ce qui importe. » C’était ce qui avait compté pour qu’elle prenne sa décision, et qui l’y avait poussée. « Des choses dont je n’ai probablement pas conscience. Mais Alban me retenait. J’avais voulu acquérir ma liberté, mais il me tenait encore entre ses mains. Bien plus que je n’en avais conscience. Par cette condition d’épouse qui m’empêchait de réellement vivre ma vie, par cette emprise qu’il avait sur vous… J’avais longtemps voulu agir, demandé bien avant cela sa mort, mais n’avais jamais été demander à ce qu’elle soit menée à bout, par la Confrérie. C’est ta lettre, ton courage quand tu risquais tant, qui m’a donnée l’impulsion nécessaire. Et sache que même si je vous ai tourné le dos, je ne te refuserais jamais d’aide. Aussi… étrange que ce soit pour moi, je serai là pour toi, Aubrée. »

Elle n’avait sûrement pas idée qu’elle allait dire cela, avant même que les mots ne franchissent sa bouche, mais, comme souvent, elle était certaine de la réalité de ses propos, de la vérité qu’elle affirmait. Elle ne se détournerait plus, elle ne fuirait plus. Aussi difficile et étrange que ce soit. Aussi confuse puisse-t-elle être, face à sa fille.

« Peut-être devrais-tu… lui écrire ? Je ne sais. Essayer de la rencontrer plus souvent. Étiez-vous proches ? Comment avez-vous appris à écrire ? Vous pourriez vous aider, dans cette nouvelle vie ? »

Savaient-elles seulement écrire toutes les deux ? Peut-être n’était-ce pas le cas d’Agathe. Étaient-elles assez proches, avant qu’Aubrée ne froisse Agathe en la faisant quitter Bellifère ? Tant de choses qu’elle ne connaissait pas… Pourrait-elle rattraper le temps perdu ? Le voulait-elle, la fière et indépendante Voltigeuse ?
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyLun 17 Avr 2017 - 21:10

Aubrée acquiesce. Ce que lui dit sa mère est juste. Elle ne peut se décider encore. Il faut qu’elle laisse passer du temps, qu’elle continue à peser le pour et le contre. Et le jour où elle sera sereine, où ce sera bien clair dans sa tête, elle prendra sa décision. Au fond, elle aimerait que ses frères se tiennent tranquille, et restent en Bellifère, et les laissent vivre leurs vies ; ainsi, tout serait réglé et elle n’aura plus de soucis à se faire. Mais elle suppose que cela risque de ne pas être si simple, et elle craint que tout ça ne la rattrape un jour ou l’autre.

Les explications de Grâce font prendre conscience à la blondine que la vie de mère devait être compliquée. Une femme encore mariée n’a pas toute l’indépendance d’une célibataire. Quelle vie a-t-elle dû mener, Grâce Martel ? Et alors, c’est elle, Aubrée, qui est indirectement responsable du sort de son père ? Elle ne peut s’empêcher de sourire légèrement. Elle a donné à sa mère du courage, et en même temps a obtenu vengeance, pour les dix-huit années de sa vie passées sous le joug d’un père violent.
Les derniers mots de sa mère la touchent. Elle sera là pour elle. Elle la soutiendra. Cela ne pouvait pas lui donner plus de baume au cœur. Le petit sourire se fait plus large. « Merci. Ce ne doit pas être évident pour toi, mais… Merci Maman. » Maman. L’appellation est sortie toute seule. Le mot sonne étrangement, dans sa bouche, elle qui ne l’a jamais prononcé auparavant. Et pourtant, il lui a paru si évident à cet instant, il s’est imposé de lui-même. Par contre, Aubrée ne sait pas comment va réagir sa mère à cette marque d’affection… Peut-être qu’elle va la choquer, ou autre…

