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 Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes

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La Fatalité
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Message Sujet: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyDim 8 Avr 2018 - 14:04




Chroniques d'Arven

Intrigue 3.3

Les Échos du Passé

30 mai 1003



Intrigue animée par Lemon Tart


Contes et Légendes

Bruits étranges, murmures glacés, portes qui claquent et autres disparitions inexpliquées… Des lieux hantés, il y en a pléthore en Arven, et les rumeurs à leur sujet sont légion.

Racontez.




Premier Tour

Consignes



IRL : du dimanche 8 avril au dimanche 15 avril (18h).
IRP : au choix

• Ce topic concerne les personnages inscrits à l’intrigue au préalable (Agnès, Astarté, Césaire, Gaëtane, Géralt, Lauriane, Mayeul, Tara & Walid). Si ce n’est pas le cas, un petit MP à la Fatalité et vous serez les bienvenus !

• Pendant ce tour, vous rédigerez un texte sur un lieu hanté, celui de votre choix.

• Aucune limite de mots n'est imposée.

• Vous pouvez poster plusieurs fois, présentant différentes situations, si vous le souhaitez !

• Le format est libre ; vous pouvez écrire une chronique, un journal intime, un rapport militaire, un cours d'histoire à l'Académie, un poème, un conte pour enfant... Comme vous le souhaitez !

• Si votre texte est réussi, il pourra éventuellement intégrer le recueil des Contes et Légendes. Si tel est le cas et que le staff sélectionne votre écrit, vous remportez une carte d'Omen à cette occasion.






Dernière édition par La Fatalité le Lun 9 Avr 2018 - 1:07, édité 1 fois
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Les Voltigeurs
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Mayeul de Vifesprit
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyDim 8 Avr 2018 - 23:42

Une série de missives, non datées.
Elles sont compilés dans un livre écrit par Jacques Effai dit "L'Effrayé", intitulé Maisons hantées, les éviter.

Chère Mère
Me voilà établi à Euphoria, et autant te dire que cela n'a strictement rien à voir avec aucun de nos villages ! Ici, chacun se mêlent, riches comme pauvres, hommes comme femmes, dans une atmosphère légère qui me met parfois mal à l'aise. J'ose croire que je m'y ferais. Mon ailier m'a pris sous son aile, et je pense que cela va beaucoup m'aider. Demain, nous ferons le tour des quartiers de la caserne que je puisse m'y repérer. Pelote te transmet ses amitiés.
Ton fils qui t'aime.




Chère mère.
Décidément, les cielsombrois ont des mœurs bien étranges, et il me faudra quelques temps pour les comprendre, et encore plus pour les accepter. Parmi leurs croyances les plus bizarres, l'une me laisse particulièrement sceptique : un fantôme vivrait à quelques rues de la caserne, une veuve qui, après avoir perdu ses enfants de maladie, serait devenu folle. On dit qu'elle hante les lieux, incapable de comprendre que ses enfants sont décédés, pour continuer à les protéger et à veiller sur eux.
Stupide. A cause de cette croyance, la maison, pourtant solide, est inhabitée. Tant de place de perdu ! Lorsque j'en parle à mon équipier pourtant, il me dit qu'il est de notre devoir de respecter les âmes des morts, et qu'il ne faut pas brusquer celle-ci. Soit. C'est bien dommage pourtant.
Je te transmettrais d'autres nouvelles bientôt.
Ton fils qui t'aime.




Très chère mère
Il semble que je ne sois pas le seul à avoir trouvé cette histoire de fantôme stupide. Une jeune femme a emménagé dans la maison hantée. Elle m'a salué quand je suis passé, et a ri avec moi de ces rumeurs farfelus. Très gentiment, elle m'a aussi remis sur le bon chemin et nous avons échangé quelques mots. Elle est un peu trop entreprenante à mon goût, mais la conversation était plaisante, je dois bien l'avouer. Son mari est décédé, lui laissant deux jeunes enfants à charge, et je pense qu'elle a simplement besoin de compagnie.
Si tu trouves quelques rubans sur le marché, envoie-les-moi, je les offrirais sans doute à sa petite fille.
Ton fils attentionné.




Ma chère mère.
Henriette, tel est le nom de la jolie jeune femme de la maison hantée. Nous nous voyons régulièrement maintenant, et notre relation prend un tournant qui ne me déplaît pas. Henriette est devenue une amie, une confidente, maintenant que je suis loin de la maison. Elle a toujours une table dressée pour moi, un verre de liqueur prêt à être bu. N'est-ce pas adorable ?
Je n'ai encore jamais rencontré ses enfants, mais elle les envoie jouer en haut à chacune de mes visites pour les préserver, eux qui ont perdu leur père. C'est une mère très attentionné, cela ne fait aucun doute.
Merci pour les pâtisseries, Henriette n'en a pas mangé car elle est n'aime pas le goût des épices que tu y as incorporé. Mais elle a complimenté tes talents culinaires, n'en doute pas !
Ton fils dévoué.




Chère mère.
J'ai besoin de tes conseils. Voilà plusieurs mois que nous nous fréquentons, et Henriette se comporte bizarrement. Elle s'arrange pour que je ne vois jamais ses enfants, et boude lorsque je lui pose des questions à leur sujet. De si jeunes enfants ont tout de même le droit de mettre le nez dehors non ? ils sont toujours enfermés dans la maison, pour "les protéger du monde" me certifie Henriette. Que devrais-je faire ? Lui forcer la main ? Avoir une discussion sérieuse avec elle ? J'ai envie de m'engager auprès d'elle, et elle semble le désirer aussi, mais elle répugne à me présenter sa progéniture. Que puis-je faire ?
Sincèrement. Ton fils qui t'aime.




Chère mère.
C'est décidé, demain, je demande Henriette en mariage, et j'exige qu'elle me présente ses enfants ! Je les entends jouer en haut des escaliers, et je compte bien les rencontrer ! Sont-ils si affreusement mutilés qu'elle souhaite que je ne les vois pas ? Elle les protège, je l'entends bien, mais elle cherche également un compagnon, et sans doute devra-t-elle bien le comprendre !
Je t'aime, mère adorée.




Madame.
C'est une bien triste nouvelle que j'ai à vous donner. Votre fils a semble-t-il perdu l'esprit. Nous l'avons arrêté dans les rues où il errait sans but, hurlant à chacun "qu'elle est folle" et que "les enfants sont morts, vous comprenez ! Morts !"
Il semble avoir développé une étrange fascination pour une maison que les rumeurs certifient hantée, vous a-t-il contacté à ce sujet ? Nos médecins sont incapables de comprendre quelle folie semble l'avoir saisie, et je vous prie de venir, si vous le pouvez, le rejoindre sans délais.

Egalement, savez-vous qui est cette "Henriette" dont il semble être amoureux ? Nous avons été incapable de trouver une quelconque trace d'elle, et personne ne l'a jamais vu en sa compagnie.

En espérant que vous puissiez nous aider à éclaircir ces mystères, je vous prie d'accepter à nouveau mes plus sincères regrets pour cette épreuve.

Message signé du sceau du Capitaine d'Euphoria
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyLun 9 Avr 2018 - 22:06


On dit qu'il y aurait / très loin en Erebor
Dans les vallées de sable / et creux sous les rochers
Un grand serpent ailé / jadis sachant voler

Mais ses yeux de rubis / ils lui ont arrachés
Joyau de leur couronne / à ces vils rois cupides
De la sorte aveuglé / il ne pouvait voler

Dans un lit asséché / il a creusé son nid
Pour là y déposer / ses si beaux oeufs dorés
Aussi étincelants / qu’ils sont hélas maudits

Si on tend bien l’oreille / on y dit entendre
Le rythme de ses ailes / bruissement sur le vent
Son cri de désespoir / sifflement de son chant

Et si souffle le vent / dévoile un oeuf ambré
De grâce prenez garde / Veillez n’y toucher point
C’est qu’ils sont tous maudits / hantés ou possédés

Alors vous le verrez / fantôme des jours passés
Dans son regard de sang / sa peine vous sentirez
Vos yeux vous offrirez / Pour tenter l’apaiser

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyMar 10 Avr 2018 - 11:34


Elle avait souvent entendu parler de cette maison. Où il ne fallait jamais s’y rendre sous peine de perdre la raison. Evidemment, personne n’y était jamais allé et n’avait jamais connu quelqu’un qui était entré à l’intérieur. C’était ce qu’on avait entendu. Des amis d’amis, de vagues connaissances ou des parents éloignés qui avaient commis l’erreur d’y entrer. Et qui n’en étaient ressortis que pour mourir quelques heures plus tard, le regard hagard, braqué sur quelque chose d’invisible qu’eux seuls semblaient voir.

Mais ce qui l’avait marquée, ce n’était pas qu’ils étaient morts en vérité. Ça, c’était un détail qu’elle avait soigneusement occulté, toute focalisée qu’elle était sur le reste. Sur ce qu’elle avait cru pouvoir déceler sur leur visage. Cette impression qu’ils étaient… heureux. Qu’ils avaient vu quelque chose qui avait illuminé leur regard jusqu’à ce dernier souffle qu’ils avaient poussé. La façon dont ils étaient morts lui importait également peu, surtout depuis que c’était arrivé.

Depuis qu’elle les avait perdus dans l’incendie. Son époux. Ses enfants. Elle ne cessait de penser à eux, à ce qu’elle avait perdu. Alors, si elle pouvait, même un instant, retrouver cette étincelle de bonheur qu’elle avait pu voir dans leurs yeux, que pourrait-elle bien demander de plus ? C’est pour ça qu’elle était allée jusqu’à la maison. Pour essayer de retrouver, pour un moment même fugace, une sensation de bonheur. Elle avait de toute façon déjà perdu la raison non ? Alors, autant essayer. Et puis, elle en était sûre. La maison l’avait appelée. Elle avait prononcé son nom lorsqu’elle était passée non loin, quelques jours après les funérailles. Un murmure, fugace, qu’elle avait été la seule à entendre mais qui ne cessait de résonner dans son esprit. Et elle s’y raccrochait parce qu’y penser lui ferait peut-être oublier le reste, même si ça ne durait jamais vraiment.

***

Il pleuvait le jour où elle est entrée dans la vieille demeure. Quand elle monta les vieilles marches, elle dut prendre garde à ne pas glisser tant le sol était détrempé. Il y avait bien longtemps qu’il n’y avait pas eu une telle tempête. Elle n’eut même pas besoin de poser sa main sur la porte que les gonds grincèrent pour la laisser entrer.

La maison était heureuse, il y avait une nouvelle âme à dévorer. Et celle-là bouillonnait encore de vie, de souvenirs et de sentiments tout aussi contradictoires les uns que les autres. C’était encore mieux que les petits curieux qui étaient déjà venus jusqu’à elle, quand bien même la jeune femme se croyait totalement vidée par ce qui lui était arrivé.

***

Elle fit un premier pas à l’intérieur. Puis un autre. Cillant pour s’habituer à la semi-obscurité, elle regardait autour d’elle, se demandant ce qui avait bien pu attirer tous ces gens à l’intérieur et, surtout, ce qui les avait rendus aussi heureux. Elle avait tellement besoin de ça, d’oublier toute cette peine, cette impression de perdre pied un peu plus chaque jour. Mais elle avait beau ne plus avoir toute sa tête, en tout cas c’est qui se murmurait sur son passage depuis plusieurs jours, elle avait du mal à saisir comment cet endroit pourrait l’aider à aller mieux. Ou à oublier.

Effleurant distraitement un meuble recouvert de poussière, elle continua d’avancer, sans bien savoir quoi penser de tout cela, sans se rendre compte que la porte s’était refermée derrière elle. Elle découvrit le petit salon, puis le grand, songeant vaguement que cette demeure avait dû, à une époque, être splendide. Parfaite même. Comme sa propre vie.

Avant.

C’est quand elle posa le pied sur la première marche des grands escaliers qu’elle l’entendit. Un rire. Fugace. Mais qu’elle aurait reconnu entre mille. Celui de sa petite Enola. Elle n’avait que trois ans mais jamais elle n’aurait pu oublier ce son cristallin qui lui réchauffait le cœur à chaque fois qu’il résonnait.

Elle grimpa alors les escaliers quatre à quatre, essayant de trouver l’origine du bruit. Dans cette pièce-là ? Ou une autre ? Impossible de le savoir, l’endroit était tellement immense. Mais de nouveau un rire. Un autre celui-là, celui de Paul, son ainé. Et puis, du mouvement, des silhouettes, une impression qu’il y avait quelqu’un juste derrière elle. Elle eut beau se retourner une fois, puis encore une autre, impossible de voir quoi que ce soit.

***

Toute occupée qu’elle était à chercher d’où prouvaient provenir ces silhouettes parmi les ombres, elle ne se rendit pas compte qu’à chaque fois qu’elle posait une main sur un des murs de la maison, ou un meuble, elle y laissait une empreinte sanglante, alors qu’elle n’avait pas la moindre blessure. Elle ne voyait pas que la maison, si elle en était capable, aurait souri, toute revigorée qu’elle était par cet amour maternel qu’elle laissait échapper à chacun de ses pas. Un festin comme elle n’en faisait que rarement alors que la jeune femme continuer de déambuler dans les pièces, cherchant à capter l’attention de ses propres souvenirs.

***

Et puis, elle ouvrit une énième porte. Pour les trouver tous les trois, Rosie serrant la main de sa petite sœur alors qu’elle lui souriait de toutes ses dents. Ils étaient au milieu de la pièce, la regardant avec les yeux brillants de malice, le souffle un peu court, comme s’ils venaient de courir pendant de longues minutes. Comme s’ils étaient en train de jouer. Elle se laissa tomber au sol, sans se soucier de ce contact étrange entre ses genoux et le parquet, sans se rendre compte qu’il rougissait alors qu’elle était en train de sangloter et de sourire tout à la fois.

