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 Le cœur ne voit que ce que l'esprit peut comprendre

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Les Voltigeurs
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Marianne d'Orsang
Marianne d'Orsang

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J'ai : 44 ans
Je suis : Voltigeuse, médecin

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J'ai fait allégeance à : Ibelin officiellement, mais aussi à l'Audacia !
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Message Sujet: Le cœur ne voit que ce que l'esprit peut comprendre   Le cœur ne voit que ce que l'esprit peut comprendre EmptySam 28 Jan 2017 - 21:05




Livre II, Chapitre 2 •La Fortune des Flots
Marianne & Iode

Le cœur ne voit que ce que l'esprit peut comprendre

Perdu dans ton esprit
Je veux savoir
Au moins on est ensemble
Je sais que je ne suis pas seul




• Date : 27 septembre 1001
• Météo : Le ciel est bleu, sans nuages, et les ombres s'étirent en cette fin d'après-midi. Il ne fait ni trop froid ni trop chaud.
• Statut du RP : Solo, privé
• Résumé : Après la deuxième épreuve du Tournoi et la remise des Opales, Marianne envisage de retirer la teinture rose sur Iode. Mais la mort factice de la Voltigeuse a traumatisé cavalière et monture, bien plus qu'ils ne le laissent paraître.
• Recensement :
Code:
• [b]Date : 27 septembre 1001[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t1703-le-coeur-ne-voit-que-ce-que-l-esprit-peut-comprendre#51449]Le cœur ne voit que ce que l'esprit peut comprendre[/url] - [i]Marianne et Iode[/i]
Après la deuxième épreuve du Tournoi et la remise des Opales, Marianne envisage de retirer la teinture rose sur Iode. Mais la mort factice de la Voltigeuse a traumatisé cavalière et monture, bien plus qu'ils ne le laissent paraître.



Dernière édition par Marianne d'Orsang le Dim 5 Fév 2017 - 20:28, édité 3 fois
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Message Sujet: Re: Le cœur ne voit que ce que l'esprit peut comprendre   Le cœur ne voit que ce que l'esprit peut comprendre EmptySam 28 Jan 2017 - 21:13

Dans les écuries du Colisée, on lui apporta enfin un seau d'eau savonneuse et une éponge. Marianne prit les deux objets qu'on lui tendit, en remerciant bien sèchement les écuyers. Ça leur apprendra à jeter des regards moqueurs à une femme. Ces jeunes garçons n'avaient pas encore en eux l'attitude méprisante de leurs aînés bellifériens, mais Marianne n'était pas du tout d'humeur clémente. Elle leur avait fait la morale, les yeux flamboyants, leur faisant bien comprendre que la gente féminine méritait le respect. Sa voix forte, son statut de championne et son Opale en poche avaient certainement aidé à impressionner les deux adolescents. Et puis merde, fallait pas lui casser les pieds aujourd'hui, et une soufflante sur le sujet les ferait grandir. En tout cas, ils se tinrent droits et la saluèrent plus poliment quand elle quitta le bâtiment.

