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 Bien le bonjour sur les pavés [Melinda]

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Melbren de Séverac
Melbren de Séverac

Messages : 5419
J'ai : 27 ans
Je suis : inventeur, baron de Vivessence, savant en mécanique (spé. engins) et mage de l’Été non diplômé (destruction)

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J'ai fait allégeance à : Castiel de Sombreflamme, sa famille et Sombreciel
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Message Sujet: Bien le bonjour sur les pavés [Melinda]   Bien le bonjour sur les pavés [Melinda] EmptyJeu 13 Juil 2017 - 8:04


Livre II, Chapitre 4 • De Glace et de Sang
Melinda Orlemiel & Melbren de Séverac

Bien le bonjour sur les pavés

Rencontre fortuite en haute Ville


 
• Date : 28 juin 1002
• Météo : Ensoleillé avec un petit vent frais matinal
• Statut du RP : Privé
• Résumé : Melbren est en route pour son rendez-vous avec Alice Libelle ; il doit pour cela rejoindre un mage des portails. Sur le chemin, il percute une jeune femme, Melinda, suite à un moment d'inattention.
• Recensement :
Code:
• [b]28 juin :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t2419-bien-le-bonjour-sur-les-paves-melinda]Bien le bonjour sur les pavés[/url] - [i]Melinda Orlemiel & Melbren de Séverac[/i]
Melbren est en route pour son rendez-vous avec Alice Libelle ; il doit pour cela rejoindre un mage des portails. Sur le chemin, il percute une jeune femme, Melinda, suite à un moment d'inattention.
 
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Message Sujet: Re: Bien le bonjour sur les pavés [Melinda]   Bien le bonjour sur les pavés [Melinda] EmptyJeu 13 Juil 2017 - 8:07

Tu bailles à t'en décrocher la mâchoire. Tu n'as pas envie de sortir du lit. Cela t'arrive plus fréquemment ces temps-ci, tu l'as remarqué. Tu en connais la raison, mais tu ne peux y faire grand-chose. Un claquement de doigts ne permettra pas de régler le conflit qui déchire Arven depuis plusieurs mois. Tu dois t'y faire : tu ne rentreras pas en Sombreciel de sitôt. Tu dois te contenter des lettres et quelques visites. Il y a notamment eu la naissance de bébé Meldred et l'interlude durant la réalité altérée, mais le Destin semblait avoir décidé qu'un bonheur était forcément contrebalancé par un malheur. Dans tous les cas, tu as hâte de les retrouver tous : ta famille, tes amis, ta grifonne, ton domaine, ton duché.
Tu soupires, fermes les yeux mais te forces instantanément à les rouvrir. Il est hors de question que tu te laisses aller ne serait-ce qu'un jour. Si ton insouciance habituelle te fait défaut ce matin, tu la forceras à pointer le bout de son nez. Il le faut. Tu n'aimes pas être ainsi : un peu morose, trop nonchalant, définitivement bien trop caché dans les jupons de Uld car il est facile de se trouver des excuses quand on est celui qui est en sécurité à Lorgol, maîtresse des Territoires Libres.

Tu en es à ordonner à ton corps de se mouvoir quand : Quand il aura fini de se lamenter, Môsieur daignera-t-il se lever ? Il a rendez-vous avec Mademoiselle Libelle dans la matinée, au cas où il l'aurait oublié. Impossible de faire fi du sarcasme dans les paroles de Lichen, ton Familier. « Gnagnagna… » Réponse éloquente et mature. Tu le sens soupirer de cette lassitude teintée d'une certaine affection. Gamin. Tu passes une main sur ton visage, un léger sourire aux lèvres. « C'est bien pour ça que nous nous sommes trouvés, mon cher. » Lichen t'envoie un humpf qui te fait glousser doucement. Cependant, tu t'arrêtes en plein milieu, quand il sort de nulle part et vient s'écraser sur ton ventre, sans aucune grâce ni considération. C'est pour les faibles, la grâce et la considération. Pendant ce temps-là, toi, tu reprends ton souffle, coupé sur le coup.

La journée promet.

***

Lichen a eu raison de toi. Tu as cédé, non par lassitude – tu es habitué aux jacasseries occasionnelles de Lichen –, mais parce que tu allais réellement finir par te mettre en retard, à ce rythme-là. Tu perçois le reniflement goguenard de ladite martre dans un coin de ta tête et tu choisis de l'ignorer. Tu te concentres sur ton objectif de la matinée : rejoindre l'Académie et la charmante Alice. Tu es en train de rejoindre la mage des portails auquel tu fais régulièrement appel, les quelques pièces à glisser pour le service déjà prêtes dans l'une des poches de ta sacoche.

Pourtant, le Destin semble avoir décidé que, oui, tu serais probablement en retard, après tout. Tu baisses un instant les yeux, le brillant d'un objet au sol les attirant subitement, et, lorsque tu les relèves, tu réalises que tu vas percuter quelqu'un par l'arrière. Tu n'as pas le temps de t'arrêter ou de prononcer des mots d'avertissement que tu bouscules la personne. Ton nez cogne contre l'arrière de son crâne, ce qui fait apparaître des étoiles devant tes yeux durant un instant. « Ow. Par Anzaplasthe. » Tu couvres la partie douloureuse avec tes mains par réflexe. « Je vous prie de m'excuser, tu déglutis, je n'étais pas attentif. » La douleur remonte par pulsation dans le nez ; c'est là une sensation très désagréable qui accapare toutes tes pensées l'espace d'un instant ; tu n'as pas encore eu le réflexe de regarder la personne que tu viens de déranger.
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Message Sujet: Re: Bien le bonjour sur les pavés [Melinda]   Bien le bonjour sur les pavés [Melinda] EmptyLun 17 Juil 2017 - 0:19

Outrevent me manquait cruellement.

Ce fut la conclusion à laquelle je parvins lorsque je franchis la porte de la Taverne de la Rose pour me jeter dans les rues de Lorgol. C’était une de ces tristes journées où tout se teintait d’un aspect mélancolique. En m’habillant, ce matin, avant de nouer mes cheveux avec le ruban bleu que ma cousine m’avait offert, j’avais eu un coup de cœur devant les superbes libellules qui voletaient sur ma robe beige, si bien que je n’avais pas pensé une seule seconde, comme l’était devenue mon habitude au cours des dernières semaines, à maudire le mage qui avait enchanté mes vêtements. Petite, j’aimais admirer ces élégantes créatures et leurs ailes diaphanes. Elles en venaient presque, à l’époque, à concurrencer les abeilles. Dans la ville aux Mille Tours, leur présence était bien plus rare. Pourtant, il n’y avait rien de tel que les observer durant des heures pour apaiser un cœur meurtri et des pensées tempétueuses. Plus tard, quand je m’étais occupée de mes abeilles, je n’avais pu empêcher les larmes de me monter aux yeux tant l’idée de m’activer aux côtés de mes parents me paraissait lointaine et enviable. Outrevent, ma famille, les quelques connaissances que j’avais là-bas, l’environnement, tout cela me manquait.

