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 J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée

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Le Destin
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J'ai : un âge au dessus de toute raison.
Message Sujet: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptySam 1 Avr 2017 - 1:37




Livre II, Chapitre 3 • La Roue Brisée
#9 ♦ Lionel & Liam

J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs

Intrigue 2.3 ♦ Trame temporelle alternée




On m’a kidnappé ! J’ai été enlevé !
C’est ce que pense Lionel lorsqu’il se réveille près des canons de l’Audacia – avant qu’une cohorte de pirates perplexes ne finisse par lui faire entendre qu’il est le canonnier depuis des années. Le capitaine en personne – son ami Rackham, par tous les dieux – lui explique discrètement qu’il ne comprend pas non plus ce qui leur arrive. Pas de Braise ni d’Obsession, et la pleine mer, par Levor… Pourquoi donc Calico est-elle devenue un gorille de cent soixante kilos, pourquoi Harald est-il présentement bêlant et bouclé ? L’incompréhension est totale, et lorsque l’Audacia mouille au port c’est un Lionel perplexe qui en débarque, un peu tremblant sous son kilt.  
Le pire choc est toutefois encore à venir : deux bras virils l’enserrent par derrière, une étreinte scandaleuse s’ensuit et un baiser chaleureux, passionné et outrageusement barbu s’en vient compléter l’horreur. C’est Liam qui est là : un Liam tout réjoui de voir revenir son amant et amour de sa vie, et qui lui confie avoir hâte que le soir s’en vienne, soulignant son propos d’un clin d’œil appuyé et d’un pelotage fort peu approprié pour un endroit aussi public, lui tirant un glapissement de protestation virile.
Des deux austères Outreventois, l’un se souvient, et l’autre pas : ah, délicate valse des amours secrets révélés dans la plus grande soudaineté…




Consignes

Le Destin vous passe la main



• Ce topic est votre participation à l'intrigue 2.3 La Roue Brisée et n'est ouvert qu'à vous.  

• Vous devez y poster au moins une fois par semaine chacun.  

• Ce sujet devra être clôturé avant le dimanche 28 mai !  

• Vos personnages doivent arriver à Lorgol en fin de sujet, pour rejoindre l'Académie, ils ont le pressentiment qu'on les y attend. De fait, un campement de romanichels rescapés commence à se former dans la forêt de sapins à proximité. Vous serez sûrement au complet vers la fin du mois de mai.

• C'est le Destin qui décide si votre personnage a conscience d'avoir vécu une autre vie auparavant, ou pas ! Respectez bien votre contexte, et soyez attentifs : il peut vous faire retrouver la mémoire en cours de sujet...  

• Le premier message posté sera obligatoirement le formulaire d'ouverture des RP ! Pensez à le dater et à insérer le lien de votre sujet à l'endroit prévu pour permettre son recensement dans la chronologie.

• Le Destin passera peut-être vous taquiner de temps en temps...

• Pas de limite de mots, vous êtes des dragonnets libres, liiiiiiibres !

Bonne chance à tous !  

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Les Chevaucheurs
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Lionel de Rivepierre
Lionel de Rivepierre

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J'ai : 35 ans
Je suis : Capitaine du Vol d'Outrevent, mage de l'Été (destruction) et comte de Rivepierre.

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J'ai fait allégeance à : Liam d'Outrevent
Mes autres visages: Castiel • Louis • Octavius • Maelenn • Matvei • Hermine
Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyDim 2 Avr 2017 - 22:53


Livre II, Chapitre 3 • La Roue Brisée
Liam d'Outrevent & Lionel de Rivepierre

J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs

Ou quand tout est de travers



• Date : Le 30 avril 1002
• Météo : Il fait chaud, dans la Ville Basse, bien que ce ne soit que le printemps... trop. Trop. TROP. CHAUD.
• Statut du RP : Intrigue.
• Résumé : On m’a kidnappé ! J’ai été enlevé !
C’est ce que pense Lionel lorsqu’il se réveille près des canons de l’Audacia – avant qu’une cohorte de pirates perplexes ne finisse par lui faire entendre qu’il est le canonnier depuis des années. Le capitaine en personne – son ami Rackham, par tous les dieux – lui explique discrètement qu’il ne comprend pas non plus ce qui leur arrive. Pas de Braise ni d’Obsession, et la pleine mer, par Levor… Pourquoi donc Calico est-elle devenue un gorille de cent soixante kilos, pourquoi Harald est-il présentement bêlant et bouclé ? L’incompréhension est totale, et lorsque l’Audacia mouille au port c’est un Lionel perplexe qui en débarque, un peu tremblant sous son kilt.
Le pire choc est toutefois encore à venir : deux bras virils l’enserrent par derrière, une étreinte scandaleuse s’ensuit et un baiser chaleureux, passionné et outrageusement barbu s’en vient compléter l’horreur. C’est Liam qui est là : un Liam tout réjoui de voir revenir son amant et amour de sa vie, et qui lui confie avoir hâte que le soir s’en vienne, soulignant son propos d’un clin d’œil appuyé et d’un pelotage fort peu approprié pour un endroit aussi public, lui tirant un glapissement de protestation virile.
Des deux austères Outreventois, l’un se souvient, et l’autre pas : ah, délicate valse des amours secrets révélés dans la plus grande soudaineté…
• Recensement :
Code:
• [b]30 avril 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t1952-j-irai-chercher-ton-coeur-si-tu-l-emportes-ailleurs-intrigue-2-3-la-roue-brisee]J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs[/url] - [i]Liam d'Outrevent & Lionel de Rivepierre[/i]
On m’a kidnappé ! J’ai été enlevé !
C’est ce que pense Lionel lorsqu’il se réveille près des canons de l’Audacia – avant qu’une cohorte de pirates perplexes ne finisse par lui faire entendre qu’il est le canonnier depuis des années. Le capitaine en personne – son ami Rackham, par tous les dieux – lui explique discrètement qu’il ne comprend pas non plus ce qui leur arrive. Pas de Braise ni d’Obsession, et la pleine mer, par Levor… Pourquoi donc Calico est-elle devenue un gorille de cent soixante kilos, pourquoi Harald est-il présentement bêlant et bouclé ? L’incompréhension est totale, et lorsque l’Audacia mouille au port c’est un Lionel perplexe qui en débarque, un peu tremblant sous son kilt.
Le pire choc est toutefois encore à venir : deux bras virils l’enserrent par derrière, une étreinte scandaleuse s’ensuit et un baiser chaleureux, passionné et outrageusement barbu s’en vient compléter l’horreur. C’est Liam qui est là : un Liam tout réjoui de voir revenir son amant et amour de sa vie, et qui lui confie avoir hâte que le soir s’en vienne, soulignant son propos d’un clin d’œil appuyé et d’un pelotage fort peu approprié pour un endroit aussi public, lui tirant un glapissement de protestation virile.
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Lionel de Rivepierre
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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyDim 2 Avr 2017 - 22:53

Rien.
Rien, rien, rien et encore rien. Désespérément rien.

Il essaie depuis une heure, maintenant, l’Outreventois, de retrouver le contact avec Braise. Son esprit ne peut se tendre vers le fier dragon et à chaque fois qu’il tente, il ne rencontre que le silence. Celui vide, impossible, celui d’une porte qui jamais n’a été ouverte. Une heure, étendu sur la couche d’une cabine qu’on prétend être la sienne, les yeux fixés sur cette chambre inconnue. Cette chambre sur un bateau. Pirate. L’Audacia. Avec Rackham en capitaine. Et lui en canonnier. Juste repenser à cet enchaînement impossible et impensable d’éléments fait se recroqueviller l’homme sur son lit, repris du malaise qui le tenaille depuis son éveil effrayé à côté d’un canon. Ce n’est pas lui, ce n’est pas chez lui, ça ne se peut pas. Une illusion. C’est uniquement une illusion. Il fait tout ce qu’il peut, Lionel, pour se convaincre que tout ceci n’est qu’une illusion, une vaste mascarade créée par quelques hurluberlus de l’Ordre du Jugement, l’œuvre d’une énième ensorceleuse aux plans ambitieux. Quelle autre option existe-t-il ? Que ce soit vrai ? Il s’y refuse, mais peu importe ce qu’il tente, la fausseté ne se dissipe point.

La voix incertaine et prudente d’Harald résonne dans son esprit, lui qui est silencieux depuis son éveil : Lionel… il y a un problème. Apprends-moi quelque chose, réplique l’homme avec aigreur, qui refuse d’additionner tous les problèmes qui se présentent à lui. Il s’est vu des tatouages sur les mains et les bras, précédemment, et il n’ose pas regarder à nouveau, de peur que sa vue ne lui ait pas joué de tour. Lui, un pirate. En kilt. C’est justement une nouveauté, l’informe le Familier, lui laissant présager le pire. La dernière fois qu’il a eu ce ton, les pirates attaquaient son domaine et pillaient ses tartans – mais maintenant, apparemment, ce sont eux les pirates, et il doit se contrôler pour ne pas hurler. Ou éclater de rire. Ou fondre en larmes. Ou un savant mélange de tout cela, à la mode du duc Castiel. Quel genre de problème ? De… de bouclettes.

De bouclettes.
Doux Levor.

Lorsqu’il ose revenir sur le pont, il est alpagué par un capitaine Rackham pris de la même incompréhension – si Harald est devenu un mouton et vit apparemment en toute quiétude et connaissance de tous sur ce rafiot pirate, Calico est désormais rien de moins qu’un gorille femelle – mais ils mouillent fort heureusement au port de Lorgol sous peu. Ils pourront là s’aventurer jusqu’à la tour des Mages, ou chercher contact avec les Chevaucheurs, afin d’éclaircir ce mystère – et encore, peut-être bien que le tout cessera lorsqu’ils mettront pied à terre ! Malheureusement, à chaque lieue faite par le bâtiment pirate en direction d’une Lorgol dont la Ville Basse semble encore plus malfamée et dangereuse qu’à l’habitude, l’idée semble toujours moins judicieuse. Ou possible. Il descend à terre, les jambes un peu tremblantes, à la recherche d’un point de repère. D’autre chose que ces tours décapitées et que ces visages patibulaires où seul celui de son ami îlien est amical.
Une paire de bras l’enserre par derrière et il sursaute, avant de se retourner pour identifier l’initiateur de ce câlin absolument pas bienvenu. Une grande vague de soulagement le prend et il rend son étreinte fraternelle à Liam, cette fois avec franchise. « Oh, Liam, Valda soit louée, tu es là », et s’il espère que son meilleur ami sache tout ce qui se passe, tout en profitant pour lui faire une blague (de mauvais goût, ce qui n’est pas dans les habitudes du brun, qui a toujours un humour approprié), l’espoir est aussi vain que bref. Parce qu’à cette accolade intime suit un baiser…


déroutant.
Déroutant, car barbu. Car passionné. Car appuyé, volontaire, loin de l’erreur, ayant tout de l’acte plus que demandé, presque nécessaire. Car masculin. Car de Liam. Le souffle lui manque, lorsqu’il réussit à repousser le duc d’Outrevent, juste assez pour que le baiser s’interrompe. Pour qu’il puisse lire dans ces yeux clairs dont il a l’habitude de la sévérité, de l’amitié, mais jamais de cette expression tendre qui le fait frissonner de la tête aux pieds. « Li, Liam.. ? » Son murmure grave a une note désemparée. Quelle illusion se fait aussi cruelle, par Aura, se permettant de pervertir jusqu’à la droiture d’Outrevent ?

Spoiler:
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La Noblesse
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Liam d'Outrevent
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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyLun 3 Avr 2017 - 22:18

Elles murmurent, les ombres... Rien ne leur échappe bien longtemps.
Il en est de même au retour de leurs confrères pirates, qui pillent abondamment les flots quand ils se chargent d’en faire de même sur terre. Ah ! Et c’est une mélodie douce à mes oreilles que d’entendre leur retour clamer, annonciatrice de retrouvailles si longtemps attendues. Depuis quand est-il parti en mer exactement ? Des semaines ? Des mois ? Le temps s’est affreusement étiré, et les affaires de la Cour des Miracles ne l’ont détrompé qu’un temps. Il est peut-être temps de laisser respirer un peu nos riches mécènes et de remettre à plus tard quelques larcins à leur encontre... J’ai quelqu’un d’autres à déposséder de ses moyens.

Je délaisse mes plans pour m’emparer uniquement de ma lame, le temps étant bien trop clément pour s’encombrer d’un manteau ou d’une cape. J’en connais un qui a rarement froid, d’ailleurs... Ce qui m’arrache un sourire équivoque quand je repère sa haute silhouette sur les quais. Son regard s’attarde partout aux environs, et je suis persuadé qu’il me cherche dans la foule amassée au port, sans se douter un seul instant que je viens de me glisser dans son dos. Je suis satisfait de mon coup, quand je le sens sursauter dans ma prise, et un large sourire étire mes lèvres, difficilement réprimable, tandis qu’il se retourne pour en surprendre l’auteur. Je m’attendais, bien entendu, à ce qu’il soit heureux de me voir en retour... Mais ce soulagement ? Je lâche un bref rire, en réponse. « Et où voulais-tu que je sois ? » Ce n’est pas moi, qui m’en vais prendre le large dès que l’occasion se présente. On dirait que partir en mer si longtemps l’a finalement accablé plus que de raison, à moins que quelque chose se soit produit ? Qu’importe, au fond. Il est là maintenant. Et dans cette étreinte forte qu’il me rend, je lui fais bien comprendre à quel point je suis aussi heureux de le voir, d’un baiser appuyé en retour, qui lui témoigne autant ma passion que mon impatience. Il m’a terriblement manqué.

