PNJ • Admin Le Destin Messages : 1321 J'ai : un âge au dessus de toute raison.
| Sujet: [Animation] • Les dieux ont un incroyable talent | votes & résultats Sam 6 Juil 2019 - 15:15 | |
| Chroniques d'Arven Les dieux ont un incroyable talent Il est temps de voter ! J'ai reçu plusieurs propositions pour l'animation sur les dieux, et autant dire que je ne suis pas déçue ! Certains sont beaux, d'autres intrigants. Quant à certaines inventions de dieux, elles m'ont juste énormément fait rire.
Vous avez deux semaines pour voter via le sondage, c'est-à-dire jusqu'à samedi 20 juillet (23h59, heure française). Vous pouvez voter pour plusieurs textes, mais uniquement avec votre compte principal. Merci de jouer le jeu !
Bonne lecture.
Sommaire
L'aide de l'Archiviste Mnémosie en sa demeure croulait sous les souvenirs Elle archivait, consignait du soir au matin Les moments passés et les instants qui venaient de mourir. Elle était assidue, la fidèle épouse du Destin. Mais le temps passant, les êtres évoluant, Les souvenirs gagnant en complexité, Les choses en gravité, Mnémosie subissait le changement Et bien que d’Obedia quelquefois elle fut assistée La tâche était colossale et la déesse commençait à s’épuiser.
Elle finit par s’en aller quérir l’aide de Bramir, dieu au sourire goguenard des Rumeurs et des On-dits, seigneur des Médisances Allié de Stélé et aimé de Crisinthe en un couple parfaitement assorti Le choix était étrange, mais parfaitement réfléchi : Quel autre être pour la seconder que celui qui manipule les vérités à mi-mots avec aisance ?
Les intentions de Bramir, quoi qu’on en dise, étaient pures Il avait à coeur d’aider une existence épuisée Lui qui sait combien le poids des murmures Peut sur les épaules d’un autre lourdement peser.
Pour un temps l’arrangement fut parfait Bramir au vol récupérait ce que l’Histoire ne devrait retenir Les souvenirs autrement perdus, amours défendues, chuchotis et soupirs Toutes les choses secrètes que les hommes dans leur dernier souffle conservaient. Pendant un temps, il est vrai, on n’eut rien à lui reprocher Mnémosie retenait le glorieux, il empochait l’oublié.
Mais les instants passent Et les choses toujours empirent Et s’il est impossible que Mnémosie, un jour, de sa tâche, se lasse, Incorruptible maîtresse du passé et des souvenirs, Son assistant qui pourtant jamais encore n’avait failli ou reculé Finit un jour maudit par sombrer.
Tout commença d’un murmure au vol attrapé. Bramir, tout à sa tâche dévoué, en ayant pris connaissance, Ému par la nouvelle révélée se précipita chez l’Archiviste en urgence, Certain qu’une telle chose dans l’univers devait résonner.
L’épouse du Destin, devant les mots recueillis, Gardienne du Passé, Maîtresse de ce qui doit forger l’avenir, Lui fit en un souffle jurer sa discrétion afin d'éviter le pire.
« Il n’est pas de nouvelle plus dangereuse que cette nouvelle-ci D’annonce plus terrible que celle que tu me portes, Bramir. Jamais, je t’en conjure, ne dois-tu révéler ce que tu as reçu Jamais ne dois-tu confier ce que tu as entendu. Ne laisse personne se douter que tu en es le gardien Garde tes lèvres closes, et ce secret à jamais scellé Garde-le précieusement, que jamais personne parmi les vivants ne sache ce qu’il en est. Que tous vivent dans l’ignorance, que tous par la crainte soient épargnés. »
Ainsi parla l’Archiviste, ainsi écouta son Aide. Elle lui confia la tâche d’encore l’assourdir, Qu’à défaut de pouvoir à cette menace trouver un remède, De l’emporter avec lui là où meurent les souvenirs.
Le dieu garda précieusement pour lui cette connaissance A tous il cacha qu’il en était le détenteur Mais à son aimée Crisinthe, déplorable influence, Le dieu ne put guère cacher qu’il portait un secret en son coeur.
