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 Le temps des promesses

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Gabrielle de Faërie
Gabrielle de Faërie

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Message Sujet: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyDim 28 Jan 2018 - 5:22


Livre III, Chapitre 1 • D'Accord et de Chaos
Gabrielle de la Volte & Lionel de Rivepierre

Le temps des promesses

Le calme après la tempête



• Date : 28 novembre 1002
• Météo (optionnel) : Ensoleillé
• Statut du RP : Privé
• Résumé : La Chasse Sauvage est désormais libérée. Lionel et Gabrielle, survivants d'une nuit sanglante, se retrouvent à la tour du Ru-d'Argent pour un peu de repos. Mais dans cette matinée naissante, la Cibellane est bien désireuse de se montrer honnête envers son prétendant.
• Recensement :
Code:
• [b]28 novembre 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t3290-le-temps-des-promesses#122111]Le temps des promesses[/url] - [i]Gabrielle de la Volte & Lionel de Rivepierre[/i]
La Chasse Sauvage est désormais libérée. Lionel et Gabrielle, survivants d'une nuit sanglante, se retrouvent à la tour du Ru-d'Argent pour un peu de repos. Mais dans cette matinée naissante, la Cibellane est bien désireuse de se montrer honnête envers son prétendant.



Dernière édition par Gabrielle de la Volte le Dim 28 Jan 2018 - 5:29, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyDim 28 Jan 2018 - 5:25

Tout était doux et accueillant, ici. La lumière du matin, filtrée par les fenêtres hautes, éclairait le vaste vestibule d’une lueur presque dorée. Des fauteuils de velours rembourrés semblaient patienter qu’un visiteur s’y pose afin qu’il perçoive combien les plumes étaient plus moelleuses ici qu’ailleurs. À l’instar de toutes ces tours logeant la noblesse, celle du Ru-d'argent s'élançait dans le ciel avec une pointe d’arrogance, en dépit de la baronnie qu’elle représentait dans un quartier envahi de tours de comtés et de marquisats. Sous leurs pieds, un tapis clair finement tissé amenuisait le bruit de leur pas. C’était une tour respirant la finesse, la féminité et la magie. Une tour respirant Cibella. Ce matin, couverts de sang et sous leurs vêtements déchirés, ils ne semblaient rien avoir à faire dans un lieu semblable.

Une frimousse jeune d’une vingtaine d'années passait l’une des portes doubles pour accueillir les visiteurs. Elle qui avait bouclé les cheveux soyeux de la princesse, elle qui avait pris grand soin de parfumer sa nuque et la naissance de sa poitrine, elle peinait à reconnaître une princesse derrière ces frusques et ce sang. Elle eut un mouvement de recul avant que la princesse déguisée en guerrière ne la mandate d’une tâche toute particulière.

- Auriez-vous la délicatesse de faire ouvrir la chambre bleue pour notre invité, le comte de Rivepierre?

Ils avaient pris grand soin de l'invité, tout autant qu’ils avaient pris soin de la princesse. Ils avaient entendu les échos d’un combat et vu des flammes, en provenance de l'académie, mais ils étaient loin du compte. Qui aurait pu deviner la finalité sanglante de cette soirée? Qui aurait pu soupçonner que la Chasse Sauvage courait désormais les rues? Dans ses appartements - fortuitement voisins de la fameuse chambre bleue -, la princesse avait demandé en urgence qu’on avertisse ses gens, au Ru-d’Argent, afin que la protection soit renforcée, tout comme l’était désormais la Tour. Elle ignorait tout ce que cela pouvait impliquer et l’ampleur qu’une telle chasse pouvait prendre, mais à voir les dégâts causés par les mâtins, dans les couloirs de l’Académie, Gabrielle ne souhaitait prendre aucune chance.

Puis elle s’était lavée, la douce Cibellane, et si les blessures s’étaient résorbées par magie, son corps, lui, semblait vibrer sous les rémanences de la douleur. Il lui faudrait du temps pour oublier, tout comme son esprit afin de laver tout ce sang qu’elle avait vu, ce soir. Elle en était à brosser sa chevelure, toute hésitante à rapatrier son courage et traverser le couloir pour le rejoindre, lorsqu’une petite ombre ailée se projeta depuis la fenêtre. Crois-tu qu’il soit endormi? Non. Il est bien éveillé.  Et habillé. Tu… Tu l’espionnes? Un silence, de Silvère, et la princesse lança un regard interloqué à la fenêtre. Et si le comte l’avait vu, depuis sa fenêtre? Mais de quel étrange Familier s’était-elle dotée là, dans les dédales de l’Académie..?

Le petit oiseau, vaguement amusé, avait suivi la lente et incertaine progression de la mage jusqu’à la porte de sa chambre, puis l’avait vue disparaître dans le corridor. Elle s’était sagement assurée que personne ne soit présent pour la surprendre puis s’était faufilée jusque devant la porte close de la fameuse chambre bleue. Comme une adolescente. Gabrielle sentait son coeur tambouriner à sa poitrine et la crainte de l’inconvenance pulser dans son sang. Ils avaient cru mourir. Ils s’étaient embrassés devant tous. Ils avaient survécu à des molosses enragés. Ils avaient vu l’apparition des écrins. ...Comprendrait-il ce besoin irrépressible de le rejoindre? Et… Elle avait tant à lui dire. Tant de vérités à lui avouer.

Trois coups, contre le bois ouvragé le séparant de l’Outreventois. Trois petits coups avant qu’il n’ouvre la porte sur elle.

- Je souhaitais vous offrir un doux repos, après les évènements de la nuit. Et… Et je tenais à vous offrir mes remerciements les plus sincères, Lionel.

Il lui semblait, en le voyant là, devant elle, que la chaleur de ses lèvres se ressentait encore sur les siennes. Dans le chaos et la folie du moment, il l’avait embrassée. Elle avait alors laissé traîner sa phrase, se perdant un tantinet dans sa timidité, tout autant que dans le regard et l’attention de Lionel de Rivepierre.

- ...Puis-je m’entretenir un instant avec vous?

Elle peinait à soutenir son regard mais fit malgré tout un effort pour ne pas s’y dérober tout à fait. Même si la requête semblait bien sage, Gabrielle savait bien qu’une telle demande incluait de le rejoindre dans cette spacieuse chambre bleue. Maintenant qu’elle était là, devant lui, l’idée de se confier sur les rumeurs à son sujet semblait une bien mauvaise idée.


Dernière édition par Gabrielle de Faërie le Mar 19 Fév 2019 - 4:34, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyLun 5 Fév 2018 - 5:37

Il est devant la porte de la chambre bleue, le Chevaucheur. Porte fermée, devant lui, la main à quelques centimètres de la poignée, sans oser la toucher. L’ouvrir. Il voit ses doigts trembler, d’une certaine appréhension, alors qu’il tente de se convaincre de sortir de sa chambre, afin d’aller rejoindre celle voisine. Celle de la princesse. Sois brave. Elle dort probablement déjà. Autant que toi. Ils ont sans doute raison, mais Lionel ne sait pas s’il tient à s’en assurer. Car lui, il le sait, ne pourra pas trouver le sommeil. Pas après tout ce qu’il a vu et tout ce qu’il a entendu. Il est épuisé, proprement exténué, par la nuit cauchemardesque qu’il a vécu, et dormir… oh, dormir, activité ô combien nécessaire, mais ô combien difficile à atteindre. Le lit lui fait de l’oeil, mais il se connaît.
Si ses yeux se ferment, ils ne trouveront pas le sommeil. Ils ne trouveront que les images terribles, alors que tout son corps se rappellera la douleur des blessures, que ses oreilles entendront à nouveau les cris de mort et de détresse, et qu’il humera le sang, qu’il le goûtera sur sa langue. Et il sait que la solitude, terrible, se fera d’autant plus dangereuse.