J’avais pensé que prendre l’air m’aiderait à retrouver un état d’esprit plus positif – la mélancolie ne m’était pas vraiment familière – mais je me trompais lourdement. Je ne pus que remarquer à nouveau combien l’air de Lorgol était différent de celui d’Outrevent. Le vent ne chantait pas de la même façon. Il paraissait enfermé entre les rues, prisonnier des murs des bâtiments, ses gémissements étouffés par la rumeur incessante de la ville. Je poussai un profond soupir, secouant la tête pour chasser définitivement ces pensées sombres, et l’état d’esprit qui les accompagnait. J’étais sur le point d’y parvenir, dénombrant tout ce qui était formidable dans la ville aux Mille Tours, lorsque mes pensées dérivèrent brutalement vers Ciara, ma fille, que j’avais été obligée de laisser dans cette autre réalité pour regagner celle-ci. Verrait-elle jamais mon duché ? Je me le demandais. La Melinda de l’autre réalité, après tout, était élève à l’Académie. Garderait-elle seulement notre fille à ses côtés ? Ou préférerait-elle s’en débarrasser ? Cette seule idée me fit frissonner.

Mes pas me portèrent vers la ville haute. Croiserai-je de nouveau ce chevaucheur que j’avais volé ? J’eus un sourire amusé. Sans doute pas. Il devait être quelque part à la frontière, en train de lutter contre Ibélène. Je fronçai les sourcils. Foutue guerre. J’avais pas mal d’amis ibéens, d’amis que je ne reverrais peut-être jamais. Voilà bien un inconvénient que la Melinda de l’autre réalité n’avait pas à subir. Il n’y avait pas de guerres, à son époque, m’avait dit Raygnar. Certes, elle avait sans doute à composer avec d’autres ennuis – comme le fait d’élever un enfant, en tant que femme célibataire – mais elle vivait dans un monde où Ibélène et Faërie étaient en paix. Elle aurait pu se rendre à Ysgramor, aux côtés de son époux, si elle avait choisi d’épouser le noble kyréen – et si elle avait accepté sans broncher d’être la cible des violences de son fils.

Je soupirai de nouveau. Peut-être avais-je simplement la nostalgie de ce temps où j’étais encore jeune, ce temps où tout était simple et où tout me paraissait beau. J’avais bien grandi depuis cette époque. J’avais perdu certaines de mes illusions, certaines qu’il me fallait perdre, d’autres qui me manquaient un peu, d’autres dont l’absence m’était réellement douloureuse. J’ignorais si je préférais celle que j’étais devenue, ou celle que j’avais peu à peu abandonné depuis mon arrivée à Lorgol. Pourtant, quelque chose en moi ne voulait pas retourner en arrière, à aucun prix. Je m’étais fait de bons amis, j’avais découvert le goût si délicieux de l’indépendance, j’avais désormais ma propre ruche, et surtout, jamais je ne pourrais me permettre de revenir en arrière après avoir tenu Ciara dans mes bras, après avoir écouté ses battements de cœur tout au long d’une nuit où je ne parvenais pas à trouver le sommeil, après avoir écouté ses babillements et vu son sourire.

Je laissai mon regard s’attarder sur un des étals en bord de rue, ralentissant le pas. L’espace d’un instant, j’hésitai à acheter une des friandises au miel qu’ils proposaient. Avec un peu de chance, peut-être que cela me remonterait le moral ? Puis je me rappelai avec une grimace de dépit que le miel de Lorgol n’était pas d’une très grande qualité. Dévorer un de mes pots de miel, par contre, serait peut-être une idée productive. Néanmoins, j’étais certaine que manger du miel seule n’arrangerait pas mon état. D’abord parce que le miel ne prenait toute sa saveur que lorsqu’il était partagé, mais en plus parce que je ne pourrais probablement que me rappeler les repas en famille que nous prenions, avant que je ne parte pour Lorgol. Je m’apprêtais à repartir, lorsque quelque chose me percuta violemment dans le dos. J’accusai le choc, avançant de deux pas pour éviter de tomber en avant, et jetai un coup d’œil incendiaire à celui qui m’avait bousculée. Les libellules, sur ma robe, s’étaient égayées dans toutes les directions, comme effrayées par le choc – comme si elles pouvaient espérer un jour échapper à la barrière de tissu qui limitait leur monde, ou au sort qui les avait animées.

Celui qui m'avait percutée était un jeune homme. D’à peu près mon âge. Qui avait déjà l’air d’avoir reçu une punition suffisante pour m’avoir bousculée, au vu de la manière dont il se tenait le nez. J’étouffai tant bien que mal – plutôt mal, d’ailleurs – un sourire amusé, qui déchira aussi bien l’embryon de colère que j’aurais pu développer que la morosité qui me suivait depuis le début de la matinée. Mon esprit volage se détournait aussi vite de la mélancolie que de n’importe quelle tâche importante, s’il en trouvait le prétexte ; c’était un des nombreux avantages d’être moi. L’humeur adoucie par la criante douleur que j’avais constatée chez ce jeune homme, j’acceptai ses excuses d’un hochement de tête.

— Je crois que ce serait plutôt à moi de m’excuser, vous avez sans doute plus mal que moi, en ce moment. Voyez le bon côté des choses, peut-être que cela vous apprendra à être plus attentif !

Mes lèvres s’ourlèrent dans un sourire empli de sincère compassion.

— A vrai dire, je comprends tout à fait. J’ai moi-même plusieurs fois fait la douloureuse expérience d’un manque d’attention. Cela dit, je vais briser tous vos espoirs – si espoirs il y avait – de voir cette collision vous permettre de corriger ce défaut. Personnellement, malgré tous les déboires qui m’ont frappée parce que j’étais distraite, je n’ai jamais arrêté de l’être. Dommage pour vous, mais contrairement à ce que je vous ai dit il y a deux petites secondes, cette douleur vous sera probablement complètement inutile.

Cruel à dire, peut-être, mais sans doute vrai. Je remarquai alors qu’il avait invoqué le nom d’Anzaplasthe, et mon sourire se teinta d’amusement.

— Je vous aurais bien proposé un pansement ou un bandage, mais je n’en ai pas, et il serait tout à fait inconvenant que je vous donne un bisou, même magique. Je vais donc laisser Anzaplasthe s’occuper de vous, quand bien même, compatissant à votre situation, je voudrais vous aider.