L’instant se prolonge, jusqu’à ce que Lionel l’interrompe dans la cacophonie de deux souffles qui se mêlent encore. Je le vois bien chercher mon regard, clair et sans détour. Son interrogation m’arrache un sourire amusé. Se ferait-il timide en public ? Allons... Nous avons dépassé ce stade depuis bien longtemps, mais j’ai bien une façon adéquate de lever quelques réticences bien Outreventoises qui peuvent persister, et lui rappeler tout l’intérêt de ces kilts qu’il porte fièrement, d’une main baladeuse qui franchit sans mal la barrière du tartan. Je lui décoche un clin d’œil alors que je délaisse cette bourse-là intacte, lâchant dans un murmure provocateur contre son oreille : « J’ai hâte que la nuit tombe... » Et que les ombres s’étendent, pour ne faire qu’une.
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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyMar 4 Avr 2017 - 0:48

Le sourire de Liam est amusé et surtout pas le moins du monde dérangé par tout ce, ce ça, qu’il ne comprend pas. Illusion cruelle, vaste blague de mauvais goût, cauchemar terrible, Lionel ne peut décider ce qui est le plus vraisemblable, en ce moment, alors qu’il n’anticipe absolument pas le passage d’une main – celle de Liam – sous un kilt – le sien, à lui, qu’il porte à l’instant, à la manière traditionnelle – afin d’accéder à un point très, très, très stratégique de son anatomie. Le fier Chevaucheur s’entend distinctement glapir, sous la surprise du contact, sans pourtant se dégager. Non pas plû, mais effrayé, à l’idée que s’il se dégage, quelque chose de pire pourrait peut-être arriver. Derrière lui, il entend quelques rires gras commenter le geste impudique et le début d’un poème retentir, à propos de l’amour d’un prince déchu et d’un pirate en kilt – et même quelques-uns entamer ce qui ressemble au couplet d’une paillarde complimentant l’utilité judicieuse du vêtement traditionnel outreventois, « peu pratique pour les courants d’air / fort utile pour tâter la chair ».

Bien heureusement, le contact intime se fait bref, même si le clin d’œil de son ami n’est pas là pour le détromper quant à ce qui s’est passé. Ni le clin d’œil, ni le murmure qui est glissé à son oreille, porteur de sulfureuses promesses : « J’ai hâte que la nuit tombe... Ehjebejej », est à peu près la réponse éloquente de Lionel, qui est incapable d’aligner deux mots cohérents, ou tout simplement compréhensibles, à l’image de sa réflexion qui se fait difficile. Hâte. Que la nuit. Tombe. Bientôt. La nuit. Qui tombe. Au moins, ça explique pourquoi tous connaissent mon existence. Tu sais bien que… que ce n’est pas parce que tu es un mâle que je suis… comme ça. Non, bien sûr. L’assentiment de son Familier est terriblement sceptique, mais il n’a pas le temps de s’engager dans ce débat où il sait de toute façon avoir raison. Tout ceci est une illusion, de toute façon. Peut-être même quelque chose concocté par le prince Antonin, dans le but douteux de lui faire avouer tout ce qu’il n’est pas ! Un peu extrême, cela dit, comme chantage. Un rêve, alors ? Pour que ce soit si irréaliste, ça ne peut être que cela. L’homme se racle la gorge et se redresse un peu, à la recherche d’un endroit discret où se diriger afin de secouer Liam comme un prunier jusqu’à ce qu’il retrouve la raison, ou que lui-même se réveille de ce cauchemar ridicule. « J… j’aimerais… tu… que dirais-tu qu’on aille au, au calme ? Je… je les vois assez, ceux-là, je n’ai pas envie qu’ils voient… tout. » Il fait un petit geste dans son dos et désigne la vivenef et sa figure de proue drapée dans un de ses tartans, ses pirates qui descendent la planche pour atteindre le quai, bavardant dans son dos avec enthousiasme et jetant toujours sur le couple d’amis (et uniquement d’amis) des regards goguenards.

« Pas obligé de, d’attendre, la, la, la nuit. » Il est aussi mauvais acteur qu’il est mauvais menteur, et si Lionel tente de donner à son sourire une quelconque assurance ou même un soupçon de cette malice charmeuse que le duc d’Outrevent porte sur ses propres lèvres, c’est probablement en vain. Un pitoyable échec. En vérité, si Liam le touche une nouvelle fois – n’importe où n’importe comment n’importe quand sous n’importe quel prétexte – il n’est pas impossible qu’il lui foute une droite en pleine gueule.

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Je les entends, hilares, en toile de fond, les pirates qui n’ont rien manqué de la scène... Ce qui doit alimenter encore davantage la gêne de Lionel, qui n’arrive visiblement plus à aligner deux mots sensés, et dont le glapissement surpris m’arrache un nouveau rire. Je ne me préoccupe pas ce qu’ils peuvent dire - ou même chanter - derrière nous. J’espère qu’ils ne vont pas finir par le dissuader de porter fièrement ses kilts... C’est aussi ce qui fait son charme. Les miens prennent la poussière depuis des années dans la tour des Marches d’Argent dans laquelle je ne mets même plus un pied. Le dernier témoignage d’Outrevent qu’il me reste, finalement, c’est Lionel lui-même... Et pirate ! Tout cela est bien loin derrière nous, désormais. Même s’il ne s’est pas débarrassé d’une certaine réserve, et mon geste ne l’a pas rendu plus audacieux, bien au contraire... On dirait qu’il en a même perdu tous ses moyens. Je suis presque persuadé qu’il se rattrapera largement, quand on ne sera plus que tous les deux, et les quelques phrases cohérentes qui parviennent à franchir ses lèvres me le certifient un peu plus.

Je suis obligé de tendre l’oreille, la mine vaguement perplexe, tandis que j’essaie de traduire ces quelques mots qu’il lâche après m’avoir entraîné à l’écart. C’est amusant, de le voir tenter de se donner une contenance, presque adorable même. J’évite de le tourmenter encore, et lui concède sans faire la moindre remarque sur ses bégaiements intempestifs. « D’accord, d’accord... Rentrons chez nous alors. » On sera au calme, dans notre chambre, à la taverne de la Rose. Je lance une brève œillade en arrière, vers les pirates encore amassés là, à plisser le regard tandis que je réfléchis. Je vais pour l’interroger, mais aucun mot ne franchit finalement mes lèvres. Inutile, non ? Je suppose qu’il ne me dira rien avant d’avoir la certitude que nous sommes seuls et que personne n’écoutera plus. C’est compliqué, à Lorgol, d’échapper aux murmures... Je suis bien placé pour le savoir, en tant que Second des Ombres.

Je reviens à Lionel, quand il reprend sa comédie, et qu’elle devient bien trop évidente pour que je ne le remarque pas. Difficile de m’empêcher de rire... Qu’est-ce qu’il me fait, là ? Il essaie de m’imiter, ou de se faire... Charmeur ? Son sourire ressemble plus à une grimace contrite. Il essaie surtout de m’amadouer, sans un franc succès, à vrai dire... « Tu es très mauvais menteur, Lio. Ca n’a pas changé. » Le pense-t-il vraiment ? Je perds un peu de mon entrain, peut-être un peu déçu, à constater à quel point il semble se forcer à être... Quoi, au juste ? Je ne sais pas. Quelqu’un d’autre.

Je l’entraîne à ma suite en direction de la taverne de la Rose, à marcher comme en territoire conquis. J’échange quelques mots avec les principaux habitués, dans un sourire de circonstance, et les abandonne rapidement à constater que Lionel reste planté là. Je m’en vais  quémander deux verres de whisky au bar, et en offre deux autres aux deux jeunes femmes qui échangeaient des messes basses non loin, tandis que j’attendais mon dû. Je les salue d’un chapeau invisible avant de me soustraire à leur attention en les entendant glousser dans mon dos. Ah ! C’en est presque revigorant.

J’invite Lionel à l’étage, d’un signe du menton. Je peine encore plus à comprendre ce qui lui prend, à le voir se tromper, et visiblement ne même pas savoir où il devrait aller. « La troisième à droite. » Je pousse finalement le battant de l’épaule, à prendre les devants malgré mes deux verres en main. Je lui tends le sien, et m’installe aussitôt sur l’unique lit double de cette pièce, refroidi de sa présence depuis de longues semaines, pour déguster le mien. J’en tapote l’assise à côté de moi, dans un geste équivoque. « Si tu me disais ce qui ne va pas, maintenant ? Tu reviens tout juste de votre expédition et... » Je marque un silence, hésitant un instant. Enfin... S’il a décidé de ne pas être franc avec moi plus tôt, cela ne va pas m’empêcher de l’être pour deux. « C’est à cause de Rackham, c’est ça ? » Evidemment, avec tout le temps qu’il passe en mer, et moi sur terre, j’imagine que ça devait finir par arriver. Et comment mieux expliquer son cruel manque d’engouement lors de nos retrouvailles sinon ?
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Chez nous. Il n’ose même plus espérer que ce soit de Souffleciel, dont parle Liam, mais il est soulagé qu’ils aient un endroit où se retirer, où avoir une certaine… intimité. Loin de tous ces pirates persuadés qu’il est un des leurs, qui ne s’étonnent pas de le voir lui fouler leur pont librement, nanti d’un titre d’officier de bord. « Tu es très mauvais menteur, Lio. Ca n’a pas changé. » Son faux sourire devient un vrai rictus, grimace de dépit quant à sa vaine tentative de mensonge, et c’est en silence qu’il suit le duc dans les dédales de la Ville Basse, jusqu’à atteindre la Taverne de la Rose. L’établissement ne lui est pas inconnu, de réputation et des réclamations incessantes d’Aymeric, et son malaise général s’amplifie alors qu’ils y pénètrent sans aucune peur. Sans se méfier des autres brigands qui fréquentent les lieux et s’adressent à eux comme s’ils en étaient des habitués - et la chose frappe Lionel. Ils en sont. C’est ici, chez nous. Immobile comme une statue, il attend sagement que son ami revienne avec leurs consommations avant qu’ils passent tous deux à l’étage, où l’alignement de portes et de battants le laisse une nouvelle fois dépourvu. Il devrait savoir ce qui se passe, mais il ne sait rien, et lui qui est tant habitué à être en contrôle, à diriger, à décider, déteste profondément cette sensation. Celle d’impuissance. « La troisième à droite. »

La chambre dans laquelle ils pénètrent est celle d’un couple, en témoigne le seul lit qui y trône, recouvert à son pied d’un plaid aux mêmes couleurs que son kilt. La sienne. La leur. L’information refuse d’être acceptée, comprise. « Si tu me disais ce qui ne va pas, maintenant ? Tu reviens tout juste de votre expédition et... » Toujours les jambes molles, il se laisse tomber juste à côté de Liam. Qui, heureusement, ne se laisse pas aller à lui tâter le dessous du kilt une nouvelle fois, préférant lui donner un verre de whisky si merveilleusement bienvenu. Au moins, certaines bonnes choses ne semblent pas changer, et le goût de l’alcool ne se réveille certes pas de son cauchemar, mais il a le don d’allumer un peu plus son esprit. « C’est à cause de Rackham, c’est ça ? Rack-Rackham ? » Aussitôt, il sent son visage s’enflammer, et sous le hâle des enfants des mers, ses joues rougissent brusquement, à la pensée de l’Îlien et de leur amitié, qui ne se pare d’aucun sous-entendu, surtout pas aussi répugnant. Il peut certes admettre qu’il est… bel homme - et doté d’épaules musclées - mais ça ne signifie absolument rien d’autre. Il n’est pas comme ça. Le commentaire insidieux d’Harald le fait rougir encore un peu, alors qu’il secoue vivement la tête en dénégation, chassant l’image de ces épaules (musclées) qu’il a vu rouler sous les cuirs de Chevaucheur et sous le soleil de Lorgol. « Non, non, Rackham, il ne, non. Rakham n’a rien… rien à voir », gronde sa voix un peu éraillée, désemparée.
Le geste réveille la douleur à son crâne, auquel il porte une main prudente. Il tâte la bosse violacée qui fleurit à la naissance de ses cheveux, souvenir de sa tête qui a apparemment percuté le canon avec une violence inattendue, alors que la vivenef aurait frappé une vague plus haute que les autres. C’est ce que les autres lui ont dit, devant la confusion évidente du canonnier criant à l’enlèvement, prêt à embrocher ses camarades sur son sabre à chaque mouvement en sa direction.

« Je… me suis cogné la tête sur un canon, je suis resté inconscient quelques minutes et je… je ne comprends pas… » Il regarde la chambre, son verre de whisky, puis Liam. Il l’implore du regard de lui dire, de lui expliquer, ce que tout cela signifie. Un jeu. Un rêve. Une illusion. Une arnaque. Une mascarade. Un piège. Une hallucination. Il ne veut pas croire à la vérité. À cette vie qui n’est pas la sienne et à cette autre à laquelle il refuse d’avoir rêvé. Braise, qui ne répond pas, qui n’est pas là, qui laisse résonner ses appels et ses paroles, inexorablement. « Tu ne peux pas… pas m’aimer comme ça. Pas moi », qu’il murmure, le nez dans son verre. De tout cela, de sa vie de pirate à son Familier moutou, c’est bien ce qu’il refuse de digérer. Ils s’aiment comme des amis, comme des frères, Liam et lui. Pas ainsi. Pas amoureusement. Et cette idée fait revenir le feu sur ses joues.

