Histoire
L'homme se redresse brutalement, une fine sueur couvrant son corps athlétique alors qu'il frissonne, les lambeaux de son cauchemar s'attardant dans sa psyché malmenée.
Soie ?Image réconfortante, présence familière. Elle est là. Soulagement.
Il s'assoit au bord du lit et passe une main sur son visage. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas vu ses nuits interrompues par ces rêves emplis de terreur. Ses mésaventures sur la Marie Sanglante ont ravivé de vieux souvenirs qu'il aurait aimé effacer. Mais ses cauchemars ont prit une autre tournure. Il ne perd plus seulement Meldred en mer, mais tous ceux à qui il tient et cela se mélange à la folie des vivenefs qui les noient un par un... Terrifiant. Il avait 7 ans à l'époque et déjà l'âme du chef de famille qui prend soin des siens... A aucun moment il n'a hésité... Sauver ses sœurs lui semblait aussi naturel que respirer. Comment abandonner les petites puces âgées de 4 ans, ballottées par les flots ? Et pourtant, il y avait aussi Meldred, bambin de 2 ans, incapable de nager également et trop vite perdu de vue par son frère... Mélusine et Mélisende étaient à portée de brasse. Pas Meldred. Il a agi d'instinct, un instinct sûr qui lui est encore utile aujourd'hui, et a aidé ses sœurs, embarquant Mélisende sur ses épaules alors que cette dernière aidait Mélusine. Si jeunes et pourtant déjà si unis, se serrant les coudes pour s'en sortir. Cette épreuve les a tous marqué... Melsant en a fait des cauchemars pendant des mois, terreurs silencieuses d'un enfant sérieux et appliqué, qui faisait la fierté de ses parents et que ses sœurs adulaient. Depuis, il est leur héros et il prend garde de ne jamais descendre de ce piédestal.
La disparition de Meldred a jeté un voile noir sur l'heureuse petite famille. Pendant quelques temps, les rires se sont éteints. Parfois, la perte d'un enfant fait éclater les familles. Pas chez les Séverac. Pas quand Maximilien raconte avec humour et une emphase toute théâtrale à ses enfants qu'il a enlevé leur mère érebienne pour l'épouser et qu'Ismalia renchérit que c'est elle qui a volé son cœur pour le garder. Un symbole d'amour puissant, pur et passionné qui a bercé l'enfance de Melsant et lui a donné une image bien particulière de l'amour et du couple qu'il souhaite reproduire pour lui. Ses parents sont son modèle. Ils ont traversé la vie avec ses joies et ses peines. Comme la perte d'un petit garçon de deux ans dans un tragique naufrage en se rendant vers la Capitale. Il n'a pas souvenir de disputes entre ses parents, ni d'éloignement. Aucun grief. Sans doute ont-ils loué les dieux que leurs trois autres enfants s'en soient sortis. En revanche, Melsant se souvient avec une précision étrange de la conversation qu'il a eu avec son père suite au sauvetage de ses sœurs, cette façon d'être traité comme un homme et un égal du haut de ses 7 ans. Cette épreuve l'a immanquablement fait grandir. Il adorait son petit frère. Mais il a tenu son chagrin à distance pour mieux soulager celui de ses sœurs. Les autres passaient avant lui. C'était normal. Naturel. Il se souvient aussi des sanglots de sa mère quand elles les a retrouvé tous les trois, trempés, épuisés, mais en vie, ses baisers reconnaissants envers Melsant alors qu'elle était pourtant foudroyée par le chagrin de la perte de son précieux bébé.
Après cet épisode douloureux, la vie a naturellement repris son cours, mais l'atmosphère à Séverac avait changé. Melsant se perd dans l'apprentissage auprès des précepteurs et de son Père, révélant ses capacités cognitives remarquables. Enfant intelligent et appliqué, que demander de plus ? Il apprend et retient, fait preuve de curiosité et surprend ses professeurs par ses questions. Melsant est l'héritier rêvé. Et en bon petit garçon, il est surtout passionné par les arts de la guerre et de la stratégie, son sérieux se disputant à son âme d'enfant alors qu'il joue avec son père à la guerre avec quelques figurines sur un plateau géant. Qu'il se bat à l'épée avec ses instructeurs et monte les poneys, puis les chevaux une fois plus grand, devenant bon cavalier. Il ne se souvient pas d'une fois où il aurait pu décevoir les attentes des siens. Les seules choses qu'on pouvait lui reprocher, c'était son entêtement, sa tendance à bouder quand les choses n'allaient pas comme il le souhaitait, ses prises de risque qui auraient pu lui être fatales alors qu'il repoussait ses limites avec l'insouciance de la jeunesse, et sa propension à piquer des crises quand il était vexé par quelques remarques qui ne lui plaisaient pas. Des travers qui ont à peine été gommés avec l'âge.