Le germe d’une idée naquit alors dans mon esprit. J'avais déjà établi que ce ne serait pas très futé de ma part de manger un pot de miel seule et de me morfondre malgré le goût délicieux de ma propre production. En revanche, je pouvais très bien partager avec une victime de mon choix. Ce jeune homme me paraissait tout désigné. Il pouvait bien faire ça pour moi, pour se faire pardonner de m’avoir bousculée. Bien entendu, mieux valait que je présente les choses autrement, si je voulais mettre de mon côté un maximum de chances qu’il accepte ma proposition.

— Cela dit, vous avez de la chance, je connais une autre méthode pour apaiser la douleur. Je suis apicultrice, vous voyez, et quand quelque chose va mal, j’ai coutume de penser qu'il n'y a pas meilleur médicament que le miel. Je veux bien en partager un échantillon avec vous, si vous voulez.

J’avais toujours un peu de miel avec moi, au cas où je tomberais sur une situation critique telle que celle-là. Avec un peu de chance, il accepterait, et se montrerait tellement ébahi par la qualité de ma production qu’il deviendrait client régulier. La réalité brute vint toutefois rattraper ces jolis rêves et doucher mon enthousiasme.

— Enfin… sauf si vous avez quelque chose à faire, évidemment. Peut-être que vous êtes pressé d’aller quelque part ?

Et non, il était absolument hors-de-question que je demande pour l’accompagner. Bien évidemment, j’apprécierais beaucoup de ne pas rester seule avec mon humeur actuellement grisâtre et morose, mais mon bon sens me permettait de dire que ce ne serait pas une bonne idée de calquer mes pas dans les siens tout au long de la journée. D’autant plus qu’il était peut-être du genre silencieux. Mon babillage incessant ne lui plaisait peut-être guère, et même si monologuer me convenait tout autant que dialoguer, je n’avais pas envie que ma simple présence finisse par susciter son irritation. Au moins m’avait-il donné une bonne idée. Peut-être pourrais-je me trouver une autre victime dans les environs, toute prête à partager du miel avec moi.
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Message Sujet: Re: Bien le bonjour sur les pavés [Melinda]   Bien le bonjour sur les pavés [Melinda] EmptyJeu 3 Aoû 2017 - 20:24

La jeune femme ne semble pas vraiment t'en tenir vigueur. Elle s'excuse presque, alors qu'elle n'a aucune raison de le faire : tu lui es rentré dedans, tout de même. « Voyez le bon côté des choses, peut-être que cela vous apprendra à être plus attentif ! » Tu lui offres un sourire poli par réflexe : « Vous avez entièrement raison », tandis que tu tentes de masser doucement ton nez. Les élancements te préviennent que là n'est pas la meilleure idée que tu aies eue. Tu abandonnes donc et tentes de te concentrer sur votre conversation, qui est animée, si tu en crois le débit de paroles de la jeune femme. Tu penches légèrement la tête sur le côté, un sourire amusé aux lèvres, attentif. Tu en profites pour remarquer la beauté de ses traits et de sa robe, parsemée de libellules, qui satisfait hautement le plaisir de tes yeux.

En toute honnêteté, par la suite, tu te contentes d'un ou deux commentaires – « Notre cher Uld est facétieux quand il l'a décidé, en effet » –, de hochements de tête, de sourires, voire d'un petit rire à la mention du « bisou magique ». Elle enchaîne les mots à une vitesse certaine et semble avoir quantité de choses à dire. Qui es-tu pour l'en empêcher ? Il t'arrive parfois d'inonder tes proches de tes jaseries et tu leur es reconnaissant de ne jamais te les avoir reprochées. Puis, tu aimes la tonalité de sa voix, douce, un peu grave, qui donne envie qu'elle raconte mille et une histoires.

Tu t'apprêtes à rétorquer qu'elle n'a pas besoin de t'aider, que tu assumes l'entière responsabilité de cette bousculade, mais elle te coupe l'herbe sous le pied. « Vous avez de la chance, je connais une autre méthode pour apaiser la douleur. Je suis apicultrice, vous voyez, et quand quelque chose va mal, j’ai coutume de penser qu'il n'y a pas meilleur médicament que le miel. Je veux bien en partager un échantillon avec vous, si vous voulez. » Tu écarquilles légèrement les yeux sous la surprise.

C'est une proposition atypique… qui te plaît immédiatement. Un sourire naît sur ton visage alors qu'elle s'enquiert de ton emploi du temps immédiat. Tu secoues légèrement la tête pour la détromper. « J'ai un rendez-vous prévu à l'Académie tout à l'heure, mais, rassurez-vous, rien qui ne m'empêche de prendre un petit moment pour me remettre, profiter de votre compagnie et déguster un met si généreusement offert. » Lichen fait un commentaire désobligeant à ton égard, en fond, mais tu choisis de l'ignorer avec dignité.
A ta connaissance, le miel n'est produit en masse qu'en Outrevent. Peut-être cette jeune femme vient-elle de ce duché ? Ou bien a-t-elle expérimenté de son côté, sans que ses origines n'aient un lien avec son métier ? Un coup d’œil à sa parure ne te permet pas de trancher sur cette question.

Quoiqu'il en soit, tu l'invites à rejoindre l'un des bancs libres, un peu plus loin, de tes mains. « Après vous, ma demoiselle. » Tu inclines légèrement la tête et ne te mets en marche qu'une fois qu'elle l'a fait. « Je ne peux promettre de rester trop longtemps, de peur de provoquer le courroux de mon rendez-vous, mais autant profiter de cet échantillon comme il se doit : tranquillement assis. » Tu lui offres un sourire en pointant du doigt l'endroit que tu as repéré, avant d'entretenir la conversation, comme tu as appris à le faire depuis très jeune. « Seriez-vous prête à m'en dire plus concernant votre métier ? Apicultrice. Vous êtes la première que je rencontre, en toute honnêteté. » La curiosité sincère est clairement audible dans ta voix.
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Message Sujet: Re: Bien le bonjour sur les pavés [Melinda]   Bien le bonjour sur les pavés [Melinda] EmptyMer 9 Aoû 2017 - 12:46

Le pauvre jeune homme ne s’attendait probablement pas à être violemment frappé par une tornade de mots. Il paraissait un peu dépassé, et plutôt silencieux. Certes, je ne lui laissais pas beaucoup d’occasions de placer une phrase ou deux, mais il aurait pu se montrer plus participatif, peut-être. Cela dit, il était sans doute encore sous le choc – la façon dont il se tenait le nez tendait du moins vers cette hypothèse. Je pouvais donc sans peine le pardonner d’être peu loquace et, lorsqu’il se mettait à parler, de ne faire remarquer que des évidences : il était tout à fait logique je j’aie entièrement raison, c’était si fréquemment le cas qu’on aurait pu en faire une règle de vie, judicieusement accompagnée de quelques rares contre-exemples. Mais il avait l’air attentif, le jeune homme, et c’était un fait qui parlait fort en sa faveur. J’avais déjà été victime du dédain de ceux avec qui je parlais, qui se détournaient et fuyaient avant même que j’aie eu le temps d’exposer le fond de ma pensée.