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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptySam 8 Avr 2017 - 18:52

Il a le teint livide, Lionel, comme s’il venait de voir un fantôme. Je suis plutôt soulagé de voir qu’il accepte ce verre de whisky sans broncher. J’aurais peut-être dû en commander un ou deux de plus, histoire de le détendre un peu... Parce qu’on dirait que ma présence est loin de suffire, ou même qu’elle a plutôt l’effet inverse. D’accord, il n’a pas dû apprécier mes démonstrations publiques, mais... Il se comporte tout de même bizarrement. J’ose poser la question qui me brûle les lèvres, celle qui me laisse dans la crainte, à chaque fois qu’il décide de partir de longues semaines en mer. Je devrais avoir plus confiance en lui, certainement, seulement c’est impossible de ne pas remarquer la façon dont il détaille parfois son Capitaine. Rackham est puissamment charpenté, et il a fier allure, avec son Familier gorille constamment à ses côtés. Je ne m’y trompe pas davantage, à voir le rouge lui monter presque instantanément aux joues, après avoir prononcé son nom, l’alcool aidant certainement. Je reste sur la défensive, à guetter la moindre de ses réactions, jusqu’à ce qu’il se décide à parler de lui-même. Et le temps s’étire, par Isil, avant qu’il ne cherche à me détromper. Je me détends quelque peu. Rackham n’a rien à voir là-dedans ? Soit. Je ne remettrais pas sa parole en doute, et suis finalement soulagé de l’apprendre. J’ai un sourire doux qui me vient naturellement sur les lèvres, alors que je me penche vers lui. Je viens l’enlacer par derrière, glissant un bras autour de ses épaules, en embrassant furtivement le haut avant de reposer mon menton contre. « Alors quel est le problème ? »

Je relève lentement la tête, à suivre le trajet de cette main prudente jusqu’à son crâne. J’attends qu’il retire sa main pour reposer mon verre et glisser la mienne à ses cheveux, les rejetant en arrière pour mieux voir. « Ca n’a pas l’air si grave... Mais inconscient ? Plusieurs minutes ? » Je marque un silence. Je m’en voudrais de le négliger. On ne reste pas aussi longtemps inconscient en s’étant simplement cogné. « Je peux aller te chercher de la glace, si tu veux, ou quelqu’un qui pourrait te soigner... » Je retire doucement ma main, quand je croise son regard implorant. Il a l’air si perdu, si désemparé... Je m’en veux d’avoir douté de lui, subitement. Ma main passe lentement sur son front, puis trace le contour de sa mâchoire. « Lio... Ca va aller. Je suis toujours là pour toi, tu le sais, non ? Tu devrais t’allonger un peu, et te détendre. » Je replace les coussins derrière moi, pour l’inviter à le faire. Je prends le temps de détacher l’épée qui battait encore à mes côtés, laissant retomber la ceinture en bas du lit, et n’hésite pas à faire pareil avec ses propres armes, puis d’amener le plaid contre lui. Je me fige dans mon geste, quand je l’entends murmurer tout contre son verre, des paroles qui n’ont aucun sens. Je crois avoir mal entendu, et c’est à mon tour de ne plus comprendre ce qui se passe, subitement. « Bien sûr que si. » Je ne termine pas mon geste. Qu’est-ce qu’il lui prend, d’un coup ? Ce sont mes sentiments qu’il met en doute, maintenant ? Et il a l’air si... Si fragile. Je pousse un profond soupir, qui vient effleurer la peau de son cou. Je reviens contre lui, dans son dos puissant, à m’enivrer un temps de son odeur, m’envelopper dans sa chaleur. « Je t’aime, Lionel. Depuis de longues années... Ca n’a pas changé. Je... Depuis toujours, peut-être. Je t’aime, comme ça. Ca a simplement fini par être une évidence. » Je marque un silence, mon regard venant se poser sur Harald non loin. Je relève la tête, pour chercher le regard du pirate. « Et toi, tu m’aimes ? »
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Lionel de Rivepierre
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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyDim 9 Avr 2017 - 0:18

Lionel ne se dégage pas des bras de Liam. Il craint, peut-être, que s’il s’écarte, ce visage ami devienne celui d’un ennemi et que ses mains caressantes deviennent griffes acérées, plantées dans son coeur. Que les baisers deviennent morsures. Qu’enfin, cette illusion révèle ce qu’elle est véritablement. « Ca n’a pas l’air si grave... Mais inconscient ? Plusieurs minutes ? » Pas l’air si grave, en effet, mais s’il savait… s’il savait ce qu’il vit, le Chevaucheur ! S’il savait dans quel délire terrible il est plongé, depuis son éveil, cauchemar où tout et tout le monde est autre. « Je peux aller te chercher de la glace, si tu veux, ou quelqu’un qui pourrait te soigner... On… on a vérifié, sur l, la, l’Audacia », qu’il répond à demi-mot. Juste une bonne bosse, qu’on lui a dit, malgré son insistance à vérifier qu’il n’y avait rien de plus grave - car il y avait forcément quelque chose de plus grave. Il n’entend plus Braise. Il est pirate. Son Familier est un mouton.

Il n’a pas l’habitude de tout ce… tout ce toucher, avec Liam. Les deux hommes ne sont que peu tactiles entre eux, mais il ne peut pas prétendre avoir de souvenirs d’une époque où ils auraient pu être si affectueux. Ces baisers sur son épaule, contre son cou, cette main qui court de son front à sa mâchoire - et il sent ses yeux se fermer, sous ce contact chaud et doux. « Lio... Ca va aller. Je suis toujours là pour toi, tu le sais, non ? Tu devrais t’allonger un peu, et te détendre. » À l’extérieur de la chambre, des bruits de sabot, qui deviennent à chaque fois plus fort, et par automatisme, Lionel invoque un élémentaire de métal, qui ouvre la porte sur Harald. Harald le mouton. Harald le mouton qui va se loger dans un coin de la chambre, feignant une aisance qui pourtant est aussi fausse que la sienne. Se détendre ? La blague est bonne, hilarante. Il ne sait pas s’il peut réussir à faire cela, se détendre ; il en est incapable dans la vie normale, alors maintenant ? Lionel reste toutefois immobile, observant Liam qui retire ses armes, puis les siennes, sans jamais ciller, le guettant au-dessus de son verre. L’épée, le sabre, les dagues, avant qu’il murmure : « Tu ne peux pas… pas m’aimer comme ça. Pas moi. » La réponse vient sans même être réfléchie, bien trop rapide : « Bien sûr que si. »

Le Chevaucheur secoue la tête, doucement, impuissant. Rien de tout cela ne peut être vrai. Ni cette voix qui affirme de telles faussetés, ni ce corps qui se serre contre le sien, dans une étreinte amoureuse. Les frissons qui le traversent, des pieds à la tête, ne tarissent pas, sous ce toucher qu’il se refuse d’apprécier. « Je t’aime, Lionel. Depuis de longues années... Ca n’a pas changé. Je... Depuis toujours, peut-être. Je t’aime, comme ça. Ca a simplement fini par être une évidence. » Il tremble, un peu, sans oser croiser son regard de glace. Depuis des années. Depuis toujours. Il repense aux mots d’Antonin de la Rive. À ses suppositions scabreuses, aux regards supposément surpris à l’encontre de son meilleur ami. Est-ce ainsi, que tout a changé ? Un regard chargé d’amitié, puis d’un sentiment puissant, innommable, devenu évidence ? Réciproque ? « Et toi, tu m’aimes ? » Lionel ose lever la tête, lui aussi. Regarder Liam en face, sans bouger, sans ciller. L’aime-t-il ? Bien sûr, qu’il l’aime. Comme un ami. Comme un frère. Comme un sujet loyal, comme un conseiller avisé. Tu sais que ce n’est pas la question. Ce n’est pas cela. Sa bouche est sèche, son souffle court, son coeur comme un cheval poussé à toute allure. Il sent une ivresse étrange le prendre, semblable à celle qu’il a eu la première fois qu’il a volé avec Braise. Lionel se retourne tout à fait, faisant face au brun, à son visage qu’il a si souvent observé, détaillé, couvé d’un regard attentif, inquiet, rieur, fâché, outré, et pourtant toujours aimant. Sa main vient en caresser la barbe légère, piquante sous des doigts rendus calleux et rugueux par les années en mer, et l’ivresse se fait encore plus grande de ce geste qui lui semble encore plus interdit, intime, que tous ceux posés par Liam depuis qu’ils se sont retrouvés. L’ivresse devient impulsion, alors qu’il se penche et embrasse, hésitant, son compagnon, alors que se déchirent en lui deux sentiments aussi différents qu’ils sont forts. Faites qu’il se souvienne. Faites qu’il ne se souvienne pas. Faites qu’il se réveille. Faites qu’il ne se réveille pas. « Oui », se glissent les trois lettres dans les souffles en bataille, dans les mains qui s’agrippent, se cherchent, se chassent.
Faites que tout arrête.
Faites que tout continue.
Ô, Destin...

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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyDim 9 Avr 2017 - 0:28


Livre II, Chapitre 3 • La Roue Brisée
#9 ♦️ Lionel & Liam

Le Destin intervient

On m'a appelé ? J'arrive. :superman:




Rêve ou réalité ? Fantasme ou vérité ? Il est confus, Lionel de Rivepierre : est-il Capitaine des Chevaucheurs, est-il officier canonnier de l'Audacia ? Est-il le fiancé de Gabrielle de la Volte, est-il l'amant de Liam d'Outrevent ? Qui est-il vraiment ?
Il ne sait pas vraiment ; et tandis que les dernières barrières tombent, que les derniers remparts se brisent, il commence seulement à entrevoir celui qu'il est vraiment, sous les illusions et les faux-semblants.

Jamais le nom du Destin n'est invoqué en vain : tandis que lke baiser se prolonge et que les mains se cherchent, les brumes de la mémoire s'écartent également pour Liam.

Fils d'Outrevent, tu ne sais plus rien à présent de la Cour des Miracles ; te voilà redevenu le puissant duc couronné du duché de l'Honneur.
Comment vas-tu gérer cette situation si inhabituelle, après ta discussion fort sérieuse avec Lionel il y a quelques temps ?

Va, petit dragonnet : le Destin te tient au creux de ses mains, et visiblement Lionel également t'étreint fortement... :siwi:

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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyDim 9 Avr 2017 - 1:45

Il s’apaise, sous mon contact. Il ne cherche pas à se dérober, même s’il a l’air... Distant, ailleurs. Il n’est pas vraiment à l’instant, avec moi. J’ai cette crainte absurde qu’il me repousse, lui, car le silence s’étire suite à ma déclaration, pourtant si sincère, si véritable... Je reste dans l’expectative, à le fixer longuement. Je ne sais pas si ce sont des frissons que je recueille contre sa peau, ou des tremblements incontrôlés. Il a évité mon regard, tout du long, alors que je le cherche encore désespérément. J’ai envie de l’appeler, pour le forcer à le faire. Je me retiens de justesse. Je veux que ça vienne de lui, cette fois. Je veux l’entendre me le dire. J’en ai besoin, vraiment.

Je me refuse à le supplier du regard, pourtant, quand enfin, il me laisse l’occasion de croiser le sien. Et... L’instant est étrange. Il me rappelle vaguement les premiers gestes que nous avions eu l’un pour l’autre, des années auparavant. Ce même geste fébrile, hésitant, à venir caresser ma joue. Cette impulsion qui a tout précipité, et qui fait à nouveau battre mon cœur à toute vitesse. Je lui rends, avec un savant mélange de tendresse et de passion, à répondre avec bien plus d’assurance que cette touchante hésitation dont il fait preuve. Je me laisse porter par l’instant, par ses mains vigoureuses qui m’enlacent. Je me fais plus audacieux, à le renverser en arrière, cherchant à glisser les miennes sous son haut pour apprécier sa chaleur, son toucher... Les muscles qui roulent sous mes mains. Je ne quitte ses lèvres que pour mieux les retrouver, et l’instant, oui, me porte, m’emporte... M’appelle. Se dérobe.

Et l’esprit embrumé, avec cette impression étrange de m’éveiller... Les yeux subitement grands ouverts.
Je me crispe, soudainement, dans sa prise virile. Dans ses bras trop puissants pour que le doute soit permis. L’horreur me saisit presque instantanément, et le coup part sans prévenir, avec une force que je ne mesure même pas. J’entends un râle de douleur alors que la prise se desserre, et que je saisis l’occasion pour me dérober à ces attentions. Tout mon corps tremble, et une vague de dégoût me traverse, à sentir ce goût étranger sur mes lèvres.

Je ne comprends pas. Je ne comprends... Pas.
J’aperçois l’éclat d’argent, et me saisis aussitôt de ma lame, à me retourner vers l’imposteur. Et un sursaut de stupeur me prend, en reconnaissant... Lionel. Lionel ?! Comment... ? Impossible ! Je fais un pas précipité en arrière, peut-être trop, et bute contre quelque chose de... De laineux. Un mouton. Mon dos rencontre le mur, et je cherche à tâtons la poignée de la porte, en faisant au mieux abstraction, alors que mon souffle ne me revient pas, se fait difficile. J’ai l’impression de littéralement suffoquer sur place. Il faut... Il faut absolument que je sorte de là.

Je me précipite au dehors, manquant de chuter dans le couloir, alors que mes gestes se font trop brusques, trop saccadés. Mon regard s’attarde aux alentours, sans comprendre, à chercher un point de repère. Je prends l’escalier pour descendre au rez-de-chaussée, et la cacophonie de la taverne de la Rose me saisit aussitôt. Les rires, les chants, les cris. Ils trinquent, s’amusent... Alors que je déboule, dans la panique la plus totale. Certains regards se tournent vers moi. J’avance, fébrile. Ils s’enquièrent de mon état, me nomment à outrance... Liam. Second. Ombre. Je ne comprends rien à leur discours. Ma main reste crispée sur le fourreau de mon épée, me retenant de dégainer. Je suis à hauteur du bar en quelques pas, et avale cul sec le premier verre qui passe à ma portée, pour faire passer ce goût étrange et rebutant à mes lèvres. Des frissons désagréables me traversent, et l’envie de respirer, de prendre l’air, se fait impérieuse... Je délaisse  ces curieux pour me rendre au dehors sans tarder.