Tout est calme, pourtant, depuis l’arrivée conjointe de Gabrielle et de Lionel à la tour du Ru-d’Argent. On l’a accueilli avec tous les égards et dans l’apaisante chambre bleue, ouverte juste pour lui, il a trouvé tout le nécessaire afin de nettoyer le sang de son visage et de ses membres. Le sang logé partout, dans les boucles sombres de ses cheveux et sous ses ongles court coupés. Ses muscles sont fourbus, et l’adrénaline redescendue les engourdit peu à peu. La domesticité lui a fourni des vêtements faits des étoffes les plus fines, du lin le plus délicat, afin de remplacer les siens, irrécupérables. Il y a quelque chose d’étranger, étrange, à ces vêtements qui ne lui ressemblent pas. Pyjamas, plus que réels habits. La tour est celle d’une dame, après tout, et une dame d’un grand honneur. Pourquoi donc y aurait-elle conservé quelques vêtements d’homme ? Et pourtant, tu es là. Ce n’est pas la même chose. Nous avons besoin de dormir. Étends-toi, cela suffira. Ça aussi, il sait qu’Harald a raison, et il redescend sa main le long de son corps. Il sera brave une autre fois, lorsqu’il sera reposé.

Trois coups discrets à la porte. Mortifié, le Chevaucheur attend quelques secondes, pour ne pas avoir l’air de celui-ci qui attendait bêtement devant la porte, puis l’ouvre, découvrant Gabrielle devant lui. Fraîche, lavée, son regard bleu levé vers lui. « Je souhaitais vous offrir un doux repos, après les évènements de la nuit. Et… Et je tenais à vous offrir mes remerciements les plus sincères, Lionel. » Elle parle si bas, la princesse, qu’il doit tendre l’oreille avec d’autant plus d’attention, mais il capte chacune de ses paroles. « Je vous remercie, Gabrielle, et j’espère que vous trouverez aussi le repos », répond-il sur le même ton bas, appréciant la délicatesse de son hôtesse inopinée. Délicatesse et politesse. Ses yeux noirs s’abaissent brièvement  de ses yeux à sa bouche et il lui semble sentir à nouveau leur douceur sur les siennes. « ...Puis-je m’entretenir un instant avec vous ? » Se demande le surprend. Sincèrement. Et pourtant, n’était-il pas tourmenté par la même chose, il y a peu ? Le désir de ne pas être seul, malgré le jour qui s’est levé et a dissipé les ombres les plus menaçantes (vraiment ?), mais aussi de clarifier son propre geste, un peu plus tôt. Celui qu’il n’avait pas calculé. « Bien sûr. » Il n’irait pas lui refuser quoi que ce soit, surtout alors qu’il est son invité. Il laisse la demoiselle entrer, puis avec moult prudence et discrétion, referme la porte derrière elle. Dans cette chambre qui n’est pas la sienne, Lionel se sent idiot de l’inviter à prendre un siège, et la présence du lit est presque douloureuse. Et ce pyjama ! Une chaleur diffuse s’invite sur ses joues, déjà, dans cette intimité nouvelle. Inattendue. Aussi aucunement calculée. « Prenez siège où vous désirez, Gabrielle. Et pardonnez-moi si ma compagnie est peu agréable, avec la fatigue. J’espère tout de même réussir à répondre à… à ce dont vous désirez m’entretenir. » Il appréhende ce qu’elle lui dira, même s’il ne croit pas que ce sera une surprise. Il est même déjà prêt à s’excuser.
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyMar 13 Fév 2018 - 3:41

La chambre bleue. En y entrant, en la voyant éveillée, le souvenir de Gabin lui revenait comme par bribes. Le tapis épais d’un bleu gris, les rideaux de velours aux arabesques argentées très fines, les coussins à la couleur d’un ciel d’été sans nuage. Tout avait été soigneusement choisi pour ce petit frère tant aimé, tant chéri, qui la rendait si fère. Elle avait espéré lui avoir offert autant d’affection et d’attention que Gaëtane le lui avait refusé. Il allait bien, malgré la scène funeste de l’Académie et de la Chasse Sauvage. La Cibellane l’avait vu, alors qu’on soignait son épaule ouverte et qu’on la couvrait d’une couverture épaisse. Gabin avait survécu. Son petit frère était vivant. Une émotion prise dans sa gorge lui fit battre des cils pour y chasser les larmes de soulagement.

Pour chasser son sentiment et non sans une légère méfiance, elle plongea la pièce dans une pénombre relative après avoir tiré partiellement les rideaux. Le jour filtrait toujours et l’âtre dégageait des lueurs plus chaudes et plus invitantes à la confidence. Si Silvère arrivait à espionner le comte de Rivepierre, il ne faisait aucun doute que d’autres pouvaient les observer, malgré la hauteur de la chambre dans cette tour cibellane. Elle offrit à Lionel un sourire faible, la mine désolée de le couper ainsi du jour.

- Je n’arriverai pas à trouver le sommeil, aujourd’hui. Il me semble inconcevable de le retrouver un jour… J’ai beaucoup d’admiration pour vous, pour ceux qui en font leur quotidien. Une simple nuit de tourmente et il me semble avoir vieilli de quatre mille ans. Que s’est-il passé, réellement? Le savons-nous, seulement?

Elle avait terminé sa phrase en se posant sur le fauteuil, devant l’âtre. De là où elle s’était installée, elle ressentait la chaleur bienveillante des flammes semblable à une caresse rassurante. La princesse leva son visage vers cette chaleur bienvenue, les yeux clos, afin de profiter un bref instant de cette ambiance de quiétude qu’elle n’espérait plus. De la chaleur. Du silence. Un sentiment de protection. Lionel ne devait pas y être pour rien. Lorsqu’elle ramena son attention sur lui, elle l’invita à prendre place à ses côtés, les joues rosées de sa propre audace mais la fatigue en étendard comme excuse pour cette proximité. Que dirait-on, si on les savait là, lui dans ce pyjama, et elle dans cette robe de nuit? Bien des ragots, assurément. Une princesse cibellane qui multipliait les fautes diplomatiques en une seule soirée.

- J’ai beaucoup à vous dire… Je… Je ne sais pas comment, Lionel, ni par où débuter. Je ne sais pas si je trouverai les mots justes, et je vous prie, je vous conjure, de m’arrêter si vous ne désirez plus m’entendre. Un mot de vous, un seul, et je respecterai votre quiétude.

Elle avait levé sa main afin de donner plus de poids, encore, à sa requête. La mine sérieuse, un peu chagrine peut-être - mais qui pourrait l’en blâmer avec les cadavres accumulés dans les couloirs de l’Académie? -, Gabrielle s’était positionnée de manière à lui faire face sur le canapé. Côte à côte, son visage levé vers le sien, elle ancra son regard dans le sien avant de prendre parole.

- Votre baiser, Lionel. ...Votre baiser m’a surprise.

C’était un début.
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyVen 2 Mar 2018 - 1:20

La princesse se dirige d’abord vers la fenêtre et en ferme les rideaux, coupant les rayons du soleil de la pièce. Il ne sait la raison de son geste, mais loin de lui l’idée de le remettre en question, ou de demander à rouvrir ces rideaux. La pénombre nouvelle accentue cette impression d’intimité, dans la chambre bleue. À son image, Gabrielle n’a pas su trouver le sommeil, et il accueille avec un sourire mélancolique le compliment doux-amer à son propos, et celui de tous ceux qui combattent au quotidien. Le sommeil n’est pas chose facile, chez Lionel, pas chose facile chez cet homme trop souvent perclus de doutes et à l’occasion de culpabilité bien mal apaisée, mais cet aveu reste pour lui. « Je ne sais pas si nous le saurons un jour. » Il se doute seulement qu’ils ont assisté à un événement historique. Les répercussions de celui-ci, il ne les connaît pas, et peut-être même ne les connaîtra-t-il jamais vraiment. Il a seulement le bien vain espoir que ces Cavaliers, ces chasseurs et ces molosses, disparaîtront sans laisser de traces, et sans faire plus de mal.

