Son humeur n'allait pas en s'arrangeant et pour cause. Vira avait été coincée au port de Lorgol pendant deux longs mois de maladie qui avait rendu Rhéa malade. Rien que ça, ça n'avait pas amélioré son humeur. Puis ils avaient juste eu le temps de faire quelques petits abordages avant de rentrer de nouveau à Lorgol pour l'hivernage. Un délai beaucoup trop court passé à écumer les océans qui n'arrangeait en rien l'humeur déjà massacrante de la pirate.
Ce jour-là, elle avait décidé d'aller boire un coup à la Taverne pour se changer les idées et ce fut avec un pas déterminé et l'air tellement mauvais que personne n'osa venir lui parler qu'elle s'engagea sur les pontons du quai. Autour d'elle, les conversations fusaient et le principal sujet d'inquiétude restait les derniers événements à l'Académie où une curieuse Chasse venait d'être libérée. Rien qui ne l'inquiétait vraiment, Vira n'avait jamais eu peur des chiens et les chevaux elle les mangeait au goûter. Nul doute que l'Îlienne ne saisissait pas pleinement les risques de la Chasse et les conséquences qu'elle allait engendrer. L'unique chose qui souciait réellement Vira, c'était les longs mois qu'elle allait encore passer à quai. Elle accueillit donc avec force l'importun qui osait venir troubler ses ruminations, à coup de cris et de menaces îliennes. Le pauvre petit, terrifié, eut juste le temps de délivrer son message avant de s'enfuir sans demander son reste. Dommage pour lui car ce qu'il avait à dire avait suffi à calmer l'Îlienne, dont la cupidité pour les cartes Omen n'était plus à faire. Avec une réelle joie, ses yeux pétillants d'avidité, elle s'empressa de suivre les indications fournies pour atteindre le lieu où une étrange personne comptait bien renflouer plus encore sa collection. D'un geste brusque elle ouvrit la porte d'une taverne, ne dissimulant pas un petit rire de joie bien éclatant.
-C'qui l'veux pus s'cartes ? beugla-t-elle, enthousiaste envers l'assemblée.
Cette dernière se contenta de la regarder d'un air ébahi tandis que l'aubergiste fronçait imperceptiblement les sourcils. Sans doute devait-il penser que cette personne était déjà bien enivrée et qu'elle allait causer du grabuge dans son établissement. Heureusement pour lui, ce n'était pas le cas et certains avaient déjà reconnu l'Îlienne et la considéraient d'un air intéressé, comme s'ils leur tardaient de voir les merveilles qu'elle allait accomplir. Elle trichait comme une Îlienne accomplie et s'en targuait fortement. Il n'était pas né d'hier celui qui comptait la faire jouer à la loyale !