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 Quand un secret s'évente

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Message Sujet: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptyMer 8 Fév 2017 - 15:50




Livre II, Chapitre 2 •La Fortune des Flots
Gustave de Faërie & Liam d'Outrevent

Quand un secret s'évente

La vindicte d'un Duc en colère




• Date : 12/01/1002
• Météo : Temps maussade et froid
• Statut du RP : Privé
• Résumé : Liam d'Outrevent demande une audience à Gustave de Faërie, sans en préciser le motif. Informé par Blanche de l'entrevue entre Liam et Chimène, l'empereur se doute que Liam est venu lui parler de l'ancienne impératrice... Entre autres choses.
• Recensement :
Code:
• [b]12/01/1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t1754-quand-un-secret-s-evente#52910]Quand un secret s'évente[/url] - [i]Gustave de Faërie & Liam d'Outrevent[/i]
Liam d'Outrevent demande une audience à Gustave de Faërie, sans en préciser le motif. Informé par Blanche de l'entrevue entre Liam et Chimène, l'empereur se doute que Liam est venu lui parler de l'ancienne impératrice... Entre autres choses.



Dernière édition par Gustave de Faërie le Mer 8 Fév 2017 - 15:52, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptyMer 8 Fév 2017 - 15:51


Mes doigts tapotent le bois de l'accoudoir alors que j'attends mon invité. Un invité plutôt indésirable d'ailleurs. C'est loin d'être mon plus loyal sujet. Très loin. Je dois pourtant lui reconnaître une droiture qui fait défaut à bien des hommes désormais. Il a ses convictions et il les respecte. Il aura fallu que je me serve de celui qui sera son héritier s'il ne se décide pas à prendre femme et à engendrer une progéniture pour le faire plier. Un moyen de pression dont je ne suis pas spécialement fier et qui heurte quelque peu mon sens de l'honneur... Mais qu'est l'honneur quand un trône est en jeu, en vérité ? Il n'est guère aisé de balayer toute une éducation outreventoise... Malgré mes voyages et mes fréquentations. Il m'a pourtant fallu faire des choix... Quitte à ne pas en fermer l’œil la nuit. Pour autant, le petit garçon n'a jamais été maltraité. Il est même sûrement mieux là où il est que dans ce repère de pirates, même pas fichus de veiller correctement sur lui.

Je soupire et me passe une main sur le visage, soudainement harassé par la lassitude. Liam d'Outrevent ne tardera plus. Et s'il a demandé une audience impériale, sans en préciser le motif, je sais pertinemment ce qui l'amène à Alfaë. Chimène... Il n'aura pas fallu longtemps pour que l'ancienne impératrice décide de quitter la sécurité de la cour de notre sœur pour prendre contact avec son cher Liam. Son fidèle Liam. Le seul qui l'a soutenue, alors même qu'il la pensait morte. Le seul qui a éprouvé de la peine, sans doute. Les autres... Ont toujours eu conscience que cette charge était bien trop lourde pour ses frêles épaules. Chimène n'a pas été éduquée pour être au pouvoir. Et elle fut bien mal conseillée. Ou trop butée. C'est difficile à dire. Un entêtement qui a servi mes intérêts alors qu'elle se mettait l'Ordre à dos. Pourtant... je regrette son intransigeance à l'égard des Mages de Sang... Sa nièce en est une. Doit-on la condamner d'être née ainsi ? Bien sûr que non. Pourquoi mon entêtée cadette ne m'a-t-elle pas écouté et n'est-elle pas restée auprès de Catarine ? Il me semble pourtant avoir été clair avec elle. Honnête alors que je lui expliquais la nécessité de la faire passer pour morte, afin qu'elle disparaisse. M'a-t-elle seulement cru alors que je demeure le félon à ses yeux trop jeunes ? Sans doute pas.

Et maintenant, le Duc d'Outrevent sait qu'elle est en vie. Cette fidèle Blanche n'a pas tardé à m'en informer et je m'attendais à cette entrevue. Je suis curieux de savoir ce qu'il va en résulter. Et comment le Duc va me présenter les choses. Accusations ? Colère ? Mépris glacial ? Et surtout... Que compte-t-il tirer de cette entrevue ? Il est évident qu'il n'a pas fait le déplacement simplement pour me jeter à la figure tout son mépris. Il a sans doute une idée derrière la tête maintenant qu'il sait pour Chimène. Voilà qui est contrariant... l'Ordre voulait sa mort afin qu'elle ne puisse devenir le symbole de la Rébellion. Et en trouvant Liam mon plus farouche opposant, elle a fait exactement ce qu'ils craignaient. J'attends leurs récriminations concernant ma mansuétude. Et je sais également que des assassins vont fleurir pour ramener la tête de l'ancienne impératrice. Mon plan a prit l'eau. Mais espérais-je vraiment qu'elle disparaisse et qu'on n'entende plus jamais parler d'elle ? Je pensais son fidèle Hugues assez influent pour la tenir en laisse. Je me suis trompé. Comme je me suis trompé sur ses motivations... Les gens de pouvoir sont bien seuls et mal entourés. J'envie presque Chimène d'avoir Liam d'Outrevent, un homme d'honneur et de parole. Peut-être est-ce également le moment de m'assurer de son soutien autrement qu'en le contraignant... Avec cette guerre contre Ibélène, il nous faut plus que jamais, être unis. Son duché est agité de nombreux troubles alors que sa population demeure farouchement ancrée dans les vieilles haines... Oui, vraiment, de cet entretien il peut ressortir bien des choses, positives s'il a l'intelligence de passer outre ses griefs à mon encontre.

En attendant, je me redresse alors que le héraut annonce le Duc d'Outrevent et que je le fais entrer. Pas de salle du trône en l'occurrence. Ce que nous avons à dire est confidentiel. Et je suis plus à l'aise dans l'espace intimiste et chaleureux d'un bureau impérial que dans l'immensité d'une salle de trône d'apparat. Liam entre donc et je demeure assis, l'observant calmement, attendant qu'il s'incline selon l'usage et me présente l'objet de sa visite.

« Votre Grâce, je n'escomptais pas vous revoir si tôt. Je me doute que le sujet de votre visite doit être important pour que vous preniez la peine de délaisser quelques temps votre duché, dont la situation interne est assez préoccupante, d'après ce que j'ai ouï dire. Je vous écoute. »

Alors, va-t-il me parler de Chimène ? Et concernant les fiançailles avec ma fille ? La demande a été faite et j'attends toujours réponses après tout. Je me doute que cela ne le ravit guère... Alors que c'est un grand honneur... Ma foi... J'attends.

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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptyLun 13 Fév 2017 - 23:15

Je redoutais cette entrevue, tout comme je l’attendais avec impatience. Le dénouement, enfin.
L’on me conduit à travers les couloirs, et non directement à la salle du trône... Parfait. Je vais pouvoir lui parler librement, et sans détour. Non, je n’ai pas vraiment d’autres plans en tête pour m’assurer le soutien de mon nouveau et bien regrettable souverain. Sera-t-il seulement étonné d’apprendre que je connais désormais la vérité, sur le sort de Chimène ? Peut-être même pas, mais il me faudra bien peser mes mots, quand je lui exposerais, sans chercher à l’accuser. Je ne dois pas chercher à mener un bras de fer avec lui, quand bien même l’envie me prendrait de le confronter ouvertement, de le mettre en face de ses propres manquements, encore et encore... Je ne dois pas laisser ma rancœur parler, et me raccrocher à cet espoir tenu, celui que Gustave de la Rive à épargner sa jeune sœur, non à des fins politiques qui me sont étrangères, mais véritablement par miséricorde. Si tel est le cas, alors tout n’est peut-être pas perdu pour lui, ni pour moi, même si le poids de ma propre trahison me pèse. L’envie de lui faire amèrement regretter sa montée au trône, peu conventionnelle et attendue, se mêle au propre ressentiment que mes choix me laissent. J’aurais dû mourir, ce jour-là, et elle aussi. C’est une autre opportunité qui se dessine, et que je veux pouvoir saisir. Pourvu qu’il me laisse parler jusqu’à la fin... Qu’il écoute, plutôt que d’exiger, de menacer.

Le héraut m’annonce, à la porte de ce bureau impérial. Je pénètre les lieux, pour me retrouver seul face au destin. Je lève le regard pour croiser celui de Gustave de la Rive, et tiens la bride bien serrée à ma rancœur. Je peine, pourtant, plus que d’habitude même. Mon devoir m’impose plus que de raison de garder la tête froide, d’agir en neutralité, pour ne pas balayer une stratégie d’un revers de main, à cause d’un caractère emporté et impulsif. Je ne l’ai jamais été, mais je mesure mal mes pensées dès qu’il s’agit de Chimène. Tout se mêle, espoir et haine, passion et culpabilité. Tout se matérialise en cet homme, en cet instant.