Ecrire à Agathe ? Aubrée fait une légère moue. « Et bien... J’ai appris à lire avec une voisine, qui nous aimait bien, Agathe et moi. Elle me donnait des cours en secret. Elle-même avait appris grâce à son père. Et pour écrire, je me suis un peu entraînée seule. » Pour tuer l’ennui, quand la blondine se retrouvait seule dans sa chambre, privée de repas, ou simplement mise à l’écart par sa fratrie à cause de son mauvais caractère. « Agathe, c’est différent. Elle avait si peur des représailles… Maintenant, elle a peut-être appris. Il faudra que je lui demande, la prochaine fois que je la verrai. » Dans un moment, en somme. Elles ont beau vivre dans la même ville, les deux sœurs ne se voient pas beaucoup ; occupées par leurs formations et leurs postes respectifs de demoiselle de compagnie, à suivre leurs mentor dans leurs déplacements officiels, elles n’ont pas beaucoup de moments pour se voir. Et comme ni l’une, ni l’autre, ne cherche réellement à voir sa sœur dans ces moments-là, elles ne se voient plus vraiment. « Il faudrait que j’essaie de la voir plus souvent, oui. Mais tu sais, même avant que tu viennes, on n’était pas bien proches. On faisait bouillir la marmite ensemble, on se serrait les coudes quand Alban s’en prenait à nous, mais ça s’arrêtait là. » Avant, petites, elles étaient complices, mais en grandissant, leurs opinions ont commencé à diverger, et elles se sont éloignées. Et maintenant, Aubrée le regrette. Elle aimerait vraiment réparer ce qui s’est brisé entre elles. « Tu as raison. Il faut qu’on s’aide. » Et qu’elle épaule Agathe, comme deux sœurs le feraient. Seulement, Aubrée a peur de se heurter à elle, et à un refus catégorique. Mais pour le savoir, il faut essayer, n’est-ce pas la règle qu’elle s’est fixée ?
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyDim 23 Avr 2017 - 1:00

Elle parle avec sincérité, spontanéité, Grâce. Elle est certainement hésitante, incertaine de l’attitude qu’elle doit adopter, des paroles qu’elle doit avoir, mais elle ne ment guère, pourtant. Elle ne dissimule pas le contrat qu’elle avait placé sur Alban, ne nie pas avoir envisagé faire subir le même sort à ses fils. Étaient-ils au delà de tout sauvetage, malgré tout ? Aurait-elle dû, devrait-elle, leur donner la chance qu’elle avait réservée à ses filles ? Devrait-elle leur tendre la main ? Melsant semblait le penser mais elle, pourtant, s’en sentait incapable. Elle n’était pas aussi généreuse ou altruiste que cela. Bien au contraire. Elle avait secouru ses filles, pour enfin faire taire ce sentiment qu’elle avait lorsqu’elle pensait à elles et qu’elle n’identifiait, et pour ne pas les abandonner au sort qu’elle-même avait connu, car elle ne pouvait leur infliger cela pendant plus d’année encore, alors qu’elles lui demandaient directement son aide. Et parce qu’elle était, malgré tout, fière. Fière d’elles, fière qu’elle s’émancipe. Elle n’était pas certaine que ce soit le cas pour Agathe mais… Elle le constaterait plus tard, n’est-ce pas ?

Elle ne peut s’empêcher de s’attendrir, pourtant, face à ce sourire doux, presque innocent, que lui adresse sa… sa fille. Comment croire qu’une assassin a un sourire innocent ? C’est pourtant le cas, que Grâce le comprenne ou non. Elle est fière, attachée, et quelque peu perdue, malgré tout, la Voltigeuse. Et son cœur rate un battement, quand sa fille utilise ce mot qu’elle n’a jamais entendu. Elle n’en avait pas le souvenir, du moins, des courtes années qu’elle avait passé à ses côtés. Et cela la touchait plus qu’elle ne l’aurait cru. Elle hésite, un instant, à s’approcher. À combler cette distance. Et pourtant, presque malgré elle, elle la prend dans ses bras. Une brève étreinte, empreinte de gêne, mais affectueuse. D’une certaine manière. Non, elle ne lui tournera plus le dos. Elle ne peut pas. « De rien. » Mérite-t-elle ses remerciements, pourtant ? Elle en doute.