Il n’ose pas la rejoindre sur le canapé, devant l’âtre de la cheminée, debout, droit et maladroit non loin. Il détaille plutôt le profil soudainement paisible de la jeune femme, admire le régulier de ses traits, le rose léger de ses joues. Motivé, peut-être, par ce signe à son égard, l’invitant à prendre place à ses côtés ? Ou simplement par l’épuisement, ou encore la chaleur du feu ? Il se questionne trop, comme toujours. Il obtempère et à une distance raisonnable, point trop rapprochée, point trop éloignée, il prend place sur le canapé. La demoiselle se retourne vers lui et il l’imite, jusqu’à ce qu’ils soient tous deux face à face. « J’ai beaucoup à vous dire… Je… Je ne sais pas comment, Lionel, ni par où débuter. Je ne sais pas si je trouverai les mots justes, et je vous prie, je vous conjure, de m’arrêter si vous ne désirez plus m’entendre. Un mot de vous, un seul, et je respecterai votre quiétude. » C’est un étrange préambule que celui-là et l’appréhension se fait un peu plus vive encore, chez le Chevaucheur, qui ne sait quoi attendre de cette discussion. « Votre baiser, Lionel. ...Votre baiser m’a surprise. Je m’en doute. Il a lui-même été surpris, pour tout dire. Ce n’était pas prémédité. » Baiser qui n’avait rien de ceux échangés à l’abri des regards, lors de quelques-unes de leurs rencontres. Baisers timides que ceux-là, sous-tendus d’une agréable intimité. Créant une attente, pour les prochaines fois, générant au creux de lui une douce hâte. Même quelques sentiments inattendus, de nature autant affective que charnelle (à sa surprise). « Et déplacé. Je m’excuse, si cela vous a choqué, et j’espère que cela ne portera pas atteinte à votre réputation, mais… je ne le regrette pas, Gabrielle. Une vérité simple. Il ne regrette pas cet acte irréfléchi, poussé par la peur de ne jamais la revoir. Comme si de ce baiser, elle était encore davantage protégée, veillée par encore davantage de dieux. J’avais envie, de vous embrasser. » Et ce fait, elle ne le sait pas, est suffisamment étonnant en lui-même.
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyVen 2 Mar 2018 - 3:43

Elle l’avait écouté en silence, son regard couvant le sien sans même le fuir, malgré l’embarras du sujet et la crainte de fauter devant lui, le comte de Rivepierre. La fatigue la rendait plus sensible mais aussi plus prompte à écouter son instinct qui n’était sans doute pas le meilleur conseillé, après cette nuit éprouvante. De ce qu’elle voyait, de ce qu’elle percevait, de ce qu’elle espérait, aussi, sans doute, Gabrielle ne voyait aucune nuance de mensonge ou de calcul, aucune escroquerie et féminité non plus. Pire : Lionel lui semblait plus grand et plus sincère que jamais. Se blottir contre lui. Fermer les yeux. Pleurer jusqu’à ce que le sommeil l’emporte pour une journée ou un mois. L’idée était séduisante, bien que Gabrielle s’y refusa catégoriquement. Elle avait quelque chose à lui confier. Ce serait ce matin ou cela ne serait pas.

- Vous en aviez besoin, peut-être, au fond de vous. J’en avais besoin, malgré ma surprise, de savoir que vous… Que l’un de vos derniers gestes m’était destiné tout spécialement. J’aurais quitté cette vie en ayant la certitude d’être la première pour quelqu’un.

Être la seconde, l’ombre éternelle, elle n’en pouvait plus, Gabrielle. Lionel lui avait tant offert, sans même le savoir… Elle se devait de lui offrir la franchise. La fatigue, toujours, sur ses traits, la lassitude dans sa voix d’ordinaire bien plus espiègle et vivante. La princesse releva son bras sur le dossier afin de nicher sa joue dans ce nid improvisé, toujours tournée vers lui, toujours à l’évaluer du regard, à tenter de comprendre ses pensées, de percer les secrets de son âme. Les yeux plus brillants, désormais baignés d'émotion, Gabrielle insistait pour poursuivre son idée d’une voix murmurée mais décidée, malgré le tourbillon de sentiments contradictoires qui devait la traverser.

- Il y a quelque temps… Oh.. Un mois, un mois, à peine, que l’on a insisté pour me prévenir d’une rumeur à votre endroit.

Le silence. L’odieux silence qui osait se prolonger, se prélasser et investir la conversation en seigneur et maître. Comment poursuivre, désormais? Quel mot choisir, quelle phrase emprunter pour lui avouer ce que l’on murmurait à l’oreille de la princesse de Cibella à son sujet?

- Vous avez été d’une franchise incroyable et généreuse, Lionel. Vous auriez pu taire la volonté de ma soeur, quant à notre union et notre descendance, pour vous assurez de ne pas m’effrayer et me détourner de vous… Mais vous avez été honnête. Je ne crois pas qu’il soit possible de vous estimer plus encore que je vous estime, pour l’honneur qui vous habite. Je ne suis pas une enfant d’Outrevent mais je crois profondément et sincèrement en la franchise et la loyauté. Celle qui lie nos promesses, tant par les paroles que par le coeur. Je vous dois d’être honnête, à mon tour.

À regret, la princesse redressa l’échine et abandonna tout à fait sa posture si confortable. Son corps malmené protestait pour un peu plus de confort, un peu plus longtemps, mais Gabrielle lui devait bien cela, aussi : une posture digne pour soutenir des paroles qu’elle espérait tout aussi dignes.
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyVen 9 Mar 2018 - 4:17

Ne pas s’excuser de son geste osé est en soi une décision osée. Risque-t-elle de s’en offusquer ? Il est prêt à prendre le blâme, le fier Chevaucheur, sans pourtant une seconde regretter. Gabrielle ne se fait pas dure, cela dit, et dans son regard épuisé, il ne lit aucun mauvais sentiment. « Vous en aviez besoin, peut-être, au fond de vous. J’en avais besoin, malgré ma surprise, de savoir que vous… Que l’un de vos derniers gestes m’était destiné tout spécialement. J’aurais quitté cette vie en ayant la certitude d’être la première pour quelqu’un. Douce Gabrielle… » Comme il lui démange, de la rassurer ! De lever la main et de caresser sa joue, qu’il sait déjà aussi veloutée que le plus riche des velours, et de chasser ces amères pensées. De faire disparaître ses tourments de mots rassurants et d’autres baisers, encore plus légers. Il doit pourtant se retenir, afin d’écouter ce qu’elle tient tant à lui dire, qui se forme dans une phrase douloureuse : « Il y a quelque temps… Oh.. Un mois, un mois, à peine, que l’on a insisté pour me prévenir d’une rumeur à votre endroit. »

Rumeur.

