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 Une chasseuse et sa proie

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Message Sujet: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyJeu 27 Oct 2016 - 20:21


Livre I, Chapitre 6 • La Danse des Trépassés
Liam d'outrevent & Maelenn du Noroît

Une chasseuse et sa proie

Ou quand on ne peut s'abstenir de taquiner le kilt un brin



• Date : Le 27 octobre 1001
• Météo : À la tombée de la nuit, il fait froid et nuageux à l'extérieur.
• Statut du RP : Privé
• Résumé : À l'occasion de la Samhain qui approche, Maelenn se rend en Outrevent pour rendre hommage aux disparus et est invitée à la cour de Souffleciel, pour ses talents musicaux. Une fois sur place, cela dit, comment résister à l'envie d'aller jouer avec nul autre que le duc ?
• Recensement :
Code:
• [b]27 octobre 1001 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t1401-une-chasseuse-et-sa-proie]Une chasseuse et sa proie[/url] - [i]Liam d'Outrevent & Maelenn du Noroît[/i]
À l'occasion de la Samhain qui approche, Maelenn se rend en Outrevent pour rendre hommage aux disparus et est invitée à la cour de Souffleciel, pour ses talents musicaux. Une fois sur place, cela dit, comment résister à l'envie d'aller <i>jouer</i> avec nul autre que le duc ?



Dernière édition par Maelenn du Noroît le Jeu 27 Oct 2016 - 21:59, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyJeu 27 Oct 2016 - 21:55

Lorsque les dernières notes sonnent, résonnent, le silence les suit. Puis, les applaudissements chaleureux, nourris, pour la musicienne qui se lève de son banc et s’incline avec fausse modestie devant la noble foule assemblée. Sur le visage de Maelenn, un sourire éclatant. Elle sait bien que tous ces nobles et bourgeois ne cesseront pas de chuchoter à chacun de ses pas, à chacun de ses gestes, qu’ils ne la mépriseront pas moins, excellente musicienne ou pas. De leur fascination, elle se nourrit, elle se plaît à chacun de leurs murmures et à leurs regards trop longs. Tous savent qui elle est, ce qu’elle est, bien qu’elle soit presque sobrement habillée, ce soir, faisant honneur au duché où elle a vu le jour et où on a profité de sa présence pour lui demander ses services musicaux. La Compagne n’a pas moins fait du vert la couleur principale de son élégante robe drapée à la mode lagrane, faite du lin le plus fin. Il serait fou de penser qu’elle aurait accepté de vêtir un de ces… sacs en jute que les Outreventoises portent en pensant qu’ils peuvent être qualifiés de robes. Comme seul bijou, Gavriel lové autour de son cou. Comme un avertissement, un rappel.

Tous retournent à leurs discussions, une fois la prestation terminée, mais elle s’attarde encore un peu sur l’estrade, ses yeux clairs cherchant une personne bien précise dans la foule. Elle compte habituellement sur la très haute silhouette du comte de Rivepierre pour repérer celui qu’elle cherche, mais force est de constater que le vaillant Chevaucheur n’est pas de la partie et il lui faut quelques secondes supplémentaires avant de trouver l’homme recherché. D’une main habile, leste, elle pince une corde de la harpe.
Pour qu’elle sonne pour un seul homme, magie et musique liées, un seul homme qui se retourne sans pouvoir y échapper, la seule note résonnant dans son esprit. Le subjugant, une seconde. Le soumettant, un bref instant. Regardez-moi. Ne bougez pas.

Dire que comme tant de dames et demoiselles d’Outrevent, elle a déjà rêvé de Liam d’Outrevent. De son regard bleu perçant, de sa noblesse jusque dans tout son être, et, plus tard, dans le secret de sa féminité s’épanouissant, de son corps qu’elle imaginait aussi ferme que sa voix.
C’est l’occasion, ce soir, de réaliser un peu ce rêve d’adolescente.
Le pas félin et le sourire paisible, elle se dirige jusqu’au juste dirigeant du duché de l’Honneur, s’inclinant profondément devant lui, une fois arrivée à sa hauteur. « Votre Grâce. » Pas de mon duc, rien de ce qu’elle réserve à son homologue lagran. Sa voix est chaude, pour mieux y dissimuler le métal d’un ton distant. « Quel plaisir de vous voir ici, ce soir, qui plus est sans le comte de Rivepierre. Je ne croyais pas ce genre de festivités être spécialement à votre goût. L’homme fuit les mondanités, tout le monde le sait, mais à l’approche de la Samhain, fête si importante pour tout le duché, il faut croire que le duc doit se plier à ses propres obligations. Puis-je profiter de votre compagnie, pour cette soirée ? »
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Liam d'Outrevent
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptySam 5 Nov 2016 - 14:59

Sa musique subjugue les âmes avec une rare aisance, me laissant aussi fasciné que sur la défensive. Oui, méfiant envers cette magie qu'elle peut renfermer, et user à tout moment sans même que son interlocuteur ne le remarque. Elle me rappelle avec amertume les propres manigances d'Arabella, et ce serait mentir que de dire que je n'ai pas accueilli avec soulagement son départ de la Cour d'Outrevent. Peut-être devrais-je davantage me soucier de l'organisation de ces mondanités, pour éviter qu'un serpent ne se glisse à nouveau dans les invitations. Mais à la réflexion... Cela signifierait bannir la moitié des nobles ainsi rassemblés, que nous soyons en Outrevent ou non. Je n'ai jamais apprécié ces faux-semblants desquels ils jouent, et que dire de toutes ces dames que l'on cherche à me présenter ? J'ai bien malgré moi oublié le nom d'un quart d'entre elles, et peine à en éconduire certaines. Oui, cela ne manque pas d'interpeller, que je ne sois toujours pas marié depuis mon retour... Mais j'ai eu de nombreuses autres affaires bien plus importantes à me préoccuper pour remettre de l'ordre dans le Duché de l'Honneur. D'autant que la Cour se fait rapidement étouffante, encore plus quand Lionel n'est pas là pour l'égayer de sa présence. Cela ne m'empêche pas de me montrer affable avec mes invités, mais la lassitude se fait plus cruellement ressentir.

Les dernières notes s'échappent, et les applaudissements retentissent peu de temps après, auxquels je ne me joins pas. Je me suis déjà détourné, avec la cruelle envie de m'échapper de ce traquenard pendant qu'il en est encore temps, et de retourner à mes affaires... C'est sans compter sur une note brève, mais insistante, qui m'incite à me retourner. Elle est là, face à moi. Belle et majestueuse, dans cette robe qui évoque son Duché d'accueil, sans se départir pour autant de ses origines. Je cille, pour reprendre mes esprits, à me demander à quel point sa magie peut encore influer sur mes sens, sans même que je ne m'en rende compte. Tout mon être transpire la méfiance, en croisant ce regard d'un gris d'acier.

Je suis figé comme dans la pierre, alors qu'elle s'incline devant moi, lâchant avec un temps de retard :

- Dame du Noroît.

Ce n'est plus réellement le cas, maintenant, même si cela ne m'empêche pas de la rappeler à son sang et son rang. Elle a voulu attirer mon attention, et maintenant, que compte-t-elle en faire ? Mon regard s'attarde sur ce serpent qui orne son cou, comme un gage de sa véritable nature, alors que son ton mielleux ne fait que me mettre davantage sur la défensive.

- Et vous avez raison de le croire.

Je me demande si elle attendait que je sois seul, débarrassé de la présence de Lionel, pour agir. L'aurait-elle ainsi précisée dans le cas contraire ? Cela ne m'empêche pas de lui faire comprendre que je n'ai pas tellement envie de discuter avec elle, et que ces mondanités sont encore moins à mon goût de par sa simple présence. Je me force à sourire, peut-être plus crispé que voulu, quand elle me demande de rester.