Elle ne s’attarde pas, pourtant, peu désireuse de prolonger la gêne qu’elle ressent, bien que ce geste lui soit venu spontanément, avec un naturel déconcertant pour elle. Et elle est réellement curieuse, de savoir quelle a été la vie de sa fille. Comment elle a pu s’émanciper autant et, chose toute simple, presque banale pour toute femme non née en Bellifère, apprendre à écrire. « C’est une… bonne chose, que tu aies pu compter sur elle. » Elle essayait de dissimuler son amertume au mieux : personne ne lui avait apporté son aide, à elle, dépérissant dans ce mariage malheureux. Ou peut-être avait-elle trop perdu, pour s’en rendre compte. Ses souvenirs lui semblaient faussés, troubles. Peut-être était-elle ingrate… Elle ne se remémorait que de la crainte, de l’horreur, du mutisme dans lequel Alban l’obligeait à se plonger, en sa présence. Elle frémit, à cette pensée, raffermissant la prise de sa main sur la table face à elle. « Voudrais-tu revoir cette voisine ? Tu en as le droit. Tu peux faire ce que tu veux, maintenant. Même si tu n’es pas à l’abri de tes frères. Ils n’ont aucun droit sur toi, ne peuvent pas te dicter ta conduite. Tu es libre, Aubrée, tu le sais, n’est-ce pas ? » Grâce avait presque son âge, quand elle a fini par s’enfuir, ne pouvant plus supporter cette vie d’infortune, désastreuse, qui était sa vie. Si elle culpabilisait… elle savait. Elle savait, qu’elle aurait fait exactement le même choix, si la possibilité lui était donné de revenir sur sa décision. Aurait-elle emmené ses enfants avec elle, si elle pouvait altérer le passé ? Elle en doutait. Ils auraient été tués, et elle avec. Aurait-ce été mieux que la vie qu’ils ont vécu ? Elle ne pouvait le dire.

Elle réfléchissait, à mesure qu’Aubrée elle aussi pensait, analysait ce que sa mère lui disait, tentait de comprendre ou de se faire une opinion. Elle était incertaine de ce qui traversait la tête de sa fille, mais elle ne comptait pas la brusquer. Pas lui imposer quoi que ce soit. Non, elle avait suffisamment été privée de libre arbitre, pour que Grâce ne s’imisce pas dans sa vie en la régentant. « Fais le si tu le veux, et si tu te sens prête à le faire. Tu n’as aucune obligation. Tu es maîtresse de tes choix. » Et elle espérait que cela, maintenant, ne changerait plus.
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyMar 2 Mai 2017 - 17:47

La spontanéité de sa mère est bien agréable pour Aubrée. Elle se rend doucement compte qu’elle lui ressemble. Même si elle n’a pas grandi avec elle, elle a la sensation de se retrouver, dans le caractère de Grâce, et qu’elle l’a toujours connue. Du moins, c’est l’impression qu’elle a, en l’écoutant. C’est peut-être pour ça, aussi, que le « maman » est sorti de sa bouche, comme une évidence. Et si ce mot a surpris et touché la mère, la réaction de cette-dernière surprend et  touche tout autant la fille, qui se laisse prendre dans les bras. Aubrée retient sa respiration, avant d’étreindre sa mère à son tour. A cet instant, elle se moque bien de la gêne de sa mère, et de la sienne, et de tous ses problèmes. Tout s’est envolé ; seule reste la satisfaction de se retrouver, même un court instant, dans les bras de sa maman, comme un enfant, comme la petite fille qu’elle est toujours un peu. Et ce, même si sa mère est un peu gênée, ce qu’elle peut comprendre parfaitement. C’est pour cela qu’Aubrée n’insiste pas quand sa mère relâche son étreinte. Elle aurait peut-être aimé qu’elle dure plus longtemps, mais si sa mère ne le souhaite pas, elle ne veut pas la forcer. C’est déjà beau de l’avoir retrouvée ; il y a un temps pour tout.

