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 Ce mal qui nous ronge

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Message Sujet: Ce mal qui nous ronge   Ce mal qui nous ronge EmptyJeu 17 Aoû 2017 - 17:24


Livre II, Chapitre 5 • La Mort dans les Veines
Freyja de Brunante & Éponine Aubenacre

Ce mal qui nous ronge

Cette peur qui fait saigner nos cœurs




• Date : 13 août 1002 (dans la nuit du 14)
• Météo (optionnel) : Il fait nuit. :geu:
• Statut du RP : Privé
• Résumé : Freyja et Éponine se croisent au plus noir de la nuit, dans une taverne envahie de mages malades.
• Recensement :
Code:
• [b]13 août 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t2557-ce-mal-qui-nous-ronge#77254]Ce mal qui nous ronge[/url] - [i]Freyja de Brunante & Éponine Aubenacre[/i]
Freyja et Éponine se croisent au plus noir de la nuit, dans une taverne envahie de mages malades.

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Message Sujet: Re: Ce mal qui nous ronge   Ce mal qui nous ronge EmptyJeu 17 Aoû 2017 - 17:28

L’ambiance est morne, à la Taverne de la Rose. Les jours passent, dans une monotonie sombre, et Freyja est tout aussi morose que les malades : le matin même, un convoi s’est ébranlé en direction du sud, emmenant quelques patients atteints par cette nouvelle épidémie ravageuse… incluant Lena, sa princesse fière et coquette, atteinte elle aussi par ce mal inconnu qui affecte tous les mages. Le retour à terre a été difficile, pour les fils et filles de l’Audacia, découvrant leurs amis malades et prolongeant leur escale au fur et à mesure que les mages de l’équipage développaient aux aussi les premiers symptômes… puis finalement cloués à quai, lorsque Rhéa elle-même s’est déclarée atteinte et incapable de naviguer.

Philippe ne pouvait abandonner son navire, et Freyja ne pouvait abandonner ses petits – la mort dans l’âme, c’est donc à Lou-Ann qu’ils ont confié la tâche d’escorter sa sœur. Avec une relative appréhension, car même si leurs relations se sont améliorées depuis leur aventure chez les Amoureux du Vent, elles conservent un peu de leur bisbille coutumière. La veille encore, n’a-t-elle pas entendu Lena gourmander son aînée au moment du départ, la reprenant avec une voix fatiguée au sujet du parler étrange que Lou-Ann a développé, qui ne « ressemble à rien » et qui n’est pas vraiment intelligible ? « C’est Lena, » lui disait-elle avec le sérieux de son adolescence courroucée, « LE-NA. » insistait-elle, en détachant bien nettement les deux syllabes. Philippe a souri avec une douloureuse tendresse, et les larmes sont montées aux yeux de Freyja. Leur bébé, leur princesse rose et capricieuse, malade sur les chemins, avec le seul bras de sa sœur pas encore adulte pour la défendre ? Comment risquer sereinement ainsi les vies de leurs deux aînées ? D’autres pirates malades sont partis aussi, mais des adultes, capables de se défendre…

Et Freyja, morte d'inquiétude pour ses filles, n’a pu trouver le sommeil. Philippe a pris quartier à bord de l’Audacia, pour veiller sur Rhéa ; elle, elle est restée à la Taverne où sont logés les mages malades de l’équipage, veillant avec une rage impuissante sur les enfants qui lui restent : la petite Lucy si tranquille, qui essaie de l’aider du mieux qu’elle peut du haut de ses huit ans, petit Leo si mignon avec ses trois ans et ses sourires innocents, et bien sûr Luke et Leia, ses jumeaux minuscules de quelques mois, encore si fragiles. Il y a des invités, également : la Désirée et le Gédéon de Géralt, Melinda, Félicie et Viana – Louison n’est pas venue ces derniers jours, sûrement retenue à sa caserne ; et la petite Éponine, sa nièce, bien malade elle aussi. Elle n’est pas partie avec les autres, cramponnée à sa famille ; et Freyja ne peut guère la blâmer, elle qui ne laisse que rarement ses bébés hors de sa vue un seul instant.