- Navré, mais d'importantes affaires m'attendent. J'escomptais justement me retirer dans mes appartements.
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyLun 14 Nov 2016 - 23:38

Comme il est crispé ! Comme il est tendu ! Il n’y a même pas besoin de faire appel à sa magie de l’Automne, pour remarquer la rigidité du duc d’Outrevent, ce port de tête raide qui l’est bien trop pour être uniquement imputable à sa dignité proverbiale. Je ne pensais pas que tu pouvais générer la peur chez un homme, susurre la voix moqueuse de Gavriel en son esprit. Elle non plus ne le pensait pas : elle a appris à être celle qu’on aime, qu’on charme, qu’on désire, qu’on imite, qu’on envie. Pas celle que l’on craint, ni qu’on évite. Ça pourrait presque être… satisfaisant. Elle n’irait pas jusqu’à qualifier le duc d’Outrevent d’effrayé, de méfiant tout au plus, mais c’est déjà assez. Même trop. Sa magie perçoit sa méfiance émaner de lui en vagues, si fortes qu’elle s’attend presque à les sentir s’écraser sur elle, comme les remous de l’océan.
Pensait-elle encore être si sensible à ça ? À ce qu’on la méprise et à ce qu’on la fuit ? À ce que l’homme qu’elle avait si longtemps idéalisé soit même le premier à le faire ? Se doutait-elle qu’encore, toujours, elle en soit blessée ? Son sourire en a fondu, légèrement, alors qu’encore son cœur d’Outreventoise souffre. Combien de fois encore ce duché la trahira-t-elle, alors qu’il est supposément celui de l’Honneur ?

« Navré, mais d'importantes affaires m'attendent. J'escomptais justement me retirer dans mes appartements. Je serai honorée de vous y accompagner, Votre Grâce, je n’ai jamais eu l’occasion de visiter cet endroit de la forteresse et surtout pas en une si agréable compagnie », susurre Maelenn en glissant son bras sous celui du duc d’Outrevent. Elle provoque, délibérément, joue de ce qu’il déteste, sans user de quelconque artifice. Elle n’en a même pas besoin. Elle est presque aussi grande que lui, à la bonne hauteur pour que leurs regards se confrontent et se soutiennent sans faillir. Jusqu’à ce que son sourire vienne, amusé, et qu’elle gratifie le duc d’un clin d’œil. « Je vous taquine, Votre Grâce. Une simple balade dans les galeries me conviendra tout à fait. » Celles jouxtant la salle de réception, longeant les jardins intérieurs où, petite héritière d’une seigneurie qui ne devait pas lui revenir, elle a déjà pu marcher et admirer les portraits des anciens ducs et duchesses d’Outrevent. Elles sont silencieuses, Maelenn le sait, et alors que la réception bat son plein, rares sont ceux qui s’y aventureront. Puis, ils ne sont pas en Sombreciel (ni Cielsombrois), personne n’osera se bécoter et pire encore sous le regard sévère de ces nobles morts ! Ce serait honteux. Sa voix s’abaisse et se fait sérieuse, cette fois : « Vous êtes autorisé à nous désigner un chaperon, si vous craignez que j’intente quoi que ce soit à votre endroit. » Qu’il ne la chasse pas, qu’il ne la repousse pas, ô, que Levor soit témoin qu'elle ne lui veut aucun mal. Le cœur de cette femme est fier, il est rancunier, et ce soir, pourtant, il veut s’adoucir. Il veut retrouver un peu ce qui l’a fait rêver.


Dernière édition par Maelenn du Noroît le Ven 2 Déc 2016 - 6:39, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyMer 30 Nov 2016 - 0:49

Je me détourne déjà, alors que sur son joli minois, son sourire se fane. Lui provoquer de quelconques tourments ne me satisfait pas vraiment, mais cette seule expression sonnerait comme une victoire alors qu'il s'agit d'une retraite stratégique. Je ne veux rien à voir avec elle, parce qu'elle me rappelle de bien mauvais souvenirs. Je sais à quel point une femme peut-être dangereuse, sous ces airs innocents et angéliques, et refuse d'en faire les frais comme mon père. Cette simple note, pour attirer mon attention, a sonné comme un avertissement à mes oreilles des prouesses que l'envoûteuse était maintenant capable d'employer. Je lui rends un regard interdit, perdant un instant de ma réserve quand elle se glisse à mon bras et...

- Je vous demande pardon ?

Est-elle vraiment sérieuse ? Venir dans mes appartements ? Je reste coi, jusqu'à ce qu'elle dissipe ce malentendu d'un sourire enjoué et d'un clin d'œil équivoque. Ah. C'était une... Blague, bien entendu. Je lui rends un mince sourire, comme pour chasser ce malaise qui m'avait saisi. Il faut croire que, même sans user de magie, elle est capable de faire avaler des couleuvres. D'ailleurs, la sienne est subitement très proche... Tout comme elle. J'ai l'impression qu'un piège se referme doucement. Je me penche vers elle, pour lui glisser à demi-mots :

- C'est une technique intéressante, de prétendre l'irréalisable pour que l'on vous accorde sans ciller quelque chose de plus raisonnable.

Qu'elle ne croit pas que son petit jeu m'est étranger, même si ses réels desseins me sont inconnus. Quoique... Ils ne sont certainement pas si difficiles à deviner. Je suis Duc maintenant, ce qui attire forcément son lot de convoitise. Je m'arrête, avant que mes pas ne me mènent vers les galeries.

- Si vous me disiez plutôt les véritables raisons de votre présence ? Pourquoi être revenu sur les terres qui vous ont vu naître ? Je pensais que vous les aviez reniés.

Me retrouver seul avec elle ne devrait vraiment pas me poser le moindre problème. L'envie est même présente, mais j'en suis précisément à me méfier de ce que je peux ressentir, surtout si cela la concerne. Ce n'est certainement pas uniquement pour m'évader loin de ses mondanités, dans un lieu qui me satisferait davantage. Non, parce qu'il ne s'agit pas que de moi.

Seulement... Elle touche précisément un point sensible, comme si elle avait relever ma méfiance à son égard, et qu'elle constituait un danger suffisamment important pour que j'ai besoin d'une garde. Ridicule. Je m'échappe bien dans les rues de Souffleciel, comme autrefois celles de Lorgol, en pleine nuit et sans m'encombrer de la moindre surveillance... Ce n'est pas pour craindre une simple femme dans l'enceinte même de mon palais ducal.

- Et que pourriez-vous faire, dites-moi ? Ensorceler un Duc comme il fut le cas avec mon père ? J'espère pour vous que vous ne nourrissez pas de pareilles ambitions, car la précédente qui a essayé a connu un bien funeste sort. Vous n'êtes pas autant la bienvenue en ces lieux que vous voudriez le croire, et c'est certainement vous-même qui auriez besoin que l'on assure votre sécurité.

J'ai parlé sans plus d'ambages, maintenant qu'elle a clairement remarqué ma méfiance extrême à son égard... Autant qu'elle en connaisse l'origine, et qu'elle sache à quoi s'attendre si elle tente quoi que ce soit. Je reprends ma route, comme si de rien, et ce malgré son contact aussi dérangeant qu'agréable à mon bras, jusqu'à ce que mes pas me mènent aux galeries où la rumeur des discussions se fait plus feutrée. Je ne me sens pas plus apaisé pour autant, et évite de croiser à nouveau son regard. Elle est charmante, même sans faire courir ses doigts sur sa harpe.

- Nous voilà seuls, comme vous l'espériez.

Dans quel pétrin venais-je encore de me fourrer ?
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyVen 2 Déc 2016 - 7:19

La blague est inoffensive, mais l’humour du duc n’est pas la qualité qu’on lui reconnaît le plus en Arven. Heureusement, elle le détrompe rapidement, toute malice découverte, profitant de sa déconvenue pour l’alpaguer, avec autant de douceur que le vin enivre. « C'est une technique intéressante, de prétendre l'irréalisable pour que l'on vous accorde sans ciller quelque chose de plus raisonnable, lui glisse l’homme à l’oreille, générant quelques frissons où son souffle rencontre sa peau. N’êtes-vous pas en train de céder ? », qu’elle murmure en réponse. Il suit bien son mouvement vers les galeries, presque sans protester, pris au dépourvu, et leur arrêt est le théâtre d’un échange des plus intéressants.