Je prends une lente inspiration, puis m’incline devant mon souverain, cet usurpateur. Je retrouve ma réserve, dans ces gestes si simples et dictés. « Votre Altesse. » Cette hypocrisie m’arrache la bouche. Je le fixe longuement. Non, moi non plus, je n’escomptais pas le revoir de si tôt. Si je pouvais gérer les affaires de mon Duché en parfaite autarcie, sans plus me préoccuper des affaires impériales... Mais ce serait fort déplacé. Et il n’est pas sans me rappeler la situation préoccupante de mon Duché, où un vent de contestation s’est levé, que j’ai entretenu bien malgré moi, après m’être levé contre lui, seul contre tous. Les Outreventois comprennent, bien évidemment, que mes choix étaient limités, que je ne peux pas revenir sur une parole donnée... Mais cela n’engage pas directement la leur, et ils aiment à faire comprendre qu’ils n’approuvent en rien les méthodes de leur nouveau souverain. Je reste muet face à leur revendication, ce qui n’aide pas à apaiser les tensions, comme je l’espérais.

« Cela concerne la situation de mon Duché, indirectement, et comment remédier à ce vent de panique, pour permettre à Faërie de rester soudée. J’ai conscience qu’il me faut agir au plus vite pour inverser cette tendance, et pallier à tout débordement, alors que la guerre se fait toujours plus inéluctable. » Je le rassure sur mes positions, afin d’éviter que la bombe que je compte jeter ne m’explose aussitôt au visage. Je prends une nouvelle inspiration, à le fixer longuement. « Je sais que la Princesse Chimène de Faërie est en vie, Votre Altesse. » Princesse, oui, comme le titre qu’elle escompte porter, en dédaignant ce trône maudit. L’apaiser, encore, à éviter de la désigner comme Impératrice, sans lui rappeler qu’elle n’est pas une moins que rien, et qu’elle n’a pas à être traitée comme une paria à son propre peuple. « Hugues Hurlenfer m’a averti, par missive. » C’est presque mesquin, pour moi, mais cela n’en est pas moins la pure vérité. Il ne pourra pas m’accuser de lui mentir, et je n’ai aucune honte à faire tomber mon ancien adversaire, qui a encore les serres bien accrochés à Chimène et risque de l’entraîner à sa suite si on le laisse faire. Qu’il paie son audace, comme je vais devoir payer la mienne. « Nous nous sommes rencontrés. J’avais besoin de savoir s’il ne s’agissait pas juste de l’une des machinations d’Hugues pour se sortir d’une situation inextricable... Je suis étonné, mais soulagé, que vous l’ayez épargné. Vous avez pris un risque considérable, pour assurer sa survie... » Louer la mansuétude. Rassurer, encore. Me laissera-t-il finir ? « ... Qui sera justement récompensé. Je suppose que vous saviez qu’elle escomptait renoncer à toutes prétentions au trône de Faërie. »
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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptyMar 28 Fév 2017 - 21:39


Pauvre Liam. Il n'est pas difficile de savoir qu'il n'est pas ravi d'être ici. Mais c'est un homme d'honneur et de principe, et un duc parfaitement éduqué. Qu'importe ce qu'il pense, il se doit d'un respect d'usage et s'y plie de mauvaise grâce. Il n'a pas hésité à s'élever contre moi pourtant, quand je me suis proclamé empereur en évoquant la mort de Chimène. Sa trahison. Il a été le seul à soutenir la petite impératrice déchue, à s'émouvoir de son sort. Il a du être heureux d'apprendre qu'elle était en vie. Et s'il est ici, c'est sans doute à cause de cela. Qu'en a-t-il pensé, au juste ? S'est-il interrogé sur mes motivations ? Il me juge comme un arriviste, un usurpateur, un monstre qui se sert de son neveu pour faire pression, qui assassine une impératrice pour prendre sa place. Mais elle n'est pas morte Chimène, ma petite sœur... Et désormais, elle représente un danger pour mon pouvoir. L'Ordre ne va pas apprécier que je les ai roulé à ce sujet.

J’accueille Liam sans plus de cérémonies, rappelle que son duché est soumis à quelques troubles fort regrettables, mais qui le tiennent occupé chez lui, malgré tout. La Magie du Sang est encore tabou. Beaucoup la craignent et la haïssent et ne sont pas prêts à sortir d'un endoctrinement de plusieurs centaines d'années. Regrettable. Mais il y a aussi des gens ouverts d'esprit, qui sont prêts à essayer une autre façon d'appréhender la magie. L'interdire n'est pas la faire disparaître. J'écoute Liam me répondre, tout en évoquant la nécessité que notre empire demeure soudé face à Ibélène. Cela attise mon intérêt. Peut-être ne fait-il que me mentir, mais... Il est homme d'honneur n'est-ce pas ? Serait-il capable de faire passer ses griefs personnels après le bien de Faërie. Probablement.

Et il m'apprend, ou pense m'apprendre plutôt, que Chimène est en vie. Je ne dis rien, me contente de m'adosser davantage sur mon siège, attendant la suite, alors que mon visage demeure impassible. Je ne lui révèle rien de ce que je pense ou de ce que je sais déjà. Il me parle de Hugues, le fidèle conseiller de Chimène, qui a averti Liam. Bien... Je sais à quoi m'en tenir avec cet homme en tous les cas. Lui, j'aurais sans doute du le faire tuer, cela aurait pu éviter quelques désagréments et si Chimène est de mon sang et que je ne désire pas la voir morte, ce Hurlenfer m'indiffère totalement. Je ne l'interrompt toujours pas, le laissant aller jusqu'au bout alors qu'il s'étonne de ma mansuétude et s'inquiète presque des risques que j'ai pu prendre en la laissant en vie. Et il m'apprend alors que Chimène compte renoncer au trône. Officiellement. Vraiment ? Cela au moins, je l'ignorais. Qu'ont-ils bien pu se dire ces deux là quand ils se sont retrouvés seuls ?

« Ainsi donc, vous avez reçu une missive de ce cher Hugues. Et quelle en était la teneur ? »

Je suis curieux de savoir ce qu'a bien pu lui dire Hurlenfer. Pas en détail, mais comment a-t-il bien pu présenter la situation à Liam ? Cela dit, je note qu'il se méfie de cet ancien conseiller impérial.

« On dirait que vous vous méfiez de Hugues Hurlenfer. »

Ce n'est pas une question, mais une constatation. Libre à lui de me dire pourquoi ou de simplement laisser glisser.

« Sa survie dépend de sa discrétion, en vérité. Elle représente une menace à laquelle il est aisé de mettre un terme par un contrat sur sa tête, je suppose que vous en avez conscience, et elle aussi. Vous a-t-elle parlé de l'entrevue que nous avons eu tous les deux, avant que je ne la fasse escorter auprès de notre sœur, en Ibélène ? »

Cela m'aidera à savoir ce que Liam sait, ce qu'il peut penser de tout cela et comment Chimène lui a rapporté notre discussion, si elle l'a fait. Elle ne m'a ps cru quand je lui ai expliqué mon plan et mes intentions. Elle a du déformer cela en en parlant à Liam, car il me semble évident qu'elle l'ai fait, au vu de leur lien passé... Et encore présent, probablement.

« Donc, elle compte faire une déclaration publique pour renoncer à ses prétentions au trône. Quel est votre plan ? »

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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptySam 11 Mar 2017 - 12:48

Mon discours semble éveiller son intérêt... Mais il reste parfaitement imperturbable quand je lui apprends savoir que Chimène est en vie. Il le savait déjà, bien entendu, mais son manque de réaction me laisse penser qu’il était persuadé aussi que j’avais fini par l’apprendre. La laisser en vie était prendre un risque, dont j’évalue encore mal les véritables raisons. Il m’a bien fait comprendre, une main posée sur la tête de mon neveu, qu’il tuerait tout ceux qui se mettraient en travers de sa route. Ma mâchoire se crispe, à cette simple pensée, et mon regard doit trahir une certaine animosité au-delà de sa froideur pâle.

Les espions doivent être partout, mais je crois au moins lui apprendre quelque chose qu’il ignorait vraiment... Les propres paroles de Chimène, qui m’assurait vouloir renoncer au trône. Il n’en dit rien, pourtant, mais que cette idée se glisse lentement dans son esprit me suffit pour le moment.

