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 Une pensée, et l'immensité est emplie

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Message Sujet: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptyDim 29 Oct 2017 - 14:03


Livre II, Chapitre 6 • La Chasse Sauvage
Lauriane de Faërie et Antonin de Faërie

Une pensée, et l'immensité est emplie



• Date : 2 octobre 1002
• Météo (optionnel) : Le temps est clair.
• Statut du RP : Privé.
• Résumé : Après l'épidémie qui toucha les mages le mois dernier, Lauriane se décide à passer un peu temps avec son fils en convalescence qu'elle n'a pas encore vu depuis cette épreuve qu'il a traversé.
• Recensement :
Code:
• [b]2 octobre 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t2864-une-pensee-et-l-immensite-est-emplie]Une pensée, et l'immensité est emplie[/url] - [i]Lauriane de Faërie et Antonin de Faërie[/i]
Après l'épidémie qui toucha les mages le mois dernier, Lauriane se décide à passer un peu temps avec son fils en convalescence qu'elle n'a pas encore vu depuis cette épreuve qu'il a traversé.

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Message Sujet: Re: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptyDim 29 Oct 2017 - 14:07

Est-ce que le monde était capable de se remettre de tout ? Parfois, quand l’horreur était trop grande et que Lauriane le subissait sans sourciller, elle se posait cette question. Ce n’est pas qu’elle ne ressentait rien, c’était qu’elle ne pouvait se le permettre. Mais en son for intérieur, en y mettant les sentiments, l’horreur de la guerre, la terreur d’une maladie qui te ronge de l’intérieur et le déshonneur d’un peuple qui t’attaque alors par derrière, le monde – l’espace d’un mois – avait sombré si profondément. Dans ces moments-là, on se demande alors si les choses seront capables de redevenir comme avant. Les rescapés auront une chance de le savoir, mais pas les morts. Lauriane se sentait affreusement responsable, ça la rongeait tant et si bien qu’elle n’arrivait que mieux à le dissimuler.

Son buste s’affaissa légèrement par-dessus le secrétaire sur lequel elle se consacrait à sa tâche. Elle ne voulait en faire par à Gustave, préférant en faire sa seule responsabilité. C’est pourquoi elle se consacrait à quelque chose qu’une impératrice n’est pas forcément censée faire. Lauriane écrivait une lettre aux familles de ceux qui avaient perdu des leurs à cause de la maladie sur le front. La guerre n’était déjà pas une belle histoire, mais ce n’était même pas ça qui les avait tués. Et c’était un exercice éreintant, auquel elle s’était consacré aux heures de la nuit, à toutes les heures où son devoir d’impératrice pouvait attendre. C’était stupide, elle ne pourrait le faire pour tous, mais elle le ferait quand même. En clair, depuis le début de l’épidémie et même après sa fin, Lauriane ne s’était pas encore accordée de répit. Une jeune femme, employée du palais, fit irruption dans le bureau, apportant un plateau chargé. Mais ce n’était pas pour elle.

L’impératrice n’était pas dans ses appartements privés en pleine journée, on venait plus souvent l’y déranger, mais cette fois, c’était différent. Son manque de temps avait également concerné ses enfants. Tous deux mages, tous deux malades. Malheureusement, cela avait été le cas de tout l’empire et Lauriane s’était refusé à se préoccuper de ses enfants au détriment de son devoir. La vérité était qu’elle n’était pas une seule fois aller les voir durant les premiers stades de la maladie. Elle se souvient avoir dit à Gustave, dans un courant d’inquiétude, qu’il fallait absolument qu’ils n’usent plus de la moindre magie. C’était bête et évident, mais c’était déjà bien car c’est tout ce que son inquiétude de mère avait pu témoigner. Et puis, elle avait été trop occupée à gérer la quantité de mages malades, à installer, à calmer, à surveiller. D’abord sur le front car c’était de leur responsabilité, et puis surtout à Cibella, car Gaëtane avait également été atteinte – même si cette dernière avait gardé la tête haute si longtemps.

Cependant, au plus fort de la maladie, dans ces moments où tu n’es pas sûr que les choses vont s’arranger, Lauriane avait dû se rendre au chevet de ses enfants qui n’étaient alors plus vraiment conscient. D’abord Antonin. Il était si brûlant, et ses délires s’insinuaient atrocement dans le cœur de Lauriane, alors elle avait pleuré. Beaucoup, et dans le silence coupable de son manque de maternité. Auprès d’Armandine, Lauriane avait déjà épuisé toutes les larmes de son corps, mais – chose qui n’était sûrement jamais arrivé du vivant de la jeune femme – sa main, dans un geste de tendresse, avait écarté une mèche en sueur de son beau visage. Et elle était partie. Elle ne pouvait se démonter plus, si on ne trouvait de remède, les conséquences seraient dramatiques. Mais les choses s’étaient arrangées.

-Merci, acquiesça Lauriane en réponse à l’arrivée de la servante. Conduisez cela avec moi au prince Antonin, je vous prie.

Dans les couloirs qui conduisaient aux appartements d’Antonin, Lauriane se remémorait l’intense soulagement qui avait délié son corps lorsqu’elle apprit que le remède avait été trouvé et que sa distribution avait déjà commencé. Leur peuple était sauvé. Son cœur avait eu énormément de mal à penser au fait que ses enfants aussi l’étaient. Elle se sentait trop coupable. Elle les aimait tellement, qu’il lui avait mieux fallu ne pas y penser. Mais cela ne pouvait être éternellement et aujourd’hui Lauriane avait décidé de passer un peu de temps avec son fils pour voir comment il se portait. Et aussi, peut-être, pour mieux réaliser qu’il était toujours bien là.

Devant les portes de ses appartements, Lauriane eut néanmoins une légère hésitation. Elle appréhendait toujours ces moments passés avec ses enfants. Elle ne savait pas être une mère, mais ça ne pouvait toujours l’arrêter. Finalement, la jeune impératrice se tourna vers la servante et la congédia, la remerciant, prenant elle-même le plateau garni de boissons chaudes et de quelques délicieux gâteaux de tradition outreventoise, à base de miel ou de sirop d'érable. Ce n'était pas ce qu’il y avait de plus raffiné, mais enfin, Lauriane essayait de faire de son mieux. Après un dernier temps d’attente, elle se résolut à frapper quelques coups contre la porte.

- Antonin, puis-je entrer ?

Elle ne s’était pas annoncée, n’y avait pas mis les formalités. Finalement, avec ses enfants, elle ne savait ni se comporter en mère, ni en impératrice. Lauriane attendit quelques instants qu’il lui répondit, avant de passer doucement la porte. D’une part car elle ne voulait pas faire irruption trop violemment dans ses appartements, et d’autre part car elle ne voulait pas renverser le plateau qui ne tenait plus que sur le plat d’une de ses mains. Heureusement qu’elle n’était guère gauche. Néanmoins, à peine le pas passé et la porte refermée, elle s’empressa de le récupérer de ses deux mains.

