Ça devenait décidément une habitude de ramener des trucs étranges dans mes poches à chaque fois que je faisais la fête. Bon, celui ci était moins tachant et immonde que le premier, moins étrange aussi, j’avais déjà vu un médaillon outreparleur une fois ou deux à Lorgol, mais ça n’expliquait pas ce qu’il faisait dans ma poche. C’est une question qui était restée en suspens pendant plusieurs jours, j’avais d’autres chats à fouetter, d’autres affaires à régler, et le pauvre objet s’était un peu fait abandonner au milieu du bric à brac ambiant. Un peu oublier aussi. Heureusement, parfois, il faut que je range.
Je fais tourner un peu le médaillon entre mes doigts, une foule de questions en tête. Comment est-ce censé marcher ? Comment est-il entré en ma possession ? Qui donc possède l’autre moitié ? Est ce lui qui m’a transmis celui ci ? Si oui, pourquoi ne m’a-t-il pas encore contacté ? Où peut être l’a-t-il fait en mon absence. Trop d’interrogations et, finalement, une seule façon d’avoir des réponses. L’artefact rebondit dans ma main, insensible à mes questionnements, et je m’en empare enfin, bien décidé à élucider cette affaire. Je me relève, il est certes un peu tard mais, pour ce que j’en sais, son double peut très bien se trouver à Port-Liberté, ce qui nous ferait… Moins tard. Oui, une heure tout à fait appropriée pour recevoir un appel outreparlé.
Je m'époussette, me recoiffe devant une glace, toussote un peu, m'apprêtant avec une fébrilité que je ne me connais pas. Et c’est sans surprise que j’essuie quelques remarques narquoises de la part de mon familier. Non mais bien sûr que c’est juste une conversation orale et que ni moi ni lui ne nous verrons, il n’empêche qu’il s’agit peut être une jeune et belle admiratrice, secrète et timide, en quête d’un époux. Comment ça, je fantasme ? Pourquoi un vieux monsieur répugnant et glaviotant me donnerait un médaillon outreparleur en cachette ? Ma théorie est bien plus vraisemblable. J’ignore ses allégations concernant les effets de mon charme sur les personnes âgées et me concentre sur l’artefact. Si je me souviens bien…
Oui, j’ai réussi, l’enchantement s’active et le médaillon vibre un instant dans ma paume. Ce n’est plus l’heure de tergiverser. Dieux, faites que ce soit une jeune et jolie demoiselle, pas un vieux libidineux. J’approche l’objet de ma bouche et, d’une voix que je veux calme, je lance un appel vers l’inconnu.
Bonsoir, est-ce que quelqu’un m’entend ?