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 Le coin des blondes

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Message Sujet: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptyMar 26 Juin 2018 - 14:30


Livre III, Chapitre 4 • La Légion des Oubliés
Aubrée de Sombregemme & Lidjä de Sylvamir

Le coin des blondes

"Une femme c'est une porte qui s'ouvre sur l'inconnu." - Louis Aragon



• Date : 3 juin 1003
• Météo (optionnel) :
• Statut du RP : Privé
• Résumé : Lors du mariage de Ljöta, Lidjä profite de ne pas être en mission pour lier de nouvelles connaissances. C'est l'occasion de ne plus rester dans son coin seule et de le partager avec une autre blonde qu'elle a repéré dans l'ombre de son amie.
• Recensement :
Code:
• [b]3 juin 1003 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t3888-le-coin-des-blondes#144348]Le coin des blondes[/url] - [i]Aubrée de Sombregemme & Lidjä de Sylvamir[/i]
Lors du mariage de Ljöta, Lidjä profite de ne pas être en mission pour lier de nouvelles connaissances. C'est l'occasion de ne plus rester dans son coin seule et de le partager avec une autre blonde qu'elle a repéré dans l'ombre de son amie

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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptyMar 26 Juin 2018 - 14:32

C’était la première fois qu’elle assistait à un mariage. Cela aurait pu lui paraître comme étant une touche de douceur dans sa vie rythmée par les guerres et les événements insensés dus à la Libération de la Chasse Sauvage, mais la skjaldmö était loin de voir cette union d’un très bon œil. En Valkyrion, lorsque deux êtres se prenaient pour époux, c’était pour construire une famille sur des bases solides et saines mais là en l’occurrence, la jeune femme savait que ce n’était pas le cas. Comment aurait-il pu en être autrement alors qu’elle savait très bien que Matvei n’était pas fidèle à sa fiancée. La blonde en était horripilée, mais gardait sa médisance pour elle-même. Ljöta avait fait son choix et elle avait probablement ses raisons, néanmoins elle aurait toujours du mal à l’imaginer inféodée à cet homme. La fidélité était vraiment quelque chose de primordial pour la Kyréenne. Loyale envers son amie, quelle que soit l’intolérance qu’elle avait à l’égard de son époux, Lili ne ferait pas de vague à ce mariage, Nadjä lui ayant bien appris à ne pas se faire remarquer, à rester toujours discrète et réservée.

Non seulement elle était sage et polie, mais en plus elle fit un effort pour ne pas passer pour une asociale. Faisant le tour des invités et même des militaires en service de protection, la vierge guerrière salua tout un chacun et se présenta à ceux qu’elle ne connaissait pas. Il n’était pas certain qu’elle se souvienne de tous leurs noms, mais elle garderait les visages en tête grâce à sa mémoire visuelle qu’elle avait de plutôt bonne. Lorsque son petit tour fut fait, elle alla sa prendre un verre pour s’occuper les mains. Ne pas avoir ses armes la rendait nerveuse. Pire encore, cette tenue qu’elle avait fait l’effort d’enfiler exceptionnellement pour cette cérémonie… Ses iris d’olivine glissèrent sur sa robe à manches longues bleu marine en draps de laine agrémentée de galons brodés de fil argenté. Ce qu’elle pouvait se sentir nue là-dedans ! D’autres se seraient sentis libérés de ne plus être oppressé par une armure ou une cuirasse en cuir, mais pour la valkyrie c’était comme s’il lui manquait des parties d’elle-même. Imaginez une tortue privée de sa carapace et vous comprendriez ce qu’elle ressentait à cette soirée. Ce malaise, elle chercha à l’oublier en s’occupant les mains et l’esprit. Le verre qu’elle venait de prendre fut porté à ses lèvres pâles et se vida d’une gorgée.

Parmi l’assemblée de convives, Lili avait repéré une jeune blonde qu’elle avait déjà souvent aperçue dans l’ombre de son amie sans vraiment avoir pris le temps de lui parler en tête à tête. Pour une fois qu’elle ne croulait pas sous les missions ou les obligations, elle pouvait bien trouver ce temps-là, tout de suite. Après tout si Ljöta lui faisait confiance et l’appréciait, alors pourquoi ne pourrait-elle pas en faire tout autant ? Armée de son verre et d’un sourire cordial, la jeune femme fendit à travers la foule, slalomant entre les invités occupés à papoter ou à danser, pour rejoindre son objectif. Jouant des hanches pour ne bousculer personne, elle fit de son mieux pour ne pas renverser son verre au passage. Lentement, mais sûrement. Sans se presser, elle vint se placer aux côtés de la dénommée Aubrée et se pencha légèrement vers elle. Pas de salutations, puisqu’elle avait déjà été dire bonjour à tout le monde lors de sa première ronde, mais une entrée en matière plutôt banale.

    - Vous passez une bonne soirée ? Qu’avez-vous pensé de la cérémonie ? C’était la première fois que j’assistais à un mariage… La fête est plutôt sobre mais pas dénuée de symbolique, j’apprécie.

Rien à voir avec ce qu’elle pouvait imaginer être la protubérance d’un mariage cielsombrois. Cela dit, par curiosité, un jour il faudrait qu’elle voie cela de ses propres yeux.
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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptyMar 10 Juil 2018 - 23:26

Ljöta s’est mariée !