« Si vous me disiez plutôt les véritables raisons de votre présence ? Pourquoi être revenu sur les terres qui vous ont vu naître ? Je pensais que vous les aviez reniés.  Je n’y étais plus la bienvenue, Votre Grâce », corrige Maelenn du tac au tac, sans laisser la remarquer la froisser. Elle l’a cherché, sans aucun doute. Elle a cherché à ce qu’on la traite comme une indésirable, comme on a traité sa sœur, et lorsqu’elle revient sur les terres de l’Honneur, c’est toujours avec cette blessure dans le cœur. « Vous êtes autorisé à nous désigner un chaperon, si vous craignez que j’intente quoi que ce soit à votre endroit. Elle semble toucher un point faible, celui de cet ego si outreventois, mais le duc n’a certainement pas dit son dernier mot. Loin de là. Et que pourriez-vous faire, dites-moi ? Ensorceler un Duc comme il fut le cas avec mon père ? J'espère pour vous que vous ne nourrissez pas de pareilles ambitions, car la précédente qui a essayé a connu un bien funeste sort. Vous n'êtes pas autant la bienvenue en ces lieux que vous voudriez le croire, et c'est certainement vous-même qui auriez besoin que l'on assure votre sécurité. » Les menaces (promesses) de Liam la font lever le menton encore plus, confronter ce regard bleu et dur qui la fait frissonner jusqu’au fond de son corps. À son bras, elle se raidit, elle se redresse. Gavriel s’enserre un peu plus fermement autour de sa gorge, comme pour protéger ce cou fin de ce funeste sort qu’on lui promet presque.
Elle ne dit rien, Maelenn, elle encaisse. Elle se tait, alors qu’ils s’éloignent et que les conversations se sont plus ténues, alors qu’à la frénésie de la cour de Souffleciel se substitue le calme des galeries intérieures. La solitude la détend, mais son cœur bat bien fort. Elle est femme vexée, fâchée, outrée du traitement qu’on lui réserve, injustement à son avis. Elle est jeune fille timide, impressionnée, impressionnable, au bras d’un homme dont elle a trop rêvé. Les sentiments, bien trop, s’emmêlent.

« Nous voilà seuls, comme vous l'espériez. C’est également ce que vous espériez, Votre Grâce, souligne innocemment la mage. Elle non plus n’ose pas à nouveau croiser le regard de Liam. Pas avec moi, je m’en désole. » Un trait d’humour, un trait de charme, une pression légère sur son bras. Son inconfort en société n’est pas un secret très bien gardé, il est même plutôt évident, et cette excursion leur permet à tous les deux de s’échapper. Lui de la foule. Elle avec lui. C’est gagnant.

Ses yeux pâles rencontrent ceux, immobiles, de Lionel d’Outrevent, premier majestueux tableau qu’ils croisent, voisin de celui de sa première épouse. La deuxième, la catin, la disgrâce, l’ensorceleuse, n’a certainement pas droit à un quelconque honneur. D’une voix calme, Maelenn répond enfin à la question du duc à propos de sa présence en Outrevent : « Je suis ici pour la Samhain, Votre Grâce. Qu’importe où j’habite, désormais, à quel duc je me soumets, de quelle déesse j’honore les principes… je suis protégée de Levor et j’honore mes serments, ainsi que la mémoire de ceux qui marchent au royaume de Sithis. » Les morts, les disparus, les guerriers, les combattants, les enfants morts-nés, les aïeux. Sa sœur, également, sans savoir où elle se trouve, dans ce monde ou dans l’autre. La pensée de Maidhenn, même après toutes ces années, après plus de dix ans, est toujours aussi difficile. « Votre père et votre sœur sont dans mes pensées. Vous également. » Elle a presque chuchoté. Il ne la croit pas capable de le respecter, non, pas digne de ce duché, ensorceleuse, intrigante. Acceptera-t-il ses mots, les prières qu’elle adresse à un duc respecté et à une princesse inutilement sacrifiée ? Ou les balayera-t-il comme on balaie les charmes sifflés de la langue de Syned ?


Dernière édition par Maelenn du Noroît le Lun 26 Déc 2016 - 2:49, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyVen 16 Déc 2016 - 16:04

Elle me donnerait presque envie de faire demi-tour, simplement pour me prouver que ses pouvoirs n’agissent pas sur moi à mes dépends. Elle pourrait s’en servir que je ne remarquerais pas la différence, d’une brève inclinaison dans mon comportement et mes pensées, en sa faveur, que j’aurais cru librement consentir. Je connais bien cette magie, qui vous subjugue, et occulte toutes pensées rationnelles. Je prends des risques inconsidérés à me laisser guider par le serpent… A croire qu’elle pourrait être de bonnes volontés, elle qui a renié son nom, sa famille, son Duché. Alors, suis-je encore à céder de ma propre volonté ou non ?

- A vous de me le dire, que je lui murmure en tour, sur le ton de la confidence.

Un froncement de sourcils vient accueillir ses justifications, qui me paraissent insuffisantes, quand je lui demande les raisons de sa présence. Elle s’est spécialisée dans cette magie malsaine, et est devenue Compagne, de sa propre volonté. Que cherche-t-elle à me faire croire ?

- N’avez-vous pas plutôt fait en sorte de vous tenir à l’écart ? Ce sont des choix que vous avez librement consentis, qui vous ont mené à cet état de fait.

Elle n’a pas tellement apprécié ma rebuffade, la belle Maelenn, et il m’est pénible d’affronter ces iris inquisiteurs, en sachant les profondeurs qui peuvent s’y cacher et m’ensorceler à tout moment. Mais je refuse de craindre le simple regard d’une femme… Alors que je ne peux m’empêcher de me demander si mon père pensait la même chose, si confiant et sûr de lui, avant qu’on ne lui vole tout ce en quoi il croyait. Elle ne répond pas à cette provocation, qui visait précisément à la sortir de sa réserve pour qu’elle me confie les véritables raisons de sa présence… Ou s’en aille, blessée d’être traitée ainsi comme une indésirable. Elle n’en fait rien, et reste même à mon bras, se murant dans un silence qui réussit presque à m’oppresser.

Je le brise, quand nous parvenons aux galeries. Mon regard se détourne, pour s’attarder sur ces tableaux séculaires. Mon père paraît si sévère, à me toiser de son cadre… N’ai-je pas appris de ses erreurs ? Est-ce vraiment ce que j’espérais, venir ici ?

- Peut-être.

Mes pas m’ont-ils vraiment mené de moi-même en ces lieux ? Je doute, de plus en plus, et pourtant ce trait d’humour me fait à nouveau baisser le regard vers elle, comme pour me rappeler mes véritables intentions. Je cherchais le calme, la solitude… Oui. Être avec elle ? Pas spécialement, c’est vrai.

- Vous seriez sans doute de très agréable compagnie, si j’étais assuré que vous ne trichiez pas, que je lâche, seulement à moitié sur le ton de l’humour.

Je ne suis pas toujours aussi froid et renfermé qu’on peut le croire au premier abord, mais il m’est impossible de me départir de cette méfiance à son égard pour profiter pleinement de sa présence. Je ne le pourrais certainement jamais, sauf si elle prend un Philtre de Mortessence.

C’est avec un temps de retard, qu’elle se décide à me répondre, toujours à contempler le tableau qui représente mon père, lorsqu’il était le Duc digne et fort que j’ai connu. C’est cette image-là, que je voulais garder de lui. Je la fixe, intensément, alors que son regard est rivé ailleurs, à conserver un temps le silence. Je suis tiraillé, entre cette défiance que j’ai envers elle, et l’envie de la croire. Honorer ses serments…

- Vous parlez comme une véritable Outreventoise.

C’est un compliment. J’ai un bref sourire, même si je n’oublie pas la langue de son Familier qui persifle non loin de moi, comme une mise en garde muette. J’incline la tête, à recueillir ce murmure qui sonne comme une confidence. J’incline la tête, avec une leur interrogatrice au fond du regard. Je ne comprends pas. Elle nage entre deux eaux, la protégée de Levor et l’envoûteuse… Si douée pour instaurer l’incertitude. Qu’elle honore les morts, soit. Mais mon père, et ma sœur… Le pense-t-elle vraiment ? Comprend-t-elle la portée de ses paroles, après les tourments que mon père a vécu, par la faute d’une ensorceleuse ? Les mots me manquent, subitement. Je ne sais s’il me faut la remercier, ou lui dire de s’en garder. Je souffle, dans un sourire, quand elle parle de m’adresser aussi quelques prières :

- Je ne suis pas encore mort, vous savez.
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyLun 26 Déc 2016 - 4:36

« Vous seriez sans doute de très agréable compagnie, si j’étais assuré que vous ne trichiez pas. » Son ancien duc n’est pas réputé pour être le plus amusant, ni le plus susceptible de se plier à une quelconque forme d’humour, mais la Compagne jurerait que dans ses mots se partagent la vérité et l’amusement. Il a répondu à son propre trait d’humour, mais elle n’ose pas voir dans ses yeux ce qu’il en est vraiment. Dans le regard du duc d’Outrevent, la vérité peut se lire, et elle la craint.