Et puis, en juin 977, 4 années de deuil ont prit fin quand Melbren est né. Melsant a 11 ans. Il se souvient de sa joie quand leurs parents leur ont annoncé qu'ils attendaient un heureux événement, une joie rendue réelle quand il a vu le ventre de sa mère s'arrondir. Jamais il n'a été jaloux de voir un autre enfant arriver. Il aurait pu bouder de ne plus être le préféré, celui à qui on accordait toute l'attention. Mais quand les jumelles étaient nées, il ne s'était pas senti flouer. Ses parents avaient été habiles de lui confier la responsabilité de grand frère face à ces deux adorables petites filles aussi semblables que deux gouttes d'eau. Puis avec Meldred... C'est sans doute cette même responsabilité qui lui a rendu la disparition de l'enfant plus insupportable encore. Du haut de ses 7 ans, il se sentait coupable de ne pas avoir pu le sauver. Culpabilité ridicule et irrationnelle, mais ancrée dans l'âme. Même 27 ans après.
Alors la naissance de Melbren est une véritable liesse pour tous, un soulagement, un nouveau départ, un vent de fraîcheur. Le souvenir de Meldred ne périrait jamais, mais il serait moins douloureux, moins pénible. Et cette naissance est accompagnée quelques années plus tard par l'arrivée d'un autre enfant, le petit Castiel, âgé de 5 ans, devenu orphelin dans d'horribles circonstances. Castiel devient le compagnon de jeu inséparable de Melbren de par leur âge similaire. Melsant, lui, a 15 ans, est déjà presque un homme, mais il accueille le futur petit duc avec la même chaleur qu'il aurait accueilli un autre frère. Maximilien de Séverac devenait tuteur de Castiel et régent de Sombreflamme, alors que les Séverac recueillaient l'enfant comme un nouveau frère, agrandissant ainsi la famille.
Mais Melsant ne profite pas très longtemps de cette belle unité familiale. Il est l'héritier de Maximilien, il est Marquis d'Automnal, mais il rêve d'autre chose... D'obtenir quelque chose par son talent et non par sa naissance sans doute. S'il a encouragé ses sœurs à apprendre à nager pour lutter contre une phobie possible de l'eau après le naufrage, il demeure peu rassuré sur un navire. Les vastes étendues d'eau continuent de lui procurer un sentiment d'angoisse diffus, qu s'est renforcé récemment. Et puis, comment ne pas être rêveur et envieux en voyant les Voltigeurs et leurs superbes Griffons ? La terre est fade, l'océan dangereux... Les cieux, en revanche, s'ouvrent à lui.
C'est avec ces rêves pleins la tête et l'envie de prouver sa valeur qu'il décide de tenter sa chance, en 985. Il se présente devant les Griffons, impressionné par la beauté et la noblesse de ces montures. Au fond de lui, il a l'impression qu'il est à sa place. Son instinct lui souffle qu'il est exactement là où il doit être, même si la raison lui murmure qu'il y a également des risques qu'il ne soit pas choisi. Pourquoi lui et pas un autre ? Toute sa belle assurance n'est que poudres aux yeux face aux montures ailées. Et pourtant... Un griffon ébène le remarque. Son esprit touche le sien et son monde empli de certitudes bascule alors qu'il se retrouve lié à la femelle, enthousiaste d'avoir trouvé son cavalier. Soie le choisit, envahit son esprit avec douceur et fermeté, comme une évidence, lui permettant ainsi d'intégrer Val-Griffon, du haut de ses 19 ans. Aussi sérieux dans son apprentissage de Voltigeur que dans son parcours précédent, il se fait assez rapidement remarquer. Il est un camarade de plaisante compagnie et un meneur d'hommes né. Il est apprécié, tout autant que craint pour ses colères parfois bien démesurées. Une certaine rivalité naît avec des Voltigeurs qui sont jaloux de l'aisance de Melsant, envieux ou tout simplement ambitieux. Une franche camaraderie s'épanouit avec les autres. Ces quelques années sont difficiles, mais enrichissantes. Il a grandi dans un cocon familial uni, protégé de tout, privilégié et s'est ainsi retrouvé mêlé à d'autres personnes, de tout horizons et tout statuts sociaux. Une bonne leçon pour lui, même s'il fut élevé dans le respect des plus humbles et en étant à l'écoute de ses gens. Le Séverac aurait pu être arrogant et hautain, mais son éducation et ce passage à la Caserne de Serre l'en préservèrent et jamais il ne se rengorgea d'être un cadet doué et apprécié de ses instructeurs.