La porte de la taverne s’ouvre sur... Lorgol. Je lance un regard ébahi au port, à ces ruelles qui me paraissent subitement méconnues. Qu’est-ce que je fais ici ? Qu’est-ce qu’il s’est passé... ? Je suis... Dans un rêve ? Dans le passé ? Je m’adosse contre le mur de la taverne, le temps de reprendre mes esprits. En plein délire, oui. Je ne peux pas être... Là. Encore moins avec Lionel. Dans une chambre de la taverne de la... Rose !

Je prends d’avides goulées d’air, le temps de me calmer. Je sais... Ça ne peut être que ça. Un mage, de l’Automne. Il a dû agir sur mon esprit, ou sur celui de Lionel. Les deux, peut-être. Et Outrevent ? Que se passe-t-il là-bas, alors que nous sommes tous les deux ici ? Quelqu’un a dû cherché à nous écarter, par un envoûtement des plus pervers. Je songe immédiatement à Antonin. Je ne vois pas d’autres solutions. Tout cela est... Grotesque, parfaitement absurde. Et quelle est cette tenue, au juste ? Une tenue de parfait malfrat. Par Levor... Qu’est-ce qui est encore vrai, dans cette illusion retorse ?


Dernière édition par Liam d'Outrevent le Mar 11 Avr 2017 - 20:33, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyMar 11 Avr 2017 - 0:47

Le baiser est rendu, la passion cédant le pas à son hésitation, il se laisse emporter. Par ces mains chaudes qui le serrent, qui l’explorent, par ce corps qui le renverse contre les couvertures, par cette bouche qui se fait vorace et dont il veut encore plus. Il ne pensait pas avoir tant besoin de ce contact, de ces attentions, et lentement ses pensées s’égrènent, s’évaporent, pour revenir avec la même brusquerie que le coup qui l’atteint au visage, sans prévenir. Le coup lui fait échapper un râle de douleur, doux Levor, et il repousse sans comprendre l’homme au-dessus de lui. Lionel n’a pas le temps de réagir qu’une lame est pointée en sa direction. Sur le visage de Liam, plus rien de ces beaux sentiments, de la tendresse, de l’amour.
Que le dégoût. La colère. L’incompréhension.
Puis, la fuite.

Dans la chambre, il Il est désormais seul. Seul avec Harald, avec son seul souffle désordonné, ses seuls habits défaits et la seule douleur, qui se propage de son visage jusqu’à l’intérieur de son corps, comme une brûlure, comme si on écrasait son coeur.

Il éclate de rire.

Couché sur le lit, d’abord étendu, puis recroquevillé en position foetale, il rit. Rit jusqu’à en avoir mal aux côtes, jusqu’à ne plus avoir de souffle, jusqu’à sentir des larmes couler sur ses joues, jusqu’à ce qu’il soit épuisé. Jusqu’à ce qu’il ne sache plus si ses sanglots en sont de rire, ou de tristesse. Lionel porte la main à son visage et tâte l’endroit frappé. En plus de sa bosse au crâne, il va donc cumuler une ecchymose à la pommette gauche. Bien. Il aura l’air d’un vrai pirate, il suppose. Sur son poignet, il remarque un tatouage, qu’il caresse du bout des doigts. Deux L, enlacés. Livien et Lisbeth, ceux aimés et perdus. Liam et Lionel, ceux qui s’aiment et toujours se retrouvent. Il n’a pas besoin de savoir : il sait déjà. Tu devrais tout de même aller le chercher… Je ne sais pas. Il n’a pas envie d’affronter le regard de son plus cher ami. Lui si brave, si courageux, si fier… si effrayé, également. Il n’aurait pas dû céder à cette illusion, écouter ce que lui dictait son instinct. Va le chercher, s’il te plaît. S’il Harald pouvait soupirer, il le ferait certainement. Le mouton sort tout de même de la chambre, pour aller à la rencontre du duc d’Outrevent. Il ne met pas très longtemps à le retrouver - il est tout juste devant la Taverne - et à se planter devant lui, fixant sur lui ses prunelles horizontales, alors que le vent chaud secoue les boucles de son dos. Il ne l’a toujours vu que de loin, cet homme, alors qu’il était bouc et bien heureux dans les larges pâturages de Rivepierre, mais il y a longtemps qu’il sait ce qu’il en est vraiment. Qu’il sait que Lionel se ment à lui-même et que peu importe les sous-entendus, les taquineries et les remarques, les siennes ou celles d’un Braise qui a également tout compris, ils ne pourront rien y changer. Pas avant qu’il le décide. Si de cette illusion, il pouvait au moins retenir cela... N’aies pas peur, Liam. Reviens, nous pouvons t’expliquer ce que nous savons, et peut-être pourras-tu nous aider à comprendre ce qui se passe. Nous sommes tous trois dans la même impasse.

Dans la chambre, le Chevaucheur s’est relevé, a rajusté sa chemise, a rattaché sabre et dagues à sa taille. De son visage, il a chassé les larmes, bien que ses yeux restent rouges, et il s’attarde plutôt à fouiller cette chambre qui serait la leur. À la recherche de documents, de preuves, de journaux, de quoi que ce soit, pouvant attester de cette réalité, ou de ce mensonge. Il a bu d’une traite les deux verres de whisky.

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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyMar 11 Avr 2017 - 22:29

Respire...
Je ferme les yeux, dans l’espoir fou que, quand je les rouvrirais, tout ceci ne sera plus qu’un mauvais rêve. Mais l’illusion persiste, même paupières closes... L’agitation du port et cette odeur iodée ne me détrompent pas. Mes tremblements ne se tarissent pas, et dans un geste de folie pure, je sors à moitié la lame du fourreau pour passer ma main dessus. Réveille-toi ! Je me crispe et retiens une expression de douleur pure, tandis que le sang coule sur la lame et le long de mon bras. Réveille-toi ! Je relâche la pression et rouvre les yeux sur ma main tremblante et mutilée. Non... Non. Je suis toujours là, à Lorgol, et les mêmes visages me détaillent quand mon regard polaire se braque sur eux.

Respire...
Je cherche, parmi eux, un visage connu. N’importe qui... Ami ou ennemi. J’ai besoin de me rattacher à quelque chose de tangible, de vrai. Et je la vois finalement, elle. Cette même chevelure, cette robe typiquement lagrane, cette démarche de Compagne qui ne détrompe pas... Je m’avance en quelques pas rapides vers elle, prêt à dégainer, une main à son épaule pour la forcer à se retourner. Je reste figé, quand le regard que je croise n’a rien de ces pupilles bleu d’acier, et qu’elle semble... Apeurée. Je la vois reculer de quelques pas, puis détaler avec un air préoccupé. Je ne réagis même pas. Un fantôme, rien de plus. Je ne comprends pas, tout ce qui m’entoure n’a rien de réel, et mon esprit tente certainement de reconstruire un ensemble cohérent... Mais rien ne l’est. Je délire totalement. Je dois avoir un regard dément, ainsi sur la brèche, pour qu’elle s’enfuit aussitôt. Un regard de meurtrier.

Respire...
J’entends des sabots claquer sur les dalles. Je ne m’en préoccupe pas avant que cette pensée mentale ne me percute. Je sursaute, pris de court par cet indésirable. Un bélier. Ce bélier. Je me souviens l’avoir vu, dans cette chambre, à nous observer, Lionel et moi... Mais Lionel n’a pas de Familier. Serait-ce celui de l’Illusionniste qui m’inflige pareil tourment ? J’ai l’impression d’en desceller d’autres, dans ses paroles. « Nous... ? Qui est ton mage ? » Ce n’est pas très moral, mais il me faut en avoir le cœur net. Je ne croirais rien des mensonges qu’il pourrait me souffler pour assoupir ma conscience. C’est peut-être ma seule chance de rompre le maléfice qui pèse sur nos consciences... Je l’attrape par la nuque, sans crier gare.

Respire...
Rien ne se passe. Rien du tout. L’illusion est toujours présente, et pas un mage ne semble accuser le contrecoup, ni à l’extérieur, ni à l’intérieur de ce que j’en juge par les vitres de la taverne. Je relâche la pression sur le bélier et le libère, en poussant un juron bien senti. J’ai cru que c’était ma porte de sortie. J’ai vraiment cru... Que tout allait revenir à la normale. La nausée me prend, et il me faut me rattraper au mur pour ne pas risquer de chuter. Reviens. Comme si c’était facile. Je ne sais même pas si celui qui me faisait face était réellement mon ami, Lionel. Je ne comprends pas ce qu’il s’est passé à l’étage... Je ne veux pas comprendre. Ce ne peut pas être lui, pas être moi, pas être... Nous.

Respire...

Je ne sais où je puise le courage de faire demi-tour. De revenir sur mes pas. De traverser cette taverne en sens inverse sous les regards ébahis ou méfiants. De remonter ces mêmes escaliers. De franchir le seuil de cette chambre à l’unique lit. Ce n’est pas du courage, non, mais de la folie pure. Il est des vérités que l’on ne préfère jamais savoir. Mais, au fond, je sais ce qui me guide à nouveau vers lui. Qu’il soit réalité ou illusion, il est mon seul point de repère dans ce cauchemar qui n’en finit plus. Où irais-je, sans lui ? Mais à repousser le battant, à croiser à nouveau son regard... Je sens une peur irrationnelle monter immédiatement.

Respire...
Mon regard s’attarde sur le lit où on se trouvait, puis sur son visage, sa pommette, ces yeux rougis. C’est un ouragan d’émotions contradictoires qui menacent de me faire chanceler. La trahison. La culpabilité. La détresse. La gêne. L’incompréhension... La nécessité. « Lionel... » Ma voix est rauque, mon souffle toujours aussi difficile. Je déglutis, pour reprendre contenance, en vain. « Tu te souviens, la dernière fois que nous sommes allés à Rivepierre... Je t’ai dit que j’avais confiance en toi. Que t’ai-je dit ensuite ? »

Respire...
Serais-je capable de pourfendre cette illusion des plus cruelles, s’il ne peut répondre ?
Serais-je capable de nous pardonner, s’il me prouve bien qu’il est... Lui-même ?

La vérité est qu’il n’existe aucune issue.
Quelque chose va se briser.
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« Nous... ? Qui est ton mage ? »
Il n’est pas très malin, ce Liam.

Harald ne répond pas, mais son regard se fait blasé. De qui d’autre peut-il être le mage, si ce n’est de Lionel ? Ils étaient tous trois dans la même chambre, il y a à peine quelques minutes, il n’a tout de même pas -
Non !
Il n’a pas le temps, ni le réflexe, de reculer, alors que l’homme l’agrippe avec force par la nuque, l’immobilisant de sa poigne. Le mouton tremble sur ses pattes et probablement que si ce n’était de Liam, il ne tiendrait plus debout - à l’image de son mage, dont les jambes se dérobent sous lui. Qui s’écrase sur le plancher, les mains crispées sur la poitrine. Ce n’est pas là, pourtant, qu’il a mal, si tant est que ce qu’il ressent est de la douleur. Son esprit louvoie, tâtonne, sans trouver ce fil qui le retient à cette autre partie de son âme et de sa magie, sans être capable de se rattraper à quoi que ce soit, et ce souffle qui lui manque revient aussi soudainement qu’il a disparu.

Il a le temps de se remettre sur pied, lorsque son meilleur ami entre dans la chambre, précédé par Harald. Celui-ci vient aussitôt se coller contre ses jambes, avec quelques bêlements confus. Mage et Familier blessés, touchés au coeur de leur âme, d’une main certes amie et qui pourtant a été ennemie, le temps de ces trop longues secondes. Un ami que Lionel n’ose toujours pas regarder en face, tant il craint d’y lire à nouveau ce qu’il y a déjà vu. « Lionel... » Il doit lever la tête. Lever les yeux. Il doit répondre. Il n’ose pas encore regarder autre chose que sa main blessée, maculée de sang. « Tu te souviens, la dernière fois que nous sommes allés à Rivepierre... Je t’ai dit que j’avais confiance en toi. Que t’ai-je dit ensuite ? » Un petit hochement de tête. Il entend ces mots comme s’ils avaient été prononcés hier, dans le calme de la nuit outreventoise, avec pour seul témoin un petit prince endormi. Il ressent encore la chaleur du feu et celle de cette amitié, toujours renouvelée, assurée, rassurée. Ses yeux qui, enfin, reviennent aux siens, et n’y trouvent que les mêmes sentiments que dans les siens. L’incompréhension. Le désarmement. « Que rien ne pourra changer ce fait », qu’il souffle.

Comment a-t-il osé douter de l’être qui compte le plus pour lui ?

Le Chevaucheur met son visage dans sa main, comme pour contenir le mal de tête qui commence à le tenailler. Pas seulement imputable au combo canon et coup dans la gueule, ni même aux larmes qu’il a réussi à sécher, bien qu’elles menacent une nouvelle fois de couler. « Je ne sais pas ce qui se passe, Liam. Rien de tout cela n’est… n’est normal, n’est vrai, mais je… je ne sais pas comment en sortir, si c’est une illusion, ni ce qui la crée. Si sa voix était calme, celle-ci devient plus étranglée, à l’évocation de cette impuissance à agir, à changer quoi que ce soit. Son autre main serre le bord de la table, s’y retient. Je suis apparemment un pirate, maintenant, canonnier de l’Audacia, et le capitaine, c’est, ah !, c’est le capitaine l’Îlien, et toi, tu, je ne sais pas ce que tu es, mais je sais que tu n’es pas duc, et que nous, nous… Nous. Ce simple mot est déjà de trop. Nous je ne sais pas, Liam. Je ne sais pas, tu étais… tellement... » Semblable et différent. Ami et amoureux, amant. Prince déchu, prince des ombres.