Son sourire impénétrable de madone ne faillit pas. « Vous parlez comme une véritable Outreventoise. » C’est un compliment, et pourtant, il y a dans ces mots, quelque chose d’aussi venimeux que la morsure d’un serpent. N’est-elle pas une véritable Outreventoise ? Tu es Lagrane, maintenant, Maelenn. Elle le sait. En Lagrance, elle a rencontré Gavriel. Elle est devenue une autre femme. Elle est à la cour épanouie et ouverte comme une des roses de ces jardins splendides. Elle a même l’oreille de son duc, à l’occasion. Elle n’a pas honte, elle n’a pas peur. Pourtant, fille du Noroît, elle prend ce compliment comme on enfilerait un gant de velours. Sa sœur a tant cherché à plaire à leurs parents, avant et après la révélation de sa magie du Sang, et lorsqu’elle a été bannie des terres et forcée à fuir, c’est elle qui a cherché à ravir leurs géniteurs. Uniquement pour ensuite mieux les décevoir, mieux briser tous leurs espoirs, préméditant sa revanche alors qu’elle était à peine une enfant. Qui pouvait croire que dans ce cœur se cachait tant de rancœur ?
Elle parle comme une véritable Outreventoise. Elle en est une. Elle a tenu le serment tenu il y a des années. Celui de venger sa sœur.

De quelques mots prononcés tout bas, elle a troublé le duc, et c’est seulement alors qu’elle le sent chercher, hésiter, souffler, qu’elle ose à nouveau le regarder et confronter ces yeux pâles et interrogateurs. Ce sourire un peu mystérieux. « Je ne suis pas encore mort, vous savez. Dois-je pour autant vous épargner mes attentions, Votre Grâce ? Je n'ai jamais précisé le sujet des prières que j'adresse en invoquant votre nom. » Sa voix rauque se fait mutine, son regard brillant. Ni le sujet des prières, ni le dieu auquel elles sont adressées… ou la déesse, comme elle le sous-entend. Maelenn reprend son pas, entraînant le duc plus loin, se dérobant au regard sévère de son père et prédécesseur. Il suffit, de sentir le poids immobile de ce passé trouble.
Prudemment, la subjugation se libère et s’infiltre, glissant sous la peau de Liam, puis dans son esprit, comme le ferait un serpent. Délicate, fragile, prudente, pour ne pas brusquer cet esprit qu’elle sait rébarbatif, qu’elle sait paranoïaque. Elle sent le bras de l’homme quitter le sien et sa main se glisser dans son dos. Le décolleté est sage, mais le dos se révèle sous les voiles drapés, et sous les doigts chauds posés à même la peau dénudée, elle frissonne de contentement. A-t-elle incité, inspiré, imposé ce geste, puis ce contact ? Bien sûr. Il n’en est pas moins heureux, pas moins satisfaisant. « J’étais encore Outreventoise, Votre Grâce, lors du décès de votre père, puis de celui de votre sœur. Il était mon duc et elle ma princesse, articule-t-elle, les joues roses de ce trouble qu’elle a elle-même initié. La magie n’est pas responsable des tourments qui ont été les leurs. Arabella est la fautive, ainsi que le sire de Brunante. Ne me méprisez pas pour la Saison qui m’a réclamée et pour l’apprentissage qui a été le mien. Si… si, il y a plus d’un an, lors de Mabon, j’avais su vous impressionner… peut-être serais-je même à votre service ? » Tu es partie d’Outrevent suite à l’équinoxe d’automne, jeune Compagne décidée, et tu ne regrettes pas, malgré tout ce qui t’attire encore sur les terres de l’Honneur. Tu souris, à l’idée d’être au service d’un noble outreventois, comme mage et non comme Compagne, encore plus à celle d’être à la cour d’Outrevent. Tu n’as pas essayé, non, de compétitionner lors  des célébrations de la magie de l’Automne. « C’est une idée loin d’être déplaisante, je vous l’avoue. » Maligne et enjôleuse conclusion.
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptySam 31 Déc 2016 - 17:25

Elle est déroutante, la fille déchue du Noroît. J’aurais bien envie de lui préciser, qu’effectivement, elle ferait mieux de m’épargner ses attentions... Sauf que ses paroles m’intriguent. « Non, en effet. Et quel est-il, je vous prie ? » La question est innocente, même si je ne doute pas à ce qu’elle cherchait à ce que je la pose. Pourquoi l’évoquer à demi-mots, sinon ? J’ai l’impression de tomber doucement dans un piège qu’elle me tend, et peut-être serait-il temps de rompre maintenant ces échanges. Après tout, je ne vois pas d’autres raisons à cette entrevue, et ces prières murmurées, qu’une basse vengeance envers les terres qui l’ont vu naître. Des terres qu’elle a décidé de renier quoi qu’elle en dise. Malgré toutes ces paroles persiflées, et ce soulagement qui m’étreint à savoir une autre Ensorceleuse loin de mes terres, je n’ai jamais cherché à provoquer son départ.

Nous reprenons notre marche, plus silencieuse. Le regard sévère de mon père est bientôt derrière moi, et nous passons devant celui, plus fougueux, de Lisbeth, avant que ces visages familiers ne s’estompent pour ceux de mes ancêtres. Ces figures du passé, qui ne sont bien que ces peintures retranscrites et ces pages noircies de récits, mais dont l’occasion ne m’a pas été laissé de les connaître. Des figures froides, surtout en comparaison de la peau douce et chaude de Maelenn que je sens sous mes doigts, filtrer à travers le tissu. J’ai à peine conscience que ma main s’évade sous le renfort des tissus, pour suivre ses courbes. Je recueille ce frisson, qui accueille ce contact un rien osé, comme une invitation muette à poursuivre. Je m’arrête à nouveau, quand ce léger trouble naît en mon esprit, mais aussi dans le sien semble-t-il... Je ne manque pas de surprendre ses joues roses, tandis qu’elle poursuit notre discussion comme si de rien n’était. Qu’importe, après tout. Je n’ai pas envie de me détacher d’elle, même si cette main à son dos introduit une proximité plutôt inconvenante quand je me retourne vers elle pour lui faire face.

- C’est pourtant vous qui avez décidé d’orienter votre apprentissage vers cette magie... Celle même qui a provoqué notre perte. Pourquoi ce choix ?

Difficile de conserver mes esprits, dans cette position... Et si je pourrais craindre quelques manipulations, sa propre confusion a tendance à me prouver l’inverse, tout comme ses paroles, qui ne peuvent pas être seulement empruntées. Est-elle réellement affectée, touchée par ces meurtres atroces, qui m’ont privé de ma famille ? Je suis surpris de ce qu’elle avance ensuite, timidement. Qu’elle cherche à s’attirer mes faveurs ne m’aurait pas étonné, mais m’impressionner... Vraiment ?

- Dois-je en conclure que vous êtes là pour rattraper le retard, et « m’impressionner » ? C’est flatteur.

Je secoue lentement la tête, nullement dupe. Un léger soupir vient filtrer mes lèvres, alors que je reprends avec sérieux :

- Maelenn... Je ne cherche pas à engager à mon service des mages spécialisés dans la subjugation. Je n’ai aucune garantie qu’ils ne se retourneraient pas contre moi, tout comme il fut le cas pour mon père. Si vous aviez choisi un autre domaine de prédilection, c’aurait pu être envisageable... Ce qui me laisse croire que vous êtes vous-mêmes aux prises avec vos propres illusions, si vous ne jouez pas un rôle actuellement. Vous saviez très bien ce que vous faisiez, et avez cherché sciemment à vous éloigner de la Cour d’Outrevent, et des opportunités que j’aurais pu vous offrir, en faisant les choix qui sont vôtres. Vous avez fait en sorte de vous échapper, de ne pas avoir à vous retourner... Ce n’est pas moi qui vous ai fermé ses portes en premier lieu, mais seulement vous-même.
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyJeu 5 Jan 2017 - 6:01

Elle laisse le mystère planer, lorsqu’il lui demande innocemment à quels dieux elle peut bien vouer ses prières, laisse son imagination courir de possibilité en possibilité, sans jamais rien confirmer. Elle est fort aise, la mage, que le duc ne retire pas sa main de sa peau, même alors que la magie se retire, lui laissant le plein contrôle. Il est si facile d’obtenir ce qu’elle désire, presque sans se forcer, mais ce n’est pas aussi gratifiant. Aussi agréable. Liam se retourne vers elle, la proximité entre eux se fait plus vive, autant que son trouble. « C’est pourtant vous qui avez décidé d’orienter votre apprentissage vers cette magie... Celle même qui a provoqué notre perte. Pourquoi ce choix ? Nous ne savions pas encore qu’Arabella était mage de séduction, Votre Grâce. » Une douce précision, qui ne révèle pas les raisons de son choix. Qui permet uniquement de nuancer les actes de l’usurpatrice du trône outreventois, qui permet de la distancer de sa propre magie, de ses capacités.

« Dois-je en conclure que vous êtes là pour rattraper le retard, et "m’impressionner" ? C’est flatteur. » Ce commentaire lui plaît-il ? Elle n’en sait rien, mais elle ne peut rien répliquer, rien préciser, cette fois. L’homme déjà enchaîne, avec un sérieux mortifiant qui fait monter, au fur et à mesure, le rouge sur ses joues : « Maelenn... Je ne cherche pas à engager à mon service des mages spécialisés dans la subjugation. Je n’ai aucune garantie qu’ils ne se retourneraient pas contre moi, tout comme il fut le cas pour mon père. Si vous aviez choisi un autre domaine de prédilection, c’aurait pu être envisageable... Ce qui me laisse croire que vous êtes vous-mêmes aux prises avec vos propres illusions, si vous ne jouez pas un rôle actuellement. Vous saviez très bien ce que vous faisiez, et avez cherché sciemment à vous éloigner de la Cour d’Outrevent, et des opportunités que j’aurais pu vous offrir, en faisant les choix qui sont vôtres. Vous avez fait en sorte de vous échapper, de ne pas avoir à vous retourner... Ce n’est pas moi qui vous ai fermé ses portes en premier lieu, mais seulement vous-même. »

Elle voudrait hurler. Elle voudrait le gifler. Par Aura, elle voudrait bien le forcer è s’étrangler lui-même, sans qu’il s’y oppose, de dire de pareilles bêtises ! Le rouge de son visage a laissé place à une blancheur spectrale, ses taches de rousseur formant mille constellations sur ses joues et ses épaules. Elle voudrait hurler, mais elle ne peut pas. Elle est une dame, Maelenn, pas une poissonnière engueulant un client mal embouché. Elle est une Compagne, pas une catin de Sombreciel aussi émotive qu’invivable.
La dame ne s’éloigne pas, non, elle ne se dégage pas de cette masculine poigne qui la retient avec douceur. Elle s’y cale même un peu mieux et de sa sinueuse magie, fait se resserrer la main doucement sur sa chair, pour mieux mimer la tentative de fuir… et celle de Liam de la retenir.
« Mes choix ont été fait en regard d’événements dont vous ne savez rien et certainement pas afin d’obtenir vos faveurs, tranche une Maelenn fulminante de colère, malgré le calme difficilement maintenu de sa voix. Dans le gris de ses yeux s’avance un orage. J’étais heureuse que vous chassiez Arabella, Votre Grâce, et je l’étais encore plus de vous rencontrer, alors que j’étais votre sujette. Imaginez-vous ? Je vous… je vous idolâtrais. Mirta me garde, je pensais même être amoureuse. » Elle laisse échapper un rire sans joie, désabusé. Elle détourne le regard et elle ne joue pas la gêne qui la prend, les couleurs qui reviennent à son visage. Outre dans les lettres destinées à sa sœur et jamais envoyées, elle n’a jamais mentionné ce penchant adolescent qui résonne encore en elle. Toujours en suspends. Inachevé. « Vous m’avez traitée comme on traite une pestiférée. Je n’étais certes pas de la haute noblesse dont vous et vos proches pouvez vous réclamer, mais rien qui mérite ce dédain. J’ai bien compris, lorsqu’on vous a parlé de ma magie, de ma musique, ce qui vous repoussait tant. »

Elle a été blessée. À jamais. Parce que si elle voulait que ses parents la haïssent, que leur nom elle salisse, elle ne voulait tout de même pas que Liam la déteste. Il était son duc, après tout.

Prudemment, comme on approche un animal méfiant, elle lève sa main et vient effleurer la joue du duc d’Outrevent. Son audace la surprend elle-même. La colère est toujours présente, mais n’est plus aussi vive. La joue de Liam est chaude, sous ses doigts, le piquant de sa barbe léger. Dans ce contact, une intimité qui surpasse tout ce qu'elle a vécu, qu'importe son métier. « Je ne sais pas ce que je désire de vous, Votre Grâce. Peut-être uniquement… vous détromper à mon sujet. » Rassurez-moi, souffle la magie presque sans le vouloir, souffle son regard pâle. Rassurez-moi.
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyVen 13 Jan 2017 - 17:54

Elle ne répond pas, la mage, à se draper dans son mystère. Elle laisse libre cours à l’imagination... Certainement à dessein. Mon interrogation se meurt, sans trouver réponse, et je musèle ma propre curiosité. Je n’étais pas certain de vouloir savoir, en vérité. J’en ai d’autres, qui me viennent en tête, et qui sont autant de coups dans l’eau. A nouveau, elle se défile, à me répondre sans vraiment le faire... Jusqu’à ce que je l’accule, par une sincérité peut-être trop poignante pour elle, mais qui a toujours fait partie de moi. Je ne la ménage pas, Maelenn, et le pourpre de ses joues se fait progressivement livide. Elle garde toute sa superbe, même à se décomposer sous mes yeux. Je me demande si elle va fuir, et ne peux m’empêcher de la retenir en prévention, à la garder sous mon emprise... Ou est-ce moi qui suis sous la sienne ? Ma main se verrouille à sa taille, et nous ressemblons bientôt à deux amants pris dans une étreinte timide, quelque peu empruntée.

Mon expression reste neutre, alors que l’orage menace. Elle s’insurge, avec tellement de conviction que ses paroles ne sonnent pas entièrement vraies... Avant qu’elle ne le paraissent, à mesure, bien trop. Je la fixe, longuement, quelque peu interdit devant la sincérité de ses sentiments à mon égard. Amoureuse... Vraiment ? L’ensorceleuse ensorcelée ? L’ironie est poignante, à voir ses joues se parer de nouveau de quelques couleurs, et je comprends lentement mon erreur. Ce n’est pas moi en premier, qui me suis retrouvé pris dans ses filets, mais elle, sans même que je ne m’en rende compte. Et maintenant, qui l’était dans celui de l’autre ?

Je ne sais que répondre à pareille affirmation, et déjà mon regard s’évade, bien vite rappelé par cette main aussi douce qu’audacieuse qui effleure ma joue. Je me détends à son contact. Mes pensées s’éclairent, sous ce regard d’acier, réalisant peut-être trop tard que je suis allé trop loin avec elle. « Je suis navré, Maelenn... Je n’imaginais pas que vous nourrissiez de pareils sentiments envers moi. Je craignais que cela soit l’aura du Duc, qui vous attire, et que vous vouliez en retirer un quelconque bénéfice. » J’attrape doucement cette main exploratrice, à refermer mes doigts autour des siens. « Je me suis trompé sur votre compte, visiblement. Vous êtes bien différente d’elle. » Je lui souris, doucement. Je ne veux pas qu’elle s’en aille, ou puisse croire que je nourris le moindre grief envers elle. « Je vous ai remarqué, vous savez. Vous étiez déjà une très belle femme, à l’époque. » J’oublie le serpent qui la pare comme un avertissement muet. J’oublie sa magie dont je n’entrevois pas l’action. J’oublie tout, en dehors de cette main chaude lovée dans la mienne, de ce regard gris qui me fixe avec intensité, de la peau nue de son dos que je parcours de mes doigts sous les voiles... Et bientôt de ses lèvres tièdes contre les miennes, dans un doux baiser qui me transporte bien plus que je n’oserais l’avouer. Ma conscience s’embrase, et s’évapore... Tout en même temps. L’instant est irréel, mais le désir qui brûle dans mes entrailles, lui, est bien réel. Mon cœur qui tambourine dans ma poitrine n’est pas animé par une quelconque magie, et nourrit davantage mon trouble alors que je prends lentement conscience de ce que je suis à faire. Je viens de l’embrasser. Je m’interrompe, me crispe quelque peu... Et une lueur d’incompréhension danse dans mon regard quand il revient au sien. Je lâche, dans un souffle confus : « Je ne sais pas ce qui m’a pris. »
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyLun 16 Jan 2017 - 6:26

C’est presque trop facile. Ce l’est trop, en vérité, et la belle se retrouve un peu affolée, devant cet esprit qui s’ouvre sous à peine un murmure, ce roseau qui plie sous un simple effleurement de la main. L’homme est silencieux, mais elle ne le sent pas antipathique. Il ne chasse pas non plus sa main, mais le contact de sa joue devient presque insupportable d’intimité déplacée. « Je suis navré, Maelenn... Je n’imaginais pas que vous nourrissiez de pareils sentiments envers moi. Je craignais que cela soit l’aura du Duc, qui vous attire, et que vous vouliez en retirer un quelconque bénéfice. Je me suis trompé sur votre compte, visiblement. Vous êtes bien différente d’elle. » La main du duc vient prendre la sienne, douce, autant que le sourire qu’il lui adresse. Le sien revient, un peu hésitant, pourtant content. Rassurez-moi, a soufflé la magie ensorceleuse, subjuguant, rassurez-moi a-t-elle insisté, rempart de ces incertitudes, de ces peurs, de ces failles.

« Je vous ai remarqué, vous savez. Vous étiez déjà une très belle femme, à l’époque. » Ses lèvres s’arrondissent, dans un oh silencieux, dans un remerciement qu’elle ne peut formuler. Le regard bleu la subjugue et elle se perd autant que Liam dans ce baiser inattendu. Elle tremble et vibre, sous les mains du duc d’Outrevent, L’instant s’étire, s’éternise, et son désir monte, encore, se fait furieux, vague terrible qui désire l’emporter. L’espace d’un moment, de quelques grains de sable du sablier du Destin, ce sont ses rêves les plus fous qu’elle caresse et embrasse. Elle protesterait, même, lorsque les lèvres de l’homme se détachent des siennes avec la même douceur qu’elles s’y sont d’abord posées, dans ce même souffle passionné. L’étreinte les a encore davantage rapprochés et elle est désormais toute blottie contre lui, son autre main à son cou, sur cette nuque chaude, subitement plus raide sous ses doigts.
La confusion est double, partagée. « Je ne sais pas ce qui m’a pris. » Est-ce donc l’influence de sa magie ? Elle aimerait bien croire que non, qu’elle ne l’a pas poussé ainsi, mais l’esprit du duc d’Outrevent n’a certainement de ceux délétères, habitués, retords, de ceux qu’elle a pu précédemment influencer. Tendre, malléable, sensible. La subjugation a pourtant ses limites et de baiser, elle n’a pas demandé, elle n’a pas exigé. Doit-elle penser qu’il y a donc… une volonté, de la part de Liam ?

Le désir ne se demande pas, ne se force pas, pas de la magie qui est la sienne.

« Il n’y a aucun… aucun mal, Votre Grâce, je vous assure. » Les doux accents de sa voix se cassent, se troublent. Elle aimerait reprendre cette contenance impeccable qu’elle a appris à arborer, ce mystère que les Compagnes apprennent à cultiver, mais Maelenn se retrouve bien trop prise au dépourvu pour être autre chose qu’elle-même. Elle ne pouvait point prévoir que sa carapace serait si rapidement brisée, tout ceci par un seul homme. Par un regard, par un baiser. « Voulez-vous… que je reste à vos côtés, ce… cette nuit ? » La demande lui semble si ridiculement osée, oh, et elle en rougit considérablement ! Alors que c’est surtout elle, qui est ridicule, d’agir comme une jouvencelle. Elle a déjà partagé la couche d’un duc, par Mirta, et elle n’a certainement pas fait autant de chichis à cette idée ! La seule pensée du duc Denys, de son duc, lui paraît même indécente, en cet instant. Qui se joue de qui, désormais ? Je ne joue plus, Gavriel. Je sais. Elle sent le reproche dans la voix vexée de son Familier. Elle sent ses écailles chaudes glisser contre sa peau et descendre le long de son dos, même frôler la main du duc. La vipère atterrit sur les dalles de pierre et disparaît ensuite dans les ombres du couloir. Et encore plus qu’avant, elle se sent vulnérable. Nue, sans ce palpitant collier d’écailles, sans ce cœur battant toujours près du sien.
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyMar 24 Jan 2017 - 22:15

Son corps vibre sous mes caresses, épousant parfaitement le mien maintenant. Mon cœur palpite, mes sens sont en éveil, et ce regard d’acier qui ne me quitte pas, cette main qui me retient à ma nuque... C’est une folie. Une douce folie. J’ai l’impression de me noyer. Cette confusion qu’elle me renvoie en parfait miroir de la mienne me rassure quelque peu. Je ne suis pas le seul, qui craint de perdre pied. L’Ensorceleuse, elle-même, aussi... Ou peut-elle le simuler ? Je ne sais plus ce qui est réel ou non. Je crains que ma volonté m’échappe, mais n’est-ce pas ce qui arrive toujours, dans l’étreinte de deux corps, même quand la magie y est étrangère ? Je ne sais plus. Je ne sais quoi penser.

Ses paroles me sortent de ma torpeur. Mon regard revient soudainement au sien, à la scruter, pour y desceller une vérité que j’aimerais posséder. Sa voix se brise, dans un accent qui l’interprète à merveille. Est-elle capable de simuler à ce point ? Non... Cela ne colle pas. Cela ne ressemble pas à ce masque qu’elle revêtait, l’instant précédent, avant que je m’adoucisse, que je me détende... Pourquoi l’ai-je fait ? Je devrais me méfier de ce serpent, qu’elle pare pourtant comme une évidence. Ai-je déjà perdu la raison ?

Je respire vite, un peu trop, sans savoir si c’est imputable à mes craintes ou à ce baiser que nous venons d’échanger... Elle est magnifique, c’est vrai. Je n’ai rien dit que je ne pensais pas, mais j’ai dit bon nombre de choses que je n’aurais pas cru dire en temps normal. J’ai quitté ma réserve habituelle, et j’en constate le résultat. Sa proposition, si audacieuse, et pourtant si timidement amenée, ne m’aide pas à diminuer mon trouble. Les écailles, eux, qui me frôlent, le font. Comme un aveu, une promesse, un égarement. Son Familier s’éloigne, et laisse son cou gracile dévoilé, comme une gorge offerte. Ma main remonte pour l’entourer, l’épouser parfaitement, et s’égare ensuite sur cette joue qui se pare de couleurs inédites. Je ne sais plus ce qui est réel, si un envoûtement est à l’œuvre... Mais si c’est le cas, elle aussi, le subit autant que moi.

« Maelenn... » Ma voix est grave, chaude. « Je voudrais avant tout savoir une chose... » J’avale ma salive, redoutant la réponse. « Avez-vous usée de votre magie sur moi, à un quelconque moment donné ? » Je ne lui réclame rien d’autres que la sincérité, sans savoir si sa réponse le sera réellement. Je veux croire en mes propres paroles, oui. Je veux croire qu’elle est différente, et que si nous sombrons, nous le ferons à deux. « Si vous restez, je ne veux pas de faux-semblants. Pas avec moi. »
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyJeu 26 Jan 2017 - 1:23

Il ne refuse pas, le fier duc, et pourtant, comme son silence est long. Comme sa réponse tarde à venir, étirant l’attente jusqu’à la rendre douloureuse. Elle s’attend à être repoussée, Maelenn, et elle ne pourrait certainement pas s’opposer à la décision du duc Liam, s’il venait à refuser sa compagnie pour la nuit. Sa proposition n’a rien de la modestie qu’on a enseigné aux deux filles du Noroît, non, rien de cette place qu’on lui a inculqué à conserver et qu’elle outrepasse le front haut. Pourtant, rien de la Compagne non plus, à cet instant, bien que son audace en soit certainement tributaire.

Au vide laissé par Gavriel sur sa gorge se substitue la main de l’homme. « Maelenn... Je voudrais avant tout savoir une chose... » Elle se fait toute ouïe, vibrant à chaque inclinaison de la voix grave et hésitante. « Avez-vous usée de votre magie sur moi, à un quelconque moment donné ? » Oh. « Si vous restez, je ne veux pas de faux-semblants. Pas avec moi. »
Que doit-elle lui répondre ?
Elle en a usé, oui, mais pas gravement. Uniquement pour favoriser quelques gestes, pour accentuer quelques inclinaisons, pour satisfaire son égo sans savoir que l’esprit subjugué du duc serait bien plus sensible que prévu à sa magie. Maelenn n’a pas honte de ce qu’elle a fait, ni de sa magie, mais sous le regard inquisiteur du duc Liam... tout semble changer. Son esprit tente de sonder celui de son Familier, mais celui-ci reste définitivement silencieux, hermétique à toute demande d’aide concernant sa relation avec Liam d’Outrevent.

