AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -29%
PC portable Gamer ERAZER DEPUTY P60 – ...
Voir le deal
999.99 €

Partagez
 

 Le bel astre et la Belastre

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
avatar
Invité

Message Sujet: Le bel astre et la Belastre   Le bel astre et la Belastre EmptyDim 10 Juin 2018 - 18:24


Livre III, Chapitre 4 • La Légion des Oubliés
Narcisse de Croquelune & Séverine de Bellifère

Le bel astre et la Belastre

"La lune est le soleil des statues" - Jean Cocteau



• Date : 22 septembre 1001
• Météo (optionnel) :
• Statut du RP : Privé
• Résumé : Depuis le décès de son épouse il y a quelques années, la production du baron de Porte-Brume connaît un rythme effréné, participant à accroître sa réputation de statuaire. Ce qui amènera donc à la visite de ce jour de Séverine... Séverine comment déjà ?
• Recensement :
Code:
• [b]22 septembre 1001 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t3824-le-bel-astre-et-la-belastre]Le bel astre et la Belastre[/url] - [i]Narcisse de Croquelune & Séverine de Bellifère[/i]
Depuis le décès de son épouse il y a quelques années, la production du baron de Porte-Brume connaît un rythme effréné, participant à accroître sa réputation de statuaire. Ce qui amènera donc à la visite de ce jour de Séverine... Séverine comment déjà ?

Revenir en haut Aller en bas
Invité
avatar
Invité

Message Sujet: Re: Le bel astre et la Belastre   Le bel astre et la Belastre EmptyLun 11 Juin 2018 - 3:13

La porte de l’atelier du baron était close en ce jour. Et personne en son domaine n’ignorait ce que cela voulait dire : il ne souhaitait pas être dérangé, sauf s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Et cela, c’était à Servius d’en décider. Son seul ami et intendant, de plus que son premier conseiller forcément, par qui tout passait lorsque Narcisse souhaitait qu’on le laisse en paix. Bien que cela arrivait beaucoup moins que ces dernières années, et notamment le deuil de son épouse que certains auraient pu à l’époque juger d’interminable, il arrivait encore qu’il s’enferme sans souhaiter voir quiconque, et tout particulièrement lorsqu’il apportait les finitions à l’une de ses œuvres. Ces dernières étaient nombreuses, son rythme de production particulièrement notable depuis quelques années, ses œuvres pouvant se retrouver en de nombreuses demeures de la noblesse et bourgeoisie cielsombroise, de Valkyrion même parfois puisque son domaine s’en trouvait à la frontière. Nettement plus rarement de plus loin, bien que cela avait déjà pu arriver par un jeu de bouche-à-oreille qui bâtissait peu à peu sa réputation.

Ce fut seulement lorsque le ciel quittait l’ocre d’un soleil couchant pour peu à peu se parer d’obscurité qu’il en termina. Une nouvelle statue terminée. Une nymphe dénudée, chevelure relâchée lui courant jusqu’aux reins, alors que main tendue elle recueillait un tourtereau venant s’y poser. Un soupir… Composition des plus banales à son sens, mais si c’était ce qu’on lui commandait après tout. Il n’est pas là pour juger. A déjà quelque part fait son deuil, estimant que son chef-d’œuvre avait déjà été réalisé et qu’il ne pourrait faire mieux. Pratiquer son art avait au moins le mérite d’entretenir sa technique irréprochable et de lui vider l’esprit. Et puis, il s’agissait de sa dernière commande à honorer pour l’heure, aussi dès la prochaine pièce pourrait-il laisser parler ses propres envies, sa propre créativité. Il rallume sa pipe en laquelle il ne reste que de quoi prendre un couple de bouffées. Le Porte-Brume s’étire, sentant et entendant ses vertèbres se replacer. S’approche de la porte de son atelier pour en sortir. Une assiette gît là, sans doute portée par Servius comme souvent, et dont il ne s’était même pas rendu-compte, tout absorbé par son travail qu’il l’avait été. Trempe son doigt dans ce qui semble être une soupe de poisson. Froid, forcément. Le porte à sa bouche, se disant que chaude elle avait dû être bonne, tant pis… Saisit l’assiette, pousse la porte…
- Mais qu’est-ce que tu fais là ?
Un page, assis sur une chaise devant sa porte. Assoupit sans doute, qui se redresse vivement à ces mots, visiblement embarrassé.
- Baron ! Désolé de vous déranger. Heu… Une jeune femme s’est présentée aujourd’hui, et elle tenait beaucoup à vous rencontrer.

- Tiens, prends ceci. Et marchons un peu pendant que tu me diras qui elle est, et dans quel but elle souhaitait me rencontrer !
Lui tend l’assiette pour qu’il l’en débarrasse, et dépose bienveillant une main sur son épaule tout en marchant un peu comme annoncé. Le baron avait besoin de se dégourdir les jambes, et cela ne ferait sans doute pas de mal au jeune homme pour qu’il se réveille un peu.
- Elle souhaite vous rencontrer afin de faire réaliser une statue de vos mains, baron. Je lui ai promis que je vous préviendrai aussi vite que possible. Elle s’appelle… heu… Séverine… Séverine…
L’embarras se peint sur le visage du garçon, comme il a très clairement oublié le nom de la jeune femme – et qui clairement lui avait tapé dans l’œil pourtant.
- C’est bien, tu auras donc tenu promesse ! J’imagine qu’elle demeure toujours en mes murs, s’il était si urgent que tu me préviennes ?
Il opine simplement.
- Bien… Voilà ce que nous allons faire ! Toi, tu embarques cette assiette aux cuisines. Elle est froide certes, mais très bonne, alors… s’il te prend l’envie, ma foi, il me rendrait service que tu la manges pour moi, sinon mestre Servius va encore trouver à me gronder de n’avoir terminé mon assiette ! Pendant ce temps, j’irai me rafraîchir. Quand tu auras terminé, et si cette Séverine ne s’est pas encore endormie, tu pourras alors lui faire savoir que je puis la recevoir. Tu la mèneras au petit salon bleu, veux-tu? Allez, file !
Lui tapote le dos, n’attendant pas réellement son assentiment pour mettre à exécution le plan donné.  Quant à lui, comme annoncé, il alla se passer un peu d’eau fraîche sur le visage et les bras ainsi que se changer. Quelques instants plus tard, à la lueur de la lune s’ajoutèrent quelques chandelles en le petit salon bleu. Enfin, il allait prendre son repas également, composé d’une bouteille de vin débouchée et d’un foyer de pipe bien chargé, répandant déjà son odeur dans la pièce, confortablement installé dans son siège. Cette Séverine viendrait-elle ou non ? Verdict bientôt.
Revenir en haut Aller en bas
La Noblesse
La Noblesse
Séverine de Bellifère
Séverine de Bellifère

Messages : 2138
J'ai : 27 ans
Je suis : duchesse de Bellifère, autrefois astronome à l'Observatoire de Val-du-Ciel, mon observatoire.

Feuille de personnage
J'ai fait allégeance à : Martial de Bellifère
Mes autres visages: Marjolaine du Lierre-Réal & Lancelot l'Adroit & Liry Mac Lir & Anwar Sinhaj & Antonin de Faërie
Message Sujet: Re: Le bel astre et la Belastre   Le bel astre et la Belastre EmptyMar 19 Juin 2018 - 5:43

Qu'est-ce qui avait bien pu portes les pieds de Séverine jusqu'aux portes de Valkyrion, si ce n'était une idée bien précise.  Quittant sa tour d'astronomie de Voile du Ciel, elle avait entrepris le voyage vers Lorgol où elle comptait bien trouver des informations suite à une piste pour mettre au pied du mur Castiel et obtenir ainsi cette vengeance qu'elle espérait depuis quelques mois déjà.  Tout se mettrait sur pied peu à peu, elle prendrait tout le temps qu'il lui faudrait, tant qu'au bout du compte, il souffre autant qu'elle avait souffert.  Quelle plus grande honte que d'être dépouillée de ses titres, de voir ses parents assassinés avec une froideur meurtrière.  Si Séverine haïssait bien quelqu'un c'était son cousin, duc de Sombreciel.  Mais quel cousin mettait ainsi à mort sa propre tante, sa dernière famille vivante direz-vous?  Un être dénué de tout cœur.  On ne pouvait mieux l'exprimer.  Les décisions de Castiel de Sombreflamme avaient excédé la noblesse cielsombroise, pouvait-il s'attendre à ce que tous restent sagement en place sans ne rien dire alors que d'autres gens plus aptes à gouverner vivaient?  Fantine aurait eu le droit de prétendre au trône si son père n'avait pas failli à sa promesse de revenir pour épouser sa mère, Christine Belastre.  C'était le nom de cette grand-mère trahit que Séverine de Mauve avait emprunté pour se faire oublier.  Ayant perdu ses terres et héritages revenus à la couronne cielsombroise après la tentative de coup d'état de ses parents, elle avait jugé plus prudent d'être discrète, à point où nul ne se souviendrait de son existence jusqu'à ce qu'elle ne frappe le coup de grâce, un jour où personne ne s'y attendrait.  Et c'était justement pour cela qu'avant de quitter pour Lorgol, elle avait décidé de faire appel à un sculpteur.  La logique derrière sa démarche était complexe et l'expliquer serait inutilement long, mais en faisant ce long détour, traversant de bord en bord le duché avant de se rendre à la capitale d'où elle portaillerait jusqu'à Lorgol, elle avait un plan bien précis en tête.