- Je suis heureuse de te voir, commença-t-elle, un léger sourire aux lèvres.

La rétention de ses sentiments envers ses enfants était une habitude chez elle. Mais c’était pire aujourd’hui, sachant qu’elle n’avait pratiquement pas été près de lui lorsqu’il était malade. Elle ne savait pas s’il lui en voulait, et même si ça avait été le cas, il ne lui aurait certainement pas dit. Elle comprenait. Et même si sa crainte lui avait repoussé fait cette visite, elle se devait – elle voulait – le voir. A l’image de son désir de ne pas faire irruption n’importe quand, n’importe comment, dans sa vie, Lauriane était restée en retrait, encore dans l’entrée, droite dans sa robe blanche au tissu léger et simple.

- Comment te sens-tu ? Je t’ai apporté quelque chose.
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Message Sujet: Re: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptyDim 29 Oct 2017 - 22:56

Antonin se regardait dans le miroir, encore affaibli, il prenait appuis contre le rebord du meuble pour éviter que des vertiges ne lui fassent perdre l’équilibre. Il allait mieux, mais il restait des stigmates de la maladie, des joues mal rasées, et émaciées, quelques cernes creusaient encore le dessous de ses yeux. Il avait un air plus grave, plus mesuré que lors de cet été.
Comme si cette maladie et les symptômes qu’il avait subit, avait réussi à arracher le peu d’innocence qui lui restait. Dans un sens c’était vrai, Quelque chose s’était brisée, il y avait un vide, un trou. Antonin ne savait pas ce qu’il avait perdu, mais à la place il y avait désormais un trompe l’œil pour dissimuler la perte. Comme pour la cacher, les autres ne pouvaient le voir, mais lui…il savait.

Le jeune homme ne pouvait l’avouer à personne, peut-être seulement à sa sœur, mais il faisait encore des cauchemars, des moments où le lien avait été coupé avec Agonie, ou la solitude l’avait submergé, visqueuse, écœurante. Elle l’avait pris à la gorge, lui coupant presque le souffle, s’était installe dans son torse et avait pesé de tout son poids.
La fièvre avait fait le reste et l’avait emporté dans un monde terrifiant. Il avait déliré, il le savait, mais il n’en avait que de brèves bribes de souvenirs. Tant mieux, le prince ne voulait guère se souvenir de cela.

Antonin regrettait seulement de n’avoir pu être là pour sa sœur. Il n’avait rien pu faire pour lutter, il n’avait pas réussi à trouver les mots pour rassurer Armandine , alors même qu’il était la à se tenir le cœur, suffoquant de ne plus sentir l’esprit d’Agonie se mêler au sien. Incapable d’expliquer, incapable de lutter.
Il avait été pitoyable à tous les abords.
Et pourtant, personne ne le lui avait reproché. Ces regards qu’on lui portaient lui étaient insupportables, il aurait préféré qu’on le blâme, qu’on le raille.
Mais rien ne sortait.

Plus jamais il ne voulait revivre ça, se montrer si peu digne. Perdre Agonie, et devenir aussi pitoyable. Égaré dans ses pensés, un regard dur posé sur un reflet peu flatteur. Antonin se fit surprendre par le bruit d’une porte que l’on frappe doucement, mais avec résolution.
Un sursaut lui agita les épaules. Se passant la main sur ses joues. Il reprit un tant soit peu contenance, bombant le torse prêt à endosser ce rôle qui était le sien. Une image qui n’était pas lui. Mais c’était là son rôle.

-Oui entre.

Et pourtant, il ne peut empêcher une certaine surprise de filtrer entre ces deux petits mots. Sa mère avait fort à faire, pourquoi venir le voir ainsi, maintenant ? Il allait bien, elle n’avait pas besoin de venir lui apporter à manger comme une femme de chambre.
Quel piètre prince il faisait, à avoir toujours sa mère veillant sur lui, à son chevet alors que la maladie le prenait. Et pourtant il était heureux de la voir, il ne fallait pas s’en cacher. Parmi tous ces visages étrangers et menteurs, seule sa famille avait sa confiance absolue. Il avait certes quelque ami, mais les visites étaient trop rares pour qu’il puisse partager un peu de son fardeau avec eux. D’autant que la sagesse lui dictait de ne rien en faire. Alors il s’abstenait et s’épanchait a sa seule compagne en la présence d’Agonie.

-Moi aussi je suis content de te voir. Ca va beaucoup mieux maintenant, merci.

Elle n’était pas venue lorsqu’il était malade et encore conscient. En même temps n’était-ce pas la meilleure des décisions alors même que personne ne pouvait dire avec certitude que les non-mages ne seraient pas également touchés ? Il n’aurait pas voulu être à l’origine d’un tel mal chez sa mère. L‘avait-elle vu délirant et rongé par la folie apportée par cette épidémie ? Grand dieu, il espérait que non.

-Tu n’aurais pas dû te déplacer. Si tu m’avais fait mander, je serais venu. Je peux encore marcher tu sais.

Il n’était pas encore très assuré sur ces appuis, mais c’était dans ses cordes.
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Message Sujet: Re: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptyJeu 2 Nov 2017 - 22:35

Son parfait petit prince qui restait digne et fort de ses bonnes manières même dans la maladie. Lauriane était si fière de lui, et en même temps troublée, car cela ne lui permettait pas de savoir ce qu’il ressentait vraiment. Elle était incapable de discerner quels tourments pouvaient l’habiter, et ça l’agaçait sans qu’elle ne le montrât jamais. Elle aurait tant souhaité pouvoir s’occuper convenablement de lui. Avec le temps, Lauriane avait tenté de cacher ce manque par l’attitude la plus digne possible. Bien qu’elle se doutât que ça ne faisait pas illusion, personne ne pouvait non plus lui reprocher l’attitude délicate d’une noblesse idyllique. Pas même ses enfants. Parfois, elle trouvait qu’Antonin avait pris une partie de ce pli. Mais, aujourd’hui, elle souhaitait bien faire et se trouva légèrement désarçonnée par la dernière remarque de son fils, sans qu’elle ne le montrât. Elle n’était pas venue en tant qu’impératrice mais mère qui avait failli perdre ses enfants. Et ce n’était pas facile à comprendre. Ni pour elle, ni pour lui. Jusqu’ici, ses enfants n’avaient jamais été en danger de mort et ce dernier passage inédit avait remué des considérations toutes aussi inédites chez la jeune impératrice.

-Bien sûr que si, répliqua Lauriane de son timbre clair. Tu as failli mourir. Tu dois te ménager. Ne pas attendre d’être correctement soigné c’est te mettre plus encore en danger. Et un souverain ne peut se le permettre.

Pour le côté « mère », on repassera certainement. Lauriane n’avait su – comme cela était le cas depuis le plus jeune âge de leur enfant – que leur parler en termes de devoir. Evidemment, ce devoir servait actuellement bien ses intérêts, permettant d’enjoindre son fils à se reposer. Mais il était tout de même assez déplorable qu’elle ne puisse le lui dire autrement. Et même si Lauriane était venue dans l’objectif de se montrer plus mère qu’impératrice, elle ne s’en voulut absolument pas de n’y être pas arrivée. C’était dans sa nature de ne pas s’arrêter sur ses faiblesses et d’aller à la rencontre dignement de toutes les prochaines. Malgré tout, elle souhaitait toujours d’une manière ou d’une autre être proche de son fils aujourd’hui. Peu importe les moyens. N’ayant toujours pas bougé de l’entrée, Lauriane s’enjoignit enfin à gagner une table de faible hauteur entouré de confortables assises pour y déposer le plateau.

-Je souhaitais venir te voir, acheva-t-elle finalement afin de lui faire comprendre en d’autres mots que la question n’avait pas à être d’ordre pratique.

Lorsque le port de sa tête se redressa légèrement – ses doigts ayant délaissé le plateau d’argent – un sourire qu’elle voulut aussi avenant que possible éclaira ses lèvres auxquelles la danse de la société avait depuis longtemps façonné une image légère et bienveillante. Alors elle ne savait plus que faire cela, mais ces sourires-là, pour son fils, étaient dès plus sincères. Cela se discutait déjà plus souvent avec Armandine avec qui elle s’entendait moins bien.

-Est-ce que tu as faim ? l’invita-t-elle, sa main se soulevant avec douceur dans sa direction pour joindre la parole au geste. Viens donc.

Lauriane s’était assise, les replis de sa robe ramenés adroitement le long de ses jambes, pliées sobrement en biais. Il avait encore du mal à se déplacer, mais Lauriane ne lui aurait pas fait l’affront de venir le soutenir. Ça ne lui était même pas venu à l’esprit à vrai dire. Antonin avait tout fait pour être le fils parfait, pour eux, mais pour lui aussi l’espérait-elle. Aussi n’avait-elle jamais souhaité l’embarrasser. Par son invitation aurait-elle souhaité réussir à dérider cette frontière invisible qui l’empêchait d’être proche de ses enfants. Mais ça ne pouvait être aussi simple. Et Lauriane ne pouvait se résoudre à aborder des sujets trop personnels à son enfant. Elle ne se trouvait pas en droit de le faire. Comment alors aborder cette épreuve qu’elle l’avait vu traverser ? Entraperçu aurait été plus exacte, mais cela était amplement suffisant. Quoique, parfois devait-elle se leurrer sur ce qu’elle savait vraiment, surtout après n’avoir passé que si peu de temps près de lui durant sa maladie.

-Ta réponse aurait plutôt dû être que tu peux déjà remarcher, répliqua-t-elle, tentant une approche. C’était un peu directif, mais sa voix l’avait seriné sans la moindre once de reproche. Est-ce que… tu souhaites en parler ?

Lauriane n’avait pas été certaine dans son affirmation, mais c’était également son devoir d’impératrice que de vérifier que le prince allait être capable de retrouver correctement ses fonctions. Et ça l’arrangeait bien de cacher son inquiétude de mère derrière, surtout quand elle ne savait pas quoi faire avec.

-Il faut que tu me parles, insista-t-elle finalement, sachant pertinemment que son fils pourrait tout garder pour lui pour ne pas le lui imposer. Nous avons eu beaucoup de soucis avec ton dragon...


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Message Sujet: Re: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptyLun 6 Nov 2017 - 18:15

Sa mère s’indignait, dieux qu’elle avait raison. Tant d’impuissance et de faiblesse n’étaient décidément pas dignes du rôle qu’il se devait d’incarner. Il ne baisse pas les yeux, pas comme cette fois devant son père, pris sur le fait d’avoir abusé de drogue cielsombroise. Il ressent la honte, mais ne la laisse pas éclater, pas devant elle, pas devant sa mère. Il lui devait tant, il ne lui ferait pas l’affront de la décevoir encore un peu plus. C’était étrange, il avait cette force là devant celle qui l’avait mis au monde, mais pas devant celui qui avait participé à sa conception.

Ce n’était pas tant qu’elle n’était pas effrayante, Laurianne était intimidante à sa manière. Sa dignité était telle que personne ne se serait permis le moindre affront.
Comme si sa seule présence suffisait à rendre le monde plus grand. Les épaules se relevaient devant son passage, les torses se bombaient et les yeux se mettaient à briller. Peu importe les sentiments qu’ils y avaient derrière. L’empereur inspirait la crainte là ou la stature de l’impératrice faisait ressortir toute la fierté du monde tapi en chacun.
Elle avait ses travers, mais tout comme Antonin le faisait de son père, sa mère avait été idéalisée. A tel point qu’il minimisait l’évidence de son alcoolisme à l’image d’un déni outrancier.

-Oui, vous avez raison mère. Ce n’est pas digne d’un prince que de se mettre dans pareille situation. Mais, c’est fini désormais, je suis en train de guérir. Il n’est plus temps de tergiverser à ce sujet.

Du moins, aimait-il à le penser. La défaite était cuisante pour son égo. Déjà qu’il ne s’était jamais senti à la hauteur, que faire, que penser de celui qui n’a jamais brillé en rien d’autre que par son incapacité ? S’il était mort comme ça, sans jamais avoir rien accomplie, malgré les promesses et les rêves murmurés jadis, alors qu’il était dissimulé sous des draps avec sa sœur.
Il se rapproche doucement de sa mère, sans se départir d’un sourire doux-amer. Il aimait sa mère, tendrement et avec une affection évidente, malgré la distance et la froideur qui avait toujours existé entre eux. Il n’avait jamais compris pourquoi, mettant ça sur le compte de son rôle de premier né et des devoirs qui lui incombaient sans que jamais il n’arrive réellement à atteindre cet idéal que ses parents semblaient vouloir qu’il atteigne. Mieux valait qu’il ne sache jamais. Ironique de vivre dans le mensonge pour celui qui s’était tourné vers les chemins de la vérité.
Mais il avait du mal à encaisser d’avoir encore déçu ses parents.

Antonin s’assoit à côté de sa mère. Il prend garde à ne pas abimer cette robe qu’elle porte si bien. Le prince ne veut pas essuyer d’avantages de ses reproches, justifiés certes, mais jamais agréables à entendre pour qui se savait déjà en faute.

-Et je suis heureux que tu l’aies fait. Excuse mon impertinence de tout à l’heure. Je ne voulais simplement pas que tu te déranges pour moi, et avant que tu ne me rabroue encore, sache que j’apprécie vraiment que tu n’écoutes pas les récriminations de ton fils ingrat.

Le voilà qu’il minaude et lui révèle ce sourire plein d’un charme mutin qu’il savait sa mère incapable de résister. Elle aurait le dernier mot si elle le voulait, mais l’amusement qu’elle cacherait sous un regard accusateur adoucirait ses remontrances.

-Surtout que tu sais comment me changer les idées.

Assis  près de sa mère, il pouvait sentir les effluves de son parfum délicat, et observer la grâce de ses gestes. Cette présence l’apaisait, tout comme celle d’Armandine. Il n’avait pas à faire semblant, du moins pouvait-il laisser une partie de ce rôle si pesant pour ses épaules encore trop frêles.
Il s’empare d’un gâteau et le mange avec entrain. Il avait le ventre noué encore, mais il adorait ces gâteaux et il craignait que son ventre ne finisse par s’auto-digérer s’il continuait ainsi à bouder la nourriture.

Lorsque sa mère aborde le sujet de la maladie, faisant référence à Agonie, son geste devient plus lent. Il prend le temps d’y réfléchir, décident que ce geste de faiblesse et d’affliction évidente était acceptable devant une personne de sa famille. Après tout, n’avait-il pas pensé plus tôt qu’il pouvait se détendre en leur présence –son père excepté- ?

« Ils n’avaient cas me laisser entrer dans ton nid. »

-Agonie est aussi une reine tu sais. Elle  n’apprécie guère qu’on l’empêche de faire ce qu’elle veut. D’autant qu’elle pouvait sentir la maladie me ronger jusqu'à la rupture du lien. C’est très violent comme sensation…. Je ne suis pas certain de pouvoir l’expliquer. Je…je suis désolé d’avoir laissé tout ça arriver.


Et maintenant, l’Ordre était-il toujours un allié ou était-il devenu un ennemi ?

-Quand le lien entre un Chevaucheur et son Dragon se coupe ainsi, souvent cela signifie la mort de l’un d’eux. D’où son agitation.


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Message Sujet: Re: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptyMar 7 Nov 2017 - 16:32

Qu’Antonin ai enfin délié ses mots fit particulièrement plaisir à sa mère. C’était moins le prince cérémonieux que son enfant qui cherche à la fois à être convenable et à la fois à se laisser un peu aller. Il avait toujours été comme ça, et c’est sûrement ce qui avait permis à Lauriane de se rapprocher de lui, malgré tout. Mais ce n’était jamais gagné et elle appréhendait toujours que la situation ne change brutalement, qu’il se fasse plus distant. Ça n’était pas le cas, elle était rassurée. Et un grand sourire avait désormais déjà traversé son visage à l’entente des malicieuses railleries de son fils. Bien sûr que non n’allait-elle pas le morigéner encore et encore. Elle n’était pas là pour ça, elle était là pour lui. Un peu pour elle aussi sûrement. Les moments qu’elle pouvait passer avec lui, sans que le cadre ne fût cérémonieux, n’étaient pas si nombreux. Et c’était plus fort qu’elle mais elle aimait plus que tous les moments où Antonin lui montrait qu’il l’appréciait, qu’il la respectait. Alors elle souhaitait juste profiter de son fils.

Lauriane ne l’interrompit pas. Son regard avait retrouvé sa tranquillité, attentive à ce qu’il lui disait. Elle se souvenait avoir été passablement énervée lorsqu’on lui avait appris l’esclandre que faisait son dragon pour essayer de rejoindre son fils pendant l’épidémie. Ils n’avaient pas que ça à gérer à ce moment-là. Elle n’avait finalement pas connu la fin du déroulement de l’affaire. Aujourd’hui, l’urgence de la situation passée, Lauriane n’avait évidemment plus le moindre ressenti envers sa dragonne. Le gronder ou la gronder à propos de ça était tout à fait vain et sans le moindre sens. Les derniers mots de son fils l’attristèrent légèrement néanmoins… Ses paupières s’affaissant légèrement sur des yeux dont la vision avait quelque peu plongé. Antonin avait énormément souffert de ce qui s’était passé, à une mesure que Lauriane savait n’absolument pas pouvoir comprendre. Et il se sentait responsable.

- Tu ne peux pas empêcher le vent de se lever, ni même les maladies de frapper. Il y a énormément de choses qu’on ne peut contrôler. Tu ne dois jamais te sentir responsable pour ce genre de chose. Lui répliqua doucement Lauriane, dont l’une des mains était venue tendrement replacer une mèche rebelle des cheveux de son fils. La seule chose dont tu es responsable dans ces moments-là est ce que tu décides de faire. Et tu t’en es très bien sorti. Le seul devoir d’un prince dans ces cas-là est de se reposer.

Evidemment, c’était comme si elle lui disait qu’en clair, la seule chose qui avait été à sa portée c’était l’inaction. Malheureusement, parfois, il n’y avait que ça. Et Lauriane pouvait comprendre la frustration et le sentiment d’échec que cela engendrait. Elle-même n’avait a priori jamais été en réel incapacité de faire son devoir, mais elle savait que si cela se devait d’arriver, il lui faudrait grandement prendre sur elle.

- Est-ce que tu as revu ta dragonne depuis ? l’interrogea-t-elle finalement, pour essayer de tourner le sujet vers une pente moins douloureuse.

Malgré son érudition, elle ne s’était jamais vraiment attaché à connaître le milieu des chevaucheurs, outre les nécessités de base. Elle était infiniment fière que son fils en fasse partie. Tout ce monde dans lequel il gravitait, toutes ses choses qu’il savait, et qui lui étaient inconnus, elle n’avait jamais vraiment cherché à s’y intéresser. Pourtant – le mois dernier en était témoin – son statut de chevaucheur avait un impact non négligeable dans sa vie, que Gustave et elle avaient peut-être sous-estimé. Lauriane n’était pas certaine de savoir s’il était vraiment utile qu’elle s’y investisse, considérer un dragon semblait si loin d’elle. Antonin n’était pas comme ça lui. Il était différent d’eux, différent de Gustave, différent d’elle. C’est pour ça que Lauriane gardait une grande confiance en son fils, malgré des écarts ou des erreurs.

- Tu as toujours tellement de considération pour les autres, lui sourit Lauriane. Ta dragonne doit avoir bien de la chance. Ce n’est rien qu’on ait eu quelques soucis, même s’il serait sûrement bon qu’elle apprenne qu’une reine ne fait pas toujours ce qu’elle veut. S’amusa-t-elle un peu, surtout pour taquiner son fils. Un jour, ce sera peut-être sa si grande considération pour toi qui te sauvera d’un péril qu’un souverain seul n’aurait pu vaincre.

Elle se plaisait à penser que son statut de chevaucheur lui donnait une protection supplémentaire et ce n’était pas un moindre atout vu les dangers auxquels ils étaient tous exposés. Evidemment, cela l’exposait également davantage car un chevaucheur se devait de défendre le peuple – mais il n’était qu’élève encore après tout. Ça n’était pas encore pour lui. Lauriane ne souhaitait pas encore penser au futur. Il était trop compliqué pour son esprit partagé entre l’obligation du devoir et son instinct de mère. Peut-être était-ce en raison de la mort qui avait failli emporté Antonin ou ces actuelles pensées qui l’amenaient à imaginer tous les futurs périls auxquels il serait confronté, mais la garde sans faille de Lauriane s’effrita légèrement à cet instant. Son regard s’embua, assez pour donner à ses iris une teinte brillante mais pas assez pour qu’on put croire qu’elle allait réellement pleurer. Il s’agissait toujours de Lauriane et elle ne se laissait pas aller. L’une de ses mains alla chercher l’une de celles de son fils, se posant avec douceur dessus et effectuant discrètement de son pouce une légère caresse.
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Message Sujet: Re: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptySam 11 Nov 2017 - 10:41

Antonin pince un peu les lèvres. Il est obligé de reconnaître qu’elle a raison, ce qui est quasiment toujours le cas en y repensant. Cependant, il n’aime pas à l’admettre aussi facilement, à cause de cette habitude farouche qui s’est ancrée dans sa peau de prendre sur lui chaque échec et de s’en attribuer la cause.

Le prince savait pourtant que c’est vrai, il ne pouvait décemment pas s’estimer responsable de l’apparition de cette maladie, comme de sa propagation ou le fait d’en avoir été la victime et de n’avoir pu en protéger sa soeur.
Il fallait qu’il arrête de s’auto flageller et utilise ce temps pour faire autre chose, grandir, devenir plus fort et meilleur.
Passer non loin de la mort avait ces bons côtés, comme celui d’ôter certaines oeillères ou faire prendre des résolutions qu’on ne se sentait pas capable de tenir jusqu’alors.

Le constat était cependant mitigé, l’Ordre n’était pas leur allié, un allié ne provoquait pas, même accidentellement, un tel cataclysme. La Rose Écarlate non plus ne l’était pas. Que pouvait-il faire alors? Créer un troisième groupe capable de rivaliser entre ces deux puissances millénaires?

“Et pourquoi pas ?”

Agonie voyait grand, Antonin n’était pas sûr d’être capable d'endosser de telles responsabilités. Il passe la main dans ses cheveux, soudain pris d’une lassitude extrême. Le jeune homme se retint de justesse de laisser échapper un long soupir.
Angoisser davantage sa mère et lui montrer encore un peu plus sa faiblesse ne les aiderait ni lui, ni elle. Alors il lui offre un pâle sourire qu’il n’arrive pas à rendre authentique.

-Tu as raison. C’est juste...frustrant de ne pas pouvoir faire plus.

C’est ainsi que leur conversation continue. Assis sur ce lit au tissu somptueux et fraichement changé. Ainsi, dans cette chambre qu’il commençait à peine à considérer comme la sienne, sa mère à côté de lui partageant un rare moment d’intimité, il se serait presque cru de retour en arrière. Avant que son père ne prenne le pouvoir, que la Rose ne les chassent pour en faire des fugitifs, que la royauté soit leur et les propulse au devant d’une scène bien terrifiante.
Il n’en était rien, Antonin le savait bien.

Ses poumons étaient encore encrassés des miasmes de la maladie, son teint pâle et sa peau creusée, il paraissait bien frêle. Il avait repris du poids, pas encore assez pour masquer complètement ce qu’il avait enduré.

-Ne lui dit jamais cela en face, elle irait te rire au nez. Personne ne l’empêchera de faire ce qu’elle veut, crois moi, son nom n’est pas usurpé. Mais elle sait faire des efforts quand il le faut.



“Le monde des hommes est bien trop truffé de règles incompréhensibles. Quel est l'intérêt d’une reine qui ne peut rien faire?”

Le petit prince reste coi, caressant du plat de sa main les draps au-dessous de lui. Il n’ose pas lui dire qu’il n’y avait non plus aucun intérêt à un prince d’apparat, ce qu’il était, mais il savait déjà qu’elle ne lui laisserait pas le dernier mot.
Il n’avait pas l’énergie pour tergiverser contre cette infatigable dragonne.

-Mais il est certain qu’elle viendrait m’arracher à Sithis lui-même si l’occasion lui en était donné. J’ai l'impression qu’elle me prend pour l’un de ses petits parfois et à d’autre de me coltiner un véritable enfant pourri gâté.

“Tu sais que je t’entends là?”

Sa voix gronde faussement menaçante.

-Pour te répondre, je ne suis pas encore allé la voir, ce qui ne l’empêche pas de survoler le palais et ma chambre régulièrement pour vérifier que je ne suis pas mort quand bien même nous somme liée mentalement parlant… Voudrais-tu venir la voire avec moi la prochaine fois? Je suis certain que vous pourriez vous entendre. Vous n’êtes pas si différente, la taille mise à part.


Et le tempérament impulsif également, mais il était à peu prêt certain que si sa mère faisait quelque tonne et pouvait cracher du feu, elle ne s’embarasserait pas non plus des convenances pour arriver à ses fins.
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Message Sujet: Re: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptyLun 13 Nov 2017 - 19:55

Que cette dragonne put être une sorte de mère de substitution pour son fils avait quelque chose de cocasse et Lauriane ne s’en offusquait pas. S’eut le don de redonner un léger sourire au coin de sa bouche. En soit, ce n’était sûrement même pas plus mal. Cette présence devait l’aider à surmonter tout ce à quoi il était confronté depuis qu’il était prince. Devoir arrêter son entraînement lorsqu’il était devenu héritier de l’empire de Faërie avait dû être très pénible. Quand Lauriane y pensait, une petite insatisfaction fleuretait parmi toutes les attentes qu’elle avait envers son fils.

- Au moins, elle prend soin de toi.

Un dragon qui survolait le palais devait avoir quelque chose de décourageant pour les quelques mal-attentionnés, ne put s’empêcher de se dire l’impératrice, imaginant sans peine l’immense masse projeter son ombre contre la pierre des toits du palais impérial d’Alfaë. La proposition de son fils qui suivit eut le don de… l’étonner. Cela se refléta dans les petites lueurs surprises du coin de ses yeux. Cela généra également… une sensation d’emballement, qui l’avait désertée depuis un bon moment. Elle ne s’était jamais vraiment souciée des dragons, ce n’était pas un sujet qui l’intéressait, mais c’était son fils qui lui proposait. Peu importait si son intérêt n’était pas réellement piqué, elle avait simplement envie de dire oui. Un peu de curiosité s’imposa finalement aussi. Elle ressemblerait à un dragon ? Ces êtres étaient si semblables à eux-mêmes ? Comment était la personnalité d’un dragon ? Ces interrogations qui ne l’avaient jamais préoccupée jusqu’ici se superposèrent à la façon dont elle s’imaginait en dragon. Grosse, toute blanche, avec des poils bruns sur la croupe, noblement assise sur son derrière comme un chat l’aurait fait, le museau dignement soulevé. Ce n’était donc… pas du tout concluant !

- Je serai honorée de pouvoir la rencontrer, lui répondit Lauriane, s’étonnant elle-même de la presque gratitude dans laquelle ses mots avaient percé.

Gratitude que son fils lui offre une opportunité de se rapprocher de lui. Et gratitude d’avoir quelque chose de prévu à faire qui n’était pas de l’ordre de la guerre ou du royaume. Cela n’arrivait pas souvent, et Lauriane ne s’en formalisait pas – elle préférait même œuvrer à ses devoirs plutôt que de se distraire – mais là c’était différent. Néanmoins, ça ne serait certainement pas aujourd’hui. L’observation de Lauriane ne perdait rien du creux fatigué de des joues de son fils, de ses yeux ternes, de la faiblesse latente de son corps. Il était encore loin d’être assez remis. Pourtant, elle avait l’impression nette que cela devait lui tenir à cœur. C’est peut-être parce que son fils avait ouvert une porte que Lauriane se décida à faire l’effort de lui parler de certaines choses qu’elle ne lui aurait pas accordé autrement.

Comme le sujet allait devenir dès plus sérieux, Lauriane en profita pour se lever. L’outreventoise avait besoin de retrouver le calme et la prestance que lui donnait sa démarche.

- Antonin. Sa voix, posée et profonde, indiquait sans détour qu’elle souhaitait qu’il accorde grande attention à ses prochains dires. Souhaites-tu devenir un jour empereur ? Lauriane appuya sa question d’un regard où se mélangeait profondeur et calme. Je ne te demande pas ce que le devoir te dicte mais ce que tes propres convictions souhaitent.

Lauriane avait toujours eu une certaine chance en ce qui la concernait. C’est probablement parce que ses propres convictions et son amour pour Gustave s’étaient si bien mêlés aux devoirs qu’elle avait eu assumés que ces derniers avaient toujours été en corrélation avec le chemin qu’elle souhaitait suivre. Pouvoir devenir empereur était une chance inespérée pour Antonin mais le percevait-il de la même manière ?

- Aurais-tu simplement souhaité être chevaucheur ? Un jour on attendra certainement de toi que tu choisisses clairement entre cette fonction et le trône, te sentiras-tu prêt ? où en es-tu entre ces deux facettes ?

C’est avec une certaine douceur que Lauriane avait fini son questionnement, voulant lui faire comprendre qu’elle n’était pas là pour le juger. Qu’au final, la vie était très courte pour se voiler la face et passer à côté de certaines choses. Elle ne s’était jamais vraiment beaucoup préoccupé des choix que son fils avait fait durant son parcours, de leurs conséquences plutôt, mais avait toujours été là pour le soutenir. Lorsqu’il avait voulu devenir chevaucheur, elle avait tout fait pour que cela lui soit possible malgré son titre d’héritier de la Rive. Héritier de l’Empire désormais, ce n’était plus aussi simple. Mais Lauriane avait la particularité, que ne partageait pas la plupart des outreventois, de considérer les changements nécessaires comme bénéfiques. Peu importait que cela manqua à la tradition. Son fils méritait une attention qu’elle ne serait plus apte à lui donner si la mort venait à l’emporter, lui ou elle-même. C’était une leçon qu’elle venait tout juste de comprendre.
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Message Sujet: Re: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptyDim 26 Nov 2017 - 18:57

Il était satisfait, Antonin, que sa mère ait accepté sa proposition. Il n’y avait pas vraiment réfléchi, c’était sorti avec spontanéité. Une chose qui lui avait quelque peut manquée ces derniers temps. Ce rôle qu’il endossait lui avait pesé, tous ces faux-semblants, ces mensonges qu’il avait dû avaler sans que quiconque ne le remarque réellement.
 
La maladie l’avait affaiblie et terrifié, toutes ces considérations étaient désormais loin derrière lui, comme si les délires avaient ouverts une porte sur quelque chose d’autre. On ne sortait pas indemne de ce genre de situation sans évoluer, que ce soit en bien ou en mal. Surtout lorsque Sithis avait été envoyé par ses propres alliés. Il avait du mal à s’y retrouver, ceux qui les avaient aidé et soutenu, ceux qui les avaient caché de la Rose et des menaces qui avaient pesé sur eux, voilà désormais qu’ils prenaient la place de bourreau.
 Fallait-il réellement le cautionner tout en restant muet ? Ce n’était certes pas son rôle, pas encore, mais le gamin impressionnable qu’il était, avait toujours eu tendance à idéaliser ceux qu’il admirait. Que faire quand cette image se flétrissait ?
 
Pouvait-il en parler librement à sa mère ?
Il aurait voulu, même s’il n’avait aucune idée de comment aborder le sujet, cependant,  elle ne lui en laissa pas le temps. Lauriane avait elle-même des interrogations, des peurs et des doutes et voilà qu’elle les laissait transparaitre. Bien sûr, son fils devait être une telle déception, il était légitime de se poser la question. Pourtant il savait que la bienveillance guidait ses paroles, il ne pouvait lui en vouloir, comme il ne pouvait pas s’arrêter de se sentir bien misérable.
Etait-ce à ce point inimaginable que de vouloir concilier ces deux mondes ?
Il ne pouvait se couper de la dragonne, de ça il en était certain, mais il ne pouvait tourner le dos au trône. Il savait que seule cette place lui permettrait de faire réellement avancer les choses. La raison pour laquelle son père l’avait autan convoité.
 

-Oui, mère, je serais prêt. En étant seul Chevaucheur je ne pourrais certainement pas faire tout ce que je souhaite. Cependant, je crois que le caractère d’Agonie à déteint et j’aime à penser que ces deux rôles ne sont, finalement, pas si indissociables. Après tout, quitte à vivre en harmonie avec les dragons pouvoir débattre avec eux sans passer par les Chevaucheur pourrait-être un plus intéressant.
 
« Ne t’avise pas à m’abandonner petit prince. Je ne le permettrais pas »

« Je sais, et je n’en ai nullement l’intention crois moi. »

« Bien. »
 
-Je…ne peux pas vivre sans Agonie, mais je ne suis plus si certain de réussir à être seulement Chevaucheur, d’écouter des ordres et de les appliquer sans me poser de questions quand bien même ils iraient à l’encontre de mes croyances. Je ferai les sacrifices qu’il faut, mais je ne suis pas convaincu que la limite soit si claire et nette qu’elle semble l’être pour vous.