Doux Levor. Pardonne-lui cette infidélité, alors qu’à un de tes plus fidèles protégés, elle ment sans ciller, sans faiblir, lui servant rien de mieux qu’une demi-vérité : « Uniquement pour que vous me regardiez. » Alors que d’une vibrante note de sa harpe, elle a attiré son attention et son regard. Que cette note qui résonne dans son esprit, dissimulant ce qu’elle ne veut pas lui révéler. Ce qu’il ne sait pas ne peut pas le blesser, n’est-ce pas ? Puis, c’est si… si peu important. Son visage affiche une expression des plus sincères et la passion prenant le pas sur la timidité, elle ose rendre à Liam son précédent baiser. Contre ses lèvres, sous son souffle chaud et court, elle murmure : « Je suis à vous… Liam. » Une nuit, une seule, pour s’abandonner. Comme un dernier adieu à ces terres, un livre qui se refermera sur tout ce qu’elle a espéré, tout ce qu’elle a rêvé, incarné dans toute la noble personne de ce duc qui n’est plus le sien, de cet homme dont elle a tant voulu le respect et bien plus encore.
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyDim 29 Jan 2017 - 0:28

Elle prend le temps de la réflexion, la mage, avant de daigner me répondre. Et plus l’attente s’étire, plus mes craintes se matérialisent... Jusqu’à ce que le verdict tombe. Elle a bien usé de sa magie sans moi, pour attirer mon attention. Je me souviens bien de ce son d’harpe, qui a retentit derrière moi, alors que j’escomptais me dérober dans la foule de nobles pour regagner mes appartements. Non, en effet, en temps normal... Je ne me serais pas retourné. Ne le réaliser que maintenant, à la lumière de ses explications, à quelque chose de fortement dérangeant. Je ne me suis vraiment rendu compte de rien, et ne pourrait pas certifier qu’elle n’a pas reproduit la manœuvre à un autre moment donné. Pourtant, ses doigts n’ont pas parcouru cette harpe, et ses yeux... Difficile de lui blâmer d’être aussi charmante, désirable. C’est une Compagne, a-t-elle vraiment besoin de subjuguer les esprits pour les attirer dans ses filets ?

Le doute persiste, dans ce silence qui s’étire à nouveau. Elle m’a répondu, en toute honnêteté. Elle semble si timide et hésitante, face à moi, à son assurance se substituant une candeur juvénile pourtant mêlée d’audace. Elle met fin au fil de mes pensées, d’un nouveau baiser brûlant à mes lèvres. J’y réponds, avec un désir grandissant, puis elle murmure ses mots dans un souffle, qui font céder les derrières barrières de mon esprit, magie ou non. « Je vous crois, Maelenn. » Je ne devrais peut-être pas. Non, je ne devrais pas... Mais il est si aisé, de s’oublier. C’est moi qui ai initié les hostilités, à glisser cette main à son dos, sur sa peau... Et venir m’emparer de ses lèvres.

Les festivités touchaient déjà à leurs fins, quand nous nous sommes éclipsés, sur les dernières notes de sa harpe. Personne ne se formalisera de mon absence, qui est devenue comme une habitude. Les couloirs sont vides de présence - une chance - alors que je l’entraîne à ma suite en direction de mes appartements. Je n’ai cependant pas l’esprit assez clair pour me préoccuper de si nous sommes vus, empressés de reprendre là où nous nous étions arrêtés.

Je l’attire d’une main contre le mur, une fois à l’intérieur, repoussant de l’autre la lourde porte qui verrouille les lieux. Je reprends mes baisers, qui se font plus fiévreux, à ses lèvres, à son cou. Mes mains se font plus entreprenantes, à passer le renfort des voiles. Je me laisse transporter par l’instant, alors que les souffles commencent à se faire erratiques. Je m’arrête, pour ancrer à nouveau mon regard en le sien. Plus tard, les regrets. Pour le moment, je veux profiter pleinement d’elle, jusqu’au cœur de la nuit.
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyDim 29 Jan 2017 - 22:40

Son hésitation a été longue et elle craint que sa prudente réflexion ait joué contre elle. Que l’homme la repoussera, après ce dernier baiser brûlant, dame sans conscience qu’elle est à mentir au visage même du duc de l’Honneur. Tout ce qu’elle mérite, probablement. Et contre sa bouche, le verdict vient, dans un souffle chaud : « Je vous crois, Maelenn. » Soulagement. Il la croit. Il la croit et cette confiance scelle la nuit.
Ils s’enfuient dans les couloirs de la forteresse ducale, Maelenn accrochée à la main de Liam et ne retenant pas un éclat de rire amusé. Au détour de leur chemin, elle croise le regard surpris de gardes en poste, mais personne pour les arrêter, ni pour s’opposer, alors qu’ils rejoignent enfin les appartements du duc.

La ferveur de Liam est surprenante et la Compagne est ravie de découvrir un homme si passionné et empressé sous ce masque de distance, sous ces manières mesurées et polies. Chaque baiser est rendu avec la même intensité, chaque caresse la fait se tendre, en attente de plus encore. Ses doigts habitués vont et défont les attaches du pourpoint, de la chemise, rencontrant enfin la peau aussi chaude que le mur est froid, contre son dos nu. Leurs regards s’accrochent, se soutiennent, et d’un infime mouvement de tête, elle enjoint Liam à poursuivre. À la départir de ces voiles lagrans qui lentement se défont et glissent jusqu’à ses pieds, à l’emporter dans ces plaisirs boudés en Outrevent, pour autant qu’ils sont délicieux.

Quant à la nuit qui suit, elle est filée par le Tisserand, les fils de son ouvrage se teintant des aventures d’une fille de Mirta et des soupirs d’un fils de Levor.

Ils n’ont que très peu dormi, le duc et la Compagne, leur étreinte se faisant fiévreuse, furieuse, jusqu’à les laisser complètement épuisés. Matinale depuis toujours, elle s’éveille pourtant, blottie contre le dos de l’homme à ses côtés. Entre ses cils, ses yeux entrouverts, elle observe silencieusement les côtes qui se soulèvent à un rythme régulier, les cheveux sombres en bataille, la nuque vulnérable, les marques discrètes de ses ongles sur les omoplates et les reins. Cette vue lui arrache un sourire endormi. Elle sent encore les mains de Liam sur elle, ses lèvres, sa langue, chaque parcelle de sa peau contre la sienne, et son pâle épiderme est encore marbré du rouge de sa barbe, de ses doigts, de ses dents. Maelenn effleure les marques rosées, fantômes de l’amour passé, puis se lève discrètement de la chaude couche et s’enroule dans un plaid traînant au pied du lit. Se parant des couleurs des Marches d’Argent, pour mieux aller contempler par la fenêtre les timides rayons du soleil épouser les courbes et les angles de Souffleciel, des contrebas de la forteresse jusqu’à la sombre mer. La vue du paysage l’apaise et dans cette contemplation religieuse, elle retrouve un peu plus de son passé. Des moments où, avec sa sœur, elles se levaient suffisamment tôt pour voir le soleil se lever et aller elles-mêmes tirer le lait du matin. Puis, elles lisaient leur musique en silence, attendant que le domaine s’éveille pour faire chanter leurs harpes et leurs voix. Comme la vie était… simple.

Un froissement de couvertures attire son attention et elle tourne la tête vers le lit, où Liam fixe sur elle son regard bleu et impénétrable. Leurs regards se confrontent et Maelenn y lit… elle ne sait pas quoi, non. Elle ne veut pas user de sa magie afin de lire Liam. Elle ne veut pas percevoir sa déception, sa colère, son dégoût, ses regrets. Elle veut uniquement conserver les souvenirs heureux de cette nuit. Celui de sa voix invoquant son nom, encore et encore, comme une prière, autant qu’elle a pu le supplier, le louer, le désirer. Alors son visage s’ourle simplement d’un sourire paisible. « Pardonnez-moi d’avoir troublé votre sommeil », dit-elle à voix basse. Ses courbatures la ravissent, alors qu’elle s’étire et revient au lit, laissant tomber le tartan pour retrouver une fière nudité. La chambre est fraîche, ce matin, et c’est en frissonnant qu’elle revient se coller contre l’Outreventois à la figure grave. « Comptez sur ma discrétion, Liam. Je ne veux pas vous nuire, d’aucune façon. » Ternir son image n’est pas dans ses plans, surtout pas alors qu’il lui a accordé sa confiance… bien malgré lui. Bien malgré les mensonges.
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Je suis : Duc d'Outrevent, Seigneur des Marches d'Argent

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J'ai fait allégeance à : L'Empereur Gustave de Faërie
Mes autres visages: Maelys Aigrépine, Tyr Parle-d'Or
Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyMar 7 Fév 2017 - 13:34

Les faibles rayons du soleil lèvent le voile sur cette nuit agitée, non par mes réveils brusques et mes escapades, mais dans la grâce et la volupté de l’Ardente. Elle me prive doucement de sa chaleur contre mon dos, à s’enfuir de sous les draps. Notre étreinte charnelle aura duré jusqu’au cœur de la nuit, si bien que j’ai dormi du sommeil du juste, comme rarement ce fut le cas ces dernières années. Je m’éveille avec difficulté, bien moins aux aguets que je ne le devrais, à surprendre les premières lueurs de l’aurore qui auraient dû me sortir de ma léthargie bien plus tôt… Et surtout cette silhouette féminine qui en dessine une ombre aux courbes gracieuses. Maelenn.