Ses bébés. Ses trésors. Voilà ce que la maison lui apportait. Elle lui rendait ce qui lui était le plus cher. Et c’était sans compter sur la silhouette de son époux qui se dessina juste derrière elle. Elle sentit plus qu’elle ne vit sa main se poser sur son épaule alors qu’elle bénissait tous les dieux de lui avoir donné cette chance de les revoir. Elle les serra tellement fort dans ses bras lorsqu’ils se précipitèrent contre elle, chuchotant leur nom à chacun, les touchant les embrassant, réalisant qu’ils ne pouvaient être réels alors qu’ils étaient pourtant là, qu’elle pouvait sentir leur contact sous ses doigts. Doigts rougis qu’elle ne remarquait même pas, toute occupée qu’elle était à savourer leur présence.

***

La maison quant à elle, continuait de savourer ce qu’elle lui apportait, cette énergie, cette âme tellement pure et pleine d’amour. Mais il ne fallait pas en abuser. Si elle lui prenait tout, elle la perdrait pour de bon et, pire encore, certains finiraient par vouloir la détruire pour de bon. Alors, elle fit disparaitre les enfants aussi facilement qu’elle les avait amenés devant elle.

Pour la faire revenir. Encore et encore.

Ce qu’elle fit. Pendant des jours.

S’affaiblissant un peu plus à chaque fois qu’elle revenait, qu’elle revivait un souvenir qui lui était cher. Qu’elle nourrissait la maison avec son cœur, avec ce qui avait le plus compté pour elle.

Un jour, elle revit son mariage. Le lendemain, la naissance de son premier né. Elle ne pouvait plus se passer de la maison et se livrait un peu plus à chaque fois. Pour pouvoir sentir leur étreinte, même un instant. Pour se rappeler. Mais, quand elle sortait, son regard était de plus en plus hagard. Ses propos se faisaient de moins en moins cohérents. Elle en oubliait de manger, de boire, ne vivant plus que pour ce moment où elle pourrait retourner dans la maison et les voir, même si ça ne durait jamais assez longtemps à son goût.

***

Sept jours.

Voilà le temps qu’il fallut à la maison pour dévorer son âme, ses souvenirs et tout l’amour qu’elle avait pour ceux qu’elle avait perdus. C’est une femme émaciée qui se présenta une nouvelle fois devant elle. Au regard perdu, brillant, alors qu’elle fixait des choses qu’elle était la seule à voir et qu’elle parlait toute seule de plus en plus souvent. Elle connaissait les lieux par cœur maintenant, même si ses mains tremblaient de plus en plus à chaque fois qu’elle devait ouvrir une porte. Elle n’avait presque plus de forces. La maison en avait bientôt fini avec elle.

Mais, elle lui avait apporté beaucoup. Alors, cette fois, elle lui permit de les revoir de nouveau. Pour la dernière fois. Elle la laissa s’assoir au milieu de la grande chambre, ses trois enfants blottis contre elle alors que son époux chantait cette berceuse qu’elle aimait tant. Elle la laissa ainsi de longues heures, puisant les dernières forces qu’elle avait encore en elle pour s’en abreuver une dernière fois.

Avant que tout ne s’arrête pour de bon et qu’elle ne la chasse.

***

Lorsqu’ils la retrouvèrent, quelques jours plus tard. Elle était morte, recroquevillée contre la stèle qui avait été construite en hommage à sa famille. Mais sur son visage rayonnait un tel sourire que beaucoup l’envièrent, même l’espace d’un instant.  Dans la maison, plus aucune trace de son passage, si ce n’est quelques empreintes de main çà et là. Un peu de poussière soulevée, rien de plus. Rien qui ne troublait vraiment la tranquillité des lieux. Une fois de plus, les gens murmurèrent à propos de la maison, où il l’avait vue entrer à plusieurs reprises ces derniers jours. Mais personne n’osa rien dire à haute voix. Sait-on jamais. Que la maison les appelle à leur tour.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptySam 14 Avr 2018 - 19:56

- Dis Grandma, raconte-moi l’histoire de ton île
- Mon île ? Ce n’est pas mon île, petit Pierre, mais c’est un archipel bien étrange.

Installée dans sa chaise à bascule, Grandma prit petit Pierre sur ses genoux et commença son récit. La nuit tombante était propice à ce genre d’histoire et les éléments accompagnèrent chaque mot de la conteuse.

- Situées au large des côtes Ansemariennes se trouvent trois îles surnommées les Trois Sœurs. Elles étaient au carrefour des routes commerciales maritimes et jouissaient d’une certaine prospérité. Cela attirait de nombreux marins, pourtant leur superficie limitait l’implantation humaine. Une seule ville portuaire fut construite sur chacune des îles et faisait office de capitale.

- Oui, mais maintenant elles ont disparues non ? La grand-mère sourit devant l’impatience du petit homme et elle hocha la tête.

- C‘est exact et leur réputation est devenue bien sinistre. Dorénavant les routes maritimes évitent cette zone car on dit les Trois Sœurs hantées, payant le prix d’une ambition et d’un orgueil déplaisant à nos divinités. Et pour les punir, ils auraient submergé l’archipel. Des brumes persistantes marquent cet endroit comme pour cacher les vestiges à la vue des navigateurs et les courants semblent les isoler du reste du monde. Mais à certaines périodes de l’année, ces îles se rappellent à nous. Sortant de leur carcan brumeux, à la tombée de la nuit, les Trois Sœurs reviennent à la vie. Leurs phares attirent les plus téméraires et les plus cupides, car la légende prétend qu’il y a des richesses à récolter dans les ruines des cités. Pourtant rares sont ceux qui sont revenus vivants de cette aventure et tous étaient délirants. Leurs histoires terrifiantes font état de fantômes, de pièges et de malédiction. Ils racontent avoir accosté dans la première capitale, les habitations semblaient toujours intactes. Hormis l’absence de présence humaine, on aurait dit que la cité était endormie mais en s’approchant des bâtiments ils remarquaient que les murs suintaient d’humidité et qu’ils étaient colonisés par les algues, comme s’ils avaient passés des années sous l’eau. Quand ils pénétraient dans les maisons, tout était resté en place. L’inquiétude était rapidement remplacée par l’appât du gain et les membres de l’expédition s’éparpillaient à la recherche du butin. C’est à partir de ce moment-là que les survivants commencent à mentionner des phénomènes étranges. Ils avaient l’impression d’être épiés voire suivis, ils entendaient des bruits de pas, des murmures, parfois ils voyaient des ombres mais quand ils en cherchaient l’origine, rien… Des visages flottant sur les surfaces vitrées, des rues devenant des impasses et lorsque les marins apercevaient une pièce d’or, celle-ci devenait poussière dès qu’ils la touchaient. Les lieux faisaient en sorte de troubler les intrus, de les désorienter pour qu’ils ne puissent plus quitter les îles, car lorsqu’arrivait l’aube, la brume revenait et les courants marins changeaient pour emprisonner les malheureux. Et au premier rayon de soleil, les Trois Sœurs retournent à l’oubli avec leurs victimes.

- Et que deviennent-elles ?

- Elles rejoignent les âmes errantes des Trois Sœurs dans leur linceul aqueux, attendant la prochaine apparition pour capturer de nouveaux explorateurs cupides, car les histoires des survivants n’ôtent nullement l’attrait des richesses promises, car ils affirment avoir vu ce trésor inespéré. Et cela les hante durant toute leur vie, ils ne parlent plus que de ça et certains essayent de retourner là-bas. Mais une chose est sûre, ils finissent tous par mourir noyés, comme si l’ombre des Trois Sœurs ne les quittait plus jamais.
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptySam 14 Avr 2018 - 22:13

Pouf :

La Falaise Abandonnée

Connaissez-vous cet escarpement rocheux délaissé à l’Océan et aux terrifiantes rafales venteuses d’Outrevent ? Laissez-moi vous compter une histoire, surgie du plus sincère des devoirs. Qui a dit que ”pleur” ne rimait pas avec ”honneur” ? Il y a bien longtemps, des siècles et des siècles en arrière eut lieu une tragédie, qui n’en porte que le nom pour tout Outreventois se respectant. Cette histoire, simple, extraordinaire et détestable, se déroula en son sol et se termina là où chute sa terre. Personne ne s’en souvient, et pourtant, la légende reste vive.

On raconte qu’autrefois, dans l’une des familles outreventoises les plus influentes – dont le nom fut certainement tu afin qu’elle conserve toute sa dignité –, la première fille née tomba amoureuse d’un roturier dont la condition ne satisferait jamais à sa prétention. Forte dans son caractère et ses convictions, douce dans son amour et sa peine, la jeune fille ne se voyait pas ignorer ses sentiments et ne se permettrait jamais d’y succomber non plus. Le devoir n’était-il pas d’être fidèle à soi-même et aux siens ? Que faire si elle ne pouvait concilier ses deux facettes de l’estime outreventoise ? Se mentir était impardonnable. Le devoir outreventois ne pouvait exister sans l’honnêteté profonde de l’âme. Dans le cas contraire, nos actions seraient parjures et l’honneur n’aurait plus de sens. Rongée par l’impossibilité de résoudre ce conflit, accablée par sa propre impuissance, la jeune fille écrivît une lettre, expliquant les raisons de sa décision. Ne pouvant plus satisfaire à l’honneur et à la conviction de bien faire que tout outreventois se devait de sincèrement ressentir, elle choisit de se donner la mort en se jetant du haut d’une falaise. Car, seule la mer, et non la blanche terre outreventoise, pouvait engloutir son fardeau.

N’est-ce pas une histoire plus banale qu’on ne l’aurait cru ? Si simple… Car, finalement, peut-être existe-t-elle pour une autre raison ?

Quelque part, perdu parmi le rideau de falaises de la face Outreventoise bordant l’Océan, il existe un morceau de côtes que tout le monde évite. Quiconque s’y aventure n’en revient pas… de la même manière, ou n’en revient pas… du tout.

Le vent y est inhabituel. Il souffle bien trop fort… Lorsque vous vous aventurez au bord du précipice, son souffle semble désormais vous entourer en une boucle cinglante qui rugit dans vos oreilles. Et, dans le plus profond de ce vacarme, une plainte retentit. C’est ce qu’un malheureux en a raconté, tout chamboulé, tout perdu, à son retour. Pourtant, un autre babillait avec contentement que ce fut le son cristallin d’un doux chant qu’il y avait entendu. Là, dans le plus profond du vacarme, se cachait l’une des plus belles choses. Lui était rêveur, revigoré de son passage sur cette falaise. Tous deux en avaient été transformés… Et puis, il y a ceux qui ne reviennent pas. Ceux qui disparaissent dans cette zone. Ceux qui marchent trop près du bord, où les bateaux qui se sont égarés vers des rochers dissimulés … ? On ne retrouve jamais rien. Quelques rescapés parlent de l’Océan déchaîné dont les gouttes d’eau, fracassant la roche, en appellent au ciel et que mer et pluie se mêlent alors pour clamer la colère et la peine. Serait-ce des larmes ? Les larmes d’une jeune fille, en colère de n’avoir pas respecté son honneur, peinée de son amour perdu, faisant perdre toute notion aux individus jusqu’à ce qu’ils ne dérapent et disparaissent dans les profondeurs bleues.

Quelque fut le sort qui attend l’imprudent s’approchant de ses falaises, ce lieu serait bien le théâtre hanté d’un jugement qui n’épargne personne. Tout ceux qui s’y aventurent en ressortent différents, ou n’en ressortent pas. Les gens racontent aque c’est cette jeune fille, qui a tout donné pour ce en quoi elle croyait, Outrevent, qui juge désormais ceux qui viennent à elle, qui juge leur dévotion envers les leurs et envers eux-mêmes. La vérité transparaît. Si honneur et devoir ne sont que vaines croyances, mascarades pour des actes abjectes ou, pire, ne peuvent coïncider avec l’être profond de la personne, il n’y a que plaintes et peines pour eux. Et une chute vers le bas pour les pires auxquels il ait donné cet ultime chance de rachat ! Quant à ce qui le mérite vraiment, l’estime ultime est donnée, accompagnée des rayons perçant d’un soleil qu’on voit si peu en Outrevent. D’ailleurs, même de loin, personne ne l’a jamais observé éclairer ce morceau de falaises…

Mais c’est une croyance qui date depuis presque autant de temps que l’histoire se serait déroulée… Et aujourd’hui ?

Pourquoi davantage de personne ne s’y aventure pas ? Tout Outreventois qui se respecte sait qu’il devrait passer le test avec les… honneurs. Pourtant, les falaises terrifient… Qui oserait aller si loin pour l’honneur désormais ? Le suicide n’était-il pas lui-même un affront au devoir ? Il faut faire ce qu’il faut, peu importe ses pensées enfouies, peu importe ce que l’on voudrait. Voilà l’honneur Outreventois, aujourd’hui. Alors, personne ne se risquera plus aux Falaises… abandonnées…

…qu’on contemple de loin… en se… demandant.
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyDim 15 Avr 2018 - 1:27


La tour pourpre


Alors que s’élèvent les deux lunes jumelles,
Que Lorgol s’assoupit et que règne la nuit,
Taisez-vous, coeur battant, écoutez l’harmonie
De ces pleurs lancinants, de ce Destin cruel.

Regardez, pauvres yeux, la beauté éternelle
De ces dames oubliées par la Mort empressée.
Elles sont dix à chanter leur histoire passée
Emmurées dans la tour, tristes spectres irréels.

[...]

-Ondine Belâme
Lorgol
3 juillet de l'an 90*




- Monsieur, auriez-vous un moment s’il vous plaît ? J’aimerais vous questionner quant au poème de la Tour pourpre, par Ondine Belâme.
- Oh! Une élève curieuse! Me voilà ravi.

Le professeur enthousiaste laissa ses doigts boudinés pianoter un moment sur son ventre rebondi. Qu’il était bon, au fil de sa carrière, de voir la jeunesse dériver des notions enseignées et s’épancher généreusement sur d’autres connaissances! Il s’inclina de son mieux sur le parchemin dudit poème en laissant boutons et coutures de sa chemise menacer de céder d’un instant à l’autre.

- Quel étrange poème que celui-là, n’est-il pas, demoiselle?
- Il aurait été écrit depuis Lorgol...

Le maître des lettres tritura sa moustache pourtant bien lisse, entre pouce et index. Il contempla un moment la jeunette, devant lui, et sa moue incertaine. Quel dommage qu’elle déforme un aussi joli visage à coup d’expressions grotesques. Il patienta un instant encore, lui laissant la chance d’exprimer une réelle interrogation par de jolis mots plutôt que par cet air bovin. Attente vaine. La petiote ne parlait plus, le scrutant plutôt de ses grands yeux de hareng. Un joli hareng, mais un hareng tout de même.