La nuit est bien avancée, mais la pirate ne parvient pas à dormir. Dans les berceaux au pied du lit, les jumeaux dorment, et elle ne tient pas à les réveiller ; alors elle se glisse silencieusement hors du lit, tentant de ne pas penser à quel point le silence profond de la nuit ressemble à celui d’un tombeau, sans pleurs de bébés. Ariane dort vraisemblablement aussi, et la maîtresse des lieux se glisse au rez-de-chaussée, déterminée à aller piller les réserves de la Toutouille pour dénicher de quoi caler son estomac qui grogne. C’est donc munie de son butin et lovée dans son fauteuil devant l’âtre de la grande salle qu’elle entend un bruit de pas derrière elle – des pieds nus, vraisemblablement de petit gabarit vu le faible son. Déposant le saucisson et le fromage sur la petite table derrière son accoudoir, elle se penche pour mieux percer l’obscurité. « Lucy ? C’est toi, petit poisson ? »

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Message Sujet: Re: Ce mal qui nous ronge   Ce mal qui nous ronge EmptyMer 6 Sep 2017 - 13:10

Au départ je sais pas trop comment je suis arrivée là, mais je pense que c'est l'océan qui m'a réveillé. Le bruit des vagues qui s'abattent avec colère sur les bords de la plage avant de venir s'échouer tranquillement plus haut, jouant avec les grains de sable. Puis je sens l'odeur salé, porté par le vent, la fraîcheur du matin qui se lève tranquillement. Le soleil est pas encore levé mais le jour pointe le bout de son nez assez pour me permettre d'y voir clair. Il semble faire beau. Je dis semble parce que les contours du paysage qui m'entoure sont curieusement imprécis. Mais je reconnais facilement la lande d'Aubenacre. Je me souviens plus comment j'ai atterri là mais, curieusement, ce n'est pas un détail auquel j'accorde de l'importance. Mes pieds nus foulent le sol et je me dirige vers la maison. Je sais que maman va encore crier parce qu'elle déteste que je sois nu pied. Je suis tout de même inquiète parce que certains détaillent restent flous et que l'horizon est teinté d'une étrange brume, beaucoup trop sombre pour paraître naturelle. Je suis inquiète parce que je me dis que c'est la maladie de maman qui commence à me toucher. Comme elle, je vais finir aveugle. Comme elle. Comme tante Quittou.

Une voix soudaine, au loin, quelque part, surgit. Au loin en moi. Tout au fond. Elle me murmure des choses étranges, je comprends pas très bien. Puis ça devient presque une impression. L'impression qu'il y a quelque chose de pas clair.

Mais la maison est là et l'impression part. Elle est un peu différente. La maison borde presque la plage et les vagues peuvent, à tout moment, la faire tomber. Elle paraît aussi plus bancale et plus obscure. Elle a changé. Mais pourquoi donc la maison a-t-elle ainsi changé ? Je pousse la porte et reste sur le seuil. Dedans c'est encore plus bizarre. Les décors sont moins pauvres, un peu plus neufs tout en restant simples. La pièce est très grande aussi et elle me rappelle quelque chose, comme l'écho d'un souvenir tendre. Je veux appeler maman quand je remarque avec horreur que je n'arrive pas non plus à parler. Je finis par entrer dedans parce que c'est tout de même chez moi. Et la porte se ferme doucement derrière. Elle qui d'habitude grince. A l'intérieur il fait chaud. Il fait bon. Je note que je suis en chemise de nuit depuis tout ce temps. C'est sûrement pour ça que j'avais un peu froid. Mais ici, c'est agréable. Le bruit si habituel des vagues qui déferlent sur la plage s'est aussi arrêté d'un coup. Alors qu'on est si prêt. J'avance timidement au centre de la pièce, bien décidée à chercher ma maman. Mais je tremble. Tiens. C'est vrai, je tremble. Pourtant il fait plutôt chaud. Surtout à la tête. Comme si la température entre mes bras et ma tête n'est pas la même. Il faut que je continue. Chaque pas paraît plus difficile mais je dois continuer. Maman est là, quelque part, elle doit m'attendre. Elle est peut-être inquiète parce que j'ai quitté le lit beaucoup trop tôt ce matin. Enfin, certainement parce que je m'en souviens pas. J'ai pas de souvenirs, c'est très bizarre.
Il fait tout de même vraiment chaud.
Pourquoi je tremble comme ça ?

La porte fermée m'a plongée dans le noir. Je ne discerne rien. Au début. Parce qu'une petite lueur perce les ténèbres alors que je m'approche. Contrairement au reste, celle-là paraît bien distincte. La fatalité s'empare de moi. Je vais devenir aveugle comme maman mais, au final, c'est peut-être pas une très mauvaise chose.

La lumière devient plus vive. Presque aveuglante.
Un feu.
C'est un feu de cheminé. De petites braises qui ronronnent paresseusement. Un fauteuil vide est posé devant. Je peux peut-être m’asseoir dessus et me rouler en boule pour arrêter de trembler.

-Lu... sson ?

La voix résonne soudainement. Les braises paraissent vaciller. L'obscurité aussi. La voix résonne encore et encore.