Elle se dirigea ensuite vers la cour qui donnait sur les loges des champions, où l'attendait bien sagement un griffon doré. Ou plutôt, un griffon rosé-bleuté. Elle sourit en ressentant l'embarras de Iode. Il pensait vraiment que c'était une bonne idée, la teinture ! Mais quand Marianne lui avait affirmé que non - le rose sur un mâle, c'est un peu ridicule - il était devenu tout penaud, à ne plus savoir où se mettre. Mais, franchement...
« ...Vous avez du talent pour faire des bêtises. Toi, Corail, Lena, Arsène, plus de la teinture : joli mélange, je vous félicite. Bon, j’admets que Corail est plutôt adorable en rose ; mais Grâce va être folle pour des semaines. Et tous les griffons qui demandent à qui mieux mieux des couleurs à leurs Voltigeurs ! Richard va devenir le Maréchal des Arcs-en-ciels avec votre délire ! »
Le seigneur du ciel n'osa pas réagir à la plaisanterie ; elle était encore un peu énervée, sa médecin. Gêne. Mais oui, qu'elle était belle, la griffonne harfang, il ne regrettait pas l'expérience. Et puis Corail elle-même l'avait trouvé joli. Timidité, joie. Maintenant, il était embêté que sa Voltigeuse soit obligée de lui enlever ses couleurs. Il avait essayé de se frotter le bec dans la fontaine, sans succès. Embarras. Il aimait bien, mais pas elle. Peine.
« Bah, fallait t'y attendre mon vieux ! Quand Lena teint ses cheveux, la couleur tient un bon mois. Mais soit pas aussi triste, va. Je vais pas chercher à t'enlever le bleu sur les plumes. Joie ! Je t'ai dit que le rose est vraiment ridicule sur toi, mais un peu de couleur me dérange pas. Allez, tu pourrais même être beau. » Joie ! Gratitude. Marianne se dérida à nouveau devant la vague de soulagement qu'il lui transmettait.
Tout en parlant, elle avait déposé le seau aux pieds de son ami pour aller chercher un tabouret délaissé contre un mur. Elle retroussa ses manches, soupira devant la tâche qui l'attendait. Il allait lui en falloir de l'huile de coude. Volontaire, Iode tendit une de ses serres au-dessus de l'eau.

***

« Mais c'est pas possible ! Ils mettent quoi dans leurs bouteilles pour que ça tienne aussi bien ! »
Tandis que le soleil entamait la fin de sa course vers l'horizon, la Voltigeuse continuait de trimer sur le bec de son partenaire de vol. Les quatre pattes, c'était fait. La queue directement plongée dans le seau, aussi. Mais le rose sur le bout du bec était le plus tenace, et elle ne voulait pas tenter l'alcool ou l’ammoniac en plus, de peur de blesser les fins naseaux de Iode.
« On dirait une Compagne qui se serait maquillée dans le noir... »
Le griffon se laissait faire sans émettre de remarque. Il savait que l'esprit de Marianne était tendu. Pas à cause de lui, non, pas vraiment. La journée avait été éprouvante pour sa Voltigeuse, il percevait les dégâts qu'avait causé les épreuves de la Reine de Sang, avec sûrement plus de discernement qu'elle. Il voyait l'impact sur ses émotions, ses réactions. Ses mains plus crispés que d'habitude en passant sur ses serres. Et surtout, il se rappelait les pensées puissantes qui avaient volé vers lui, quand elle avait cru mourir. Le touchant en plein cœur.
Alors oui, il distinguait la tempête qui couvait dans l'âme de la femme assise face à lui. Et il était désolé de lui rajouter du tracas, de la voir s'acharner avec son éponge.
Mais pourtant. Il y avait quelque chose qui le contrariait, lui aussi. D'insidieux, qui le peinait.
« Iode ? »
Perdu dans ses pensées, il n'avait pas entendu que Marianne avait arrêté de grommeler. Ses yeux océan fixaient les siens, perplexes devant son silence. Éponge, fatigue, culpabilité. Sa fatigue à elle, psychique, et sa culpabilité à lui. Mais il n'y avait pas que ça.