- Mh! L’inspiration frappe où elle le désire, et nous devons nous montrer humbles et reconnaissants lorsque Aïon nous fait part de son don! Mais.. Mais je m’égare. Oui, Lorgol, demoiselle. Bien loin de la fête de Samhain, en temps et en distance. N’est-il pas amusant que nous associons si bien le domaine de l’esprit à Sombreciel que les élèves les plus brillants en viennent à sourciller lorsque les fantômes littéraires apparaissent hors de ces contrées? Nous daignons tout juste les associer au duché d’Outrevent, et encore… Et encore, demoiselle!

La jeune femme ne semblait ni trouver ce fait amusant, ni même s’intéresser aux divagations de son professeur. De l’index, plutôt, elle désigna le titre dont les enluminures promettaient mille merveilles afin de le recentrer sur son affaire.

- Existe-t-elle, Monsieur, cette Tour pourpre? Un étudiant en architecture m’a racontée de bien horribles histoires, à ce sujet.
- Quelle vilaine fripouille que ce jeune homme! Me voilà bien chagrin de vous savoir si mal entourée. Mais il dit vrai, ce chenapan. Voyons voir…

Le professeur prit une pause de ses explications afin de relire le poème. Il ponctua sa lecture de quelques Mmmmh et Oh! particulièrement insipides.

- Je m’avoue étonné que ce récit ait voyagé jusqu’aux oreilles de votre gredin d’ami, mais il est vrai qu’un certain rapprochement existe. Il s’agirait de l’une des tours délabrées de la Ville Basse - je vous encourage, à ce sujet, à ne jamais y mettre un pied sans être férocement accompagnée. Selon ce que nous en savons, elle aurait été bâtie quelques années seulement après la fondation de Lorgol. Un intrigant, ingénieur de formation et touché par la folie depuis la naissance, aurait désiré que sa tour surplombe les Bassois et leur médiocrité.
- Était-il issu de la noblesse, professeur? Vous le dites intrigant…
- Eh bien… Sa première épouse était héritière d'une noblesse médiocre et sans le sous. Afin de préserver ses terres, elle se serait liée au premier gentilhomme venu. L’histoire nous prouvera qu’il n’était ni gentil de par sa cruauté, ni homme de par sa bestialité. La pauvrette tomba rapidement malade lors de la construction des fondations. Il semblerait qu’elle succomba une année à peine après la consommation du mariage. Triste affaire que celle-là… Est-ce par la mort de son épouse qu’il sombra dans la folle violence, ou est-il plutôt à l’origine de ce décès précoce? Les avis diffèrent.
- Mais les fantômes seraient ceux des époux maudits?
- Juste ciel! Non, non point, Demoiselle. L’histoire est bien plus terrible encore. J’ignore la part de vérité de cette affaire, et vous conviendrez que les légendes urbaines se déforment aisément. De ce que j’en sais, lors de la construction, Monsieur *** aurait contacté plusieurs architectes de différents duchés, et même certains n’ayant pas encore été diplômés! Il les savait sans doute liés, en quelque sorte, par leur affiliation à la Guilde des Architectes, et tentait de déjouer les rapprochements en embauchant de simples élèves. Toujours est-il qu’il changeait si régulièrement qu’il ne fut pas long d’emmêler les contracteurs. Chacun des architectes détenaient les plans d’une pièce ou d’un étage, d’un escalier ou d’une cachette, mais aucun, aucun, n’avait la moindre idée des méandres de cette tour maudite.
- Ainsi donc, Monsieur *** désirait être le seul chat de sa souricière?
- Quelle jolie métaphore, ma douce enfant! Vous voyez avec justesse ce que désirait notre dangereux personnage. Des pièces dérobées, des portes ne menant sur rien, des trappes et que sais-je encore… Qu’a-t-il fait, lorsque la tour fut enfin construite? Il usa de son ingénieux esprit pour créer des pièges de toutes sortes. Je ne vous raconterai pas les détails de ces horreurs, mais soyez assurée qu’il avait songé à tout pour rendre la mort de ses victimes bien lente. Oui, oui, ses victimes! Elles furent une dizaine à avoir perdu la vie dans le labyrinthe de cette tour. Aucune issue possible. Sa seconde épouse, sitôt installée, ne fut plus aperçue par les Lorgois. Personne n’en est certain, mais la rumeur affirme qu’elle serait emmurée dans l’une ou l’autre des pièces cachées. Plusieurs domestiques furent portées disparues, également, et il fallut attendre longtemps avant que les soupçons ne pèsent contre cet irréprochable Monsieur ***.

Le professeur soupira, ce qui fit trembloter sa moustache fine. Il déposa sa main poudrée sur celle de son élève qui était quelque peu pâlotte, depuis un moment déjà.

- Depuis, la légende raconte que les esprits des femmes torturées ne quittent plus la tour. Il semblerait même que les soirs où le voile séparant le monde des morts et celui des vivants se lève, le sang suinte des murs intérieurs, d’où ce sinistre : Tour pourpre. Bien peu sont assez braves pour visiter l’endroit, plus encore la nuit tombée, mais Ondine Belâme a osé, nous livrant ainsi l’un de ses plus somptueux poèmes. Mais le génie et la folie sont bien proches, pour les enfants de l’Esprit. Après sa visite à la Tour, ses proches affirment qu’elle n’a plus jamais été la même. Mais enfin… La morale de cette histoire, ma douce enfant, est de se méfier des ingénieurs. Vous les laissez seuls dans une tour, et voilà qu’ils nous offrent un drame humain.
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyDim 15 Avr 2018 - 15:59

Coursevent, les briseurs de vagues.
Les chevaucheurs d'alizés.
Ceux qui ont su dompter les vents et les tempêtes.
Les eaux et les marais.

Coursevent, au soleil couchant.
Vestiges d'une gloire passée.
Ruine silencieuse regardant l'océan.
Illustre lignée oubliée.

Coursevent, jadis merveille de beauté.
Aujourd'hui, domaine maudit.
Lieu hanté, depuis longtemps abandonné
Plus personne n'y vit, uniquement des esprits.

Coursevent, la fantomatique.
Désert de mousse et de lierre.
Domaine de nostalgie mélancolique
Théâtre d'histoires et de mystères.

Coursevent, demeure de damnés.
Naguère, refuge de navigateurs et contrebandiers.
A présent, antre de fantômes inhospitaliers.
Terre désolée, où il ne fait pas bon d'errer...
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyDim 15 Avr 2018 - 17:56

La rivière aux mille chuchotements

Il avance, l'homme, entre les arbres, entre les buissons. Il avance sans réellement savoir où il va. Ils sont à ses trousses et il n'est guidé que par ses instincts. La gibecière claque contre sa jambe au rythme de ses foulées. Sa respiration est laborieuse, sifflante par moments à cause du froid ambiant. Il évite les racines et les pierres du mieux qu'il peut, mais il finit par trébucher, rouler au sol alors que ses vêtements se déchirent par endroits, que sa peau s'égratigne. Il se relève pourtant parce qu'il entend leurs cris, derrière. On dirait qu'ils se rapprochent, alors il panique davantage et des larmes commencent à embuer ses yeux. Il les essuie de rage, mais elles reviennent.

Il se demande si son heure est vraiment venue. Parce qu'il a mal partout et la fatigue s'infiltre dans son corps. Il sait qu'il finira par lâcher prise et qu'il sera à leur merci. Il ne voulait pas voler cette poule, en soi, mais il avait tellement faim. Tellement, tellement faim. Il n'a pas réfléchi, il a agi par impulsion. Seulement, il a volé aux mauvaises personnes. Il a pris à des hommes sans pitié qui ont décidé qu'ils ne s'arrêteraient pas tant qu'ils n'auraient pas mis la main sur lui. Il sait qu'il le mérite, mais il les a entendus. Ils lui ont crié qu'ils l'attraperaient et qu'ils lui couperaient la gorge. Et il ne veut pas, le fuyard, mourir pour une ridicule poule. Parce qu'il est encore jeune, il n'a pas même 20 ans. Alors, il prie tous les dieux, tous ceux qui lui passent par la tête.

Il prie si fort que, l'espace d'un instant, il ne regarde plus où il va et il trébuche… pour atterrir dans l'eau glaciale.

C'est comme une grande claque qui lui fait rouvrir les yeux soudainement. Des chuchotements se font entendre autour alors que l'eau dévale sur lui pour retourner dans le cours où il s'est vautré tête la première. Il tente de se relever, de trouver d'où viennent ces chuchotis, mais il glisse sur une pierre et sa tête se retrouve sous l'eau. Alors il essaie à nouveau, alourdi par le liquide qui s'est infiltré partout dans ses vêtements, qui le glace jusqu'à l'os. Un pied en avant, puis l'autre, alors qu'il se met à grelotter, à claquer des dents bien trop vite. Il se fait la réflexion que si les hommes ne l'attrapent pas d'abord, le froid se chargera d'avoir sa peau.

Il a parcouru la moitié de la rivière, pas suffisamment profonde pour l'emporter, et il relève les yeux pour estimer la distance qu'il lui reste à parcourir. C'est là qu'il la voit. La forme un peu lumineuse. Pas tant que ça parce qu'il lui doit plisser les yeux pour tenter de réellement la dessiner du regard. Les chuchotements se font plus nombreux et la peur s'agrandit dans sa poitrine ; il s'arrête parce qu'il n'a jamais vu ça auparavant. Il réalise soudain que sa seule issue est elle aussi barrée et le désespoir se niche soudain dans ses os. Il se retourne, dans l'espoir de s'enfuir avant que les hommes n'arrivent.

Il se retrouve brutalement la tête sous l'eau, une main puissante enserrant son cou et le forçant à y rester. Les chuchotements sont étouffés à présent. Il se débat, il essaie de s'accrocher à ce qu'il peut, de déloger la main, mais rien n'y fait. Il laisse échapper l'air encore présent en lui et, bien vite, son torse commence à se contracter douloureusement. La brûlure apparaît, là où il devrait inspirer cet air si béni, et il envoie une dernière prière à Sithis, pour qu'il l'accueille dans son royaume et qu'il ne le laisse pas se perdre dans les couloirs sans fin du néant.

L'air entre soudainement en lui, brutal, douloureux. La tête lui tourne et des lumières clignotent partout devant ses yeux. En fond, il entend des cris, mêlés aux chuchotements puissants, mais il est incapable de se concentrer dessus, de voir correctement. Il avance au hasard, en espérant trouver la rive, où il pourra s'étendre et reprendre complètement vie.
Il y parvient alors que les cris se font moins nombreux. Il tente de voir ce qu'il se passe, mais il est obligé de cligner des yeux, de passer une main sur son visage pour repousser l'eau, pour que la scène lui paraisse moins floue.

C'est là qu'il la voit. Plus lumineuse dans le clair de lune. La forme ressemble à un homme, pas vraiment humain, mais certains traits le rappellent. Il le voit, quel qu'il soit, se pencher sur le dernier poursuivant et, soudain, les hurlements s'arrêtent, tout comme les chuchotements. Le fuyard est pétrifié, incapable de former une pensée cohérente. Quelques battements de cœur passent et la première chose qu'il se demande est si ses poursuivants sont vraiment morts. Il les cherche du regard et il les voit, les quatre, immobiles, sur la rive opposée ou à même les grandes pierres de la rivière.

Et rien ne fait sens. Rien.

La forme, l'esprit sûrement, se retourne soudainement sur lui et il sursaute, la peur revenant au galop. Il essaie de se glisser sur le sol, vers l'arrière, mais il est incapable de quitter des yeux celui qui semble être son sauveur. Il n'en est pas sûr pourtant, peut-être est-il le prochain sur la liste ? A ces pensées, il croit distinguer un sourire sur le visage de l'esprit. De la tristesse, peut-être, dans ses traits. Seulement, il n'a pas le temps de se pencher là-dessus que, déjà, la forme disparaît.
Cela semble lui redonner un peu de bon sens car tout son corps se remet en marche. Il se retourne, se redresse sans prêter attention à la boue qui s'est agglutinée sur ses vêtements, sur ses bras, sur ses pieds. Il se relève et recommence à courir comme si sa vie en dépendait à nouveau – c'est peut-être le cas.

Le vent se lève soudain et un seul chuchotement lui parvient. Un seul, doux, qui fait se dresser les poils sur son échine.

Cours et ne te retourne plus.

Et c'est ce qu'il fait, désespérément.
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyLun 16 Avr 2018 - 0:44




Chroniques d'Arven

Intrigue 3.3

Les Échos du Passé

30 mai 1003



Intrigue animée par Lemon Tart


Contes et Légendes

Esprits tourmentés, esprits en colère. Leurs plaintes résonnent et leur essence erre.
Quelque chose les retient sur le plan des vivants, au-delà de la mort, au-delà du temps.

Racontez.




Deuxième Tour

Consignes



IRL : du dimanche 15 avril au dimanche 22 avril (18h).
IRP : au choix

• Ce topic concerne les personnages inscrits à l’intrigue au préalable (Agnès, Astarté, Césaire, Gaëtane, Géralt, Lauriane, Mayeul, Tara & Walid). Si ce n’est pas le cas, un petit MP à la Fatalité et vous serez les bienvenus !

• Pendant ce tour, vous rédigerez un texte au sujet d'un fantôme, sur ce qu'était sa vie, sur ce qui a causé sa mort ou sur ce qui l'empêche de trouver la paix. Erre-t-il sans but, aide-t-il ceux qui l'approchent ou leur fait-il du mal ? La possession est-elle un de ses passe-temps ou préfère-t-il le macramé ? :geu:

• Aucune limite de mots n'est imposée.

• Vous pouvez poster plusieurs fois, présentant différentes situations, si vous le souhaitez !

• Le format est libre ; vous pouvez écrire une chronique, un journal intime, un rapport militaire, un cours d'histoire à l'Académie, un poème, un conte pour enfant... Comme vous le souhaitez !

• Si votre texte est réussi, il pourra éventuellement intégrer le recueil des Contes et Légendes. Si tel est le cas et que le staff sélectionne votre écrit, vous remportez une carte d'Omen à cette occasion.