Quand Aubrée lui raconte une part de son passé, aussi minime soit-elle, elle sent bien que Grâce s’y intéresse. En même temps, n’est-ce pas normal de s’intéresser à la vie de ses enfants, même pour une mère absente ? Cependant, Aubrée note une légère amertume dans ses propos. Liée à quoi ? Elle ne le sait pas. Peut-être parce que, dans le cœur d’Aubrée, Cendrine Finelame, sa voisine, était ce qui se rapprochait le plus d’une mère, pour elle, durant toute son enfance, remplaçant Grâce, et qu’elle l’a compris. La jeune femme hoche la tête aux paroles de sa mère. « Oui, je crois que j’aimerais la revoir. Te souviens-tu de Cendrine ? » Aubrée se rappelle que sa voisine lui parlait parfois de sa mère ; elle avait presque le même âge que Grâce, et qu’elle lui en parlait, parfois, quand elle était petite. Elle se demande bien ce qu’elle en pense, d’ailleurs, de la fuite des jeunes Martel. Les blâmerait-elle ? Ou, au contraire, serait-elle fière d’elles ? Elle a donné les clés à l’aînée pour qu’elle puisse, un jour, voler de ses propres ailes, après tout. Peut-être même qu’elle n’attendait que ça, qu’elle espérait les voir faire ce qu’elle n’a jamais osé tenter, et suivre le chemin de leur mère ? C’est probable.

Par contre, si elle veut bien revoir Cendrine, elle n’oublie pas Anthelme et Arnaut. Elle ne sait pas ce qu’ils pourraient faire, si Aubrée osait s’aventurer à Brumecor, pour la revoir. Peut-être sont-ils déjà mariés, et ne vivent-ils plus dans la maison de leur enfance ; mais le risque est trop grand, pour l’instant, et ce même si les garçons n’ont plus à décider de sa vie. Oui, elle est, mais tant qu’elle ne revient pas en Bellifère, et que la menace de ses frères est nulle. Cependant, elle acquiesce, taisant ce qu’elle a déjà dit et répété à leur propos.

Elle acquiesce de nouveau. Elle est maîtresse de ses choix. Elle n’a pas d’obligations. Elle le sait, et elle en a pris pleinement conscience le jour de son entrée à la Confrérie Noire, mais elle a encore un peu de mal à s’en persuader, parfois. « Oui. Mais je… Je crois que je le veux. » Oui, c’est décidé. Elle lui enverra un courrier, demain. Et même si elle ne peut pas le lire, si elle le voudra, elle demandera à quelqu’un. Mélusine, par exemple.  

Cette affirmation semble donner à Aubrée un regain nécessaire d’assurance et d’énergie. Elle lâche la main de Grâce, et s’étire légèrement. Cela fait longtemps qu’elles parlent, maintenant. La blondine n’a aucune idée de l’heure qu’il est mais un regard par la fenêtre pour jauger la luminosité dans la rue lui confirme qu’il lui reste encore un peu de temps, avant de devoir rentrer à la Tour. Du temps, qu’elle aimerait mettre à profit. Alors, elle sourit à sa mère, et comme si leur précédente discussion n’avait jamais eu lieu, elle lui demande, d’un ton anodin. « Et toi, sinon, comment vas-tu ? C’est joli, Erebor ? » Si leur discussion doit bientôt se terminer, autant que ce soit pas quelque chose de plus futile, et de moins grave.
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Message Sujet: Re: J'suis pas bien dans ma tête Maman...   J'suis pas bien dans ma tête Maman... EmptyMar 2 Mai 2017 - 21:35

Cette étreinte est étonnement agréable, et si elle doutait encore des bienfaits de venir voir sa fille, ou de sa volonté de le faire, avant d’y arriver, elle était maintenant convaincue qu’elles pouvaient, peut-être, construire quelque chose. Pourrait-elle être la mère qu’elle n’avait jamais été ou… une amie ? Elle n’en savait rien, mais elle appréciait la sonorité du mot qui échappa à Aubrée, l’affection qu’elle y mettait, malgré elle. Et elle ne pouvait pas le lui interdire, n’est-ce pas ? Même si elle met fin à cette étreinte, de peur de s’éterniser, de peur de faire preuve de maladresse.