« Je me suis toujours méfié d’Hugues Hurlenfer, ce n’est un secret pour personne. Et vous devriez en faire autant, car son ambition n’a pas de limite. Mais au-delà de ses tentatives pour sauver sa propre situation, ses propos n’étaient pas dénués de sens. » Je suis conscient de parler moi-même à un ambitieux de premier ordre, mais il se méfiera d’autant plus de ceux de sa propre espèce. Je ne compte pas lui cacher ce que je pense de lui, et me refuse à le brosser dans le sens du poil tout au long de cette discussion... J’ai mon honneur, d’autant plus que je manquerais de crédibilité. Je suppose qu’ils sont assez nombreux à lui faire des ronds de jambe, maintenant qu’il est Empereur, pour que je puisse m’éviter pareil supplice.

Et il me surprend, à me demander sans détour quel serait mon plan. Tiens ? Cette vipère veut finalement faire preuve d’une certaine franchise ? Alors autant jouer carte sur table, puisqu’il en émet le souhait, et maintenant qu’il est parfaitement attentif et disposé à m’écouter.

« Hugues Hurlenfer me proposait des fiançailles, avec votre sœur. » Je jauge ses réactions, en laissant filtrer les dernières informations qu’il devait lui manquer pour dépeindre ce tableau dans son entièreté. « Chimène m’a parlé de votre entrevue, oui, mais pas en détail. Elle peinait à comprendre vos motivations. » Et moi de même, mais il est plus simple de le traduire ainsi, sans chercher à déformer les propos de l’ancienne Impératrice. Il serait regrettable de faire une erreur de calcul, à bien trop m’avancer. « Elle compte effectivement renoncer publiquement au trône, sous condition qu’elle puisse réhabiliter Faërie. Et nous souhaiterions aussi avoir votre bénédiction pour ces fiançailles. » Je m’en serais bien passé, de son assentiment, mais puisque cela équivaut indirectement à refuser la main de sa fille, et qu’il s’agit néanmoins de la parentèle de Chimène... Mieux vaut ne pas le froisser davantage. Une seule condition, pour lever ce couperet au-dessus de sa tête, ce n’est pas cher payé. « Cette annonce publique d’abdication, couplée à ces fiançailles, pourront apaiser les tensions naissantes en Faërie, et particulièrement en Outrevent. Chimène ne représentera plus un symbole, pour la rébellion qui gronde. Qui plus est, elle sera mieux entendue et acceptée en Outrevent que votre fille. Ils ont de l’affection pour leur ancienne Impératrice, et celle qui fut autrefois ma fiancée. Vous connaissez mon peuple, ils respecteront sa parole donnée, qui appuiera la mienne, et avec cette injustice effacée, les esprits se calmeront. »

J’espère qu’il entendra raison. J’hésite, un instant. Ses paroles me laissent penser qu’il s’inquiète réellement pour la vie de sa sœur. Se pourrait-il qu’il l’ait sauvé d’une mort certaine autrement que pour des enjeux politiques ? Je le fixe, un temps, lâchant sur un ton plus bas : « Elle sera plus en sécurité à mes côtés, à Souffleciel, que traquer au cœur de l’empire rival. Vous savez déjà que je donnerais ma vie pour elle. » Il le sait, oui, car j’étais prêt à le faire, alors même que je la croyais morte, quand il cherchait à me faire plier genou et renoncer à mes engagements envers elle.

L’instant passe, et je reprends avec cette même froideur qu’exigent ces jeux politiques. « Elle ramènera l’espoir, et un message d’union forte, plutôt que d’attiser le feu de la rébellion. Vous pourrez contracter d’autres alliances, en proposant la main de votre fille, par exemple en Lagrance, où elle sera bien plus aisément acceptée. De même, sachez que je compte raffermir les liens avec Cibella. » Je n’en précise pas la teneur, cela viendra en son temps. Et ce n’est pas le message le plus important à passer. « Nous devons montrer un front uni, si nous désirons remporter cette guerre. » Et ce, malgré la présence de cet Ordre néfaste dans son sillage... Mais il n’y a pas de fumée sans feu. Ce n’est pas en voulant l’éradiquer dans cette guerre, en traquant la magie, qu’Ibélène parviendra à ses fins. Il sera bien temps de réfléchir et travailler sur la cause de ces troubles, une fois que l’empire du Savoir ne représentera plus un danger immédiat. « Ai-je votre assentiment ? »
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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptyVen 17 Mar 2017 - 22:09


Hugues Hurlenfer n'était pas un homme à qui se fier. Nous avions au moins un avis commun Liam et moi. Un ambitieux... Je ne pouvais le blâmer pour cela, naturellement. J'en avais côtoyé des ambitieux et j'étais moi-même de cette race. Je hochai simplement la tête aux recommandations de Liam, amusé qu'il me mette ainsi en garde. Sa précieuse impératrice avait été mal entourée, malheureusement. Il n'était pas toujours aisé de choisir ses conseillers et beaucoup étaient toxiques... Donc, Hugues avait contacté Liam. Bien. Pour quelles raisons ? Lui apprendre que Chimène était en vie. Mais quel était réellement le but de cette révélation ? Je ne me leurrais pas, il n'avait pas fait cela sans une idée derrière la tête. Et la réponse de Liam à ce sujet m'apprit quelque chose. Vraiment. Des fiançailles entre Chimène et Liam ? Et bien... il semblerait qu'il soit temps de rappeler à Hurlenfer à qui devait aller son allégeance... Mais je m'occuperai de son cas plus tard. Je masquai ma surprise, même si mon intérêt était totalement éveillé. J'étais excellent comédien. C'était nécessaire. J'avais apprit à ne rein laisser paraître et à bluffer. A paraître aussi froid et calculateur qu'il était possible de l'être. En cet instant, je ne désirais pas laisser à mon adversaire l'avantage alors qu'il me prenait de court. Et il était toujours difficile d'avoir à faire à un mur qui ne renvoyait rien n'est-ce pas ?

« Si ma mémoire est exacte, il a déjà été question de fiançailles entre elle et vous. »

Ils étaient amis. Elle comptait sur lui. Et elle comptait pour lui, j'avais pu m'en apercevoir quand il s'était dressé face à moi, s'opposant à ma prise de pouvoir, réellement affecté par la mort de la jeune femme. Calmé simplement parce que j'avais un atout dans ma manche et qu'il était hors de question que je ne laisse qui que ce soit se dresser face à moi. Un léger rictus accueillit la confession de Liam concernant la compréhension de Chimène sur mes motivations à la laisser en vie.

« Voilà qui ne m'étonne guère. »

Cela pouvait être prit comme du mépris concernant les capacités cognitives de Chimène. Aussi bien que comme une simple constatation. Il l'interpréterait comme bon lui semblerait. Chimène ne m'avait opposé que haine et colère et n'avait pas désiré comprendre. Tant pis.

« Chimène ne comprend que ce qu'elle désire comprendre. »

Il en allait de même concernant sa haine pour l'Ordre. Et les Mages de Sang. Elle englobait tout, sans faire de distinctions. Ah... Naïve petite sœur qui avait encore tant à apprendre. Et elle le ferait, parce que la vie ne lui en laisserait pas le choix et qu'elle lui avait presque tout ôté. Une épreuve difficile, dont elle sortirait grandie si tant est qu'elle apprenne à tirer leçon des erreurs passées.

« Et vous, Liam. Ne vous interrogez-vous pas sur cet homme qui vous a forcé à jurer allégeance en menaçant votre neveu, mais qui a laissé vivre l'impératrice ? »

Sans doute que si. Je me demandais s'il avait quelques hypothèses à ce sujet, s'il était plus perspicace que Chimène, moins impliqué personnellement. C'était sans doute perfide de lui rappeler comment j'avais usé de sa famille pour avoir ce que je désirais, mais je voulais le déstabiliser. Chimène voulait renoncer au trône, rentrer en Faërie et épouser Liam, devenant ainsi Duchesse d'Outrevent. Quelle jolie petite histoire... L'ancienne Impératrice qui n'avait jamais voulu ce rôle, destituée par son horrible frère arriviste, qui pouvait enfin trouver un rôle à sa mesure auprès d'un homme qu'elle appréciait... Oui, très mignon.

« Ma bénédiction... »

Je répétai lentement ses paroles, sans rien ajouter d'autre. Il me servit alors son argumentaire, soigneusement préparé et non dénué de sens, je devais le lui accorder. Il m'offrait une perspective que je n'avais pas envisagé. De là à accepter, c'était autre chose. Sans compter qu'il refusait purement et simplement la main de ma propre fille. Je le savais peu emballé à l'idée d'épouser Armandine, mais c'était... un affront. Un refus déguisé et amené avec des solutions, mais un refus tout de même.

