964 – Sovnheim.
A 14 ans, Alrik avait déjà comprit un bon nombre de choses.
En premier lieu, que sa naissance avait été un coup du sort particulièrement risible. En effet, c'est à la suite d'un pari stupide que ses parents eurent le bon sens de concevoir le futur guerrier. Alors qu'ils étaient déjà forts d'une famille fort nombreuse constituée de 4 fils et 3 filles, le couple s'est peu à peu aperçu de l'espèce de routine qui s'installait et gangrenait leur couple. Lui déjà âgé de 47 ans, elle de 39 ans, si le temps n'avait pas ébrechait leur amour il avait sans aucuns doutes semer les graines d'un ennui mortel, menacant la flamme d'une passion brûlante. C'est au cœur d'une soirée bien arrosée que le couple, naturellement, s'evertua à force cries et moultes bravades à s'envoyer des reproches infondés à la figure. Des coups à force égale furent échangés, des mots furent prononcés, et c'est un échange en particulier qui scella le destin d'Alrik.
Elle – D'toute façon lo t'os même pos les couilles d'me tringler comme quand qu'on avait 20 ans, vieux bouc rabougri !
Lui – HEY ! Tu m'traites de couilles molles lo, Tabernacle ?! Boh que j'te parie que j'en ai en encore dans les bourses ma parole !
S'ensuivit alors une nuit endiabliée dont furent rapidement au courant tous les habitants du bourg. Cette nuit marqua les esprits comme « La nuit de la truie sautée. » Comble de hasard et de bonne fortune, c'est à un âge quadragénère qu'elle tomba enceinte.
Un pari fou, qui risquait à tout moment de très mal finir tant l'exploit était grand. Un pari fou qui fut mené à bien. Alrik vit le jour, cadet de sa famille, et la famille fut tellement estomaquée que son tuteur, soit son frère aîné, le placa sous le signe d'Omen, dieu des paris.
En second lieu, il eut la présence d'esprit de comprendre qu'il n'aurait rien de la part de ses parents, qui malgré leur statue de bons bourgeois n'avaient pas une fortune assez conséquentes pour une fratrie de 10 personnes. Il ne pourrait même pas aspirer à l'héritage de sa maison familiale, si loin qu'il était de son aîné, déjà un homme fait.
En troisième et dernier lieu, Alrik ressentit pour la première fois la dérangeante présence de son ennemi de toujours : L'ennui. Il prononça pour la première fois ces mots qu'il aimerait tant voir être gravés sur sa tombe : « Morbleu, on se fait vraiment chier en Valkyrion ». Ne riez pas, nous savons tous que c'est la vérité. De la neige, de la neige à perte de vue avec des cailloux gris. Qui pouvait donc être le sagouin qui avait peint ce duché en noir et blanc ? C'est en usant de cette allégorie très recherchée que le jeune garçon s'adressa à son paternel en ses termes.
- Père, je veux voir les couleurs. Le jaune, le vert, le bleu, le rouge. Je veux les vivres, je veux les toucher. Je ne peux pas vivre dans un pays de blanc éternel. Donne moi une chance de te prouver ce que je vaux. Je veux voir le monde ce que le monde a à offrir.
D'abord, son paternel lui mit une première calote. Pour qui se prenait-il à user de tels figures de style ? Etait-il devenu une « fiotte de poète » alors qu'il avait le dos tourné ? Puis, il réfléchît à la demande de son cadet et lui ebouriffa les cheveux de fierté. Une telle ambition serait d'un intérêt non négligeable à sa famille. Déjà pour l'honneur que cela pourrait apporter sur le nom, et ensuite parce qu'un potentiel décès de ce fils un peu trop audacieux réhabiliterait quelque peu l'héritage qu'il avait à léguer. Il s'arrêta, compris qu'il souhaitait indirectement la mort d'un fils qu'il chérissait et laissa la culpabilité emplir son cœur. Pour faire bonne mesure, il décida de se punir et donna donc une seconde calote à son cadet du fait qu'il était fort stupide que de se gicler soi-même. A contrario, pour signifier son affection et sa fierté à ce fils qui cherchait à faire ses preuves, il le gratifia d'une étreinte virile empli d'un amour que seul peut éprouver un père pour un fils avant de lui infliger une troisième calote, ressentant toute la frustration et le manque que le départ de son fils allait lui occasionner.
Enfance difficile, n'est-ce pas ?
Passons sur ces détails peu orthodoxe et arrivons en à la finalité de cette discussion. Une décision fut prise à l'égard de l'ambition dévorante d'Alrik, qui fut notamment soufflé par al mère de ce dernier le connaissant plus que n'importe qui. Fort de ses contact en Béllifère, le couple eut la jugeote d'estimer que la nature impétueuse de leur morveux serait parfaitement adapter à une formation martiale au sein du duché de la guerre ; ainsi espéraient-ils, en un sens, qu'un tant soit peu de discipline lui soit bourré dans le crâne, dont l'ultime finalité serait la perte de ce caractère proche de celui d'un chien fou.
Alrik de Sovnheim fut donc présenté par son paternel au vénérable capitaine Theodorius Mord-La-Couenne, ancien capitaine de l'antenne de la guilde des guerriers de Bellifère. Fort d'une très, TRES longue expérience dans l'art de la guerre, il était si réputé et repecté qu'on continua de l'appeler capitaine ou maître même après son retrait de ses fonctions. Désormais il était devenu instructeur dans l'armée de Bellifère et était devenu connu pour la difficulté infernale de ses enseignements. Je m'en vais de ce pas vous détailler quelque peu le personnage.
Grossièrement, il avait l'air particulièrement grotesque, ses cicatrices et autres mutilations ayant transformer son corps en une espèce de de monstre de chair et de bois. Theodorius avait une trogne pas possible. Borgne, défiguré par trois grosses balafres, une oreille en moins, 6 dents encore accrochées à ses gencives et de très longs poils de bouc descendant de son menton. Il était bossu, privé d'une main et d'une jambe qu'il avait prit soin de remplacer par des prothèses de bois personnalisé. Il avait attacher au moignon de son bras gauche un authentique pénis taillé dans du bois massif, dont il se servait pour menacer l'intégralité de ses élèves en l'agitant sous leur nez, promettant dans un langage qui pourrait arracher le palais d'un pirate qu'il saurait s'en servir si on lui obéissait pas au doigt et au moignon. De l'autre côté, il se reposait sur une jambe de bois qu'il se plaisait d'orner d'une entaille à chaque élève qu'il avait sanctionné à l'aide de son bras-phallique. Sa seule vue suffisait à conserver une autorité absolue sur ses gars.
Ravi de voir dans quel enfer il allait placer sa tête brûlée de fils, le père d'Alrik laissa ce dernier aux bons soins du capitaine Mord-La-Couenne. Ainsi débuta son apprentissage de l'art de la guerre.
L'intrigue 2.3 parle des vies alternées des personnages. Merci de la mentionner ici pour indiquer ce que ton personnage avait comme vie alternée.