Sans doute était-ce à cause de son air sympathique que l’idée surgit dans mon esprit. Je n’étais pas d’humeur particulièrement joyeuse, et quelque chose me disait que m’isoler avec autant de pensées mélancoliques n’était pas une idée particulièrement constructive. En revanche, partager du miel avec un inconnu croisé au hasard des rues – un inconnu qui n’avait pas l’air totalement irrité par mon monologue presque incessant – me paraissait superbement bien pensé. Tout ce qui avait trait à manger du miel, de toute façon, était toujours une bonne idée. Je songeai alors avec dépit qu’il avait peut-être d’autres plans pour la journée, et je réfléchissais déjà à quelle autre pauvre bougre je pouvais m’adresser, en laissant planer mon regard sur les passants qui nous entouraient.

Je fus agréablement surprise lorsqu’il finit par accepter. Quelques mois plus tôt, j’aurais sans doute pu être un peu jalouse, aussi, d’apprendre qu’il avait à faire à l’Académie. Mais pour être tout à fait sincère, ce que j’avais vécu dans cette autre réalité, dernièrement, m’avait un peu dégoûté de cet établissement. Oh, j’étais toujours incroyablement curieuse de savoir ce qu’il s’y passait exactement, mais je ne voulais pour rien au monde m’y retrouver en tant qu’étudiante. Je n’étais pas la Melinda de l’autre réalité. Je ne serais jamais comme elle. Je me contentai donc de sourire, jubilant intérieurement de pouvoir poser quelques questions, histoire de pouvoir apaiser ma curiosité sans mettre les pieds à l’Académie elle-même.

— Bon choix, affirmai-je en laissant mon sourire s’élargir. Je suis sûre que votre rendez-vous se passera bien mieux si vous êtes de bonne humeur. Et assurément, il n’y a rien qui puisse mettre de meilleure humeur qu’un peu de miel. Mais je ne suis pas vraiment objective sur le sujet, évidemment. Je suppose que c’est à vous de vous faire votre propre opinion à ce propos.

Le jeune homme me désigna poliment un banc libre, et je me dirigeai dans la direction indiquée. Était-ce mon imagination où les libellules, sur ma robe, semblaient voleter plus gaiement ? Peut-être était-ce seulement mon état d’esprit qui venait brutalement de s’illuminer à la perspective d’une conversation sans contraintes avec n’importe qui – un n’importe qui, cela dit, qui semblait prêt à m’écouter, quel que soit le débit de parole qui s’écoulait de ma bouche. Il n’allait peut-être pas rester longtemps, mais pas longtemps, c’était déjà bien mieux que pas du tout. Et puis, il y avait moyen de faire nombre de choses en pas longtemps.

— Oh, vous pouvez partir quand vous voulez, vous savez. Je vous donne même l’autorisation de me couper la parole si je parle trop alors que vous devez vous en allez. Je ne voudrais pas provoquer la colère de qui que ce soit, et encore moins que quelqu’un vous en veuille par ma faute.

L’autorisation que je lui avais donnée s’avéra brutalement plus pertinente encore quand il me demanda de lui parler de mon métier d’apicultrice. J’hésitai brièvement à l’avertir que je pouvais littéralement parler toute la journée à ce propos, mais décidai finalement de n’en rien faire. Il avait posé sa question comme un grand garçon, il en assumerait les conséquences. Cela dit, il avait l’air sincèrement curieux, et j’étais toute disposée à parler suffisamment pour abreuver allègrement sa curiosité. Je ne me laisserais probablement jamais de parler de mes abeilles. Elles étaient… presque tout à mes yeux. Amies, confidentes, compagnes de vie, elles m’apportaient réconfort, joie, douceur, et ce délicieux miel qu’elles produisaient.

— Oh, bien sûr que je peux vous parler du métier d’apicultrice ! Ce sera même un plaisir. Je vais vous faire la version courte, je crois. Ce sera déjà pas mal pour commencer.

J’étais raisonnable, tout de même. J’avais appris à ne pas assommer trop vite un interlocuteur consentant par une masse de paroles trop importante. Parfois, mes efforts étaient suffisants. Parfois… disons que j’aimais parler, et que je ne voyais pas toujours l’intérêt de me modérer. Je m’assis sur le banc, fouillai brièvement dans mes affaires et en ressortit un petit pot de miel, que je tendis à mon interlocuteur avec un sourire amical. Autant qu’il s’occupe pendant qu’il m’écouterait parler de mon métier.

— Je pense personnellement qu’il est délicieux, mais à vous de me donner votre propre opinion sur le sujet. Promis, je ne me vexerais pas si vous n’aimez pas. Je trouverais juste cela dommage, et je considérerais que vous êtes incapable de profiter des plaisirs de cette vie, mais je ne vous en voudrais pas.

De toute façon, il n’y avait aucune raison pour qu’il n’aime pas mon miel. C’était du miel produit à l’outreventoise, après tout. Il ne pouvait qu’être délicieux. Je pris une profonde inspiration, cherchant par quoi commencer pour répondre à sa question. Le métier d’apicultrice… quel large sujet.

— Mon principal travail est de m’assurer de la pérennité de la ruche. Mes abeilles sont très indépendantes, elles se débrouillent bien, la plupart du temps, mais je veille quand même. Je dois vérifier qu’elles se maintiennent à un nombre suffisant, et que la reine a une bonne descendance. J’essaye de protéger la ruche contre le climat, s’il se fait trop rude ou trop brusque. Cela dit, les abeilles s’adaptent plutôt bien, je trouve. Elles ne m’ont pas l’air de trop se plaindre depuis qu’elles sont arrivées à Lorgol. Je me méfie aussi des parasites qui pourraient envahir la ruche, et des maladies. Il n’y a rien de pire qu’une épidémie qui frappe la colonie. C’est abominable.

Depuis que j’étais arrivée à Lorgol, cela ne s’était pas encore produit, Callia en soit louée, mais nous avions dû sévir une fois pour éviter la propagation d’une épidémie parmi nos abeilles, quand j’étais encore en Outrevent. Encore maintenant, je ne pouvais m’empêcher de penser à toutes ces abeilles qui avaient dû mourir ce jour-là.