Cependant, elle ne s'attendait nullement, dans la réalisation de se plan qu'elle doive attendre comme une malotrue.  Certes, la domesticités du baron de Porte-Brume avait eu soin de son confort, mais quel genre de maître faisait-il attendre une dame de son rang aussi longtemps.  Elle était indignée, certes elle ne s'était point annoncée, mais on lui avait bel et bien dit que le maître des lieux était chez lui et pourtant, la nuit tombait déjà et il ne semblait toujours pas daigner accorder une minute à ses visiteurs pour leur souhaiter la bienvenue.  C'était d'une impolitesse flagrante et installée dans une chambre pour la nuit par les serviteurs, Séverine fulminait de rage du peu manières dont on usait à son égard.  Elle partirait le lendemain matin dès l'aube ne désirant point perdre plus longtemps son temps dans une pareille demeure.  Elle avait entendue dire des choses sur le baron, mais tout de même!  Ayant été élevée sans que personne ne tente jamais de la corriger, Séverine était particulièrement hautaine et prenait très mal tout affront fait à sa personne.

Elle était sur le point de se déshabiller, quelques rubans étaient déjà délacés, quand on toqua à la porte pour lui annoncer que son hôte daignait enfin lui accorder quelque peu de son temps.  Elle maugréa entre ses dents et répondit qu'elle serait prête dans quelques instants.  Elle renoua à nouveau ses rubans, remis un peu d'ordre dans sa coiffure et se farda un peu avant de sortir, l'air digne, presque méprisant.  On la guida jusqu'à un petit salon où l'attendait le noble le plus incongru qu'elle put jamais rencontrer de son existence.

Mue par un désir de lui être supérieure en manières et politesse, elle s'inclina dans une élégante courbette pour le salua et lui dédia l'un de ses plus beaux sourires, l'un des plus hypocrites dont elle était capable.  Pour le moment, son impression de Narcisse de Croquelune était mauvaise, très mauvaise.

« Sire, » fit-elle en se redressant.  Elle attendait visiblement qu'on l'invite à s'asseoir et contempla le petit salon où on l'avait emmenée.  Elle mesura avec un œil expert ses dimensions, préparant d'ores et déjà quelques compliments sur le mobilier.  Toute conversation devait commencer par ces badineries ridicules, mais qui parfois permettaient d'en apprendre beaucoup plus sur son interlocuteur qu'on ne le croyait.

« J'ai cru que vous ne pourriez me recevoir aujourd'hui, visiblement je m'étais trompée, » ajouta-t-elle, légère pique concernant le fait qu'elle avait dû attendre et qu'elle en était vivement offusquée. Ce n'est pas ainsi qu'on traite une dame du rang.  Les présentations attendraient.  Valait-il vraiment la peine de se présenter à quelqu'un qui faisait si peu de cas de soi?
Revenir en haut Aller en bas
Invité
avatar
Invité

Message Sujet: Re: Le bel astre et la Belastre   Le bel astre et la Belastre EmptyDim 1 Juil 2018 - 5:09