Aubrée a l’impression d’être redevenue une petite fille, sincèrement heureuse pour sa chère mentor. Oh, elle sait que ce n’est pas un mariage d’amour, et loin de là. De ce que Lia lui a raconté, Matvei a grandi avec la fratrie d’Evalkyr, et la princesse kyréenne le considère comme son frère. Mais qu’importe ! C’est une occasion de se réjouir et de faire la fête, et la blonde est  d’autant plus ravie que sa mère se marie bientôt, dans un peu moins de deux mois ! Une part de son esprit s’inquiète un peu pour elle-même. Si ses deux modèles, ces deux femmes qu’elle admire tant se marient, est-ce qu’elle devra s’y résoudre un jour, elle aussi ? Elle n’en a aucune envie. Bon, après, les deux blondes sont consentantes. Et puis, l’une reconstruit sa vie, l’autre se dégage de ses obligations de princesse. Cela n’a aucun rapport avec un enlèvement barbare à la belliférienne, et tant mieux. Enfin, rien ne l’oblige à se marier, pour l’instant. Elle serait bien en peine de dire avec qui elle le voudrait, de toute façon. Son cœur balance bien trop.

La Belliférienne appréhendait un peu, toutefois, le retour à Svaljärd. Un an après Lughnasadh, le souvenir du bruit des Sentinelles, les explosions et la panique sont encore bien présents dans son esprit. Le palais est d’ailleurs toujours en travaux, et la ville porte encore les traces des attentats, autant que les esprits des habitants. Mais les rires et les danses ont remplacé les cris et les pleurs. La princesse Ljöta se marie, et la ville est en fête ! Même Agathe est là, parmi les convives. Et Aubrée, dans sa belle robe rouge foncé, parée de ses plus beaux bijoux, les cheveux savamments tressés à la kyréenne, rayonne de joie. Elle se tient un peu à l’écart de la salle, seule, les joues rougies d’avoir trop dansé, mais un sourire éclatant aux lèvres, observant les danseurs de loin. Elle y retournera plus tard, sans doute. Elle compte bien profiter longtemps des festivités, tant qu’elles dureront.

Elle la voit arriver vers elle, la blonde skjaldmö. Elle connaît son nom, et sait que c’est une amie proche de Ljöta. Elle ne pensait pas, toutefois, que c’est elle que Lidjä venait retrouver. Après tout, elles ne connaissent de l’autre que le nom et le visage de par leur proximité respective avec Ljöta, n’ayant jamais pris la peine de faire connaissance. Aussi, quand la Kyréenne vient se placer près d’elle et engage la conversation, elle est d’abord un peu surprise, Aubrée. Enfin, son expression un brin étonnée est vite remplacée par son sourire. « Je passe une soirée merveilleuse. Et vous donc ? » La question est renvoyée par politesse, mais également par curiosité. Le regard de l’Affranchie dévie et se pose un instant sur les jeunes mariés, avant de revenir vers la guerrière. « Je n’avais jamais assisté à un mariage non plus. Enfin, à un vrai mariage. » Car les enlèvements et les festivités qui suivent ne comptent pas comme tel aux yeux de la jeune femme. « La fête me plaît. Je n’avais pas dansé autant depuis un long moment ! » Les occasions joyeuses se font rares, en réalité, et elle est contente de pouvoir mettre à profit les leçons de danse que Sigrid aura pu lui donner.
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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptyDim 29 Juil 2018 - 17:06

L’air surpris de la blonde n’échappa pas à la Kyréenne. Certes les habitants de cette province étaient réputés réservés et peu démonstratifs, mais comment se faisait-on de nouveaux liens, voir de nouvelles amitiés, si personne ne faisait le premier pas ? Et la jeune Skjaldmö n’était pas une lâche d’autant que le simple fait d’engager la conversation avec quelqu’un, juste pour des banalités, sans arrière-pensée ou sentiment important, ne requérait pas grand courage. A moins que ? Si elle avait été moins Kyréenne, peut-être qu’elle n’aurait pas eu à attendre l’occasion des festivités d’un mariage pour engager la conversation ? A méditer, en attendant, elle but une gorgée de son vin, remarquant en passant que sa teinte était la même que celle d’Aubrée. Cette remarque furtive s’évapora aussi prestement qu’elle s’était insinuée dans son esprit.

La Belliférienne sourit en lui répondant, une mimique qui lui égayait le visage. De ce que la valkyrie avait pu entre-apercevoir, elle avait déjà pas mal dansé et profité de la fête. C’était bien là une différence entre les deux jeunes femmes. Lidjä n’avait pas très envie de se mouvoir devant tout le monde, le risque de se donner en spectacle ne serait pas pris. Peut-être qu’elle se souviendrait des pas les plus basiques des danses en duo, mais encore aurait-il fallu que quelqu’un ose l’inviter et ça, ce n’était pas gagné ! Un coup d’oeil sur les jeunes et jolies demoiselles suffisait à la conforter dans l’idée qu’elle commençait à être moins intéressante depuis qu’elle approchait dangereusement la trentaine, n’était pas vêtue de façon séduisante et était étiquetée comme guerrière à juste titre. La soeur d’Aubrée était le parfait exemple de petite fleur fraîche et mignonne qui plaisait au plus grand nombre, si ce n’était à tous. Qu’on ne se méprenne pas, elle était loin de s’en plaindre y préférant les belles amitiés et redoutant la proximité physique intime.

    - La soirée m’est plaisante. J’apprécie la musique et étonnamment, l’ambiance festive, joyeuse. En fait, c’est agréable de voir cela après… Tout le reste…

Autrement dit après la guerre, Lughnasadh, le jour des anciens, tous ces drames dévastateurs qui avaient emporté non seulement des pierres mais de nombreuses vies sur leur passage. Et cela faisait du bien de penser à autre chose, s’amuser un peu et se changer les idées.
    - Je vous ai vue danser un peu. Je n’y suis pas allée, cela fait tellement longtemps que je n’ai pas dansé. Pas depuis mes six ans il me semble… Je ne suis pas certaine que je sache suivre les pas comme il faudrait d’ailleurs.