— Et puis il faut éloigner les éventuels prédateurs, évidemment. Parfois, je dois aussi nourrir les abeilles. Je veux dire, m’occuper de quelques plantes à proximité de leur ruche pour qu’elles puissent butiner facilement. Cela dit, elles vont chercher l’essentiel de leur nourriture plus loin, en-dehors de la ville, là où elles peuvent vraiment trouver de la variété parmi les fleurs qu’elles ciblent. Mais j’aime bien me dire qu’en entretenant quelques fleurs, je les aide à prospérer. Dans les périodes vraiment difficiles, il m’arrive aussi de préparer un sirop à base de sucre pour stimuler la ruche, mais vu le prix du sucre, j’essaye de n’utiliser ce moyen qu’en dernier recours.

J’appréciais l’idée que c’était comme un cadeau que je leur offrais. C’était beau, en un sens, de m’imaginer que pour tout le bien qu’elles me faisaient, pour tout le temps qu’elles passaient à m’écouter, je pouvais leur rendre la pareille en les nourrissant, en les aidant à prospérer, en les protégeant.

— Ca, c’est pour le métier d’apiculteur à proprement parler. Evidemment, en saison, je dois aussi récolter le miel. C’est le plus amusant, à mes yeux. Il faut attendre le bon moment, puis avoir la patience et le doigté nécessaire pour bien s’y prendre. Après, je me contente de mettre le miel dans des pots, d’attendre qu’il ait un peu maturé, puis il est prêt à être consommé.

Je jetai un coup d’œil à mon interlocuteur. Il ne s’était pas encore enfui ? Pas mal. Je devais avoir bien résumé l’affaire. Je lui lançai un léger sourire.

— Voilà, j’espère que c’est plus clair pour vous. Vous avez des questions ?

Je ne lui laissai pas le temps de répondre.

— Moi, j’en ai une. Vous m’avez dit toute à l’heure que vous aviez rendez-vous à l’Académie. Vous êtes étudiant ? Dans quel domaine?

Une curiosité sincère vibrait dans ma voix. L’Académie représentait toujours quelque chose d’un peu mystérieux à mes yeux, même si j’avais eu l’occasion de la visiter dans l’autre réalité. En savoir plus était toujours un plaisir. Et rencontrer un élève de l’Académie au hasard des rues de Lorgol une étrange et bienheureuse coïncidence.
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Melbren de Séverac
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Message Sujet: Re: Bien le bonjour sur les pavés [Melinda]   Bien le bonjour sur les pavés [Melinda] EmptyMar 12 Sep 2017 - 22:10

« Oh, bien sûr que je peux vous parler du métier d’apicultrice ! Ce sera même un plaisir. Je vais vous faire la version courte, je crois. Ce sera déjà pas mal pour commencer. » Tu laisses échapper un petit rire. « J'approuve vos dires, ayez pitié du néophytes que je suis, au cas où. » Tu attends qu'elle se soit installée sur le banc pour en faire de même, légèrement tourné vers elle pour ne pas perdre un mot de ce qu'elle va dire.
Elle fouille un instant dans son sac et en ressort un petit pot scellé à l'allure artisanale qui te plaît bien. Tu le saisis dans un remerciement et l'observes alors qu'elle te demande de lui confier ton avis. Tu hoches la tête et lui assures : « Très bien, mais je n'ai aucun doute quant à la qualité de votre miel, rassurez-vous. » Tu le penses sincèrement. Cependant, même si ce n'était pas le cas, ton éducation t'empêcherait de dire le contraire.

Elle entame ensuite ses explications. Tu l'écoutes attentivement, oubliant momentanément de goûter le fameux miel qui vous réunit en cet instant, et tu hoches la tête par moments. C'est fascinant comment de simples insectes peuvent au final permettre de gagner sa vie, même ici à Lorgol. Tu imagines sans souci combien il doit être facile de s'immerger dans les tâches qu'elle décrit, presque comme s'il s'agissait d'une bulle. Tu y vois là une ressemblance avec ton propre métier, avec les périodes où tu t'enfermes dans ton atelier, oublieux du monde extérieur. Valentin, l'un des domestiques de la famille, est parfois obligé de quitter la Tour de Séverac pour rejoindre celle de Vivessence et t'inciter à manger quelque chose dans les moments où tu refuses d'écouter ta domesticité et délaisser tes recherches.
 
« Ca, c’est pour le métier d’apiculteur à proprement parler. Évidemment, en saison, je dois aussi récolter le miel. » Tu hoches la tête, prouvant ainsi que tu suis son flot de paroles, mais faisant preuve pour une fois d'un silence respectueux, comme l'on interrompt pas un professeur qui dispense son savoir. La mention de la récolte du miel te rappelle la présence du précieux pot dans ta main ; tu t'affaires donc à retirer la protection, que tu poses sur le banc entre vous. Vous n'avez pas d'ustensile pour le récupérer, alors tu ne réfléchis pas plus longtemps et y plonges un doigt. Tu fais bien attention à ne pas mettre de miel à côté, tes yeux alternant entre le liquide que tu tentes d'enrouler sur ton doigt et la jeune femme, qui termine ses explications avant de te demander si tu as des questions. Tu hoches la tête, ouvres la bouche… mais la refermes quand elle enchaîne avec une question de son propre cru.
 
Décidément, cette femme est encore plus bavarde que toi. Tu décides que tu l'aimes bien.
Tu secoues la tête en réponse à ses interrogations, ton doigt perdant à mesure des secondes de plus en plus de miel. Seulement, ce serait malpoli de ne pas lui répondre de suite. Alors tu poses ton doigt sur le rebord du pot et réponds : « Je ne suis plus étudiant depuis quelques années, déjà. J'y ai rendez-vous avec une amie pour quelques recherches et discussions. » Tu ne citeras pas les raisons de ta visite là-bas, par contre… « J'y ai étudié la Mécanique pendant… longtemps. » Tu laisses échapper un rire bref. « Maintenant, avec mon joli diplôme, je peux prétendre être devenu Inventeur. » Un sourire et tu profites de la fin de ta phrase pour porter ton doigt entouré de miel à ta bouche.
 