Sa première affectation en tant que Voltigeur se fait à Valkyrion, faute de place à Sombreciel. Si la séparation d'avec les siens fut pénible à son entrée à la caserne, les années lui ont apprit à prendre son mal en patience, de se contenter de ses permissions. Ses sœurs ont chacune choisi leur voie et tous se destinent à de grandes choses, dans des voies bien différentes.
Mais Melsant ne peut se contenter d'être simple Voltigeur. Il aspire à davantage encore, a besoin de se dépasser. Il supporte difficilement les ordres de son capitaine de Vol. Il pense qu'il manque de charisme. Qu'il ferait un meilleur chef que lui. C'est bien là que le bât blesse. Alors le Voltigeur escompte bien monter en grade, avoir davantage de poids et surtout, partir de ce Vol pour rejoindre celui de Sombreciel, qu'importe le temps que cela prendra. Et c'est en 997, âgé de 31 ans qu'il est promu major de division. Ce qui ne va pas faciliter ses relations avec son supérieur, loin de là. Les deux hommes sont souvent en désaccord, le bruyant Melsant n'hésitant pas à dire ce qu'il pense au calme Hjalmar. Fort heureusement, cette situation prend fin en Novembre 1000, quand enfin la demande de mutation de Melsant est acceptée et qu'il quitte Valkyrion, disposant de quelques mois pour mettre ses affaires en ordre. Soucieux et prévoyant, il se renseigne à Lorgol début décembre, afin de faciliter l'acclimatation de Soie à son futur environnement. Il en profite pour rouvrir son domaine à Automnal avec l'aide de Mélusine, visiter sa mère à Séverac, son père et ses frères à Euphoria. Son domaine est en bon état, ayant tourné au ralenti pendant des années sous la houlette d'un intendant efficace et la complicité de domestiques appliqués. S'il y a fait quelques séjours, il ne s'y est jamais installé jusqu'ici. C'est désormais chose faite. Il profite des capacités de sa sœur pour aménager davantage le château et recruter davantage de domestiques. Ayant à cœur de se rapprocher de ses administrés, il se montre à Automnal, s'implique dans la vie du marquisat. Il reprend sa place et ses droits, naturellement. Ce mois de décembre est un retour aux sources des plus salutaires, alors qu'il voit davantage les siens, ravi de pouvoir passer du temps avec eux.
Et en janvier 1001, une fois tout en ordre, il rejoint enfin le vol de Sombreciel. Il sait qu'ici, tout est à prouver. Il traîne une solide réputation derrière lui, mais les autres Voltigeurs ne le connaissent pas et attendent de voir quel homme et quel major de division est l'héritier de Séverac. Qu'importe, Melsant aime les défis, cela le stimule. Il a besoin d’adrénaline dans sa vie, de prendre des risques.
Son vœu est exaucé quelques mois plus tard, quand des enfants disparaissent et qu'il part en mission avec d'autres pour les retrouver. Un voyage qui le mène sur le pont d'une vivenef d'où il ne repartira pas. Mais davantage que le fait d'être prisonnier, c'est la perte de Soie qui lui fait un réel choc. Il la perd brutalement. Il ne la sent plus. Après 15 années à être connectés, intimement liés, c'est une sensation terrifiante, un vide atroce qui l'abrutit presque. Sonné, il se retrouve à fond de cale, dans des conditions de détention rudimentaires. Il se raccroche pourtant à la raison. Il n'est pas le seul prisonnier à ne plus sentir sa monture. Quitterie, compagne de misère faë et Chevaucheuse est privée de son dragon et de sa magie. C'est là un domaine dans lequel Melsant n'est pas à l'aise. Pas plus que d'être enfermé dans les entrailles d'un bateau... Depuis la noyade de son frère, le naufrage, il n'apprécie plus vraiment de se retrouver sur les flots. Il tient bon pourtant, gardant espoir que les choses s'arrangent, inquiet de la réaction des siens à l'annonce de sa disparition. Après des semaines, d'autres prisonniers les rejoignent, dont Grâce, une Voltigeuse qu'il a côtoyé quand il était à la Caserne de Serre, une belliférienne au courage et à la force de caractère remarquables. Qui tenta le tout pour le tout pour s'échapper.