 
Après tout, ce n’était pas eux qui partageaient leurs pensées avec une dragonne insupportablement fière, à tel point que ça en devenait contagieux. Voir grand et assumer, voilà ce qui traduisait le comportement de la dragonne de jade, une volonté qui faisait son chemin inexorablement dans l’âme du prince.
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Message Sujet: Re: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptyMer 29 Nov 2017 - 21:47

Lauriane avait observé avec grande attention son fils tout du long où il avait affirmé avec vigueur ses intentions, ne bougeant pratiquement pas. Son regard s’était fait pénétrant, si attentif que ses paupières en avaient oublié de remuer. Mais ce n’était pas un couperet tranchant qui y était insufflé, c’était le recueillement précautionneux que méritaient les paroles d’Antonin. Il avait des ambitions. Lauriane n’avait pas besoin de savoir s’ils étaient communs ou non à ceux de ses parents, ce qui comptait était qu’il en avait. C’était ça qui le porterait en avant, c’était ça qui lui ferait faire son devoir d’héritier et plus tard de souverain. Ça et le fait qu’il ne voulait pas qu’on lui dicta pour le reste de ses jours une conduite. Il avait des idées définies, fortement liées à son statut de chevaucheur. Lauriane n’aurait su dire si cela était une bonne chose ou non. Elle ne les connaissait pas assez, mais faisait confiance à son fils qui avait toujours gagné tous les mérites. Peut-être que sa fierté de mère l’aveuglait légèrement. Cependant, il allait légèrement trop loin pour elle. Comment est-ce qu’un rapprochement avec les dragons pourrait être intéressant ? Les chevaucheurs n’apprécieraient en plus pas énormément de voir leur privilège en parti partagé. Lauriane revint à la réalité, ces réflexions la dépassaient.

La confidence d’Antonin la laissa pantoise la première seconde. Une douce chaleur avait envahi son cœur, celle d’une mère touchée par son enfant. Evidemment, elle ne savait absolument pas quoi en faire, ni même quelle réaction y était appropriée. Alors se contenta-t-elle de retourner s’asseoir près d’Antonin. Calmée. Pourquoi calmée ? Si questionnement elle avait eu, cela lui semblait être passé. Probablement parce que son fils avait prouvé sa mesure. Elle s’était légèrement inquiétée la mère, lorsqu’on lui avait appris les écarts de son fils. Légèrement. En fait, c’était même assez inquiétant. Mais là n’était pas la question. Lauriane avait simplement voulu savoir s’il souhaitait être un jour sur le trône – sans ça, le malheur le guettait certainement. Et même s’il n’était pas question que son fils n’accomplisse pas ses devoirs, elle aimerait qu’il soit le plus heureux possible. Elle ne comprenait pas tout à fait tout ce qui entourait les dragons et les chevaucheurs mais se promit donc de se pencher sur la question.

- Je ne suis pas certaine de tout comprendre

Les dragons étaient des créatures intrinsèquement liées à Faërie mais cela faisait longtemps qu’on ne les rattachait plus qu’aux chevaucheurs. Et leur monde était aussi célèbre qu’inconnu.

- …mais je suis fière de toi, tu le sais. Lauriane marqua son approbation plantant un instant ses yeux dans ceux d’Antonin. Si cette dragonne est si liée à toi, tâche tout de même de ne pas te laisser emporter à cause d’elle. Et là-dessus, elle ne plaisantait pas, même si son ton était resté calme et n’était pas devenu fâcheux – nonobstant ses paupières qui s’étaient légèrement plissées. Néanmoins – reprit-elle pour ne pas laisser ses propos sans réponse – je ne suis pas non plus de ceux qui suivent ce qui est acquis depuis longtemps sans y réfléchir. Le manque de recul par rapport aux moeurs et usages a souvent coûté très cher au peuple faë. Elle pensait aux mages de sang, à Gustave, aux femmes outreventoises. Parfois les choses sont faites pour évoluer. Tout évolue. Compléta-t-elle, marquant une légère pause. Elle ne lui signifiait pas spécialement qu’elle était d’accord avec lui, plutôt qu’il faudrait voir comment les choses évoluent. Tu penses vraiment que les dragons pourraient apporter quelque chose d’autre à Faërie ?

Cela avait été vif comme l’éclair, mais une pensée avait traversé l’esprit de l’impératrice. Les dragons étaient des êtres terrifiants, semant aisément la terreur sur un champs de bataille. Ils ne gagneraient pas cette guerre à eux seuls, comme le démontrait la guerre qui ne datait pas d’hier, mais ce pourrait-il qu’autrement ils puissent faire pencher la balance ? C’était une pensée ambitieuse, et terrifiante car qui aurait pu croire que Lauriane songeait à cet instant autrement aux dragons que par rapport au profit qu’ils pourraient leur rapporter. Malheureusement, la guerre laissait peu de place aux bons sentiments et il fallait l’avouer, Lauriane n’aurait aucun scrupule à utiliser tout ce qui pourrait leur permettre de gagner. Ils ne pouvaient pas perdre, Faërie en souffrirait bien trop. Néanmoins, ça n’avait été qu’une vague pensée, bien vite reléguée, et remplacée par sa simple question. Une chose à la fois.
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Message Sujet: Re: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptyVen 19 Jan 2018 - 10:00

Les paroles de Laurianne résonnaient aux oreilles du petit prince comme une douce mélodie. Il aurait voulu les mettre en bouteille pour pouvoir les admirer, les observer jusqu'a plus soif, pouvoir les ranger pour les ressortir lorsque le doute venait l'assaillir. Pourtant, de cette émotion qui le prend, il ne peut que hocher sobrement de la tête pour lui signifier qu'il le savait. N'était-ce pas là un mensonge tant il avait tendance à se sentir incapable? A redouter qu'ils ne l'abandonnent, ne le laissent sur le côté parce qu'il ne se serait pas montré suffisamment digne?
Ces considérations pourtant étaient pour le moment derrière lui. Tout semblait différent en ce jour, changé, modifié. Antonin ne savait si c'était un bien ou un mal, mais il savait ce qu'il voulait faire et où il voulait aller. Il voulait concilier sa vie de Chevaucheur ou du moins honorer le serment muet qui l'unissait à Agonie. Il voulait faire grandir ce pays et ses habitants, il voulait que les mages, tous les mages, puissent vivre sans se soucier de leurs héritages et recevoir l'éducation qui leur était due.

Du reste Agonie était un être envahissant au caractère puissant. Savoir jusqu'à quel point elle influencerait le prince était encore une énigme. Mais leur relation restait saine et il savait également lui tenir tête, comme il ne l'écoutait pas aveuglément sinon aurait-il eu nombre de comportements étranges qui n'auraient rien eu à voir avec une quelconque consommation de narcotique.

- hé bien, ce sont des êtres intelligents, à la sagesse particulière. Ils vivent plusieurs siècles. Ne serait-ce que leur différence de mentalité est un bienfait. Avoir une autre vision des évènements, complètement différentes de la notre, cela nous apporterait un regard neuf sur ce qui nous entoure, peut-être même que apporterai des solutions à des problèmes qui nous semblaient jusqu'alors irrésolvable qui sait? Et puis, de par leur longévité, ils ont vu et vécu ce que nous ne faisons qu'apprendre. C'est un savoir et une expérience précieuse. Imagine mère, un humain qui aurait cinq cents ans, ce serait aussi terrifiant qu'inespéré, non?

Bien entendu, il fallait savoir faire la part des choses. Les techniques draconiques étaient...pour le moins violentes, destinée à soumettre son adversaire pour établir une hiérarchie de pouvoir. Tout cela n'était pas adapté à la société humaine. Mais réussir à concilier ces deux mondes plus intimement, avec intelligence, peut-être y avait-il quelque chose à creuser dans ce sens-là. Faërie avait depuis trop longtemps stagné dans une société destinée à ne jamais évoluer, coincée par un traité qui ne l'avait que figé dans le temps.

-Je ne dis pas qu'il faut faire comme eux, mais nous avons besoin d'évoluer comme vous le dîtes et peut-être qu'ainsi, nous serions capables d'avoir des idées nouvelles qui nous manquaient jusqu'alors pour créer quelque chose de différent. Nous ne pouvons plus nous contenter de seulement attendre que les anciennes magies ressurgissent, que les mages subissent la même chose qu'Armandine et les mages du sang. Il faut qu'on trouve des solutions sinon, nous ne pourront que subir ce qui arrivera et je ne suis pas certains que ça soit la meilleure des solutions possibles. C'est pour ça que je voulais m'entretenir avec Gabrielle de la Volte cet été avant... la maladie.
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Message Sujet: Re: Une pensée, et l'immensité est emplie   Une pensée, et l'immensité est emplie EmptyMer 31 Jan 2018 - 0:16

Pour permettre à cet Empire de survivre, de croître, l’esprit de Lauriane fonctionnait souvent à plein régime. Réfléchissant inconsciemment à tout ce qui pouvait les y aider, qu’elle soit dans ses pleines fonctions ou au contraire, simplement, dans l’intimité d’une discussion avec son fils. Depuis quand était-ce ainsi ? Probablement assez longtemps… Probablement depuis toujours si elle y réfléchissait. Avant même qu’elle n’épouse Gustave du Ponant, son devoir et son attitude volontaire l’avaient toujours guidée. C’était sa force et son défaut pour sa famille… Elle savait en son cœur que ça ne diminuait en rien l’amour qu’elle avait pour ses enfants mais… Cela n’avait certainement pas été plus simple à vivre pour eux.

Les dires d’Antonin n’étaient pas dénués de sens. Malheureusement, elle n’était pas aussi proche de lui pour apprécier cette différence de point de vue bénéfique qu’ils pourraient leur importer. Lui semblait convaincu toutefois. Elle ferait l’effort d’essayer d’y voir plus clair en rencontrant cette Reine. Lorsqu’il évoqua leur âge bien avancé, son intérêt fut néanmoins bien plus piqué. Elle n’y avait jamais pensé et… Cela pourrait effectivement être inestimable. La mémoire des âges n’était pas quelque chose que les hommes pouvaient transmettre autrement que par l’écriture et… L’histoire du point de vue des hommes comporte autant de versions que de camps, de vision. Les dragons pourraient apporter des éclats de vérité ou d’évènements qu’ils avaient oubliés ? C’était si simple que ça semblait étrange que personne n’y avait jamais pensé.

- Je n’y avais jamais songé de cette manière, consentit-elle à lui répondre.

Son calme était toujours aussi inébranlable mais ses yeux pétillaient sans se cacher de la fierté que lui inspirait son fils. Que cela porte ou non des fruits, Antonin ne la décevait décidément jamais.

Il semblait en tout cas décidé à aider cet Empire. Puisse l’avenir lui permettre de trouver en lui l’assurance qui lui permettrait d’occuper le trône impérial sans sourciller, sans douter. Il n’y était pas encore, mais Lauriane souhaitait qu’il trouve cette voie. En attendant, ils étaient néanmoins là.

- C’est déjà ce que nous essayons de faire. Nous tentons de réhabiliter les mages de sang maisDes milliers d’année passés dans le déni et la haine ne peuvent être annihilés si vite. Nous cherchons des solutions. Je vais me déplacer quelques semaines en Lagrance en novembre afin de les soutenir dans l’épreuve qu’ils traversent, mais je compte également m’y entretenir avec Marjolaine de Lierre-Réal afin de faire progresser leur situation. Enfin, elle l’espérait… Et ce n’était pas le sujet présent. Lauriane revint vite aux sujets abordés par son fils. Anticiper ce que nous ignorons reste néanmoins une chose très délicate. Tes intentions ne sont pas si éloignées des nôtres. Ton père et moi devons certes déjà nous assurer du présent de Faërie mais nous essayons tout autant d’œuvrer pour son avenir. Tu ne devrais pas hésiter à faire part d’idées ou de projets à ton père, à nous aider dans l’amélioration de la voie compruntera Faërie et à t’investir officiellement pour ce en quoi tu crois. D’ailleurs, il avait piqué sa curiosité. Aussi, avec un petit sourire mutin et doux, sa mère tint à en savoir davantage. De quoi souhaitais-tu donc t’entretenir avec Gabrielle de la Volte ?

Les de la Volte n’étaient pas n’importe qui pour Lauriane. Gaëtane, Duchesse de Cibella, était une femme qu’elle estimait par-dessus tout et en qui elle avait toute confiance. Elle ne connaissait pas si bien sa jeune sœur, Gabrielle, qui n’était pas d’ailleurs dès plus proche de son aînée. Néanmoins, Lauriane restait curieuse des capacités de cette mage et héritière de la baronnie du Ru-d’argent.

Cette question avait néanmoins eu le don de la faire réaliser quelle mère étrange pouvait-elle presque être. Elle qui était normalement venue afin de voir comment il se portait et tenter d'être la mère aimante qu'elle aurait voulu être, voilà qu'elle l'accaparait de questions. Non, cela devrait attendre.

- Excuse-moi, je ne devrais pas te solliciter autant. Tu dois te reposer. Cette remarque n'était pas sujet à discussion. La fermeté de son ton n'appelait pas à être répliqué. Je vais te laisser.

Un sourire navigua sur ses lèvres comme elle contemplait encore une fois son fils. Elle était si fière d'elle, quelle tristesse qu'elle ne sache pas lui montrer plus que cela son amour. Sa volonté se fendilla légèrement, en même temps que son coeur peut-être, lorsqu'elle se redressa pour partir.

- Fais attention à toi.

Elle espérait sincèrement que plus aucun danger ne viendrait le menacer mais c'était pleine perdu. Il y en aurait toujours sur sa route de Prince héritier. Puisse-t-il être protégé du Destin.

Elle avait tout de même hâte de lui reparler. Elle qui était venue le voir avec tant d'appréhension. Son fils l'étonnerait toujours...
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