-Ma... maman ? chuchoté-je d'une petite voix. Mmm... maman.

Parler est laborieux. L'écho lointain des vagues remplis mes oreilles. Le feu palpite.
Et il fait chaud. Et froid. Si chaud...
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Message Sujet: Re: Ce mal qui nous ronge   Ce mal qui nous ronge EmptySam 9 Sep 2017 - 21:32

L’arrivant ne répond pas immédiatement, et Freyja se penche davantage par-dessus l’accoudoir du fauteuil pour mieux discerner l’intrus. La silhouette est menue – mais plus grande que sa Lucy, et surtout couronnée d’une cascade de boucles rousses qui flamboie bien plus nettement que la crinière de nuit de sa troisième fille. L’enfant fait encore quelques pas hésitants, et la pirate reconnaît la gosse qui traîne souvent dans les pattes de Louison et de Géralt ; leur nièce, si elle a bien compris les ramifications familiales étranges de cette tribu belliférienne installée sur ses terres de Riven. La gamine a l’air perdue – elle est mage, comme sa Lena, et Freyja sent une inquiétude toute maternelle obscurcir ses pensées. Mage, oui, comme sa tante et comme sa mère, qui est tout aussi malade dans sa chambre que les manieurs d’arcanes de l’équipage… Leur nouveau chirurgien s’inquiète grandement pour ses femmes, elle l’a entendu en parler au détour d’un couloir, et la pirate éprouve une silencieuse admiration de le voir si farouchement déterminé à prendre soin de ses sœurs et de sa jeune nièce.

Prestement, Freyja se lève, quittant le fauteuil douillet, et s’empresse de rejoindre ladite nièce qui titube de plus en plus visiblement, tanguant comme l’Audacia gîterait dangereusement un jour de gros vent. « Éponine ? T’as b’soin d’aide, gamine ? » Doucement, elle pose la main sur le front de la rouquine – oh, c’est brûlant ! Elle émet quelques sons pleins de sollicitude, entraîne fermement l’enfant vers son fauteuil dans lequel elle l’installe douillettement. Elle n’envisage pas un seul instant que la petite pourrait ne pas lui obéir : elle la traite comme elle le ferait de Lena et Lucy, usant de cette autorité maternelle que partagent toutes les femmes ayant donné la vie et élevé le fruit de leur chair. « T’es toute enfiévrée, mignonne. J’sais pas faire de miracle, mais j’vais essayer d’arranger ça. C’est bien dommage qu’on n’ait pas la Marianne sur l’pont, elle saurait quoi faire pour t’donner plus de confort, m’enfin… J’vais faire d’mon mieux sans déranger ta mère qu’a bien b’soin d’repos, elle aussi. »

Il faudrait peut-être prévenir le Géralt, aussi. C’est sa nièce, après tout. Ou sa sœur ? Freyja n’est pas certaine d’avoir saisi toutes les ramifications généalogiques de cette surprenante famille, mais elle sait que son nouveau chirurgien de bord tient à la gamine comme à la prunelle de ses yeux. Au matin, elle enverra un messager à la rencontre du médecin de l’Audacia, quelque part sur les routes ibéennes. Pour le moment, elle se contente d’aller chercher aux cuisines une théière pleine de la tisane de saule que boivent les autres malades pour contenir leur fièvre, ainsi qu’un torchon propre qu’elle trempe dans l’eau glacée. De retour près d’Éponine qui dodeline de la tête sur son fauteuil, le regard fiévreux et les yeux dans le vague, elle s’assied près d’elle et la prend dans ses bras pour lui faire avaler quelques gorgées et placer le linge trempé sur son front, où elle le maintient fermement. « Courage, petite. Sois forte, ça va aller. »



Dernière édition par Freyja de Brunante le Sam 23 Sep 2017 - 0:29, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Ce mal qui nous ronge   Ce mal qui nous ronge EmptyMar 12 Sep 2017 - 21:42