La suite... Elle ravive les mauvais souvenirs de Melsant. Le naufrage de la vivenef folle, cet instant de terreur alors que le temps semble lui jouer des tours et que le présent se mêle au passé. Mais cette fois, il n'y a pas de petit garçon de 2 ans à sauver, ni de jumelles de 4 ans. Cette fois, il n'a plus 7 ans, mais 34 ans bien sonnés. Il n'est plus un enfant terrifié, mais un adulte surentraîné. Pour autant, cet épisode n'a pas fini de venir hanter son inconscient et brouiller son sommeil...
Il aurait du être empli de haine envers ces mages de sang, ces vivenefs... Et pourtant... Comment ne pas compatir à l'évocation de leur histoire, de ce dont les décisions passées, les interdictions, les ont privé ? Personne n'a songé aux conséquences. Et ils se les sont pris en pleine face. De quoi réfléchir. C'est avec soulagement qu'il a retrouvé les siens après ces épreuves. Et qu'il a gagné de nouveaux cauchemars, bien qu'il s'en défende et n'en parle à personne. Il est Melsant de Séverac. Le héros de sa fratrie, l'inébranlable. Finalement, il n'y a que Soie qui sait ce qui s'agite dans son âme. Il lui arrive aussi de craindre de la perdre. Il a eu un aperçu du vide béant dans son être... Et craint déjà le jour où elle lui sera arrachée. Il essaie de ne pas y songer et de profiter du présent.
Suite à ses mésaventures, il a renoué avec Grâce Martel et lui est venu en aide quand elle a cherché à protéger ses filles de leur père belliférien. Il a intercédé en sa faveur auprès de Castiel, et de ses sœurs, assurant ainsi aux deux filles un avenir bien différent de ce qu'elles auraient pu connaître sous la houlette masculine de leur père et leurs frères.
Quelques mois après ces mésaventures, il y a eu le Tournoi des Trois Opales. Melsant aurait regretté de ne pouvoir y participé en temps normal. Pas cette fois. Quelque chose a changé. Ces semaines passées à fond de cale l'ont changé, quand bien même il continue de donner le change et à demeurer aux yeux de tous l'aîné des Séverac, calme et inébranlable. Il l'est. Il le redeviendra. Il assure la sécurité. Mais le tournoi ne se passe pas tout à fait comme prévu... Menaces, attentats. Le climat est de plus en plus délétère et les champions finissent dans un sale état. A voir ça, il oscille entre les regrets et le soulagement. Le regret de ne pas avoir pu se lancer lui aussi dans cette aventure pour tenter de se couvrir de gloire. Il soupçonne Castiel de ne pas l'avoir choisi comme champion pour lui éviter de risquer sa vie. Savait-il ce qui attendait les élus ? Il aurait pu lui en vouloir... Mais il comprend aussi ce genre de raisons. Le soulagement de ne pas infliger une angoisse inutile à ses frères et sœurs. Mais si encore il n'y avait que ces hommes et femmes aguerris et jetés dans l'arène qui avaient été blessés... mais non. Lors de l'effondrement des gradins, Melsant a cru voir son pire cauchemar prendre vie : la perte des siens. Mais tous s'en sortent miraculeusement. Ses sœurs sont hébétées, couvertes de poussières et de gravats, mais vivantes. Et il les étreint ses sœurs adorées, avant de partir à la recherche de Melbren. Tous sains et saufs. Pourtant, ces images vont le hanter elles aussi, avec toutes les autres, se mêlant et créant des cauchemars de plus en plus élaborés et terrifiants. Des images accompagnées des cris et sanglots de Castiel. Le fragile Castiel. De tous, il est le plus vulnérable, le petit duc. Et il a commis l'erreur de sombrer dans ses addictions, une erreur que l'intransigeante Mélusine refuse de lui pardonner depuis le couronnement mouvementé de Chimène de Faërie. Il semblerait que rien ne puisse se passer en Arven sans que ça dégénère... Et tout pousse Ibélène et Faërie à s'affronter.
