Raygnar d'Ysgramor, seigneur du froid

Assis dans mon fauteuil, auprès d'un agréable feu de cheminée et un livre à la main, il m'arrive de me replonger dans mon passé. Quand je croise le regard sec de mon père, immortalisé dans ce tableau suspendu sur la cheminée, je repense à cette vie déjà tracée par ma lignée et me demande si cela avait pu se passer autrement. Voilà une question fort intéressante...

J'ai vu le jour dans la seigneurie de mes parents, dans la demeure familiale d'Ysgramor, un manoir ancestral bâti pour résister aux vents et au froid, où la pierre grise se détache sur la blancheur immaculée de la neige recouvrant les toits. Nos terres ne sont pas très étendues, mais cela nous a toujours suffit. Mon père m'a donné le nom de Raygnar et m'a tout de suite confié aux nourrices. Je suis le premier né d'une fratrie de cinq enfants. J'ai donc grandi parmi mon frère et mes trois sœurs. J'ai toujours été un enfant solitaire contrairement à eux. Je les voyais courir dans le château, s'inventant des histoires de chevaliers et de princesses. Mais bizarrement, je ne me sentais pas à l'aise dans ces jeux. Peut-être était-ce la conscience de devenir un jour seigneur d'Ysgramor qui me rendait si aigri avant l'âge.. Plus j'y repense et plus je me demande si ce n'était pas une excuse pour cacher mon asociabilité. J'étais un garçon fermé mais rêveur, dont l'existence n'était agrémentée que par les sévères enseignements de mon précepteur qui voulait m'initier au Droit, à l'Histoire et à la politique tout en m'apprenant à lire et à écrire. Heureusement, l'une de mes sœurs refusa de me laisser de côté. De 4 ans ma cadette, elle me voyait comme son héros, celui qui allait un jour gouverner ces vastes terres enneigées. Elle s'appelait Elanin et avait des cheveux d'or que toute ses autres sœurs enviaient et l'innocence d'un nouveau né. Même si j'aimais beaucoup mes autres sœurs ainsi que mon frère, je me sentais plus à l'aise, mieux dans ma peau en compagnie d'Elanin... Ma douce Elanin, voir ton sourire me comblait plus que tout autre chose. Je me revois t'inventer des histoires au coin du feu.. Ta préférée était celle du petit flocon qui ne voulait pas fondre. Cela te faisait rire aux éclats et tu te mettais à tourner doucement sur toi même, comme un flocon descendant des cieux. Tu étais ce petit flocon, tu avais sa beauté si éblouissante mais hélas, si éphémère. La maladie t'a emporté trop tôt.

Après sa disparition, je ne trouvais refuge que dans la bibliothèque du manoir, parmi les livres aux pages jaunies par le temps. Ma passion pour l'Histoire d'Arven se développa petit à petit tandis que je dévorais un ouvrage sur mes ancêtres. Heureusement, mes parents et mon précepteur voyaient cette soif d'apprendre d'un très bon œil et ils m'autorisaient à lire jusqu'à des heures tardives. Après ce livre, j'en étudiais un autre sur les grands évènements qui ont forgé notre histoire et ainsi de suite. J'en demandais tant à mon précepteur que celui ci finit par me conseiller de rejoindre l'Académie. Malheureusement, âgé de 8 ans à ce moment là, il me fallait encore attendre et je me consolais parmi ces livres qui étaient devenus aussi bien des amis que de la famille. Ce furent à cause d'eux que je failli courir à ma perte.

J'avais 9 ans quand cela arriva. Juché sur une échelle, il y avait ce livre, hélas trop loin pour mes jeunes bras. Je me suis tendu au maximum, réussissant à effleurer la reliure du bout des doigts. Puis ce fut la chute. Je me demande encore si cela avait été la faute de l'échelle ou si j'avais glissé. Je ne le su jamais car je ne me souviens que du sol qui se rapprochait, puis du noir complet qui suivit. Lorsque je repris conscience, la première chose que je vis fut le visage désolé du médecin, qui annonçait à mon père ma grave blessure à l'œil gauche. S'il avait pu m'empêcher de devenir borgne, cet œil devint malheureusement aussi inutile que du métal rouillé. Quand je ne regardais que par lui, tout était flou et plus rien n'avait de contour, de consistance. C'était comme si je voyais à travers du verre recouvert de buée. Cet accident ne fit que renforcer l'impatience qui me rongeait. Cela n'allait quand même pas m'empêcher de rejoindre l'Académie et d'accomplir mon destin !