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J’ouvre de grands yeux, interloqué. Ce mouton vient de... Il se presse contre les jambes de Lionel comme si c’était... Impossible. Un mouton. « C’est ton... Familier ? C’est... » Les mots me manquent. Mes pensées se percutent, encore. Je suis soudainement pris d’horreur, à songer à ce geste interdit que je me suis permis envers ce Familier devant les portes de la Rose. Le Familier de Lionel. « Je ne savais pas. Depuis quand... Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? » Je l’ai saisi, à pleines mains, à la nuque. Je ne suis pas mage pour comprendre ce qu’ils peuvent endurer, quand on agit ainsi, mais bien assez de Faë pour l'imaginer. « Je ne me le serais jamais permis, si j’avais su... Que c’était le tien. J’espérais sortir de cette illusion. » C’était idiot, oui. Je ne prends pas souvent la peine de m’excuser ou de reconnaître mes erreurs, et ce mauvais jugement m’agace fortement. Je supporte mal de rester dans l’incompréhension la plus totale, de ne pas savoir ce qu’il se passe...

Et cette détresse me saisit à la gorge, jumelle de celle que je crois entrevoir dans l’iris plus foncé qui me fait enfin face. Je l’entends souffler ces mots, qui m’étourdissent. Je m’appuie au meuble derrière moi, fébrile. Non, rien ne pourra changer ce fait. C’est Lionel, qui me fait face. C’est bien lui. Mon frère, mon ami. Je ne suis plus seul, dans cette illusion qui n’en finit plus. Et en même temps que cette vague de soulagement me traverse, une autre vient en sens contraire. Un frisson de dégoût, qui me fait trembler. J’aurais peut-être préféré qu’il ne soit pas réel, pour me débarrasser de ce sentiment-là, pour le reléguer au fin fond de mon esprit et ne plus jamais avoir à songer à ce qui vient de se produire, à ce que je refuse d’accepter... Ce que nous venons de faire, peut-être à notre insu, mais qui ne peut plus être changé. J’aurais voulu qu’il oublie. Pourquoi tient-il à en parler ?

Je ne comprends pas un mot de ce qu’il essaie de me dire. Pirate, canonnier de l’Audacia. Lui ?
Et moi... Je ne serais pas Duc ? Impossible.

Je me retourne, pour ne plus avoir à affronter ce regard. Je fouille en toute hâte chaque tiroir, chaque étagère de cette chambre qui devrait m’être familière, mais ne l’est nullement. Je retourne chaque papier, chaque vêtement... A la quête d’une information pour me détromper. Je tombe sur une quantité d’argent assez impressionnante, à croire que je suis loin d’être dépourvu dans cette vie aussi. Les vêtements comprennent tous des tenues souples et discrètes, aux multiples poches dissimulées. Des fioles, des dagues... Et les tiroirs rengorgent de papiers. Quantité de correspondances, adressées au Second des Ombres, Liam. Seulement Liam. Des lettres, aussi, plus personnelles... D’un amant esseulé, qui témoigne d’un amour sincère, pour ce pirate qui sillonne les mers.

Je les déchire, en contenant un cri de rage. J’arrache les tiroirs de leurs emplacements, et les feuillets volent dans toute la pièce, tandis que je fais place nette, dans une colère rare et flamboyante, sur cette existence qui ne me dit rien, que je ne reconnais pas comme étant la mienne. Les preuves sont nombreuses, accablantes, et l’illusion paraît bien trop réelle... Je me sens pris au piège, et me demande si mon père avait la même sensation, quand il m’a forcé à cet exil que je ne semble pas avoir quitté. Je finis par me laisser retomber sur le lit, tremblant mais épuisé par mon propre déchaînement. Je prends ma tête entre mes mains, dont l'une meurtrie laisse son sillage sanglant, tentant vainement d’ordonner mes pensées. « Tout cela n’a aucun sens... Aucun... » Je chuchote à peine, la gorge serrée, le souffle encore trop difficile. « Qu’est-ce qui est encore réel, dis-moi ? » Je relève lentement la tête, pour chercher le regard de mon meilleur ami, ou celui qui l’était. Je me sens dans une impasse, et lui... C’est encore le seul qui paraît assez réel, le seul à qui je pourrais encore me raccrocher. Mon seul point de repère, dans cette réalité qui se dérobe sous mes pieds.

Et la seule chose, aussi, que j’aurais préféré qui ne soit pas réelle.
J’étais tellement... Quoi ? Ce nous n’a pas lieu d’être, pas comme ça.

« Ce n’était pas moi, Lionel. Je ne... Je ne me souviens de rien, rien de ça, hormis m’être réveillé dans... Dans... » Dans tes bras. Le mot s’étrangle, et refuse d’être prononcé. Un nouveau frisson me traverse, et mon regard reste fixe sur ces lettres échangées. Lui aussi me croyait Duc d’Outrevent. Lui aussi, se souvient de cet épisode de notre passé, pas si lointain, à Rivepierre. Si c'est un songe, alors nous avions rêvé à deux. « Ils ont tout effacé. C’est comme si rien de tout cela n’avait jamais existé, comme si... » Comme si la réalité, elle était là, dans ces correspondances déchirées et malmenées, dans ce que je refuse d’admettre. Et les tremblements se font incontrôlables, le regard horrifié. « Je deviens comme mon père. »

Est-ce un rêve, ou la réalité ?
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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyJeu 20 Avr 2017 - 16:29

La chaleur de l’animal, contre ses jambes, est rassurante. « C’est ton... Familier ? C’est... » Il ne répond pas. Il ne veut pas répondre. Il a honte, soudainement, de ne jamais lui avoir parlé d’Harald. Honte de lui avoir caché ça, parmi toutes les choses du monde. Honte d’avoir pensé que cela pourrait mener Liam à des conclusions hâtives, douteuses, alors qu’il a toujours eu foi en lui. Oh, Levor, comme ton serviteur s’en veut, d’avoir douté de toi et d’un de tes enfants ! Le plus digne, s’il en est. « Je ne savais pas. Depuis quand... Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? C’est compliqué », murmure Lionel, qui du bout des doigts, caresse la laine bouclée, rase, différente de ce long lainage blanc, roux et gris dont il a l’habitude. Il ne sait même pas à quel point c’est compliqué. « Je ne me le serais jamais permis, si j’avais su... Que c’était le tien. J’espérais sortir de cette illusion. Je comprends. » Ça ne se fait tout de même pas, rouspète le mouton, sans partager sa pensée au duc d’Outrevent. Certes, ça ne se fait pas, mais dans la panique de l’instant… peut-être aurait-il fait la même chose.
Il n’en sait rien. Tout ce qu’il sait, c’est que dans l’incompréhension de l’instant, il a embrassé son meilleur ami. Par, par Mirta, il a aimé ça, il en voulait plus. De cette perversion infâme, interdite. S’il était, s’il était en Outrevent, il, il irait en prison. Tu n’es pas en Outrevent.

Il ne sait même pas où il est vraiment, à cet instant.

Liam cherche et trouve tout ce que lui-même a déjà trouvé. Des vêtements et des armes, de l’argent et des missives, toutes expédiées à des hommes qu’ils ne sont pas. Une chambre et des effets personnels dans lesquels il ne se reconnaît pas. Lui pirate. Lui criminel. Lui en couple avec un autre homme. Les lettres se déchirent, les tiroirs volent, feuillets et dagues, fioles, vêtements, pleuvant autour d’eux, comme autant de curieuses gouttes de pluie et d’oiseaux particuliers. Le fragment d’une missive atterrit à ses pieds. Son encre délavée un peu par les embruns. Mon cher Liam, cela ne fait que quelques jours à peine que je t’ai quitté, au quai de Lorgol, et déjà tu me manques. Il reconnaît sa main, son écriture, ses lettres bien formées d’homme éduqué, et brusquement, le fin papier flambe, jusqu’à ne laisser que quelques cendres au sol. « Tout cela n’a aucun sens... Aucun… Qu’est-ce qui est encore réel, dis-moi ? » Le noir contre le bleu, encore. Il ne sait pas que répondre et il laisse donc le silence s’étirer, lourd, presque sirupeux. Son regard dérive sur le sang qui macule le visage de Liam, puis, brièvement, sur sa main blessée. Dans les objets à terre, le Chevaucheur attrape un linge qui lui semble propre, puis une gourde qu’il ouvre et renifle. De l’eau, mêlée de rhum. Ça fera l’affaire.

« Ce n’était pas moi, Lionel. Je ne... Je ne me souviens de rien, rien de ça, hormis m’être réveillé dans... Dans... » Il prend place à côté de lui, sur le lit, mais n’ose pas prendre sa main. Il le ferait, habituellement. Prendrait sa main d’autorité pour la nettoyer, la panser, comme il le ferait avec un enfant peu précautionneux, incapable de ne pas se blesser avec ses jouets. Le ferait comme un ami avec un autre, soucieux. Là, il ne peut pas. « Ils ont tout effacé. C’est comme si rien de tout cela n’avait jamais existé, comme si.. Je deviens comme mon père. Non. » Une main sur son épaule. Catégorique. Sa paume semble brûler, tout son corps est tendu dans ce geste si anodin, mais il ne la retire pas. « Je sais que… que nous ne sommes pas les seuls. Rackham… Rackham aussi, se souvient, et… et peut-être Grâce Martel. » Il l’a vue, sur le pont de l’Audacia, enceinte jusqu’aux yeux, avec ses longues tresses blondes et un air effrayé qui sied si mal à la guerrière féroce qu’il a rencontré sur le sable de l’arène d’Hacheclair. Elle peut uniquement se rappeler, comme Rackham et lui, mais il n’a pas osé lui demander. Pas osé, alors qu’il craignait peut-être l’avoir tuée, lors de l’attaque d’Erebor. Pas osé, alors qu’il ne savait pas à ce moment ce qui était vrai, ou faux. « Nous ne sommes pas les seuls. Il doit y avoir… d’autres réponses, à Lorgol. » Lorgol, la Ville Libre. La Ville aux mille possibilités, aux mille futurs, aux mille réponses. C’est ici et nulle part ailleurs, Lionel en a l’étrange conviction, qu’ils sauront trouver… quelque chose. « Je crois que nous sommes en sécurité, ici. Préfères-tu que… que nous partions ? » Lui, peut-être, préférerait partir. Ce dont il a besoin, c’est de Braise. C’est de voler, c’est de sentir le vent sur son visage, c’est d’être si haut qu’il sent que ses poumons vont exploser, que sa vue devient comme un arc-en-ciel, c’est de partir. Braise, où es-tu ? Il n’y a rien, encore.

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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptySam 22 Avr 2017 - 12:17

C’est compliqué. C’est la réponse habituelle de Lionel, quand il n’a pas la moindre idée de ce qu’il vaut mieux dire. J’hoche la tête, lentement, avec ce sourire teinté de tristesse. Il ne cherche pas à s’en expliquer, et à le voir ainsi caresser sa laine, après avoir fait confiance à ce mouton pour me chercher à sa place... J’ai l’impression qu’ils se connaissent, que ce lien n’est pas tout récent. Me fait-il encore confiance, lui, en retour ? Peut-être pas. Je n’ai pas la moindre idée de ce que j’ai pu faire, ou dire, avant que ma conscience propre ne reprenne le dessus. Il s’est réveillé, tout comme moi, tout aussi désemparé... Mais s’il me parle de son Capitaine, cela datait d’avant. Il a eu le temps de me retrouver, d’entrer en contact avec ce Liam, qui n’est pas moi. On dirait que celui-ci n’a pas remis les pieds en Outrevent depuis son bannissement, qu’il a refait sa vie à Lorgol. C’est certainement ce que l’on cherchait à me faire croire. C’est quelque chose qui aurait pu se produire, oui, si Lionel ne m’avait pas rappelé à ma vie passée. Et il est encore là, cette fois, il semblait m’avoir retenu ici même, dans la cité aux mille tours.

Dans ses bras. Contre lui.
L’image s’impose à moi, et je ferme les yeux. Je voudrais réduire cette vie à néant, celle-là même que ces lettres retracent, comme autant de preuves irrévocables ce que nous avons commis. J’ai peur, aussi, et comme jamais auparavant. Tous mes acquis, balayés... Il ne me reste plus que mes souvenirs, qui me paraissent authentiques, mais qui ne correspondent pas à cette réalité. J’aurais cru devenir fou, être dans le faux, si Lionel ne faisait pas écho à mes propres pensées. Seulement... J’aurais préféré qu’il ne sache pas, finalement. J’aurais préféré lui retirer toutes ces images fausses de l’esprit, parce que ce n’était pas moi. Je leur en veux, profondément, d’avoir altéré ce lien si sincère et véritable qui nous liait depuis l’enfance. Je leur en veux, de l’avoir changé en autre chose, quelque chose qui ne devrait pas être, entre deux amis d’enfance, entre deux hommes.

Je voudrais le repousser, lui dire de partir... Mais j’ai tellement besoin de lui, de sa présence, pour ne pas sombrer. Je le sens se rapprocher, s’asseoir à côté de moi. La tension s’accroît, mais ses paroles et son geste sûr, catégorique, mettent fin au cours de mes pensées qui s’affole. Je le fixe, un temps, à me demander s’il va enfin se décider à me parler. Il n’a finalement pas besoin de dire grand-chose, pour que l’espoir renaisse, comme un rayon de lumière filtre à travers la nappe nuageuse. « Nous ne sommes pas les seuls ? » Je souffle, les yeux écarquillés. Alors ce n’est pas nous, qui devenons fous, mais ce monde... Et si c’est une illusion, nous ne sommes pas les seuls à la subir. Ce n’est pas dirigé contre Outrevent, cette fois, mais bien plus vaste encore. Ce devrait me paraître bien plus terrifiant, mais bien au contraire, cela m’apaise... Car les choses commencent à reprendre un peu de sens, car une voie se dessine dans ce brouillard qui n’en finissait plus.