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Césaire Chesnenoir
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyJeu 19 Avr 2018 - 15:22


N’ayez crainte, non, attendez, ne partez pas !
Es-tu vouée à errer ainsi, sans cesse, sans repos? Pourras-tu un jour panser ton coeur meurtri et assécher les larmes qui glissent sur tes joues? Le repos te seras-t-il un jour offert? Oh, pauvre âme esseulée, esprit abandonné, dame oubliée.
Je ne vous veux aucun mal, j’ai seulement besoin de votre aide.
Il est trop tard. Ils sont partis, effrayés, tu leur as fait peur, tu les as fait fuir. Encore.
C’est ma voix. Ce sanglot qui secoue mes mots que je ne puis contrôler.
C’est ta tristesse qui t’as tuée. Ce n’était pas ainsi que tu devais mourir, alors maintenant ni Sithis ni Bathild ne peuvent plus venir te chercher, il est trop tard. Les larmes qui ont noué ta gorge sont désormais ta voix, et tes gémissements ton seul chant. Des pleurs suppliants, c’est tout ce qu’ils entendront jamais.
Alors je serai muette, peut-être viendront-ils m’aider ainsi.
Essaie. Tente. Mais regarde les frissonner quand ils viendront s’approcher. Observe les chercher cette fenêtre ouverte qui fait entrer cette brise glaciale. Regarde l'incompréhension se muer en crainte sur leur visage quand il prendront conscience qu’il n’y a nul vent, nul ouverture pour laisser entrer les intempéries. La mort est glaciale, et tu en es l’incarnation. Tu ne devrais pas être là, et pourtant.
Mais je ne veux plus y être ! Je veux disparaître, trouver le repos…
Oh qu’il est bien tard pour espérer. Parce que te voilà prisonnière de ces murs, prisonnière de ton malheur. Vouée à les regarder partir, vouer à ne voir que l’effroi dans leur regard. Y aura-t-il seulement un jour quelqu’un qui voudra t’écouter?
M’écouter, m’aider.
Mais comment le pourraient-ils? Que peuvent-ils faire pour te permettre de trouver le repos éternel?
Prendre ma place.
Oh. Une âme pour une âme, alors est-ce cela? Est-ce la seule délivrance qui puisse t’être offerte?
Qu’importe, je suis si las d’attendre, d’espérer. Si on ne veut me donner ce repos tant espéré alors je le prendrai moi-même.
Et comme tous alors tu changes. Tu deviens un fantôme malveillant.
Je n’ai pas d’autres choix.
Pourtant tu l’as déjà eu, n’est-ce pas?
Les regrets ne servent à présent à rien. J’ai pris ma vie et me voilà ici. Je prendrais la sienne pour partir là-bas.
Et comment feras-tu? Toi qui n’est qu’un souffle, qu’une illusion, qu’un murmure. Toi qui n’est là qu’à moitié, oubliée de la mort, interdite de la vie.
Je le rendrai fou. Jusqu’à ce qu’à son tour il passe la corde à son cou.
Et après, qu'arrivera-t-il une fois qu’il t’auras rejoint? Alors que vous serez deux, invisibles à tous, condamnés à hanter ce lieu. Alors que tu seras toujours ici, visiblement ayant échoué.
Mais au moins nous serons deux. Et je ne serai plus seule. Et je pourrai peut-être l’aimer.
Et s’il en vient à t’aimer, tu seras libérée, et lui, piégé, seul, tourmenté, comme tu l’as été. Est-ce cela que tu souhaites?
Chut. En voilà un qui entre.
Ce sera lui.


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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyVen 20 Avr 2018 - 21:28

Elle la regardait, le coeur serré, alors que la petite fille était assise sur les marches, le regard perdu dans le vide, fixant sans vraiment les voir les flocons qui tombaient en un tourbillon presque hypnotisant. Quand elle était toute petite, elle aimait dire que c’était comme une danse qui ne s’arrêtait jamais et elle la surprenait parfois à chantonner avant de se joindre aux flocons. Elle se rappelait qu’elle aimait tellement la regarder courir sous la neige, son bonnet rejeté en arrière alors qu’elle essayait d’attraper les flocons pour les sentir fondre sous sa langue en un éclat de rire. Mais cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait plus entendu son rire.

Des jours, des semaines… des mois même. Depuis qu’elle était morte en réalité, même si elle avait fini par perdre toute notion du temps. Sa maladie n’avait pas duré bien longtemps, juste ce qu’il fallait pour que ses enfants comprennent ce qui lui arrivait. Et, les jours passant, ils commençaient à faire le deuil. Elle n’avait pas compris pourquoi elle était toujours là. Alors que son époux tenait bon, qu’il faisait face au deuil avec une rare élégance, à un point tel qu’il serait bientôt remarié, à n’en pas douter. Avec plusieurs jeunes enfants, c’était encore le mieux qu’elle pouvait lui souhaiter. Et les semaines s’étaient succédé, chacun de ses enfants retrouvant le cours de sa vie. Elle avait même souri en voyant son aînée se faire courtiser, même si elle aurait pleuré, si elle avait pu, en songeant qu’elle ne pourrait l’embrasser le jour de ses noces.

Il lui avait fallu du temps pour saisir les raisons de sa présence. Elle avait croisé d’autres âmes, des fantômes qui semblaient perdus, en colère. Ce n’était pas son cas. Elle n’avait nul désir de vengeance, nulle tâche à accomplir, pour autant qu’elle sache. Sa vie avait été bien remplie et elle avait été aimée comme jamais. Et elle était en paix.

Mais pas la petite Hélène. Sa dernière née, âgée de 6 ans à peine. Depuis qu’elle était morte, elle n’avait plus souri alors qu’elle était jusque-là un vrai rayon de soleil. Et impossible d’y remédier, malgré le temps qui passait inexorablement. Une année s’écoula, puis une autre. Hélène ne sortait pas de son marasme alors que le monde continuait de tourner autour d’elle. Elle ne pouvait pas laisser sa petite comme ça, l’abandonner en sachant qu’elle était malheureuse à un point tel que toute lumière semblait l’avoir désertée. Mais elle ne savait pas quoi faire, comment intervenir. Elle n’était pas comme ces fantômes qu’elle continuait d’apercevoir de temps en temps, dont les pouvoirs semblaient être bien plus forts que les siens. Elle n’était qu’une ombre, invisible, incapable d’être là mais incapable d’être ailleurs.

Elle aurait pu essayer de posséder quelqu’un, d’utiliser ces forces, ces énergies qu’elle décelait maintenant qu’elle était morte. Mais elle n’était pas comme ça. Elle n’avait jamais voulu jouer avec cela de son vivant, elle ne comptait pas le faire une fois morte. Les Dieux le lui reprocheraient certainement lorsqu’elle pourrait enfin les rencontrer. Alors, elle se contentait de la suivre, cherchant un moyen de lui parler, de comprendre pourquoi Hélène ne voulait pas redevenir celle qu’elle avait pu être.

Jusqu’à cette nuit de tempête. La neige tombait et le vent soufflait si fort qu’on avait presque l’impression que la maison de pierres allait s’envoler. La petite Hélène était blottie sous les couvertures, serrant sa vieille poupée de chiffons alors qu’elle s’agitait dans son sommeil. Sa mère effleura ses cheveux du bout des doigts, sans pouvoir la toucher vraiment. Avant d’inspirer et de se décider. Elle posa son front contre le sien et, d’un coup, la petite ouvrit les yeux, fronçant les sourcils alors qu’elle regardait autour d’elle, un peu perdue.

« … maman ? »

Hochant doucement la tête, elle s’installa auprès d’elle, attrapant la poupée alors qu’elle lui souriait.

« Bonsoir ma douce. »

« T’es… revenue ? Pour toujours ? »

La petite fille était figée, partagée entre l’incrédulité, la peur et cet espoir qui commençait à germer dans ses yeux. Soupirant doucement, elle secoua la tête et lui rendit la poupée.

« Non ma douce. Je cherche depuis longtemps à … te parler. Avant de pouvoir partir. Pour de bon. C’était difficile tu sais. Tu n’avais pas vraiment l’air de vouloir discuter. Avec qui que ce soit. »

Hélène piqua du nez, la moue boudeuse, visiblement mécontente de la réponse, avant de soupirer longuement.

« Ils sont tous… heureux. Moi j’y arrive pas. T’es pas là. Et c’est pas bien si les autres ils sont heureux. »

Voilà pourquoi elle était toujours là. Voilà pourquoi sa petite fille ne voulait plus sourire. Parce qu’elle ne s’en sentait pas le droit, qu’elle se faisait un devoir de porter un deuil qui n’avait plus lieu d’être, surtout à son âge. Et pourtant, difficile de ne pas lui sourire.

« Tu sais, ils ont tous pleuré. Ton père aussi, même s’il ne l’a pas montré. Mais ce n’est pas parce que je ne suis plus là que tu dois arrêter de vivre. C’est important de le faire. Pour moi. Sinon, je serais triste. Et tu ne veux pas que je sois triste non ? »

Secouant vigoureusement la tête, Hélène laissa filer un silence avant de murmurer, d’un ton à peine audible.

« Mais j’ai pas le droit de faire ça. Parce que je ne veux pas t’oublier maman et que ça arrivera si je fais ça. Parce que c’est déjà tellement difficile. J’essaie. De toutes mes forces. Mais chaque jour, ça devient un peu plus difficile. C’est comme si on effaçait ton visage de mes souvenirs. »

Battant des cils pour chasser les larmes qui coulaient, la petite Hélène la fixait, honteuse.

« Et j’ai pas le droit de t’oublier. On n’oublie pas sa maman. Jamais. Je suis une mauvaise fille si je fais ça. »

Elle tendit la main pour effleurer sa joue, les yeux brillant alors qu’elle lui souriait doucement. Si dans le monde éveillée elle ne pouvait pas la toucher, là, elle le pouvait enfin. Elle aurait dû comprendre bien plus tôt, mais il lui avait fallu regarder sa petite souffrir pendant des mois avant de pouvoir le faire enfin.

« Tu ne m’oublieras jamais ma douce. Parce que je serais dans chacun des gestes que tu feras. Je te suivrais toujours, je veillerai sur toi et tu pourras toujours me retrouver. »

Reniflant, Hélène la regardait, sans bien comprendre.

« … où ça ?  Comment ? »

Se penchant vers elle, elle souffla alors, avec malice.

« … tu te rappelles notre danse des flocons ? Je serais avec eux, à tournoyer tout autour de toi. Mais il faut que tu recommences, sinon je serais toute seule. »

Sentant qu’elle ne serait pas capable de continuer bien longtemps, elle tendit les bras, Hélène se précipitant contre elle alors qu’elle soufflait, entre deux sanglots.

« … je t’ai pas dit que je t’aime maman. Mais je t’aime fort. Et tout le temps. »

« Moi aussi ma douce. Et ça ne changera jamais. »

La relâchant, elle la reposa sur son oreiller et il ne fallut qu’un battement de cils pour que la petite se rendorme, un sourire flottant sur ses lèvres, même si les larmes continuaient de couler. Et le lendemain Hélène était assise sur les marches, regardant la neige tomber, son bonnet enfoncé sur ses nattes à moitié défaites. Elle ne bougeait pas, le regard dans le vide et sa mère se demanda à quel point elle avait pu échouer la nuit précédente.

Et pourtant, quelque chose avait changé. Inspirant longuement, Hélène se releva, tendant une main tremblante en direction des flocons. Avant de fermer les yeux et de commencer à chantonner et à tournoyer sur elle-même. Doucement au début, puis de plus en plus vite. Jusqu’à ce que son rire finisse par résonner dans la petite cour, attirant l’attention de son père et de ses aînés. Ils souriaient tous, même si son père avait les larmes aux yeux. Et, alors qu’il n’avait pas conscience le moins du monde que son épouse était à ses côtés, il souffla, dans un murmure ému. « Elle ressemble tellement à sa mère... » Alors, comment pourrait-elle l’oublier si, chaque jour, sa fille pouvait la retrouver en regardant son miroir ? Elle savait maintenant, que son père ferait tout pour qu’elle se souvienne. Et qu’elle pouvait enfin partir. Tout le monde était en paix désormais.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyDim 22 Avr 2018 - 1:26

Louise des Pleurs


Il y avait certainement quelqu’un qui l’avait tuée. Il s’en était allé sans un mot, la laissant debout sur le sol humide de terre et de rosée. Elle recherchait son souffle et ne le trouvais pas. Elle recherchait François et il n’était plus là. Lorsque les premiers souvenirs se sont mis à déferler à son esprit, elle avait cru mourir une seconde fois. Ce n’était plus possible. Le bruit de sa robe qu’on déchirait. Le bruit de chaque bouton satiné qui sautait. Les pleurs de son petit frère qu’on avait ignoré grâce aux dieux. Le grognement cauchemardesque des chairs qui s’entrechoquaient. De ses cuisses entre les siennes. Elle ne savait plus comment il avait fait taire ses cris. Il avait serré sa gorge. Elle se souvenait. Puis ce fut le noir complet.

Louise était revenue à elle à genoux, aux abords des routes sillonnant le duché de la Magie. Aveuglée par la tristesse, elle avait longtemps hurlé ce qu’il ne lui avait pas laissé crier. L’écho se souvenait encore de sa douleur. Elle avait longtemps pleuré toutes les larmes qu’elle avait dû retenir. Des passants anonymes, aucun d’eux ne la voyaient. Insensibles à son chagrin, ils défilaient devant son regard hagard et à travers ses mains diaphanes. La Mort l’avait donc oubliée dans ce monde. Elle s’était mise à réciter sans cesse des prières passionnées pour que lui revienne la chaleur de son puîné. Rien. Malgré les jours qui passaient, malgré les montées répétées des lunes jumelles, rien de son petit frère ne revenait. L’âme écorchée, le coeur en peine, Louise avait surmonté sa douleur afin de le retrouver. Elle avait repris ce chemin maudit sans savoir où aller, pleurant sa tragédie sur les passants croisés.