La lueur du feu se fait vacillante. La voix résonne toujours et je cherche son propriétaire. Mais je suis si fatiguée, tellement fatiguée que, quelque part au fond de moi, on me souffle que c'est pas trop utile.
Puis je la vois. La sombre silhouette. Une ombre qui se détache du fauteuil. J'ai envie de crier, de fuir mais je ne parviens à faire ni l'un ni l'autre. Je reste immobile. Pourquoi je ne vois pas ? Suis-je gravement malade ? La cécité de maman et de tante Quittou m'a donc trouvé ? La voix résonne encore et elle provient de la sombre silhouette. Ainsi c'est elle qui parle ? Je crois entendre mon prénom. C'est que je la connais. Puis quelque chose de doux et chaud se pose sur mon front. Un clignement de paupière me ramène à une certaine réalité. Je crois reconnaître la Taverne. Puis de nouveau je suis plongée dans l'obscurité, avec pour seuls compagnons, un feu maladroit et une ombre. Je me sens entraînée par l'ombre et j'atterris, sans trop savoir comment, sur le fauteuil. L'Ombre me chuchote encore quelque chose. Je devrais avoir peur mais non. Je sens une profonde douceur émaner de la silhouette et elle me rappelle un peu maman. Mais ce n'est pas maman. Ça j'en suis sûre. Je le sens. La chaleur est de plus en plus forte. Je suis trop près du feu ? J'ai la tête qui flambe, je crois qu'elle va exploser. J'ai tellement chaud. Et pourtant je tremble. Je me recroqueville sur le fauteuil, j'essaye de me faire la plus petite possible. Et la torpeur m'envahit. Mes yeux sont braqués sur le brasier. Son crépitement me berce et je sombre. Je sombre si loin...

Soudain je pousse un cri. Un frisson glacé. Si froid. Ma main se porte à mon front et je tâte un linge mouillé et glacé. J'ouvre d'un coup les yeux et je me retrouve à la Taverne. Comment je suis arrivée ici ? Je rêve ? Au final, je distingue même plus le rêve de la réalité mais mon regard rencontre celui de... la mère de Lena.

-Ma... de... Dame Freyja ? balbutié-je, péniblement.

Est-elle au moins réelle ? Elle m'impressionne, la maman de Lena. Une femme pirate qui tient une Taverne et sait jurer comme un homme tout en parlant parfois des mots que je comprends pas. Lena dit que c'est de l'Îlien, une langue venant de l'Archipel. Elle m'impressionne, la maman de Lena. Elle a beaucoup d'enfants et c'est une maman qui n'a qu'à regarder les gens pour se faire obéir. J'ai les joues en feu, ne sachant pas si c'est la fièvre ou l'embarras qu'elle me voit ainsi. J'amorce un pauvre geste comme pour me redresser, pour la saluer correctement ou arrêter de l'embêter mais ce geste meurt avant même d'entamer son début. Je n'ai pas de force. Les souvenirs me reviennent et j'ai mal à la tête. Je me souviens, maintenant. Du bateau qui est parti chercher tante Quittou et qui est revenu avec maman et tonton Gédéon. Je me revois, debout sur le pont, guettant tous les jours la silhouette de l'Audacia jusqu'au fameux jour où ses voiles se sont découpées à l'horizon. Je me rappelle mon impatiente à l'idée de revoir ma tante en vie et mon oncle qui a promis de la ramener. Puis je revois surtout maman. Maman qui est arrivée. Et moi, totalement pétrifiée, incapable de détacher mon regard d'elle. Une apparition. Ma déesse qui me fait dont de sa projection l'espace d'un instant. Mais non. Maman est bien réelle. Alors je me suis jetée sur elle. J'ai crié et j'ai dit beaucoup de trucs que j'ai pas compris. Je sais juste que maman m'a réceptionné dans ses bras, qu'elle m'a serré tellement fort que j'ai cru m'étouffer et que je n'ai pas arrêté de pleurer. Pleurer parce qu'elle était là, à nouveau. Puis tonton Gédéon aussi. Alors je les ai serré encore et encore, j'ai pleuré sans m'arrêter, j'ai remercié à peu près tout le monde à travers des balbutiements larmoyants incontrôlés. Je me souviens de tout ça. Je me souviens aussi de la maladie. Comme si le bonheur ne peut pas durer longtemps. La maladie est arrivée et j'ai commencé à avoir très chaud. Maman m'a expliqué que c'est à cause de la magie et que je devais partir pour guérir. Ça j'ai pas compris. J'ai pas compris pourquoi je pouvais pas rester avec elle. Maman était malade aussi ! Alors j'ai encore crié, supplié, prié, imploré, pleuré... puis maman a fini par céder. Parce qu'elle était malade ou parce que, comme moi, elle pouvait pas s'imaginer d'être encore séparée de moi ? Lena est partie, elle. Avec sa sœur. Ça m'a inquiété. Mais moi je pouvais pas quitter ma famille encore une fois. Je pouvais pas quitter maman.

Dame Freyja elle me murmure des choses réconfortantes. Ca me fait penser à maman un peu. Doucement, elle me fait boire un breuvage chaud. Ça fait du bien. C'est chaud et j'ai si chaud mais ça soulage. Je sens que mon mal de tête s'en va.

-Ma... maman ?