Melsant est Voltigeur. Son devoir sera de défendre Ibélène. Pour le moment, une paix fragile existe encore mais pour combien de temps ? L'impératrice de Faërie est furieuse et traque les Mages de Sang. Ils se scindent. Et en Ibélène, Erebor et Sombreciel se déchirent. Tandis que Castiel et Alméide fricotent... Mais qu'a donc son frère en tête au juste ? Melsant n'est pas moralisateur et il ne se mêlera pas du conflit entre Mélusine et le Duc, mais cette situation le touche énormément... Comment s'étonner que le continent soit sur le point d'imploser quand frère et sœur se font la guerre ? Quoique non, ils s'ignorent plutôt. Et que dire de la tentative d'enlèvement de Martial de Bellifère sur Mélisende ? Sale petit... Par les dieux, Melsant a vraiment du prendre sur lui pour ne pas exploser la tête de ce petit crétin arrogant. Mais ce n'est que partie remise, il le sait. Et le belliférien s'est fait un ennemi du Voltigeur. Et de tous les Séverac sans aucun doute.
Heureusement, parmi tous ces drames, il y a quelques bonheurs. Le mariage de Mélusine avec Hiémain de Sylvamir par exemple, même si Melsant n'est pas convié à la cérémonie initiale, à la Cour des Miracles. Ce qui lui reste un peu en travers de la gorge, quand bien même il en comprend les raisons. Mais la famille a assez du froid entre Mélusine et Castiel sans qu'il ne vienne en rajouter une couche à cause de sa susceptibilité légendaire... il ne dira rien... Mais boude un peu quand même. Cela passera et il sera plus que ravi d'être le témoin de sa sœur en Erebor, naturellement !
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Pendant le livre I : A l'occasion de la Samhain, Melsant a été invité au Mémorial des Disparus. Là, il a été pris au piège par les ravisseurs de Chimène, avec toute la noblesse d'Arven. Suivant son instinct et contre l'avis général, il a décidé d'ouvrir un sarcophage. Il a assisté au rapt de certains d'entre eux, il s'est opposé à Anthim d'Erebor, leur animosité grandissant au fur et à mesure du voyage. Il a été accueilli par un Gustave de la Rive devenu empereur par fourberie... Il a assisté à l'humiliation de Liam d'Outrevent, à la trahison des autres ducs qui n'ont pas pleuré leur petite impératrice.
Et pourtant, alors que les Ibéens retournaient chez eux, Melsant est resté, officiellement pour organiser les rapatriements. Officieusement, il s'est entretenu avec Gustave de la Rive, convoqué par l'empereur, afin qu'il emmène Chimène, vivante, auprès de l'impératrice d'Ibélène, sa sœur. Là, elle sera cachée, le temps que les choses se tassent... perplexe concernant cet homme, Melsant a accepté, s'acquittant de sa tâche dans le plus grand secret.
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Pendant le livre II : Désormais, Arven n'a plus de héros légendaires pour la défendre. Ils ne peuvent compter que sur eux-même et sur leur foi en l'avenir. Oscillant entre plusieurs modes de pensées, Melsant demeure pourtant un fervent partisan de la paix, quand bien même il s'épanouit en temps de guerre. Il aimerait pouvoir profiter davantage de son neveu et de sa nièce récemment née, de Grâce, apprivoiser ses filles alors qu'il sait combien il est difficile pour sa belliférienne de trouver sa place de mère auprès d'Agathe. Il s'inquiète pour les siens. Il connaît l'abandon de l'esprit de sa pièce et il se demande à quel point cela affecte Mélusine et Castiel. Surtout Castiel, si changeant et instable, malgré sa paternité nouvelle, son mariage, ses fiançailles avec celle qu'il aime. Il s'est éloigné de sa famille, à cause de la guerre et aimerait profiter de cette trêve pour renouer ces liens indestructibles... Et enquêter sur son frère disparu en mer en bas âge et vivant dans la réalité alternée. Découvert comme le Cavalier Blanc, dont il a été l'écrin de novembre 1001 à novembre 1002, il doit également désormais composer avec cette soudaine notoriété qui ne va pas lui apporter que des amis. Mais il continuera de mener ses combats avec honneur et droiture et à chercher des réponses quant aux mystères et mensonges entourant les mages et savoirs scellés.
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TRAME ALTERNÉE (Intrigue 2.3 La Roue Brisée)
- Spoiler:
Héritier des Séverac, il n’a jamais pu devenir Voltigeur et a été strictement éduqué pour tenir le domaine. Il est fâché avec toute sa famille car il en veut à sa fratrie de l’avoir mis dans cette position lourde de responsabilités. Il désapprouve le mariage de Mélusine et le libertinage de Mélisende, et envisage de voler un de leurs enfants pour assurer sa propre descendance, car il n'envisage pas d’épouser quiconque en dehors de son amour de toujours, Mayeul. Il en veut profondément à Meldred d’avoir brisé le mariage de leurs parents et ne reculerait pas devant un petit meurtre discret pour lui faire payer. Il désavoue publiquement la conduite scandaleuse de son père et a renié définitivement sa mère. Il a placé un contrat auprès de la Confrérie Noire sur la tête du nouveau mari de sa mère et sur l’enfant qu’ils ont eu ensemble.