Ses yeux clairs se posèrent sur Agathe, la plus jeune des trois blondes. Elle était assez proche d’elles pour qu’Aubrée comprenne de qui elle parlerait.
    - Je suis loin d’avoir l’élégance et la légèreté de la protégée de mon cousin. J’aurai l’impression d’être une bête sauvage, une louve perdue en territoire inconnu.

C’était assez imagé, mais cela reflétait assez bien la situation. La guerrière n’était pas la plus à l’aise dans les fêtes mondaines, comme si c’était un autre monde que le sien, un monde parallèle emplit d’allégresse et d’insouciance, deux sentiments qu’elle aurait souhaité ressentir de temps en temps pour oublier la dure réalité des événements qu’elle avait pu connaître et traverser.
    - Mais j’aimerai voir plus souvent ce genre de fête, ça change.

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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptyDim 29 Juil 2018 - 17:46

Agathe avait toujours apprécié les mariages. En Bellifère, elle se réjouissait de ces événements l’extirpant de sa morne existence et elle était en joie de retrouver ses cousines nombreuses et les bébés qui se multipliaient au fil des rencontres. La petite Chasteté avait encore grandi. L’adorable Victoire avait fait ses premiers pas. Elle ne les voyait pas souvent, mais il fallait avouer qu’il s’agissait de tout un pan de sa vie qu’elle regrettait un peu, depuis son déracinement. Ce qu’elle avait vu auprès de Mélusine, depuis qu’elle l’avait rejoint comme suivante puis comme pupille, n’avait rien de semblable au mariage bruyant et rustique qu’elle avait connu sur les terres rouges du duché de la Guerre. Le mariage d’une fille et d’un fils des miracles, marquise et baron de surcroît. Celui du duc de Sombreciel et de sa belle épouse, princesse d’Erebor. Maintenant, la mignonne assistait à celui de la princesse de Valkyrion et sa fierté, sa joie et sa reconnaissance étaient palpables. Qu’elle était heureuse et fébrile de se retrouver là, ici, avec ces gens bien plus grands qu’elle!

Elle avait grimacé, bien sûr, à la vue du sang coulant de leur poignet et s’était avouée chanceuse d’être courtisée par un Cielsombrois bien peu porté sur le liquide vermeil, soit-il à son poignet ou entre ses cuisses. Alors la jeunette avait tourbillonné entre quelques figures marquantes, s’inclinant avec la délicatesse d’un oiseau, apprentie dévouée, et avait accepté plusieurs danses. Sa crainte de se tromper dans les titres souvent nombreux de ces gens du Savoir n’arrivait pas à surpasser sa joie bien naïve et simple de se trouver là. Au bon endroit. Au bon moment. Avec des personnes qu’elle affectionnait tant.

Aubrée.

Avec une aisance plus marquée encore, sans doute en raison de ses entraînements auprès de Mélusine, la pupille se faufilait jusqu’à sa blonde soeur. Une robe rouge. Scandaleusement rouge, qu’elle pensait, malgré elle. Et des tresses toutes jolies. La cadette déposa une main sur le dos de son aînée avant d’incliner la tête pour la saluer, ainsi que sa compagne de conversation. Lidjä de Sylvamir. Mélusine lui avait murmuré qu’il ne s’agissait pas d’une harpie et Agathe, amusée et éblouie d’être dans la confidence, était bien déterminée à la traiter comme une alliée. Sa bonne humeur ne trompait personne, alors qu’elle s’intégrait à la conversation.

- Mais j’aimerai voir plus souvent ce genre de fête, ça change.
- Peut-être Aubrée nous surprendra-t-elle en acceptant les avances de l’un de ces galants…?

Elle leva son petit museau vers la foule assemblée, cherchant un visage connu à désigner comme heureux élu. Peut-être au grand soulagement d’Aubrée, la jeunette n’en fit rien, toutefois, rapatriant plutôt son attention et son sourire sur les deux femmes. Les soeurs Martel savaient toutes deux qu’Agathe était fiancée, de toute façon. Le mariage était retardé, certes, ce qui laissait sans doute la chance à Aubrée de se marier avant elle.

- Nous vivons très certainement un moment historique, et je suis honorée de profiter des festivités d’une pareille union. Vous devez être très fière que votre princesse lie sa vie à Matvei de Hvergelmir. On murmure qu’il serait l’un des hommes les plus brillants du continent...

On lui avait simplement murmuré qu’il était professeur d’architecture et Sénéchal de la couronne kyréenne. Son imagination fertile avait fait le reste du travail.

Spoiler:


Dernière édition par Agathe de Vigdir le Lun 29 Oct 2018 - 13:29, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptyJeu 13 Sep 2018 - 23:37

Il y a quelque chose de magique dans l’atmosphère, ce soir. Du moins, c’est ainsi qu’Aubrée le ressent. Ce soir, son cœur et son âme sont entièrement à la fête. Elle n’est plus l’apprentie assassin de tous les jours, ni même une simple suivante dévouée à sa maîtresse. Elle n’est plus qu’une jeune femme désireuse de s’amuser – de plaire, même. Elle se sait jolie, ce soir, et compte bien en profiter. Oh, elle ne cherche que des regards ou des gentils mots à son égard, rien de plus. Les quelques prétendants plus ou moins officiels qu’elle a déjà lui suffisent. Mais ils ne sont pas là, et seraient bien en peine de la complimenter ce soir sur ses nouveaux talents de danseuse.