La voyaient-ils errer à leur côté, le temps d’une promenade ou d’un voyage? Pendant longtemps, Louise avait cru que non. Promeneuse solitaire, la robe en lambeaux et les cheveux défaits, elle arpentait les routes du soir au matin, du matin au soir, cherchant désespérément le petit homme qui l’avait vu mourir. Ses grands yeux ingénus lui manquaient déjà. Elle gardait en son coeur le souvenir encore tiède de ses longues nuits sans fin à le bercer contre elle. De son errance où les jours se mêlaient aux ans, Louise ne l’avait jamais retrouvé. Loin de laisser l’espoir s’envoler, elle s’en était fait une coquille pour y nourrir son obsession.

Ce fut un jour, ou peut-être une nuit, qu’elle entendit maints hurlements et cris. Les mêmes qu’elle avait cherché à pousser lorsqu’il l’avait cueillie beaucoup trop tôt. Chargée de colère, bouillante de rancoeur, Louise fondit sur les hommes un instant trop tard. D’âme en peine, elle devint spectre des pleurs, hurlant aux bandits tout le mal qu’elle leur souhaitait. Blancs. Livides. Ils avaient détalé comme des lièvres acculés. Dans l’éclat de vie persistant de la victime, Louise avait perçu son reflet. Pâle comme la mort et triste comme la pluie. Elle avait désormais la certitude d’être vue et entendue.

Tout en cherchant François, obstinée dans sa quête, elle chassait les terreurs en leur montrant sa peine. Le murmure s’élevait, depuis les villes : Avez-vous entendu, vous aussi, les plaintes de Louise des Pleurs?
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyDim 22 Avr 2018 - 15:57

Le fantôme-fleur

Pourquoi les fantômes seraient des esprits frappeurs ?

Je ne sais pas. Je les préfère lorsqu’ils sont gentils, parce que les gens aussi sont gentils. Il n’y a pas que des méchants. Du moins, c’est ce que je crois me souvenir… Lorsque je me suis retrouvée coincée sous un chariot, broyée de l’intérieur, incapable de voir ni de sentir mon sang qui quittait mon corps, dépérissant, je me souviens de ces visages pressés tout autour de moi, inquiet, terrifié. Et de tous ces bras qui s’agitaient, tous ces sons alarmés, alors que j’étais déjà bien loin. Et puis, ce vide intense et complet… Les gens avaient essayé de m’aider. Ils n’étaient pas méchants.

Comme je suis morte sur les routes de Lagrance, je suis restée à errer dans ces champs fleuris, près de ces chemins, de ces grands buissons. Là où le moins de monde passait… Parce que je n’appartenais plus à ce monde, n’est-ce pas ? Donc, je n’avais plus à m’y mêler. C’est ce que j’ai ressenti au début… Alors je broyais du vide, tout en contemplant la beauté de ces paysages… tout en ne pouvant plus en savourer que la vue. Où étaient passés les odeurs ? Le satin des pétales ? L’écorce râpeuse ? La douleur des épines de rose ? Toucher n’était plus permis. Parler n’était plus possible. Ressentir et sentir avaient disparu. Entendre et voir étaient tout ce qu’il me restait. Pouvais-je dire que j’étais morte ? Je n’étais certainement plus en vie. La condition de fantôme est une chose à laquelle je n’aurais jamais cru… Peut-être que mes parents m’en avaient parlé autour de quelques histoires mais… Je n’en avais certainement pas réellement compris la teneur. Qu’est-ce que c’était un fantôme ? Je ne sais toujours pas vraiment… Si ce n’était que j’étais encore là, différemment.

Le temps a passé, ou peut-être pas. Je crois que cette notion-là était vraiment devenu obsolète. Je n’ai jamais revu le même passant. Au début, je me contentais de les observer, cacher, de loin, de crainte qu’ils me voient. Pouvaient-ils me voir ? Je n’en savais rien. Au fond, de garder des réflexes tout humain… Moi, je n’avais jamais croisé de fantôme. Des amis imaginaires peut-être mais… Eux il n’y avait que moi qui pouvait les voir, oui oui. D’abord, en me cachant, le long des chemins, j’écoutais les gens qui voyageaient. Les riches, et les plus pauvres. En tout cas, ce sont toujours des discussions très intéressantes. C’est incroyable de voir comme les gens, une fois où plus rien d’autre n’interfère entre eux, peuvent se raconter tout et rien. Des secrets de famille mignons chez les pauvres, ou parfois des dangereux, des doutes des nobles, des ragots pour tout le monde, de savantes paroles entre agriculteurs de fleurs. J’en ai tellement appris, rien qu’en écoutant les autres, que je réalise aujourd’hui à quel point toutes les vies humaines ont quelque chose d’extraordinaire.

Je les aime tant.

Je savais que je ne leur ferai pas de mal. Je voulais simplement et en toute innocence me rapprocher d’eux. Alors parfois, en quelques très rares occasions, lorsque certains ou certaines s’égaraient parmi les champs de fleurs (parce qu’ils y travaillaient, voulaient s’y promener, profiter des paysages, s’y cacher lors de quelques fugues), j’ai découvert que je pouvais prendre possession d’eux en m’approchant un peu trop près. La première fois, ce fut plus un incident qu’autre chose. J’ai découvert… que je pouvais à nouveau ressentir, à nouveau vibrer, à travers ces personnes. Ressentir la sensation des fleurs frottant contre ses joues, le parfum enivrant de l’air lagran, la chaleur des rayons du soleil, ou simplement l’air glissant sur la peau de son bras. Juste le temps de quelques secondes. Je ne voulais pas déstabiliser ces personnes dont je prenais possession. Dans ces conditions, tout ce qu’ils ressentaient, c’était un moment d’absence de quelques secondes. Et puis, dès que je les quittais, je m’évadais rapidement à travers toutes les fleurs, créant le merveilleux mouvement ascendant de quelques pétales. A peine sortie de cet instant d’absence, ces personnes affichaient un air étrange et béat, quelques secondes, que je pouvais juste apercevoir, mais je trouvais cela très beau.

Peut-être parce que je sévissais uniquement dans cette zone, où se battait en duel champs de fleurs et chemins tapissés de bois buissons, mais je découvris à travers les années (ou peut-être plus) que les gens avaient compris qu’une présence vivait dans ces lieux. Ils n’avaient néanmoins pas compris qu’il s’agissait d’une personne qui avait été comme eux. Non, ils imaginaient plus tôt une sorte de présence à la limite du métaphorique, une sorte de magie des lieux peut-être. Ils l’ont surnommé le « fantôme-fleur ». Ils m’ont surnommé le fantôme-fleur. Et j’ai beaucoup apprécié, même s’ils ne le seront jamais.

Je n’avais pas envie d’aller leur parler. Je ne voulais pas les effrayer. Je ne voulais pas qu’ils s’inquiètent de cet état qui n’avait plus rien à voir avec la vie. Je ne voulais pas les confronter avec la mort. Alors, lorsqu’elle celle-ci survenait pour une raison ou une autre sur ces chemins, j’en fus très attristée. Je ne pouvais que contempler ces tragédies : une personne malade succombant alors qu’on essayait de le transporter chez un médecin, une attaque de brigands, de voleurs, un accident de chariot, de sanglier… Au fils des siècles, j’en ai vu des incidents étonnants. Et, chose belle, tous n’étaient mortels. Parfois, les gens avaient les bons gestes. Je réalisai comme les événements n’étaient pas une facilité dès lors que l’on savait comment y réagir… Faire un levier pour soulever un chariot, savoir garder dans les meilleures conditions un malade. Peut-être que réussir à faire face à des méchants armés étaient le plus durs…

Alors, quelque fois, quanc cela était possible. Je les aidais en prenant possession d’eux, parce que grâce à toutes ces personnes que j’avais observé, moi aussi je savais comment faire désormais. Et je pouvais en faire profiter ceux qui en savaient pas. Et lorsque je voyais un ou des brigands approcher pour tendre une mauvaise embuscade, je prenais le parti de prendre possession de celui qui me semblait être le plus important et j’essayais par tous les moyens d’empêcher l’attaque, ou la retarder. Ou d’alerter les voyageurs en prenant possession de l’un d’eux. Tout était possible. Et, avec satisfaction, je vis le nombre d’incidents mortels baisser dans cette petite zone que je surveillais. J’étais contente. Etre ni vivante, ni morte, n’était pas une fatalité. C’était… un chemin différent.

Je me souviens plus de mon nom, et les visages de mes proches se sont estompés. Peut-être ai-je neuf ans, quatre-vingt-dix, ou plusieurs centaines d’années. Nul ne le saura jamais. Etais-je une fille, ou un garçon ? Parfois, certaines personnes croient m’entrapercevoir, peut-être est-ce vrai ou, faux, mais la description qu’ils font de moi ne me parle pas. Me vois-je encore ? Non. Mais je suis là, à errer entre les champs de fleurs, à profiter de ce monde que j’ai quitté, et à veiller sur ceux qui pénètrent dans mon sanctuaire.
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyDim 22 Avr 2018 - 16:58

Le vent bruissait dans les branches des végétaux poussant sur la lande, pourtant je ne percevais aucun souffle sur ma peau. Translucide, elle s’étiolait parfois rendant ma silhouette encore plus ténue que d’ordinaire. J’errais sur ces chemins depuis tellement longtemps que j’en avais oublié toute notion de temps. Je connaissais chaque parcelle de cette lande, ses beautés et ses pièges, ainsi que sa réputation de terre maudite, compte-tenu des disparitions pouvant survenir. Un point positif à mon état, je ne souffrais plus des affres de la faim, ni de la fatigue mais je ressentais encore de la solitude et de la colère.

J’observais les voyageurs qui traversaient mon territoire, surtout ceux qui marchaient ou chevauchaient seuls. Alors muni de ma lanterne, je les abordais devenant leur compagnon le temps d’une nuit. A leur approche, je prenais consistance, redevenant celui que j’étais autrefois, un éclaireur, un guide. A ceux qui m’accueillait volontiers à leur côté, égaillant un peu ma solitude, je leur prodiguais conseils et astuces pour quitter rapidement ces lieux. Aux autres, je prolongeais leur traversée de quelques jours, les envoyant sur des chemins biscornus. Généralement, la plupart sortait vivant de notre rencontre, colportant l’existence d’un étrange individu sillonnant ces terres.

Mais, il n’en était pas de même pour ceux qui attisaient ma colère, réveillant l’homme bafoué que je fus. Outre les voyageurs, j’observais les habitants vivant dans la lande, leur vie, leurs histoires et leurs tromperies… Ceux brisant leurs engagements maritaux devenaient les victimes de mon courroux et je hantais leur existence pour les pousser sur les chemins mortels de mes terres. Celles que je ne pouvais plus quitter depuis que ma femme m’y avait enterré, aidée par son amant. Pourtant, je coulais des jours heureux à ses côtés, cherchant à satisfaire ses désirs, mais cela n’avait pas suffi. Elle s’était détournée de moi, préférant s’enticher d’un autre avec qui elle complota ma disparition. Débarrassée de son mari, elle pourrait enfin vivre sa passion adultérine. Je ne vis rien venir, je compris bien trop tard ce qu’il se tramait et me voilà passé de vie à trépas.

J’en gardais rancune envers tous ceux qui succombait à l’adultère et je prenais un malin plaisir à faire de leur vie un enfer avant de leur envoyer rejoindre le royaume des morts. Je suis un guide, j’éclaire les chemins pour ceux qui le méritent et je fais sombrer ceux qui contreviennent à leurs engagements. Et bien que je me fusse venger de mes assassins, je me sentais investi d’une mission d’outre-tombe qui me retenait encore parmi les vivants.
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyDim 22 Avr 2018 - 17:45

La Baronne Sanglante
Derrière des sourires peut se cacher une terrible mélancolie…

Folle, on la disait folle.
Cupide. Avare. Mythomane.
Arpentant les terres de son domaine ensanglanté à l’est de Sombreciel depuis des années, des décennies, des siècles...
Nulle n’osait pénétrer ce lieu maudit, de nombreuses histoires hantées ce domaine vide de toute vie humaine. On racontait que prise d’un coup de folie, elle aurait massacré toute sa famille, son mari, ses enfants même les domestiques seraient morts, tués de sa main.
Un couteau entre les doigts, le regard rouge de sang elle a lacéré leurs chairs avec sa lame aiguisée. On dit que le sang ruisselait encore le long des vieilles marches de la bâtisse tellement cette nuit-là ce fut une terrible tuerie.
La maison était sens dessus dessous, les cadres décrochés, penchés, les miroirs étaient tombés, brisés, les rideaux déchirés, une aile de la maison avait été ravagée par les flammes…
Au petit matin, alors qu’elle avait erré dans son vieux manoir toute la nuit, elle fut témoin de ce qu’elle avait fait la veille… Elle trouva les corps étendus, inertes de ses jeunes enfants à l’étage, de son époux pas si adoré que ça dans la chambre conjugale, de son ancienne gouvernante qui élevait ses enfants, de sa mère qu’elle détestait tant, de ses chats…
Ses mèches brunes et bouclées étaient maculées de sang, du sang de sa famille, elle marchait sans but ses pieds trempés dans les flaques de sang de ses pauvres victimes. Elle se donna le mort sur les marches du perron, regardant le lever de soleil sur les blancs paysages de Valkyrion. Un chandelier dans une main, son couteau dans une autre, sa fine robe en lambeau qui glissait derrière elle, ses cheveux détachés, emmêlés flottaient dans les airs...
Les sols, les murs étaient devenus noirâtres, la poussière avait pris possession du mobilier, et elle, elle cherchait la paix, une paix impossible à trouver...
Elle déambulait dans toutes les pièces de la maison, dans le jardin, dans le sanctuaire où les urnes de ses ancêtres étaient disposées… La tristesse intense avait envahi le lieu, un brouillard omniprésent était posé sur le toit du manoir et on ne voyait pas l’horizon en regardant par les fenêtres. Beaucoup ne comprirent pas ce qu’il s’était passé cette nuit-là. De mère, elle était devenue une meurtrière. Le temps s’était comme arrêté, tout s’était figé à ce petit matin où les corps ensanglantés et mutilés avaient été retrouvés. La baronne aurait perdu la raison et depuis elle chanterait des comptines pour enfants tout en effrayant les courageux et les curieux qui essayeraient de pénétrer sa demeure… Peu d’entre eux en étaient ressortis vivants, mais certains avaient pu dire que les instruments de musique que possédait la famille jouaient dans le vide une macabre symphonie…
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyDim 22 Avr 2018 - 17:51

Le chuchoteur

Tu étais destiné à de grandes choses. Tu le sentais au fond de toi. Tu sentais l'ambition bouillir dans tes veines, le matin au réveil, le soir au coucher. Tu voulais laisser ta marque sur le monde, pouvoir dire que tu avais vécu là, que tu avais contribué à l'Histoire. Un long cursus en physique à l'Académie et des années de recherches, de découvertes ont suivi, apportant leur lot de bonnes et mauvaises surprises. Dans un sens, tu as commencé à te faire un nom.