→ Melsant s'est réveillé le 7 mai alors qu'il était parti à Lorgol en compagnie de Meldred et Mélisende, suite au meurtre de son neveu, Arsène, qu'il avait enlevé à sa mère aux moeurs scandaleuses pour en faire son héritier. Héritier décédé chez lui, sans doute d'un excès de substances illicites... Envoyées par Maximilien de Séverac. Il a entrepris le voyage avec sa fratrie, s'énervant de son frère soudain devenu stupide et ne sachant plus parler correctement et de sa sœur hautaine et sarcastique. Mais en arrivant à Lorgol, il a retrouvé Soie et s'il l'avait oublié, elle, elle a su lui sauter dessus avec ses petits griffons et le bombarder de flash de son autre vie. Il a ensuite compris quel homme il était dans cette réalité en discutant avec son domestique. Il n'ose pas encore croire que son frère disparu en mer il y a 30 ans puisse en fait être en vie...
→ Se souvenir
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Pendant le livre III : L'année débute avec les doutes de Melsant suite à la disparition de la Rose alors qu'il sent bien que quelque chose lui échappe, un secret terrible concernant la Chasse Sauvage. Les nuits ne sont plus sûres... Le mariage de Castiel avec Alméide est une légère lumière dans ses tourments, qui reprennent de plus belle lorsqu'il assiste au débarquement de la Chasse Sauvage au couronnement d'Octave qui est assassiné puis ramené à la vie par Sixtine, Innocente du moment, remplacée par Richard le Harnois. Les différents duchés ne sont pas prêt à suivre Octave, Erebor fait sécession, ce qui déclenche une dispute entre Melsant et Grâce, le premier se demandant à quel point cela va compliquer leur avenir et quels sacrifices ils sont prêts à faire pour que cela fonctionne. Ils finissent par décider de se marier fin juillet, tandis que Mélusine accouche d'un autre garçon. Les festivités sont gâchées par un débarquement de momies et d'un griffon momifié qui ravagent Automnal. Des assassins sont dépêchés pour les ramener en Erebor. Cela accentue les griefs de Melsant envers Anthim et son duché. Début août, Bastien est emporté par la Chasse, plongeant Melsant dans une colère noire. Et dans l'impuissance. Quand les dieux se retirent en fin d'année, après un moment de flottement, il décide de prendre son destin en mains, ressorti plus fort des dernières épreuves.
Chronologie
1er mai 966 : Naissance de Melsant à Automnal
1 septembre 969 : Naissance de Mélusine et Mélisende.
27 juillet 971 : Naissance de Meldred.
06 Mars 974 : Lors d'un voyage, le navire sur lequel se trouvaient la famille Séverac sombre. Le petit Meldred se noie et Melsant qui a choisi de sauver ses sœurs en garde la culpabilité à jamais.
18 juin 977 : Naissance de Melbren
Mars 983 : Maximilien devient régent de Sombreciel à la mort du duc, et prend sous son aile Castiel qui intègre la fratrie Séverac
Mars 994 : Castiel devient Duc de Sombreciel
Juillet 997 : Castiel est incapable de se sevrer des drogues, il est mis sous tutelle impériale et part pour Ibelin tandis que la gestion du duché revient à Maximilien.
Janvier 1000 : Castiel récupère son rôle de Duc de Sombreciel
1 avril 1001 : Melsant se lance à la poursuite de la Marie Sanglante qui a enlevé des enfants, mais après un combat acharné, il est fait prisonnier et enfermé à fond de cale.
Deuxième quinzaine de mai 1001 : Certaines s'échappent dont Grâce. Melsant manque de se noyer alors qu'une tempête fait rage, réveillant de mauvais souvenirs et une phobie latente. Ils sont sauvés par la Rose, puis emmenés sur l'île du Vent et remis aux Amoureux du Vent. Ils en apprennent alors davantage sur la Magie du Sang et les Vivenefs, ce qui amène quelques réflexions chez le cielsombrois.
14-30 septembre 1001 : tournoi des trois Opales auquel Melsant ne participe pas, des membres de sa famille et amis sont blessés lors d'attentats.
