Sa mère l’avait convoqué, ça sonnait très officiel, mais c’était ainsi dans une famille impériale, poupon une nourrice c’était occupée d’elle et rarement elle avait vu sa mère, heureusement qu’on lui avait vite expliqué qu’il ne fallait pas appeler « mama » sa nourrice, elle n’était qu’une domestique, elle ne partageait pas le même sang. Sixtine était une enfant intelligente et c’était parce qu’elle était intelligente qu’elle ne doutait point que cette convocation la veille de leur voyage en Faërie aurait une portée toute autre que personnelle et intime, au contraire elle serait diablement politique. Sixtine n’avait pas peur de ce genre de conversation. Sa mère voulait la guerre soit, elle aussi avait ses arguments. Elle lissa sa robe noire et or, une vraie luxure pour le petit peuple, un simple habit pour elle, elle ne vivait pas dans une tour en ivoire elle savait cela, elle avait tenté ses propres excursions jusqu’à ce que cela finisse par une grossesse depuis elle était nettement moins enthousiaste de vivre de petites aventures, cela lui rappelait trop de douloureux souvenir.
Devant le porte elle se stoppa et inspira un bon coup, ce n’était pas parce qu’elle avait les arguments que la conversation serait facile, telle mère, telle fille, la sienne était aussi têtue comme une mule qu’elle. Elle aussi aurait des arguments, Sixtine se demandait juste jusqu’à où elle était prête à discuter pour l’avoir de son côté. Comme tout le monde elle avait ses faiblesses, prise d’un doute elle fit une courte prière à sa déesse tutélaire la tumultueuse Valda, qu’elle la protège des tentations qui ne lui apporterait rien, qui ferait juste que titiller ses idéaux sans être rationnels. Nerveuse elle se gratta le cou et finit par se décider à toquer contre l’épaisse porte en bois qui protégeait les oreilles indiscrètes des conversations politiques.
Elle attendit un court instant, puis une servante vint lui ouvrir la porte pour la laisser entrer. La servante était jeune elle devait avoir 14 ans à peine. Dire qu’elle n’aurait jamais à se soumettre à qui que ce soit si elle devenait impératrice, elle ne voulait surtout pas devenir l’épouse d’un seigneur, elle préférait ne jamais se marier, n’avoir jamais d’enfant ne serait pas un problème, elle ne les aimait pas, là encore trop de mauvais souvenir. Sixtine entra et vit sa mère, elle était magnifique, elle n’était qu’un vilain petit canard comparé à elle. Sa chevelure blonde vénitienne, son teint marmoréen, ses yeux clairs comme un ciel d’été, sa beauté serait encore chantée durant des siècles, elle semblait si jeune, difficile de croire qu’elle était deux fois mère de deux enfants de plus de 20 ans. Sixtine fit une petite révérence.
- Mère, me voilà comme vous l’avez exigé.
Sa mère d’un geste demain l’invita à s’asseoir, Sixtine obéit et s’installer dans un moelleux fauteuil de cuir blanc. Elle s’installa comme une parfaite princesse, les jambes serrés légèrement penchées sur le côté, les mains croisés sur les genoux, le dos et la tête bien droite malgré la lourdeur des bijoux qui habillaient sa chevelure.
- De quoi allons nous parler ? fit-elle en cachant admirablement sa curiosité.
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