La substance se colle instantanément à ton palais et les riches saveurs envahissent ta bouche. Tu hausses les sourcils sous la surprise. « Il est délicieux, en effet. » Tu goûtes un peu plus le produit sur tes papilles, avant de l'avaler. « Ma chère, vous avez de quoi être fière, c'est l'un des meilleurs que j'aie pu goûter. Merci pour cette séance gustative, …. ? » Tu réalises que tu ne connais même pas son prénom. Sacrilège !
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Message Sujet: Re: Bien le bonjour sur les pavés [Melinda]   Bien le bonjour sur les pavés [Melinda] EmptyJeu 5 Oct 2017 - 20:18

Je pourrais sans doute parler sans discontinuer pendant des heures entières de n’importe quel sujet. A propos de mes abeilles ? J’étais certaine que je pouvais tenir un monologue des jours entiers. Néanmoins, ce jeune homme en avait appelé à ma pitié, et m’avait rappelé qu’il n’y connaissait rien. Autrement dit, son intérêt, pour l’instant – s’il n’était pas de pure politesse – n’était que de surface. Il n’avait pas besoin de connaitre les détails avec précision, et j’étais persuadée qu’il n’éprouverait pas grand intérêt à ce que je lui déblatère une réponse complète et exhaustive de ce que faisait un apiculteur. D’ailleurs, pour être tout à fait sincère, je n’étais pas certaine d’y trouver moi-même grand intérêt. J’aimais beaucoup parler, il était vrai, mais je préférais de loin les dialogues aux monologues – discuter avec quelqu’un avait quelque chose de plus surprenant, et de plus amusant – aussi étais-je capable de beaucoup d’efforts pour garder mon interlocuteur. Quoique ledit interlocuteur n’avait pas l’air d’avoir besoin de beaucoup pour m’écouter avec attention.

C’était un auditeur doué. J’espérais qu’il soit surtout doué pour écouter et non pour jouer la comédie, mais la vie dans la ville aux Mille Tours m’avait appris à développer un jugement critique dont je n’aurais pas eu besoin si tout le monde était outreventois – mais tout le monde n’avait pas à cœur d’être franc et honnête avec son entourage, cela, je l’avais compris. Il ne me portait pas une attention exagérée, comme le faisaient parfois ceux qui faisaient semblant d’écouter par politesse, mais il ne paraissait pas non plus ennuyé par ce que je disais. De temps à autre, il avait un petit hochement de tête censé signifier qu’il suivait toujours. Je n’étais pas forcément opposée au manque d’écoute – je savais bien que je parlais beaucoup et que tout le monde n’avait pas la patience de suivre le moindre de mes mots – mais il était vrai que c’était agréable de voir quelqu’un s’intéresser un peu à quelque chose qui me tenait tant à cœur.

Auditeur doué, certes, mais pas vraiment gourmand. J’avais déjà bien parlé lorsqu’il se décida à ouvrir le pot de miel que je lui avais proposé. Lui qui avait prétendu qu’il ne doutait pas de la qualité de mon miel, il semblait pourtant peu impatient à l’idée de le goûter. Je ne lui en tenais pas rigueur, toutefois. S’il n’avait jamais goûté du miel outreventois, il ne pouvait probablement pas savoir ce qu’il ratait. Et puis, évidemment, il devait y avoir des gens qui n’aimaient pas le miel. Qu’il existe de telles choses me paraissait étrange et incompréhensible, mais s’il y avait bien une chose que j’avais apprise depuis mon arrivée à Lorgol, c’était que le monde était rempli de choses bizarres qu’il valait mieux, parfois, pour s’éviter une migraine, ne pas essayer de comprendre.

Je lui demandai s’il avait des questions, décidant sciemment d’ignorer son hochement de tête affirmatif. Ce n’était pas parce qu’il avait des questions que je devais forcément y répondre tout de suite. De plus, j’avais coutume de penser que la curiosité était de ces choses qui n’attendaient pas – comme le miel. S’il voulait vraiment avoir plus de précisions, il pourrait toujours le demander par après, et je me ferais une joie de lui répondre. Mais maintenant, c’était mon tour, me soufflait cette égoïste envie de savoir, de comprendre, d’apprendre. Et je comptais bien en profiter, d’autant plus que cela concernait l’Académie. Depuis cette autre vie où j’avais été amante d’un homme que je méprisais et mère d’une adorable fillette, j’avais abandonné l’idée de m’y inscrire, mais ma curiosité à propos de l’établissement ne s’était pas tarie.

Il secoua la tête, pourtant, le jeune homme, expliquant qu’il n’y était plus élève. Il l’était, autrefois, en mécanique, et avait eu son diplôme d’inventeur. Ma curiosité n’en fut que plus titillée. Qu’inventait-il, au juste ? Quels mécanismes son esprit parvenait-il à imaginer ? Je n’étais pas douée pour bricoler ; mes idées avaient tendance à se cristalliser plus autour de projets que d’objets. De plus, j’avais tendance à être distraite, et mon esprit avait parfois du mal à s’intéresser trop longtemps à quelque chose de sérieux – mes abeilles étaient l’exception, pour la simple et bonne raison que j’étais parvenue à les rendre attachantes et passionnantes. Oui, je devais l’avouer, le métier d’inventeur me dépassait un peu, mais ça ne l’en rendait que plus intriguant. Accepterait-il si, par curiosité, je lui demandais de me montrer ses inventions ?

J’étais sur le point de lui poser la question, mais j’hésitai un bref instant en le voyant manger mon miel. Je préférai de loin observer son visage pour capter sa réaction. Je le vis hausser les sourcils, et commenter le fait qu’il était délicieux – évidemment, à quoi s’attendait-il d’autre ? – avant de me dire que je pouvais être fière. Je haussai les épaules comme si cela m’importait peu, quand bien même un large sourire étirait mes lèvres. Ce sourire, il clamait combien ma fierté était évidente et indiscutable, et combien j’étais heureuse que mes abeilles produisent un tel délice. J’étais consciente, bien entendu, que j’avais de sérieux concurrents en Outrevent, mais quelque chose me disait qu’en-dehors de mon duché, il y avait bien peu de bons apiculteurs. Voire pas du tout.

— Melinda, me présentai-je, ayant perçu la note interrogative dans le ton de sa voix. Je dirais bien que mon miel est loin de faire partie des meilleurs, mais cette marque d’humilité risquerait d’être un mensonge, alors je vais plutôt dire que votre compliment ne me surprend pas. Que vous l’ayez dit ou non, il n’en aurait pas été moins vrai. Cela dit, je dois avouer que ce genre de compliments fait toujours plaisir. Je ne manquerais pas de le transmettre à mes abeilles, je suis sûre qu’elles en seront ravies.

J’eus une moue mi-figue mi-raisin.

— Néanmoins je me dois d’ajouter que votre avis n’est probablement pas juste envers mes compatriotes. Vous savez, c’est du vrai miel outreventois, produit en suivant notre tradition familiale. Je ne sais pas si vous en avez déjà goûté de semblables, mais si ce n’est pas le cas, c’est normal que mon miel vous semble formidable. Ce n’est pas n’importe quel miel.

Je me penchai vers lui, comme porteuse d’un secret, un demi-sourire étiré sur mes lèvres.