« Et si j’éteignais toutes ces torches et bougies ? » se disait-il. « Et si j’allais simplement profiter de la beauté que les lunes offraient à contempler ? ». Oui, en ses pensées, son impulsivité et ce qu’il demeurait de sérieux en lui s’affrontaient, afin de savoir s’il succomberait à ses envies ou recevrait comme prévu cette jeune femme dont Narcisse ignorait encore tout, sinon le prénom. Bien engoncé dans son siège, le baron scrutait donc la fenêtre, envieux de plus de simplicité encore. Mais il s’en retint. Se dit que si elle ne venait pas, alors il pourrait juste faire ce qu’il lui plairait. Peut-être ferait-il sceller une monture et irait prendre un peu l’air frais au dehors ? C’était une idée oui. Qui toutefois tomba à l’eau bien vite, lorsqu’il fut prévenu que la jeune femme le rejoindrait d’ici quelques minutes. Le Porte-Brume poussa un léger soupir lorsque le serviteur s’en fut parti. La journée avait été longue pour lui déjà, aussi espérait-il que l’entrevue ne s’attarderait pas trop. Et surtout, il espérait bien que la commanditaire avait de quoi payer, sinon ça serait une pure perte de temps sur toute la ligne.

Et lorsque finalement elle fait son entrée… comme à son habitude, Narcisse l’inspecte, la scrute, l’observe avec une attention, mais à sa manière cela reste léger… Il ne s’agit pas là d’un regard inquisiteur, mais c’est juste là une habitude ancrée chez l’artiste. Le statuaire peut en effet oublier les noms, les lieux, les dates… mais les visages et les corps, ses émeraudes les détaillaient tant qu’il en préservait souvenir. Ses yeux volettent juste, font des va-et-vient, jamais rien d’insistant ou de lubrique, même si bien sûr chacun pouvait se faire sa propre impression erronée. Soit, quoi qu’il en soit, le Porte-Brume ne perd donc rien de ses manières appuyées. Désormais, il en sait plus qu’un simple prénom. Désormais, il sait également qu’elle est de très bonne éducation. La tête de l’artiste s’incline légèrement sur le côté tandis qu’il fronce les sourcils. Son cheminement de pensée pourrait presque se lire sur son visage – l’un de ses défauts, trop spontané. Si dans un premier temps, Narcisse ne l’avait regardé que comme la belle femme qu’elle était, il se trouvait désormais intrigué visiblement, se questionnant déjà sur la possible identité de cette Séverine.

Pour sa part… eh bien, à sa posture, il donnait quant à lui plutôt dans la formule « capitaine pirate au calme dans sa cabine »… mis à part que c’était de vin qu’il étanchait sa soif et non de rhum. Pipe en écume entre les dents et soutenue entre ses doigts, jambes étendues et croisées, et quelque peu affalé… sûr que point de vue apparence, le baron après sa longue journée n’y prenait plus tant garde. Toutefois, il sait aussi s’adapter. Se redresse donc, se lève même. Son bras gauche vient se mettre à plat dans son dos, et ôtant la pipe de ses lèvres, le statuaire incline du buste pour la saluer.
- Dame...
D’un signe de la main, il l’invite à prendre place. Le siège indiqué est tout aussi confortable que le sien, le petit salon bleu étant généralement mis à profit lors de ses discussions avec Servius. Un peu dépouillée, il s’agissait de l’une des rares pièces du castel ne comptant pas d’œuvres d’art. Chose étonnante même, puisque même les couloirs ici n’en étaient pas exempts. Il s’agissait juste là d’une pièce où il aimait à faire le vide. Se reposer après une longue journée. Refaire le monde avec son ami parfois. Il n’y recevait pas généralement, mais compte-tenu de l’heure, Narcisse y avait fait exception. Murs bleus, sièges confortables, vue agréable sur l’extérieur… l’on y oubliait assez aisément que l’on était entre quatre murs dans cette pièce, et c’est précisément pour préserver cette sensation que meubles, tableaux et autres sculptures n’y trouvaient pas leur place. Un peu déstabilisant peut-être pour qui n’y était pas habitué, mais l’on s’y faisait vite généralement si l’on se permettait un peu de détente. Serait-ce le cas de cette jeune femme ?
- Oh, il arrive de se tromper, ne vous en tenez pas rigueur je vous prie, après tout l’erreur est humaine !
Répondit-il du tac au tac, un sourire se peignant sur son visage et s’étendant en coin, alors qu’il la scrutait toujours, un sourcil se relevant. Était-il déjà en train d’essayer de la taquiner, ou bien, innocent, ne s’était-il juste pas rendu compte qu’il s’agissait d’une pique ? Cela, il serait le seul à le savoir, et Séverine ne pourrait que s’en forger son propre jugement sans doute. Toutefois, il poursuit aimablement, toujours souriant.
- Prenez place, s’il vous plaît ! Comme vous le savez donc déjà, je suis Narcisse de Porte-Brume, maître des lieux… N’allez pas croire que j’aime à entendre ma propre voix prononcer mon propre nom plus que cela, mais je trouvais qu’il était sans doute plus cordial de vous demander votre nom en vous donnant tout d’abord le mien.
Il s’installe derechef pour sa part, et tout en restant détendu adopte une posture bien plus respectable qu’auparavant.
Désirez-vous m’accompagner d’un verre de vin, ou bien peut-être préféreriez-vous que je demande à vous faire préparer un peu de tisane ?
Discuter d’une œuvre à réaliser pouvait parfois prendre un peu de temps. Et il serait triste qu’une si charmante gorge vienne à s’assécher, n’est-ce pas ?
Revenir en haut Aller en bas
La Noblesse
La Noblesse
Séverine de Bellifère
Séverine de Bellifère

Messages : 2138
J'ai : 27 ans
Je suis : duchesse de Bellifère, autrefois astronome à l'Observatoire de Val-du-Ciel, mon observatoire.

Feuille de personnage
J'ai fait allégeance à : Martial de Bellifère
Mes autres visages: Marjolaine du Lierre-Réal & Lancelot l'Adroit & Liry Mac Lir & Anwar Sinhaj & Antonin de Faërie
Message Sujet: Re: Le bel astre et la Belastre   Le bel astre et la Belastre EmptyLun 13 Aoû 2018 - 1:41

Séverine était agacée de l'attente et elle voyait d'un mauvais œil cet homme barbu qui l'accueillait.  Son air décontracté l'aurait irritée plus encore s'il n'avait pas fait l'effort au moins de se redresser et de l'accueillir avec une certaine élégance : ce qu'il aurait dû lui montrer comme comportement dès son arrivée.  Faire attendre aussi indéfiniment un visiteur était d'un manque de civilité flagrant.  Il avait intérêt à se montrer extrêmement charmant s'il voulait s'attirer les bonnes grâces de la Cielsombroise qui était désormais prévenue à son égard.  Elle espérait ne pas avoir fait le déplacement inutilement.  Digne, mais gracieuse, elle se posa avec une légèreté aérienne sur le siège qu'il lui désigna, petit fauteuil fort confortable qu'elle était contente de trouver : il se faisait tard et si elle ne passait pas la plupart de son temps à vivre la nuit pour pouvoir mieux en observer ses étoiles, elle n'aurait certes pas été capable de faire face à son hôte aussi éveillée qu'elle l'était encore.  Et sa mauvaise humeur aussi.  Déjà, elle trouvait les manières de l'homme trop détendue.  Pas même un mot d'excuse pour l'avoir fait patienter aussi longtemps, mais plutôt des discours pompeux et pédants.  Elle le trouva rapidement désagréable et maintenu sa contenance à l'aide d'un sourire circonspect : la baronnie de Mauve n'était pas si loin des terres de son père, puis de son frère, et si elle n'en était plus l'héritière, il aurait au moins pu montrer un peu plus d'intérêt à ses voisins.  Elle inspira pour ne rien laisser montrer de l'impatience et de la colère qui la gagnait : la course qu'elle était venue faire jusque là était trop importante et elle n'avait pas la moindre envie de causer un esclandre et d'attirer l'attention sur sa personne.

« Naturellement, je savais qui vous êtes en me présentant à votre porte sire de Porte-Brume.  J'eus cru que vos domestiques vous auraient tout de même communiqué le nom de vos visiteurs, » déclara-t-elle en premier lieu.  Elle n'avait jamais vu autant de manquements aux règles de l'hospitalité et son cœur en était outré. « Je suis Séverine Belastre, astronome à Voile-du-Ciel dans la baronnie de Mauve, » se présenta-t-elle en accentuant le nom du domaine qui aurait dû lui revenir à la mort de ses parents.  Comprendrait-il et abandonnerait-il alors ces manières qui lui étaient si désagréables?  On ne peut pas dire que les occasions de se rencontrer avait été nombreuses au cours de leur jeunesse, mais ils avaient appartenus tous les deux à la noblesse de Sombreciel.  Elle retint un soupir exaspéré.