C'est à cette période que tu l'as rencontrée. Elle était aussi belle que caractérielle. Elle te faisait tourner en bourrique, avec ce sourire délicieux qui montrait combien elle s'amusait des émois qu'elle provoquait en toi.  Tu lui as fait la cour longuement. Tu as redoublé d'ingéniosité pour chaque fois trouver de nouvelles façons de la séduire. Et s'il arrivait que cela réussisse, alors, dans ces moments-là, elle te chuchotait mots doux et taquineries à l'oreille, récompenses qui ne cessaient d'accroître ton amour pour elle.
Tu n'étais pas le seul prétendant, mais, au final, c'est toi qu'elle a choisi. Elle a accepté de devenir ta femme et rien n'aurait pu te combler davantage.

Seulement, le Destin a dû estimer que tu étais bien trop gâté par la vie.

En l'espace de quelques mois, tu as perdu ton atelier sous le coup d'un incendie criminel, ton plus gros client à cause de rumeurs et… la vie. Tu as appris l'identité du coupable seulement quelques instants avant ta mort. Coupable des trois faits mentionnés précédemment pour la simple raison que tu allais épouser la femme qu'il convoitait depuis des années. Tellement cliché que ton histoire aurait pu être relatée dans un roman sans mal si l'homme n'avait pas pris soin de camoufler la raison de ta disparition, après coup.

Tu as fait tout ton possible pour survivre, pourtant. Tu as erré plus de deux heures dans la forêt pour tenter d'échapper à sa horde de chiens et à ses hommes qu'il suivait lâchement. Tu as fait tout ce que tu pouvais, tes pensées tournées vers la femme de ta vie qui n'avait aucune idée de ce qui était en train d'arriver. Seulement, ton destin était déjà scellé et c'est un molosse qui a attrapé ta jambe, te faisant trébucher à moitié dans l'eau de la rivière. Les hommes étaient sur toi avant que tu n'aies le temps de faire quoique ce soit.

Cela n'a pas duré longtemps. Tu as pris quelques coups avant que le prétendant rejeté se penche vers toi et se vante de ses actions, qu'il t'explique ses machinations et leur but. Tu lui as craché au visage ; tu as été roué de coups jusqu'à perdre connaissance. Ils t'ont laissé pour mort, là, à moitié dans l'eau, et tu n'as pas tardé à passer de l'autre côté. Seulement ton âme était noire de colère, de haine et d'un sentiment d'injustice profond.
Tu avais mérité ta vie. Tu avais combattu pour l'obtenir.

Au final, tu t'es éveillé là, près de cette rivière. Tu as vu ton corps se gorger d'eau, se décomposer. Tu as compris que tu ne quitterais jamais cet endroit. Que les sentiments négatifs que tu ressentais t'ancreraient ici jusqu'à la fin des temps, avec pour seule compagnie tous ces murmures qui avaient autrefois donné à ta vie un tout autre sens.
Le temps a passé, mais tu ne sais pas depuis combien de temps tu es là. Tu erres dans cette forêt, près de la rivière, sans but. Tu ne croises plus grand-monde car le mot est passé que la rivière aux milles chuchotements était hantée.

Pourtant, aujourd'hui, les choses sont différentes car tu as l'opportunité d'aider un malheureux qui se retrouve dans la même situation que toi. Tu n'hésites pas et tu laisses déferler tes sentiments les plus négatifs alors que tu neutralises les poursuivants sans une once de regrets.

Alors que tu vois l'homme s'enfuir sans demander son reste, mais bien en vie, tu te dis qu'au final, même mort, tu as pu contribuer à rendre ce monde moins injuste, moins brutal. Tu y as laissé ta marque, même si d'une autre manière. Cela allège la peine qui enserre ton cœur depuis tant de siècles, d'une certaine façon.
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyLun 23 Avr 2018 - 17:45




Chroniques d'Arven

Intrigue 3.3

Les Échos du Passé

30 mai 1003



Intrigue animée par Lemon Tart


Contes et Légendes

Les souvenirs, proches ou lointains, ils forment l’histoire du continent. Imaginez une époque d’autrefois, imaginez arpenter les routes  d’Arven il y a cent ans, il y a mille ans.

Observez, parcourez, revivez. Racontez.




Troisième Tour

Consignes



IRL : du lundi 23 avril au lundi 30 avril (18h).
IRP : au choix

• Ce topic concerne les personnages inscrits à l’intrigue au préalable (Agnès, Astarté, Césaire, Gaëtane, Géralt, Lauriane, Mayeul, Tara & Walid). Si ce n’est pas le cas, un petit MP à la Fatalité et vous serez les bienvenus !

• Pendant ce tour, vous rédigerez un texte au sujet d'un événement qui a eu lieu dans le passé. Quelle que soit la date, quel que soit le lieu. Vous pouvez suivre une personne en particulier, un groupe de personnes, ou vous focaliser sur un endroit plutôt que des gens.

• Aucune limite de mots n'est imposée.

• Vous pouvez poster plusieurs fois, présentant différentes situations, si vous le souhaitez !

• Le format est libre ; vous pouvez écrire une chronique, un journal intime, un rapport militaire, un cours d'histoire à l'Académie, un poème, un conte pour enfant... Comme vous le souhaitez !

• Si votre texte est réussi, il pourra éventuellement intégrer le recueil des Contes et Légendes. Si tel est le cas et que le staff sélectionne votre écrit, vous remportez une carte d'Omen à cette occasion.




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La Cour des Miracles
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Tara Mille-Visages
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyMer 25 Avr 2018 - 14:03


An zéro


Un morceau de paille coincé dans le pli de ses lèvres, il observait, la mine passablement sceptique, les allées et venues, les chariots qui se succédaient les uns après les autres et qui commençaient à créer un sillon devant chez lui. Pour un peu, ça allait devenir une vraie route s’ils continuaient à ce train-là. Il plissa des yeux, songeant que l’herbe n’allait plus repousser et qu’il devrait envoyer ses bestiaux paitre ailleurs, quand une ombre dans le ciel capta son attention. « Rosie ! Viens donc voir ça ! J’pensions point voir un jour un tel bestiau ! » Parce que oui, c’était un dragon qui venait tout juste de survoler sa minuscule fermette. Et voilà qu’il en arrivait un autre. Et encore un autre. Peut-être bien qu’ils allaient finir par les remarquer et par les dévorer. Mais non, tous semblaient bien trop occupés pour ça. Sa femme laissa souffler, d’une voix timide. « Y vont pas manger les bêtes au moins ces gros machins ? » Voilà que, pour une fois, elle posait une question intelligente. Comme quoi, il aurait vraiment tout vu aujourd’hui. Et il pourrait probablement mourir en paix après ça. Mais il ne comptait pas lui donner raison, pas après toutes ces années à s’échiner à lui donner tort. « Mais non Rosie, soisse pas si stupide ! J’pensions qui s’dirigent sur l’domaine du vieux François qu’a cané v’la queques s’maines. S’battent ptet pour l’terrain. Faut dire qu’on y faisait pousser d’sacrés tomates. »

Si la mort du vieux François ne l’avait pas vraiment affecté, après tout, il était surprenant de voir à quel point les vieux pouvaient être encore plus pingres que lui, il était tout de même curieux de voir qui finirait par s’installer dans le coin, vu qu’il était resté sans héritier. Après tout, ses terres jouxtaient les siennes, quand bien même son petit lopin faisait pâle figure en comparaison des dizaines, des centaines de lieues même qu’il possédait. Pourtant, il avait essayé de lui racheter sa fermette sans succès durant toutes ces années. Parce qu’il l’empêchait de s’étendre au-delà. Mais il était hors de question de lui céder. Même la guerre n’avait pas réussi à le déloger de là, alors que les combats avaient fait rage non loin. Alors ce n’était pas un vieux riche qui allait lui apprendre la vie. Pour autant, il avait fini par s’habituer à sa présence et les choses allaient changer.

Fronçant les sourcils, il finit par prendre une décision. « Va m’ramener le bourricot la Rosie. J’devions aller voir l’nouveau voisin ! » Elle soupira mais ne pipa mot, le connaissant suffisamment, après toutes ces années, pour ne pas chercher à discuter, surtout lorsqu’il faisait cette tête. Et, en moins de temps qu’il ne faut pour faire le Bretzel, même s’il n’avait jamais lui-même essayé cette folie, voilà qu’il chevauchait, ignorant royalement les sourires quelques peu narquois qui se posaient sur lui lorsque les caravanes le doublaient. Il faut dire que le bourricot n’était plus, comme son cavalier, de la première fraicheur. Et il arriva tout juste avant la nuit.

Pour se figer complètement, bouche bée, devant le spectacle qu’il avait devant lui. « Nom d'une Vivenef à roulettes ! J’l’avions point vu venir ! » Parce que des chariots, il y en avait des tas. Bien plus que tous ceux qu’il serait capable de compter. Et pourtant, il avait appris à l’école. Il y a longtemps certes, mais il était encore capable de compter son cheptel sans hésiter. Et puis des dragons qui se posaient çà et là. Et des griffons, qui restaient tout de même à bonne distance. Les gens s’agitaient, parlaient, beaucoup riaient comme s’il se passait quelque chose de grand, d’important. Et tous semblaient converger en direction de la côte, là où le vieux François avait construit une espèce de petit port avec trois planches et un peu d’huile de coude. Intrigué, notre camarade se rapprocha, tirant le bourricot par la bride, le dit-animal étant tout de même fort occupé à regarder les dragons avec une terreur non feinte. Sauf que, la maison du vieux François, elle avait disparue. Paf, comme si elle n’avait jamais existé !

Et voilà qu’un jeune homme, qui devait encore avoir du lait qui lui sortait du nez si on appuyait dessus, se planta devant lui, le regard brillant. Enfin, l’œil brillant plutôt. En y regardant de plus près, il lui en manquait un. Mais il était tellement heureux et souriant que le paysan le fixa, curieux, se crispant lorsqu’il le serra dans ses bras. « Tu te rends compte, le vieux, de ce moment historique ! De tout ce que ça représente ! Ils vont poser la première pierre ! Ils ne sont pas tous morts en vain ! Nous n’avons pas tout perdu en vain ! » Se débattant autant que possible pour échapper à son emprise, le paysan souffla, remettant en place son chapeau rond qu’il avait emporté avec lui pour l’occasion, pour être aussi élégant que possible. « Ohla mon gars, de quoi qu’tu me causes ! J’avions rien compris moé ! » Le visage du jeune homme s’illumina de plus belle, comme quoi tout était possible. « La guerre est finie ! Le traité a été signé ! Et aujourd’hui, ils vont poser la première pierre de la grande ville ! » Il regarda le jeune soldat, puisqu’il avait enfin fini par reconnaitre ce qui semblait être un uniforme en piteux état, ses sourcils broussailleux encore plus froncés que l’instant d’avant. « La guerre ? Finie ? M’raconte point d’sottises p'tiot ! Comment qu’tu veux qu’une guerre qu’a duré aussi longtemps s’finisse d’un coup blam ! » Et pourtant, à entendre les gens autour d’eux qui ne cessaient de se diriger au nord de leur position, c’était bien ce qui s’était passé. Alors, forcément, il les suivit, accompagné du jeune soldat qui pleurait à côté de lui. Quelle honte c’était tout de même, de voir un homme pleurer. Même chez les paysans comme lui ça n’arrivait jamais.

Ils arrivèrent suffisamment près pour voir un homme perché sur une estrade qui semblait gesticuler dans tous les sens. Notre ami secoua la tête, surpris de ne pas le voir tomber, ratant ainsi une grande partie de son discours tant il était loin et peu attentif. Et pourtant, quelques bribes finirent tout de même par parvenir jusqu’à lui et son ouïe défaillante, malgré ce qu’il ne cesser d’affirmer tous les jours. D'autant que, si c'était pour écouter la Rosie, autant devenir sourd pour de bon. « … et nous le remercions pour cela. Mes amis, c’est un grand jour que celui-là ! Et c’est avec fierté que je vais poser la première pierre des remparts de notre ville. De cette grande cité dont les tours brilleront jusqu’à l’horizon ! Cette cité que chacun admirera et que nous construirons ensemble, en oubliant nos différents, nos différences et tout ce que cela a pu engendrer. » Il le vit sauter à pieds joints dans la terre, songeant que le vieux François n’aurait pas apprécié de voir son potager traité de la sorte, pour sûr. Affligeant, tout ceci était affligeant. Et voilà que la femme non loin de lui éclatait en sanglots à son tour. Se focalisant sur le jeune homme étrange, le paysan arqua un sourcil en le voyant se saisir d’une grosse pierre pour la déplacer quelques mètres plus loin… sous les applaudissements fournis de la foule tout autour de lui. « Mes amis ! Bienvenue à Lorgol ! »

Le paysan laissa alors filer, mâchouillant une brindille qu’il avait trouvée non loin et son chapeau tellement en arrière qu’il était prêt à tomber à la première bourrasque. « Et bah là, pour sûr, j’pourrions mourir cte jour. J’avions tout vu ou presqu’ ! » Mais, fort heureusement, cela n’arriva pas. Et il rentra chez lui pour tout raconter à sa Rosie qui, comme de bien entendu, ne crut pas un mot de ce qu’il lui dit et se contenta, les jours et les semaines suivantes, de pester contre tous ces étrangers qui semblaient venir élire domicile si près de chez eux. C’était vraiment à croire que tout se perdait pour de bon. Difficile d’imaginer que, quelques mois plus tard, ils verraient tous les deux pousser une Académie comme pousse la mauvaise herbe dans le pré juste en face de chez eux. Comme quoi, finalement, ils étaient encore loin d’avoir tout vu. Vraiment loin.
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyLun 30 Avr 2018 - 0:23


06 avril 966, Port-Liberté.

