« Si vous voulez bien m'excuser. » Et la porte se referma, délaissant le Maréchal à ce long et froid couloir. Reprenant sa route en direction de la Caserne, il fit le tri en lui-même.
Suite erebienne faite. Suite kyréenne faite. Avait-il froissé son propre duché, Bellifère ? Non. Sans doute pas. Encore qu'il s'entretiendrait probablement plus tard avec le représentant Maximus de Rougeheaume s'il en avait l'occasion. Avec tout ce qui c'était passé ces dernières heures, ce dernier avait assurément matière à rédiger pour transmettre le tout à Guillaume de Brumecor. Quant à Sombreciel... il ne préférait même pas y songer. Ses priorités avaient été, après avoir donné des ordres à la Caserne, de redresser la barre au plus vite sur les torts qu'il avait lui-même causé durant cette crise, dont la sienne. À savoir, en s'en prenant physiquement à la duchesse Shéhérazade d'Erebor, et en parlant honteusement à la duchesse Astrid d'Evalkyr – peut-être futur impératrice avec tout cela.
Soupirant dans ce couloir qui, à ses yeux, n'en finissait pas, ses membres se firent soudainement de nouveau lourd et la fatigue le submerga derechef, autant que ce fichu mal de tête qui ne l'avait pas quitté depuis son retour à ses sens. Il avait fait des efforts en se rendant ici, il s'était fait devoir, avait délaissé cette faiblesse nouvelle et honteuse avec laquelle il ne souhait guère vivre et avec laquelle, pourtant, il devrait probablement faire avec. Apaisement. Le sentiment de sa griffonne était bien venu, mais il avait dur, Richard, à tenir le cap de tous ces derniers événements. Quel Maréchal inutile il faisait, quel homme d'arme honteux également. Il ne montrerait rien de ce ressenti aux Voltigeurs pourtant, il se devait de garder visage ferme et expression forte. Il le fallait, pour lui, pour le souvenir de la famille impériale à présent réduite à néant avec la disparition de Sixtine et le décès d'Octave, mais aussi pour l'Empire fortement affaibli.
Un vertige pourtant le surpris dans la carapace qu'il s'était formé, dans ce paraitre presque parfait, et il chercha prise, Richard, pour ne pas tomber au sol. Son bras se tendit relativement vite vers le mur de pierre pour s'y cramponner, mais c'est sur l'épaule d'un homme que sa main prit place. Et il s'appuya quelque peu fortement pour reprendre pieds – jugeant son équilibre à risque.
« Une minute, Garde. »
Lanca t-il fermement, mais poliment également, afin de se reprendre. Prise assurée, il releva un visage assez terne, mais toujours stricte dans son regard, vers le mur-vivant pour lui toucher d'autres mots - Comme un remerciement ou une demande d'attente, une explication aussi peut-être. Et puis, la surprise, la stupeur, la brûlure aussi. 'Il' était 'elle'. Garde était Skaldjmo. Et pire que tout, elle était témoin de trop de chose et son physique l’agressait depuis leurs derniers mots échangés sous une tente.
Alors il lâcha son appui comme s'il avait été soufflé – pour mieux se sentir partir sur le côté devant cet équilibre défaillant. Quelle disgrâce.