« Tu as juré de ne jamais le révéler, et c’est tout à ton honneur. Et jamais ne te demanderais-je de te parjurer. Mais Mnémosie ne veut-elle que ton malheur En te forçant ainsi à porter un fardeau que tu n’as pas demandé ? Je te le dis, mon aimé,ce secret te ronge et te consumera tout entier. Ne l’as-tu pas dit toi même, nous avons tous à y gagner, Les dieux comme les âmes, tant que nous vivons et même pour l’éternité ? »
Bramir la crut et se mit à douter. Les jours passant, la connaissance se fit de plus en plus lourde à porter, Jusqu’à ce qu’il la sente, là, sur ses lèvres, prête à exploser. Mais le Seigneur des médisances était rusé, et jamais ne fit ce qui était défendu : Pour se libérer du poids qui l’accablait et que l’affaire soit résolue, Pour de Mnémosie éviter la fureur, Il fit ce qu’il avait toujours fait et qu’on ne pourrait lui reprocher : De la terrible nouvelle, il fit une rumeur.
Alors vint l’âge du doute et de la peur. Alors les vivants se mirent à craindre et à s’armer. Ils construisirent des tours plus hautes que les montagnes, des grilles acérées. Alors vint l’âge de la révolte et de l’horreur La rumeur continua de courir, depuis longtemps devenue vérité.
Il ne fallut que peu de temps pour trouver un coupable à cette folie Pour retrouver, désigné par Mnémosie, Celui qui avait fait se dresser les fils contre leur père, Le responsable d’un carnage à nul autre pareil dans cet univers. Pour ce Dieu, alors, il faudrait un châtiment exemplaire : Il fallait mettre fin au règne du Seigneur des Médisances. Au point du jour, on l’agenouilla sur la terre qu’il avait souillée Et on força sur sa bouche un bâillon pour le contraindre au silence, si épais que personne jamais plus ne l’entendrait. Pour toujours, le Dieu des Rumeurs serait muet Et en lui retirant sa voix, c’était de sa divinité dont on le dépouillait.
Le monde oublia son existence et auprès de l’Archiviste il reprit son rôle. Parjure et indigne, certes, mais il fallait bien quelqu’un pour la seconder. Il travaille encore et toujours, les secrets désormais sous son contrôle Et à jamais son domaine premier oublié.
Bramir, depuis, trie en silence. Et c’est dans cette absence que les Hommes se sont mis à le vénérer. Sur ces secrets sur lesquels il veille, faute de pouvoir les dévoiler, Les croyants lui ont donné la toute-puissance.
Et quand le poids de la connaissance en son esprit se fait trop lourd, Quand vos secrets indignes et infâmes En viennent à entamer son âme Il se tait, car il sait qu’à ses cris étouffés le monde sera sourd.
Ne vous inquiétez pas, vous qui à la nuit ou à votre confident Confiez dans un murmure vos travers les plus dérangeants Personne n’en saura rien : Bramir s’en fait le garant. Les Émotions → Jovias, déesse de la joie, du bonheur et de l'insouciance, protectrice des sourires et des rires, gardienne des jours heureux. Elle est représentée portant des vêtements de couleurs vives, un immense sourire aux lèvres.
→ Furor, déesse de la colère et de la rage, sainte patronne des mots plus hauts que les autres, gardienne des disputes et de la rancune. Elle tient un éclair à la main, son visage est grisé et froid.
→ Aclys, dieu de la tristesse, de la misère et du désespoir, gardien des pleurs et des humeurs maussades, bienfaiteur des jours pluvieux. Il est représenté portant un capuchon, de l'eau dégoulinant de ses vêtements.
→ Freor, dieu de la peur et de l'appréhension, gardien de l'instinct de survie et des crises d'angoisse, bienfaiteur des cris et des appels à l'aide. Il est représenté genoux à terre, le visage blanchi, une main sur le cœur.