Je parviens difficilement à articuler ma question et j'arrive même pas à former une phrase correcte. D'ailleurs, si ça se trouve, je rêve toujours. Je dodeline de la tête, ne parvenant pas à rester concentrée trop longtemps sur une chose. C'est bizarre comme la maladie nous emporte tout.

-On... va mourir ? demandé-je dans un pauvre murmure.

Je sais pas grand chose de cette maladie. Mais je suis au moins sûre d'une chose. Si on doit mourir, moi, je veux que ce soit dans les bras de maman.
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Message Sujet: Re: Ce mal qui nous ronge   Ce mal qui nous ronge EmptySam 23 Sep 2017 - 19:46

Elle a l’air bien mal en point, la petite Éponine, et le cœur de Freyja se serre de la voir tant souffrante. Être témoin de sa détresse ne fait que lui rappeler l’absence de Lena, partie sur les routes avec Lou-Ann pour seule protection. Plusieurs fois, Freyja a remis en question ce choix, dans le secret de son cœur – elle aurait dû y aller elle-même, ou confier sa fille à un adulte capable de la défendre ! Ont-ils eu raison, avec Philippe, de risquer la vie de leur aînée pour protéger la deuxième ? Comment la mère inquiète sera-t-elle en mesure de supporter la douleur, les regrets, la culpabilité et l’horreur, si le convoi ne parvient pas à sauver sa fille malade et ne fait qu’en tuer une autre ? Frissonnante à cette idée, elle serre un peu plus Éponine contre elle, comme si prendre soin de l’amie de Lena lui permettait, d’une certaine manière, de promettre à sa fille que sa mère pense à elle.

La petite s’enquiert de sa mère – c’est du moins ce que Freyja en déduit, tant la fatigue semble affecter la malade. Désirée n’est pas très loin : dans la chambre douillette où elle a été installée, veillée par le pauvre Gédéon qui semble peiner à comprendre la gravité de la situation. Malade, elle aussi, comme sa fille – et sûrement sa nièce, et l’ensemble des mages de l’équipage – de tout Arven, même, paraît-il. Délicatement, elle écarte du fin minois une mèche rousse imprégnée de sueur, navrée de ne pouvoir faire mieux pour cette oiselle fragile tombée dans son nid de pirates.

La question qu’elle lui pose ensuite lui brise le cœur. Un instant, le souffle de Freyja hésite, sa gorge se noue, et une chape de plomb tombe sur ses épaules. Comment calmer les inquiétudes de la jeunette, alors qu’elle-même se pose la même question et tremble à l’idée que sa fille mourra loin d’elle faut de remède à son mal ? L’invention d’un antidote au poison qui ronge la magie est pour le moins hypothétique, et les mots manquent à la pirate pour rassurer l’enfant. Elle ne peut pas offrir de belle promesse à Éponine, ni de vaine assurance que demain sera victorieux – elle ne peut lui jurer qu’elle ira mieux. Alors que lui reste-t-il, à part l’honnêteté abrupte des enfants de Messaïon ? Un soupir navré s’échappe de ses lèvres, qu’elle mord le temps de peser ses mots. « Peut-être. Je ne sais pas ce qui va vous arriver, petite, je crois bien que personne ne le sait pour l’instant. Il faut attendre encore, et être courageuse, d’accord ? Ta mère aura besoin de ton soutien. Je sais que tu es forte, Éponine ; c’est Lena, qui me l’a dit. »

Il faudrait lui changer les idées, à cette mignonne dont la fièvre semble céder un peu de terrain. La faire penser à autre chose qu’à sa maladie, sa mère et tous ceux qui ne se relèveront peut-être pas de l’épidémie qui ravage le continent. « Est-ce que tu savais que Riven est à moi, Éponine ? J’en ai hérité par ma mère. Aubenacre appartient à mes terres. Je l’ai demandé à ta mère et ta tante, mais leurs yeux ne fonctionnent plus depuis longtemps ; et Gédéon a apparemment un peu peur de moi, alors… Décris-moi ta lande, Éponine. Raconte-moi la beauté de l’océan dans mon petit coin de continent, tu veux ? »

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Message Sujet: Re: Ce mal qui nous ronge   Ce mal qui nous ronge EmptyLun 25 Sep 2017 - 21:22

