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 Un présent pour une ritournelle

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Teagan le Sustain
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Message Sujet: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyMar 9 Jan 2018 - 16:40


Livre III, Chapitre 1 • D'Accord et de Chaos
Faustine de la Fugue & Teagan le Sustain

Un présent pour une ritournelle

Un souffle d'Outrevent au coeur des jardins de Lagrance



• Date : 15 janvier 1003
• Météo (optionnel) : Il neiiige :eheh:
• Statut du RP : Privé
• Résumé : Il y a quelques temps, Teagan a reçu la commande d'une vielle à roue de la part de la duchesse de Lagrance. Un présent destiné à une ménestrelle et amie de celle-ci.
• Recensement :
Code:
• [b]15 janvier 1003 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t3222-un-present-pour-une-ritournelle]Un présent pour une ritournelle[/url] - [i]Faustine de la Fugue & Teagan le Sustain[/i]
Il y a quelques temps, Teagan a reçu la commande d'une vielle à roue de la part de la duchesse de Lagrance. Un présent destiné à une ménestrelle et amie de celle-ci.

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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyMar 9 Jan 2018 - 16:41

« Papa ! Papa, allez, on peut y aller maintenant ?
- Pas encore, je dois terminer ça.
- Je peux t'aider ?
- Ca prendra une minute, Madenn. Va m'attendre à l'entrée. Et profites-en pour mettre tes souli-
- Déjà fait ! »

Un rictus frémit à la commissure de ses lèvres. Il tourne les yeux vers son aînée, déjà si grande pour une fillette de huit ans. Elle a mis sa plus jolie robe pour l'occasion – elle semble un peu serrée par endroits, remarque-t-il alors. Il serait peut-être temps de lui en racheter une neuve – mais elle grandit si vite ! Sa chevelure rousse est parée d'un  beau ruban blanc, offert par sa tante à son dernier anniversaire, il s'en souvient. Comme elle était heureuse ! Comme un rayon de soleil dans la brume qui le cernait depuis plusieurs semaines. Son sourire s'élargit à ce souvenir et il lui fait signe de s'approcher.

« Viens par là. » Ses bottines au cuir usé claquent doucement sur le plancher et elle s'approche de son père qui ne tarde pas à la prendre sur ses genoux. Il lui montre l'instrument posé sur la table, soigneusement rangé dans son étui, installé au mieux pour éviter les accrocs durant le voyage. « Il est joli. » s'exclame la voix chantante de sa fille, qui tend la main pour en toucher le bois poli. « Tu trouves ? » Elle hoche la tête, affirtmative. L'Outreventois referme le couvercle après s'être assuré que tout était bien en place, puis vérifie une dernière fois que ça ne s'ouvrira pas pendant leur trajet, aussi court soit-il. Il s'empare alors de son manteau puis aide sa fille à enfiler le sien. Elle paraît si fébrile – elle a tant insisté pour l'accompagner. C'est la première fois qu'elle se rend en Lagrance. Lui aussi, d'ailleurs. Et pour l'occasion, il porte son kilt de meilleure qualité, de façon à être un minimum présentable au sein de la cour lagrane. Des deux, c'est lui qui paraît le moins enthousiaste, mais Madenn prend sa main et l'entraîne dehors. Il n'a plus le choix désormais. Et puis, il ne fait pas confiance aux mages des courriers pour transporter le fruit de son travail, il préfère s'assurer qu'il arrive à bon port et en un seul morceau.

Teagan emprunte le portail, tenant d'une main celle de sa fille, et de l'autre, l'étui. Le voyage est instantané, tout comme la chute de température qui le fait frissonner. Immédiatement, il se penche vers sa fille pour remonter le col de son manteau, mais elle extirpe sa main de la sienne et court jusqu'à la fenêtre de l'antenne de la Guilde des Mages. « Regarde papa, il neige ! » Ah. Merveilleux. De gros flocons tourbillonnent dans les airs, et forment une couche épaisse sur les jardins d'ordinaire parsemés de mille couleurs – c'est du moins ce qu'on dit. Le duché des fleurs n'est à cet instant qu'une vaste étendue monochrome et lumineuse.

« T'es prête ? » Madenn sursaute et accourt vers lui, reprenant la main qu'il tend dans sa direction. Tous les deux traversent Edenia dans le froid, leurs yeux curieux se déposant sur tout ce qui les entoure. Teagan presse le pas néanmoins, les bottes crissant dans la neige, afin d'atteindre le palais au plus vite ; il n'a rien de celui de Souffleciel et s'il reconnaît volontiers qu'il est très beau, la première pensée qui lui traverse l'esprit est tape-à-l'oeil. « Dis, tu crois qu'on va voir des princesses ? » Il sourit pour lui-même. « On est pas là pour ça, ma libellule. Mais si tu les vois, tu te comportes bien, hein. » Elle hoche frénétiquement la tête, toute excitée. Sans grande conviction, Teagan s'annonce à l'entrée et explique l'objet de sa visite. Le regard du domestique s'attarde sur le kilt avant de lui demander de le suivre ; il l'entraîne à travers divers couloirs, puis jusqu'à un petit salon délicatement décoré – bien loin des épaisses tapisseries qui ornent les murs des habitations de Souffleciel. Un peu emprunté, Teagan s'éclaircit la gorge et remercie l'homme qui le laisse seul avec sa fille, le temps d'aller chercher Dame de la Fugue. Bien. Bien bien. Teagan pose l'étui sur la table et s'approche de Madenn qui observe les alentours enneigés par la fenêtre. Au moins, le voyage paraît lui plaire.
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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptySam 13 Jan 2018 - 12:27

Il fait froid, ce matin, dans le palais ducal de Lagrance, et c’est un doigt préoccupé que trempe Faustine dans le bassin d’Eriath, s’assurant que l’eau où barbote son Familier est bien suffisamment chaude pour le protéger de tout risque d’hypothermie. Cela semble être le cas, même si elle est clairement plus fraîche que d’ordinaire. C’est avec une placidité exemplaire que le Familier se laisse extirper de son environnement habituel pour se lover dans les replis de la robe de sa mage. Faustine attrape sa vielle, s’installe sur son fauteuil préféré usé par des années d’utilisation, celui avec les accoudoirs élimés là où elle pose les bras. Et elle joue, pendant une heure, enchaînant les ritournelles simples et les arpèges classiques pour échauffer ses doigts et préparer sa voix.

Elle s’apprête à entamer une chanson plus complexe, lorsqu’un grattement à sa porte l’interpelle. Délicatement, elle dépose l’instrument au sol sur un coussin volumineux placé là exprès pour ça, remet de l’ordre dans sa tenue en rajustant les pans blancs de ses jupes de laine et de velours, et s’en va ouvrir le battant. Sur le seuil, un messager au visage sérieux. « Dame de la Fugue, un visiteur s’est présenté céans pour vous. » Oh ? Cela n’arrive jamais. Curieuse, Faustine coule un regard furtif dans le couloir, qui lui paraît désert hormis l’homme planté sur son palier. « Il vous attend au salon vermeil, ma dame. » précise le serviteur d'un petit ton supérieur, avant de s’incliner pour prendre congé et s’en retourner vaquer à ses occupations. Perplexe pour de bon, la ménestrelle prend quelques minutes pour caler Eriath le plus confortablement possible dans la poche dérobée où elle le transporte, songeant à l’opportunité d’emporter sa vielle – d’ordinaire, lorsqu’on vient la débusquer dans son repaire, c’est pour lui demander de jouer. Or, tel ne semble pas être le cas aujourd’hui ; la vielle restera donc ici, décide-t-elle en doublant sa décision d’un hochement de tête déterminé. Il ne lui faut ensuite que quelques minutes pour enfiler des bottines de daim plus élégantes que les confortables pantoufles informes qu’elle porte dans son intérieur, à l’abri des regards ; et elle replace distraitement une ou deux mèches rebelles devant son miroir, sachant pertinemment qu’elle s’échapperont à nouveau de sa tresse dans quelques minutes. Pour contrer le froid de la neige, elle pose une lourde cape sur ses épaules, et d’épaisses mitaines de laine par-dessus ses habituels gants de velours, frissonnant quand même lorsqu’elle pose un pied dans le couloir.

Qu’il fait froid, par Levor !

Arrivée devant le salon vermeil, elle y entre sans tarder, retrouvant avec soulagement la chaleur d’un âtre crépitant. Elle referme le battant derrière elle d’un geste vif, pour empêcher le froid d’entrer ; et retire son épaisse cape qu’elle suspend à une patère. Un peu circonspecte, elle s’apprête ensuite à saluer son fameux visiteur – avant de réaliser qu’il y en a deux, des visiteurs, et que le second est une enfant d’environ sept ou huit ans. « … Oh. Bienvenue, messire… ? » Le messager ne lui a pas donné le nom de l’individu, après tout, et Faustine s’interroge quant aux raisons de sa présence ici – il est outreventois, clairement, à en juger par sa tenue et les couleurs du tartan qu’il arbore, qui ne lui sont pas totalement étrangères mais qu’elle peine à replacer. « En quoi puis-je vous aider… ? » demande-t-elle, décontenancée de voir surgir en ces lieux un des sujets de Liam, et d’être réclamée par lui. Le duc aurait-il eu vent de la situation fâcheuse de Maelenn, et de son… évolution ?

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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyLun 29 Jan 2018 - 19:45

L'attente lui semble longue en ce lieu où il ne se sent pas à sa place. C'est un beau salon, il est vrai, mais il manque de ce quelque chose que Teagan aime retrouver dans un endroit où le confort est le but premier. Les tapisseries épaisses des demeures outreventoises, des tapis qui le sont tout autant en plus d'être moelleux, les plaids étendus sur les fauteuils, prêts à accueillir leurs invités. En cette journée froide d'hiver, ce salon paraît bien... nu, oui, sans substance. Beau, mais trop superficiel. Il n'a pas visité beaucoup de demeures de nobles, mais il doute que celles d'Outrevent soient aussi dépouillées de leur confort.

Les bras croisés dans son dos, il observe un instant le paysage enneigé par la fenêtre, puis s'éloigne pour s'approcher du feu qui crépite dans la cheminée. La chaleur fait fondre les quelques flocons encore accrochés à ses vêtements, rend également quelques couleurs sur ses joues. Ce n'est que lorsque la porte s'ouvre qu'il se retourne pour apercevoir un visage doux, une chevelure claire et des yeux cerclés d'écarlate. Interpellé, soudain méfiant, le luthier observe les vêtements portés par la jeune femme – des vêtements typiques de chez lui, portés par cette femme d'ici. Que disait la lettre reçue pour cette commande particulière, déjà ? Une ménestrelle, une amie de longue date, nulle mention de cette magie honnie. Il était plutôt réticent à confectionner un tel instrument pour une dame de Lagrance, c'est bien l'une des raisons qui l'ont poussé à venir le livrer en mains propres, mais il n'y a guère que les femmes du duché de l'Honneur qui revêtissent de telles robes – des robes qui couvrent réellement ce qu'il y a à couvrir, surtout dans le froid de l'hiver. Teagan est un peu plus perplexe.

« … Oh. Bienvenue, messire… ? » « Le Sustain. Teagan le Sustain. » tout en parlant, il s'incline poliment. Entre temps, sa fille l'a rejoint, à demi dissimulée derrière ses jambes, comme hypnotisée par le regard de la jeune femme. Il l'encourage d'un geste à la saluer également et c'est une révérence maladroite qu'elle effectue, sans prononcer un mot. « En quoi puis-je vous aider… ? » Oh, elle n'est pas au courant ? Ah, oui. La surprise. Bien sûr. Il s'éclaircit quelque peu la gorge. « J'ai reçu une missive, il y a quelques temps, de sa grâce la duchesse de Lagrance. Elle désirait faire un présent à une personne de son entourage. » Un petit sourire entendu, un petit signe de tête qui la désigne comme la personne en question. D'un geste de la main, il désigne l'étui posé sur la table basse, avant de reporter son regard sur la ménestrelle, semblant la jauger pour évaluer si elle est digne de jouer d'un tel instrument. Depuis quand la vielle est-elle appréciée des Lagrans ? « Désirez-vous voir ce présent de plus près, ma dame ? Peut-être pourrions-nous nous installer auprès du feu, il y fait plus doux. » Il est curieux de savoir si elle sait réellement en jouer ou si ce n'est qu'une lubie de la duchesse de Lagrance.
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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyDim 11 Fév 2018 - 15:57

L'homme a croisé ses yeux, et Faustine a bien remarqué le très léger mouvement de recul lorsqu’il a reconnu l’écarlate qui les cercle. Un instant, elle envisage de faire volte-face et de s’en aller sans autre forme de procès, refusant d’être dénigrée et avilie alors même qu’elle est un peu chez elle, dans ce palais où la bienveillance de Marjolaine la protège. Pourquoi venir de si loin rencontrer une mage du Sang, si c’est pour se méfier de chacun de ses gestes ? Elle le suit, ce regard suspicieux qui détaille ses vêtements, comme incrédule de trouver une fille d’Outrevent au cœur de la capitale des Jardins.

Étonné, sûrement, de constater qu’une Outreventoise mage du Sang a réchappé à la peine capitale que l’on applique à ceux qui pratiquent les arts interdits.

Faustine pince les lèvres et serre les dents, pour retenir une remarque sarcastique, et attend posément qu’il daigne se présenter, Eriath émettant des vagues de réconfort continues depuis la poche de la robe où il est lové, bien au chaud dans les replis du vêtement. Le Sustain. Ce nom-là, Faustine le connaît. Si sa mémoire est exacte, ce sont les luthiers qui ont toujours fabriqué les harpes des enfants du Noroît – elle-même jouait de l’une de celles-ci, avant que la rage de son père ne le pousse à la réduire en morceaux pour la punir de sa déchéance. Elle se souvient encore, du bois brisé, des cordes rompues, et un froid glacial se répand dans ses veines lorsque ces souvenirs de douleur et de souffrance se ravivent dans les tréfonds de son esprit. Teagan le Sustain – le fils de l’artisan qu’elle a connu naguère, sûrement. Tous roux comme des renards ; il ne déroge visiblement pas à la règle, et le minois de la petite qui émerge derrière le kilt aux couleurs familières indique une relation familiale plus que probable. À son tour d’être pétrifiée de surprise, lorsqu’il évoque Marjolaine et un présent, une surprise pour… pour elle ? Chère, si chère Marjolaine !