« Je ne refuserai point de vous accompagner pour un verre de vin, nul besoin n'est de me faire préparer une tisane quelconque, » répliqua-t-elle avec un sourire qui se voulait entendu.  Comme toute Cielsombroise qui se respecte, elle appréciait les liqueurs de son duché, mais celles des autres aussi, notamment les vins lagrans au goût fruité.  D'ailleurs, qui a cette heure tardive pouvait bien vouloir boire une infusion d'herbes?  Si ce n'était pour empêcher la vie de grandir dans ses entrailles, Séverine n'avait aucun intérêt pour s'abreuver de ce genre de concoctions : elle préférait nettement ce qui était plus goûteux, plus luxueux aussi.  Elle était également curieuse de voir ce que la cave à vin de cet homme pouvait cacher comme grand crû.

« J'espère que rien de grave ne vous a retenu si longtemps pour me recevoir à une heure plus destinée au sommeil qu'aux grandes conversations. »

Le reproche, à peine masqué par une couche de politesse désintéressée.  Elle attendait quelques mots pour s'excuser, qu'ils soient ou non sincères.  Séverine avait besoin de voir son orgueil être flatté et le comportement de Narcisse ne lui paraissait pour le moment que trop peu galant et bien trop désinvolte.  Enfin, c'était un personnage particulier, artiste ayant sa petite renommée et elle ne devait pas oublier les objectifs de sa visite.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
avatar
Invité

Message Sujet: Re: Le bel astre et la Belastre   Le bel astre et la Belastre EmptyMer 5 Sep 2018 - 0:35

- Eh bien, pour tout vous dire… Mes serviteurs savent qu’il convient de ne pas me déranger lorsque je clos la porte de mon atelier. Le pauvre page qui vous a reçu a fait le piquet devant ma porte des heures durant, au point qu’il s’en était assoupi… Dévoué jeune homme s’il en est, qui pour vous a fait le maximum mais a dû faire avec le comportement du triste sire qui l’emploie. Il ne me viendrait pas à l’idée de lui tenir rigueur d’avoir dès lors eu un léger trou de mémoire quant à votre nom, aussi accordons-nous sur le fait que je sois le triste mais seul responsable.
Bien des manquements à l’étiquette, certes, mais après tout Narcisse n’accordait que peu d’importances à tout cela. À côté de l’éducation rigoureuse qu’il avait reçue, il avait également vécu une bonne partie de sa vie entouré d’artistes, en étant devenu un lui-même. Le décès de son épouse et l’abus d’alcool et de drogues qui en avait découlé avait fait le reste, si bien qu’il n’était pas forcément très étonnant que le Porte-Brume n’aie pas trop la cote avec le monde de la noblesse dont il était pourtant un fier représentant.
- J’espère donc que ce vin pourra faire pardonner quelque peu le manque de manières dont je peux parfois faire preuve. J’ai… peut-être par trop perdu l’habitude de voir du beau monde, enfermé dans ma routine, à marteler du marbre des heures, des jours, ma vie durant… Mon dévouement va sans doute trop à mon art, et trop peu aux apparences et convenances. Je vous présente d’ailleurs mes excuses quant à l’attente que vous avez dû endurer. Mais j’espère qu’au moins vous pourrez être rassurée quant à la commande que vous êtes venue passer, sachant qu’elle bénéficiera de mes parfaites attentions.
Esquisse un léger sourire à son tour, sans doute difficile à parfaitement déchiffrer. Pas de la provocation en tout cas, mais peut-être un peu d’humeur à jouer encore. Cela s’efface rapidement cependant, tandis que le vin capiteux est partagé. Robuste, au corps prononcé tenant bien en bouche. Prompt à enivrer mais dont il ne fallait pas être le plus doué des œnologues que pour s’apercevoir qu’il s’agissait d’un grand vin. À nouveau, Narcisse se lève, d’une manière lasse mais ne pouvant s’empêcher de faire quelques pas malgré les courbatures qui lui prenaient les cuisses.
- Mauve, m’avez-vous dit ? La baronnie se situe non loin de Croquelune, est-ce bien cela ?
Disant cela, le baron avait effectué les quelques pas le séparant des fenêtres qui offraient une vue délicieuse, levant ses yeux d’émeraudes pour fixer les étoiles.
- Lorsque j’étais plus jeune, et que je vivais ici sous la tutelle de mon frère nous avions parfois des discussions quant aux différences que l’on pouvait percevoir en la voûte étoilée, que l’on vienne à l’observer de Croquelune ou d’ici. J’ai toujours été convaincu que c’était bien plus beau vu d’ici, mais Nithaël s’est toujours moqué de moi. Il disait que c’était ridicule, que le ciel ne pouvait être si différent pour que je puisse en forger une telle préférence. Je ne sais pas… peut-être est-ce l’ambiance… ou les souvenirs qui y sont rattachés… mais je trouve que le ciel n’est jamais plus beau que vu d’ici, précisément !
Pivote du buste, se tournant à nouveau vers elle. Son regard est différent, emprunt d’une certaine nostalgie.
- Qu’en pensez-vous ? Enfin… peut-être n’avez-vous pas envie de parler de cela, et votre métier doit certainement être bien plus passionnant que « un baron à la manque aime se faire des torticolis à regarder le ciel comme un benêt ». Désolé si une fois encore je me suis égaré. Si vous le préférez, nous pouvons plutôt aborder le sujet de votre commande. Comme vous me l’avez par deux fois déjà fait remarquer, je vous reçois fort tard, et je comprendrai bien sûr sans mal que vous préféreriez aller à l’essentiel. Il en sera fait selon votre bon désir, dame Belastre !
Revenir en haut Aller en bas
La Noblesse
La Noblesse
Séverine de Bellifère
Séverine de Bellifère