Enfin, cette soirée est une réelle parenthèse dans leurs vies agitées, et Aubrée n’est pas la seule à le ressentir. Elle opine du chef aux paroles de Lidjä. La skjalmö aussi a visiblement en tête les récents événements qui ont frappé Svaljärd, Valkyrion, et même Arven dans sa globalité. Un instant, la blondine songe que cette soirée merveilleuse pourrait virer elle aussi au cauchemar, comme le couronnement ou Lughnasadh, mais chasse rapidement cette pensée de son esprit. Valkyrion a vécu assez de malheurs comme ça pour un moment, les dieux sauront protéger le duché du Savoir en attendant qu’il se remette de ses blessures. « Cette cérémonie est parfaite. Et Ljöta… la princesse est si belle. » Son regard a glissé vers sa blonde mentor. L’apprentie est fascinée par son Ecoutante, mais elle admire tout autant la princesse, pourtant si différente de celle qu’elle devient une fois dissimulée derrière un masque.

L’Affranchie revient poser ses yeux clairs sur la guerrière, un petit sourire aux lèvres, et rit légèrement en saisissant un verre sur un plateau porté par un domestique passant à proximité. « Vous devriez essayer, un jour. C’est vraiment amusant, je trouve. » Elle prend une gorgée de sa boisson – du vin, visiblement – avant de rajouter. « Je n’avais jamais dansé vraiment, avant. C’est une amie qui m’a appris récemment. » Indispensable, d’après Sigrid, pour se fondre dans la haute société. Réticente au début, Aubrée a fini par se prêter au jeu, pour finalement apprécier tournoyer entre les bras des cavaliers. « Et je crains que certains de mes partenaires de danse étaient loin d’être à l’abri de quelque maladresse de ma part », glisse-t-elle sur le ton de la confidence. Si certains n’ont fait aucun commentaire, elle se souvient bien avoir écrasé un ou deux orteils à plusieurs de ses cavaliers. Enfin, cela n’a aucune importance, et c’est bien ce qu’elle compte sous-entendre à Lidjä.

Le regard d’Aubrée suit celui de la jeune femme pour se poser sur Agathe, non loin d’elles. Elle ne saisit cependant pas immédiatement que c’est bien de sa petit sœur dont Lidjä est en train de parler. Et puis, le lien apparaît comme une évidence. Lidjä et Hiémain de Sylvamir sont cousins. Le monde est si petit, quand on y pense. Elle la voit s’approcher et lui adresse un sourire, avant de revenir à Lidjä, accueillant sa réflexion d’un petit signe de tête. Elle comprend, bien sûr. Et elle connaît assez ce sentiment, même si elle se comparait bien plus volontiers à une frêle brebis, avant. Quand elle est arrivée en Sombreciel, elle ne savait rien du monde extérieur à Bellifère, et avait à la fois été charmée et perdue par tout ce qu’elle avait pu y découvrir – du moins au début, jusqu’à ce qu’elle prenne ses marques.

Agathe est arrivée à leur niveau. Aubrée porte à nouveau son verre à sa bouche pour manquer de s’étouffer avec sa gorgée à la réflexion de sa sœur. « Agathe ! » C’est tout ce qu’elle parvient à rétorquer d’un ton indigné. Ce n’est pas la première fois que la cadette lui glisse une remarque à ce sujet. La croit-elle si insensible que cela à ce genre de choses ? Ce n’est pas parce que la plus jeune est déjà fiancée à un homme qu’elle aime qu’Aubrée ne connaîtra jamais la même chose.

Au moins, elle n’insiste pas. Tant mieux. Elle n’a as envie d’insister en lui demandant de se mêler de ses affaires, parce qu’elle sait qu’elle pourrait se vexer – d’autant qu’Agathe, elle, a accepté de lui confier qu’elle comptait se marier avec Lancelot un jour prochain. Enfin, Aubrée n’est pas prête à lui parler de Tybalt ou de Taliésin. Pas encore. Plus tard, peut-être, quand elle saura à peu près où elle en est avec eux, déjà. Enfin, le sujet de conversation dévie, et Aubrée hoche la tête, le sourire revenu à ses lèvres. « Il l’est. Il est professeur à l’Académie, Agathe, et sénéchal de surcroît ! » Un sourire à sa cadette, qu’elle détaille rapidement. « Comment se portent tes tuteurs, Agathe ? J’ai cru comprendre que le petit Meldred allait bientôt avoir un petit frère… » Les mots ont été choisis volontairement. Futur frère ou sœur de Meldred, et non d’Agathe. Elle n’est pas de leur sang, et Aubrée ne peut encore se résoudre à l’intégrer dans la famille de Sylvamir.
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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptyJeu 27 Sep 2018 - 22:03

A la mention de la princesse, la blonde skjaldmö se tourna légèrement pour apercevoir la mariée et sourit doucement. Oui en effet, elle était magnifique, surtout ce soir là. L'inverse aurait été étonnant, il était normal que l'honorée du jour soit la plus resplendissante. Lidjä opina donc d'un signe de tête à ce commentaire, totalement d'accord avec la Sombregemme.

Quant à la danse, comme elle l'avait dit, c'était bien trop loin dans son esprit tout cela mais elle ne dirait pas non si elle avait l'occasion de s'y essayer, après tout, dans cette robe elle n'était plus l'impressionnante guerrière au bouclier mais juste une simple femme comme les autres. Les rares regards qui glissaient vers elle n'étaient pas déplaisant et peut-être qu'avant la fin de la soirée elle laisserait certains l'approcher.

    - Si ce n'est pour ce soir, avant la prochaine fois je prendrais des cours. J'ai envie d'essayer mais là je n'ose pas.

Sans doute qu'elle pourrait trouver un professeur à Lorgol ou à l'Académie qui puisse lui enseigner les bases, vu tout le temps qu'elle passait là bas, ce ne devrait pas être bien difficile à organiser. Au moins elle était un peu rassurée de comprendre que ses futurs cavaliers ne lui en voudraient pas trop si elle écrasait quelques pieds par inadvertance.