Je sais pas ce qu'on peut répondre à ça. Je sais pas non plus ce que je veux entendre comme réponse. La vérité ? Ou ce que j'espère au plus profond de mon cœur ? Parce que j'ai pas envie de mourir moi. Maman est revenue, je viens de la retrouver mais elle s'est sacrifiée pour moi. Alors j'ai une vie à vivre. Pour qu'elle soit fière de moi. Une quinte de toux m'importe alors que mes joues chauffent de plus en plus. Je me laisse aller contre cette étreinte maternelle, trop épuisée pour essayer de m'y dérober. J'espère que Lena ne m'en voudra pas d'utiliser le temps de sa mère ainsi, alors qu'elle a peut-être autre chose à faire. Puis elle aussi, elle doit être inquiète. Après tout, Lena n'est même pas là, elle a aucun moyen de savoir comment elle va. Elle doit se sentir si inquiète et moi je suis là avec mes pauvres questions idiotes.
Mais elle me répond tout de même. Elle sait pas. Elle espère. Comme moi. Comme nous tous. On attend et on espère. Peut-être même que l'attente est pire pour les autres. Parce que moi, le temps, je le vois pas passer. Et que la réalité et les rêves se confondent aussi. Il n'y à que la fièvre, le sommeil, la fièvre. Mais pour ceux qui restent, ce doit être pires. Ils voient tout ça et ne peuvent rien y faire parce qu'ils savent pas non plus. Ils sont encore plus inquiets que nous parce que nous, on dort et on délire, et on s'en rend pas trop compte au final. Alors moi aussi je balance doucement ma tête d'avant en arrière. Très lentement parce que je peux pas faire mieux. Puis je lève une main tremblante et lui tapote doucement la joue. Enfin j'essaye mais je crois que c'est pas une belle réussite. Ma main glisse, en plus. Je sais donc rien faire de bien dans ce genre de moment ? Moi aussi je m'inquiète pour Lena et c'est elle qui est forte parce qu'elle est partie. Elle a eu le courage de laisser sa maman derrière et de partir en quête du remède alors que moi j'ai pas pu. J'ai pas pu quitter maman et pourtant elle est pas avec moi.

Il n'y a pas grand chose que je vois, en fait, mis à part dame Freyja et le feu. Parfois, en fermant et ouvrant les yeux, j'ai l'impression de retrouver la maison à Aubenacre puis on est de nouveau dans la Taverne. Je sais pas trop où j'en suis alors je m'accroche à l'unique chose qui ne demeure pas brouiller par la fièvre : les mots. Ils raisonnent, ils ont l'air irréels mais je les entends très bien. Alors même si c'est un rêve, la voix, elle, me raccroche à une certaine réalité. Mais je mets du temps à comprendre ce qu'elle me dit. Et lorsque je comprends.... Qu... quoi ? De... ? Dame... Dame Freyja ? Riven c'est à Dame Freyja ? J'ouvre la bouche pour dire quelque chose mais je sais déjà plus ce que je veux dire et je finis par rester la bouche ouverte, l'air affolé. Dame Freyja est... noble ? Oh par Valda ! Je tente de m'écarte un peu, pour m'incliner, pour faire quelque chose digne du noble sang qui est le sien mais c'est à peine si je parviens à bouger. Comment peut-elle ainsi s'occuper de moi, une telle roturière qui a vécu des années dans une petite cabane reculée à aider sa maman à trier des perles d'huîtres ?

-Ma... Ma Dame, balbutié-je rouge de honte ou de fièvre. Je...

La fin meurt dans ma bouche, trop fatiguée pour continuer. Puis je me souviens plus ce que je voulais dire. Mais je ne veux pas lui désobéir. Riven est à elle, c'est ma... duchesse ? C'est une princesse ? Une vraie princesse comme dans les histoires ? Je suis aussi intimidée qu'effrayée.

-Al... altesse, bredouillé-je toujours, l'esprit totalement confus.

Au moins, dans mes rêves, je vois des princesses. Puis la fatigue l'emporte encore et je ferme les yeux, m'abandonnant aux rêves et à la fièvre. Puis j'entends une voix. La mienne. Ah donc je parle. Tant mieux. Tant mieux.
Je murmure.

-L'Océan ronge la plage, de sable blanc, alors que les grains pétillent en âge, rythmé au gré du vent. L'air est chargé de sel, l'eau reflète le bleu du ciel. Et les landes embellissent les plaines. Saches que je les ai quitté, avec peine, ces vents et ce sable blanc, rythmé au gré du vent.