Messages : 2138
J'ai : 27 ans
Je suis : duchesse de Bellifère, autrefois astronome à l'Observatoire de Val-du-Ciel, mon observatoire.

Feuille de personnage
J'ai fait allégeance à : Martial de Bellifère
Mes autres visages: Marjolaine du Lierre-Réal & Lancelot l'Adroit & Liry Mac Lir & Anwar Sinhaj & Antonin de Faërie
Message Sujet: Re: Le bel astre et la Belastre   Le bel astre et la Belastre EmptySam 13 Oct 2018 - 15:20

Si l'homme manquait d'égards, on pouvait tout de même lui accorder qu'il savait parler et défendre ses gens.  Séverine n'en blâmait pas moins le page que le maître et sans grande clémence, mais plutôt par complaisance, elle laissa tomber ses envies de partir en coup de tête et coup de vent.  Elle laisserait une chance à ce drôle d'énergumène de prouver qu'il méritait la visite d'une personne aussi distinguée qu'elle, surtout quand elle venait mander ses services.  En échange d'une appréciable somme.  Après cette commission, ses moyens seraient extrêmement réduits.  Elle le savait et avait tout de même décidé que c'était nécessaire.  Autrement, elle se dispenserait bien de se défaire du peu de fleurons que lui avaient valu la vente du manoir familial avant que Castiel ne se saisisse de ses terres.  Comme elle le haïssait.  En même temps, elle était fière de la prévenance qu'elle avait eu de se terrer et de se faire oublier suite au coup d'état de ses parents.  Elle regardait par-dessus ce verre qu'on lui avait servi son hôte, tentant de jauger s'il était un partisan dévoué de leur duc.  Elle n'en saurait probablement pas plus là-dessus, tel n'était pas l'objectif de sa visite et il n'aurait pas été encore prudent d'oser sonder les gens à ce propos.  L'exécution de Frédéric et Fantine de Mauve était encore trop vive dans les esprits pour oser en parler de vive voix.  Elle n'avait pas envie d'être dénoncée pour complot et de passer des semaines aux cachots avant d'être brûlée vive à son tour.  Elle porta à la coupe à ses lèvres, préférant se concentrer sur des sujets triviaux : elle n'aurait pas besoin d'aborder de sérieuses questions avec Narcisse, surtout pas à cette heure tardive.  Il lui donnait d'ailleurs clefs en main toutes les excuses pour être brève et ne pas s'épancher sur sa propre vivre.

« Oui, c'est bien celle-là, nous sommes réputés pour la muse des peintres que nous y produisons, vous devez la connaître. »

Muse des peintres, muse des artistes.  Cette drogue fabriquée avec les mauves qui poussaient en abondance sur cette baronnie de Sombreciel exacerbait la beau aux yeux de ceux qui l'avait consommée et restait la favorite de Séverine qui avait un penchant décidé pour les arts et savait apprécier la véritable beauté : ses parents le lui avait appris depuis son tout jeune âge et elle se considérait elle-même un chef d'oeuvre artistique avec la régularité de ses traits et sa frêle figure.