Ce simple mot le fait se redresser un peu, froncer les sourcils légèrement. De quelles malicieuses paroles inspirées par Kirjava est-il victime ? Qu’est-ce qui trouble la Cibellane à ce point ? Lionel ne brise pas le silence, peu désireux de s’avancer en terrain risqué, et il cherche ensuite dans les paroles rassurantes de Gabrielle un indice de ce qu’elle devra lui dire. Car, elle lui dira, n’est-ce pas ? C’est pour cela qu’elle est ici, dans cette chambre à l’ambiance feutrée : afin de le confronter. « Je vous dois d’être honnête, à mon tour. De quelle… de quelle rumeur parlez-vous, Gabrielle ? » La seule qui lui vienne en tête est celle imaginée, créée de toutes pièces, par ce fourbe prince Antonin. Il ne veut pas la formuler à voix haute, ni même évoquer le doute. Il préfère ne pas y penser et espérer que ce qui tracasse la princesse ne sont pas ces infâmes accusations, enfin mises à l’oeuvre par le biais d’un esprit aussi malveillant qu’il est peu honorable, mais d’autres mensonges plus légers. « Je vous jure la vérité, qu’importe ce qu’elle est. Ne me ménagez pas. »
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyMar 13 Mar 2018 - 1:50

De tout son petit discours qui se voulait si rassurant, Lionel n’y semblait aucunement sensible. Comment le lui reprocher..? Ne serait-elle pas elle aussi alarmée, sur le bout de son siège, à espérer que le supplice cesse et que la vérité éclate, qu’elle soit douloureuse ou bienvenue? Les sourcils froncés, un peu, il l’avait regardée dans un silence tragique, et Gabrielle sentait sa volonté décroître comme neige au soleil. On la disait courageuse, la princesse de Cibella, d’avoir été du convoi, d’avoir bravé la maladie pour le bien de tous. On lui chantait de bien tendres compliments. Il n’en était rien. Elle avait tant envie de faire revenir à elle tous les mots lancés avec tant de joliesse et de sérieux, de tout reprendre et d’effacer les traits soucieux du Chevaucheur.

- De quelle… de quelle rumeur parlez-vous, Gabrielle ?

Ses yeux, encore, toujours, nimbés de larmes. Elle était si fatiguée, soudainement. Plus encore qu’à sa sortie de l’Académie, couverte de sang et l’épaule encore douloureuse. La nervosité la gagnait peu à peu, alors que l’inévitable approchait pas à pas.

- Je vous jure la vérité, qu’importe ce qu’elle est. Ne me ménagez pas.

La sentait-il se rétracter…? La princesse déposa une main sur ses lèvres chagrines afin de ravaler sa peine, sa honte et son assurance de lui déplaire par ses prochaines paroles. Il devait savoir. Elle devait savoir, elle aussi.

- Une amie m’a parlé de l’avenir… Qu’il ne s’agissait que d’une facette, selon nos choix. Comme lorsque la roue du temps s’est brisée, Lionel. C’était.. Ce n’était pas ma vie. Mais elle aurait pu l’être, selon mes choix, selon les situations, selon la volonté du Destin. Pardonnez mes détours ; ils sont nombreux, je le sais. Mais je crois avec assurance que la vérité est de ce registre. Que la vérité vraie emprunte différents visages selon le regard que nous lui portons.

Elle avait réfléchi à cette rumeur, depuis que le prince héritier lui en avait fait part. Sa douce Marjolaine l’avait aidée à voir plus clair dans tout cela, et la seule explication plausible résidait dans ce fait : la vérité pure et unique n’existait pas. Antonin de Faërie avait peut-être perçu quelque chose, interprété une facette de ce qu’il croyait authentique, et avait cherché à la comprendre d’une façon qui lui semblait sensée. Ainsi, ni Antonin, ni Lionel n’étaient dans l’erreur. Il n’y avait qu’une divergence dans l’interprétation de la vérité. Un malheureux quiproquo.

- On m’a chanté que vous… Que vous… Et son ventre, qui semblait éclater. Et sa voix, qui soudainement tremblait. Et son coeur, qui lui était douloureux. La rumeur murmure que vous préféreriez mes prétendants, Lionel.
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyLun 26 Mar 2018 - 0:05

Gabrielle lui semble davantage fragile, alors qu’il la confronte face à ce qu’elle désire lui avouer. Quelques larmes accrochées à ses cils, sans qu’elles dévalent ses joues, les aveux coincés dans sa gorge délicate. Lionel lui a demandé de ne pas le ménager, mais c’est elle, qui semble avoir besoin de l’être, ménagée, car elle ne s’engage pas encore dans la voie des confessions. Esquisse de quelques phrases et détours une fable sur la vérité et ses nombreux visages. La mention de l’autre temps le trouble, pour ce qu’il y a vécu est encore si secrètement logé en lui. Ces rumeurs viennent-elles de là ? Quelques personnages mal intentionnés décidés à mettre à mal sa carrière, en proposant que s’il était pirate dans une autre vie, pourquoi ne pourrait-il pas l’être dans celle-ci ? « On m’a chanté que vous… Que vous… La rumeur murmure que vous préféreriez mes prétendants, Lionel. » Son esprit épuisé essaie de comprendre ce qu’elle sous-entend, dans cette délicate formulation. Refuse de comprendre, même, jusqu’à se rendre à l’évidence.

Un souffle et le feu de l’âtre devient véritable brasier, au diapason de l’émotion vive qui brûle au coeur du mage. Lionel se détourne de la princesse, incapable de supporter ce regard dans lequel il imagine plus de jugement qu’il peut véritablement en voir. Ses yeux noirs fixés sur les flammes, qui brûlent toujours plus haut dans la cheminée. « Je ne vous savais pas amie du prince Antonin », commente-t-il d’une voix qui se veut laconique, presque détachée, mais qui réussit seulement à se faire tremblante. Non pas parce qu’il hésite, à prononcer ce prénom : ça peut seulement être lui. Qui donc oserait répandre de telles rumeurs et être cru ? Qui pourrait prétendre quelque chose d’aussi répugnant et avoir un tant soit peu de crédit, au regard de la victime de ces mensonges ? Il n’y a que lui. Ainsi donc, il a mis sa menace à exécution… tant de mois plus tard. Pas même auprès de la personne mentionnée dans ladite menace. Évidemment. Même dans le plus horrible, Antonin de la Rive n’est pas homme sur lequel se fier. Tremblante, cette voix, à l’idée que la princesse lui parle de ça. « Vous a-t-il raconté les circonstances qui l’ont mené à cette conclusion des plus fines ?, dit-il avec amertume. Ou vous a-t-il épargné les détails, afin de donner à ses prétentions un quelconque lustre de vérité ? Mieux encore : vous a-t-il chanté qu’il m’a menacé, avec en main cette rumeur, afin d’extorquer de moi ce qu’il lui convenait ? » Le Chevaucheur en serait étonné. Qui donc irait se vanter d’une telle chose, tout en se prétendant champion de l’Honneur ?
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptySam 31 Mar 2018 - 15:28

Dans son regard, aucun éclat de bienveillance. Il n’y avait plus qu’une douleur entremêlée de colère, et Gabrielle recula imperceptiblement sur le canapé. Il s’était détourné. Elle avait retenu sa respiration. Comme elle regrettait! Comme elle aurait apprécié ramener les mots douloureux à elle et ne jamais les lui avoir lancés ainsi, en espérant qu’il surmonte cette rumeur. Mais Lionel lui avait été honnête. Gabrielle avait souhaité jouer de franchise.

- Je ne vous savais pas amie du prince Antonin.

Mortifiée. La phrase empruntait quelques nuances d’offense et de déshonneur, sous une voix tremblante de colère. Un vertige la traversa sans s’annoncer, et Gabrielle, désormais alourdie de mille fautes, s’adossa contre l’accoudoir rembourré. Comment réagir? Elle savait bien la situation délicate dans laquelle se trouvait la famille impériale, tout comme elle comprenait le sens de l’honneur mis à rude épreuve des hommes d’Outrevent. Mais Antonin de Faërie demeurait le prince héritier, et elle lui devait respect. Tout comme son amitié et son affection pour Lionel lui intimait une loyauté profonde. L’idée de lui être amie était donc une insulte, pour lui...