Le soleil est encore bas, couvrant la mer calme du matin d’un voile doré. Une douce brise fait danser les pavillons sur les nombreux navires qui font ancre aux quais. Un seul toutefois attire l’attention. Une magnifique caraque aux grandes voiles bleues. Elle est là depuis quelques semaines déjà, mais ce matin elle est étincelante. Toute la coque a été soigneusement nettoyée pour son départ en mer, sa cargaison bien rangée dans les cales, les marins s’affairent au dernier préparatifs.

Il y a foule à l’aube pour le grand départ. Pour célébrer ce voyage qui a été quelque peu retardé. C’est que le second enfant du couple ducal était attendu, et que le duc, capitaine de cette expédition, ne pouvait rater cette naissance. Alors dehors les gens se pressent. Pour célébrer et souhaiter bonne fortune aux marins, mais dans l’espoir d’apercevoir le nouveau prince d’Ansemer.

Les enfants crient et rient, dansant sur les planches ou courant entre les marins occupés. Les adultes discutent à voix basse, le regard levé en direction du palais, attendant. Il y a dans l’assemblée quelques vendeurs qui profitent de l’attroupement matinal pour faire commerce, mais ce sont surtout les ragots qui sont échangés. Tous semblent heureux. Et bien que des fils, des frères, des maris, prennent le large aujourd’hui, ce n’est pas de la peine qui remplit les coeur mais de la fierté. Oh, ils sont fiers, les Ansemariens de voir partir les leurs sur les eaux de la grande mer. Ils seront encore plus fiers alors qu’ils reviendront, riches de nouvelles découvertes. Il y a un monde à découvrir, par delà les vagues et l’horizon. Et les histoires qui seront échangées autant sur le voyages que sur les découvertes effectuées raviront plus d’un de longues soirées durant.

Une agitation est ressentie, et les gens s’écartent soudainement, copiant leur voisin et effectuant de délicates courbettes. Bruce d’Ansemer traverse la foule, offrant sourire à chacuns. Sur les quais, ce sont des Votre Grâce qui résonnent, mais quand il franchira la passerelle et s’installera sur le pont de son navire, ce sont les mon capitaine qui résonneront à ses oreilles. Le duc lève finalement le regard, et toute l’assemblée suit son geste. Sur l’un des balcons du palais se trouve à présent sa femme, un tout petit bébé soigneusement emmailloté serré contre sa poitrine, alors qu’à ses côté un petit garçon de cinq ans lui tient la main, pointant les gens rassemblés et la grande caraque tour à tour.

Un doux silence prend possession de cet instant, alors que le duc lève la main pour saluer la duchesse qui lui répond d’un sourire et d’un hochement de tête. Ils restent ainsi, un moment, et malgré la distance et tout ces gens autour, c’est un moment à eux deux qu’ils partagent.
Puis la magie est brisée, comme elle est venue, et le duc se retourne pour embarquer sur son navire. Les derniers marins montent à sa suite, retirant cordages et passerelle. Les voiles sont libérées, et le vent les fait doucement gonfler.

De là-haut, sur le balcon, la duchesse et ses deux fils resteront là, à regarder le navire voguer doucement jusqu’à disparaître à l’horizon. Il ne se douteront pas que ces derniers instants seront leur dernier souvenir de Bruce. Bartholomé et Bertin n’en auront pas souvenir, mais Berangère se souviendra longtemps des yeux brillants et heureux de son mari qui la quittait pour rejoindre son premier amour, la mer.

Personne ne pouvait savoir que plus jamais rien ne serait pareil en Ansemer.
Le duc Bruce d’Ansemer avait quitté pour son dernier voyage.

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyLun 30 Avr 2018 - 5:06

Guilde des Poètes
Euphoria
Sombreciel


La taverne de la Luciole Ardante* était tristement célèbre pour sa beauté luxueuse, digne de la petite noblesse du duché, mais surtout pour sa clientèle de qualité discutable. Les lustres majestueux, les fauteuils capitonnés, les tables en bois travaillé, les tapis à motifs, les peintures murales : tout avait été soigneusement sélectionné par le tenancier, bien avide d’attirer dans ce petit coin confortable d’Euphoria la fine fleur de la société cielsombroise. Le Destin se fait parfois moqueur car dès l’ouverture de l’endroit, un groupuscule de jeunes gens se proclamant humblement “élite littéraire de Sombreciel” avait assiégé la taverne et chassé, de par leur simple présence, les rêves de noble clientèle du patron. S’ils étaient jeunes, débordant d’idées, de rêves de grandeur et d'exubérance, ils demeuraient malgré tout le stéréotype même des Cielsombrois : passionnés, excessifs et passablement enclin à toutes formes de substances. En peu de mots, ces hommes et ces femmes étaient l’archétype de ce qui faisait ombrage à la réputation cielsombroise en tout Ibélène.

- Comme est triste Obéron, quand sa reine réclame
Qu’il lui rende l’outil enfonçant son ourlet.
C’est journée de ménage, où est donc le balai ?


Ils avaient ri fortement devant Julien Sombreprose qui, debout sur l’une des magnifiques tables ouvragées, tapait du pied en déclamant son “Ode à Obéron”. Le tenancier, qui depuis déjà près d’un an avait lâché prise sur l’évolution de sa Luciole Ardante, se contentait de servir ces soi-disant poètes avec une certaine humilité. Il valait mieux en rire, qu’il se répétait à chaque ouverture. Il valait mieux en rire qu’en pleurer, puisqu’après tout, les jeunes payaient bien.

Le noyau dur de ces saccageurs de la prose était constitué de cinq Cielsombrois particulièrement agaçants, tous amis depuis l’Académie. Il y avait la jolie Valentine qui, toute voilée, déclamait maints sonnets scandaleux sur certaines parties de l’anatomie féminine. Rachel, le plus sage, qui s’entêtait à commenter et analyser chacun des discours de ses confrères, même les plus vulgaires et enfantins. Rémiel, pour qui la littérature, la vraie, se devait d’être spontanée et écrite en lien étroit avec son esprit - il parlait ici de drogue hallucinogène. Florine, joliette fraîchement mariée à ce fameux Julien Sombreprose, celui qui menait la danse. Autour d’eux gravitait nombre gens de lettres, des poètes, d’Euphoria, puis, au fil du temps, des autres villes de Sombreciel. Il n’était pas rare que les jeunes gens désireux de s’investir dans le monde littéraire voyagent jusqu’à la capitale afin d’assister à l’une ou l’autre de ces soirées largement arrosées. Pour qui attirait l’attention de Julien Sombreprose, disait-on, il était même aisé de se faire un nom et d’entendre ses poèmes sur toutes les lèvres.

Des gamineries, des idioties, mais également de réels poèmes et oeuvres remarquables sortaient de ces beuveries. Leur plus belle création d’entre toutes fut élaborée au coeur de la nuit, à l’une de ces heures où aucune bonne idée ne pouvait être prise, et pourtant…

- La Guilde des Lucioles !

Tous riaient aux éclats, l’humeur largement arrosée par une liqueur de poire agrémentée d’une drogue quelconque. Il n’y en avait aucun, cette nuit-là, pour remettre en question le nom scandé avec fougue et entrain. Il fallut attendre près d’une semaine avant que l’un des poètes présents, Julien Sombreprose, ne propose une légère modification et que naisse réellement la Guilde des Poètes comme nous la connaissons à ce jour.

*L’affiche de la taverne fut peinte par une artiste particulièrement perturbée, et la faute fut préservée pour faire un clin d’oeil ironique à la clientèle littéraire des lieux.
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyLun 30 Avr 2018 - 14:19

An 700, 1er août, à Svaljärd,

Avec le souhait de devenir historienne, comment aurais-je pu louper la fête de Lughnasadh de cette année si particulière ? Ce n’est pas tous les ans que deux des chiffres sont des zéros. On ne peut pas prétendre parler de l’histoire si on n’y participe pas. Et quel endroit plus impressionnant que la Foire de Svaljärd ? Je m’appelle Svanjä Jotunheim et voici mon récit de la première journée de Lughnasadh à la Foire de Svaljärd.

Bien que native de Valkyrion, c’est de l’Académie où j’étudiais que je suis arrivée à Svaljärd la veille des réjouissances. Les rues étaient déjà bondées. Accoudés aux murs des auberges, rassemblés sur les places tant de monde discutait de ce que la journée de demain serait alors même que le soleil se couchait déjà. Certains avaient entraperçus les préparatifs et des rumeurs couraient déjà. Des plus saugrenues aux plus folles. C’est-à-dire que certaines, bien qu’incroyables, auraient été encore acceptables, mais pour d’autres, il ne fallait tout de même pas exagérer. Sérieusement, qui aurait pu croire que Bellifère avait apporté des chevaux mécaniques ? Il y a des inventions qui servent à quelque chose, certes, mais il y en a aussi qui n’ont aucun sens. Pourquoi inventer quelque chose qui existe déjà à son plein potentiel ? Les chevaux de Bellifère sont parmi les plus extraordinaires. J’ai d’ailleurs entendu que le célèbre élevage de la famille des comte Sonneclair allait présenter une génération dont l’excellence de la race et du domptage serait à son paroxysme. Ma hâte est à son comble.

Les auberges pleines à craquer, il m’aurait été difficile de trouver une chambre si je ne l’avais déjà réservée grâce à mes proches. Ne venez pas à Svaljärd au dernier moment pour assister à une telle fête, ou vous risqueriez de dormir dans la rue. Sachez néanmoins que le peuple de Valkyrion n’a pas sa main dans la poche quand il s’agit de la tendre à un étranger. Le froid et la dureté de la vie façonnent la générosité bien mieux qu’une vie opulente et oisive ! Cette nuit fut des plus courtes : un bruit certain avait continué d’agiter la ville jusqu’au petit matin. Aillez néanmoins le courage de vous lever au petit matin, vous ne pourrez que mieux profiter de ce festival car, passé les premières heures, la fête est à son comble et on ne peut même plus voir le bout de ses pieds dans la foule agglutinée et mouvante. Cette année en particulier, le nombre de participants et de visiteurs était à son comble : on nous avait promis des expériences uniques !

Jamais de votre vie vous ne pourrez croiser tant de choses impressionnantes et diversifiées en un même endroit. Les meilleurs bijoutiers et sertisseurs erebiens étaient présents, et gagez ma parole, vous les reverrez certainement chaque année jusqu’à ce que l’histoire ne puisse plus s’écrire ! Il y ait des choses intemporelles qui ne peuvent finir dans l’oubli. Cette année j’eus le plaisir de croiser des créations très extravagantes, leur beauté était très discutable, mais le travail de métaux inhabituels tel que celui du sylvacier de Bellifère avec cette minutie incroyable propre aux erebiens était du jamais vu. Des bijoux esthétiques mais résistants pourraient protéger des parties très fines et très exposées du corps des soldats ? Pourquoi pas des recouvres-bords-d’oreilles ? Au même titre que j’ai croisé ce bijou aux doigts articulés par des petits filins d’or aux chevilles de diamant. Peu de temps après, c’est à une présentation que je m’intéressais : de vieux textes issus des archives peu dépoussiérées de Svaljärd enfin traduits. Il aurait évoqué des techniques oubliées dans l’utilisation de la glace. Une sculpture de glace et de bois assemblés, d’une hauteur de presque vingt mètres, illustrait d’ailleurs ce que représenter la découverte de nouveaux savoirs. C’était incroyable. Valkyrion serait toujours le duché qui ne se contenterait jamais de ses acquis. Il fallait en être très fier.

Faërie était aussi présente. Bien qu’en un nombre plus restreint, ils avaient été gracieusement conviés par le duc de Valkyrion et l’empereur d’Ibélène eux-mêmes cette année-là. On peut évidemment s’interroger sur l’intérêt de ces robes lagranes plus vaporeuses les unes que les autres, mais aurait-on su faire d’aussi belles créations ? Il ne faut jamais médire sur le travail des autres, que cela soit sur sa réussite ou son intérêt, avant de se demander si on aurait su faire mieux. Les plus intelligents savent que non. J’ai néanmoins été particulière intéressé par la présentation de leur fragrance. Je les trouvais très forte, trop forte, mais les odeurs dégagées m’étaient inconnues pour la plupart, jusqu’à ce que je tombe sur un parfumeur particulier. Ce dernier avait utilisé uniquement des fleurs et des plantes lagranes pour recréer des parfums d’Ibélène ! Parfois, il s’agissait de recréer le parfum d’autres plantes, et d’autres fois il s’agissait de créer l’odeur de quelque chose d’immatériel, telle Exquis diner de Bellifère ou Fumée du feu de bois dans la neige. Mon préféré fut Dernière lucidité de Sombreciel ! L’imagination n’avait pas de limite. Et ces créations prouvaient que l’innovation ne servait pas seulement au progrès, mais aussi à une meilleure connaissance des autres. Le savoir et la création rassemblent. J’ai été tout autant intéressée par les innovations techniques navales d’Ansemer. Un concours avait même été organisé ! Bellifère et Ansemer se livraient tour à tour à une joute sur leur nouvelle invention et projet ! Des choses parfois très triviales, très peu d’armements en tout cas. Ce fut en tout cas un des moments les plus drôles du festival car tout ne marchait pas toujours. Il y avait beaucoup de projet encore à l’état d’étude. Au grand désarroi de Bellifère, mais après une lutte très serrée, ce fut Ansemer qui le remporta. Moi-même, je reconnus les esprits brillants ansemariens. Qui auraient cru que ces marins bourrus et bons vivants avaient tant à revendre. Là où Bellifère avait sûrement pêché, c’était au niveau de l’imagination !