Doucement, je gémis. Une larme coule. Je le sens. Jamais je ne reverrai mon pays.
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Message Sujet: Re: Ce mal qui nous ronge   Ce mal qui nous ronge EmptyMer 27 Sep 2017 - 22:55

Si Freyja avait pu prédire que sa question perturberait autant Éponine, elle ne l’aurait certainement pas posée – pas avec la petite dans cet état second, assommée par la fièvre, rongée par la cruelle épidémie qui ravage le continent tout entier. Elle veut la distraire un peu de ses bien sombres pensées, faire en sorte qu’elle oublie le spectre de la mort qui rôde autour des malades. Elle veut lui rappeler qu’il y a un monde, dehors – un monde magnifique, qui ne demande qu’à être exploré pourvu que l’on se donne la peine d’y arriver. C’est très simple, en réalité : Freyja veut qu’Éponine s’accroche à ce qu’il y a de beau dans son existence, qu’elle se cramponne à la vie pour repousser ce mal qui la dévore comme il grignote sa mère, à l’étage, petit à petit.

Elle panique, visiblement. Kern seul sait ce qu’elle est en train de s’imaginer ! Elle balbutie, elle bégaie, elle bafouille, et la pirate tente de l’interrompre ; mais la petite continue, sans lui laisser la possibilité de répondre, et Freyja sourit avec nostalgie à l’écoute de ce poème prisé chez les Bellifériens. Oh, c’est en Ansemer, qu’elle a grandi, à Brunante ; mais sa mère a grandi à Riven, elle, et c’est ses comptines et ses légendes d’enfance qui berçaient les soirées de Freyja. Elle avait sept ans quand la maladie la fit orpheline, mais se rappelle encore avec tendresse de ces moments privilégiés entre mère et fille.

Délicatement, elle essuie du bout du doigt la larme sur la joue de la fillette, écartant prudemment une mèche rousse imprégnée de sueur de son front emperlé. « Je ne suis pas une altesse, petite, je suis juste la fille d’un marin et d’une guerrière, qui a eu l’infortune de naître noble et de ne pas pouvoir faire ses propres choix. Le marquis de Brunante en Ansemer est mon demi-frère aîné, et pour lui je suis une vieille fille recluse au fond des terres de feue ma mère, à Riven, en Bellifère, à l’autre bout du continent. C’est le conte qu’il sert à tous ceux qui s’enquièrent de moi, car il tolère mal ma vie scandaleuse. Je suis pirate, vois-tu, ce qu’il ne me pardonnera jamais ; mais en plus, j’ai livré mon corps à un homme auquel je ne suis pas marié – et nous avons six enfants. Six bâtards, que mon frère n’a jamais vus et qu’il ne connaîtra sûrement jamais. Riven est à moi, c’est vrai, en théorie ta mère m’est vassale ; mais Riven est surtout mon havre de paix, mon refuge secret, et je ne me sens pas supérieure à mes gens. Ne me fais pas de révérence, Éponine – je suis simplement Freyja, seconde de l’Audacia. Cela suffit largement à mon bonheur. »

Elle se doute bien, la quadragénaire, que la mignonne n’a pas retenu grand-chose de son discours. Ce qui compte, c’est le rythme de ses mots, son intonation lénifiante, pour parvenir à l’apaiser et à calmer sa tristesse. Combien de temps faudra-t-il avait qu’un remède ne soit trouvé ? Combien de temps, combien de larmes et de prières et de cauchemars, avant que Lena ne revienne guérie, avant que Lou-Ann ne reprenne sa place sur le pont ? Combien de temps, avant que Rhéa ne fende à nouveau les flots…

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Message Sujet: Re: Ce mal qui nous ronge   Ce mal qui nous ronge EmptyMer 11 Oct 2017 - 0:05

Je sens la caresse de dame Freyja et elle me fait encore plus trembler que possible. Dedans, je ressens la douceur de maman, et le murmure des vagues sur le sable. Est-ce le délire ou ai-je vraiment tout rêvé depuis le début ? Je vais me réveiller à la maison et j'irai contempler le lever de soleil comme presque tous les matins. Puis maman me grondera parce que j'y suis encore allée pied nu et tout sera comme avant. Rien n'aura changé. J'aiderai maman, éviterai grand-père et ferai des balades avec tonton Gédéon, guettant le retour de tonton Géralt et rêvant de rencontrer tante Quittou.
Pourtant il me semble que je suis bien là. Et que la voix de dame Freyja que j'entends, est bien réelle. Elle me parle, me raconte son histoire, sa vie. J'avoue que je comprends pas tout. Je saisis sûrement le principal. Elle est Seconde de l'Audacia et pas une Altesse. Mais après... je me perds dans les noms et finalement me laisse surtout bercée par le rythme envoûtant de sa voix. Comme une berceuse qui apaise un peu mon délire. Une sorte de baume pour ma fièvre. Un doux murmure qui me rappelle le bruit des vagues. Petit à petit, je sens mon cœur ralentir, mon esprit s'apaiser et les flammes du délires s'estomper. Je me sens encore chaude et tremblante mais la mélancolie de ma terre natale semble s'être évaporée. Je sais bien, au fond, qu'il vaut mieux pour tout le monde d'être ici. En Bellifère, il n'y a pas d'avenir pour moi. Et maman est mieux ici maintenant. Mais, Aubenacre reste le lieu où je suis née et l'endroit où j'ai grandi, où j'ai passé les onze premières années de ma vie. Et même s'il y a beaucoup de choses à y redire, c'était beau. Le paysage est beau. Et la maison était pleine de chaleur et d'amour. Un cocon pour maman, tonton Gédéon et moi. Un endroit qui va me manquer tout de même et que je garderai dans mon cœur, comme un secret à chérir et ne jamais oublier.

Je me laisse aller à l'étreinte de Dame Freyja, les braises qui crépitent m'emmenant loin de la réalité, alors que je sombre à moitié dans le rêve, une fois encore.

-Lena, elle ira bien, murmuré-je. Parce que Lena elle est forte et qu'elle va pas laisser la maladie gagner. Et maman aussi.

Je ne sais pas très bien pourquoi j'ai dit ça mais ça me semble important de le faire. J'ai l'impression d'y croire moi-même. Comme pour me rassurer aussi un peu.

-On va tous aller bien, terminé-je les yeux mi-clos.

On a vécu trop de choses, Valda ne va pas me laisser tomber. Elle me protège depuis ma naissance, jamais elle ne faillira à son rôle. Il faut équilibrer, il y a une justice dans ce monde. Quand les choses sont trop mauvaises un temps, il faut ajuster tout ça et ensuite ça va mieux. Et quand tout va très bien depuis trop longtemps, il faut s'attendre à des petits malheurs. La vie est comme ça. Alors on est malades depuis trop longtemps donc ça ira mieux..

-C'est obligé...
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Message Sujet: Re: Ce mal qui nous ronge   Ce mal qui nous ronge EmptySam 14 Oct 2017 - 12:21

Lena ira bien, assure Éponine, et le cœur de mère de Freyja se serre. Si seulement la foi d’une enfant avait le pouvoir de concrétiser ses souhaits ! Si seulement elle pouvait avoir l’absolue certitude que tout irait bien pour sa princesse bringuebalée le long des chemins dans une espèce de fuite en avant aux allures de course contre la clepsydre. Si seulement Freyja avait la possibilité de lire les plans du Destin ! Mais il n’en est rien ; alors elle trompe son inquiétude en écoutant Éponine lui promettre que tout le monde s’en  sortira. Tout le monde, oui : Lena et Désirée évidemment, mais aussi elle-même, et tous les pirates à bord de l’Audacia, tous les occupants de la Taverne, les autres élèves de l’Académie, les habitants de Lorgol, tous ceux qui vivent sur le continent et ses environs. Tous ceux-là. Ô Mnémosie, maîtresse de la mémoire, souviens-toi des paroles de cette enfant ; puisse le Destin ton époux consentir à les exaucer !

Elle berce encore l’enfant quelques minutes ; puis son instinct maternel lui souffle qu’à l’étage, bébé Leia ne devrait pas tarder à se réveiller pour réclamer son dû. Il est hors de question d’abandonner la petite mage ici, toutefois, pas dans cet état préoccupant ! Elle pourrait tomber et se cogner, ou même basculer dans le feu, sans personne pour veiller sur elle. Non, la meilleure chose à faire est de la remettre au lit, le plus en douceur possible, pour qu’elle aille se reposer et tenter de repousser cette fièvre qui l’affaiblit tant. Délicatement, Freyja fait lever Éponine, la retenant par les épaules pour ne pas qu’elle tombe. « Allez, petite. Il faut remonter te coucher maintenant, tu as besoin de te reposer. » À pas prudents, elle accompagne l’enfant à l’étage, un bras autour d’elle pour la soutenir. C’est qu’elle est trop grande pour être portée par quiconque d’autre que son oncle, la petit rouquine, et Freyja ne tient pas à réveiller quelqu’un pour la transporter !

Une fois parvenues dans la chambre de la jeunette, la pirate l’aide à s’allonger et la borde avec une tendresse navrée. « Dors bien, Éponine. Repose-toi. » Un baiser sur le front de la rouquine, et Freyja s’éclipse. Dans sa propre chambre, si vide en l’absence de Philippe, Leia commence effectivement à s’agiter. Elle la berce doucement, priant avec ferveur pour que cette affreuse maladie finisse par guérir et disparaître.

On peut toujours espérer, n’est-ce pas ?
Demain est toujours un autre jour.



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