Décontenancée, Faustine approche de l’âtre, devant lequel une table basse est installée. Table sur laquelle trône un étui de dimension et de forme caractéristiques – serait-ce… ? Elle n’ose vraiment y croire. « Je connais vos couleurs, » murmure-t-elle d’un ton absent en passant devant l’artisan, « elles me rappellent celles de Rivepierre. » Rivepierre. Dont le tenant actuel est censé lui rendre visite dans quelques jours. Faustine frémit un instant – tirée de sa réflexion par la curiosité d’Eriath. Elle le sort machinalement de la poche douillette dans laquelle elle l’a transporté, et le dépose près de l’étui fermé sur la table, pour qu’il profite de la chaleur du feu. Aujourd’hui, il porte l’un des couvres-carapace créés par la talentueuse Liselotte, et c’est avec intérêt qu’il observe la petite, visiblement fascinée par son bel habit. Pour le moment, c’est sur le dénommé Teagan que l’attention de Faustine se porte. « J’ignorais que Sa Grâce Marjolaine eût commandé quelque chose. Vous appartenez à une famille de luthiers, je le sais – je suppose que c’est un instrument. À en juger par les dimensions… une vielle, peut-être… ? »

La note d’espoir dans sa voix ne peut être totalement assourdie. Cela fait bien longtemps que Faustine possède la sienne, qui donne ses signes d’usure – notamment depuis que Rose l’a faite tomber du haut de la commode où sa marraine l’avait posée. Endommagée, et irréparable, a dit le luthier lagran consulté – en précisant, toutefois, qu’il n’était pas expert dans le fonctionnement d’un instrument aussi barbare.

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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyMar 20 Fév 2018 - 17:59

« Je connais vos couleurs, elles me rappellent celles de Rivepierre. » Un haussement de sourcils, suivi d'un petit sourire entendu, appuient cette remarque. Elle est bien fille d'Outrevent, pour reconnaître ainsi les couleurs de Rivepierre, et il hoche la tête, somme toute impressionné par la fine observation de la ménestrelle. « En effet, ma dame, c'est là que j'ai grandi. » Une simple confirmation de ce dont elle se doute déjà. Leurs regards se croisent, se jaugent, semblent s'aprivoiser. Il est méfiant face à ces iris cerclés d'écarlate, il est curieux également. S'ils en entendent souvent parler au coeur de Souffleciel, jamais ils n'en aperçoivent au sein même de la capitale outreventoise. Le soutien du duché de l'Honneur à ces gens-là est plus discret, certainement, que les désirs de l'empereur ne l'imposaient.  Teagan reste pourtant silencieux, alors qu'il laisse passer la dame pour qu'elle examine l'étui de plus près. Sait-elle seulement de quoi il s'agit ?

Le museau de Madenn apparaît un peu plus derrière le dos de son père, quand elle aperçoit les tissus colorés qui ornent la carapace d'une tortue. Interloqué, le luthier observe l'animal posé tout près de son instrument ; il pose sur lui un regard tout à fait curieux, le même que sa fille. Son attention est toutefois attirée par les paroles de la jeune femme. « J’ignorais que Sa Grâce Marjolaine eût commandé quelque chose. Vous appartenez à une famille de luthiers, je le sais – je suppose que c’est un instrument. À en juger par les dimensions… une vielle, peut-être… ? » Teagan penche un instant la tête sur le côté, à la fois surpris qu'elle devine la nature du présent et flatté qu'elle reconnaisse son nom. Le nom des Sustain n'est pas méconnu en Outrevent, pour celles et ceux versés dans les arts de la musique, mais en Lagrance, ce patronyme doit être étranger, inconnu. Encore une preuve, s'il en fallait, qu'elle est fille de l'Honneur. Il esquisse un sourire légèrement plus chaleureux.

« Il s'agit d'une vielle, oui. » confirme-t-il, une certaine fierté dans sa voix. Une vielle d'une excellente qualité, pourrait-il ajouter. Mais si elle connaît son nom, elle doit connaître sa réputation. « Ce n'est pas un instrument très commun, par ici. Je me trompe ? » Il pourrait sembler un peu moqueur, pour qui ne le connaît pas réellement. Il est vrai que l'utilisation d'un tel instrument ne dépasse que rarement les frontières outreventoises, et il en est bien mieux ainsi ; il est des traditions qui gagnent à rester comme elles sont.

Concentré sur la dame, il ne remarque pas tout de suite que sa fille s'est écartée de lui pour s'agenouiller près de la table basse, comme fascinée par la tortue qui s'y promène. Son habit de couleurs est si joli après tout, elle se demande s'il est aussi doux qu'il en a l'air. Et elle tend la main, pour s'en assurer.
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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptySam 3 Mar 2018 - 22:51

Le regard de Teagan déplaît à Faustine. C’est un regard curieux, réfléchi, calculateur et investigateur ; et elle dissimule trop pour consentir à laisser paraître ne serait-ce qu’une fraction de l’un des nombreux secrets qu’elle garde, qu’il s’agisse des siens ou de ceux que d’autres ont remis entre ses mains. Elle qui a l’habitude de raser les murs pour se faire perpétuellement discrète n’aime pas vraiment être le centre de l’attention, et ces prunelles honnêtes qui ne perdent pas un seul de ses mouvements la perturbent. Elle peut comprendre, toutefois : pour un Outreventois, il doit être bien inhabituel de côtoyer une mage du Sang, issue de son duché de surcroît ; encore plus lorsque la renégate se trouve occuper un rang si haut placé dans l’entourage d’une si noble dame que Sa Grâce la duchesse Marjolaine du Lierre-Réal, souveraine bien-aimée de Lagrance. Oui, il y a de quoi être intrigué, aussi Faustine souffre-t-elle en silence la curiosité de l’artisan. Il est venu de loin pour remettre le fruit de son labeur, après tout – sûrement mérite-t-il quelques égards ? Sans compter la perspective d’une nouvelle vielle, qui atténue la perpétuelle méfiance de la ménestrelle et attise tout à la fois son envie de tester un nouvel instrument et sa propre curiosité.

Un pli amer plein de dérision tord un instant ses lèvres lorsqu’il évoque la vielle, et la mage hausse les épaule avec un zeste d’insolence mâtinée d’un orgueil patriotique dont elle n’a jamais vraiment réussi à se défaire, malgré les souffrances endurées et le long défilé des années d’exil. Si Outreventoise, dans ce simple geste, dans ce banal mouvement du menton qui se relève avec hauteur, du front dressé avec la fierté chevillée au corps des enfants de Levor, que ses parents ne pourraient feindre de ne point la reconnaître. « Les Lagrans n’ont de goût que pour les odes tièdes et les voix frêles. La vielle leur tire des cris d’horreur – et pourtant, elle vibre avec bien plus de grandeur, quand elle résonne jusqu’aux tréfonds de l’âme ! Avec l’intensité de la mer qui s’en vient se jeter à l’assaut des falaises pendant les tempêtes du cœur de l’hiver, avec la puissance absolue du vent qui chante sur la lande en caressant les hauteurs. » Une sourde nostalgie s’est glissée dans ses mots : un instant, elle a touché du doigt la buée sur les carreaux du Noroît au matin, elle a respiré l’air du large qui accompagnait chaque instant de son enfance. Avec un peu trop de sincérité, sûrement – il ne faut pas que cet artisan sorti des brumes du nord n’en vienne à comprendre trop de détails qu’elle préfère garder secrets.

Elle n’a pas le temps de s’en inquiéter, toutefois – avec un cri mental médusé, Eriath vient de replier la tête et les pattes dans sa carapace. Tous aux abris – Faustine se plie en deux sous le choc, car la petite a touché. Elle voudrait hurler, elle voudrait frapper, elle voudrait mordre et griffer et défendre son Familier, mais c’est une enfant – inconsciente, impolie, irrespectueuse et envahissante, mais une enfant tout de même, alors la ménestrelle se contente de glisser au sol avec un cri étranglé, attrapant d’un geste preste l’animal tout chamboulé pour le serrer contre elle en tremblant.

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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptySam 31 Mar 2018 - 11:54

L'idée même de devoir procurer une vielle à une ménestrelle de Lagrance lui a semblé absurde, dès le départ. Les habitants du duché fleuri ne comprennent pas le coeur de cet instrument, ils ne comprennent d'ailleurs pas grand chose à l'âme d'Outrevent et à la musique qui en parcourt les landes. C'est une musique qui touche profondément, qui résonne des histoires et des contes qui font la grandeur du duché, transportée par les vents incessants et impétueux de Levor. Ils sont peu à le comprendre réellement, et c'est ce que Teagan cherche à éveiller dans chacun des instruments qu'il confectionne ou répare – ce coeur qui bat et qui vibre pour tous ceux qui tendent l'oreille.

« Les Lagrans n’ont de goût que pour les odes tièdes et les voix frêles. La vielle leur tire des cris d’horreur – et pourtant, elle vibre avec bien plus de grandeur, quand elle résonne jusqu’aux tréfonds de l’âme ! Avec l’intensité de la mer qui s’en vient se jeter à l’assaut des falaises pendant les tempêtes du cœur de l’hiver, avec la puissance absolue du vent qui chante sur la lande en caressant les hauteurs. » Les mots de la jeune femme trouvent un écho dans son être et résonnent avec plus de force qu'elle ne doit en douter. Elle dépeint Outrevent avec une telle intensité, avec un tel réalisme, qu'il n'a aucun doute sur la force de son attachement pour le duché qui l'a vu naître et grandir et s'épanouir. Elle parle de la vielle comme d'un être à part entière, elle parle de cet instrument comme s'il dissimulait mille et un mystères inaccessibles à ceux qui n'en étaient pas dignes. Et cette simple constatation, au-delà de tout le reste, suffit un instant à faire baisser les barrières de méfiance érigées par le luthier. En voilà une qui connaît l'âme d'un instrument. « Si vous jouez de la vielle comme vous en parlez, je serais plus qu'honoré de vous entendre en tirer quelque mélodie. » Les paroles sont sincères, tout comme le mince sourire qu'il lui adresse. Il ne s'attend pourtant pas à une telle réaction de sa part.

Quand il la voit ainsi pliée en deux, comme sous l'effet d'un choc puissant, il reste un instant interloqué. Ce n'est qu'au moment où elle s'empare de la tortue et qu'elle la serre contre elle qu'il saisit. Et soudain, son front se plisse et sa voix gronde. « Madenn ! » La jeune fille baisse les yeux devant ceux de son père et parvient uniquement à balbutier quelques paroles inintelligibles. « P-pardon, je... la tortue a de jolis habits, c'est, désolée... » Teagan jette un regard à la ménestrelle puis à sa fille, les traits tirés et sérieux. Il ne lui a pas fallu très longtemps pour comprendre ce qu'il se passait. « Il s'agit du Familier de la dame. Tu sais qu'on ne doit pas toucher les Familiers. » la gourmande-t-il, avant de s'adoucir devant les yeux ronds de son aînée. De toute évidence, elle n'avait pas réalisé. « Je n-ne savais pas. Je suis désolée madame. » Sa voix est à peine audible, tant elle semble piteuse. Son oncle, lui-même mage, lui a longuement expliqué le lien entre mage et Familier et elle a l'esprit vif, elle a rapidement compris ce qu'il en était. L'Outreventois soupire et pose une main rassurante sur l'épaule de sa fille. Son regard retrouve bien vite celui de la musicienne. « Veuillez pardonner ma fille, elle ne s'est pas rendue compte de ce qu'elle faisait. » Pourrait-elle prendre ombrage d'un tel geste ? Oserait-elle se plaindre à la duchesse de ce qu'il s'est passé ? Teagan n'a guère envie de laisser mauvaise impression, même en Lagrance. Et puis surtout, elle semble pour le moins bouleversée.
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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyDim 22 Avr 2018 - 20:18

Eriath tremble convulsivement contre elle, et Faustine lutte pour inspirer, claquant des dents sans pouvoir s’en empêcher. La petite pourtant a simplement effleuré la tortue du bout du doigt, mais la ménestrelle n’y était pas préparée. Ce n’est pas comme quand Rose bouscule par inadvertance le Familier de sa marraine : là, il s’agit d’une étrangère, et l’expérience est traumatisante pour la mage qui resserre sa prise. Pendant quelques instants, elle reste assise au sol, à bercer doucement Eriath tout aussi affolé, jusqu’à ce qu’il semble un peu se calmer et ressorte prudemment la tête. Les excuses de la petite sont présentées d’une toute petite voix, et celles du père y font écho, avec cette indulgence qu’ont parfois les parents pour leurs enfants et que Faustine n’a jamais eu la chance de recevoir. Délicatement, elle replace Eriath dans la poche cousue à ses jupes pour le transporter confortablement, avant de se relever, mortifiée de s’être donnée en spectacle – et veillant à dissimuler son léger embonpoint.

« Je suppose que son jeune âge explique sa méprise. Je ne lui en tiens pas rigueur, si elle n’y a pas vu malice. Qu’elle veille simplement à ce que cela ne se reproduise pas – », explique-t-elle en reportant ensuite son regard ensanglanté sur l’enfant, « car tu as fait grande peur à Eriath, qui n’a pas l’habitude d’être touché par quelqu’un d’autre que moi. Il a de beaux habits, n’est-ce pas ? » trouve-t-elle le courage d’ajouter avec un petit sourire bien plus assuré qu’elle ne l’est réellement. Eriath n’a jamais connu la terrible période de sa fuite d’Outrevent, de sa longue errance sur les routes du continent – elle l’a rencontré plus tard, une fois installée dans sa vie d’adulte. Mais pour elle, le contact physique est toujours associé à une potentielle violence, et la tortue a pris l’habitude de fuir le toucher quand la possibilité lui en est laissée. Tout cet héritage de cicatrices indélébiles, et de séquelles éternelles… Faustine frissonne un instant au souvenir de ses doigts brisés, et crispe nerveusement ses mains l’une sur l’autre. « Je vous prie de pardonner ma réaction excessive, maître artisan. Voudriez-vous bien me montrer… la vielle… ? »

Elle a tant hâte de la voir ! De la tenir, aussi. Cela fait bien longtemps qu’elle joue du même vieil instrument fatigué par les années, et qu’elle n’a pas eu le privilège de poser les mains sur un produit des ateliers le Sustain. La harpe sur laquelle elle a appris à jouer, petite, avait été réalisée par le père ou le grand-père de l’artisan qui se tient devant elle aujourd’hui, et une vague de nostalgie amère envahit soudain la ménestrelle, pour ce temps d’avant où tout était… Simple. Tout était simple. Il y a avait juste Maelenn et Maidhenn, deux filles sages, promises à un avenir serein, avant que sa maudite magie impie ne vienne tout saccager.