Le réveil est aussi rude que la nuit fut douce. Je me suis oublié, à inviter le serpent de ma couche. Je la fixe, avec ce ressentiment naissant. Me contenterais-je de suivre les pas de mon père, de reproduire les mêmes erreurs qui le mènent à sa chute ? Car oui, cette nuit d’abandon est une erreur, et je ne suis même pas certain qu’elle ait usé d’artifices pour parvenir à cette finalité. Ou peut-être uniquement pour que la vérité éclate au grand jour ? J’avais envie d’elle, oui, et par Mirta ! Elle n’est pas Compagne pour rien. L’Outreventoise est sincère dans ses sentiments, peut-être plus que je ne le suis, ce qui n’a alimenté que davantage l’essence de cette danse, à la rendre plus spontanée, plus… Véritable. Les souvenirs de cette nuit se superposent et s’opposent à mes propres doutes, nourrissant mes propres tourments. Je roule sur le dos et me passe une main sur le visage, à inspirer un bon coup. Mon regard s’attarde à nouveau sur elle, alors qu’elle s’est retournée pour me faire face. Je reste de marbre, à ne rien laisser transparaître, et elle me renvoie finalement ce sourire paisible, comme si tout était… Simple. Limpide.

Elle revient se lover sous les couvertures, et bientôt, je sens à nouveau sa peau douce et chaude contre la mienne. Mon esprit reste embrumé, mais mes sens sont bien vite en éveil, à retrouver ce corps qu’ils ont eu plaisir à découvrir. Je me retourne vers elle, à l’étreindre doucement, comme si je pouvais à nouveau tout oublier. Mes obligations que me rappellent l’astre, et tout ce qu’elle représente. Je redoute cette attraction presque autant que je la chéris, à repousser quelques mèches sombres de son visage pour mieux la détailler. J’écoute ces quelques mots qui filtrent dans l’intimité. Me nuire ? Je crois lire la sincérité dans ce regard, sans en être pourtant convaincu. Je ne le serais jamais, toujours à me demander quand elle use de quelques artifices pour faire plier ma volonté, ou si elle m’appartient encore. Ma main redescend lentement sur ce regard pénétrant, pour le voiler, le temps d’un baiser volé, le temps d’un adieu certainement, sans aucuns faux-semblants. Je la retire, en même temps que je me redresse pour quitter le renfort des draps, à faire face à la lumière. Le silence s’étire, sans que je ne lui offre de réponse, ne me décidant qu’après une longue minute à le rompre. « Vous allez repartir en Lagrance, après la Samhain, je présume ? » Quelle importance, au fond… Qu’elle reste ou qu’elle parte ? Je ne compte pas la revoir. Je me penche sur le côté, pour retrouver son regard, à reposer un coude contre ma couche. « Je me dois d’être sincère avec vous, puisque vous l’avez été avec moi, Maelenn. Vous fréquentez était un risque inconsidéré. Je ne compte pas que cela se reproduise. Vous avez des charmes indéniables, et cette nuit était mémorable… Mais mon peuple a déjà vécu dans la crainte, et je sais que vous le comprenez. » Je me lève ensuite, pour m’apprêter, sans néanmoins me départir de mes bonnes manières. « Avez-vous besoin de quoique ce soit, Maelenn ? Je peux vous les faire apporter. »
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Message Sujet: Re: Une chasseuse et sa proie   Une chasseuse et sa proie EmptyMer 8 Fév 2017 - 6:37

Maelenn se love au cœur de ses bras chauds avec plaisir, pour quelques derniers instants de sérénité. Pour écouter les battements de son cœur, humer cette odeur masculine qui durera tout le jour durant jusque sur sa peau et dans ses cheveux, prolonger un peu ce qui lui semblait impossible. Si c’est une illusion, elle est aussi douce que délicieuse. La main sur ses yeux lui cache le regard pénétrant de Liam et dans la nuit factice générée par cette paume, elle se plaît à l’embrasser pour une dernière fois. Ils le savent tous les deux, que ça ne se reproduira plus. « Vous allez repartir en Lagrance, après la Samhain, je présume ? » Sa tête se penche un peu, alors que le silence se fait sa réponse. Oui, elle repartira. Sa vie est en Lagrance, maintenant, et chaque excursion en Outrevent le lui rappelle avec toujours plus d’acuité. Elle n’a plus sa place dans ce duché.

« Je me dois d’être sincère avec vous, puisque vous l’avez été avec moi, Maelenn. Vous fréquentez était un risque inconsidéré. Je ne compte pas que cela se reproduise. Vous avez des charmes indéniables, et cette nuit était mémorable… Mais mon peuple a déjà vécu dans la crainte, et je sais que vous le comprenez. » Bien sûr qu’elle comprend. Elle a été de ce peuple qui ne comprenait pas les agissements de son duc, qui a craint pour sa princesse et son prince, qui a pleuré son duc injustement assassiné pour les ambitions d’une ensorceleuse. Elle comprend aussi qu’elle n’est pas cette femme, mais que tout effort qu’elle puisse faire afin de dédouaner sa nature aux yeux de Liam sera vain. Il restera toujours cette méfiance, derrière ce regard de glace. « Je comprends », qu’elle acquiesce dans un murmure. Son regard clair suit le duc, alors qu’il se lève du lit pour s’habiller et se dérober, se drapant dans tout ce qu’il a laissé tomber, pour une nuit.
« Avez-vous besoin de quoique ce soit, Maelenn ? Je peux vous les faire apporter. » Et elle hésite, encore. À user de sa magie, afin de garder l’homme auprès d’elle et qu’encore un peu, il oublie cette prudence et rejette ces hésitations. Mais elle est raisonnable, Maelenn, aussi bien élevée, et elle secoue légèrement la tête, sans perdre son sourire. « Merci de votre sollicitude, Liam, mais je n’ai besoin de rien. » Elle n’a surtout pas besoin des regards chargés de mépris que posera la domesticité sur elle, des murmures qui suivront sa seule vue. Depuis son départ pour Lagrance, elle a appris à reconnaître et repérer les défauts des Outreventois et elle sait bien qu’ils peuvent se faire encore plus médisants que tous les autres.

Sirène charmeuse et délaissée, alanguie entre ses draps, elle n’a plus rien à dire. Plus rien à voir, alors que la chair se voile et que la carapace se referme, la laissant à l’extérieur. Lorsqu’il quitte, sur un dernier regard qui en dit bien plus que les mots, elle ne veut pas encore se lever. Elle veut rester là jusqu’à ce que toute sa chaleur se soit dissipée, jusqu’à ce que Valda lève le voile sur les heures passées. Il faut bien, pourtant, qu’elle se résigne. Maelenn reprend le tartan abandonné plus tôt au sol et capte son image dans une glace, alors qu’elle le drape autour de ses épaules. La mage admire le tranchant des couleurs contre sa peau pâle, ses taches de rousseur qui déjà s’estompent alors que les beaux jours se font de plus en plus courts, et adresse à son reflet un sourire arrogant. Il ne chasse pas la tristesse de son regard, mais il sait s’accorder à son corps fourbu, ravi, et à cette vision, fugace, de se voir elle porter ces couleurs ducales qui ne seront jamais les siennes.
Dans la chambre froide, la jeune femme se fait curieuse, fouineuse, observant les tapisseries et chaque objet laissé à sa vue. Elle va jusqu’à ouvrir un des tiroirs d’une commode de la chambre, sans savoir ce qu’elle espère y trouver. Plusieurs broches y sont rangées, chacune sur un coussin de velours ou de soie, gravées des différents symboles d’Outrevent. Ses doigts effleurent les bijoux, qui, elle le devine, servent à retenir les kilts et les tartans du duc. Des plus simples aux plus ouvragées, arborant feuille d'érable et abeille, dans un admirable travail. Son père en a, mais jamais aussi belles. Maelenn défait doucement l’attache de l’une d’entre elles pour mieux l’observer, les chardons d’argent se détachant du métal froid dans sa paume, et elle ne sait quelle inspiration mystérieuse la lui fait conserver, quel murmure d’Isil l’encourage à emporter avec elle ce trésor. Cachée sous ses voiles, juste contre son sein, la broche semble palpiter au même rythme que son cœur, alors qu’elle laisse en toute discrétion la chambre de Liam. Et derrière elle, que ce parfum qui saura, le temps encore d'une nuit, faire rêver un homme.
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