« Donc je suis censé laisser deux individus qui me haïssent et me qualifient de traître s'allier. Et parce que vous respectez la parole donnée, je n'ai nulle rébellion à craindre en Outrevent de votre part. C'est bien cela ? »

Il ne prônait que l'unité, la paix, un symbole fort pour Outrevent. Tentant. Trop beau pour être vrai. Je notais tout de même sa volonté de la protéger et le crus sur parole quand il parla de donner sa vie pour elle. Oui, de cela, je ne doutais absolument pas.

« Vous n'êtes pas sans savoir que je souhaite réhabiliter la Magie du Sang au sein de tout l'empire. Outrevent sera un bastion réfractaire, je le sais. Et pourtant, il faudra plier. Chimène a déjà montré par le passé sa haine pour l'Ordre et la Magie du Sang. Je ne souhaite pas que la duchesse d'Outrevent soit si opposée à ma politique. »

Est-ce que je me faisais bien comprendre à ce sujet ? J'avais besoin que le peuple d'Outrevent suive le mouvement. Cela serait long, mais il fallait commencer dés maintenant et pas avec un couple ducal qui me contestait, n'est-ce pas ?

« Vous avez raison, nous avons besoin de faire front commun contre Ibélène. Je suis ravi que vous l'ayez compris. »

Je souris quand il me demanda s'il avait mon assentiment.

« Vous pensez réellement repartir d'Alfaë avec une réponse ? Vous est-il habituel de songer aux alliances et de prendre une décision dans l'heure, sans étudier toutes les possibilités ? Vous me décevez, je vous pensais plus pondéré et raisonnable. »

Une idée m'avait traversé l'esprit également. Récupérer Chimène. Et l'utiliser pour que Liam d'Outrevent se tienne à carreau et fasse ce que je demandais. Un otage oui. Tout en m'assurant que Chimène revienne à de meilleurs sentiments envers la Magie du Sang et ma personne. C'était tentant. J'avais besoin de l'influencer dans le bon sens. Pas en la laissant avec cet homme qui pensait tout le mal possible de son empereur...

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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptyJeu 23 Mar 2017 - 15:07

Rien ne filtrait, sur les traits du nouvel Empereur. Pour un arriviste, il se débrouillait plutôt bien pour masquer ses émotions. Ce masque de neutralité, néanmoins, était préférable à celui trompeur dont se parait d’autres, comme le Duc de Lagrance. Nos échanges n’en étaient que plus froids, incisifs, alors que ces âpres négociations débutaient à peine. « En effet. Des fiançailles qui ont dû être rompues, par nécessité. » Je reste le regard rivé au sien, de glace contre d’acier. Je ne m’engage pas sur le terrain précaire sur lequel il cherche à m’amener. Je ne trahirais pas les propres pensées de Chimène, qui pourraient lui porter préjudice… D’autant que ce n’était pas à moi de me prononcer à ce sujet, mais seulement à elle. « Elle comprend ce qui est nécessaire de faire. » J’appuie mes précédentes paroles, me gardant bien de relever la pique. Gustave de la Rive la fait passer pour une sotte, et il est de bon ton de lui rappeler qu’elle ne l’est pas, et sait pertinemment ce qu’il convient de faire. Comme à l’époque, lorsqu’elle avait dû endosser ce rôle d’Impératrice, bon gré mal gré… Et maintenant d’abdiquer. Finalement, cette décision est peut-être pour elle la plus évidente qu’elle a eu à prendre ces dernières années, presque libératrice.

Une légère tension accueille sa remarque sur mon neveu, ma mâchoire crispée. Dans l’immédiat, l’envie de lui arracher la gorge me traverse davantage que celle de réfléchir sur ses motivations. C’est moi, qu’il a menacé de mort, si je ne répondais pas favorablement à son odieux chantage. Je me souviens encore de cette main, comme une serre, qu’il a refermée sur Aymeric. Il paiera, tôt ou tard, comme tous ceux qui s’en sont pris un jour à ma famille pour m’atteindre. La méthode est loin de m’être méconnue. Je m’interroge souvent sur le sort que je réserverais aux meurtriers de Lisbeth, mais pas sur leurs motivations non… Serait-ce une réponse acceptable ? Mon ton est aussi glacial que mon regard. « Je suppose qu’elle avait encore un rôle à jouer. »

Pouvons-nous parler sérieusement, ou préfère-t-il continuer ce jeu malsain, à tester les limites de ma patience ? Qu’importe, au fond, puisqu’il est rapidement question de refuser la main de sa fille. C’est largement sous-entendu pour qu’il comprenne qu’Outrevent ne la tolérerait pas. Et il n’apprécie pas, non. On dirait qu’il veut diviser pour mieux régner, comme s’il était capable de contrôler les dissidences internes par la suite, alors même que sa légitimité est contestée. « Pour être un traître, faut-il déjà avoir eu des convictions qui allaient dans le même sens un jour... » Je ne risquais donc pas de le qualifier ainsi. Adepte du chantage, dépourvu d’honneur, et parfait arriviste, mais je ne pouvais pas lui reprocher d’avoir retourné sa veste. Il avait été pour le moins clair sur ses intentions depuis le début.

Il n’a pas l’air de comprendre ce que j’essaie de lui dire, comme s’il était persuadé que je pouvais reprendre ma parole donnée s’il refusait de répondre favorablement à ma demande… Comme si je le pouvais ! Je restais pieds et poings liés, ce qui m’avait précisément conduit devant lui, plutôt que d’agir à ma guise. Je connaissais pertinemment les enjeux, et Chimène, tout comme moi, savions que nous risquions notre vie dans ces négociations. Néanmoins, j’avais encore le luxe de refuser les fiançailles qu’il m’avait proposé, sauf s’il comptait me forcer à accepter par un autre chantage… Il en serait capable, et ce serait un nouveau coup dur pour Outrevent. Il était nécessaire de lui rappeler que je n’étais pas son ennemi, mais que d’autres qui n’étaient pas tenus par cette même parole pouvait le devenir. La guerre était déjà en marche, et ne ferait que nourrir le mécontentement général depuis sa montée au pouvoir. « C’est d’Outrevent qu’une révolte pourrait naître, pas de moi. Les esprits s’agitent, et ne comptez pas sur moi pour prôner vos méthodes. Je risquerais de ne plus être écouté ensuite par les miens. Ma parole seule ne suffira pas à apaiser les esprits et éviter un soulèvement, étant donné comment vous avez réussi à vous l’approprier. »

Il n’a pas l’air de prendre ma mise au garde au sérieux, puisqu’il persiste malgré tout. Outrevent, un bastion réfractaire ? Certainement, et pas sans raison. J’entends ses arguments, qui se justifient, mais je ne compte pas en démordre pour autant. « Et que comptez-vous faire alors ? Imposer vos décisions par les menaces, encore une fois, dans l’espoir de faire plier tout un Duché ? C’est précisément de cette façon que l’on attise les feux de la rébellion. Vous devez savoir que réhabiliter la magie du Sang ne se fera pas en un jour, et qu’Outrevent a déjà accusé des dérives de la magie durant de longues années. Votre fille est trop jeune pour la vindicte à laquelle vous comptez l’exposer. Vous devez vous rendre à l’évidence, elle n’a pas été formée pour régner, et n’aura pas les épaules, alors qu’elle sera d’emblée dépréciée et regardée d’un mauvais œil, si ce n’est pire… » Si les intérêts politiques exposés ne lui paraissent pas suffisants, peut-être se montra-t-il plus raisonnable si j’en viens à parler de sa propre famille… Et du danger auquel il l’expose. Non, je ne pense pas qu’il ait épargné Chimène uniquement parce qu’elle avait un rôle à jouer, contrairement à ce que je lui ai laissé croire. Le risque était bien trop grand pour le justifier. Par contre… Je pourrais parfaitement comprendre qu’il cherche à défendre sa famille, envers et contre tout. Ne veut-il pas réhabiliter la magie du Sang principalement pour donner un avenir à sa fille ? « Par ailleurs, rien ne vous empêche de parler à votre sœur et de mettre les choses au clair avec elle. » J’espère que Chimène se montrera raisonnable. Je crois en elle, mais cette haine… Elle risque de la ronger de l’intérieur. C’est aussi d’elle, qu’il me faudrait la sauver.

J’ai essayé, mais Gustave est catégorique. Un sourire froid étire mes lèvres en réponse, alors qu’il me fait part de sa… Déception. Oh, vraiment ? « Et vous plus perspicace. » C’est certainement la provocation de trop. J’aurais dû m’en tenir à mon discours, mais je n’ai pas pu empêcher cette animosité de transparaître. Il ne peut pas tout exiger de moi, ni me prendre de haut, lui qui sort de nulle part. « Dois-je comprendre que votre politique et celle de l’Ordre sont exactement les mêmes ? Je vous pensais capable de réfléchir par vous-même pour savoir ce qui est le mieux pour Faërie. Croyez-vous vraiment qu’ils ont à cœur de défendre l’Empire de la magie ? » Il n’est arrivé à cette place que grâce à leur action. Ils ne pouvaient rien obtenir de Chimène, alors ils ont procédé autrement… Et maintenant ? Il les protège, et tolère leurs actions les plus violentes. Ils ont amené un vent de guerre avec eux, mais il n’a pas l’air de s’en soucier. Pourtant, les conséquences de leurs actes sont visibles. Ils ont réussi à briser une paix vieille de mille ans. « Il y a bon nombre de façon d’amener les choses à évoluer, sans les imposer par la force. J’espérais que les récents événements auraient réussi à vous le faire comprendre. »
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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptyVen 7 Avr 2017 - 22:22


Face à face intéressant. Qui me permettait de jauger un peu mieux l'un de mes vassaux. Celui qui s'opposait le plus farouchement à moi. Le seul qui ne m'ai pas reconnu de son plein gré comme son nouvel empereur. Et qui venait donc ici pour me parler de Chimène, vivante. A laquelle il fut autrefois fiancé. Et d'après ce que j'entrevoyais il y avait autre chose que le devoir entre eux. De l'amitié, du respect, de l'affection, très probablement. Des fiançailles rompues parce que Chimène était devenue impératrice et qu'une impératrice ne pouvait épouser un de ses ducs. Je m'interrogeai sur ce que Chimène avait compris et déduit de notre entrevue... J'avais été franc avec elle, autant que faire se peut et elle n'avait été que défiance à mon endroit. Je me doutais qu'elle n'avait pas parlé en termes élogieux de ma personne à son fidèle Duc. Et je me montrai volontiers cassant à ce sujet d'ailleurs.

« Vraiment ? On dirait qu'elle n'a pourtant pas compris ce qui était nécessaire pour sa survie et sa tranquillité pourtant. »

Des assassins seront engagés pour la retrouver et l'éliminer une bonne fois pour toutes. Cette décision là ne m'appartenait pas. Je ne contrôlais pas l'Ordre. Et je ne pouvais pas davantage sauver Chimène de leur ire. Et c'était là une vérité que je ne pouvais pas confier à Liam d'Outrevent. J'avais fait ce qui était en mon pouvoir. Hurlenfer ne l'avait pas entendu de cette oreille. A se demander s'il ne souhaitait pas la mort de Chimène pour avoir ainsi enfreint mes ordres et l'avoir mise en péril de nouveau en divulguant la supercherie.

Je portai pourtant un coup facile à mon adversaire en évoquant son neveu. J'eus la satisfaction de me voir légèrement ciller. Il se contrôlait cependant mieux que quand il pensait Chimène assassinée et craignait pour la vie de son héritier. Je cherchais à savoir ce que Liam pouvait bien penser de tout ceci, de mes motivations. Se pouvait-il qu'il ne se pose aucune question ? J'aurais été grandement déçu qu'il soit si peu curieux. Et je ne dis rien quand il répondit. Je n'affirmai, ni n'infirmai ses conclusions. Erronées. Un rôle à jouer ? Pas dans mes projets en tous les cas. Je la voulais simplement saine et sauve. Je voulais sa couronne, qui aurait du être mienne bien avant que Chrysolde n'en coiffe sa tête, mais pas au prix de sa vie. Je n'en étais pas encore arrivé à cette extrémité...

Et voilà donc qu'il voulait épouser Chimène. Me servant quelques arguments soigneusement préparés et répétés pour me convaincre alors qu'il m'offensait grandement en rejetant la main d'une princesse impériale. De ma fille. Et je lui opposai mes propres arguments.

« Ne jouez pas sur les mots. »

Qu'il me pense traître ou pas, qu'importe en vérité. J'avais évincé son Impératrice par les plus vils moyens et voilà tout. Il ne m'aimait pas, ne me respectait pas. Ne me craignait pas. Or il fallait que je lui inspire au moins l'un de ces sentiments. Et je devais m'assurer sa fidélité. Qu'importe son sens de l'honneur, je ne m'y fiais plus.

« Et pourtant, si leur duc me s'oppose pas à moi, les braves gens d'Outrevent seront moins enclins à se rebeller. Une révolte sera réprimée de façon sanglante. Ce qui serait désastreux pour Faërie n'est-ce pas ? Nos ennemis sont à l'extérieur de nos frontières... pas à l'intérieur. Si les esprits s'agitent, apaisez les. »

Mon regard se fit bien plus dur alors qu'il parlait de ma fille, qui ne saurait être la duchesse dont Outrevent avait besoin, la dépréciant ainsi.

« Ne présumez pas de ce que ma fille est capable ou non de faire Votre Grâce. »

Ma voix était glaciale. Pour autant, je pouvais entendre ses arguments. Comme le fait de ne pouvoir imposer la Magie du Sang par la Force.

« Dites-moi, Liam d'Outrevent... pensez-vous qu'il faille punir des innocents pour les erreurs du passé ? Parce qu'ils sont nés avec des pouvoirs qui on été jugés interdits, il y a un millier d'années ? Trouvez-vous acceptable de devoir étouffer ce que l'on est, par peur de la vindicte ? N'avez-vous pas entendu parler des Vivenefs rendues folles à cause de cette décision ancestrale ? Combien d'autres victimes ? D'autres vies saccagées et de drames tus ? Je sais que cela prendra du temps... Mais plus aucun Mage du Sang ne sera persécuté. Les nobles gèrent leurs terres, leurs gens. Si vous montrez une certaine tolérance, votre peuple suivra. Vous êtes capable d'un peu de finesse et de doigté, non ? »

Oui... par un comportement moins tranché et plus en nuances sans doute. Qui évoluerait au fil des années, faisant des Mages honnis et montrés du doigts, des gens... normaux. Et acceptés. Je retins une mine sceptique quand il me signale que je pourrais parler avec Chimène de tout cela. Cela a déjà été fait et elle ne m'a pas écouté, tout simplement.

« Encore faudrait-il qu'elle m'écoute et se départisse de ses préjugés à mon égard. Je ne la pense pas encore prête à cela. Et vous ? »

Un rictus retroussa un coin de mes lèvres alors qu'il se montrait imprudent et commettait l'erreur de m'insulter.

« Vous devriez vous montrer plus mesuré dans vos propos, avoir des responsabilités implique de ne pas être trop impertinent et ne pas offenser les mauvaises personnes. »

Conseil prodigué d'une voix faussement aimable, alors que je le laissais poursuivre... Et qu'il parlait de l'Ordre. Ah... je n'imposais rien à l'Ordre. Et ils imposaient tout. Leurs méthodes étaient violentes et radicales. Tuer Chimène par exemple... C'était bien là l'ordre que je n'avais pu exécuter.

« Et qu'ont-ils à cœur selon vous ? Vos théories sur un groupuscule que vous n'avez jamais côtoyé m'intéressent. »

Vraiment. Je me demandais ce qu'il pensait de tout cela. Quant au reste... La violence et la guerre n'étaient pas les meilleurs moyens, mais ils étaient les plus efficaces et les plus rapides. Comment faire autrement avec des esprits aussi étroits ?

« Il semblerait que vous ayez un avis sur tout et réponse à tout. Que m'offrez-vous si je vous donne la main de Chimène ? Quelles garanties m'apporterez-vous ? Quels bénéfices tirerais-je de ce mariage ? Je désire un empire pacifié, n'en doutez pas. Que les méthodes pour y parvenir soient discutables et ne vous plaisent pas, je le conçois, mais mon but ultime est l'harmonie au sein de Faërie et le droit d'y vivre tranquillement et en sûreté pour tous. »

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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptySam 8 Avr 2017 - 22:23

Etrange. On dirait que Gustave de la Rive prend particulièrement mal la rancœur de sa cadette. Pensait-il vraiment qu’elle allait le remercier de ne pas l’avoir tué ? L’aurait-il fait uniquement à cette fin, obtenir de la reconnaissance de cette famille qui l’avait bafoué et délaissé ? Venant d’un homme tel que lui, prêt à tout pour l’emporter, ce serait des plus étonnants. Et pourtant, il ne confirme pas mon hypothèse, quand j’avance qu’il ne l’a gardé en vie que pour qu’elle puisse jouer un rôle dans l’un des plans qu’il ourdit.

J’ai un sourire, presque mauvais, tandis qu’il me reprend. Il devrait savoir mieux que quiconque qu’il est important de bien choisir ses mots. Sa rancœur, à lui aussi, suinte par tous les pores. Elle l’a dicté toute sa vie, jusqu’à ce qu’il puisse reprendre ses droits sur le trône, comme pour réparer une injustice en commettant nombre d’autres. « Je n’ai aucune raison de m’opposer à vous. » Je l’ai déjà fait, et il a bien œuvré, Gustave. Il s’est servi d’un enfant de cinq ans pour me faire plier. Je sais très bien ce qu’il risquerait de se passer, s’il considérait mon action comme plus néfaste que bénéfique pour lui. Il me tuerait, et Aymeric serait entre ses griffes. J’en ai parfaitement conscience, oui... Mais s’il me force à marcher dans ce sens, ce n’est qu’à reculons. Il ne peut pas s’acheter ma sympathie.

J’incline la tête, en signe d’assentiment. Je cherche déjà à apaiser les esprits, même s’il semble en douter. Je sais parfaitement qu’Outrevent court à sa perte, si des révoltes commencent à naître un peu partout. Je les tiens, mais pour combien de temps ? Et si cela venait à se produire, ne ferais-je pas mieux de les laisser se tourner vers Ibélène, pour lutter contre cette Faërie qu’ils ne reconnaissent plus ? Tout me paraît affreusement compliqué, depuis mon retour de Lorgol. J’en viens à envier mon exil, où je n’avais bien que ma propre vie à me soucier, et non celles d’innombrables Outreventois. Ils ont confiance en moi, pourtant, et je ne les trahirais pas... Je l’ai déjà fait, en quelques sortes, en me soumettant à Gustave de la Rive plutôt que de le laisser en découdre avec moi.

Je crois qu’il essaie de me faire prendre conscience du traitement qui a été réservé aux mages du Sang, comme si cette guerre n’était que le résultat d’un racisme croissant envers cette magie exilée. C’est faux, et il le sait pertinemment. « Vous me parlez de ces mages persécutés... Mais la tendance s’est inversée, maintenant. Tout ceux qui osent s’opposer à l’Ordre connaissent un sort bien funeste. Rien que dernièrement, j'ai eu le cas d’une mage qui s’est réfugiée en Outrevent, parce qu’elle avait perdu son emploi, en osant se lever contre des tortionnaires appartenant à cet Ordre. La magie du Sang, légalisée... Et la torture l’est aussi, d’après vous ? Vous me parlez de réparer une injustice, en piétant la justice elle-même. L’empire est à feu et à sang. Vous ne pouvez pas l’ignorer... Outrevent gronde, parce qu’ils sont à cœur les valeurs de Levor, quand d’autres ne cherchent que leurs propres intérêts. Faites-vous vraiment confiance à ces Ducs qui ont plié genoux si aisément ? Ils se retourneront contre vous, un moment ou l’autre, dès qu’ils ne verront plus leur profit. »

Je secoue négativement la tête, dépité. « Je me méfie de la magie du Sang, oui. Je me méfie bien davantage d’une magie qui n’a pas été bannie, elle... Celle de l’Automne. Je conçois que ce n’est pas la nature de la magie qui la rend mauvaise, mais celui qui l’utilise. » C’est un fait connu de tous, que la magie me laisse passablement perplexe, dès qu’elle atteint les domaines de l’esprit et non plus ceux terrestres. On ne peut pas exercer le moindre contrôle sur ce qui est latent, invisible... Et insidieux. Bientôt, vous êtes ensuite persuadés de faire quelque chose que vous avez désiré, alors qu’il n’en est rien. Je me demande si Gustave ferait partie de ces hommes sans foi ni loi qui usent de cette magie pour mieux parvenir à leurs fins. Sa fille serait un moindre mal, comparé à une certaine Compagne que l’on pourrait m’imposer dans mon sillage.

« Chimène est prête à abdiquer en votre faveur. Il lui faudra du temps, mais elle vous doit la vie. Si celle-ci n’est plus réduite à un exil, elle saura écouter. » Qu’est-ce qui lui importe, que la jeune princesse l’écoute ou non ? Il veut s’assurer qu’elle œuvre dans le même sens que lui ? Il ne peut rien exiger d’elle, comme rien de moi. Elle ne partagera jamais ses convictions, mais elle n’aura plus le pouvoir de le nuire.

Il me prend de haut, encore, et ma mâchoire se crispe alors que je me rappelle de ne pas perdre patience pour lui exposer tous mes griefs à son encontre. J’essaie de lui faire entendre raison sur l’Ordre, mais sa façon d’amener les choses me font bien comprendre que mon avis ne l’intéresse pas, car jugé pas assez pertinent. Compte-t-il un jour écouter ses sujets, ou seulement l’Ordre ? « Faërie ne leur importe pas. Ils veulent changer le cours des choses, par la guerre s’il le faut, pour moduler toute la face d’Arven selon leur propre vision du monde. Et celle-ci, vous la connaissez mieux que moi il me semble, puisque vous y adhérez. »

Oh il n’apprécie pas... Et je suis presque surpris qu’il prend néanmoins ma demande en considération, après avoir cherché à me provoquer à plusieurs reprises, et me faire comprendre que cette perspective n’irait pas dans son sens, car Chimène et moi ne partagions pas sa vision des choses. J’ai intérêt à bien choisir mes mots, cette fois.

« Je vous l’ai déjà dit. Chimène vous offre d’abdiquer, en votre faveur. Elle redeviendrait Princesse de Faërie... Et vous pourrez alors contracter d’autres alliances, avec votre propre fille. De notre côté, nous œuvrerons pour apaiser les tensions en Outrevent, afin de livrer un front uni. Vous aurez ma gratitude, et elle vaut bien plus que celle du Duc de Lagrance... Je serais à vos côtés, car votre famille et la mienne seront étroitement liés. Je vous soutiendrais dans votre politique, si vous la maintenez, car mon objectif est et resta aussi la préservation de Faërie. »
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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptyMar 25 Avr 2017 - 16:38


Aucune raison de s'opposer à moi... vraiment ? Je n'en étais pas convaincu. Pas après son opposition virulente quand j'avais prit le pouvoir. Quand j'avais délesté Chimène de son fardeau. Il pourrait œuvrer pour la remettre sur le trône. La jeune femme n'en avait jamais voulu mais s'y était accrochée de toutes ses forces et avec toute sa fierté. Qu'en pensait-elle aujourd'hui ? Avait-elle encore quelques ambitions ? Difficile de le savoir. Ni quel jeu jouait Liam d'Outrevent. Il pouvait agir avec duplicité après tout. J'avais tendance à me montrer méfiant avec tout le monde. Accorder sa confiance trop facilement était une erreur qui pouvait coûter très cher. Outrevent était en proie à la révolte. Il appartenait au Duc de calmer les esprits, ce qui n'était pas une mince affaire. Je fronçai les sourcils quand Liam pointa du doigt les agissements de l'Ordre. Avec justesse. La violence répondait à la violence. Pour protéger les anciens persécutés, ils étaient devenus bourreaux.

« Je ne suis pas naïf. Malheureusement, la loyauté des hommes ne se gagne pas simplement sur la noblesse de mes idées. Chaque homme a son prix. Il me suffit de trouver celui de chacun et de lui accorder ce qu'il souhaite. Vous avez raison, Liam d'Outrevent, je ne fais confiance à personne. Je sais simplement offrir des garanties et des avantages à me suivre. »

Autant que les choses soient bien claires à ce sujet. Liam me confirma alors se méfier de la magie du Sang, mais davantage encore de celle de l'Automne. Mon cœur se serra. Armandine était Mage de Sang. Antonin, Mage de l'Automne. Deux magies dont Liam d'Outrevent de méfiait. Merveilleux. Mais au moins admettait-il que la Magie n'était que l'outil. Celui qui le maniait était le vrai danger.

« Nous sommes d'accord à ce sujet. »

Je m'enquis alors des ambitions de Chimène. Il me confirma qu'elle était prête à abdiquer en ma faveur, même si sa rancœur prendrait du temps à s'évanouir. Si tant est que cela puisse être possible.