Marianne avait pratiquement fini, les quelques traces de rose irréductibles ne se voyaient qu'en observant le griffon de près. Elle laissa l'éponge dans l'eau rosée du seau, les bras endoloris. Assez pour aujourd'hui ! Elle avait bien mérité une pause, et le ciel sans nuages l'appelait. Mais Iode avait l'air tout à ses réflexions, les yeux mi-clos. Elle l'appela, par la voix et par leur lien. Deux flammes dorés se rallumèrent, et son âme sœur lui répondit.
Elle était toujours émerveillée par ce lien qui s'était créé entre eux, le jour où le seigneur du ciel s'était avancé vers elle et l'avait touché. Elle avait découvert la puissance de ce contact entre deux esprits, avec les images et les émotions de Iode si riches qu'il n'avait nullement besoin de mots. Certains Voltigeurs mettait du temps à s'adapter à cette proximité avec leur monture. Marianne elle, appréciait cette communication sans barrières, grisée par la sensation de se comprendre d'une seule pensée.
Encore fallait-il qu'elle soit attentive à ce lien pour entendre son ami, et lorsqu'il lui fit part de ses réflexions, elle se rendit compte à quel point son état le travaillait.
Et finalement, à quel point elle était éreintée par sa journée.
« Oh Iode ! Je suis désolée de t'avoir inquiété comme ça. La journée à vraiment été longue, entre l'épreuve, la remise des Opales, les autres champions assez secoués à l'infirmerie ou parqués dans leur loge... »
Ses pensées étaient plus confuses que celle du griffon, elle avait besoin de parler pour poser ses idées. Mais les mots pouvaient être si imparfaits. Iode écoutait, patient. Il lui donnait l'occasion de dénouer les fils de sa journée.
« Vraiment, je vais bien. Une session de vol, du repos et la clôture de ce Tournoi, et on pourra oublier tout ça. »
Oublier ? Reproche. Le seigneur du ciel inclina la tête, le regard suspicieux. Il n'était pas dupe et lui fit savoir.
Tout en parlant, avec la réaction de son ami à plumes, Marianne mit le doigt sur son erreur. Une partie d'elle savait où Iode voulait l'emmener, mais une autre s'y refusait encore. Elle ne voulait pas revivre l'épreuve. A la lisière de ses pensées, les images et ses sensations vécues étaient prêtes à ressurgir, violentes et sanglantes. Elle les avait repoussées aussi longtemps que possible. Pour s'occuper de Grâce, rester forte. Pour apprécier, tout de même, d'obtenir l'Opale de Lumière. Et puis, elle était vivante. Oui. « Je suis vivante, c'est le plus important. »
Il avait suivi ses réflexions muettes. Oh elle ne manquait pas de courage sa Voltigeuse, elle avait fait face à la mort elle-même. Il avait bien choisi, cinq ans plus tôt.
Mais maintenant, dans cette cour et face à lui, elle n'avait plus besoin de lutter. Détente. Lâcher-prise.

Marianne se détacha du regard doux de Iode, soudain lasse. Tremblant légèrement, elle laissa enfin son orgueil de côté, pour se laisser basculer contre l'épaule dorée en face d'elle. Elle n'aimait pas paraître aussi vulnérable, exposée. Cette confiance et cet abandon, elle ne les manifestait que rarement, et uniquement à Freyja, son amie de toujours. Son amitié avec la pirate était constante, éternelle, Freyja savait tout d'elle et Marianne n'avait rien à lui cacher. Celle qu'elle avait avec Iode était intense, mais encore si neuve. Peut-être fragile, peut-être facile à gâcher. Maintenant que ses barrières avaient cédés, elle risquait tout, leur lien si précieux.
« Ce deuxième tableau... pour le passer, les autres champions devaient m'éliminer. » Elle se mit à raconter, doucement. Le griffon était figé, immobile.
« Je savais que ce n'était qu'une foutue illusion, qu'il fallait garder ça en tête pour triompher de la Reine de Sang. En soi pour moi, ce n'était pas compliqué. Mais entre le savoir et le faire... Le plus dur, c'était de ne pas flancher pour convaincre les autres. Ilse que j'ai côtoyé si longtemps en mer. Grâce qui peut être si déterminée. Et Mayeul, qui doit encore sombrer dans la culpabilité je ne sais où. Et Freyja, Freyja... »
Elle s'enfonça un peu plus dans les plumes, sa voix se transformant en murmure, soudain plus triste.
« Est-ce que j'ai bien fait ? Ce n'était qu'une illusion, une mascarade. Un fichu tournoi. Plus vite Ljota s'exécutait, plus vite on en finissait... Mais j'ai fait subir un supplice à mes amis, alors que j'essayais de rester impassible. Je m'en veux qu'ils aient vécu ça. On ne peut pas dire qu'on respirait la joie de vivre à la remise des Opales. »
Encore une fois, Iode resta silencieux, oreilles grandes ouvertes. Il voulait l'envelopper de douceur, avec ses ailes, mais craignait de l’interrompre.
« Ma volonté ne tenait qu'à un fil... Il aurait fallu si peu pour que je craque. » Oui, il aurait suffit d'une seule voix de plus contre sa décision.
« Alors, je t'ai empêché de savoir ce qui se passait. »
Colère. Peine. Les deux émotions du griffon s'étaient embrasées d'un coup sous les dernières paroles de Marianne. C'était ça qui l'avait blessé. Elle l'avait mis à l'écart. Sans le savoir, elle venait de mettre à nu ce qui rongeait Iode depuis le début.
Il s’efforçât de les restreindre, ces émotions, après les confidences que son amie venait de lui faire. Mais hélas, la blessure était là, à vif ; dans cette arène, sa Marianne s'était fermée à lui.