13 octobre 1001 : Mariage de Mélusine et Hiémain.
31 octobre - 5 novembre 1001 : lors de commémorations, Melsant est enfermé avec les délégations ibéennes et faes dans le Sépulcre des martyres. Avec l'aide de Liam d'Outrevent, il ouvre des sarcophages dont émanent des bruits de griffures et libère ainsi les squelettes de la Rose qui les guident jusqu'à une salle et leurs confient des artefacts. Le reste du chemin vers la sortie est long et pénible, et ils sont accueillis par le nouvel empereur de Faerie : Gustave. Soins et nourriture leur sont apportés. Melsant assiste à l'avènement du nouvel Empereur alors que les ducs lui jurent fidélité avec plus ou moins de bonne grâce. Dans le plus grand secret, il est chargé par l'Empereur de conduire Chimène, qui n'a pas été tuée contrairement à ce que tout le monde pense, jusqu'à Catarine. Mission dont il s'acquitte sans en souffler mot à personne.
Novembre 1001 : Melsant devient Cavalier Blanc de la Rose Écarlate.
Janvier 1002 : Melsant est contraint de fuir des Chevaucheurs avec d'autres Voltigeurs et se retrouve dans le désert d'Erebor. Ils se cachent dans les ruines du palais abandonné d'Amir l'Inspiré. Ils y découvrent une créature de cauchemar, la Vouivre et des guerriers mécaniques. Ils sont sauvés dans leur fuite dans les cieux par les renforts. La Trêve est rompue, Séverac tombe aux mains de l'ennemi Faë.
Février 1002 : Castiel épouse Madeleine de Bellifère
01 mars 1002 : Naissance de Meldred, fils aîné de Mélusine et Hiémain.
Avril 1002 : Annonce officielle de la grossesse de Madeleine de Sombreflamme
Juillet 1002 : fiançailles officieuses avec Grâce alors qu'elle est blessée lors de l'attaque à Svaljärd qui se solde par la mort de l'Impératrice et le coma de l'Empereur après une attaque de soldats mécaniques qui laisse la ville à feu et à sang.
Septembre 1002 : Une terrible maladie se déclare parmi les mages, renversant le cours de la guerre, Melbren est malade.
9 novembre 1002 : Naissance de la princesse Odette de Sombreflamme, héritière de la couronne de Sombreciel.
27 novembre 1002 : l'Académie est attaquée par la Chasse Sauvage, libérée par l'Ordre. Melsant, en tant qu'écrin du Cavalier Blanc se joint aux autres pièces et laisse Raphaël d'Ansemer quitter son esprit, le sacrifice permettant d'affaiblir la Chasse Sauvage mais pas autant que prévu alors qu'une pièce refuse le sacrifice. Cela l'ébranle fortement et il se met à douter de ce qu'il croit et défend.
6 février 1003 : Mariage de Castiel et d'Alméïde.
29 mars 1003 : Couronnement d'Octave. Il est tué lors d'un attentat. Sixtine réapparaît à la tête de la Chasse Sauvage et ressuscite son frère. Richard le Harnois la remplace. Melbren est blessé en voulant protéger le jeune empereur.
26 juillet 1003 : Naissance de Meljörn, second fils de Mélusine et Hiémain.
Dernière semaine de juillet 1003 : Mariage de Melsant avec Grâce, une semaine de festivités qui se conclue par une invasion de momies venues d'Erebor qui fait de lourds dégâts matériels et quelques pertes humaines.
4 aout 1003 : Bastien est emporté par la Chasse Sauvage, cela venant toucher de trop près Melsant.
2 novembre 1003 : il se passe de terribles événements à l’Académie et les dieux retirent leur protection aux hommes. Le Chasse Sauvage continue de faire des victimes, bien trop.
Les regards que l'on n'oublie jamais se cherchent malgré tout
Melsant de Séverac et Grâce de Sombregemme
12 octobre 1001
Quelques heures de liberté. Sa place, elle était dans les cieux, sur le dos de Soie. Il se souvenait comme si c'était hier de son premier vol en sa compagnie. Il aurait pu être terrifié. Après tout, s'il savait chevaucher, il y avait un gouffre entre tomber d'un étalon et tomber d'un griffon avec le sol à plusieurs dizaines de mètres en dessous. Mais non, il n'avait pas eu peur... Bien au contraire. Il avait ri aux éclats, avec son enthousiasme habituel, se sentant comme le maître du monde l'espace de ces quelques minutes sur le dos de Soie, toute aussi ivre de joie de faire découvrir ce monde là à son Voltigeur. En se liant à elle, il avait découvert un amour et une confiance infinies. Il adorait sa famille, bien évidemment, mais n'avait pas la même conscience d'eux qu'il l'avait de Soie désormais.
Il avait encore des difficultés à ne pas songer au jour où ils seraient séparés, gardant en mémoire cet épisode traumatisant où elle avait totalement disparu de son esprit... En réponse à ses sombres pensées, il ressentit une bouffée d'enthousiasme et d'affection de la part de la griffonne, sensible aux humeurs de Melsant. Il sourit, caressant les magnifiques plumes noires et soyeuses. Elle portait divinement bien son nom. Soie était magnifique et majestueuse. Et elle le savait. La griffonne plongea en piqué, virevolta, surprenant Melsant perdu dans ses pensées. Une façon de lui faire comprendre qu'elle avait compris qu'il la trouvait un brin vaniteuse et de montrer son mécontentement. Il se mit à rire, le cœur léger. Ses angoisses, ses soucis, semblaient demeurer sur le sol quand il prenait ainsi son envol.
Le Marquis d'Automnal, derrière ses airs désinvoltes, avait pas mal de sujets de préoccupations. Qu'il ne confiait à personne intimement, se devant de conserver une certaine image. Cri de désapprobation de Soie.
« Excepté toi, évidemment. »Et jamais elle n'ébruiterait ce qu'elle savait de l'aîné des Séverac. Qu'il culpabilisait de la mort de Meldred. Qu'il était perturbé par son aventure sur la Marie Sanglante. Qu'il était terrifié d'avoir manqué perdre sa famille. Qu'il était déçu du fossé qui s'était creusé entre Mélusine et Castiel. Qu'il avait envie de les secouer pour qu'ils reprennent leurs esprits. Qu'il avait envie de gifler Castiel qui ne savait pas faire passer son devoir avant ses envies et s'était entiché d'Alméide d'Erebor, malgré les interdits. Qu'il avait envie de frapper Martial de Bellifère, qu'importe son rang, pour avoir osé s'en prendre à Mélisende. Et enfin, qu'il avait envie de hurler sur Mélusine de l'avoir tenu éloigné de son mariage. Il y assisterait en Erebor, mais quand même. Il y avait certains privilégiés et il n'en faisait pas partie, si bien qu'il en prenait quelque peu ombrage.
Malheureusement, il fut l'heure de rejoindre la terre ferme. A contrecœur. Il avait des devoirs. Il ne pouvait s'échapper éternellement. Il avait traîné sur le chemin du retour. Le griffon se posa alors dans la cour de la demeure. Melsant sauta à terre avec aisance, ses cheveux bruns en bataille, ses vêtements chiffonnés, mais le regard brillant de contentement. L'intendant vint à sa rencontre.
« Seigneur, Dame Grâce de Sombregemme est arrivée il y a environ deux heures. »Grâce... Il avait encore des difficultés à ne pas l'appeler Martel. Mais elle avait prit son envol, se libérant de toute attache envers son époux, désormais mort. Changer de nom, c'était le dernier pas vers son indépendance.
« Oh... »Il était surpris. Il ne l'attendait pas si tôt. Ou il n'avait pas vu le temps passer, au choix.
« Nous l'avons installé dans ses appartements et préparé un bain. Elle est actuellement avec son griffon. »« Parfait. Comme d'habitude. »L'intendant s'inclina, lui indiquant où se trouvait Grâce. Melsant aurait pu se changer mais... Bah, c'était Grâce. Elle l'avait vu dans le pire des états. Pas besoin de la faire attendre davantage.
« Allez, va saluer Corail, je te suis. »Soie battit des ailes et reprit son envol, rejoignant Grâce et Corail et se posant à côté d'eux, alors que Melsant traversait la porte principale et retrouvait la belliférienne qui s'occupait de son griffon. Melsant toussota pour signaler sa présence après l'arrivée plus bruyante de Soie et se fendit d'un grand sourire ravi.
« Ma Dame, c'est un plaisir de vous voir en ces lieux. »Il s'inclina galamment, en parfait Marquis qu'il était, avant de se redresser, le regard pétillant d'espièglerie. Il s'empara de la main de la Voltigeuse et la baisa, reprenant avec une réelle chaleur :
« Bienvenue à Automnal Grâce. Je suis impardonnable, je t'ai fait attendre. J'espère que tu as été reçue avec tous les égards qui te sont dus ? »Il ne doutait pas de la compétence de ses domestiques.