« Si Chimène n'est plus une menace, sa vie sera peut-être sauve. Il me faut le soutien de l'ancienne Impératrice. Un soutien public et clamé haut et fort. Que personne n'en fasse le symbole de l'opposition. »

Que les choses soient claires : Chimène devait être un atout, un outil pour moi. Si elle devenait un obstacle de nouveau... Bien qu'il ne m'appartenait pas d'influencer l'Ordre à l'épargner. Je pouvais tenter de plaider la raison de ma décision auprès d'eux, leur offrir la garantie que j'acquérais ainsi le soutien et la loyauté d'Outrevent et empêchais l'opposition de faire de Chimène un martyre et un symbole, mais je ne pouvais rien promettre. Je ne contrôlais pas l'Ordre. Et je leur devais ma place. Ils étaient puissants. Et ne reculaient devant rien. Les doutes de Liam d'Outrevent étaient légitimes... Mais je ne pouvais dénigrer ceux qui m'avaient accueillis et aidés ainsi. Qu'importe si cela faisait étinceler de colère le regard azuré du Duc. J'accusais le coup à ses paroles concernant les ambitions de l'Ordre. Oui, j'adhérais à leur vision du monde. Du moins, celle que je connaissais. Mais depuis qu'ils avaient ordonné le meurtre de Chimène... je n'étais plus aussi catégorique. Je ne répondis donc rien, lui opposant simplement un silence calme, avant de lui laisser une porte ouverte pour plaider sa cause. Je souris légèrement à ses propos, en particulier concernant le Duc de Lagrance. Mais que valait la gratitude de Liam d'Outrevent ? Etait-il aussi droit et honnête qu'il ne le disait ?

« On dirait que vous n'avez pas une haute opinion du Duc de Lagrance. Auriez-vous eu quelques démêlées avec lui ? »

J'étais curieux de connaître le passif entre mes Ducs.

« Ainsi donc, si j'accède à votre demande, vous serez mes alliés. Vous pacifierez Outrevent. Et quelle sera votre position envers les Mages de Sang ? Qu'adviendra-t-il d'eux sur vos terres ? »

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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptyMar 2 Mai 2017 - 22:38

Naïf, non. Il ne l’était certainement pas. Difficile de le dire de la part d’un homme qui menaçait pour obtenir ce qu’il voulait, à feinter la mort et utiliser un enfant dans un odieux chantage. Je ne risquais pas d’oublier les méthodes, sans le moindre honneur, qu’il se permettait d’utiliser pour ravir le pouvoir. Il était bien entouré assurément, entre une fille mage du Sang et un fils mage de l’Automne, comme s’ils n’étaient rien d’autres que l’expression malsaine du pouvoir de leur père. Je me souvenais très bien aussi de l’illusion qu’il avait employé pour me faire croire à la mort de Chimène, la gorge tranchée, son corps inerte sur cette civière... Je savais ce qu’il était capable de commettre pour l’emporter. Tout, sans exception. Même s’il avait été élevé en Outrevent, les notions d’honneur lui étaient étrangères, ou peut-être plutôt qu’il ne les connaissait que trop bien... A s’en servir ainsi pour les retourner contre moi. C’était certainement pire encore que de les ignorer. Il connaissait le nom de Levor et le bafouait allègrement.

Et pourtant, me voilà face à lui.
Et si je me refuse de ramper pour obtenir gain de cause, Gustave de la Rive parvient bien à m’arracher des promesses plus pérennes. Je les aurais accordé avec bien plus de réticences si la vie de Chimène n’était pas en jeu, et bien d’autres encore. Pour protéger Outrevent et l’ancienne Impératrice, il me fallait faire avec ce mal nécessaire que représentait le nouvel Empereur. La rébellion nous aurait conduit sur une route pavée de carnages sanglants, et il n’y aurait bien eu qu’Ibélène pour en ressortir vainqueur.

« Parce que vous pensez vraiment que tout peut s’acheter, même la loyauté ? » Je retiens un sourire arrogant qui me viendrait naturellement. Comme si tout pouvait se résumer à cela... Au moins ai-je la confirmation qu’il ne fait pas davantage confiance aux autres Ducs qu’à moi-même. « A penser ainsi, vous vous retrouvez bien mal entouré. »

Je comprends parfaitement la demande qu’il formule, et ne m’attendais pas à autre chose. Je ne saurais dire si Chimène sera prête à consentir autant de sacrifices pour avoir cette nouvelle chance de reprendre sa vie en main... Ou si ce n’est d’autres chaînes qui lui seront imposées, à la faire plier à son tour, contrainte et forcée par les circonstances. Elle va se retrouver avec le même dilemme qui m’a été imposé, à mourir debout ou vivre à genoux. Jamais je n’aurais songé faire ce second choix, si Aymeric n’avait pas été là... Et maintenant elle. L’étau se referme.

« Donnez-lui la possibilité de nous rejoindre en Faërie. Je peux assurer sa protection, et qu’elle reste en toute discrétion sur le territoire, le temps qu’il vous faudra pour trancher. Mieux vaut agir vite, avant qu’Ibélène ne s’empare d’elle pour en faire cette figure de l’opposition que vous craignez tant. »

J’espère qu’il se rendra à cette évidence, même s’il ne va pas apprécier qu’elle soit sur le territoire aussi rapidement, sans trancher sur son sort. C’est pour le mieux, pour tout à chacun. Nous n’avons pas le luxe de pouvoir hésiter.

Et ce silence... Est si révélateur. Ne dit-on pas que qui ne dit mot consent ? Je comptais bien le prendre ainsi, à l’évocation de l’Ordre. Si le doute peut s’immiscer, ne serait-ce qu’un peu... Cela signifiait que je gagnais du terrain. Je secoue négativement la tête, quand il cherche volontairement à détourner l’attention en abordant mes relations avec le Duc de Lagrance.

« Nullement. Il est simplement fidèle à l’image que les lagrans renvoient. L’entente est cordiale, mais la confiance ne peut pas exister. Vous en savez assez long à ce sujet. » Lui non plus, ne fait confiance à personne. Ironiquement, c’est peut-être à mes propres paroles qu’il peut se fier le plus. Elles sont davantage chargées de haine que celles de mes homologues, mais elles ne sont pas un tissu de mensonges que je sers pour m’attirer quelques faveurs.

Il répète, méthodiquement, chaque point consentir... Et il ne lâche pas prise, le nouvel Empereur, à mentionner encore les mages du Sang. Je marque un long silence, à le fixer de mes yeux clairs. Je sais ce qu’il veut m’entendre dire.

« Ils auront les mêmes droits que les autres. La Justice s’applique équitablement, et indistinctement. S’ils causent des troubles sur mes terres, ils connaîtront un sort funeste. S’ils en respectent les règles, ils pourront aller et venir... »

Mais il l’a dit lui-même : Il n’est pas naïf. Les persécutions ne s’arrêteront pas en un jour, et les Outreventois seront encore nombreux à leur refuser l’hospitalité. Je ne doute pas que les mages du Sang continueront encore à se cacher, et ne seront pas accepter pleinement. C’est néanmoins un premier pas que je peux consentir à faire, sans certitude que le chaos sur mes terres s’apaisera pour autant, s’il n’empire pas par cette prise de décision... Mais il est nécessaire de trancher, et si nous devons œuvrer ensemble, il m’aurait fallu tôt ou tard concéder une place à ces mages bannis et honnis, qui ont su progressivement s’imposer partout en Faërie.
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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptyLun 22 Mai 2017 - 17:59


Je regardai Liam d'Outrevent à sa question. Est-ce que la loyauté des hommes s'achetait ? En grande partie oui. Surtout quand on connaissait la personnalité de la plupart d'entre eux. Il était si aisé d'être trahi... pour n'importe quel motif. Il me fallait juste offrir toujours davantage. C'était cynique et désabusé, mais c'était là la dure réalité. Une réalité que Chimène n'avait pas encore apprise. Elle comprenait seulement à quel point le pouvoir vous isolait...

« Qui détient le pouvoir est mal entouré, je doute vous l'apprendre. »

Même lui devait se méfier de son entourage. Liam était peut-être un idéaliste mais il n'était pas un benêt n'est-ce pas ? Du moins, j'osais l'espérer pour le bien d'Outrevent. Pour accéder à la demande de Liam d'Outrevent, j'avais besoin de m'assurer que nous étions bien d'accord sur plusieurs points. Pour que Chimène revienne en Faërie, il fallait qu'elle me soutienne, pleinement et de son plein gré. Même si elle n'avait guère le choix et que ces conditions n'étaient pas acceptées de gaieté de cœur, elle devait faire des efforts et éviter que les opposants ne décident de l'exhiber en figure de proue de leur mécontentement. Mais même ainsi, je ne pouvais garantir que les contrats sur sa tête allaient disparaître. Je n'étais pas certain de pouvoir contrôler l'ire de l'Ordre à son endroit. Mais le duc marquait un point. Ibélène pouvait se servir de Chimène contre moi. Soit en en faisant un otage, soit un symbole. Je hochai donc la tête, pensivement.

« Je vais réfléchir au moyen de la rapatrier. Je me demande comment vous allez la dissimuler, mais soit. Je décide de vous faire confiance à ce sujet. »

Ce serait peut-être une erreur. Mais aussi un moyen de mesurer sa parole. Quand il parla de l'Ordre, je gardai le silence, précautionneux. Les paroles du duc ne tombaient pas dans l'oreille d'un sourd et faisaient écho à quelques doutes qui commençaient à naître en moi. Je laissais filer ce sujet, rebondissant sur son aversion pour Denys, le duc de Lagrance. Il ne révéla rien au sujet d'une aversion personnelle, me confiant juste ne pas lui accorder la moindre confiance, non sans me prendre à parti à ce sujet. Je hochai la tête, mais ne lui donnais pas de grain à moudre à ce sujet.

Il était temps de prendre une décision après ces tergiversations. Je voulais être certain que nous étions bien d'accord sur les termes de notre contrat. Nous avions un marché, rien de plus, rien de moins. Je songeais à ma fille... Je ne la souhaitais pas malheureuse et haïe dans son duché. Elle ferait son devoir, naturellement, comme son frère. Mais si je pouvais envisager d'autres alliances tout aussi fructueuses et garantissant mon pouvoir... C'était un pari risqué que de compter sur Chimène pour se faire, de la considérer comme mon alliée... j'aurais aimé que ce soit le cas, mais ma petite sœur avait trop de griefs contre moi. Contre les Mages de Sang. Contre l'Ordre. Tout s'était déroulé fort maladroitement. Mais c'était trop tard.

« Bien. Je suppose que je ne peux demander davantage. Prenez garde à ce que vos sujets ne décident pas d'en faire des boucs émissaires et déforment la vérité pour les faire condamner. Je connais l'honneur outreventois et j'ose espérer que vous avez un sens aigu de la justice. Je vais faire rédiger un contrat, Votre Grâce. J'y apposerai ma signature et vous y apposerez la votre. Je consens à ce que Chimène revienne en Faërie et trouve refuge en vos terres. Vous faites en sorte qu'elle ne soit pas découverte. Je compte sur vous pour lui souffler l'idée qu'il nous faut agir de concert. Qu'elle doit être mon alliée, et se contenter d'être princesse de Faërie. Elle fera ainsi un mariage politique, me ralliant Outrevent. Vous œuvrerez auprès de vos bannerets et vos gens pour faire appliquer la justice. Vous châtierez les persécutions concernant les mages de Sang. Outrevent ne sera pas terre d'asile, mais ne sera pas non plus terre de ségrégation. Et il me faudra un entretien avec Chimène, naturellement, avant de rendre la chose publique. »

Je me levai, signifiant ainsi que la discussion était terminée et le temps de Liam écoulé. Il avait posé la première pierre, mais j'attendais de Chimène qu'elle consolide ces fondations et soit digne des exigences du Duc d'Outrevent.

« Profitez donc du palais, cher Duc, je vais m'entretenir avec mon légat. D'ici demain, nous aurons un accord et un contrat signé. »

L'on escorta Liam dehors, tandis que je faisais mander mon légat. Je lui exposais les points centraux de cet entretien et le laissai travailler à l'élaboration du contrat tandis que je vaquais à mes autres affaires en cours. Il me faudrait sans doute discuter avec ma fille... Mais cela attendrait.

Le lendemain, je convoquai Liam dans mon bureau, lui tendant le vélin où était ratifié notre accord et le laissant en prendre connaissance.  

Contrat entre Liam d'Outrevent et Gustave de Faërie:

« Et bien ? Avons-nous un accord ? »

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Message Sujet: Re: Quand un secret s'évente   Quand un secret s'évente EmptyDim 28 Mai 2017 - 20:17

Non, le nouvel empereur ne m’apprenait rien. Ma méfiance naturelle s’assimilait dangereusement à de la paranoïa, depuis le décès de mon père. Je n’avais que peu de personnes en qui j’avais véritablement confiance, mais Levor en soit loué, il en existait encore. Le pouvoir isole bien souvent, et depuis la fin de mon exil, c’était ma réalité. Il n’en avait pas moins réussi à me faire croire à la mort de Chimène, en usant de cette odieuse magie, de l’Automne, si apte à manipuler les esprits et les faits. Tolérer la magie du Sang sur mon sol était un moindre mal, en comparaison à ce que pouvait faire des magies qui n’étaient pas scellées.

Pourtant, quand il est question de dissimuler Chimène à la vue de tous, c’est bien le moyen le plus évident qui me vient à l’esprit. Je fais face à mes propres contradictions, encore et toujours dans l’obligation de céder du terrain, d’aller contre mes propres convictions, dans l’espoir de sauver les miens. Aymeric, et maintenant Chimène… Il va me falloir un mage de l’Automne, justement, capable d’illusion, pour l’escorter. Je pense immédiatement à cette jeune Chevaucheuse qui était présente à mes côtés, quand nous avons dû investir le palais pour en chasser Arrabella, sans que les gardes qu’elle avait envoûté ne se dressent contre nous. Une illusion contre une autre. C’était certainement la personne en qui je pouvais avoir le plus confiance, pour protéger l’impératrice déchue avec efficacité. Et aucun doute que si un incident se présenterait, son dragon avertirait aussitôt les principaux concernés. « En usant des mêmes armes que vous, tout simplement. » Je ne pensais pas qu’il me ferait confiance pour m’en charger, à vrai dire, ou qu’il laisserait Chimène se rendre en Outrevent, même dissimulée, plutôt que de la séquestrer à Alfaë. Peut-être, finalement, craignait-il lui aussi que l’Ordre ne cherche à remettre la main dessus, ou qu’elle soit prise en otage bien rapidement. Au fond, Gustave devait savoir que je respecterais mes engagements, et qu’il n’avait pas à craindre un retournement de veste de ma part. J’étais déjà pieds et poings liés, et les chaînes ne faisaient que de se resserrer davantage. Je m’étais déjà résigné.

En vérité, il aurait certainement pu demander bien davantage, et le soulagement m’étreint quand ses négociations prennent fin, difficiles, mais plutôt concluantes. Mes arguments avaient finalement eu l’air de le convaincre, même s’il était loin de l’avouer. Ce n’était rien d’autres qu’un bras de fer, sauf que je me savais déjà perdant depuis le début. Je ne pouvais pas aller à l’encontre de ce que je lui avais déjà concédé, et qu’avais-je fait d’autres que de tolérer les mages du Sang ? La Justice pour tous, c’était aussi quelque chose en quoi je voulais croire, même si je n'avais aucune envie que les dérives de la magie se poursuivent sur mes terres. Le reste… Dépendrait surtout de Chimène.

« Si vous connaissez si bien l’honneur Outreventois, vous saurez que mes sujets ont autant à cœur que moi la Justice. Il n’y a bien que des lagrans pour déformer la vérité afin d’obtenir gain de cause. » Ou des Outreventois comme Gustave de la Rive, qui ne méritent pas d’en porter le nom. « J’avertirais Chimène, bien entendu. » Elle ne va pas apprécier devoir jouer les alliés de celui même qui lui a valu son exil, dans des circonstances bien désastreuses. Chimène ne lui doit rien, car lui-même avait aussi une dette de vie envers elle, après l’Ordalie de Diamant. Elle s’est montrée bien miséricordieuse… Je ne l’aurais pas fait.

Je m’incline, avant de me retirer, quand il m’invite à prendre congé. Ce n’est que le lendemain que l’engagement est officialisé, écrit noir sur blanc sur le vélin qu’il me tend. Gustave de la Rive prend ses précautions, à coucher sur papier la dissimulation même de la princesse de Faërie. Qu’il ait été élevé en Outrevent est précisément ce qui est le plus dérangeant en soi, si apte à savoir comment se prémunir du moindre incident. Je n’ai pourtant rien à redire sur ce contrat, et appose ma signature. C’est Chimène qui déterminera s’il se révèle caduque ou non… En attendant, ma part est faite.

Bientôt, il me sera à nouveau donner l’occasion de la revoir.
Bientôt, si elle consent à ces conditions, nous serons à nouveau engager l’un envers l’autre.
Et au-delà de ce contrat ratifié, je me promets intérieurement de toujours veiller sur elle.
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