« Je pourrais t’y amener. Ne pas te laisser seule, là-bas. Je suis persuadée que tu peux te défendre, mais je comprendrais que tu sois mieux avec moi. Je pourrais peut-être même, si nécessaire, payer un garde ou deux, pour notre protection. Et s’il le faut, Corail se fera une joie de donner des coups de becs frénétiques à quiconque osera s’en prendre à nous. Elle est encore plus redoutable que moi. Tu pourrais venir nous voir voler ou nous entraîner, un jour, si tu le désires ? »

Elle avait parlé sans réfléchir, mais elle revenait rarement, pour ne pas dire jamais, sur ses décisions. Et elle avait obtenu sa liberté par impulsivité, celle de ses filles de la même façon, comment pourrait-elle jamais blâmer cette façon de faire qui était sienne ? Elle grimaça, à sa question sur Cendrine. Grâce se souvenait très peu de ces années-là, qu’elle n’avait vécu qu’à demi teinte, plus éteinte que vivante, se forçant à ne rien ressentir par soucis de préservation. Peut-être même était-ce devenu naturel, après quelques semaines, quelques mois, de ne plus entendre les brimades, de ne plus se remémorer les coups des débuts de son mariage, dont elle n’avait été épargnée que parce qu’elle était fertile et avait été enceinte très vite. Que parce que, peut-être, elle portait la progéniture d’Alban. Elle n’y avait pas réchappé en permanence, mais avait encaissé sans rien dire, exposant des parties de son corps qui ne nuiraient pas à l’enfant qu’elle portait.

Elle frémit, bien malgré elle, se forçant à revenir à la réalité en se raclant la gorge, fermant ses yeux brièvement pour les rouvrir. « Je… Un peu, oui. J’espère que… Que tu pourras la remercier, de ce qu’elle a pu faire pour toi. » Elle n’avait pas la force de demander de ses nouvelles. De savoir ce qu’elle était devenue. Comme elle n’avait pas eu la force de demander à Aubrée ou à Agathe de leur raconter la vie qu’elles avaient eu à Brumecor. Elle hésitait à le faire, en l’instant. Mais elle se sentait faible, fébrile, incapable d’affronter la vérité. Et se haïssait, de ne pouvoir le faire. Un jour, peut-être. Même si elle devait s’imaginer les pires horreurs, en attendant. Imaginer que sa fille avait eu une vie telle, qu’elle l’avait poussée à appeler l’inconnue qu’elle était au secours. Elle baissa les yeux, saisissant la main de sa fille, incapable de dire quoi que ce soit.

Il était plus facile, bien plus, paradoxalement, de parler des relations de sa fille avec sa sœur. Elle s’en sentait moins coupable, espérait, peut-être, contribuer à ce qu’elles se rapprochent, elles qui n’avaient que l’une et l’autre, pour se rappeler de leur vie d’avant, et de ce qu’elles gagnaient, à la quitter. « C’est une bonne chose, alors. » Qu’elle ne lui tourne pas le dos. Qu’elle ne veuille pas tracer une ligne nette, entre elle et le reste de son passé. Qu’elle soit assez sereine pour embrasser sa nouvelle vie, et garder un pied dans l’ancienne. Elle avait bien plus de force que Grâce n’en avait jamais eu. Elle pouvait être fière de sa fille, bien plus qu’elle ne l’aurait jamais cru. Oui, plus que de la tendresse, Grâce débordait de fierté. Et ça valait sûrement beaucoup plus que toutes les marques d’affection dont elle pourrait faire preuve.

Elle sourit franchement à sa fille, rit presque devant sa tentative maladroite de changer de sujet – peut-être qu’elle tient ça aussi d’elle. « C’est très beau, très surprenant. J’espère que tu pourrais découvrir le duché, un jour, si tu le désires. » Et elles parlent, la mère et la fille. Échangent sur leurs nouvelles vies, sur leurs découvertes. Sur leurs déconvenues, un peu moins franchement peut-être.
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