J’abaisse lentement ma main meurtrie, paume ouverte vers Lionel. La lame a profondément cisaillé la chair, dans mon désespoir, incapable de me réveiller de ce cauchemar... Mais les tremblements ont cessé. Je croise son regard, et le quitte presque aussitôt. « Tu veux m’en parler ? De ce qu’il s’est passé, depuis ta propre prise de conscience... » Je voudrais qu’il le fasse. Je préfère qu’il ne le fasse pas. Ces lettres m’en donnent un bref aperçu, et rien que de songer qu’il serait conscient, dans ce lit, peu de temps auparavant... Cette proximité me dérange, mais je crains que si je ne marque à nouveau de la distance avec lui, je le perde à jamais.

Je craindrais pour sa vie, s’il décidait de partir sans moi, dans les rues de cette Lorgol au visage changé, si similaire et pourtant si différent de celle que j’ai connu. Mais ce nous encore, semble avoir lieu. Je réfléchis à nouveau à toute vitesse, l’esprit moins parasité par cette absence de cohérence. Il y en a une, forcément. « Il faut trouver les responsables, pour que tout revienne à la normale. Il semblerait que je sois Second des Ombres, dans cette illusion. Il est temps de tester les limites de ce propre enchantement, et voir si la Cour des Miracles me reconnaît comme l’un des leurs. Si c’est le cas, nous devrions trouver nombre d’informations sur ce qui se passe ici, et savoir un peu mieux la meilleure façon d’agir. Qu’en penses-tu ? » Je marque un silence, à relever la tête pour le fixer à nouveau. J’hésite à poser cette question. « Tu veux retrouver ton ancienne vie ? »
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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyLun 24 Avr 2017 - 2:30

Ils ne sont pas seuls, non. Le dire a eu autant d’effet sur lui que sur Liam, le calmant et le rassurant tout à la fois. Ils ne sont pas seuls, dans ce monde étrange qui marche sur la tête, dans cet univers où le Destin leur joue de bien sombres tours. Il relâche l’épaule de son ami, dès qu’il ne le sent plus trembler, frémir, et pose ses yeux sur la main qu’il lui tend. La paume ouverte, offerte. Il la prend, la dépose sur ses genoux, les yeux fixés sur le sang encore frais. D’un morceau du linge déchiré et trempé dans le mélange d’alcool et d’eau, il nettoie précautionneusement la plaie, de gestes souvent répétés. Tranchée nette, par une lame parfaitement affûtée. « Tu veux m’en parler ? De ce qu’il s’est passé, depuis ta propre prise de conscience... » Il secoue la tête, doucement, captant à peine, du coin de l’oeil, le regard clair de son meilleur ami. il ne veut pas en parler. Il a le sentiment que s’il verbalise tout ce qui s’est passé… tout deviendra plus vrai encore. Que Braise ne sera réellement plus là et que les quinze années de leur lien partagé ne seront plus que poussière. Ou tout s’échappera définitivement, le laissant seul avec sa propre haine de lui-même. Liam n’avait pas conscience de ce qu’il faisait. Pas le bon Liam. Lui, oui. Il a voulu. Il a cherché. Il n’a pas cherché ce premier baiser envahissant, ces mains baladeuses, mais par la suite… il ne doit pas y penser. Il ne doit plus y penser.

Il chasse tout cela de son esprit tourmenté et autour de la blessure, il enroule et noue un bandage propre, arraché au même morceau de tissu. Lionel voudrait assortir le tout d’une blague inoffensive, d’un petit et maintenant on fait attention avec les couteaux coupants, mais il n’a même pas le coeur à cela. « Il faut trouver les responsables, pour que tout revienne à la normale. Il semblerait que je sois Second des Ombres, dans cette illusion. Il est temps de tester les limites de ce propre enchantement, et voir si la Cour des Miracles me reconnaît comme l’un des leurs. Si c’est le cas, nous devrions trouver nombre d’informations sur ce qui se passe ici, et savoir un peu mieux la meilleure façon d’agir. Qu’en penses-tu ? » Il pense qu’ils ne perdent rien à essayer de savoir ce qui se passe, à passer par les nouveaux contacts de Liam afin d’obtenir quelques réponses. « Tu veux retrouver ton ancienne vie ? Il n’hésite pas, avant de répondre, relevant enfin ses yeux de ses genoux, du sol, de la main de Liam. Oui. »
Une vie imparfaite, certes, une vie comportant son lot de malheurs et de tragédies, mais meilleure que celle-là, où il ne pourrait plus jamais vivre en paix. Il a sans doute été heureux, mais plus maintenant, et il se demande si tout peut redevenir comme avant.

Le Chevaucheur ressent le besoin de s’occuper et il se relève du lit, marchant quelques pas. Harald vient se coucher aux pieds du duc d’Outrevent, posant quelques secondes son regard sur lui avant de reposer sa tête sur ses pattes. Rester à ne rien faire n’a jamais été dans son habitude et l’inactivité amène les pensées négatives, nocives. Comme à la mort de Livien, où il s’est plongé plus encore dans le travail, dans la gestion de ses terres, dans le vol, comme si ne jamais s’arrêter pouvait anesthésier ses sentiments. « Je demanderai aux pirates s’ils savent quelque chose… Rackham ne risque pas de reprendre la mer immédiatement, donc j’irai fouiller dans mes affaires, sur l’Audacia. Pour cette nuit, on alternera la garde. Je laisserai Harald en ta compagnie, il pourra me prévenir si quelque chose advient. J’ai l’air d’une alarme magique, peut-être ? Ne sois pas de mauvaise foi, toi, qu’il le réprimande, alors que la voix un peu ironique du mouton a résonné dans son esprit autant que dans celui de son ami. À moins que tu préfères vraiment tes boucles à tes cornes. Argument de taille. Ça te convient ? » La question est pour Liam. Il est prêt à partir sur l’Audacia, afin de fouiller l’endroit de fond en combles pour y trouver réponse à ses questions.

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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyMar 25 Avr 2017 - 1:57


Livre II, Chapitre 3 • La Roue Brisée
#9 ♦️ Lionel & Géralt

Le Destin intervient

I SHIP YOU SO HARD IT HURTS ! :fan:




Ils se sont séparés, le pirate tonnant la sauvagerie de l’océan de tous ses canons, et le prince renié couronné sur les pavés des Miracles. S’ils avaient su ce qui se tramait, l’auraient-ils fait ? Au soir du 30, tandis que Lionel est remonté à bord de l’Audacia pour tâcher de comprendre ce qui lui arrive, il est soudain alerté par leur petit mousse qui escalade la planche à toutes jambes. « Lionel, les Voleurs – ils viennent te chercher ! Pour te tuer ! »

D’un souffle entrecoupé, le petit raconte – comment le Second des Ombres, Liam en personne, s’est fait refouler à l’entrée de la Cour des Miracles qui ne l’a pas reconnu comme sien. Comment les Voleurs en ont conclu qu’il avait trahi son serment, abjuré son allégeance et renié Isil – comment ils l’ont tué, à cent contre un, répandant dans les canaux son sang si noble. Et surtout, comment ils en ont tenu Lionel pour responsable, coupable de l’avoir détourné de ses devoirs sacrés. Et comment ils ont déclaré la guerre contre sa personne, lui, Lionel, l’Outreventois sacrilège… !

C’est beaucoup d’informations à assimiler – le prix sur sa tête, la foule en rage prête à débarquer d’un moment à l’autre – Liam massacré, son corps sans vie démembré, Liam mort, par Levor – et c’est de l’équipage que vient le salut. « Reste pas là ! Faut te sauver, viens avec moi ! » C’est Géralt qui a parlé – sincèrement préoccupé pour celui qu’il pense être un ami de longue date, il l’entraîne à sa suite, remontant les ruelles à toutes jambes.

Il ne faut pas rester dans l’enceinte de la ville…




[CONSIGNE ♦️ Le Destin tient à vous dire qu'il vous aime. :sisi: Même si c'est pas évident. Et il précise aussi que Liam a été consulté avant rédaction. J'ai le contrat, là, signé avec son sang, où il m’autorise à faire de lui CE QUE JE VEUX. :vv:
Liam : Liselotte a pris ombrage de l'évocation du Second des Ombres par Mélodie, les a pensés complices, et n'a pas cherché plus loin. Mauvaise nouvelle : tu es mort ! Bonne nouvelle : tu es devenu un fantôme courroucé ! Rends-toi par ici pour enquiquiner le Fils des Ombres.
Géralt : Bienvenue dans l'intrigue ! Pour le moment, tu n'as pas retrouvé tes souvenirs et penses donc que la trame alternative est normale.
Lionel : Tu l'aimes quand même, ton Destin, hein ? :*_*: ]


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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyJeu 27 Avr 2017 - 2:26

Vous étiez enfin de retour à Lorgol.
Certes, il ne s'agissait pas de la ville la plus accueillante, de l'endroit le plus sûr, mais c'était chez toi malgré tout. Tu avais grandi en foulant ses pavés, en délestant ses passants de leurs biens, en servant des verres à ses habitants. Ta mère s'y trouvait et c'était l'unique lieu qui pouvait prétendre détenir tes racines. L'Audacia, elle, rassemblait tout cela : tu t'y sentais chez toi et tu considérais son équipage comme ta propre famille. Cela compensait largement le fait que ta ville s'apparentait plus souvent à un coupe-gorge qu'à un havre de paix – inutile de préciser que tu adressais tes prières au Destin tous les soirs pour qu'il veille sur ta mère.

Cependant, aujourd'hui, jour de retour, signifiait visite à cette dernière. Tu avais hâte de la serrer dans tes bras et de pouvoir vous rendre aux échoppes afin d'acheter nourriture et matériel manquant. Votre mère se contentait de peu pour vivre mais la misère ne l'épargnait pas, comme tant d'autres. C'était l'une des premières choses que vous faisiez, ta sœur et toi, quand vous la retrouviez, et vous teniez à ce rituel. Elle vous avait élevés en s'éreintant ; la soutenir, autant que possible, était la moindre des choses que vous puissiez faire en retour, maintenant qu'elle était seule, ses trois enfants voguant sur les flots la majeure partie de l'année.

L'aînée, Clémence, était toujours en mer, de ce que tu avais entendu sur les quais. Capucine et toi vous rendîtes donc sans attendre à l'une des petites maisons qui bordaient les canaux, là où vous aviez grandi et étiez devenus les personnes que vous étiez aujourd'hui. Comme à l'accoutumée, les retrouvailles furent émouvantes et perdurèrent jusqu'à ce que l'aspect pratique du quotidien soit abordé. Cela entraîna votre départ pour différentes échoppes et quelques heures de flânerie devant les divers étalages qu'offrait la Ville Basse.  

Puis vint l'heure de vous séparer pour la nuit. Tu laissas Capucine qui avait pour habitude de loger avec votre mère durant vos séjours à terre. Toi, tu préférais passer tes nuits sur la vivenef. Après tant de temps à fouler le bois de Rhéa, tu n'étais plus aussi à l'aise à terre que sur l'eau. Le roulis t'était presque devenu indispensable pour espérer passer des nuits sereines. Tu retournerais les voir dès le lendemain, dans tous les cas.

En attendant, tu marquas un arrêt devant une échoppe vendant de la nourriture prétendument des différents duchés d'Arven. Tu débattis un instant avec toi-même : une taverne avec son repas copieux, son alcool à foison et sûrement la promesse d'une nuit en charmante compagnie ou un repas plus léger, en compagnie de ton hamac et d'un fond de whisky, sur un bateau en grande partie déserté ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, tu penchas pour la deuxième option, aspirant à une intimité inexistante durant les mois en mer.

Tes spécialités emballées à l'abri dans ton sac, tu regagnas la vivenef à pas tranquille, escaladant la planche en sifflotant. Quelle ne fut pas ta surprise de croiser Lionel émergeant tout juste sur le pont. Tu fronças les sourcils et allas à sa rencontre, un sourire plein d'affection naissant sur tes lèvres. « Eh bien, si on m'avait dit que je te croiserais ici le soir de not' arrivée à Lorgol, je l'aurais pas cru. » Tu notas dans un coin de ta tête que ton ami de longue date n'avait pas l'air aussi enjoué que la veille, où il t'avait confié la hâte, la fébrilité qu'il ressentait à l'idée de retrouver son amant. Tu enchaînas malgré tout. « C'est étonnant que Liam t'ait déjà laissé quitter votre couche. » Tu haussas un sourcil surpris. Certes, tu trouvais là le moyen de taquiner Lionel avec plus de subtilité que d'ordinaire, mais ton étonnement n'était pas feint.

Votre conversation fut pourtant bien vite interrompue par l'arrivée fracassante du mousse. A ses mots, toute couleur quitta ton visage et le plus jeune eut ton entière attention instantanément. A mesure qu'il expliquait la situation, elle sembla de plus en plus désespérée. Tu étais en train d'imaginer les conséquences pour Liam quand… la mort du Second des Ombres. Interdit, tu n'osas plus bouger, pas même jeter un coup d’œil à Lionel, que tu imaginais livide.
Liam, assassiné. Quelle était cette mauvaise farce ? Impossible d'y croire. Il était devenu ton ami, le temps passant. Tu avais appris à le connaître, à l'apprécier, mais, surtout, il rendait Lionel heureux, et c'était tout le mal que tu pouvais souhaiter au canonnier. Cependant, ces mots qui sortaient de la bouche du mousse paniqué, acerbes et violents sans raison aucune, cette sentence qui pendait au-dessus de la tête d'un de tes plus proches amis, étaient impossible à mettre en doute.