→ Bark, dieu du dégoût et de la répulsion, gardien des haut-le-cœur et des réactions épidermiques, saint patron de tout ce qui est répugnant et du rejet d'autrui. Il est représenté un bassinet à la main, le nez retroussé. Aly à la chevelure de flamme Aly à la chevelure de flamme Ou comment rater une tarte à la citrouille
Et aujourd’hui mes amis, c’est sous ce beau gui, Que je m’en vais conter, à ces jolies oreilles, La flamboyante vie de la déesse Aly, Entourés de fleurs que butinent ces abeilles. Loin de tous tracas, loin des dieux et des mortels, Vivait Aly, la bienveillante et douce déesse Entourée de ses amis, qu’elle aimait plus que tout Venait le renard malin, espiègle et taquin Suivait l’écureuil filou, affamé mais doux Tous aimaient les citrouilles, qu’ils mangeaient à toute heure Mais du changement, voilà ce qu’Aly voulait, « De la citrouille pour mes fripouilles », chantonnait-elle, « Encore et toujours ces citrouilles » se plaignait-elle Le renard proposa du nouveau à Aly « Tartes et tourtes changent la cuisine » affirmait-il Aly se mit à l’œuvre, heureuse de faire plaisir, Mais maladresse, poursuivait la pauvre déesse, Et le feu si précieux, fut soudain malicieux Penchée vers les flammes, longue chevelure tombante Fut happée par le foyer, créant un brasier, Elle courut, dans l’espoir d’éteindre le brûlant, Mais feu ne la quitta plus, flamboyant sur elle, Nuit et jour, elle courut, voulant chasser la flamme, Mais tenace, feu s’agrippa à elle et resta, Et c’est ainsi qu’Aly devint la rousse déesse, Voulant préparer une bonne tarte qui, hélas, Termina brûlée, loin d’être bonne à manger. Kenerin Kenerin (V 1.0) ; dieu des adolescents à l’âme-plus-ancienne-que-vous-ne-le-pensez et incompris, Protecteur de la ténébritude intérieure, Saint-Patron du désespoir dans la nuit noire à la pleine lune. Il a décidé qu’il était le fils adoptif de Lida et Sithis - sans que ces derniers ne soient réellement d’accord avec ça, mais il s’en fout, c’est que c’est toujours ténébreux d’être le fils de Sithis et Lida. Son emblème est le corbeau. (noir de jais) Il est habituellement représenté avec des cernes, un oeil voilé par une mèche de cheveux (noirs, évidemment) et la peau blafarde. Il est vêtu de noir.
Kenerin (V 2.0) ; dieu de la différence et des marginaux, Seigneur des incompris, protecteur des ermites et saint-patron des héros solitaires Il se considère comme le fils adoptif de Sithis et Lida et protège tout ceux qui s'estiment trop différents pour appartenir à ce monde. Représenté vêtu de noir avec un capuchon rabattu sur le visage, on raconte qu'il ne s'exprime qu'avec de brèves phrases et de manière cryptique, d'une voix que l'on saurait qualifier de désabusée. Pikebout Pikebout ; dieu des grimaces et des masques moches, mécène des tirage de langues et autre faciès volontairement disgracieux, saint patron de ceux qui n'ont pas peur du ridicule. Amir - Tu me racontes une histoire pour dormir ? - Mais tu disais que tu avais sommeil ! - C’était pas vrai, j’avais pas du tout sommeil. - N’a. N’avais. - Je n’avais pas du tout sommeil. J’ai dit ça pour que tu viennes me raconter une histoire. - Bon, bon. Quelle histoire ? - Celle de Mirta. - Avec Joseï qui devient amoureux ? - Oui. En fait non. Tu me l’as trop racontée. Une autre. - Celle de l’hippopotame en tutu ? - Non. Elle me fait trop vite dormir. Je voudrais une histoire de dieu… - Celle de Valda avec l’étoile perdue ? - Non, celle-là je la connais par cœur ! Une que tu ne m’as jamais encore racontée. - Qu’Omen me vienne en aide ! Tu crois que j’en ai des stocks comme ça ? - J’en suis sûr. - Bon, bon. Comme tu as été gentil avec le chien qui s’est coincé la patte, je vais te parler d’Amir. - C’est qui Amir ? - Le dieu de la chasse. Il protège les animaux. - Tu dis des bêtises. Il peut pas protéger les animaux et les chasser. - Ne. Il ne peut pas. - Il ne peut pas. Alors ? - C’est cet équilibre qu’il faut comprendre. Amir récompense les meilleurs chasseurs en leur faisant croiser la route du cerf blanc. Tu veux que je t’explique ? - Non. N’explique pas. Raconte !
Au matin du monde, quand les hommes ont commencé à exister, ils avaient grand-peine à survivre. Les dieux tournaient leurs espoirs vers eux malgré tout : ils en étaient certains, les hommes avaient une passion et une curiosité qui les élèveraient parmi les autres créatures d’Arven. Ils s’adapteraient et survivraient. Alder et Aura tentaient de leur enseigner, mais ils étaient jeunes, avec tout à apprendre et comprendre. Cerah et Amathéon s’efforçaient de les nourrir, mais la Nature était encore indomptée, implacable avec eux. Les hommes craignaient les bêtes. Elles avaient des griffes, des crocs, des cornes, elles voyaient dans le noir et rôdaient près d’eux, invisibles et silencieuses. Les hommes n’ont pour eux que leurs mains, leur flamme au cœur, mais leur tête était encore vide à l’aube des temps. En ce temps-là Amir le Vif parcourait le monde, saluant toutes les bêtes qui le croisaient. Il lui arrivait d’affronter certains animaux, à la course ou à la force, il respectait la défaite de son adversaire même s’il gagnait toujours : c’était un dieu après tout. Il pouvait rejoindre des prédateurs à la poursuite de leur repas, ou défendre des proies en mauvaise posture, selon son humeur. Forêts, prairies, montagnes, déserts... la Nature était son domaine. Il s’inquiéta alors de voir les hommes si fragiles, et il décida de leur transmettre ce qu’il savait, lui aussi. Si la majorité des dieux préférait souffler leurs idées aux hommes et les aider sans se montrer, Amir voulu les confronter directement. Il fit forte impression avec ses andouillers immenses et son pas assuré ! Pas un seul bruissement de feuille morte sous ses pieds. Quand ils se firent à sa présence et réussirent à communiquer, il commença à les instruire. Il leur apprit comment pister, guetter, relever les traces des bêtes. Il leur apprit comment avec leurs mains ils pouvaient créer des arcs, des lances et des pièges pour rivaliser avec les griffes et les crocs. Et il leur apprit la chasse : le noble défi de se mesurer à un animal, de tenter de gagner contre lui par la discrétion, la force ou la ruse. La chasse leur permettrait de se défendre contre les bêtes les plus féroces qui les attaqueraient, et d’ôter la vie sans faire souffrir quand ils auraient faim en hiver. Et si une bête les déjouait, c’était ainsi et elle méritait sa liberté ou sa proie ; le chasseur ne peut pas toujours gagner. Les hommes apprirent incroyablement vite. Au dieu de la chasse, ils lui créèrent en offrande le plus beau des arcs, aussi souple que puissant. Amir repartit avec son arc à la main, satisfait de ce qu’il avait lui-même offert. Quand les hommes se firent chasseurs, les loups saluèrent leur progression. De faibles proies les hommes étaient devenus terribles prédateurs, et certains loups se lièrent d’amitié et les hommes apprirent encore : comment piéger un animal en meute, la cohésion d’un groupe. Ils prirent goût à la chasse, au pouvoir, il se mirent à connaître la Nature et à oublier la peur qu’ils avaient eu d’elle. Griffes et crocs se transformaient en pendentifs, cornes et plumes étaient transformées en belles parures. Les hommes continuèrent à chasser non plus pour se nourrir, mais par amusement égoïste et pour cumuler les trophées. Amir comprenait leur plaisir de la traque et de l’emporter sur l’autre dans ce jeu, mais pourquoi mettre à mort le vaincu sans la faim pour le justifier ? Il sentait que quelque chose lui échappait.
C’était toujours le matin du monde en Arven, les dieux aimaient les hommes et leur enseignaient. La Nature était toujours indomptée, mais les hommes la connaissaient et ne craignaient plus les bêtes. Un jour de fête, ils en tuèrent des dizaines dont ils exhibaient les têtes et les peaux comme succès. Choqué de cet abattage débridé, Amir réapparut et les mit en garde : la vie d’un animal est aussi précieuse que celle d’un homme, il faut chasser avec raison. Ils ne l’écoutèrent pas. Le lendemain, les loups qui étaient restés loups abandonnèrent l’amitié des hommes pour retourner dans la forêt. Un autre jour de chasse, les hommes tuèrent des dizaines de bêtes et en capturèrent d’autres pour leur faire des tours et les défier à loisir en les affaiblissant. Irrité par tant d’irrespect, Amir réapparut et les mit en garde à nouveau : il leur avait appris à se faire une place parmi les autres bêtes, pas à les asservir et les rabaisser. Ils ne l’écoutèrent pas. Le lendemain, presque toutes les bêtes avaient réussi à s’enfuir, mais il y eu beaucoup de morts et de dégâts. Un autre jour encore, les hommes chassèrent et massacrèrent tous les cerfs blancs du monde, uniquement pour leurs magnifiques peaux et leurs bois givrés d’argent, ne se souciant guère de leur lente agonie ou de la détresse des faons encore vivants. Courroucé, Amir revint parmi les hommes, cette fois silencieux, sans un mot. Le regard qu’il posait sur eux était si rempli de fureur sauvage qu’ils étaient pétrifiés d’effroi. Il les observa tous, sondant leurs cœurs, passant devant eux de sa démarche mesurée, leur infligeant sa colère muette. Puis il disparut sous les arbres, sans offrir aucune mise en garde ou avertissement. Le lendemain, toutes les peaux blanches se désagrégèrent comme de la cendre entre les doigts et les bois d’argent virèrent au noir, friables comme du charbon. Mais ce n’était pas tout.
À partir de ce jour, les hommes qui persistaient à maltraiter des bêtes ou à les chasser pour leur seul plaisir et gloire, ceux-là se voyaient frappés par la malédiction d’Amir : ils devenaient incapables de manger la viande de leur chasse sans être malade, les peaux et fourrures de leurs victimes les grattaient affreusement, les colliers et pendentifs de crocs et cornes leur brûlait la peau en laissant des marques sombres. Quiconque tentait d’approcher un faon blanc se faisait tuer par Amir en personne, sans somation, mais rapidement ces jeunes créatures disparurent de la vue des hommes. Mais à partir de ce jour également, les hommes qui savaient chasser avec raison, tout en respectant la vie des autres créatures d’Arven, ceux-là pouvaient attirer sur eux le regard bienveillant d’Amir : ils pouvaient croiser la route d’un cerf blanc, sa robe de neige étincelante au milieu de la verdure de la forêt. Ce qu’il peut se passer alors, seul le chasseur et le cerf en décident. Le dieu observe sans intervenir. Beaucoup reviennent bredouilles, certains reviennent avec un arc blanc resplendissant qui se désagrège lors de leur mort. Mais on raconte que tous ont dans leur regard une lueur d’émerveillement et ils peinent à raconter ce qu’ils ont vécu. On raconte encore qu’un seul chasseur réussit a ramener des andouillers. Ils font partie de la couronne d’Obéron de Faërie. C’est depuis ce jour que si l’on continue à chasser les animaux, on le fait avec raison. Le cerf et ses andouillers inspire à la fois la noblesse, le respect... et la peur pour ceux qui se croient supérieurs aux autres créatures du monde. Car si on méprise les animaux, le courroux d’Amir le Vif peut s’abattre. Mais le dieu n’oublie pas pour autant ceux qui ont su rester bienveillants.
- Alors, cette nouvelle histoire t’a plu ? - La couronne d’Obéron ? Comme Obéron le Roi Blanc ? - Oui, mais cela date d’avant la Rose Écarlate, lorsqu’il était juste empereur. C’est tout ce que tu as retenu ? - Oui. Non. J’y réfléchirai. Raconte-moi plutôt l’histoire de la couronne. - Misère ! Pourquoi penses-tu qu’il y a une histoire ? - Si tu en a parlé avec Amir et le cerf blanc, c’est qu’il y en a forcément une ! - Peut-être. Tu es futé. Mais s’il y a une autre histoire, je ne te la raconterai pas ce soir. - Pourquoi ? - C’est l’heure de dormir. Demain tu auras une histoire sur la Rose. - Promis ? - Promis. Bonne nuit. Auprès de la suite de Mirta Comme leurs rires sont enchanteurs, aux suivantes de Mirta ! Comme leurs gestes sont gracieux, leur parfum délicat, leurs cheveux soyeux ! Il les dévore des yeux, timide, caché dans les feuillages des jardins de Cerah, où l’Ardente et sa suite se prélassent près d’une rivière. Il rêve de toucher leur peau satinée et ose à peine penser à la chaleur de leurs courbes, sans que le feu brûle à ses joues. Il se contente de les regarder rire et s’embrasser, leurs mains voler comme des papillons, alors qu’elles ornent leurs cheveux de tresses et de fleurs.
Les interrompre, leur parler ? Il ne s’en sent pas légitime.
Il n’est pas Syned, qui glisse entre les herbes sous sa forme de serpent et vient se lover contre leur sein. Il n’est pas Amir, agile et vif, menant biches et oiseaux à leurs côtés pour les charmer. Il n’est pas Aldis, au rire en murmure de cascade et au corps de nymphe, amie privilégiée.
Il est jeune, si petit, dieu mineur que l’on invoque à peine, sur les terres des hommes. Peut-être cela ne durera-t-il qu’un temps ? Plusieurs cultes cessent, après tout, plusieurs d’entre eux sont délaissés et leurs pouvoirs s’amenuisent, petit à petit, alors que l’oubli les emportent, et qu’ils ne deviennent qu’un vague souvenir qui s’efface davantage à chaque génération décédée.
Pour l’instant, il les observe en silence, les yeux brillants d’envie, la bouche pleine de soupirs. Un loisir sans heurt, sans douleur, jusqu’à ce que la Subtile Kali laisse tomber ses voiles afin d’aller se rafraîchir sans les eaux d’Aldis. Un hoquet lui échappe, bruyant, et il est trop tard. Toutes les têtes se tournent précisément sur le buisson où il est terré et d’où il ne sortira plus jamais, probablement, mortifié de honte. Il les voit, prêtes à fuir, leurs beaux visages soudainement inquiets. Ceci, jusqu’à ce que Sambra, la Tendre, se lève et s’approche du buisson où il est recroquevillé. Loin de se tordre de dégoût, son visage s’éclaire, et sa main vient cueillir la joue glabre du jeune homme. « Tu es si jeune ! », s’émerveille la déesse devant le visage qu’il lui révèle, celui d’un adolescent, encore, à peine sorti de l’enfance. Sa peau est si sombre, jusqu’à se fondre dans le pelage du bas de son corps, et ses yeux dorés autant que les boucles de ses cheveux. Deux cornes en dépassent, rondes et lourdes, faites de ce même or splendide. Jamais la Tendre n’a vu de telle créature, dans les jardins de Cerah, mais dans les yeux de l’inconnu, elle reconnaît ses sentiments. Elle reconnaît l’envie et le désir, l’admiration et la timidité, elle reconnaît ceux et celles que l’Ardente et ses suivantes séduisent sans s’arrêter. Elle reconnaît la solitude, également, et celle qui a fait de l’Amitié son domaine est attendrie. « Quel est ton nom ? Pan. » Pan, dieu de presque rien, dieu de rien du tout. Pan, le Troubadour, homme et animal à la fois, né des chants et des nuits chaudes d’Ostara, enfant étrange d’Erelf et d’Aïda, neveu de la Pertinente. Père du Vin Tiré Qu’Il Faut Boire, protecteur des Musiciens Improvisés et des Chants Grivois, saint patron des Regards Lascifs Coulés en Douce et des Voyeuristes Indiscrets. Le nom est répété, murmuré, à travers toutes les suivantes à l’oreille tendue, jusqu’à atteindre Mirta elle-même, dont le regard sombre semble percer les branchages. Un geste de la main afin d’encourager Pan à se révéler, ce qu’il fait, non sans tenir fermement la main amicale de Sambra.
Il a honte de son corps difforme, ni homme, ni bouc, tout à fait, et veut se cacher, disparaître. Ses doigts se crispent sur la flûte de roseaux qu’il tient à la main, son regard fuit, pour ne pas être confronté à l’horreur probable qu’il lira sur les traits des déesses. Cela jusqu’à ce que la voix de Sambra résonne à nouveau, avec curiosité : « Sais-tu jouer de cette flûte, Pan ? » Un signe de tête, à peine, et les murmures des suivantes se font… enthousiastes, oserait-il dire ? Il risque un regard et les trouve enchantées, leurs sourires larges et ouverts. « S’il te plaît, accompagne-nous de ta musique. » La Tendre le tire jusqu’aux côtés de ses soeurs et compagnes, qui rapidement l’entourent de leurs attentions, de baisers et de rires. Sur ses boucles, on dépose une couronne de lierre et de roses, et toutes les voix se taisent lorsqu’il ose enfin souffler dans sa flûte. Qu'à la suite de Mirta se joigne le Troubadour, le Coquin Pan, à la musique joyeuse et aux mains baladeuses. De l'art de la Médecine et des petits Bisous Qu’Anzaplasthe se rassure, Callia ne le déteste pas.
Fut-un temps où la sage et vénérable Guérisseuse, pourtant, envisageait de rafler tous les fidèles pour son compte afin d’effacer des mémoires ce vulgaire et insignifiant dieu qui osait marcher sur ses plates bandes. Mais elle ne le détestait pas. Elle n’avait simplement jamais pris le temps de discuter avec lui, ce qu’elle reconnaissait aujourd’hui comme une stupide erreur.
Finalement, c’était lui, Anzaplasthe le donneur de Bisous Magiques, qui était venu à elle et espérant dénicher dans son regard autre chose qu’un mépris à peine caché. C’était déjà il y a fort longtemps.
« Callia, tu ne m’aimes pas ? » Avait-il demandé plusieurs fois sans jamais obtenir de réponse.
Pourquoi l’aurait-elle aimé, ce dieu qui se prétend comme elle capable de soigner ? Il n’est qu’un simulacre, un mensonge, une fausse idée que l’on se fait de la médecine, tout simplement pour rassurer. Mais l’art noble du soin ne demandait ni concession ni amusement, il était sérieux et fort, fait pour des esprits capables d’encaisser le stresses et les horreurs. Pas pour les simples geignards et pleurnicheurs ! Pas comme lui.
« Cesse de toujours me poser cette question ! -Mais Callia… c’est toi qui m’as créé. Pourquoi ne m’aimes-tu pas ? »
Oui, pourquoi l’avait-elle créé ? Pourquoi se planter une épine dans le pied pour ensuite ne jamais le regarder ? Alors elle l’avait observé. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait observé ce petit dieu à l’aspect doux et généreux, qu’elle avait façonné de sa chair pour… pour elle ne savait même plus quoi d’ailleurs. Un compagnon pour le suivre et l’aider, dans sa grande et nécessaire tâche de soigner le monde ? Mais il n’avait rien de la grandeur de sa stature à elle, de la froideur de son maintient, du sérieux de son visage, de la sagesse de son regard. Il était tout l’inverse, dans la chaleur et la douceur.
« Callia, tu ne te souviens pas pourquoi je suis là ? Tu m’as créé, parce que tu fais peur aux Hommes. Parce qu’ils respectent ton art et ton don, mais craignent ta pression et s’effraient des soins que tu peux leur donner. Tu m’as fait, pour que je sois la tendresse et la bienveillance que tu n’as pas. Pour montrer aux Hommes que la médecine est un art, mais aussi un bienfait. »
Alors elle s’était souvenue. Souvenue qu’elle inspirait la crainte, en étant la définition même de sa glaciale maîtrise. Elle s’est souvenue que nul ne pouvait suivre ses pas sans subir de lourdes peines, et beaucoup d’abnégation. Alors elle s’est souvenue qu’elle l’avait fait lui, petite lumière Apaisante qui passe à ses côtés, pour montrer que la douleur de la médecine s’accompagne de la douceur de soin. Que tout ce qu’elle est et était, ne représentait pas qu’une froide machinerie bien huilée.
Oui, qu’Anzaplasthe se rassure, Callia ne le déteste pas. Elle a simplement longtemps oublié pourquoi elle l’appréciait trop.
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