Une troisième blonde venait de rejoindre le groupe et Lili lui sourit amicalement. Elle avait déjà pu la croiser à l'hôtel de Sylvamir où elle séjournait depuis quelques jours. Et quelle entrée en matière ! La jeune Kyréenne faillit se mettre à rire surtout en voyant la réaction d'Aubrée et se contenta de sourire en coin. Verre toujours en main, elle but une gorgée et les fragrances fruitées du vin lui éclatèrent savoureusement en bouche. Puisqu'elles en étaient à parler de danse et de cavaliers, ses perles olivines parcoururent la salle observant les danseurs et ceux qui étaient en retrait comme elles, curieuse de voir si certains les regardaient ou pas, les hommes surtout et ceux qu'elle trouvait mignons en particulier. Elle avait laissé à Aubrée le soin de faire l'éloge du marié.

    - Un excellent professeur oui, la matière qu'il enseigne est très intéressante d'ailleurs.

Cela au moins elle pouvait le lui concéder. Du reste, elle était encore frigide à son égard, il lui faudrait du temps pour digérer le fait qu'il ait un peu trop tourné autour d'une mage. La tolérance n'était pas son fort, néanmoins elle reconnaissait ses compétences indiscutablement. Ce n'était pas comme si elle le connaissait tant que cela après tout. La question posée ensuite à propos de son cousin, elle aurait pu y répondre, mais comme elle était adressée à la cadette du groupe, elle se contenta de la regarder en souriant. La baronne avait un ventre proéminent qu'il était impossible de manquer, et elle avait même eu le plaisir d'observer sa version de marbre, encore inachevée pour l'heure, la veille, lors de sa rencontre avec le talentueux statuaire qui ne semblait pas être présent à cette soirée d'ailleurs à moins qu'elle l'ait loupé.
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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptyLun 29 Oct 2018 - 15:30

Un rire lui avait échappé, un gloussement léger dont la joie n’appartenait qu’à l’insouciance. Une taquinerie de grande enfant, certainement, mais également un souhait, pour Aubrée, d’avoir sa propre famille à aimer et d’être aimée par un homme en retour. Le mariage faisait-il donc si peur à son aînée, pourtant bien dégourdie et déjà courtisée par un gentilhomme? Car oui, elle savait bien, Agathe, qu’un jeune forgeron avenant s’intéressait particulièrement à sa grande soeur. Il l’avait questionnée, lors du couronnement, et elle l’avait cuisiné suffisamment pour comprendre que son intérêt pour Aubrée n’était pas anecdotique. La jeunette échangea un regard pétillant de complicité à la jolie Lidjä qui partageait son amusement.

La conversation dévia vers le marié, l’heureux Matvei de Hvergelmir, et sa renommée. Elle s’enthousiasmait, la douce Agathe, de voir combien grand était le respect qu’on semblait lui témoigner pour ses propres accomplissements, avant tout. Un architecte renommé, rien de moins, de petite noblesse. Un simple seigneur pouvait donc être sénéchal et marier une princesse ducale. Il la faisait rêver, bien sûr, ce grand homme divinement beau qui semblait si joliment assorti à Ljöta. Lorsque Lidjä rappela son statut d’enseignant, la jeune Agathe acquiesça vivement. Professeur. Noble. Sénéchal. Époux de la princesse. Il l’impressionnait. Beaucoup.

Ce fut la question d’Aubrée qui ramena un peu de sérieux sur son minois jusqu’alors si lumineux. Sa main, délicate, abandonna le dos de sa grande soeur pour venir replacer sa bague d’agate qui ne la quittait plus. Précieux présent de Grâce, lors d’un moment heureux. Son regard se fit à peine insistant sur Aubrée, permettant toutefois à un oeil avisé que la question avait peut-être un sous-entendu quelconque, pour les deux soeurs. Car elle savait, Agathe, jeune femme perspicace et attentive, que les mots n’étaient sans doute pas innocents. L’envie de quitter simplement les deux femmes la tenaillait, mais la gentille Lidjä n’avait pas à essuyer les manoeuvres malhonnêtes d’Aubrée et ses propres bouderies. Qui plus est… Elle était dame de Vigdir, désormais, et s’efforçait de limiter les éclats. Même si son titre de pupille de Mélusine l’aurait sans doute excusée.

- Mélusine est radieuse dans sa maternité, et nous avons tous très hâte de voir le petit Meljörn arriver dans la maisonnée. J’appréhende le long voyage qui nous attend… Ce ne sera pas simple, avec une grossesse si avancée!

La magie était taboue, dans le duché du Savoir, Agathe en avait bien conscience. Elle s’efforça de ne pas avancer l’idée qu’un portail aurait été bienvenu, loin de là. Plutôt, elle fit mine de chercher une nouvelle fois dans l’assistance pour trouver un homme, en particulier. Un homme qui la troublait bien cruellement, mais qui la fascinait également.

- Nous aurons peut-être la chance de voyager avec le marquis de Croquelune. Ce n’est qu’une possibilité, mais il me semble que le voyage serait plus agréable avec un artiste à nos côtés. Avez-vous eu la chance de le rencontrer?


Dernière édition par Agathe de Vigdir le Ven 21 Déc 2018 - 0:39, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptyDim 11 Nov 2018 - 22:29

Le rire d’Agathe a au moins pour effet de remplacer la mine indignée de sa grande sœur par un sourire presque attendri. L’espace d’un instant, elle revoit Agathe enfant, durant l’un de leurs quelques souvenirs heureux de Bellifère. Au fond, sa cadette est encore une petite fille – tout comme elle, en réalité. A presque 21 ans, Aubrée sait que parfois, aux yeux du monde, elle semble en avoir moins de la moitié. Aujourd’hui, par exemple. Depuis le réveil, elle est en proie à une joie débordante et se trouve presque obligée de la faire partager avec tout Svaljärd. Cela se ressent, sûrement. Elle n’a rien de la jeune femme réservée et discrète qu’elle semble habituellement être, dans l’ombre de Ljöta d’Evalkyr.

Déjà, la discussion dévie vers les heureux mariés et le grand, beau et fort Matvei de Hvergelmir. Aubrée semble discerner toutefois une réserve chez Lidjä, mais qu’elle ne cherche pas à approfondir davantage. Elle ne l’apprécie peut-être pas tant que ça, ou alors sait que ce n’est qu’un mariage de convenance. Enfin, elle s’en désintéresse rapidement pour prendre des nouvelles auprès d’Agathe.

Elle sent qu’elle a peut-être commis une erreur, d’ailleurs, en sentant la main d’Agathe quitter son dos et sa mine gagner un peu de sérieux. Elle a peur qu’elle ne réponde pas et qu’elle tourne simplement les talons. Qu’elle fuie, comme elle sait si bien le faire – le souvenir de ces longs moments d’attente à espérer recevoir une réponse à une lettre maladroite, il y a quelques mois, lui reste encore en travers de la gorge. Mais non, elle reste, et elle répond le plus simplement du monde, comme s’il n’y avait pas eu cette infime tension entre elle. Comme si rien n’avait été sous-entendu, ni dans les paroles de l’une, ni dans les gestes de l’autre. Peut-être que cela aurait été différent si Lidjä de Sylvamir n’avait pas été là, et qu’aucun témoin n’aurait été présent pour deviner les problèmes sous-jacents de leur fratrie.

Très bien. Si Agathe donne le change, elle n’a aucune raison de ne pas en faire autant. Ne pas gâcher les efforts de sa cadette, laisser tomber les mauvaises pensées, et tout se passera bien. Elle acquiesce à ses paroles et lui adresse même un grand sourire. « Tout se passera bien, j’en suis certaine. Elle est – vous êtes, même – sous bonne garde. » Elle se souvient encore de la manière don Hiémain de Sylvamir s’est occupé d’elle après l’explosion du palais, à Lughnasadh, alors qu’elle était frigorifiée et paniquée.

Elle hausse les sourcils, curieuse, en entendant la suite, avant de secouer négativement la tête. « Non, je crois que je ne le connais pas encore. » Ou alors, sa mémoire est si mauvaise qu’elle n’associe pas bien le nom au visage. C’est hautement probable, même. « Il est ici ? » Probablement. Quel noble, actuellement à Svaljärd, ne viendrait pas assister au mariage de la plus impressionnante des princesses – en toute objectivité ? Elle coule un regard interrogateur vers Lidjä. Peut-être qu’elle le connaît, elle, et elle veut bien en savoir plus sur cet homme qui est censé voyager avec sa petite sœur. Oh, elle fait suffisamment confiance aux Sylvamir pour prendre soin d’Agathe et de ses fréquentations. Mais tout de même, elle veut savoir.
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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptyMar 20 Nov 2018 - 22:35

La Skjaldmö était à mille lieues de remarquer ce qu'il se passait entre les deux soeurs. Ce qu'elles pouvaient penser lui était totalement inaccessible et elle ne connaissait absolument pas leur histoire. De leurs échanges alors elle ne pouvait que réagir aux paroles ou questions clairement énoncées. Cela étant, elle n'avait pas manqué de remarquer Agathe cherchant quelqu'un des yeux dans l'assemblée. Un soupirant peut-être ? La question muette trouva aussitôt sa réponse dans la propre question de la petite blonde. Le marquis, cet homme qu'elle avait rencontré la veille. La Kyréenne n'était pas plus étonnée que cela que la jouvencelle le cherche. Après tout il était beau et charmeur, elle en avait fait l'expérience par elle-même.

Ses yeux pastels se posèrent sur Aubrée qui semblait ne pas le connaitre pour sa part. Impossible de dire si pour Lidjä c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle. En tant que grande soeur, à la place d'Aubrée, elle aurait aimé garder un oeil sur tous les hommes qui pouvaient intéresser sa cadette ou lui tourner autour, son côté protectrice sans aucun doute. Un côté qu'Aubrée devait posséder également puisqu'elle semblait s'intéresser à la question.

- Il n'est pas là non.

Et avant qu'elles ne lui demandent comment elle le savait, elle ne manqua pas de compléter son propos et de le justifier.

- Je l'ai vu hier, et il m'a dit qu'il ne viendrait pas parce qu'il ne connaît pas les mariés. Il a beaucoup de travail aussi avec la sculpture qu'il fait pour Mélusine. J'ai eu l'occasion de le regarder un peu à l'oeuvre d'ailleurs, il est très habile.

Le regard concentré qu'il avait, cet air totalement absorbé par les martèlements de son burin sur le marbre et les gestes précis de ses mains remontèrent dans son esprit. C'était une image qu'elle avait conservé en mémoire et qui s'imposait à elle comme s'il était là devant elle à sculpter de nouveau. Légèrement pensive, elle sourit doucement. C'était très agréable et reposant de le regarder faire, intriguant et intéressant aussi d'ailleurs. C'était à se demander si elle apprécierait tout autant d'observer un artiste peindre, mais là n'était pas la question. Des propos d'Agathe, elle apprit qu'il allait partir en voyage avec eux.

- Vous allez voyager, une chance ! Je n'ai plus vraiment l'occasion de bouger depuis que je suis instructrice à Lorgol. Vous allez où ? Vous savez quand vous partirez ? J'avais prévu de rester quelques jours mais si mon cousin et vous partez il vaut mieux que je sache si j'ai le temps de rester un peu ou s'il ne faut pas trop que je tarde à faire ma valise.

C'était tout son emploi du temps qui était à organiser en fonction du nombre de jours qui lui seraient disponibles. Elle n'avait pas vraiment discuté de cela avec Hiémain quand ils s'étaient entrevus, la période de séjour ayant été restée plutôt vague. Quoiqu'il en soit, elle pourrait toujours lui poser personnellement la question plus tard ou le lendemain si besoin était.

- Mais effectivement le marquis est de très bonne compagnie. Je l'ai à peine rencontré mais ce fut un moment agréable. Sa conversation n'est pas ennuyante et il a des avis intéressants à donner sur pas mal de sujets je pense. Hum...

Ses prunelles jonglaient entre les deux soeurs alors qu'elle répondait, certaines de ses phrases étant parfois plus destinées à l'une qu'à l'autre. Avec un sourire en coin sur ses lèvres rose pâle, elle termina par :

- Aussi charmant que charmeur j'ajouterai.

Si cette phrase là était destinée à l'aînée en tant que grande soeur, c'était la cadette que Lidjä regardait, se demandant si comme elle le soupçonnait, elle n'avait pas été enjôlée par le bel artiste. Cela ne l'étonnerait pas du peu qu'elle avait pu voir, et encore moins lorsque l'on parlait d'un Cielsombrois qui semblait avoir un faible pour les jolies blondes.
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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptySam 22 Déc 2018 - 1:06

Elle allait répondre à sa soeur, sur la non-présence de Narcisse de Croquelune, lorsque Lidjä le confirma avec certitude. La jeunette leva un regard brillant de curiosité sur la skjaldmö qui, comme si elle devinait son incroyable et indiscrète curiosité, expliqua la source de son savoir. Alors Agathe acquiescait lentement, un peu plus songeuse. Il l’avait invitée à le voir à l’oeuvre, elle aussi. Avait-il proposé à Lidjä de la sculpter, de la même manière qu’il avait fait avec elle? Oh… Elle était si jolie, la Kyréenne, toute pâle et blonde, et la mignonne en venait à croire qu’il s’agissait peut-être là d’un sujet privilégié de ce marquis sculpteur. Lidjä se permit un simple commentaire sur le caractère absolument inconvenant et outrageusement charmeur de Narcisse et Agathe sentit ses pommettes la trahir au moins un peu. Elle ressentait encore le poids de son regard sur sa peau dénudée. Ses insinuations. Ses invitations. La blondinette se contenta d’acquiescer à plusieurs reprises, ne trouvant quoi répondre à ce fait : Narcisse était aussi charmeur que charmant. Elle eut un regard oblique vers Aubrée, très certainement mal à l'aise d'aborder un tel sujet devant son aînée.


Et le sujet s’éloignait de ses questions et de son trouble en une cascade joyeuse de questions. Agathe lui offrit un sourire sincère, les yeux plissés d’amusement de voir une impitoyable guerrière se faire si enthousiaste pour un voyage qui n’était pas le sien. Il était vrai qu’elle avait une chance incroyable, Agathe, de voyager aussi aisément d’un endroit à un autre, de voir autant de merveilles.

- Nous partirons vers la fin de juin. Nous aurons encore le temps de profiter de votre présence, Lidjä… J’ai offert une petite dague à Arsène, pour son anniversaire. Peut-être pourriez-vous lui montrer quelques tours?

Si l’idée qu’une femme puisse combattre l’avait révulsée, Agathe s’était habituée, désormais. Grâce était une Voltigeuse incroyable. Aurore combattait avec son dragon. Mélusine elle-même lui apprenait quelques manoeuvres avec une dague. La jeunette avait manifesté un grand intérêt pour l’arc, après avoir vu le Fou Noir faire un carnage, lors des événements de Lughnasadh, et sa tutrice avait consenti à lui offrir quelques leçons. Lidjä de Sylvamir était donc la mieux disposée, et de loin, à faire d’Arsène un homme, un vrai. Il y avait Hiémain, bien sûr, qui était le plus disposé à faire tout ce dont un homme était capable - elle avait bien entendu certaines choses, derrière la porte -, mais le Kyréen était réticent à considérer Arsène en âge de se battre.

- Pour répondre à votre question, nous irons en Sombreciel. Nous rejoindrons Automnal pour le mariage de ma mère et de Melsant de Séverac, qui aura lieu au coeur de l’été. J’aurais tant apprécié visiter Vigdir-des-Sorbets, mais le domaine est bien loin de notre destination.

Une petite moue de déception marquait ses traits. Elle avait tant posé de questions, sur ce domaine, cherchant à en savoir toujours plus, à trouver un moyen miraculeux d’en être digne et de plaire aux kyréens qui y vivaient. On lui avait remis les armes de Vigdir en lui demandant d’être sage et Agathe s’était fait un devoir de se montrer à la hauteur.
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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptyMer 16 Jan 2019 - 21:20

Visiblement, Aubrée est la seule à ne pas connaître, ici, le marquis de Croquelune. En tout cas, son nom ne lui dit rien. Enfin, peut-être que Mnémosie lui joue des tours – et ce ne serait pas non plus improbable. Alors elle écoute Lidjä, essayant de raccrocher les détails donnés par la skaldmö à une personne connue, sans grand succès. Elle ne connaît pas beaucoup d’artistes, Aubrée, après tout. A part la rousse lagrane à qui elle a donné un coup de main il y a quelques semaines dans les rues de la Ville Haute, elle n’en connaît personnellement aucun, et ne s’intéresse pas particulièrement à l’art de manière générale.

L’Affranchie acquiesce en réponse à la skjaldmö, sans reprendre la parole, laissant les deux jeunes femmes discuter. Elle les écoute tout en sirotant sa boisson, sans s’imposer. Agathe semble bien s’entendre avec Lidjä. Peut-être… Peut-être même plus qu’avec sa propre sœur, au final. Leur relation est teintée de tensions et de ressentiment qui, s’ils sont bien cachés aux yeux du monde, n’en sont pas moins toujours un peu présents, sous la surface. Aubrée tente de refouler la jalousie qui point doucement au fond de son coeur en tâchant de n’en rien laisser paraître, et parvient même à sourire légèrement lorsqu’Agathe évoque le présent qu’elle a offert au jeune Arsène. « Et toi, Agathe ? Tu n’aimerais pas apprendre ce genre de choses ? » Sans doute que non. Elle juge peut-être que ce n’est pas digne d’une jeune femme comme elle, et que c’est – encore et toujours – aux hommes de son entourage de la défendre. Ou peut-être que justement, des femmes comme Lidjä et Ljöta peuvent lui montrer que le contraire existe. Soupçonne-t-elle même que sa sœur apprend à se servir de ces lames tranchantes ?

Enfin, Lidjä revient sur le marquis, et l'apprentie assassin plisse les yeux en l'entendant décrire le marquis de Croquelune comme étant charmant… Et charmeur. A-t-il tenté quoi que ce soit avec Agathe, lors de leur rencontre ? Doit-elle voir leur proximité d’un mauvais œil, alors, en tant qu’aînée ? Surtout qu’elle sait, maintenant, que sa cadette a quelqu’un dans sa vie, et que c’est certainement bien trop important pour elle pour qu’elle ne cède aux avances de n’importe qui. D’autant plus qu’elle reste sans doute très belliférienne dans sa manière de penser, Agathe. Sans doute. Comment peut-elle s’en assurer, alors qu’elles ne se voient plus qu’occasionnellement ?

Occasionnellement, et pourtant relativement souvent, en ce moment, lors d'événements extraordinaires. Le couronnement, d’abord ; puis aux mariages, de Ljöta, et de Grâce, qui aura lieu bientôt, comme le dit si bien Agathe. Le sourire qui prend sa place sur les traits d’Aubrée n’a rien de forcé, alors qu’elle s’imagine déjà à Automnal, près de sa mère, à célébrer son union avec Melsant. « C’est vrai, c’est bientôt. J’ai si hâte d’y être ! » Un regard à Agathe, et elle poursuit. « Tu me feras voir ton domaine un jour aussi, dis ? Tu me l’avais promis. » Son domaine. C’est vrai qu’Agathe est noble, désormais, et elle ne porte plus le nom des Martel depuis un moment. Aubrée espère que cela changera pour elle, aussi, bientôt. Cela dit, elle se voit mal quémander auprès de Ljöta un bout de sa baronnie, ou à sa mère de la reconnaître officiellement en tant qu’héritière. Ce serait fort peu convenable, et elle n’a pas envie de passer pour ce genre de personne.
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Message Sujet: Re: Le coin des blondes   Le coin des blondes EmptySam 1 Juin 2019 - 16:09

Elle s’était lancée dans cette conversation, avec Lidjä, avec beaucoup d’enthousiasme et de bonne humeur. Un peu trop, peut-être. Elle appréciait toutes celles qui pouvaient compter, pour les Sylvamir, et la skjaldmö en faisait partie, sans l’ombre d’un doute. Mais surtout, Agathe s’efforçait de noyer les paroles douces amères de son aînée par une pluie de paillettes d’or et d’arc-en-ciel, par de la fébrilité, des sourires et de l’affection. Et Aubrée s’obstinait à ne pas se laisser distancer d’elle, elle le ressentait bien, la jeunette, en l’entendant la questionner ici et là, au détour de la conversation. Cette fois-ci, sa soeur la questionnait sur sa capacité à manier une arme en étant persuadée - du moins, Agathe en était convaincue - qu’elle jugeait cela inapproprié pour une femme. Était-ce pour l'embarrasser devant la guerrière qu’elle apprenait à peine à apprécier? Il était peu probable qu’Agathe lui reproche de croire ce qu’elle scandait haut et fort une petite année plus tôt, encore, mais la puînée ne pouvait s’empêcher de percevoir cette question bien peu anodine.

Alors… Alors elle leva le museau, pas peu fière, pour dire tout haut qu’Aubrée avait tout faux.

- J’ai appris à manier la dague, et même l’arc. J’esquive très mal, et je vise bien peu adroitement, mais je m’applique à apprendre. La vie est bien rude, nous l’avons vu à trop souvent… Mélusine ne me veut pas sans ressource.

Ni Grâce non plus, bien qu’Agathe aurait été bien trop embarrassée de lui demander son aide pour parfaire ses apprentissages au combat. Le visage de son aînée semblait se dérider, plus ouvert, alors qu’elle abordait l’idée d’une visite sur les terres de Vigdir. Agathe s’empressa d’acquiescer alors, bien trop heureuse d’abandonner les sujets hostiles et les petites piques dissimulées pour un sujet bien plus joyeux : les framboises de cette terre enchantée.

- Nous nous y sommes arrêtées quelques fois pour les tartes à la framboises, mais je n’ai pas pu visiter comme je le souhaitais, alors. Je me souviens d’une toute petite bergerie, et des buissons touffus. Tu apprécieras, j’en suis certaine! Et l’air est plus doux, là-bas.

Parler de son domaine. Voilà bien un sujet qui plaisait à Agathe. Le regard brillant, le sourire volontaire, elle déclinait en plusieurs nuances les descriptions qu’elle en avait gardées, de ses rares passages en tant que visiteuse, ainsi que ce que sa tutrice lui avait dit, depuis. Les armoiries. La bergerie. La renommée des sorbets. Le domaine voisin appartenant désormais à Arsène. La soirée aurait pu s’avérer tendue, entre elles, les filles Martel exilées, mais il semblait que certains sujets soient bien plus agréables et porteurs de joie, suffisamment pour qu’Agathe abaisse sa garde et pardonne volontiers les maladresses de son aînée. Fatiguée d’avoir trop dansé, trop parlé et trop bu, la jeunette embrassa même Aubrée sur la joue avant d’annoncer son départ.
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