Un chaos immense s'empara de toi l'espace d'un instant, mêlant terreur et inquiétude pour un être cher, affliction pour la perte d'un autre, panique des répercussions imminentes et angoisse sur la manière dont vous alliez vous sortir de cette situation inextricable. Vous. Le calme se fit aussi vite que le chaos était arrivé. C'était l'évidence même que tu allais aider ton ami à fuir, à se faufiler dans les rues malfamées de Lorgol pour atteindre l'extérieure de la ville, où il serait peut-être plus en sécurité. Il t'était précieux ; vous aviez vécu tant de choses, traversé tant d'épreuves côte à côte, que tu n'imaginais pas un instant l'abandonner maintenant.
Tu avais entendu parler d'un camp qui s'était formé non loin de l'Académie, plus tôt dans l'après-midi. Tu n'en connaissais pas la raison, mais c'était l'endroit idéal pour se fondre dans la masse – malgré la grande taille de Lionel et son Familier moins que discret.
Ta décision était d'autant plus prise.

Ton attention se reporta sur lui alors que le mousse finissait ses explications et il était livide. Le choc se lisait dans chaque particule de son corps. « Lionel... » Ta voix était douce et prudente. Tu ignoras le mousse un instant alors que ta main allait se poser sur l'épaule de l'Outreventois, à la naissance de son cou et de sa nuque. Le contact se voulait réconfortant ; il était là pour montrer à l'homme qu'il n'était pas seul, que tu compatissais à son malheur mais surtout pour tenter de le faire revenir à lui.
Le temps pressait. Les Voleurs ne tarderaient pas à vous tomber dessus et, vu leur colère, vu leur nombre, la poudre d'escampette, maintenant, était votre meilleure option.

Tu exerças une pression de ta main sur sa peau fraîche. « Lionel, regarde-moi. » Tu repris une fois vos regards ancrés l'un dans l'autre, d'un ton ferme mais hâtif. « Faut pas que tu restes là. Je viens avec toi. On fuit, fissa, d'accord ? » Tu le fixas sans ciller pour lui montrer que tu étais là, que tu prenais les choses en main le temps qu'il retrouve ses esprits. « Va chercher de quoi te changer pour être moins reconnaissable. On se retrouve ici dans deux minutes. » Tu exerças une dernière pression de la main avant de le relâcher et de le laisser aller récupérer le nécessaire à votre fuite. Tu te tournas ensuite vers le mousse. « Va prévenir Rackham de la situation – s'il est pas déjà au courant. Dis-lui qu'on est partis se cacher, que je vais faire mon possible pour garder Lionel en vie. » Tu préférais ne pas révéler quoique ce soit d'autre pour ne pas mettre en danger le restant des membres de l'Audacia – les Voleurs avaient des moyens bien trop persuasifs pour faire parler même les plus résistants. De plus, chaque minute passée à bord vous faisait perdre un temps précieux et risquait de rendre l'Audacia complice de votre fuite.

Une fois le mousse élancé vers la ville, tu t'empressas de faire un tour par les cuisines, pour y récupérer quelques vivres, et par le coin des hamacs, pour récupérer quelques affaires personnelles et une veste. Tu fourras le tout dans ton sac et remontas jusqu'au pont aussi rapidement que possible. Lionel t'attendait déjà. Tu le rejoignis tout en défaisant le nœud de ta cape. Sans un mot, tu la passas sur les épaules de l'Outreventois et refis le nœud. « Parfait, le pantalon. » Tu rabattis la capuche sur sa tête, cachant ainsi une partie de son visage. « En route, mon ami. »

Vous vous mîtes en marche sans attendre, les rues pavées de Lorgol prêtes à vous engloutir, ses ombres plus menaçantes que jamais.

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Dernière édition par Géralt de Rives le Ven 28 Avr 2017 - 7:57, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyJeu 27 Avr 2017 - 23:05

Liam, mort.
Ses lettres dans le bureau de la cabine du canonnier, ses mots tendres et enflammés. Son écriture, encore marquée de la noblesse qui jamais ne partira de son port de tête fier et de son regard toujours fixé vers ces horizons sans limites, entourant des mots d’amour qui laissent transpercer l’ennui et la hâte de se revoir. Chaque parchemin enveloppé dans ce qui reste d’un uniforme de Chevaucheur, épinglés par un insigne où brille le rubis.

Liam, mort.
Ses joues qui rougissent furieusement aux sous-entendus pas vraiment sous-entendus de Géralt, sa tentative de bafouiller quelque chose comme « J’ai réussi à obtenir une permission spéciale, à rembourser par la suite » (qui sonne plutôt, en vérité comme « Euh, oui, j'ai, j'ai, euh, eu, haha le, le droit de, de sortir, si, si je, je remboursais... ensuite ») au pirate, pour passer inaperçu. Comme s’ils étaient amis, comme s’ils se connaissent. Il est si mauvais menteur.

Liam, mort.
Le mousse qui accourt.
Liam, mort.
Son corps saigné et démembré par la horde des Voleurs.
Liam, mort.
Son souvenir bafoué, ses serments que jamais il ne trahirait, son honneur piétiné comme chacun de ses membres.
Liam, mort.
Sa voix qui peut-être hurle, crie, son épée qui frappe, qui repousse, son souffle qui s’arrête, ses yeux qui se fixent sur un monde inconnu, le bleu du ciel si pâle en comparaison de ses iris.

Liam, mort.
La main de Géralt contre son cou. Sa voix qui lui parvient comme étouffée, à travers les battements de son coeur et le bourdonnement insistant de sa tête. Celle-ci l’élance plus que jamais. La bosse à la naissance de ses cheveux, le spectre d’une caresse, celui d’un coup de poing. « Lionel, regarde-moi. » Il s’accroche aux yeux de l’inconnu comme il tenterait d’échapper à la noyade. Bleus aussi. « Faut pas que tu restes là. Je viens avec toi. On fuit, fissa, d'accord ? Va chercher de quoi te changer pour être moins reconnaissable. On se retrouve ici dans deux minutes. »

Liam, mort.
Ses mains qui attrapent un pantalon et qui le passent alors qu’il revient à toute vitesse sur le pont, laissant le tartan aux couleurs de Rivepierre au sol, comme la peau muée d’un serpent. Comme une vie une nouvelle fois laissée derrière soi. À sa taille, toujours le sabre à la lame enchantée, toujours cet ensemble de dagues. Celle dans sa botte est toujours absente sous ses doigts, lorsqu’il s’assure de sa présence, par réflexe.
Il l’a laissée à l’autel d’Amaté Chemsa, dans une autre vie.

Liam, mort.
« Parfait, le pantalon. » Une cape se passe autour de ses épaules, puis un capuchon se rabat sur sa tête, cachant le haut de son visage. Ses cheveux (longs, ils sont redevenus longs), son front, ses yeux noirs, dans lesquels ne perle toujours aucune larme. « En route, mon ami. »

Ton frère est mort, souffle la voix de son père dans son esprit, la voix d’un souvenir qui lui lacère le coeur. Tout a été si vite. Ils n’ont rien pu faire pour le sauver. Personne n’était là pour le sauver. Il aurait dû être avec lui. Il a échoué. « Harald ! », s’exclame subitement le Chevaucheur, retrouvant sa voix en même temps qu’un brin de conscience. Il ne peut pas laisser son Familier derrière lui et lorsqu’il tourne les talons pour retourner sur l’Audacia chercher le mouton, il se cogne dans celui-ci. Il a toujours été là, à ses côtés, pratiquement collé contre ses jambes, tout aussi silencieux. « Je vais te transporter. Je suis capable de marcher. Pas assez rapidement. Pas sur des pavés. » S’ils étaient dans un champ, il n’aurait aucun problème à laisser l’animal les suivre, mais pas dans la ville aux Mille Tours et surtout aux Pavés Inégaux. S’il se foule une patte, ils ne seront pas plus avancés. Lionel se penche pour prendre la bête entre ses bras. Bête qui pèse son poids, notons-le, et bien qu’il sache tout à fait combien pèse un mouton, ou une chèvre, et qu’il ait transporté son quota de ces animaux dans sa vie, il n’en est pas moins quelques secondes déstabilisé. « Dis donc, t’as forcé sur le foin », qu’il glisse, d’une voix distante malgré la taquinerie énoncée. Absente. C’est bien le moment de te moquer. Son visage se baisse vers Géralt, qui n’a de leur échange que ses mots chuchotés, sans avoir les réponses amères d’Harald. « Si on atteint les canaux… on peut faire une partie du chemin en gondole. Il ne sait même pas où ils se dirigent, mais il le fait en toute confiance de celui qui le précède, sans céder un seul pouce à ses talons, qu’importe sa vitesse, ni le poids supplémentaire dans ses bras. Ils sont pirates, tous les deux, ils doivent être capables de faire avancer un bateau dans le bon sens, et avec l’aide de quelques explosions… peu discret, mais apte à les faire avancer plus rapidement. « Où va-t-on ? »

Liam est mort.
Ils doivent survivre. Tous les deux. Trois.
Trois. Lui, son Familier et un homme qui l’appelle ami.

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Dernière édition par Lionel de Rivepierre le Dim 30 Avr 2017 - 5:15, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptySam 29 Avr 2017 - 1:40

Ton regard ne cessait de scruter la rue et chacun de ses recoins obscurs. Tout ton corps était tendu et à l'affût, l'adrénaline le parcourant désagréablement. Tu adressas une prière brève au Destin, qu'il vous laisse le temps de quitter cette ville sans anicroche. Tu savais qu'il s'agissait là d'une douce illusion car les voies du Destin étaient impénétrables, mais un tant soit peu de foi n'avait jamais fait de mal à personne. Puis, il s'agissait de Lionel. Il était celui qui t'avait recruté pour l'Audacia. Il était celui qui t'avait soutenu dans les moments où avancer t'avait semblé bien trop compliqué. Il était celui qui t'avait fait prendre conscience de ta double sexualité. Il était un modèle. Il était le frère que tu n'avais jamais eu. Tu avais d'autres amis, également chers à ton cœur, mais Lionel, avec vos années de différence, t'avait aidé à te construire de nombreuses façons. Jamais tu ne pourrais le remercier suffisamment, à la hauteur de ce qu'il t'avait apporté et t'apportait encore. Alors si un peu de foi pouvait aider à préserver sa vie, il n'y avait là aucune perte de temps.

Tu sursautas tant tu étais focalisé sur ton objectif à l'exclamation de Lionel. Tu te retournas immédiatement, prêt à répliquer à une quelconque attaque, t'attendant à voir son Familier attaqué à son tour… Il n'en était pourtant rien. Ton ami manqua de trébucher sur Harald, qui trottinait derrière vous depuis l'Audacia. Tu fronças les sourcils tout en continuant de jeter des coups d’œil alentour, ne comprenant pas tout, laissant le mage converser discrètement avec son Familier et le prendre dans ses bras. Tu avais souvent l'impression d'être un intrus lorsqu'ils conversaient ainsi. C'était peut-être idiot, cette pensée, mais le lien entre un Familier et son mage semblait si... extraordinaire que c'était comme un spectacle privé qui était offert à la vue de tous.

Tu imaginas sans trop de souci la répartie un brin désabusée d'Harald à la mention du foin et tu cachas ton mince sourire en tournant la tête de l'autre côté. Tu voyais bien que Lionel était toujours aussi bouleversé par la mort de Liam mais il semblait reprendre un peu ses esprits. C'était ce dont vous aviez besoin, vu l'urgence de la situation. Il se tourna d'ailleurs vers toi dès l'échange privé terminé, alors que vous repreniez votre route à une allure aussi soutenue que possible. Tu hochas la tête à sa suggestion. « Ça permettra d'éviter les endroits trop fréquentés.  »

Vous continuâtes en silence pendant un temps, toujours aux aguets, jusqu'à ce qu'il te demande votre destination. Tu ne répondis pas de suite. A la place, tu levas la main en signe d'avertissement, vous forçant à un arrêt brusque. Plus loin, devant, un groupe dont tu ne distinguais pas les traits avançait dans la ruelle. Tes instincts tirèrent la sonnette d'alarme, à tort ou à raison ; tu ne les combattis cependant pas. Tu te retournas et incitas Lionel à passer devant toi alors que vous tourniez sur votre droite. Vous longeâtes une ruelle plus petite que la précédente sur quelques mètres avant que tu ne lui indiques de tourner à gauche. Là, une ouverture dans la clôture reliant les deux logis vous permit de vous faufiler derrière les habitations.

Il s'agissait là d'un passage créé par inadvertance, qui profitait de l'espace non utilisé entre les différents bâtiments construits autour. Le sol y était essentiellement recouvert de terre et d'herbe, vous offrant couvert et discrétion, maintenant que vos chaussures ne martelaient plus les pavés. Tu repris la tête de votre groupe sans un mot : si une attaque venait de l'avant, cela permettrait à l'Outreventois de fuir.
« Si on longe ce chemin, on pourra s'rapprocher des canaux. Je l'utilisais quand j'étais gosse. » Tu ne comptais plus le nombre de fois où tu l'avais emprunté pour rallier ton foyer avant l'heure du couvre-feu imposé par ta mère, les jours où tu avais trop tardé. Vous n'étiez pas en lieu sûr, mais c'était toujours préférable aux ruelles plus fréquentées pour l'instant.

« Et j'ai entendu parler d'un campement qui s'est formé près de l'Académie. Plein d'gens qui ont migré pour je sais pas quelle raison, qui attendent là-bas. On pourra t'y cacher quelque temps, j'pense. » Tu hésitas un instant, avant de tourner brièvement la tête vers l'arrière et de jeter un rapide coup d’œil à Lionel. Sur un ton incertain, tu lui offris tes condoléances maladroites. « C'est dégueulasse, ce qui… pour Liam. C'est injuste. » Un instant de silence devant tant de pertinence dans tes propos. Tu déglutis difficilement. Nouveau regard en arrière bref. « Tu sais que j'suis là pour toi, hein ? C'est différent, ça l'remplacera pas, j'sais, mais j'suis là, Lio, j'suis là. » Ton impuissance s'entendait clairement dans ta voix mais tu voulais qu'il le sache, ton ami, que, quoi qu'il arrive, par la suite, tu ne l'abandonnerais pas. Jamais.

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Dernière édition par Géralt de Rives le Dim 30 Avr 2017 - 17:16, édité 1 fois
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Le silence lui semble artificiel. Il entend tout de la ville et rien n’est du silence. Leurs bottes qui frappent les pavés, leurs souffles discrets, les cris des enfants et ceux des mères, et loin de ses oreilles, les murmures et les complots. Les sens aux aguets, Lionel suit docilement Géralt dans les dédales de la Ville Basse, conservant un mutisme parfait. Il serait bien mal de définir la direction qu’ils prennent, tant cette ville n’est plus ce qu’il a connu… bien que de Lorgol, il n’a jamais connu que sa Ville Haute et ses nobles tours. J’espère qu’il ne nous emmène pas dans un guet-apens. Les mots d’Harald, soufflés dans son seul esprit, répondent à une peur latente chez le Chevaucheur, mais il se refuse à y donner suite, ou à verbaliser sa propre méfiance. S’il ne peut pas se fier à ce pirate, il ne peut plus se fier à personne, et en ce moment, il a cruellement besoin de pouvoir se fier à quelqu’un. De pouvoir placer sa foi et sa confiance en un allié, qu’importe qu’il soit un criminel -autant que lui dans cette vie- ou un inconnu.

« Si on longe ce chemin, on pourra s'rapprocher des canaux. Je l'utilisais quand j'étais gosse. » Un hochement de tête. La terre absorbe le bruit de leurs bottes, dissimulant d’autant plus leur chemin à leurs assaillants. « Et j'ai entendu parler d'un campement qui s'est formé près de l'Académie. Plein d'gens qui ont migré pour je sais pas quelle raison, qui attendent là-bas. On pourra t'y cacher quelque temps, j'pense. » Ses sourcils se froncent dans son visage sévère. Ça ne lui dit rien qui vaille, que ce campement, mais pourtant, le rejet de cette proposition qui lui vient tient plutôt du réflexe que du réel déplaisir. Il a plutôt l’impression que ce campement est en effet la meilleure solution et qu’y aller ne peut pas être pire que de rester terré au milieu d’une ville qu’il ne connaît pas, alors que ses ennemis la connaissent à la perfection. Il n’a pas d’autre choix. « C'est dégueulasse, ce qui… pour Liam. C'est injuste. » Ses yeux se baissent, subitement, vers le sol. Fixant l’herbe qu’ils foulent, les cailloux qui roulent sous leurs semelles. Liam, mort. Rien ne passe, rien ne sort, pas un son, pas une larme non plus, alors qu’encore, ces mots refusent d’atteindre son esprit. Liam, mort. Il refuse l’évidence, la fatalité. « Tu sais que j'suis là pour toi, hein ? C'est différent, ça l'remplacera pas, j'sais, mais j'suis là, Lio, j'suis là. » Lio. « Merci. » Un chuintement, à peine.

Les canaux, les avertit Harald, et Lionel se redresse, à nouveau en alerte. D’où ils sont, ils ne peuvent voir qu’un seul bout d’un canal, une descente qui lui semble en bien mauvais état et qui laisse présager la pire gondole possible sur laquelle voguer. Si on ne prend pas l’eau et on ne se noie pas avant qu’ils nous tuent, ce sera déjà très bien, grogne un Harald sceptique quant à la suite de leur plan, partageant sa pensée avec Géralt. « Suffit », est sa réponse, murmure réprobateur. Ils n’ont pas besoin de plus de négatif, là. Ils en ont assez comme ça. Au coin du passage, il ose jeter un coup d’oeil. Personne ne lui semble louche… pour le moment. Personne qui cherche, le couteau entre les dents, prêt à trancher gorge et membres de tout un chacun. Ils n’ont que quelques pieds à parcourir, mais ceux-ci lui apparaissent comme la distance la plus risquée du monde. Oh, s’il avait Braise… Ce serait simple, si simple. Le vent sur son visage, le feu qui brûle tout. Subrepticement, pirates et mouton traversent la rue jusqu’à la descente du canal, qui les mène comme prévu à une barque dans un état déplorable, avec en son coeur une perche grignotée sur une bonne partie de sa longueur. Ça ne lui dit rien qui vaille, ça non plus... « On va devoir remonter le canal », souffle Lionel, qui dépose le mouton d’abord dans la barque, avant de laisser Géralt y entrer. Le courant n’est pas le plus fort, dans les canaux de Lorgol, bien heureusement, mais ce sera suffisamment embêtant pour eux qui doivent s’éloigner du port et donc de la Ville Basse, afin de se rapprocher de l’Académie. Des gondoliers font cela à tous les jours : ça ne peut pas être si compliqué, non ? Peut-être que Braise sera à l’Académie ?, murmure un espoir ténu, pour lui seul. Oui, comme il espère que Braise sera là.

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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyLun 1 Mai 2017 - 19:08

Tu entends à peine sa réponse, murmure qui se perd dans le vent provoqué par vos mouvements. Ton cœur se serre, mais tu n'ajoutes rien. Tu te contentes de poursuivre ta progression sur ce chemin de traverse. Il n'y a de toute manière rien que tu puisses pour ton ami présentement. Seul le temps lui permettra de panser ses plaies. Peut-être. Tu l'espères fortement, en tout cas. A moins que la horde à vos trousses ait raison de vous bien avant. Tu retiens un frisson d'horreur et repousses immédiatement cette pensée.

L'intrusion de Harald dans ta tête te fait sursauter et te sort de tes pensées. Tes yeux se fixent devant toi, dans la direction indiquée, et, en effet, votre but n'est plus si loin. Tu accélères le pas avant de marquer un arrêt à l'entrée de la ruelle attenante. L'ombre d'un sourire apparaît sur ton visage à l'échange entre le mage et son Familier. Malgré le ton réprobateur de Lionel, tu tentes de rasséréner Harald dans un murmure également : « On va s'en sortir, garde la foi. » Tu as peur de ce qui pourrait arriver mais tu crois en vos chances. Tu crois en vous et en vos possibilités, mais, surtout, tu ne crois pas en ta vie sans Lionel en périphérie. Il a perdu son amour, ce soir ; tu as perdu un ami. En perdre un autre ? Le même soir ? Il faudra te passer sur le corps. Ta conviction et ta détermination sont audibles dans ta voix et tu espères que le Familier le saisira.

Vous inspectez quelques instants la ruelle que vous allez devoir traverser, mais rien ne semble suspect. Vous vous élancez donc aussi discrètement que possible et descendez le chemin un peu chaotique qui mène à une gondole somme toute… aguerrie par le temps. Tu repenses à la réflexion de Harald et tu te demandes s'il est en train de faire des commentaires à ce propos. Quoiqu'il en soit, tu manques de glisser et jures dans ta barbe avant de te retenir au mur en pierres.

Tandis que Lionel place son Familier à bord, tu surveilles les environs, notamment l'autre côté du canal. « Et le plus vite possible. Vous resterez bien à couvert dans la cabine, d'accord ? » Hors de question de faciliter la tâche aux Voleurs. Tu hésites à rajouter « quoiqu'il arrive », mais le chemin que le Destin ouvre à vous est trop incertain pour exiger une telle promesse – autant éviter de risquer le courroux de Levor. Lionel te laisse ensuite monter à bord. Tu l'obliges donc et t'empresses de récupérer la rame à l'état douteux. Tu te places ensuite à l'arrière sans attendre. Une fois la gondole détachée et l'Outreventois installé, tu entreprends de ramer, démarrant ainsi votre traversée des canaux.

En silence, vous prenez peu à peu de la vitesse, tes muscles se bandant sous l'effort. Tu sens les fêlures et craquelures de la rame sous ta poigne, qui tiraillent la peau de tes mains, mais tu continues. Tu répètes inlassablement les mêmes mouvements qui vous permettent d'avancer. Soudain, tu sens que le bois frôle quelque chose. Tu regardes rapidement mais l'eau est bien trop sombre. Sûrement l'un des crocodiles peuplant les eaux des canaux. Peu de temps après, tu aperçois le dos de l'un d'entre eux qui apparaît paresseusement à la surface avant d'y retourner. Tu n'es pas trop inquiet : la majorité du temps, ils ne font que venir saluer les embarcations.

Tu perds brièvement l'équilibre lorsqu'une des bêtes contre la coque de son corps. Tu serres les dents : seriez-vous tombés sur une créature particulièrement taquine ? Tu jettes un coup d’œil à Lionel, t'apprêtant à lui parler, quand : « Hé ! Toi, sur la gondole ! » Tu relèves la tête beaucoup trop vite et entends un craquement dans ta nuque. Tu grimaces alors que tu repères un homme, dont tu ne distingues pas les traits, longeant le parapet de la rive droite.

Une fois qu'il a capté ton regard, il continue : « Qui est-ce que tu transportes ? » La panique naît en marge de ton esprit mais tu la repousses de toutes tes forces. Tu détends ta posture et offres un sourire faussement amical à l'homme, les sourcils haussés. « Mon bon m'sieur, qui c'est qui l'demande, le patron ? Pa'ce qu'il est passablement éméché, en train de roupiller tout son soûl, et si j'le réveille pour rien, j'vais me faire taper sur les doigts, moi, vous savez ? » Tu ralentis légèrement tes mouvements pour montrer ta bonne foi, le sourire ne quittant pas ton visage, alors que l'homme suit la même direction depuis la rive. « Comprenez que j'le préfère assoupi, plutôt qu'énervé parce que j'l'ai dérangé pour rien. L'est pas très commode, quand il s'noie dans la vinasse, le bonhomme. » Tu dis cette dernière phrase en baissant le ton, une main cachant ta bouche, comme si tu le mettais dans la confidence. Ton sourire se fait un peu contrit pour alimenter l'illusion.

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Message Sujet: Re: J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée   J'irai chercher ton cœur, si tu l'emportes ailleurs ♦ [Intrigue 2.3] La Roue Brisée EmptyJeu 4 Mai 2017 - 18:08

Dans la gondole, il trouve une couverture mangée aux mites, dont il recouvre prestement le mouton, afin de dissimuler ses boucles aux regards plus acérés. Je vais avoir des tiques, ronchonne d’ailleurs le récalcitrant Familier, peu heureux de se voir abriter sous quelque chose d’aussi sale, mais leurs options sont limitées. Lui-même se cale autant que possible dans les ombres et les angles morts de la rive, abrité sous la cape et son capuchon. Il se sent considérablement inutile, à voir ainsi Géralt faire avancer l’embarcation sans son aide, mais être exposé est plus que dangereux. C’est chercher des problèmes qu’il n’a pas du tout envie de trouver.

Quelques minutes passent, jusqu’à ce que la barque tangue un peu. Un coup contre le bois. Les crocodiles, sans doute. Ce qui ne le rassure… pas vraiment non plus. Les crocodiles des canaux de lorgol sont-ils devenus également plus dangereux, meurtriers, dans ce monde étrange ? Comme pour répondre à son interrogation silencieuse, un coup plus affirmé met en danger l’équilibre de la gondole, et crispé tout contre les bords, Lionel se retient de se lever pour rééquilibrer l’embarcation. Il n’aime pas ça du tout. Nager ne lui pose pas problèmes, s’ils doivent chavirer, mais Harald, lui… comme Braise lui a déjà dit, il ne s’appelle ni Nageur, ni Dauphin, et nager avec un mouton d’une soixantaine de kilos dans les bras n’est pas un exercice qu’il a très envie d’essayer. Ni aujourd’hui, ni jamais. « Hé ! Toi, sur la gondole ! » Son sang ne fait qu’un tour dans ses veines et si Lionel était précédemment silencieux, il l’est maintenant encore plus, retenant jusqu’à son souffle. Il n’ose même plus regarder Géralt, comme si le simple fait de se rappeler à lui pouvait le trahir. « Qui est-ce que tu transportes ? » Un regard échangé avec Harald, qui a également cessé tout mouvement. « Mon bon m'sieur, qui c'est qui l'demande, le patron ? Pa'ce qu'il est passablement éméché, en train de roupiller tout son soûl, et si j'le réveille pour rien, j'vais me faire taper sur les doigts, moi, vous savez ? » Il est malin, celui-là. Je vais tenter de faire diversion. « Comprenez que j'le préfère assoupi, plutôt qu'énervé parce que j'l'ai dérangé pour rien. L'est pas très commode, quand il s'noie dans la vinasse, le bonhomme. » Lionel pose ses yeux, au loin, vers les bâtiments dont ils ont quitté les ruelles et les pavés, et il suffit d’à peine une impulsion de sa magie pour qu’un mur de pierres éclate en morceaux, les débris volant jusque dans le canal. Aussitôt, l’homme sur la berge se retourne vers l’origine de l’explosion, détournant tout à fait son attention de la gondole et de ses habitants.

Un soupir, discret, et il se réinstalle un peu contre son Familier, continuant son observation des lieux. À la recherche d’un ennemi. De nouveaux coups contre la coque font vibrer l’embarcation, mais cette fois des deux côtés, presque en alternance. Cette fois, il regarde Géralt, intrigué. Il ne peut pas voir que contre les flancs de la gondole, plusieurs crocodiles se sont massés, jusqu’à donner l’impression qu’ils flottent sur un étrange canal de bosses et d’écailles, avec parfois quelques billes sombres et menaçantes émergeant des eaux. Il ne peut pas voir ceux qui frôlent le bois de leur gueule, à l’arrière, leurs dents acérées venant racler le bois. Il voit uniquement, au dernier instant, une grande gueule s’ouvrir, tout juste derrière son gondolier de fortune. « Attention ! » Il attrape Géralt par le bras, in extremis, le sauvant de la mâchoire qui claque, à moitié dans le vide, à moitié dans le bois, les éclaboussant tous les trois de l’eau saumâtre du canal.

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