- Vous a-t-il raconté les circonstances qui l’ont mené à cette conclusion des plus fines ? Ou vous a-t-il épargné les détails, afin de donner à ses prétentions un quelconque lustre de vérité ? Mieux encore : vous a-t-il chanté qu’il m’a menacé, avec en main cette rumeur, afin d’extorquer de moi ce qu’il lui convenait ?

Pâle et tremblante, la princesse déposa une main à ses lèvres alors que les paroles assassines du Chevaucheur l’accablaient de tourments. Devait-elle dénoncer Antonin? Elle ne désirait en aucun cas être la cause d’une querelle plus terrible encore entre eux. Des menaces. Des mensonges. La Cibellane garda silence quelques instants, autant pour encaisser la réaction de son prétendant que pour calmer sa voix qu’elle devinait brisée par l’émotion.

- ..Son Altesse m’a avisée d’une querelle, entre vous, et, dans le souci de me préserver, ne m’a pas narré les détails.

Son Altesse. Antonin de Faërie. Avait-il déjà oublié…? Sans doute. Ils se connaissaient d’avant, ils se connaissaient par leur profession, ils se connaissaient en tant que Chevaucheurs. Le premier, jeune homme à peine assuré et avide de faire ses preuves. Le second, homme fait et accablé par les rumeurs.

- J’étais… J’étais perplexe, Lionel. Pourquoi donc me placer au centre de vos affaires? Je n’ai jamais voulu me retrouver ainsi, je n’ai jamais souhaité les confidences et les rumeurs. Il est mon prince, il est Diseur de vérité, il est, tout comme vous, un enfant de l’Honneur. Pourquoi me mentirait-il? Et…. Et cette rumeur, sur vous, alors que j’ai… Alors que j’ai apprécié et partagé de bien doux moments…

Gabrielle s’était inclinée afin de cueillir l’une des mains du comte. Prise d’un sanglot - elle-même ne savait plus trop depuis quand, exactement, les larmes s’étaient mises à perler sur ses joues -, elle laissa défiler une succession de baisers légers et fragiles sur le derme rugueux du Chevaucheur. Entre ceux-ci, comme un bruissement d’ailes à peine audible, des pardons lancés en nuée.
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyVen 6 Avr 2018 - 3:30

L’enfant de l’Été brûle, suffoque presque, sous la violence de la colère qui s’insinue dans ses veines, se distille dans chaque espace de son corps. Il n’y a bien que la présence de la princesse pour l’empêcher d’éclater, pour le forcer à conserver un calme qui n’est pourtant qu’une façade. Elle-même peut le sentir, le feu qui tournoie sous la muraille de ses traits tendus, la morgue et l’outrage dans sa voix hachée. La vue de Gabrielle, si accablée de tourments suite à sa confidence et à sa réaction, le blesse. Blessé de créer chez elle des sentiments qui n’ont rien de ceux doux, tendres, amoureux, qu’il espère tant faire naître. « ... Son Altesse m’a avisée d’une querelle, entre vous, et, dans le souci de me préserver, ne m’a pas narré les détails », confirme le bel oiseau de Cibella d’une voix aussi petite que brisée.

De toute évidence, il ne lui a pas semblé bon de la préserver de son imbécilité crasse et de son hypocrisie.

Au fil des paroles de la princesse, Lionel fabrique à leur prince une nouvelle histoire, des motivations, à ses actes, sans plus les comprendre. Quel intérêt, de s’entretenir à Gabrielle de ces idées fallacieuses, si ce n’est pour mettre des bâtons dans ses roues ? Pour, éventuellement, s’attirer sa faveur maritale en dévaluant un parti trop prometteur ? Ou peut-être bien seulement pour signifier qu’il sait tenir sa parole, aussi horrible soit-elle ? L’ironie de la chose lui dire envie de rire. Ou de pleurer. Les deux se disputent, dans son esprit. « [...] Pourquoi me mentirait-il? Et…. Et cette rumeur, sur vous, alors que j’ai… Alors que j’ai apprécié et partagé de bien doux moments… » Doux papillons que les baisers de Gabrielle sur son épiderme, mouillés de larmes sincères, et Lionel se rapproche d’elle, là où il s’était précédemment éloigné. La chaleur de la pièce est étouffante ; le feu hurle dans l’âtre. Il vient cueillir son visage entre ses mains, afin de le relever, de le regarder. Il veut regarder dans ses yeux bleus, afin qu’elle lise bien dans les siens. Qu’elle voit sa propre honnêteté, et qu’elle n’en doute pas. Pas même un peu.

Sa voix grave tremble encore un peu, et si elle est certainement amère, elle n’a plus le tranchant, le fiel, de précédemment : « Il n’a pas eu de moi ce qu’il désirait, Gabrielle. » C’est bien la seule explication qui lui vienne en tête. Et encore ! Rien ne dit que s’il avait gagné, que si Liam et Armandine de la Rive s’étaient fiancés, il n’aurait pas gardé ces racontars sous le coude pour les lui ressortir à toutes les sauces, à la façon d’un cuisinier belliférien amateur de moutarde. S’acheter un poste de major au sein de son Vol, obtenir quelques faveurs de la part de Liam, ou autres choses tachées de mensonges. « Il désirait que je convainque mon duc à fiancer sa soeur, Son Altesse Impériale la princesse Armandine. Liam a pris une autre décision et n’est pas né celui, ou celle, qui saura changer l’esprit de cet homme. Si ce n’est de par la menace. » Comme le père de ce prince dont ils discutent, en ce moment. La main de Gustave de la Rive posée sur l’épaule menue d’Aymeric, menace encore plus vive que celle de la mort. La mort, les hommes d’honneur ne la craignent pas. « J’avais confié à Liam la possibilité que Sa Grâce Antonin l’entretienne de tout cela, sans penser qu’il étendrait sa menace à d’autres personnes qui me sont chères. » Ses parents. Gabrielle. Gaëtane. Rackham. Tous ses proches. Une menace latente.

Il secoue légèrement la tête, comme pour chasser ses sombres idées. « Ce n’est pas de votre faute et je suis désolé que vous ayez eu à entendre… ça. » Lionel dépose ses lèvres sur son front et ses mains viennent enserrer les siennes avec douceur. « Croyez-vous à ces paroles ? » Elle l’a dit : pourquoi lui mentirait-il, le diseur de vérité ? Alors le Chevaucheur a besoin qu’elle lui affirme qu’elle ne croit pas Antonin de la Rive. De Faërie. Leur prince impérial.
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyMar 10 Avr 2018 - 15:29

Son regard plongé dans le sien, Gabrielle entendait chacun des mots de ce récit horrible dans lequel le prince héritier de Faërie ne tenait pas le rôle d’un héros, bien au contraire. Il avait menacé, il avait machiné quelques sombres affaires afin de se venger des épousailles refusées entre la jeune Armandine et son cousin Liam. Dans son esprit, les informations se bousculaient et cherchaient à faire sens. La volonté de faire accepter la magie du sang à travers Faërie semblait forte, pour la famille impériale, s’ils en arrivaient à de tels recours. Mais.. Pourquoi Antonin se proposait-il à elle, Épine confirmée, alors que la Rose se faisait particulièrement méfiante de ces magies oubliées? Des informations devaient manquer, autant d’Antonin que de Lionel. Tout n’était pas dit. Tout ne devait peut-être pas être dit.