— Si vous en voulez plus, je peux vous conseiller de venir m’en acheter un peu. Je suis généralement du côté de la Taverne de la Rose, si ça vous intéresse. Je préfère partager le miel plutôt que de le vendre, mais puisqu’il faut bien gagner sa vie…

Si je pouvais me faire un nouveau client, ce n’était pas de refus. Je n’étais pas particulièrement commerciale, et j’avais tendance à offrir mon miel sans vraiment compter, mais j’étais consciente que je ne pouvais pas me contenter que de ça.

— J’ai eu l’honneur de partager mon art avec vous. Je me demandai… me rendriez-vous la pareille ? Je veux dire… je serais vraiment curieuse de découvrir ce que vous inventez. Si vous le voulez bien, évidemment, … ?

J’imitai l’intonation interrogative dont il s’était servi pour me demander indirectement mon nom. Qu’il accepte de me montrer ses inventions ou non, il s’était jusqu’à présent montré un interlocuteur agréable. En parlant à un quelconque quidam qui m’avait heurtée dans la rue, j’aurais pu tomber sur n’importe quelle sorte d’individu. Mais il était poli, diplômé de l’Académie, doué pour écouter – et moi pour parler – et il appréciait mon miel. C’était suffisant pour que j’aie envie de faire plus ample connaissance.
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Melbren de Séverac
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Message Sujet: Re: Bien le bonjour sur les pavés [Melinda]   Bien le bonjour sur les pavés [Melinda] EmptyMer 11 Oct 2017 - 20:05

« Melinda. Je dirais bien que mon miel est loin de faire partie des meilleurs, mais cette marque d’humilité risquerait d’être un mensonge, alors je vais plutôt dire que votre compliment ne me surprend pas. Que vous l’ayez dit ou non, il n’en aurait pas été moins vrai. Cela dit, je dois avouer que ce genre de compliments fait toujours plaisir. Je ne manquerais pas de le transmettre à mes abeilles, je suis sûre qu’elles en seront ravies. »

Tu clignes des yeux et restes silencieux devant ces mots et l'expression qui apparaît sur le visage de ta nouvelle connaissance, Melinda, donc. La majorité des gens se contentent d'un remerciement, plus ou moins élaboré, ou répondent quelque chose d'évasif, par gêne ou un quelconque autre sentiment. Tu ne t'attendais pas à ce que ton opinion soit disséqué de la sorte. Tu es toujours partant pour des considérations sur la vie, sur tout ce qui est abstrait, mais celles-ci te laissent stupéfait. Tu notes par ailleurs comment la modestie et l'orgueil se mêlent dans ses paroles. C'est une très bonne chose qu'elle soit réaliste sur ses compétences et son produit. Tu te fais simplement la réflexion que ce genre de discours n'a peut-être pas toujours été bien accueilli par vos pairs.

Tu es en train de te demander comment réagir, parce que ne pas répondre serait froisser sa sensibilité, quand elle continue : « Néanmoins je me dois d’ajouter que votre avis n’est probablement pas juste envers mes compatriotes. Vous savez, c’est du vrai miel outreventois, produit en suivant notre tradition familiale. » Tiens, tiens. Outrevent. « Je ne sais pas si vous en avez déjà goûté de semblables, mais si ce n’est pas le cas, c’est normal que mon miel vous semble formidable. Ce n’est pas n’importe quel miel. Oh, je ne doute pas de la qualité des productions outreventoises. » Tu as déjà goûté au miel outreventois, mais tu ne pourrais en retrouver la provenance, en toute honnêteté. « Le vôtre est au moins aussi délicieux, si je peux me fier à mes souvenirs. »
 
Elle t'invite à la confidence en se penchant vers toi ; par réflexe, tu en fais de même – tu raffoles des confidences. « Si vous en voulez plus, je peux vous conseiller de venir m’en acheter un peu. Je suis généralement du côté de la Taverne de la Rose, si ça vous intéresse. Je préfère partager le miel plutôt que de le vendre, mais puisqu’il faut bien gagner sa vie… » La Taverne de la Rose ! L'une des plus fréquentables de la Ville Basse. Tu y as mis quelques fois les pieds et, malgré quelques accrochages bénins, tu y as passé de très bons moments par le passé. Notamment avec un certain pirate. Oh oui. « Je n'y manquerai pas, chère Melinda. Comptez sur moi. »
 
La conversation revient ensuite naturellement sur ton domaine de prédilection. « J’ai eu l’honneur de partager mon art avec vous. Je me demandai… me rendriez-vous la pareille ? Je veux dire… je serais vraiment curieuse de découvrir ce que vous inventez. Si vous le voulez bien, évidemment, … ? Melbren, ma dame. » Tu mimes une révérence plus brève que celles que tu as apprises alors que tu es toujours assis sur le banc. « Ce n'est malheureusement pas possible. Je ne vis à Lorgol que temporairement. Mon atelier se trouve chez moi, bien loin. » Tu hoches la tête, la tristesse refaisant surface momentanément avant que tu ne la contrôles. « Je peux par contre vous parlez d'un de mes projets actuel ? » Tu cherches son assentiment avant de continuer. « Je travaille présentement sur prototype, qui, quand il sera au point, devrait me permettre de voler, confortablement installé et sans griffon ou dragon. » Oui, rien que ça. « Du tissu, un compartiment en osier renforcé – ou une matière solidifiée mais la moins lourde possible –, un mécanisme qui me fait encore défaut. » Satané fonctionnement qui t'échappe. « Cette invention n'est clairement pas au point, tristement, mais je ne désespère pas. C'est bien là le but de mon métier. »

Tu n'as pas l'impression que quelqu'un t'attend à l'Académie ? Tu ouvres de grands yeux. Alice. Par Mnémosie. « Melinda, je suis sincèrement désolé, je vais devoir vous quitter d'une manière fort peu courtoise. » Tu lui tends son pot de miel entamé. « Le temps a passé bien vite en votre compagnie ; j'en suis venu à oublier mes obligations et je crains de ne pouvoir étendre davantage mon délai. » Tu te redresses et saisis délicatement sa main au passage, main sur laquelle tu poses la tienne et que tu serres brièvement. « Merci pour cette conversation fort plaisante et merci de m'avoir fait découvrir votre trésor. » Tu lui rends sa main en hochant la tête solennellement. « Le rendez-vous est pris à la Taverne de la Rose. Je passerai dès qu'il me le sera permis. Comptez sur moi. »

***

Une fois vos adieux faits, tu te hâtes d'aller retrouver le mage des portails qui t'attend lui aussi. Tu te fustiges mentalement de ta frivolité passagère, mais te console car elle t'a, cette fois-ci, permis de rencontrer une apicultrice douée des mots. Tu as déjà hâte d'aller lui passer commande et de la revoir à nouveau.