Il fallait toutefois noter que ce baron avait la langue bien pendue et aimait à parler.  Séverine sourit d'un naïf tout calculé et elle se leva, le vin entre ses mains, pour aller rejoindre son hôte au bord de la fenêtre.  Elle s'y appuya dans un geste délicat et empli de grâce pour y jeter un coup d'oeil à son tour.  Elle savait jouer du temps et de l'espace pour atteindre ses buts.  Peut-être qu'en laissant la mélancolie du baron la toucher, elle s'attirerait ses bonnes grâces.  Elle s'en débarrasserait plus tard, comme d'une vieille cape dont on se défait quand l'été revient après l'hiver.  Puis, elle était bien placée pour savoir que le ciel n'est jamais le même d'un endroit à l'autre, d'une journée à l'autre.

« Votre frère ne doit sûrement pas sentir aussi bien que vous la beauté des choses.  Le ciel est différent d'un endroit à l'autre, d'un jour à l'autre.  Vous parlez à une astronome qui s'est spécialisée sur le mouvement des étoiles.  Si je traçais la carte du ciel d'aujourd'hui et demain, vous verrez qu'elles ne seraient pas pareilles l'une et l'autre. »

Elle se redressa et se désintéressa de la voûte céleste pour reporter son attention sur son hôte, songeuse.  Elle secoua légèrement la tête et retourna prendre place sur le fauteuil où elle était assise quelques minutes plus tôt et posa le verre de vin sur une petite table tout près d'elle pour mieux lisser les pans de sa robe qui s'étaient froissés dans son déplacement.  Séverine détestait être mal mise.  Une dame de son rang et de son raffinement, peu importe la disgrâce dans laquelle les actions de ses parents l'avaient jetée, ne pouvait se présenter au monde dans les atours d'une catin des rues.  Elle valait mieux que cela.

« Votre dévouement à votre art pardonne l'heure tardive où vous me recevez.  J'exprimerais un peu plus d'indignation s'il ne s'était s'agit que d'un repas copieux ou je ne sais trop quel autre vice vous pourriez cultiver, » ajouta-t-elle après un instant de silence.  Elle ne pardonnait pas réellement ce qu'elle considérait un affront à sa personne, mais elle savait trop bien qu'il ne servait à rien de mentionner son outrage plus avant, que cela la desservirait.  Elle ne lui pardonnait pas en raison de sa fierté blessée, mais il fallait convenir que pour Séverine, l'art et le métier était deux raisons valables pour se plonger complètement dans un autre monde : gare à celui qui oserait la déranger pendant qu'elle étudiait le ciel.

« Ce n'est point impardonnable et vous comprendrez que de toute façon, mes études m'amènent souvent à être toujours éveillée jusqu'à très tard dans la nuit, ainsi je ne suis plus aussi en hâte que tout à l'heure.  Vous parlez bien et cela me plaît. »

Ou à peine, mais la flatterie était une des minauderies qu'elle utilisait fréquemment en présence d'hommes, en vérité de femmes aussi, Séverine ne faisait pas la différence.

« Je suis toutefois effectivement venue quérir vos services.  On m'a vanté votre travail et j'ai donc décidé de vous confier cette commission, si vous l'acceptez bien sûr.  On raconte que vous avez appris votre art avec un grand maître.  J'espère que vous me permettrez de voir quelques unes de vos sculptures, j'ai grand plaisir à admirer ce qui est beau et exécuté avec talent. »
Revenir en haut Aller en bas
PNJ • Modo
PNJ • Modo
La Fatalité
La Fatalité

Messages : 858
J'ai : /
Message Sujet: Re: Le bel astre et la Belastre   Le bel astre et la Belastre EmptyDim 3 Mar 2019 - 15:42

Sans réponse depuis plus d'un mois, RP corbeillé.
Envoyez un MP sous Géralt pour le sortir des archives. :oui:
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

Message Sujet: Re: Le bel astre et la Belastre   Le bel astre et la Belastre Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Le bel astre et la Belastre
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Séverine Belastre
» [F] • Emmy Rossum • Séverine Belastre ; cousine vengeresse

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Arven :: Archives V18 :: Hors Jeu :: Corbeille :: Archives V.1 :: Archivum des RP-
Sauter vers: