Cela fait quelques jours que tu es revenu à la la caserne. Tu t’es reposé, physiquement à tout le moins, mais tu ignores si ton état d’esprit est réellement plus clair qu’à ton départ. Moins nostalgique, certainement. Mais clair ? Non, tu ne serais pas prêt à dire cela. La tête pleine de questions, de regrets nouveaux, tu as décidé de profiter de quelques heures de liberté pour prendre l’air et t’éloigner de tes charges.
Affrontant le mordant du froid d’hiver, tu ajustes ton manteau de chevauche avant de t’éloigner des dortoirs. Tu n’as pas de destination précise en tête, si bien que tu te laisses guider par la chance, contournant tantôt un terrain d’exercice, tantôt bâtiment… La balade te fait du bien et tu as l’impression que tes idées s’éclaircissent. Un peu du moins. Ou peut-être est-ce simplement cette solitude avec laquelle tu as appris à vivre qui parvient à présent à t’apaiser. Tu ne t’en plaindras pas, tu sais trop bien que dans quelques heures cette même solitude pourrait te peser affreusement. Alors tu souris un peu, marchant calmement donc…
Peut-être t’es-tu laissé distraire par ton flot de pensées. Ou alors t’es-tu simplement laissé aller à la détente de cette balade? Qu’importe au fond la réelle raison. Tout ce que tu sais c’est que, un peu plus loin devant toi, une figure étrangère se dresse contre le paysage autrement connu. Tu plisses les yeux, t’approchant. Tu entends sa voix s’adresser à toi alors que tu la détailles du regard. À portée de voix, tu retires ton échappes pour découvrir ton visage, lui offrir un sourire chaleureux.
- Bonjour, mademoiselle… d’Aurebois… n’est-ce pas ?
Tu t’inclines légèrement pour la saluer avec la déférence qui sied à votre nouvelle différence de rang, lui souriant toujours lorsque tu te redresses. Tu te souviens l'avoir croisée quelques fois dans les soirées mondaines. Quelque chose chez elle avait gravé son nom dans ta mémoire. Oh tu as tout de même un petit doute, mais tu tentes quand même.
- Quelle surprise de vous voir par ici ! J’ai le regret de devoir vous avouer que personne ne m’a prévenu de votre arrivée imminente ou je me serais assuré que vous soyez accueillie comme il se doit !
Ta voix est emplie d’une chaleur qui contraste fort avec l’air froid qui vous entoure.
- Puis-je me permettre de vous demander qui a l’honneur de vous attendre ? Peut-être puis-je vous reconduire afin de vous éviter l’attente ?
Curiosité tant que politesse. Elle l’ignore sans doute, mais tu sais que tu n’en parleras à personne, d’à qui elle rend visite. Ça ne te regarde pas. Reste que tu es curieux. Sa présence ici est inattendue, après tout. Que fait une jolie jeune femme ainsi seule en bordure de la caserne ? Surprenante découverte…