Puis vint enfin le jour du départ. Accompagné de mon précepteur et de quelques serviteurs, je fis le long voyage jusqu'à Lorgol. Je découvris ainsi des terres non recouvertes de neige. Habitué par la blancheur de celle ci, je m'étonnais de toute les couleurs que la nature pouvait offrir. Puis Lorgol, enfin. Je m'émerveillais devant ces tours gigantesques et ces rues interminables. Et puis il y avait toute cette agitation. Des marchants de tous horizons scandaient les multiples avantages de leurs produits et interpellaient les passants. Et l'Académie. Je me souviens encore d'être resté sans voix devant ces immenses bâtiments et devant ces tours qui, rien qu'en les regardant, donnaient le vertige. Puis je retombais dans la réalité. Il me fallait choisir un domaine à étudier. La période de réflexion ne fut pas longue car je choisis immédiatement le domaine de l'Histoire, je ne voyais en effet pas quoi étudier d'autre, cela m'est apparu comme une évidence. Je réussis les examens d'entrée et rejoignit les premières années. Je passais donc cinq années à alterner entre les classes et la Bibliothèque du monde Printanier. Pendant mon temps libre, il m'arrivait de dévorer quelques ouvrages des autres bibliothèques, histoire d'étoffer ma culture générale. Ma soif d'apprendre ne cessait de croitre et, quand mon cursus parvint à son terme, je demandais à passer deux ans en spécialisation.

A mon retour chez moi, je n'étais plus un garçon. J'étais devenu un jeune homme à l'esprit rempli de connaissance mais sans aucune expérience. C'est à ce moment là que mon père choisit de me prendre sous son aile afin de faire de moi le futur seigneur d'Ysgramor. Je le suivis dans tous ses déplacements, étudiant les moindres gestes, les paroles de chacun. Mon père me fit parcourir tout son territoire, il m'amena devant le duc et m'apprit le savoir faire et le savoir parler d'un bon seigneur. Puis, alors que je prenais de l'âge et devenais un homme, il vieillissait. Il tomba malade et, comme Elanin avant lui, il rejoignit mes ancêtres dans le tombeau familial. Je devins donc le nouveau seigneur d'Ysgramor et, même si cela me fit affreusement peur au début, je finis par me faire à cette position et aux tâches qui m'attendaient. J'épousais quelques années plus tard la fille d'un autre seigneur de Valkyrion et elle me donna trois enfants : Rolf, Elanin et Rudolf. Elle décéda peu de temps après cette dernière grossesse. Ma famille combla aussi bien ma vie qu'elle me servit pour constituer des alliances. Ainsi, je n'hésitais pas à marier mes sœurs à des hommes puissants, à envoyer mon propre frère dans des terres reculées afin de signer des accords. J'installais ainsi, petit à petit, ma légitimité et ma suprématie sur mon territoire tout en me soumettant à ceux qui m'étaient supérieurs.  

Aujourd'hui encore, je continue à respecter mes obligations et à maintenir mon territoire sous une poigne de fer. Rolf, âgé de bientôt 25 ans, apprends, comme moi avant lui, comment gérer le statut de seigneur. Elanin a 22 ans et je pense sérieusement à la marier. Quand à Rudolf, qui va fêter ses 11 ans... Sa passion pour les griffons m'étonnera toujours.

Assis dans mon fauteuil, auprès d'un agréable feu de cheminée et un livre à la main, il m'arrive de me replonger dans mon passé. Je me demande s'il aurait pu en être autrement. En y réfléchissant bien.. Il y aurait de multiples possibilités.. Mais pour rien au monde je ne souhaiterais en changer.

Mais maintenant que mes enfants sont grands, je sens que je peux enfin réaliser ce que j'ai toujours voulu faire : écrire l'Histoire d'Arven. Ecrire ce qu'il s'est réellement passé dans un livre facile d'accès et que tous pourront lire. Ce livre pourrait être facilement copiable et ainsi, il pourra être diffusé dans tout Arven. Les enfants comme les adultes pourront s'y référer. Ce projet risque de prendre beaucoup de temps et cela va me pousser à parcourir tout le continent mais j'ai la conviction que cela sera utile. Pour Arven comme pour moi. Je n'ai jamais eu la possibilité de voyager étant plus jeune, ce sera donc pour moi l'occasion de voir du pays et d'apprendre de nouvelles choses tout en rencontrant de nouvelles personnes qui pourront m'aider dans cette quête de savoir.

