Léonarde

Euphoria, le 15 août 998
Cher Oncle Merlin,

C’est avec grande fierté que je t’annonce ma récente admission à l’Académie de Magie et du Savoir dans le Cercle de la transformation et avec pour domaine la chimie. Je retrouverai donc mon frère Lucien à la rentrée, ce qui m’enchante au plus haut point.

Pour tout te dire, mon entretien a tout d’abord assez mal débuté, j’ai mentionné que la plupart de ma famille avait étudié ici et j’ai vu certains des vieux professeurs lever les yeux au ciel et je crois bien en avoir vu un marmonner dans sa barbe que vous n’étiez pas des cadeaux. Certes, si tu n’avais pas fait exploser l’Extracteur-de-Bébés 2.0 la veille de ma naissance, peut-être que mon existence aurait été très vite écourtée (c’est Maman Michelle qui m’a dit ça) alors l’un dans l’autre, ce n’est pas plus mal que tu aies perdu ton bras gauche. Dommage pour ta machine, mais comme on dit chez nous « On ne fait pas tourner le monde sans casser des manivelles ».

Pour la suite de mon entretien, j’ai rattrapé le coup lorsque j’ai commencé à parler de ce que j’avais déjà créé avec Maman Léontine et ils ont été plutôt impressionnés par l’enduit de résistance au feu (on a eu l’idée après que feue Grande-Tata Rachel ait incendié son voile en travaillant sur son Incinérateur-de-Déchets). J’ai dit que je voulais m’orienter vers la chimie et pas vers la mécanique comme la plupart d’entre vous, ça a semblé les rassurer. J’ai très hâte de commencer les cours, j’ai déjà plein d’idées et avec ce que Maman Léontine m’a appris, je suis sûre que j’ai une belle avance sur les autres. Ils verront bien ce que ça veut dire de porter notre nom ! Ils devraient le voir aussi, tous ces râleurs d’Euphoria qui ont protesté devant notre porte juste parce qu’on avait cassé deux-trois murs chez les voisins. Deux-trois murs ! Comme dit Papa, « Qu’est-ce que c’est deux-trois murs face à une révolution technologique ? » Comme tu peux le constater, tout suit son cours à la maison.

Tout ça pour dire qu’en l’honneur de ma réussite aux entretiens, nous organisons une grosse fête la dernière semaine avant la rentrée dans l’atelier de Papi l’Ecraboumeur (qu’on aura bien sûr vidé (l’atelier, pas Papi), sauf pour les trucs qui pourraient nous servir, comme le Mélangeur-d’Alcools pour les adultes ou le Mélangeur-de-Jus pour les enfants (on a mis des étiquettes pour ne pas les confondre)). Tu es invité avec tous les cousins de Vivessence, j’espère que vous viendrez nombreux !

Vous me manquez tous !
Léonarde


Académie de Magie et du Savoir, le 20 septembre 1003
Cher Lucien,

J’ai besoin de ton conseil, en tant que presque adulte et habitué de ce genre de situations compliquées. Avant de lire la suite, je te prie de t’assurer qu’il n’y ait pas les yeux qui traînent des petits (surtout de Laurine) car c’est très personnel (et un peu embarrassant).

A eux, tu peux leur dire que ma rentrée s’est bien déroulée, que je suis très enthousiaste à l’idée de créer de nouvelles choses encore plus compliquées cette année (j’ai d’ailleurs mis au point quelques petits mélanges acides, quand je les aurai testés, je t’en dirai des nouvelles), que je vais travailler doublement plus dur pour espérer suivre une spécialisation l’année prochaine mais que si ça ne suffit pas, je n’arrêterai pas pour autant d’inventer de nouvelles choses (surtout qu’Ingmar et moi avons déjà établi notre future collaboration professionnelle). Tu peux leur dire qu’ils me manquent tous, et Papa et les Mamans aussi. Et puis surtout Papi, dont j’ai appris le décès avec beaucoup de tristesse, c’est tout de même pas de chance qu’à l’âge qu’il avait, ç’ait été d’accident qu’il soit mort. Qui aurait cru que sa dernière amélioration du Mélangeur-d’Alcools-et-de-Jus se révélerait aussi tranchante ? Il faut croire que c’est de famille, de voir ses créations se retourner contre soi…

Mais revenons à mon problème. Te rappelles-tu de cette mage dont je te parlais l’année dernière ? Saoirse, elle s’appelle, elle est aussi belle qu’une vivenef à ailettes qui fonctionnerait et aussi brillante que l’inventeur d’une telle merveille. C’est te dire à quel point, elle m’a conquise ! Alors j’ai pris ma plume la moins abîmée pour lui raconter toutes les jolies choses que je pensais d’elle. Et il a fallu que ce soit son abruti de frère qui tombe dessus. Je le connaissais peu, mais il a piqué une crise et je ne sais plus exactement ce qu’il m’a dit, mais ça fait honneur à la réputation de coincés des Outreventois. Et en plus du reste, la guerre n’arrange rien. A l’Académie, on est épargnés, mais il n’empêche que ma douce vient de l’autre côté d’Arven. Depuis, je n’ai plus osé lui écrire à nouveau, je ne supporterais pas qu’elle me repousse de cette façon. Qu’en penses-tu, grand-frère ?

J’attends très vite ta réponse, donne-moi aussi des nouvelles de tout le monde.

Je t’embrasse fort !
Léonarde