Elle sentit la réaction de Iode, à travers son cœur meurtri et son corps brusquement tendu. Elle comprenait qu'il réagisse ainsi, comment lui en vouloir ? Elle lui avait caché ses intentions, autant pour le protéger que pour rester ferme dans sa décision ; il avait bien le droit de l'avoir vécu comme une...
Trahison. Il lui confirmait ses pensées, en écho, avec tristesse. Marianne ne cherchait pas se défendre, mortifiée de ce qu'elle avait fait. Mais elle souhaitait que le griffon sache pourquoi elle avait agi ainsi.
« Iode, je ne voulait pas te faire subir ça, à toi aussi. Ilse, Grâce, Mayeul, ils l'ont tous très mal vécu... j'aurais été incapable de vous convaincre tous. »
Iode souffla fort par les naseaux. Il comprenait sa logique, mais elle l'avait payé cher au derniers instants du tableau !
Poussée par l'humeur du doré, elle acheva son récit, libérant les souvenirs. Le baiser, la lame, le sang. Son sang. Ruisselant, écarlate.
« Sur la fin, j'ai vraiment cru... je n'ai pas su garder mon calme. J'ai paniqué en sentant, en voyant.. Pardon, je sais même pas ce que tu as pu comprendre à ce moment là, ce que tu as pu vivre... »
Un grondement sourd, ténu, fit vibrer le griffon doré. Les images sanglantes de la Voltigeuse réveillait son propre vécu et attisait sa colère, qu'il peinait à maîtriser, labourant le sol ocre de ses serres. Colère qui cachait autre chose.
Sa Marianne s'en voulait ; inutile d'aggraver les choses en y rajoutant ses souvenirs à lui, sa détresse de l'avoir cru perdue ; ça pouvait attendre. Mais qu'elle ait décidé de l'évincer de ses pensées, volontairement ! Elle l'avait empêché de savoir, de comprendre, leur lien vidé de toute émotion. Exclusion. Abandon. Chagrin. Sa patte creusait de profonds sillons dans la terre. Il savait à quel point lier sa vie à un humain pouvait être bouleversant et incroyable ; plus que ce que la mémoire de son espèce laissait entrevoir. Mais en vivre les mauvais côtés était déstabilisant, douloureux.

Elle se mit à caresser quelques plumes, la médecin, ne sachant comment se faire pardonner. « Tu n'avais pas besoin d'endurer une telle épreuve ; si j'avais été plus forte, je t'aurai épargné ma propre vision d'être égorgée. Résignée, elle ajouta : Toi non plus, tu n'aurais pas accepté, et je n'aurais pas pu tenir. »
Surprise. Oh, elle interprétait mal ce qu'il lui transmettait ! Comme pour un de ses congénères, il se mit à lui lisser les cheveux avec le bec. Tentant de rendre ses ressentis plus limpides pour son humaine.
Il n'était pas en colère sur sa décision, non. L'espèce humaine aimait voir les plus forts d'entre eux illustrer leur bravoure. Les dix champions avaient vaincu les épreuves, Marianne avait choisi et avait tenu bon. Fierté. Mais seule, orgueilleusement seule ! Elle l'avait mis à l'écart, coupé leur lien. Séparés, isolés, leurs douleurs se sont dédoublés.
L'ancienne pirate se redressa, faisant face aux deux yeux d'or. « Mais toi aussi, je t'aurai torturé avec ce tableau maudit ! D'une manière encore pire que ce que tu as vécu. »
Détermination. Non, il aurait pu la soutenir, l'aider. Il serait revenu sur place. La conscience collective des griffons aurait été une ancre pour se convaincre de l'illusion, il aurait pu la rassurer au moment du coup mortel – que c'en était pas un, qu'il était avec elle, resterait avec elle. Non, il ne lui en voulait pas pour ses dernières pensées, mais pour avoir caché le reste, s'être emmurée ainsi.
Exaspération. Il cessa son lissage de cheveux hasardeux. C'est donc si compliqué de laisser quelqu'un vous aider ? Les Hommes se font si peu confiance entre eux pour mettre en doute celle d'un seigneur du ciel ? Iode se surprend à imaginer ce que doit ressentir un humain sans aucun lien, sans personne pour écouter ses pensées quand on en a besoin, sans conscience collective. Quelle solitude, quelle tristesse ce doit être.

Marianne garda le silence quelques instants. Le raisonnement du griffon l'avait déstabilisée, elle sentait ses propres convictions se modifier sans saisir encore à quel niveau. Comme si dans son esprit, quelqu'un venait d'allumer une autre lumière, changer son point de vue sur ce qu'elle est et pense être. Ce changement était flou, curieux, mais pas déplaisant. Il lui faudrait du temps pour comprendre, mais elle saisissait l'idée générale. Ses amis. Iode. Son isolement volontaire et la souffrance générée.
Contre tout attente, elle eut également une pensée pour Ilse. Son emportement, quand la Voltigeuse avait choisi la Kyréenne comme bourreau. Elle ne se souvenait plus des mots prononcés alors, concentrée sur tout sauf sur ce qui se passait. Mais à présent elle voyait la réaction de son amie pirate sous un autre jour. Avec à nouveau cette sensation que son monde basculait, différent mais toujours le même.
Ilse avait été prête à l'éliminer elle-même, plutôt que laisser faire Ljota... Marianne comprenait mieux. Un peu.

Le temps s'écoula ainsi, plongé dans la douceur de deux ambres vivantes.
Gratitude. Pardon. Elle saisit la tête de son ami, posa son front contre le sien. Chaleur, tendresse.
« Excuse moi, je ne pensais pas... par les dieux, pourquoi est-ce si difficile de parler ? Ca lui semble si important ! Je ne trouve pas les mots, Iode. »
Empathie, lien. Qu'importe qu'elle n'arrivait pas à mettre des paroles. Il avait vu le changement dans ce cœur qui est lié au sien. Il l'avait lu dans ces yeux bleus si expressifs. Un lac dans les montagnes, azur, profond, lisse. Le soleil qui éclaire les eaux limpides, chaque jour plus loin, plus clair, plus profond.
Le griffon ne cessera jamais de l'étonner.
« Tu comprends. Merci. »
Affection.

Elle se sentit un peu bête, passée l'émotion. « Tu ne m'en veux pas, que je mette un peu de temps à percuter ? Elle se mit à caresser le duvet sous le bec, vaporeux, au grand contentement du doré qui se mit à roucouler. Et je suis là, à tenter de justifier mes idioties, alors que de ton côté tu as du vivre ton propre cauchemar. »
Les roucoulements se firent plus tenus, mais accompagnés d'ondes de sérénité. Cet échange privilégié avec sa partenaire de vol l'avait apaisé, il était débarrassé de cette colère insidieuse. Mais si elle souhaitait savoir... Partage ? Permission ? Acquiescement.
Le seigneur du ciel repoussa doucement les mains, y plongeant son bec, bien assis. Et il lui transmit son propre vécu, à travers son cœur de plumes.