Le baiser de Lionel avait tari ses larmes et la chaleur de l’âtre, ou peut-être était-ce le feu de l’Été qui parcourait les veines de son prétendant, semblait d’autant plus étouffant. Mais elle soutenait son regard, Gabrielle, alors qu’il la questionnait sur ses sentiments quant aux paroles d’Antonin de Faërie. De toutes ses explications, de toute sa colère, le comte de Rivepierre n’avait pourtant pas démenti la rumeur.

- Je crois qu’il n’aurait jamais dû vous menacer de la sorte, et que de tels agissements font pâlir la couronne impériale. Ce n’est pas digne d’un prince de décrier ainsi un comte…

Les sourcils froncés en une expression d’accablement, la princesse ne se dérobait pas à son regard. Ses confidences, à Marjolaine, demeuraient intactes. Lionel de Rivepierre pouvait la rendre heureuse, elle en avait l’intuition, même si aucun amour était possible entre eux. Quant à Antonin… Allait-il la menacer de révéler ses confidences si elle ne se soumettait pas à sa volonté? Quel homme pouvait s’abaisser à pareilles bassesses? Dans un soupir résignée, la princesse en vint à la conclusion qu’elle se trouvait au centre d’une querelle et que l’un comme l’autre, par leurs paroles teintées d’un versant de vérité, cherchaient à la conquérir. Il lui faudrait choisir rapidement, désormais que le venin coulait entre ses prétendants et que le temps filait.

- Il a dû y avoir méprise dans cette vérité qu’il devine. Je… Je ne me laisserais pas atteindre par cette révélation. J’étais à votre bras, avant que.. L’horreur ne frappe, à l’Académie. J’étais à votre bras, en votre compagnie, avant même que nous parlions de cette rumeur, vous et moi.

Un compromis tiède résultait de ses croyances. Si elle acceptait de ne pas croire les rumeurs d’Antonin, elle affirmait qu’il y avait eu méprise et que le prince impérial n’était peut-être pas le menteur qu’on souhaitait qu’il soit.

- Soyez assuré, Lionel, que je m’opposerais à ces accusations si elles reviennent jusqu’à moi. Qu’importe notre situation, qu’importe quel enfant au sang bleu ose les porter... Je ne vous laisserai pas vous faire calomnier.

La Cibellane secouait la tête à quelques reprises, terriblement sérieuse. Il y avait dans cette résolution l’habitude de protéger son puîné, même si les rôles s’étaient quelque peu inversés. Il y avait aussi la volonté de défendre cette amitié, cette tendresse qu’elle éprouvait pour lui.
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyMar 8 Mai 2018 - 6:05

Il lui a demandé franchement, si elle croyait aux paroles du prince Antonin. Une question qui est sans détour, dans sa formulation, et qu’il attend avec aussi peu de détours dans sa réponse. « Je crois qu’il n’aurait jamais dû vous menacer de la sorte, et que de tels agissements font pâlir la couronne impériale. Ce n’est pas digne d’un prince de décrier ainsi un comte… » Les sourcils froncés, Gabrielle n’est pas moins jolie, et il peut seulement approuver cette première partie de réponse. En effet, ce n’est pas digne d’un prince impérial d’agir ainsi et le jeune de la Rive ne redorera certainement pas le blason de sa famille, déjà abondamment terni par les actes de son paternel. « Il a dû y avoir méprise dans cette vérité qu’il devine. Je… Je ne me laisserais pas atteindre par cette révélation. J’étais à votre bras, avant que.. L’horreur ne frappe, à l’Académie. J’étais à votre bras, en votre compagnie, avant même que nous parlions de cette rumeur, vous et moi » Lionel veut tant et tellement trouver du soutien, dans les mots de Gabrielle, mais il n’y trouve pas tout à fait ce qu’il recherche. Peut-être est-ce sa verve outreventoise ? Son caractère entier, qui exige une entièreté égale en réponse ? Là où il imaginait l’outrage, aussi grand que le sien, il a le sentiment que la princesse ne lui offre qu’une tiède étreinte.

Le feu, dans l’âtre, perd un peu de sa vigueur, alors qu’un soupçon venimeux fraye son chemin dans l’esprit du Chevaucheur. Ses mains ne quittent pas celles de Gabrielle, mais là où son derme rugueux caressait doucement celui satiné de la princesse, elles s’immobilisent.

« Soyez assuré, Lionel, que je m’opposerais à ces accusations si elles reviennent jusqu’à moi. Qu’importe notre situation, qu’importe quel enfant au sang bleu ose les porter... Je ne vous laisserai pas vous faire calomnier. » Il la croit. Il ne peut pas croire qu’elle mente. Ils sont trop épuisés. Ils en ont trop vécu, ce soir, de concert. Ils ont frôlé la mort de trop près pour se confondre en cachotteries. Il y a tant de sérieux, dans ce charmant visage, que Lionel n’imagine pas qu’elle puisse jouer.

Les taches rouges de ses joues et de son cou pâlissent, alors qu’il remarqué qu’à aucun instant, elle n’a sincèrement, frontalement, signifié qu’elle ne croyait pas Antonin. Oh, elle a parlé de méprise, bien sûr, parlé de ne pas se laisser atteindre par cette révélation, mais… ce n’est pas cela. « Vous ne le croyez pas capable de mentir. » Pas d’accusation, pas d’interrogation. Un constat, simple, un peu faible. La princesse le croit, mais elle croit également le prince. Qu’a-t-elle dit, précédemment, à propos de la vérité vraie, déjà ? Que celle-ci emprunte différents visages selon le regard qui lui est porté. Leurs mains se détachent, et Lionel s’enfonce dans le canapé, replié sur lui-même. Blessé dans cette confiance mise dans cette femme, à laquelle il a confié la pire calomnie racontée à son sujet. « Qu’attendiez-vous de moi, en me parlant de ce mensonge, Gabrielle ? Que je vous confirme, ou infirme, cette infâmie ? Que je me confie ? Que j’éclaire la nature de la situation qui règne depuis une année, entre le prince de Faërie et moi ? Je ne sais pas… je ne sais pas ce que vous désirez. Aidez-moi à comprendre. »
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyLun 21 Mai 2018 - 2:20

Alors qu’elle lui promettait de s’opposer au prince impérial lui-même, s’il osait médire à nouveau sur lui, Lionel retirait ses mains d’entre les siennes et battait en retraite, légèrement replié sur lui. Les larmes avaient enfin cessé de couler en abondance sur ses joues et Gabrielle se contentait désormais de considérer la distance entre eux que sa propre confidence avait creusé. Elle avait cillé en entendant son affirmation qui ne laissait aucune place à l’interrogation. Oui, la princesse de Cibella peinait à voir dans la manœuvre malhabile d’Antonin de Faërie un tissu de mensonge. Tout comme elle n’arrivait pas à croire que Lionel puisse mentir sur son orgueil blessé, en ce moment-même. Orgueil blessé, mais rumeur aucunement démenti. Il est blessé de pareils propos de son prince, voilà tout. Qui ne le serait pas…? Elle s'efforça d'ignorer les protestations de Silvère, depuis son esprit, pour redoubler d'attention sur les paroles de son invité.

- Qu’attendiez-vous de moi, en me parlant de ce mensonge, Gabrielle ? Que je vous confirme, ou infirme, cette infâmie ? Que je me confie ? Que j’éclaire la nature de la situation qui règne depuis une année, entre le prince de Faërie et moi ? Je ne sais pas… je ne sais pas ce que vous désirez. Aidez-moi à comprendre.

Gabrielle tressaillit légèrement sous ses paroles et devant les ombres valsant dans son regard. Elle lui déplaisait, et cette idée était plus abjecte encore qu’un mensonge impérial à son endroit. L’idée de se confier à elle n’était pas naturel. Évidemment. Qu’elle était sotte d’avoir cru l’inverse. La bouche sèche d’avoir pleuré, la voix tremblante de savoir la conversation s’enliser vers une finalité peu agréable, elle s’efforça néanmoins de lui offrir une réponse.

- Vous avez été si honnête envers moi, Lionel… La vérité des exigences de Gaëtane. Vous saviez que cela me blesserait, profondément, mais vous avez jugé que la franchise était plus importante. Je préfère que vous sachiez qui colporte de sinistres rumeurs à votre endroit. Je suis.. Oh, Lionel, je suis profondément navrée de mes débordements. Vous méritez quiétude, après les événements, vous méritez un peu de calme, et je… Je ne fais qu’ajouter à la noirceur de la précédente nuit.

Elle avait glissé sa main sur ses joues pour en chasser les dernières larmes puis, dans une volonté de se montrer digne, elle s’était redressée avec sa délicatesse habituelle. D’une main discrète, la princesse lissait un pan de sa robe légère en cherchant à reprendre un peu d’assurance, à effacer ses sanglots qui semblaient s’entendre encore, dans la paisible chambre bleue.

- Je tenais à vous assurez, également, que ces rumeurs avaient peu d’importance dans mon choix. Je n’en tiendrai pas compte.
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyMar 31 Juil 2018 - 4:38

L’épuisement de la princesse la fait vaciller et Lionel se sent quelque peu coupable, d’ainsi l’accabler de ses exigences, de ses peurs, de ces sentiments égoïstes et simplistes qui le tenaillent et qui sont bien éloignés de toute joie. Il aurait préféré qu’elle entre ici afin de discuter de cet avenir qu’il espère tant voir se dessiner devant eux, de lui annoncer qu’elle accepte enfin de lui donner sa main, de parler de tout et de rien. Ou même, dans le désir secret de quelques étreintes interdites, bien loin des conventions des gens de leur rang, dans le simple besoin de se sentir vivante. Peut-être même était-ce ce qu’il espérait ?
Il désirait la rejoindre, avant qu’elle le fasse.
Il avait tant besoin de ne pas être seul.

« Vous avez été si honnête envers moi, Lionel… La vérité des exigences de Gaëtane. Vous saviez que cela me blesserait, profondément, mais vous avez jugé que la franchise était plus importante. Je préfère que vous sachiez qui colporte de sinistres rumeurs à votre endroit. Je suis.. Oh, Lionel, je suis profondément navrée de mes débordements. Vous méritez quiétude, après les événements, vous méritez un peu de calme, et je… Je ne fais qu’ajouter à la noirceur de la précédente nuit. C’est moi qui suis égoïste, Gabrielle, à vous exiger des promesses à de telles heures, après de telles épreuves, sans porter attention à vos sentiments », glisse-t-il doucement, alors qu’elle efface de ses joues les traces de ses dernières larmes. Il aimerait chasser son chagrin, en même temps que ses pensées sombres… et pourquoi pas, du même coup, les doutes terribles qui rongent son propre coeur. Cette certitude noire que tout ce qu’il a fait a été en vain.

Sans doute Antonin de la Rive a-t-il obtenu ce qu’il désirait, au final.
Il a tout gâché.

« Je tenais à vous assurez, également, que ces rumeurs avaient peu d’importance dans mon choix. Je n’en tiendrai pas compte. » Il veut la croire. Il veut tout croire, à cette heure, et dormir du sommeil du juste. Seulement, il sait que les esprits sont si aisés à influencer, même les plus vertueux, et que toutes les promesses du monde ne sauront effacer ce que sait Gabrielle. Cette idée que d’une certaine façon, le prince Antonin ait pu avoir raison. Dans son esprit, Familier et dragon se taisent, dans un silence douloureux. Les larmes de la princesse ont disparu, mais les siennes menacent de poindre, et il ne peut que se concentrer sur la si paisible chambre bleue pour ne pas laisser ses émotions en pagaille prendre le dessus. Pour ce qui reste du meilleur de lui-même. « Je désire tellement vous aimer et être l’homme dont vous avez besoin, qui jamais ne doutera de vous, ou de lui-même. Le Chevaucheur a la voix grave et bien calme, après les éclats, le cynisme, la rage, la tristesse. Presque résolue. Je crains d’être au mauvais mari pour vous, Gabrielle. De ne pas celui qu’il vous faut. Vous méritez… vous méritez ce qu’il y a de mieux. » Et Lionel n'est désormais plus si sûr d'être ce qu'il y a de mieux pour elle.
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyLun 20 Aoû 2018 - 1:24

- Oh, Lionel…

Comment parvenait-il à lui broyer le cœur en si peu de mots, à la faire frémir d’angoisse par la mention de ses moindres doutes? Immobile, la gorge nouée, elle bataillait, la fragile princesse, entre rejoindre ses appartements et suivre ses mises en garde, quant à leur union chagrine, ou s’élancer contre lui pour le rassurer. Lui dire ce qu’il avait besoin d’entendre, même si la vérité ne serait peut-être pas entière. Voyait-il combien il lui coûtait de rester là, torturée par les secondes de silence et de lourdeur qui s'étiraient, incapable de se résoudre à l’abandonner à ses doutes? Pas après cette nuit d’horreur. Et ses mots, cruels, meurtris, sur ce mariage qui ne lui convenait plus, à défaut d’être le meilleur pour elle. Peut-être était-ce simplement l'évidence..? Lionel avait appris à la connaître, et désormais qu’elle n’était pas à la hauteur de sa réputation de mage talentueuse, de soeur d’une duchesse farouche, il n’y croyait plus. Non, non… Non. Il était un homme d’honneur et il ne se draperait jamais de l’habit du timoré pour la faire se détourner. Ce serait… Ce serait cruel. Ce serait mesquin. Ce ne serait pas Lionel d’Outrevent.

Toujours là, les yeux douloureux d’avoir pleuré, la gorge serrée pour ne plus verser de larmes. Comment lui dire..? Comment formuler ce qu’elle désirait lui faire comprendre? Ce qu’il lui disait, en se confiant, faisait écho à ses propres doutes. Elle n’osait bouger, la jolie princesse, les mains jointes, pressées, à l’image de ses tourments et de sa fatigue. Et plus le sol semblait instable, sous le poids de son chagrin, plus ses pensées s’affolaient. Et pourquoi donc, parler? Et pourquoi donc verbaliser son attachement, dire tout haut combien elle l’estimait, avec des mots maladroits et tremblants, si peu à la hauteur des bons sentiments qu’elle avait pour lui? Comme elle aurait aimé ne pas trembler devant ses propres doutes pour le rassurer, lui, quant il en avait tant besoin. Comme elle aurait aimé avoir le courage et la force de franchir ces quelques mètres pour l’enserrer, braver la possibilité qu’il la rejette et blottir son minois sur son épaule. Embrasser sa peau qu’elle devinait salée, là où le col de son chemisier se terminait.

- Vous m’avez sauvée… Vos pensées, dans l’énervement et le chaos, furent de m’embrasser. J’ai été… Bien sotte de me questionner. Bien ingrate de vous blesser avec cette rumeur. Bien impitoyable de vous faire douter de vous-même… Oh, Lionel.

Aussi douloureux l’aveu pouvait-il être, Gabrielle le comprenait de désirer se soustraire ainsi à ses prétendants. Sa conversation lui semblait floue, désormais. Avait-elle réellement exigé de lui qu’il ne doute pas? Qu’avait-elle dit? Quels mots avait-elle utilisés, pour le torturer à ce point? Faute de réponse, rongée par une culpabilité naissante et une peur qui lui pressait la poitrine, elle avait quitté sa posture pour se rapprocher d’un pas, puis d’un autre.