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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyJeu 3 Mai 2018 - 22:37

Il est fort embarrassé, le luthier. Il sait que sa fille n'a guère fait exprès de toucher un Familier, mais l'acte n'en reste pas moins terrible et il n'ose imaginer ce qu'a dû ressentir la jeune femme. Combien de fois son aîné lui a-t-il parlé du lien particulier entre le mage et le Familier, combien de fois lui a-t-il conté les anecdote parfois amusantes, parfois malaisantes, d'un proche ou d'un inconnu touchant le sien par mégarde ou sans penser à mal. Il faut certainement le vivre pour comprendre la profondeur de ce lien, et Teagan ne peut que compatir pour le moment. Son regard se pose un instant sur Madenn avant de retrouver celui de la ménestrelle. Elle paraît se remettre du choc et dissimule judicieusement la tortue à l'abri.

« Je suppose que son jeune âge explique sa méprise. Je ne lui en tiens pas rigueur, si elle n’y a pas vu malice. Qu’elle veille simplement à ce que cela ne se reproduise pas – » Teagan pose sur sa fille un regard inquisiteur, attendant de sa part une réaction adéquate face à son comportement. Et elle ne tarde pas, sa réaction. Elle hoche vivement la tête, les mains liées devant elle et les yeux baissés. « car tu as fait grande peur à Eriath, qui n’a pas l’habitude d’être touché par quelqu’un d’autre que moi. Il a de beaux habits, n’est-ce pas ? » Le père et la fille portent tous les deux un regard curieux à la jeune femme, comme s'ils avaient du mal à croire à sa question. C'est néanmoins Madenn qui se reprend le plus vite, un sourire timide aux lèvres. « Oui, ils sont si jolis. C'est vous qui les avez faits ? Maman m'apprenait un peu à coudre, mais moi j'arrive pas très bien. » Elle lève des yeux ravis vers son père qui esquisse à peine un sourire complice devant ce soudain regain d'enthousiasme, mais son regard garde une pointe de sévérité.

« Je vous prie de pardonner ma réaction excessive, maître artisan. Voudriez-vous bien me montrer… la vielle… ? » La vielle, oui, il en oublierait presque la principale raison de sa venue ici. « Bien entendu. Mais ne vous excusez pas, ça n'aurait jamais dû arriver en premier lieu. » Conciliant, il lui adresse un bref signe de tête et se penche sur la table basse pour ouvrir l'étui qui y est déposé. Il dévoile alors la vielle ; l'instrument est de très belle facture, d'un bois habilement travaillé, aux détails affinés à la perfection. Teagan est fier de son oeuvre et il la présente à la ménestrelle, appréhendant son jugement comme à chaque fois qu'il tend un de ses instruments à un musicien, appréhendant de laisser le fruit de son travail à une personne qui ne le respecterait peut-être pas. Mais quelque chose dans les paroles prononcées par la jeune femme tout à l'heure apaise cette crainte. Il parvient même à lui adresser un sourire chaleureux. « Je vous en prie, essayez-la. » propose-t-il simplement. Il est curieux de la voir jouer.
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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyDim 24 Juin 2018 - 23:58

La jeunette semble toute contrite, et Faustine sent sa colère se dissiper devant son petit minois soudain fort sérieux. Elle est si concentrée sur ce que lui dit la ménestrelle qu’une irrépressible envie de rire envahit soudain la mage ; elle laisse un sourire indulgent traverser brièvement son visage, tapotant gentiment la tête de l’enfant, avant de se pencher pour chuchoter comme si elle lui livrait un secret. « C’est une dame couturière qui a fabriqué ses vêtements – elle m’a fait mes robes, et de jolies tenues pour que mon Familier soit toujours beau. Je ne peux pas coudre moi-même, sans quoi je l’aurais fait avec plaisir, tu peux me croire. » Quant au pourquoi de cette incapacité à coudre, elle réalisera d’elle-même bien assez tôt pourquoi – Teagan extrait la vielle de son emballage, Faustine ne peut s’empêcher de se pencher en avant tant sa hâte est grande, et un soupir émerveillé lui échappe.

Elle est magnifique.

Sans oser y croire, elle tend sa main gantée, effleure le bois du bout des doigts, timidement, comme si ce simple contact pouvait la briser – l’instrument est une merveille d’élégance, simple mais raffiné, et la ménestrelle ressent soudain un violent instinct de propriété. À moi, hurle son cœur de musicienne plein de convoitise – mon instrument, ma musique, mon âme dans ce bois qui va résonner sous mes doigts ! L’artisan l’invite à en jouer, et le cœur de Faustine se serre un instant. Elle ne peut pas manier la vielle avec ses épais gants, alors… Un soupir résigné lui échappe, et elle ne fait pas mine de vouloir prendre le précieux objet pour le moment.

« J’aurai grand plaisir à l’essayer, messire. Je dois simplement vous prévenir… pour l’enfant… mes mains sont… abîmées. Lorsque ma magie s’est révélée, quand je n’étais guère plus âgée qu’elle… mes parents ont… désapprouvé, et tenté de m’en… corriger. » Elle passe le reste sous silence – il est Outreventois, il est en mesure de comprendre à quelles violentes extrémités lesdits parents ont pu recourir pour forcer l’enfant impuissante à abjurer une magie scandaleuse qu’elle n’avait jamais réclamée. Elle n’ose se montrer plus précise devant la petite ; et si elle l’effrayait, elle si jeune encore, en la poussant à redouter un hypothétique éveil de la magie en elle ? Les arcanes sont un don précieux qu’il ne faudrait jamais craindre, et en le secret de son cœur Faustine s’est juré que l’enfant qu’elle porte clandestinement ne grandira jamais dans la peur d’avoir un jour les yeux cerclés d’écarlate.

Lentement, elle retire les épaisses mitaines de laine, puis les fins gants qu’elle porte en dessous, exposant en pleine lumière ses doigts affreusement crochus. Elle en a honte, de ces os déformés qui enlaidissent affreusement ses mains, qui l’empêchent définitivement de toucher la moindre harpe sans en tirer des sons terriblement discordants – elle a l’habitude qu’on les dévisage avec horreur, qu’on les commente, qu’on les dénigre, dans un concert de chuchotements malséants qui lui rappellent qu’elle ne sera jamais tout à fait la bienvenue en Lagrance. De ces mains tordues, elle prend précautionneusement le bel instrument tendu vers elle, répugnant presque à profaner tant d’élégance avec ses doigts meurtris ; puis la passion de son art prend le dessus, et elle les fait courir amoureusement sur le cadre de la vielle, effleurant tendrement chaque relief, chaque touche, jusqu’à la roue polie avec grand soin.

Elle s’assied sur le fauteuil dodu près de la table, positionne la vielle sur ses genoux, contre son ventre légèrement rebondi, tendant le bras pour atteindre les sautereaux qu’elle enfonce pour en tester la résistance, tournant ensuite la manivelle pour entendre comment résonne le bourdon qui vibre en sourdine tout contre elle. Un coup du poignet, pour évaluer le détaché, la corde grésille – et sur le visage de Faustine, un sourire émerveillé qui traduit combien elle apprécie la richesse de la table d’harmonie. Curieuse de découvrir l’étendue des possibilités que lui ouvre ce nouvel instrument de bien meilleure facture que le précédent, elle entame un air traditionnel avec dextérité, fredonnant machinalement les paroles familières avec ravissement – ce qu’il manque à cette chanson, c’est une cornemuse, se dit-elle distraitement.

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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptySam 7 Juil 2018 - 14:08

« C’est une dame couturière qui a fabriqué ses vêtements – elle m’a fait mes robes, et de jolies tenues pour que mon Familier soit toujours beau. Je ne peux pas coudre moi-même, sans quoi je l’aurais fait avec plaisir, tu peux me croire. » Le luthier est un instant perplexe. Une couturière a pris la peine de faire des vêtements pour une tortue ? Familier ou non, voilà une occupation pour le moins étrange. Il garde pourtant un sourire bienveillant alors que la ménestrelle se montre aimable avec sa fille, laissant visiblement l'incident derrière elle. Teagan est rassuré ; il n'aurait pas voulu qu'une amie de la duchesse de Lagrance elle-même lui tienne rigueur pour un geste maladroit, malgré tout ce qu'il peut penser de ce duché. Il lui propose alors d'en jouer un peu et il observe attentivement la réaction de la ménestrelle quand elle découvre la vielle. L'enchantement dans son regard est tout ce qu'il pouvait espérer, il y a quelque chose de touchant dans sa façon d'effleurer le bois de l'instrument, d'en frôler les cordes et de l'examiner sous toutes les coutures.

« J’aurai grand plaisir à l’essayer, messire. Je dois simplement vous prévenir… pour l’enfant… mes mains sont… abîmées. Lorsque ma magie s’est révélée, quand je n’étais guère plus âgée qu’elle… mes parents ont… désapprouvé, et tenté de m’en… corriger. » Teagan fronce les sourcils, un peu perplexe. Il reste méfiant face à cette magie retrouvée, il estime que si elle a été bannie, ce n'était pas sans raison, mais il n'a jamais eu à faire à celles et ceux ayant été directement victimes des décisions prises par les souverains du continent il y a plus de mille ans. Outrevent a été épargné par ces mages clandestins – visiblement pas partout. Il jette un simple regard vers sa fille et pose sa main sur son épaule, la jugeant assez grande pour comprendre. Alors il hoche simplement la tête, le regard assuré. « Ne vous en faites pas, allez-y. »

La ménestrelle finit par retirer ses gants, dévoilant des doigts abîmés par les traitements subis de la part de ses propres parents. Madenn ouvre de gros yeux ronds et Teagan garde sur elle une main bienveillante alors qu'il observe les mains de la ménestrelle, dégoûté par la perspective de ce qu'un père ou une mère peut faire subir à ses enfants. Il n'en est pas surpris, simplement outré. Il ne sait comment il agirait si une telle magie se réveillait chez sa fille ou chez son fils, mais il doute de pouvoir sciemment leur faire du mal ainsi, au point de briser leur coeur au même titre que leurs doigts. Il comprend alors pourquoi une jeune femme de l'Honneur est venue s'installer en Lagrance, il comprend pourquoi elle porte en elle Outrevent bien qu'elle vive dans le duché des Jardins. Lentement, il s'assoit sur le fauteuil, imitant la jeune femme. Puis il attire sa fille à ses côtés, afin qu'ils écoutent ensemble la musique qui s'élève dans le petit salon.

La vielle sonne et résonne, les cordes vibrent et la mélodie s'élève, effaçant tout ce qui se trouve autour d'eux pour le ramener immédiatement sur les landes battues par les vents, au-dessus des falaises assaillies par les eaux glacées. Elle ne joue pas simplement la mélodie, elle la vit. L'émerveillement qu'il voit transparaître sur ses traits éveille une nouvelle chaleur chez le luthier, dont les lèvres s'ornent d'un sourire sincère, un peu distrait. Et alors, la voix timide de sa fille se mêle à celle de la ménestrelle ; la chanson leur est familière, c'est une mélodie connue en Outrevent que le père de Teagan leur chantait très souvent et que lui-même fredonne parfois à ses enfants. Madenn lève de grands yeux vers son père qui finit par céder et à se joindre également à elles, de façon plus maladroite. Il n'est pas un grand chanteur, même s'il parvient à sortir des notes justes ; il est bien meilleur musicien, mais il rechigne rarement à pousser la chansonnette. Ce doit être de famille.

La mélodie perdure encore un peu puis s'arrête enfin. Sa fille arbore un grand sourire et Teagan semble approuver. « Je suis heureux que cette vielle soit entre de bonnes mains. » déclare-t-il, sincère. Oui, elle saura en faire bon usage. « Que vous jouez bien ! Vous pouvez me montrer comment on fait ? » « Madenn ! » Teagan reprend sa fille, un peu surpris d'une telle demande. À la maison, elle s'exerce plus volontiers à la harpe, mais il est vrai qu'ils n'ont pas de joueur de vielle dans la famille pour lui apprendre, elle qui se montre toujours si curieuse. Le luthier se tourne vers la ménestrelle, un sourire léger sur les lèvres. « Excusez-la, elle peut se montrer un peu trop enthousiaste parfois. » Et disons-le, elle n'a pas l'habitude de se trouver dans de tels lieux, auprès de personnes plus importantes avec lesquelles l'étiquette importe.
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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyMar 24 Juil 2018 - 22:42

Faustine a bien lu le dégoût sur le visage de Teagan lorsqu’il a vu l’horreur déformée que sont ses doigts crochus, et la morsure acide de la honte a empourpré ses joues. Elle a l’habitude, de ces regards choqués, elle sait ce qu’ils véhiculent de jugements et de prétention. Ils sont nombreux, ceux qui pensent qu’elle l’a sûrement bien mérité, que sa magie impie méritait une punition bien plus terrible que ces quelques blessures qui ne l’empêchent pas de vivre, et que c’est bien peu payé pour un crime aussi impardonnable. Elle les a entendus, sur son passage, les murmures méprisants des jolies dames qui la vilipendent loin des oreilles de Marjolaine, scandalisées que leur gracieuse duchesse montre tant de mansuétude à une créature ramassée dans le caniveau ; et plus d’une a ricané qu’elle ne trouverait jamais mari ni même amant. Oui, c’est vrai, la vision de ses doigts déclenche toujours la gêne et le malaise, et la ménestrelle avait espéré mieux d’un confrère musicien ; mais l’homme est d’Outrevent, peut-elle réellement lui en garder rancune ? Il a rempli son office, en tout cas, et la vielle sonne bien entre ses mains, même si elles tremblent un peu sous l’effet de la honte qui la ronge toute entière.

Elle s’étonne, Faustine, perdue dans sa mélodie, d’entendre le timbre clair de la petite se joindre à sa musique, entonnant gaiement l’air familier que tous les enfants d’Outrevent apprennent dans leurs jeunes années. Elle relève les yeux vers la jeunette, qui arbore un sourire réjoui, et met encore plus de cœur à faire sonner l’instrument sous ses mains, tirant un plaisir sincère à sentir la vielle répondre si bien à chacune de ses impulsions. C’est une belle pièce que le luthier a façonnée, et une vague de gratitude éperdue pour Marjolaine qui l’a commandée pour elle la traverse toute entière. Chère amie, si précieuse et attentionnée !

La surprise de la musicienne redouble lorsqu’un timbre nettement plus grave se joint à son fredonnement discret et au chant enthousiasme de l’enfant, et son regard cerclé d’écarlate se tourne vers le père qui se tient derrière la petite choriste. Est-il contrarié que sa merveille ait échu entre les mains d’une mage du Sang, regrette-t-il d’avoir livré un si bel instrument à une femme souillée d’une arcane indigne ? Craint-il que son nom respectable ne devienne par la force des choses associé au scandale ? Il la détrompe rapidement – se déclare heureux que la vielle soit entre de bonnes mains. Les doigts déformés de Faustine se crispent un instant, tant ces simples mots ont été utilisés à maintes reprises pour la blesser ; mais il semble sincère, et elle se détend peu à peu. La question de l’enfant la prend par surprise – elle semble n’éprouver aucune des réserves instinctives qu’ont d’ordinaire les très jeunes à la vue de la difformité, et l’enthousiasme enchanté qui se lit sur son visage lui rappelle Rose et son amour tout simple pour cette marraine musicienne qui la couvre de cadeaux.

Hésitante un instant, Faustine risque un œil interrogateur vers Teagan ; puis, voyant que le père n’oppose aucune objection, fait signe à l’enfant de s’installer à ses côtés. « Assieds-toi là un instant, je vais te montrer. Tu vois la roue, ici ? Lorsque je la tourne, il y a un archet à l’intérieur, qui fait vibrer des cordes, c’est ce qui produit ce son sourd un peu entêtant. Et avec les touches, là, je déplace des pièces de bois qui entrent en contact avec les cordes, et changent leur tonalité. Tiens, essaie – elle est un peu grande pour tes bras, mais je te la tiens, regarde. Mets ta main ici, sur la roue ; et l’autre, juste là, sur le clavier. Voilà, tourne maintenant – tu entends, la différence ? » Tout en parlant, Faustine a positionné les mains de Madenn sur la vielle, la maintenant en place, penchée vers l’enfant dans une posture complice. Elle a si peu l’occasion de partager son amour pour l’instrument un peu désuet qui n’est apprécié réellement qu’en Outrevent… ! « Si tu veux essayer une fois rentrée chez toi, je pourrai te donner ma vieille partition ; je la connais par cœur, cette chanson. Est-ce que tu sais lire la musique – Madenn, c’est bien ça… ? »

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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyVen 3 Aoû 2018 - 14:36

Dans les yeux de sa fille, il y a tout l'émerveillement des enfants et le sérieux d'une jeune femme qui veut apprendre beaucoup de choses. Dans la famille, ils ont toujours encouragé la curiosité. Son père était homme à vouloir que ses enfants soient assez dégourdis pour se débrouiller seuls, il leur confiait bon nombre de tâches importantes mais leur laissait une grande liberté de mouvements une fois lesdites tâches accomplies. Les Sustain sont des amoureux de la musique, ils la jouent et ils la vivent, ils la créent de rien pour la voir fleurir, comme un jardinier planterait une graine pour ensuite voir naître le fruit de son labeur. Le métier de luthier n'est pas bien différent pour Teagan. Chacun de ses instruments est différent, chacun aura un petit quelque chose qui le rendra unique, chacun aura son timbre à lui, sa tonalité, sa douceur ou sa force. Il est attentif à tout, du grain du bois à la résistance des cordes, tout est travaillé avec minutie. Il a grandi pour apprécier la musique, d'où qu'elle vienne, et malgré ses réserves pour une magie impie, il ne peut nier combien les notes nées des mains de la ménestrelle sont enchanteresses. Quant à sa fille, elle est indéniablement sous le charme et il ne s'en étonne qu'à moitié.

Devant le regard interrogateur de la jeune femme, il acquiesce doucement, incertain mais curieux de voir comment elle abordera le sujet avec sa fille. Alors elle lui montre, elle lui explique, et Madenn fait montre de toute la concentration dont elle est capable, sa petite moue crispée, ses sourcils froncés, comme font les grands. Le coeur de Teagan se serre, avec plus d'intensité qu'il n'en avait ressentie depuis longtemps. Il n'avait plus vu Madenn agir ainsi avec une dame depuis plusieurs mois ; quand Morgan s'évertue à faire comme papa, sa soeur, elle, ne peut plus faire comme maman. Elle a ses tantes, qu'elle voit régulièrement. L'absence de Gwendoline le heurte pourtant sans crier gare, l'obligeant à tourner un instant le regard, faisant mine d'admirer la décoration du petit salon, pompeux, mais au demeurant charmant.

« Si tu veux essayer une fois rentrée chez toi, je pourrai te donner ma vieille partition ; je la connais par cœur, cette chanson. Est-ce que tu sais lire la musique – Madenn, c’est bien ça… ? » La petite hoche la tête frénétiquement, absolument ravie. « Grand-père il dit que les notes, c'est plus facile à lire que les mots. Il m'a appris un peu, et mon papa aussi. Même que des fois, tante Tancélie me laisse essayer sa harpe ! Elle est si jolie. » Madenn est sur sa lancée et il sera bien difficile de l'arrêter désormais. Cette petite parle parfois plus qu'un conteur un jour de marché, c'est affligeant. Sur le visage de Teagan se peint un doux amusement à la voir s'ouvrir ainsi et s'extasier sur la vielle, sur combien son grand-père fait des instruments merveilleux, sur sa tante qui joue pour plein plein de gens. Ou de la voir se plaindre que son frère ne comprend rien parce qu'il est trop petit et que tout ce qu'il aime, c'est faire boum boum avec des bouts de bois sur les meubles de la maison, Klaviédemaimai lui en soit témoin. Le luthier glisse ses yeux sur la ménestrelle, sur son regard attentif et poli face à l'enthousiasme de sa fille, sur les traits délicats de son visage. Plus il l'observe, moins l'écarlate de ses yeux semble déplacé, il paraît au contraire ajouter un charme à la ménestrelle. Un charme peu conventionnel, même étranger à tout ce qu'il a pu voir jusqu'à présent. « ... et prendre le thé à la maison. Hein papa ? » « Je... quoi ? Oui, bien, bien sûr. » Il acquiesce, sans savoir à quoi, devant l'air réjoui de Madenn. Sans savoir que dans son enthousiasme, elle a déjà invité la ménestrelle à passer à la maison pour boire le thé et raconter ses histoires extraordinaires de jeune fille de huit ans. Tout un programme. Ne sachant pas de quoi les deux femmes parlaient, Teagan préfère changer de sujet. « Connaissez-vous sa Grâce, la duchesse Marjolaine, depuis longtemps ? » Une question peut-être un peu trop personnelle, mais qui lui traverse l'esprit depuis qu'ils sont arrivés.
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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyMar 2 Oct 2018 - 21:21

Elle est concentrée, l’adorable gamine ; et Faustine ne peut retenir un sourire satisfait de la voir froncer les sourcils pour ne rien manquer de ses explications. Cela la change de Rose, toujours pleine de vie et si turbulente, et la ménestrelle ne peut retenir une vague de gratitude pour Madenn qui s’applique si fort à expérimenter l’art complexe de faire sonner la vielle à roue. Il y a longtemps, elle aussi se penchait avec intérêt vers les mains de la vieille sonneuse de vielle du Noroît, pour capter le moindre mouvement de ses doigts pleins d’arthrite mais néanmoins toujours capable de faire chanter l’instrument comme du temps de sa jeunesse. Reposant délicatement le bel engin contre l’assise du fauteuil, bien calé pour ne pas qu’il bascule, elle se permet d’effleurer du pouce l’arrondi de la joue juvénile levée vers elle, écoutant le gai babil de la pipelette en herbe avec l’indulgence au fond de ses yeux cerclés d’écarlate. Elle n’a pas l’habitude que les enfants se sentent en confiance en sa présence aussi rapidement – elle redoute déjà la rencontre avec le jeune Aymeric, héritier du duc Liam, qu’elle sait souvent en visite sur les terres de Lionel, et prie la moitié du Panthéon pour que tout se passe bien.

Madenn continue son pépiement joyeux, et Faustine se prête au jeu de la conversation, répondant avec une digne bienveillance à ses questions incessantes, Eriath apportant de temps à autre une précision ou une explication supplémentaire. Et l’enfant raconte sa vie – Outrevent, son frère, son goûter préféré, son oreiller de plume, et puis toute la famille y passe : son grand-père, son frère, son père, et le regard de la musicienne se tourne involontairement vers l’artisan qui n’a pas bougé. C’est un bon père de famille, ce Teagan, songe-t-elle en écoutant plus distraitement le bavardage de l’enfant – un père aimé, un père aimant. La petite continue raconter son existence par le menu, et achève par une invitation d’un culot stupéfiant pour un si petit bout de femme. Celle qui l’a élevée doit être une personne pleine de charisme et d’une force d’âme remarquables, pour que sa fille s’en soit imprégnée, se dit-elle, sans songer un seul instant que ladite femme puisse n’être plus qu’un souvenir dans le cœur de ses proches. Son sourire se fait un peu gêné lorsque le luthier approuve l’invitation de sa fille. « Je ne voudrais pas imposer un surcroît de travail à madame votre épouse », murmure-t-elle tout bas, trop bas sûrement pour que l’homme l’entende – la fille l’a entendue, elle, mais Faustine ne voit pas le voile de tristesse cacher un instant la claire limpidité de ses yeux, tournée qu’elle est vers Teagan et sa question un peu indiscrète à laquelle elle répond pourtant de bonne grâce.

« J’ai rejoint l’entourage de Sa Grâce alors qu’elle était encore jeune fille, lorsque j’avais quatorze ans. Elle a pris soin de moi malgré ma magie proscrite, sans porter de jugement aucun : c’est la première personne à m’avoir à nouveau traitée en être humain. C’est auprès d’elle que j’ai réappris à vivre sans le nom de mes parents, et c’est tout naturellement que je l’ai suivie en Lagrance lorsqu’elle y a épousé le marquis du Lierre-Réal. Devenue duchesse, elle m’a fait l’immense honneur de me confier la tutelle de sa fille aînée, la princesse Rose. Nous ne sommes pas quittées depuis que j’ai été placée auprès d’elle ; je lui dois beaucoup. Elle est tout à la fois ma protectrice et ma meilleure amie ; c’est une âme généreuse, et je suis bien indigne de son amitié. » conclut-elle, bien consciente que ses louanges sont bien trop communes pour rendre pleinement hommage à la grandeur de la duchesse de Lagrance.

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Message Sujet: Re: Un présent pour une ritournelle   Un présent pour une ritournelle EmptyDim 21 Oct 2018 - 19:06

Difficile de savoir si la ménestrelle se prête au jeu de la fillette par simple politesse ou par réelle bienveillance. Quelle que soit la raison, Teagan éprouve un brin d'embarras à voir Madenn aussi à l'aise avec cette femme rencontrée il y a à peine quelques minutes, de l'entendre déballer tous ses états d'âme comme si elle venait de trouver une nouvelle confidente à qui révéler les moindres pans de son quotidien. Il se rappelle comment elle était parfois, auprès de sa mère. Celle-ci encourageait sa fille à se confier à elle, elle l'incitait à exprimer le fond de sa pensée et à rester aussi franche et honnête avec les autres qu'elle pouvait l'être avec elle-même. Il y a tant de Gwendoline dans les traits de la petite, une grande curiosité, une grande bonté, beaucoup de douceur pour un brin d'insolence, par moments. La fierté emplit le coeur du luthier, face à cette jeune fille que les épreuves ont fait grandir plus vite durant les derniers mois écoulés, qui s'éloigne peu à peu de l'innocence des enfants pour entrer dans cet âge où le monde commence à devenir sérieux. Quelques fois, Teagan n'est pas certain de parvenir à gérer ça tout seul, à soutenir assez ses enfants pour qu'ils grandissent sans encombres. Puis il se rappelle qu'il a sa famille à ses côtés pour l'aider.

Sa familiarité ne l'étonne donc plus, et il se voit mal refuser une telle demande, aussi culottée soit-elle. Ce serait faire preuve d'impolitesse que de rétracter une invitation à une amie proche d'une duchesse, voire d'irrespect ! Elle n'est certes pas forcée de la prendre au sérieux – quelle dame de son rang irait donc boire le thé avec un simple homme du peuple ? Il ne perçoit guère les paroles qu'elle prononce, il ne remarque que son léger embarras, qu'il éprouve également. Son regard se pose plutôt sur sa fille avec sérieux et il préfère changer de sujet. Un peu indiscret lui aussi, à croire que Madenn tient bien de quelqu'un ! Et contre toute attente, la dame ne s'en offusque pas, elle lui répond avec une honnêteté surprenante. Ses mots ont l'aspect d'un aveu, il y voit une part de cette femme qui semble pourtant si discrète. Et à travers ces paroles, il voit une autre facette de cette duchesse de Lagrance que le peuple des jardins a l'air de tant apprécier. Il comprend mieux pourquoi, à la lumière de cette simple révélation. Il esquisse même un sourire doux à l'entente des derniers mots, il pose sur elle un regard franc. « Je crois que vous vous sous-estimez, ma dame. Je ne pense pas que la duchesse de Lagrance garderait à ses côtés une personne indigne d'elle. » Le ton se veut poli, mais il est surtout sincère sous les formes qu'il y met pour ne pas avoir l'air de trop s'immiscer dans ce qui ne le regarde pas.

Après quelques instants de silence, Teagan s'éclaircit la gorge et reprend la parole d'une voix plus forte, plus hésitante peut-être. « Ma fille et moi avons assez abusé de votre patience. J'espère que votre vielle vous conviendra, mais si vous rencontrez le moindre souci avec elle, il vous suffit de vous rendre à mon atelier de Souffleciel, je ferai mon possible pour le régler. » Plus professionnel, il lui adresse néanmoins un sourire franc avant de se lever, tendant la main pour enjoindre sa fille à le suivre. Elle fait un peu la moue. « On part déjà ? » Teagan hoche doucement la tête, attendri par le regard brillant de sa fille. Malheureusement, ils ne peuvent pas rester plus longtemps. Quand les doigts de la fillette s'accrochent aux siens, il s'incline bassement devant la ménestrelle et Madenn l'imite. « Je vous souhaite une bonne journée. » Père et fille s'éloignent vers la porte avec leurs effets et la petite se tourne pour adresser un dernier signe de main à la ménestrelle. Bien emmitouflés dans leurs manteaux et écharpes, ils suivent le domestique qui les ramène à l'extérieur, puis ils prennent la direction de la Guilde des Mages pour prendre un portail qui les ramènera à Souffleciel.
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