Ce qu'il avait compris ? Qu'elle mourrait. C'est ce qu'il avait cru en même temps qu'elle, brutalement, sans avertissement. Et il avait volé de toutes ses forces, oubliant Corail, oubliant Lena sur son dos, dans une course folle qu'il savait perdu d'avance.
Terreur, amour, pardon. Ses émotions à elle, le foudroyant. Il avait senti Marianne s'effacer, devenir inconsciente. C'était trop tard ! il avait été impuissant, trop loin, trop distrait, incapable de la sauver ! Aussi inutile qu'à son premier orage ! Abandonné...
Pourtant.
Leur lien était encore là.
C'est ce qui l'avait calmé, alors que le Colisée était en vue et que ses ailes le brûlaient sous l'effort. Leur lien n'avait pas disparu, l'âme de sa Voltigeuse était encore reliée à la sienne.
Elle était toujours vivante.

Il ne lui cacha rien, dans toute la profondeur de leur lien. Recouvrant Marianne de tout son esprit. Mais avant que ses propres souvenirs, si sombres, ne la noyèrent, avant même que la culpabilité grandissante de son amie n’atteignît sa conscience, il l'entoura toute entière de ses ailes, balayant les images et les remplaçant par la lumière, la chaleur. Il ne cherchait pas à la faire culpabiliser.
Étoiles, soleil, nuages et océan, griffon et cavalier chevauchants à deux les éléments. Il n'y avait plus de blessure, plus de peine. Juste ce lien si précieux et riche.
Paix.
Marianne s'était laissée emporter par les images et les sensations offertes. A nouveau elle mit du temps à reprendre pied dans la réalité, découvrant l'enveloppe de plumes créée autour d'elle. Elle dû reprendre son souffle, calmer les vagues d'émotions, encore étourdie. Restait un mélange confus de confiance et de gratitude pour son ami. Elle resta là, contre le torse du griffon, bercée par sa respiration et ses pensées apaisantes. Juste tous les deux.

L'astre du jour était tellement bas que les ombres du soir mangeaient une partie de la cour. La Voltigeuse se décida finalement à se mettre debout, obligeant Iode à écarter ses ailes, et elle s'étira à en faire craquer son dos et ses jambes. Décidément, elle était fourbue, et ces longs échanges assis n'avait rien arrangé à son état physique. Mais ses épaules étaient légères, son esprit plus tranquille.
« Bon. Il va me falloir un peu de temps. Du repos. Approbation. P'têt du rhum. Reproche. Je plaisante, va. »
Et demander à Ljota des explications, pour son drôle de manège. Perplexité.
Le tabouret dans une main, le seau dans l'autre, la fatigue de ses bras se rappela à son bon souvenir. Elle abandonna les deux objets le long du mur pour retourner au centre de la cour, où le griffon se levait à son tour et s'ébrouait. Car avant toute chose...
« Voler ! Ça me démange depuis un bail. Confirmation, joie ! Voyons ce que ça fait de voltiger sur un bout de ciel bleu ! »
Iode se contorsionna pour admirer la teinture de son dos et des ailes, trépignant tandis que Marianne prenait place. Il était d'accord, cette couleur lui allait bien, il en redemanderait à Lena. Pour ce qui était de la voltige, il se contenterita juste de sentir le vent frais les porter, et quelques figures pour se détendre. Son amie était assez fatiguée comme ça, et sans harnais.

Ils décollèrent, haut dans le ciel, là où le soleil n'était pas encore sous l'horizon, là où quelques étoiles naissaient timidement dans le crépuscule.
Leurs deux esprits de nouveau à l'unisson.

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