Mon après-midi serait accaparé par autant de belles choses mais je n’ai pas oublié de faire une petite pause pour manger quelques plats culinaires de Bellifère ! Comment y couper ? Bien que chaque duché ait présenté sa cuisine, je n’aurais pas pu ne pas profiter de la délicieuse cuisine des bellifériens. J’ai néanmoins goûté, en dessert, un petit gâteau de Cibella et, ma foi, ce fut bien bon. Rien qui ne pourrait me faire oublier les saveurs de Bellifère mais tout de même, ils ont du mérite. On oublie parfois que c’est une telle d’agriculteurs impressionnants. Aussi, je me suis un peu intéressée à eux. J’étais curieuse de savoir ce qu’ils avaient apporté. Après quelques pas, j’ai notamment aperçu une nouvelle variété d’olives qu’il présentait et je dois dire que la force de leur goût surpassait nombre de choses que j’avais pu goûter. Puis, j’ai enfin eu le plaisir d’admirer les magnifiques chevaux des Sonneclair dont je vous ai parlé un peu plus tôt ! Il n’y avait pas à dire : ces bêtes faisaient sans doute partie des plus belles que Bellifère ait porté. Et finalement, c’est parmi les nouvelles potions et élixirs de Sombreciel que je passai le reste de cette première journée. Y a-t-il autre domaine où l’imagination n’ait à ce point pas de limites ? Une potion avait été prévue pour exploser des paillettes, dégager un gaz hilarant (à petite dose) et retomber en une pluie d’étoiles. Elles ne se vendaient pour pratiquement rien et ont animé de façon magnifique le festival. Il n’y a bien que Sombreciel pour ne pas oublier que le moment qui compte, c’est le moment présent.

Je suis restée sur place jusqu’à ce que la nuit soit bien avancée. Les discussions allaient bon train pour partir trop tôt, mais j’appréciai particulièrement de passer une petite heure à danser sur un orchestre outreventois et belliférien. Une composition étonnante qui nous fit bien rire ! Un dénouement tout à fait idéal.

C’est ainsi que touche à sa fin cette première journée de Lughnasadh. Il y aurait eu bien d’autres choses à évoquer, bien d’autres merveilles à comptabiliser, mais ce qui compte n’est pas tant de lister chaque participant (les archives s’y emploient très bien). Ce qui compte vraiment est de saisir l’essence même de cette fête. Il ne s’agit pas d’être celui qui est le meilleur, Lughnasadh célèbre l’avenir, permet le rire et le rassemblement. Permet l’extravagance et le rêve, permet l’amélioration de nos vies. Et ces foires en sont une des plus emblématiques représentations. J’espère par ces quelques lignes avoir pu vous transmettre ce sentiment.

La seconde journée sera réservée à l'entretien de participants et de visiteurs à propos de ce qu’ils pensent de ce festival.


[Extrait du journal de Svanjä Jotunheim,
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyLun 30 Avr 2018 - 17:37

«  Je me souviens d’un temps…

Je me souviens de cette époque, jadis,  une époque lointaine, une époque que bien peu aujourd’hui ont connu, une époque presque oubliée et pourtant une époque ancrée dans les mœurs des différents duchés. Arven se souvient de ces temps anciens que bien peu se remémorent encore…

Dragonvale, la majestueuse tenait une place centrale en Arven, il y avait bien plus de guildes qu’aujourd’hui : la guilde des rebelles, des espions, des voleurs, la très vieille guilde des guerriers, la guilde des mages…

Je me souviens de ces espions qui arpentaient le Duché de Lagrance, Cyselle était encore duchesse alors, je me rappelle trait pour trait cette duchesse aux cheveux flamboyants, une blondeur magnifique et une sagesse immense. Du plus loin que je me souvienne : les maîtres de la vengeance étaient toujours les assassins de la Confrérie Noire,  Outrevent était toujours le duché de l’Honneur, Sombreciel était le royaume de l’esprit, refuge d’individus extravagants et frivole, Erebor de sable et de roc, Bellifère berceau des guerriers, Cibella grenier à grain, leader du commerce, Ansemer le royaume des mers et l’Archipel, territoire de libertés.

Je me souviens même de cette terre au-delà du continent que nous avions découverte,  mais mes souvenirs me faisant défaut je peine à me remémorer ce peuple différent de nous.

L’époque n’était pas la même, bien peu se souviennent encore avoir choisi la voie des armes, la voie des arcanes, les marches du trône, la rose écarlate et ses douze pièces aux visages cachés, la cour des miracles toujours la même ou les loups de mer et le très célèbre navire : Audacia.

Audacia, ce doux nom qui résonne encore à mes oreilles comme un souffle de liberté au loin, ce peuple libre et ses vaillants pirates. Cet équipage que j’ai toujours voulu rejoindre…

Je me souviens des récits de cette mythique impératrice assassinée, de ces duchés aujourd’hui oubliés et surtout ce duché déchu, de ce désir de revanche, de ses mèches blondes maculées de sang, de cette sombre mère que je n’oublierai jamais. Je me souviens encore de ces calices, de ces écrins, de ces témoins, des individus en détresses ou faisant preuves de sérénités, les portés disparus, les hérauts, les mages…

Je ne me souviens pas Arven sans dragon… Même dans les récits de mes aïeules de toujours Arven s’est vu abriter des dragons, à la fois dompter, à la fois sauvage, tour à tour amis des hommes, tour à tour ennemis… Arven et la magie, omniprésente ou disparue.

Mais, beaucoup de détails m’échappent, je me souviens de quelques visages impérissables, je me souviens de ces têtes couronnées qui ont forgé l’histoire. Je me souviens d’un temps que les jeunes d’aujourd’hui ne peuvent se souvenir…  

Je me souviens de cette époque, jadis,  une époque lointaine, une époque que bien peu aujourd’hui ont connu, une époque presque oubliée et pourtant une époque ancrée dans les mœurs des différents duchés. Arven se souvient de ces temps anciens que bien peu se remémorent encore…

Arven n’oubliera jamais, nous n’oublierons jamais… »

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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyLun 30 Avr 2018 - 17:58

758, Sombreciel, Ivressence.

Je renifle avant d'essuyer mon nez par automatisme, ma main libre agrippant la bandoulière de mon sac avec force. Je marche en faisant attention à l'endroit où je mets mes pieds, du moins suffisamment pour ne pas trébucher et tomber tête la première dans les roches qui parsèment le lieux. Je ne suis pas loin de ma destination ; mon cœur s'alourdit à chaque mètre parcouru.

J'aurais aimé que le ciel soit bleu aujourd'hui. Même quelques nuages de-ci, de-là ne m'auraient pas dérangé. J'aurais aimé que l'immensité au-dessus de nos têtes t'accueille de ses couleurs resplendissantes, mais c'était peut-être trop demander. J'espère que tu ne m'en voudras pas de te dire adieu dans une grisaille venteuse. Je t'assure, elle ne changera rien à mon amour pour toi.

Une dernière montée escarpée et me voilà au point culminant de la falaise. J'inspire fort pour récupérer un peu de mon souffle et mes yeux vont se perdre dans l'horizon. L'étendue bleue-grise ne laisse rien apparaître et ne m'est d'aucun apaisement. Mon regard bifurque sur la gauche et les côtes floues de Valkyrion se distinguent, pas plus rassérénantes. Je soupire.

Tandis que le vent envoie valser mes longs cheveux dans tous les sens, je porte une main à mon poignet gauche. Je le triture quelques instants avant qu'une boule ne se reforme dans ma gorge pour la énième fois de la journée. Je ferme les yeux, la détresse dans mon cœur bien trop forte pour que je ne puisse la contrôler. Je laisse les larmes passer la barrière de mes paupières et couler le long de mes joues alors qu'un sanglot s'échappe de ma bouche. Je lève la tête au ciel, déglutissant difficilement, et rouvre des yeux rougissant. Avec un peu de chance, le vent asséchera mes larmes.

Sur cette pensée ridicule, je renifle, j'inspire pour me donner du courage et je lâche le bracelet tant aimé. Je fouille dans mon sac pour en sortir l'urne finement décorée qui s'y trouve depuis ce matin. Je la caresse du pouce avant de m'avancer sur le bord de la falaise. Un regard vers le bas confirme largement la hauteur mortelle à laquelle je me trouve.

Un rire nerveux m'échappe. Ce rire dure bien plus longtemps qu'il ne le devrait, mais je ne peux m'arrêter. C'est tellement ironique tout ça. Tellement triste et beau, mais tellement injuste. "Ta place est à mes côtés." Mon rire un peu hystérique se calme peu à peu. J'essuie mes yeux. "On devait passer notre vie ensemble, tu te rappelles ?" Quelques souvenirs se forment derrière mes prunelles. "On avait dit que rien ne pourrait nous séparer, pas même les dieux. J'y croyais, tu sais ? J'y croyais dur comme fer, comme l'eau coule toujours vers la terre, comme les oiseaux qui chantent inlassablement au petit jour." Un nouveau rire plein de dérision.

Les sanglots reviennent à l'assaut et je ne peux que leur obéir alors que je te vois, arrivant au pas de course vers moi, un sourire gêné aux lèvres, une excuse essoufflée lâchée entre nous deux et tes yeux si verts, si lumineux entièrement fixés sur moi, comme s'il n'y avait que nous deux en cet instant. J'ai su dès ce moment que tu serais mien. J'ai vite compris que tu avais les mêmes projets à mon égard. Tu avais déjà un bracelet au bras droit ; les miens étaient vides d'engagement. Tu m'as fait un court assidue mais emplie de pudeur. Je t'ai fait patienter de nombreux mois malgré l'urgence que je ressentais de poser mes mains sur toi, de capturer tes lèvres des miennes pour ne plus jamais te laisser repartir. Je voulais être sûr que j'étais ce que tu voulais. Tu avais déjà un foyer, des enfants, et malgré mes sentiments, nos sentiments, je voulais que le temps confirme notre destinée.

Il l'a fait et je n'ai jamais été si heureux que le jour où tu as passé ce bracelet à mon poignet gauche.

Nous avons eu tant de belles années pour nous. Nous avons voyagé, tu m'as fait découvrir tant de choses. J'en ai fait de même et je n'ai jamais complètement assimilé le fait que j'avais trouvé l'amour de ma vie en ta personne. Il n'y a jamais eu personne d'autres. Je sais aussi que je t'ai éloigné de ta femme sans même le vouloir, mais je suis bien trop égoïste pour avoir jamais osé remédier à cela. J'étais prêt à tout pour défendre jalousement notre amour et notre bonheur. Tu n'as jamais suggéré qu'il y avait une solution à trouver à ça non plus. J'en ai déduit que tout était pour le mieux.

C'était le cas, jusqu'à ce que le Destin décide que nous avions suffisamment profité.
Un simple et ridicule éboulement. Un bâtiment en bien trop mauvais état pour tenir et nous épargner toute cette souffrance. A moi surtout, car je suis celui qui va devoir continuer à fouler Arven sans toi à mes côtés. Je sais que nous nous retrouverons à la fin et il y a certains jours où je suis capable de ne penser qu'à ça. Seulement, le temps va paraître bien long, bien triste, bien vide sans ton rire si ridicule, sans ton sourire si effronté, sans tes yeux si verts, sans tes mains si aimantes.

Je prends une grande inspiration et j'ouvre l'urne d'une main tremblante. Il est temps que je te laisse partir. Il est temps que je te dise adieu et c'est la chose la plus compliquée que j'ai jamais eue à faire. Je t'aime tellement que j'en ai du mal à respirer sur le coup. Pourtant, je continue mes gestes ; j'imagine que tes mains se posent sur les miennes, encourageantes et sûres d'elles, pour m'aider. Je lève mon bras, tout prêt à renverser l'urne et à te rendre une liberté prématurément acquise.

Le ciel s'éclaircit soudain, laissant entrevoir de gigantesques raies de lumière qui ne tardent pas à cogner contre la partie des terres où je me trouve. J'entrevois ton sourire, dans mes souvenirs, et un similaire se dessine sur mes lèvres alors que j'entraperçois un bout de ciel bleu. J'éclate de rire, l'émotion brute, vulnérable s'y ressentant, et je retourne l'urne.

Le rire s'apaise alors que tes cendres commencent à se disperser au gré des mouvements du vent. Tu t'élèves en même temps que tu tourbillonnes. Tu te répands en même temps que tu tes cendres s'entrecoupent, se rejoignent. Tu files au-devant de moi et je reste là, impuissant, à te regarder partir pour cette autre vie que je ne pourrai pas partager. Pas pour l'instant. Plus tard.

Plus tard, nous nous retrouverons.
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Message Sujet: Re: Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes   Intrigue 3.3 • Les Échos du Passé • Contes et Légendes EmptyLun 30 Avr 2018 - 23:54




Chroniques d'Arven

Intrigue 3.3

Les Échos du Passé

30 mai 1003



Intrigue animée par Lemon Tart


Contes et Légendes

La mémoire vous envahit, celle d’un homme, celle d’une femme. Épines, Accordés, Chevaucheurs… Le temps de quelques heures, vous êtes eux, ils sont vous. Vous revivez leurs derniers instants ou vous êtes la personne qui les provoque. Vous revivez les sombres heures comme si vous y étiez.

Racontez.




Quatrième Tour

Consignes



IRL : du lundi 30 avril au lundi 7 mai (18h).
IRP : mai, an 0

• Ce topic concerne les personnages inscrits à l’intrigue au préalable (Agnès, Astarté, Césaire, Gaëtane, Géralt, Lauriane, Mayeul, Tara & Walid). Si ce n’est pas le cas, un petit MP à la Fatalité et vous serez les bienvenus !

• Pendant ce tour, vous rédigerez un texte sur l'attaque qui a eu lieu au Théâtre de l'Étincelle, il y a mille ans, quelques mois à peine après la Trêve. Vous pouvez raconter les événements du point de vue d'un Accordé, d'un Chevaucheur qui doit obéir aux ordres ou d'un simple spectateur qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment

• Aucune limite de mots n'est imposée.

• Vous pouvez poster plusieurs fois, présentant différentes situations, si vous le souhaitez !

• Le format est libre ; vous pouvez écrire une chronique, un journal intime, un rapport militaire, un cours d'histoire à l'Académie, un poème, un conte pour enfant... Comme vous le souhaitez !

• Si votre texte est réussi, il pourra éventuellement intégrer le recueil des Contes et Légendes. Si tel est le cas et que le staff sélectionne votre écrit, vous remportez une carte d'Omen à cette occasion.




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