- Je vous demande pardon. ... Je.. Je vous demande pardon.

Qu’il lui pardonne. Qu’il se retire. Qu’il la chasse, même. La princesse avait levé son minois et, faute de contrôler la situation, s’efforçait de se contrôler elle, et d’assumer ce qu’elle avait créé en soulevant cette rumeur en pareil moment.
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyDim 11 Nov 2018 - 5:37

Son éducation - à la fois de haute noblesse et outreventoise - lui semble plus lourde que tout, en ce moment. Incapable de s’ouvrir tout à fait à cette femme. De lui partager ses émotions. De chercher son contact et sa chaleur, à mesure de ce qu’il désire. Sont-ils condamnés à ainsi se blesser, sans même lever la main l’un sur l’autre, que ce soit pour une gifle, ou une caresse ? Une pensée, vive, soudaine, pour Géralt. Pour septembre et la maladie. Pour sa vulnérabilité. Pour le plaid, qui ressemble tant aux couleurs de Rivepierre, encore à sa tour. « Vous m’avez sauvée… Vos pensées, dans l’énervement et le chaos, furent de m’embrasser. J’ai été… Bien sotte de me questionner. Bien ingrate de vous blesser avec cette rumeur. Bien impitoyable de vous faire douter de vous-même… Oh, Lionel. » La demoiselle se rapproche de lui, en deux pas timides. Sa voix encore étranglée, dans sa gorge. Ses yeux séchés, mais pas moins emplis d’émotions. « Je vous demande pardon. ... Je.. Je vous demande pardon. »

Lionel se lève à son tour et vient prendre les deux mains jointes de la princesse, délicates entre les siennes, marquées de cal de ceux qui volent et chevauchent les cieux. « J’ai promis de respecter votre choix, Gabrielle, qu’importe sa nature. Vous n’avez pas été sotte, de vous questionner. Il dépose un baiser sur chaque main. L’odeur de sa peau est discrète, parfumée, sans effluves de sang ou de feu. Comme si rien ne s’était passé, comme si les horreurs de la nuit n’avaient été que de simples cauchemars sans conséquence. Il n’y a rien à pardonner. » Ils sont revenus si proches. Ses yeux sombres soutiennent son regard, avant de descendre sur ses lèvres.

Comme il a envie de céder à ses propres envies. À l’urgence. Au chaos. Au feu de l’Été. À l’envie de vivre. De se laisser emporter.

Il murmure, plutôt : « Nous devrions dormir. » Toute énergie est drainée de lui et ses membres sont lourds, maladroits, douloureux à chaque tressaillement de sa part. Même si le sommeil lui semble être une chose étrange, même s’il sait qu’il ne dormira pas, ils ont besoin de se reposer. De fermer les yeux et de somnoler. À deux. « Voulez-vous… » Il tourne la tête vers le lit soigneusement fait, aux draps frais et à l’édredon sans un seul pli. Il doit compléter sa phrase, pour que la proposition soit moins scandaleuse que ce qu’elle semble déjà, pour toute la gêne qu’elle génère chez lui. La détresse, également, en regard de leur précédente discussion. « Je, je garderai le canapé. Nous laisserons la porte entrouverte. Ou nous pouvons… rester ici. Devant le feu. » Qu’on ne vienne pas les soupçonner de quelques malices susceptibles d’entacher la réputation de Gabrielle. L’honneur de la princesse de Cibella surpasse ses instincts, ses désirs furieux et surprenants.

Surtout, il est incapable de dire ce qu’il a réellement besoin, d’avouer cette faiblesse qui le tenaille depuis qu’ils ont mis pied à la tour du Ru-d’Argent. Ce que sa bravoure brisée, son courage réduit en miettes, lui dictent, malgré cet orgueil outreventois. Ce qu’il désire vraiment.

Il n’a pas envie d’être seul, cette nuit.
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Gabrielle de Faërie
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Message Sujet: Re: Le temps des promesses   Le temps des promesses EmptyDim 2 Déc 2018 - 5:37

Quelque chose s’était irrémédiablement transformé, dans la chaleur de la pièce. Peut-être n’était-ce que le regard de Lionel qui s’était fait pesant, sur ses lèvres sucrées, ou alors était-ce plutôt la douceur de ne pas le savoir contrarié par ce sujet épineux qu’elle avait osé soulever..? Elle n’osait plus faire un pas, captive de son attention, alors que la tension devenait presque palpable. Le souvenir lointain mais pourtant si récent de son baiser volé, dans les méandres de l’Académie, lui revenait comme une évidence. Comme la seule chose envisageable, ce soir. Ce matin. Elle ne savait plus ; le temps lui échappait depuis qu’elle s’était faufilée dans cette chambre.

- Ici… Ce sera parfait.

Était-ce elle ou bien lui, l’initiateur de cette étrange étreinte? Il s’était incliné sur elle, la couvrant de sa grandeur, et elle s’était hissée sur le bout des pieds pour répondre à cet envie qu’elle lui partageait. Un baiser, aussi intense que celui échangé dans les couloirs sanglants de l’Académie. Un baiser, aussi passionné que le premier qu’ils s’étaient offerts, sous l’ombre du saule pleureur, au coeur du Ru-d’Argent. Et soudainement, ce n’était plus assez. Ni pour elle. Ni pour lui. Ses mains délicates cherchaient déjà un moyen, une manière, de retirer cette chemise qu’il portait, alors qu’il lui intimait à rejoindre le sol, le canapé, quelque chose, qu’importe, tant ses baisers se faisaient insistants. L’idée fragile qu’il souhaitait peut-être prouver quelque chose lui avait traversé l’esprit, mais l’ardeur de son amant qu’elle ressentait contre sa cuisse ne mentait pas. Lionel pouvait être bien des choses, mais Gabrielle était convaincue, à ce moment précis, qu’il ne mentait pas sur ce besoin qui était aussi le sien. Alors elle chercha son regard, l’oeil alangui par le désir qu’il faisait grimper en elle. Bientôt, très bientôt, il n’y avait plus de jupon, plus de titres, plus d'apparats. Il ne restait que deux survivants qui cherchaient à apaiser l’horreur vécue. Que deux amants qui se trouvaient enfin.

La chaleur de l’âtre sur sa peau fiévreuse, le souffle haletant de Livien contre elle. Ce n’est que lorsque la petite mort se présenta enfin que Gabrielle consentit à fermer les yeux pour l’accueillir. Puis elle gloussa, la princesse, de plaisir, de légèreté, alors que les derniers frissons la quittaient. Tout semblait bien simple, désormais. Ils avaient survécu. Ils survivraient encore. Et chaque larme qu’elle avait pu verser semblait bien dérisoire alors qu’il l'entraînait sur le lit satiné.

- Plus jamais.. Plus jamais, la laideur, le sang. Plus jamais la peur.

Elle semblait bien fragile, la princesse, le minois tout près de celui de son amant, son regard perdu dans le sien. Là, sous la couette qui les couvrait à la manière d’une tente de fortune, coupés du monde par un édredon qui empruntait tout son pouvoir aux rêveries d’enfant, Gabrielle avait cueilli une nouvelle fois ses lèvres. Gourmande princesse. Elle ne savait pas s’il s’agissait ou non d’une erreur, d’avoir partagé autant d’intimité avec l’un de ses prétendants, mais ce soir, rompue par l’angoisse, par la peur, par le sang, la jeune femme désirait bien tenter une seconde fois. Juste pour s’assurer qu’il s’agissait bel et bien d’une erreur. Ou non.
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