Dernière édition par Melbren de Séverac le Jeu 2 Nov 2017 - 14:37, édité 2 fois
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Message Sujet: Re: Bien le bonjour sur les pavés [Melinda]   Bien le bonjour sur les pavés [Melinda] EmptyJeu 2 Nov 2017 - 14:00

Oh, ainsi, il aurait déjà goûté le miel outreventois ? Et aurait ainsi apprécié le mien à sa juste valeur ? Un sourire sincèrement ravi se glissa sur mon visage. Je savais que nombre de miels outreventois étaient d’excellente qualité, et même si à mes yeux le mien remportait largement la palme, je ne pouvais nier que le goût était une chose éminemment subjective, et il était possible – mais juste un peu, de façon tout à fait théorique – que certaines personnes puissent trouver mon miel… passable. Je ne remerciai pas mon interlocuteur pour son compliment, toutefois. Mon sourire était à lui seul plus éloquent qu’une centaine de formules préétablies.

Je l’invitai également à venir en chercher à nouveau à la Taverne de la Rose, si jamais l’envie lui prenait de goûter à nouveau au délice doré de mes petites abeilles. C’était, en soi, une preuve que je l’avais apprécié et que, dans ce bref moment de rencontre et de partage, j’avais trouvé quelque chose qui me donnait envie de le revoir – pas juste pour l’argent qu’il pouvait m’apporter en achetant mon miel, mais juste… pour lui parler à nouveau. Il accepta, disant même que je devais compter sur lui. Je hochai la tête, amusée. Je ne doutai pas que tout qui avait apprécié mon miel reviendrait en chercher. Et si jamais je ne revoyais jamais son visage, parce qu’il était trop poli pour me dire qu’il avait trouvé ma production exécrable… oh, ce serait dommage, sans doute, mais loin d’être catastrophique. A vrai dire, ce serait sans doute lui qui y perdrait le plus. Je ne savais même pas encore ce qu’il inventait. Peut-être était-il simplement un Inventeur méconnu qui passait son temps à se morfondre de l’absence d’idées qui caractérisait son esprit ?

— On verra bien, déclarai-je en haussant les épaules. Le Destin se montre parfois surprenant. Qui sait ce que nous réserve l’avenir ?

Bien sûr, ce n’était pas comme si une catastrophe allait frapper d’un jour à l’autre, menaçant de tous nous tuer ! Mais nos vies pouvaient parfois se montrer si chargées que nous n’avions pas de temps à accorder à une inconnue croisée au détour d’une rue. Mon esprit enthousiaste, loin de se laisser influencer par cette idée, s’intéressa avec curiosité à mon interlocuteur. Je laissai échapper un léger rire, amusée par son semblant de révérence tandis qu’il se présentait. Je n’avais guère l’habitude de ce genre de choses. Je n’étais qu’une gueuse, après tout, une petite apicultrice sans importance. Le seul à se comporter envers moi avec ce genre d’attentions, c’était Mayeul. Peut-être avaient-ils quelque chose en commun ? Melbren était-il aussi cielsombrois ? A moins qu’ils ne se connaissent déjà ? Ou que ce ne soit qu’une simple coïncidence ? Cette pluie d’hypothèses saugrenues, teintées d’une agitation un peu puérile, fut interrompue lorsque Melbren m’expliqua que son atelier se trouvait loin de Lorgol et qu’il n’allait pas pouvoir me présenter ses inventions.

— Oh, murmurai-je en affichant une moue déçue.

J’allais devoir cloîtrer ma curiosité dans un tiroir et la laisser se contenter d’un prénom à mettre sur ce mystérieux Inventeur croisé au détour des rues de Lorgol. Dommage… Enfin, qui sait, je pourrais voyager un jour jusqu’à son atelier ? A moins, bien entendu, que l’hypothèse qui avait déjà traversé mon esprit un peu plus tôt soit vraie. Peut-être que Melbren n’avait d’Inventeur que le diplôme, peut-être n’avait-il jamais rien inventé d’autre que cette histoire d’atelier lointain pour dissimuler ce manque d’imagination dont il avait honte ? J’étais sur le point de lui poser franchement la question lorsqu’il me parla d’un de ses projets. Les yeux brillants d’une curiosité toute renouvelée, je hochai la tête. J’écoutai, attentive, complètement fascinée, ses explications. Voler ? Sans dragon, ni griffon ? Une telle chose, à mes yeux, ne pouvait arriver qu’en rêve. Pourtant, Melbren « ne désespérait pas ». Et il avait bien raison.

— Vous avez raison, de ne pas désespérer. Votre invention me semble… tout à fait formidable. Quand elle fonctionnera, je serai ravie de vous féliciter en personne, si nous sommes toujours en contact. Voler, sans dragon, ni griffon…

Avec la guerre qui courait, ce n’était clairement pas une invention qui serait profitable entre les mains des ibéens. Les faës en souffriraient sans doute beaucoup. Néanmoins, cette idée n’altéra pas mon admiration. Ces conflits idiots ne m’empêcheraient pas de reconnaitre une bonne idée, et d’en féliciter son concepteur.

— … ça doit être tout simplement impressionnant à voir, et à concevoir.

Mais les meilleures choses avaient toujours une fin, et Melbren m’annonça abruptement qu’il devait partir. Bien entendu, je m’y attendais depuis le début de notre conversation – il avait un rendez-vous, m’avait-il dit, à l’Académie – et j’en vins à craindre de l’avoir retenu plus longtemps que prévu. Sans doute était-ce un rendez-vous très sérieux, pour parler travail. Peut-être même était-ce pour travailler sur ce projet formidable de voler ! Très poliment, pourtant, et pas du tout ennuyé par son retard, il me remercia pour le miel et la conversation qui l’avait accompagné, et réitéra sa promesse de venir me rendre visite à la Taverne de la Rose.

— Oh, j’espère que je ne vous ai pas mis en retard ! Je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps, même si, je l’avoue, j’apprécierais poursuivre cette conversation. Cela dit, je dois vous avertir : méfiez-vous des promesses que vous me faites. Les outreventois ont tendance à les prendre au sérieux. J’attendrai donc de vous revoir avec impatience, Melbren.

Et, sur ce, nos chemins se séparèrent. Mon humeur nostalgique s’était envolée comme par magie, remplacée par un sourire songeur qui flottait sur mes lèvres et par le simple plaisir de la rencontre avec un inconnu. En tous cas, il avait intérêt à tenir sa promesse maintenant ! S’il ne revenait pas pour m’expliquer son projet un peu plus avant, je serais obligée de croire qu’il ne s’agissait là que de folles élucubrations pour cacher son manque de talent… Et puis, ce serait bien dommage. Outre ses inventions, le jeune homme était d’agréable compagnie, le genre de personnes avec qui je me voyais sans peine me lier d’amitié. J'espérais au moins pouvoir lui reparler.
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