Résumé Livre I : Occupé par la formation de mon fils Rolf, je n'ai pas beaucoup participé aux derniers évènements... Et heureusement pour moi ! Quelle perte de temps que de se faire enlever par des pirates ou d'assister à un Tournoi où des personnes se battent pour le bon plaisir d'un public assoiffé de sang et de violence ! J'ai quand même assisté au couronnement de Chimène et j'en suis arrivé à la conclusion que les problèmes ne feraient que commencer... Et le massacre de la Samhain ont confirmé mes craintes... Les temps troubles se sont définitivement installés en Arven.

▬ TRAME ALTERNÉE (Intrigue 2.3 La Roue Brisée)
→ Raygnar était le Recteur de l'Académie et il enseignait également l'Histoire d'Arven. Il entretenait une relation avec l'une de ses élèves, Melinda, qui finit par tomber enceinte. Lorsque celle ci retrouve ses souvenirs, il croit pendant un moment qu'elle est devenue folle, mais après l'intervention de son fils Rudolf et un début d'incendie déclenché, il retrouve lui aussi ses souvenirs et aide Melinda à accoucher. Il apprends ensuite le décès de sa fille et met beaucoup de temps à s'en remettre. Lorsque tout revient à la normale, il conserve ses souvenirs des derniers évènements et retrouve sa fille.

• Pendant le livre II : Raygnar en a vu de toutes les couleurs durant l'année 1002. Pour commencer, il se rend au Musée des Savoirs Perdus avec quelques demoiselles, et se fait une belle frayeur lorsque ses gardiens se réveillent pour partir à leur recherche. Ensuite, il offense, sans trop le vouloir, le duc d'Erebor et finit dans les cachots de Vivedune, après que celui-ci le débarrasse des deux premières phalanges de ses auriculaires et brise son genou droit. Après une longue période de convalescence, il décide de se rendre à Svaljard pour la grande fête annuelle et manque de finir en petits morceaux sous les lames des Sentinelles. Cela aurait pu être déjà bien assez, mais le Destin avait encore quelques tours en réserve pour lui. Lors de la fête des Anciens, se déroulant à l'Académie, il assiste au début de la Chasse Sauvage et est blessé au bras par les crocs d'un chien monstrueux presque aussi grand que lui. Maintenant, il jouit d'un repos bien mérité dans son foyer, et songe malgré tout aux changements que tous ces événements apporteront sur Arven.

La Chasse Sauvage est libérée et arpente librement le continent. Qu'est-ce que cela t'inspire ?
• Sans vouloir me montrer vulgaire, La Chasse Sauvage m'a coûté un bras, dans tous les sens du terme. Dans le sens où j'ai du mettre la main à la poche pour sécuriser mon domaine et ses habitants contre les attaques de ces chiens monstrueux, de ces cavaliers semant la mort et la destruction et bien d'autres horreurs encore. Et dans le sens que l'un d'eux a manqué d'arracher mon avant bras gauche après leur apparition dans les couloirs de l'Académie. Plus sérieusement, la présence de ces monstres m'inquiète. J'ai déjà pris les mesures nécessaires pour les repousser s'ils venaient à attaquer Ysgramor. J'ai engagé de nouveaux gardes, quelques guerriers, j'ai veillé à ce que chaque homme soit armé, qu'il soit soldat ou paysan. Et, enfin, mon propre manoir a fait l'objet de quelques travaux pour renforcer ses défenses. Mais je ne peux rien faire de plus, sinon espérer qu'ils ne feront pas trop de dégâts en Ibelène.

Une trêve hivernale a été déclarée entre Ibélène et Faërie. Comment ton personnage voit-il la guerre entre les deux empires ?
• Cette trêve ne changera rien, selon moi. La guerre est le seul moyen de faire changer les choses, même si cela me répugne de le reconnaître. La guerre n'apporte que la mort, que la misère mais elle est également source de grands changements. Je ne serais pas contre le retour de la grandeur du passé. La Trêve a certes apporté la paix, mais elle empêchait Arven d'avancer dans le droit chemin. Ce n'était, en quelque sorte, qu'un obstacle. S'il faut que des hommes périssent pour qu'Arven brille au firmament.. Et bien... Il faut bien faire quelques sacrifices.

Que penses-tu de Lorgol, la ville aux Mille Tours ? Est-ce que tu t'y promènes sereinement ou est-ce que la capitale des peuples libres t'oppresse ?
• J'ai passé la plus grande partie de mon adolescence dans Lorgol et, même si je suis resté , la plupart du temps, dans l'Académie . Je considère cette ville comme un second chez moi. Lorsque je me rends là bas, j'ai le sentiment de retourner plusieurs décennies en arrière et j'aime à me perdre dans la contemplation de ces tours magistrales.

Spoiler:

Question Livre II: