RP Express • Au mauvais endroit, au mauvais moment

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Livre III, Chapitre 4 • La Légion des Oubliés

Moira Guingois & Shahryar Khamsin

Au mauvais endroit, au mauvais moment

RP express

Moira n'a pas cours ce jour-là et elle aide Touillette à la Taverne de la Rose. Celle-ci l'envoie faire plusieurs courses dans la journée, pour récupérer telles herbes ou tels fruits, toutes les petites choses qui viennent à manquer et qu'une jeune fille peut s'en aller chercher sans aide. En début de soirée, elle quitte la boutique d'un herboriste, le panier plein et la bourse plus légère. Arrivée à mi-chemin, elle retourne pourtant en arrière, car elle y a oublié quelque chose ; Touillette l'étranglerait si elle ne ramenait pas tout ce qu'elle lui a demandé ! Sauf qu'à son retour dans la boutique, l'endroit est vide. Aucun client, aucun marchand. Peu désireuse de repartir bredouille, Moira se rend jusqu'à l'arrière-boutique où elle assiste à une scène dont elle n'aurait certainement pas dû être témoin. : un homme masqué, une corde à la main, enserrant le cou du marchand qui rend son dernier soupir sous ses yeux.

consignes

• Chaque RP doit faire 250 mots maximum ! Indiquez le nombre de mots entre balises spoiler à la fin de votre message. (Utilisez impérativement ce site pour compter.)

• Vous avez jusqu’au 29 juillet inclus pour clôturer ce RP.

• Choisissez entre vous qui commence.

• Improvisez ! La Fatalité vous laisse libres de décrire les environs, les circonstances, la date de ce RP. Pensez simplement à l'ajouter à la chronologie ! Vous posterez le formulaire d'ouverture avant le premier RP.

• La Fatalité est à portée de MP si vous êtes coincés. Vous pouvez l'appeler : elle viendra vous donner un coup de pouce.

C'est parti !

Livre III, Chapitre 4 • La Légion des Oubliés

Moira Guingois & Shahryar Khamsin

Au mauvais endroit, au mauvais moment

RP Express

• Date : 11 juillet 1003
• Météo : Il fait beau mais un peu frais en début de soirée.
• Statut du RP : Express
• Résumé : Moira n'a pas cours ce jour-là et elle aide Touillette à la Taverne de la Rose. Celle-ci l'envoie faire plusieurs courses dans la journée, pour récupérer telles herbes ou tels fruits, toutes les petites choses qui viennent à manquer et qu'une jeune fille peut s'en aller chercher sans aide. En début de soirée, elle quitte la boutique d'un herboriste, le panier plein et la bourse plus légère. Arrivée à mi-chemin, elle retourne pourtant en arrière, car elle y a oublié quelque chose ; Touillette l'étranglerait si elle ne ramenait pas tout ce qu'elle lui a demandé ! Sauf qu'à son retour dans la boutique, l'endroit est vide. Aucun client, aucun marchand. Peu désireuse de repartir bredouille, Moira se rend jusqu'à l'arrière-boutique où elle assiste à une scène dont elle n'aurait certainement pas dû être témoin. : un homme masqué, une corde à la main, enserrant le cou du marchand qui rend son dernier soupir sous ses yeux.
• Recensement :

Code:

• [b]11 juillet 1003 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t3938-rp-express-o-au-mauvais-endroit-au-mauvais-moment]Au mauvais endroit, au mauvais moment[/url] – [i]Moira Guingois & Shahryar Khamsin[/i]
Moira n'a pas cours ce jour-là et elle aide Touillette à la Taverne de la Rose. Celle-ci l'envoie faire plusieurs courses dans la journée, pour récupérer telles herbes ou tels fruits, toutes les petites choses qui viennent à manquer et qu'une jeune fille peut s'en aller chercher sans aide. En début de soirée, elle quitte la boutique d'un herboriste, le panier plein et la bourse plus légère. Arrivée à mi-chemin, elle retourne pourtant en arrière, car elle y a oublié quelque chose ; Touillette l'étranglerait si elle ne ramenait pas tout ce qu'elle lui a demandé ! Sauf qu'à son retour dans la boutique, l'endroit est vide. Aucun client, aucun marchand. Peu désireuse de repartir bredouille, Moira se rend jusqu'à l'arrière-boutique où elle assiste à une scène dont elle n'aurait certainement pas dû être témoin. : un homme masqué, une corde à la main, enserrant le cou du marchand qui rend son dernier soupir sous ses yeux.

Le persil ! Le. Persil.

Bon sang Moira !

Après s'être soudainement frappé la tête avec la paume de sa main, elle y retourne en grognant contre cette espèce de crotte de griffon d'herboriste qui lui a oublié ce condiment essentiel et contre elle-même qui n'a pas vérifié en récitant la liste comme pour tout le reste.

Et donc voilà. Moira était rentrée... quasiment... bon elle avait fait la moitié du chemin mais quand même ! Mine de rien, il commence à se faire tard et elle n'a pas plus envie de se faire étriper dans un coin de rue que dans un coin de cuisine par une Touillette énervée. Retournée sur ses pas, elle pousse la porte de l'échoppe en soupirant de soulagement de la voir toujours ouverte.

Ou... pas ?

Tout à l'heure, la pièce croulait sous la clientèle et Moira avait dû attendre vingt minutes dans la queue, mais là l'ambiance est totalement différente. La porte a fait « gling gling » dans le vent, personne pour l'accueillir, le comptoir délaissé. Maintenant qu'elle a marché tout ça, elle ne repartira pas sans rien. Sans vraiment se poser la question de savoir si elle a le droit ou pas, elle se précipite dans la pièce de derrière en se disant qu'elle se servira si le type n'a pas la décence d'être encore là.

C'est là qu'elle le voit. Là... mais plus vraiment là.

Elle sursaute. Laisse tomber le panier.

Spoiler:

Ce devait pourtant être une mission simple. A la hauteur d’un apprenti qui n’y connaît encore rien à l’art de la subtilité. Un bête marchand qui avait su s’attirer les foudres d’une personne à tel point qu’elle fasse appel à la Sombre Mère. Un bête marchand qu’il suffisait de surprendre à la fin de sa journée, à la fermeture de son établissement, et de tuer en moins de temps qu’il n’en faut pour dire ouf.

Mais il fallait croire que la facilité de cette mission avait un peu trop élevé sa confiance, là où pourtant il était parfaitement méticuleux. A sa décharge cela dit, il ne pensait pas que cette jeune fille venue comme cliente un peu plus tôt reparaîtrait dans la boutique à une heure où celle-ci aurait du se trouver fermée. Il aurait dû penser à fermer la porte.

Ce qui devait arriver arriva donc. Le bruit d’un panier qui tombe alerta l’Adepte qui ne lâcha cependant pas la pression que sa corde exerçait sur le cou de sa victime. Il releva simplement les yeux vers l'adolescente, l’observa avec tout son sang froid et finalement laissa tomber le cadavre une fois que la vie l’avait déserté.

« Ne fuit pas. » Ordonna-t-il alors qu’il rangeait sa corde, sans lâcher la fille des yeux. Il ne devait pas la tuer, mais ça, elle n’avait pas à le savoir. « On va gentiment discuter. »

Spoiler:

Figée, Moira fixe la scène sans vraiment la regarder. Un homme en train de se faire tuer. Elle n'a pas l'idée d'agir, d'essayer de le sauver. En fait elle n'a même pas d'idée. Pas de pensée. Tout va très vite mais le temps s'étire tout comme l'image devant ses yeux et c'est lorsqu'elle croise le regard de l'assassin que ses yeux se réveillent et tout se remet en place. Et elle commence à avoir peur. A songer à faire demi-tour en courant, laissant toutes ses affaires, n'emportant que sa vie. La scène se déroule dans sa tête mais son corps reste immobile. Bien debout, ancré dans le sol, contrairement à celui du marchand qui s'effondre devant ses yeux.

C'est à ce moment-là que la voix de l'homme masqué se fait entendre et lui ordonne de rester ici pour discuter. Fuis. Fuis. FUIS ! Tu n'as pas à l'écouter, Moira, tu peux encore partir, sauver ta vie. Tente quelque chose. Mais à quoi bon ? Elle vit ici. Dans la Ville Basse. Il la retrouvera le soir même et il l'étranglera, comme il l'a fait avec ce pauvre homme. Si elle part, elle meurt. Si elle reste, elle meurt. Et un coin de son esprit s'efforce de lui montrer que ce n'est pas le premier cadavre qu'elle voit.

Heureusement aujourd'hui, il n'y a pas de sang.

Spoiler:

Elle ne bouge guère, l’adolescente arrivée au mauvais moment. Il peut lire sans mal dans son regard tétanisé toute la crainte qu’elle ressent, et il pourrait presque la toucher du bout des doigts. Elle ignorait après tout qu’il n’était pas en droit de la tuer, elle qui n’était qu’une innocente aux yeux de ses dieux. Un jour peut-être serait-elle désignée, mais en ce jour, elle n’était qu’une pauvrette apeurée. Visage masqué, seuls les yeux de l’assassin étaient visibles, noirs comme la nuit et perçants comme ceux d’un serpent. Qu’allait-il faire d’elle ? Rien, bien évidemment.

« Je n’ai pas l’intention de te faire du mal. Ce n’est pas pour toi que je suis venue, mais pour cet homme. Il a payé et justice a été rendue. Toi, tu n’as rien à voir dans tout cela. »

Les propos étaient rassurants, mais le ton de l'assassin était froid et incisif, sans réelle pitié ni empathie. Qu’elle se rassure et se calme, la mort ne viendrait pas aujourd’hui pour elle. Qu’elle parle, qu’elle dise ce qu’elle avait vu, il s’en moquait. Sa tâche était terminée, et lorsque les autorités viendraient, il serait depuis longtemps parti.

« Tu ne devrais pas t’attarder. Il serait facile de t’accuser. » Peu lui importait en vérité, mais elle était bien jeune encore. Une telle injustice, elle ne la méritait pas.

Spoiler:

Si elle en croit l'assassin, Moira n'a rien à craindre de lui. Elle se détend un peu, même si le calme glacial dans lequel il lui a parlé n'a rien de sympathique. Tout ce qu'elle retient c'est qu'elle « n'a rien à voir dans tout cela ». Contrairement à ses frères, des années auparavant, abattus pour avoir volé. Le souvenir sanglant s'impose à son esprit alors qu'il n'a aucune similitude avec la situation d'aujourd'hui. Mis à part la mort. Ce ne sont pas les mêmes personnes. Ce ne sont pas les mêmes méthodes. Et elle n'a rien fait.

Alors qu'a donc fait le marchand ? Mis à part la servir assez mal tout à l'heure. En ramassant son panier et les petits paquets qui s'en sont échappés, elle décide d'obéir à sa curiosité et de pousser un peu sa chance en demandant à l'homme : « Qu'est-ce qu'il a fait, le marchand pour mériter ça ? » Et elle regrette directement sa question. Ce ne sont pas ses affaires après tout et elle devrait s'estimer heureuse de pouvoir s'en aller indemne. Alors elle s'empresse de s'excuser « Pardon. Ca m'regarde pas. » en reposant les yeux sur ce qui sont ses affaires. A savoir le panier toujours dépourvu de persil.

Est-ce que c'est mal de se servir dans la boutique d'un mort ?

Spoiler:

Ses mots, quoique froids et relativement dénués d’empathie semblaient avoir quelque peu rassuré la jeune adolescente. Il s’était attendu cela dit à ce qu’elle fiche rapidement le camp, comme il le lui avait judicieusement proposé une seconde plus tôt. Même si personne ne se doutait de la situation à l’extérieur, l’assassin n’avait pas particulièrement l’envie de s’attarder en ces lieux. Un instant, il observa le cadavre avant de relever les yeux vers la jeune fille. Il croise l’espace d’une seconde les deux prunelles bleues de celles-ci, qui semblent bien vite regretter la question. Haussant les épaules, Shahryar se contenta de répondre :

« Il a volé ce commerce qui ne lui appartenait pas par la ruse et a détruit ainsi une vie. »

Une vie de labeur et d’espoir, réduit à néant au cœur de la Ville Basse. Ce genre de chose n’était pas rare. Mais même ici bas, la prière avait été entendue par Lida et le client avait pu payer sa demande. Aujourd’hui, sa vengeance était accomplie, par la main même de la Confrérie.

« Il ne manquera sans doute à personne. »

Ce n’était même pas là un jugement, mais une vérité. Il avait pu l’observer quelques jours, ce marchand véreux. Il n’avait ni famille ni amis. Une vie volée pour bien peu de résultat, sinon une richesse pathétique. Il méritait son sort.

Spoiler:

Il est mort, son persil ne lui manquera pas. Oui mais c'est quand même un peu louche, voire malhonnête. Justement, quand la situation est ambiguë, on peut interpréter comme on veut. Touillette a vraiment besoin de son persil, elle pourra faire de bons petits plats et tout le monde sera content. De bons petits plats qu'elle va vendre, avec du persil mal acquis. Et puis, est-ce que ça ne va pas porter malheur ? Moira hésite. Il y a forcément quelqu'un au panthéon qui l'observe du coin de l'oeil pour décider si elle doit être maudite. Ce n'est vraiment pas le moment de se trimbaler une malédiction... Et puis comment savoir quel dieu est chargé de la juger ? De ce qu'elle sait, il y en a dans le tas qui ne désapprouveraient pas.

Ses pensées défilent très vite en attendant qu'à nouveau la voix de l'assassin retentisse et étrangement, vienne trancher. « Je vois... » Le marchand est donc un voleur. Voler un voleur, ce n'est pas si grave, si ? Elle repère enfin les feuilles de persil sur une étagère derrière son interlocuteur mais elle n'a pas envie de passer à l'acte tant qu'il est là. Pourquoi est-il toujours là ? Il a fait ce qu'il devait faire, il n'a plus qu'à s'en aller. Faisant preuve d'une discrétion incontestable, elle demande : « Vous... ahem... vous deviez pas partir ? » Ce qu'elle fera aussi. Juste après.

Spoiler:

Il n’y a pas grand chose de plus à dire sur cet homme et il serait bientôt temps de partir. Mais Shahryar avait l’habitude, avec ses victimes, de retirer leur cœur comme lui soufflait les rites antiques de son clan. Mais devant cette adolescente qui ne semblait pas vouloir partir, il ne pouvait pas faire une telle chose.

Lorsqu’elle lui pose cette évidente question, c’est un regard assez perçant qu’il lui renvoie. Ne lui avait-il pas dit la même chose ? Shahryar haussa les épaules, mais ses sens aiguisés l’alertèrent que dans la boutique, quelqu’un était entré. Le parquet pourri avait grincé. Soulevant avec une grande discrétion le rideau qui séparait les deux pièces, il constata qu’il s’agissait d’un garde de la milice de la Ville Basse. Allons donc que fichait-il là ? Il était rare d’en croiser… Posant une main sur l’épaule de la fille et un doigt levé devant sa bouche pour intimer le silence, il chuchota :

« Viens, il y a une porte de derrière. Si ils te trouvent, les miliciens ne chercheront pas bien loin pour t’accuser. » Lui, ils ne le trouveraient pas, mais elle, si elle restait... Shahryar savait combien il était facile pour ces gardes corrompus d’accuser des innocents trouvés sur le tas plutôt que de s’en prendre aux assassins souvent insaisissables. Tant qu’ils n’avaient pas l’un d’eux sous la main, un bouc émissaire faisait l’affaire.

Spoiler:

A nouveau, le regard de l'homme lui donne des frissons. Ses yeux sombres sont la seule chose que Moira peut voir de son visage mais quelque chose lui dit qu'il doit avoir l'air bien agacé sous son masque. Visiblement, il a aussi envie qu'elle s'en aille mais si chacun s'attend, la soirée va être longue. Autant lui demander directement s'il peut lui attraper le persil et s'enfuir tant qu'elle le peut.

Elle se mordille la lèvre inférieure, ne sachant pas si elle va oser lui poser cette question mais n'a pas le temps de se décider que l'attention de l'assassin se détourne d'elle. La jeune fille, elle, n'a rien entendu mais son attitude à lui indique qu'il se passe quelque chose. Alors elle ne dit rien mais ne peut s'empêcher de sursauter lorsqu'il lui touche l'épaule. Instantanément, elle plaque sa main libre contre sa bouche, pour se calmer en silence.

Il ne va pas lui faire de mal... En fait, il cherche plutôt à l'aider. Moira ferme les yeux une seconde et soupire doucement à travers sa main puis hoche la tête en le regardant de nouveau. Elle a compris, elle se fera la plus petite possible. Serrant son panier contre elle, pour ne pas risquer de heurter quelque chose, elle se laisse guider. Cette fois attentive au moindre bruit, elle peut entendre le milicien se rapprocher de l'arrière-boutique.

Spoiler:

Pourquoi l’aidait-il alors qu’il ne devait rien à cette adolescente ? Peut-être parce qu’il importait à Shahryar qu’une injustice n’ait pas lieu. Il ne s’attachait pas aux gens, mais ça ne l’empêcherait pas d’aider une innocente qui risquait gros si elle se faisait trouver par les miliciens qui verraient dans ce meurtre un crime. Captant dans le regard de la jeune fille qu’elle avait bien compris ses indications, il écouta une dernière fois en direction de la boutique et conclu qu’ils devaient partir au plus vite. L’homme se rapprochait. De toute évidence, il trouvait cela louche qu’une boutique ait sa porte grande ouverte et que le marchand ne soit pas présent. Prenant la tête, Shahryar ouvrit la dite porte de l’arrière boutique, qui grinça un poil dans le silence. Il pesta intérieurement mais n’interrompit pas son geste. Un regard à l’extérieur lui indiqua une ruelle vide – quelle chance ! – puis il fit signe à la jeune fille de passer. Lui emboitant le pas, il attrapa une étole avant de s’engouffrer dans la ruelle sans prendre la peine de fermer la porte. C’était moins une car l’assassin entendit clairement derrière lui le milicien gueuler, appelant ses compagnons.

« Cours. Et cache ton visage avec ça. » Qu’il indique à l’adolescente en lui tendant le vêtement volé, avant de passer devant et la guider dans les ruelles. Derrière, il entendait déjà des pas.

Spoiler:

La lumière a bien baissé dehors, constate Moira en sortant. Normalement, elle serait presque rentrée. Il y a bien longtemps qu'elle a renoncé à vadrouiller dans la Ville Basse de nuit et même si celle-ci n'est pas totalement tombée, la ruelle désignée par l'assassin est bien assez sombre. Elle s'y précipite, pressée par les cris du milicien derrière eux. Par le Destin ! Eux qui ne sont jamais au bon endroit au bon moment, il faut que juste aujourd'hui, ils lui tombent dessus. Que font-ils ici à cette heure ? Enfin, à priori, cette fois la nuit sera un avantage.

La jeune mage se saisit de l'étole qu'elle noue derrière sa tête et se met à courir, en serrant bien ses doigts autour de la anse en osier, peu résolue à lâcher le panier dont le contenu se balance dangereusement. Sans perdre le rythme, elle passe son autre main au fond pour récupérer les quelques fleurons restants car elle sait qu'elle va devoir se débarrasser de ce boulet. Si elle s'en sort, elle gardera les pièces, en dédommagement pour la peine.

Au croisement d'une autre ruelle, Moira se déleste de son panier et enfin plus légère, peut accélérer pour rattraper l'adulte devant elle, gardant son argent dans l'autre main bien fermée. Et derrière, à en juger par les jurons bruyants, le garde qui les suivait vient de se prendre les pieds dedans.

« Bien fait... » souffle-t-elle.

Spoiler:

Elle court et elle se cache. Elle obéit aveuglément et Shahryar prend la tête de cette fuite. Il connaît sans doute les ruelles aussi et n’est certainement pas seul, mais ce n’était pas là quelque chose d’insurmontable. Il avait connu bien pire, l’assassin devenu Adepte. Et il n’a de toute façon pas besoin de faire grand chose. Derrière, les pas de la gamine se pressent et les jurons d’un homme résonnent.

« Bien joué. »

Dit-il alors, avant de prendre une nouvelle ruelle, plus resserrée et sombre. La Ville Basse regorge de lieux effrayants mais ils permettent aussi bien la fuite et la discrétion. Au sortir de ce chemin néanmoins, ils sont surpris par un nouveau milicien, heureusement seul. Il savait sans doute, il a certainement entendu gueuler plus tôt, malgré leur course. Mais heureusement, il ne les a pas encore vu.

« Quand je te ferais signe, sors de la ruelle. »

Et sans attendre après avoir chuchoté, il se faufile dans cette nouvelle rue, se cachant dans les ombres tel un fantôme. Il ne faut qu’un geste précis et assuré pour qu’il se glisse derrière le guetteur et l’attrape dans ses filets. La corde passe nettement sur la gorge, et le cri est étouffé. Il n’aura pas le temps d’alerter ses semblables et il tombera bien vite, non point aux portes de la mort mais évanoui.

Viens, dit alors le geste de sa main.

Spoiler:

Un petit sourire s’impose au coin des lèvres de Moira, flattée d’être félicitée par cet homme qui la terrorisait avant ça. A présent qu’elle n’est plus paralysée par la peur, c’est peut-être un peu d’excitation qu’elle ressent, voyant cette fuite réussir. Puis elle se souvient qu’il a quand même étranglé quelqu’un et se dit qu’il serait tellement plus heureux si le milicien s’était fendu le crâne en tombant. Ce qui la refroidit quelque peu.

En quittant le genre d’endroit où même de jour, elle ne voudrait pas y mettre les pieds, Moira aperçoit l’autre milicien et son cœur fait un bond. Cachée, elle profite de cet instant de répit pour se calmer. Combien y a-t-il encore de poursuivants ? Elle n’a plus de panier à envoyer sur des gens, mais elle peut peut-être faire autre chose. Ainsi, elle invoque un petit élémentaire d’air – pas vraiment impressionnant, mais sans s’épuiser, c’est bien le mieux qu’elle puisse faire - auquel elle commande d’amasser de la poussière qu’elle pourra toujours utiliser plus tard.

Vient ensuite le signe de son partenaire d’échappée. L’adolescente sort et ses yeux sont directement attirés par l’homme gisant au sol. Elle relève un regard rempli d’inquiétude.

« Vous… l’avez tué ? »

Car une fois de plus, la réalité sur la nature de son partenaire lui revient. Mais s’il l’a fait, c’était nécessaire, non ?

Spoiler:

Il sait, Shahryar, comment il faut faire pour ne pas ôter la vie mais éliminer de son chemin ceux qui s’y trouvent. Il sait exactement quelle pression exercer pour couper la respiration d’un homme sans pour autant lui écraser la trachée. Il sait combien de temps il faut lui retirer l’air de ses poumons pour que l’esprit tombe dans l’inconscience sans causer de graves dommages. Il serait certainement choqué à son réveil et la gorge lui ferait mal pendant des jours, mais sa vie ne lui serait pas arrachée, car ce n’était point là ce que Lida souhaitait. Attendant que la jeune fille arrive à lui, il observe l’homme à terre, calculant à peu près le temps qu’il faudrait à celui-ci pour se réveiller. Amplement assez pour que lui et l’adolescente soient loin d’ici. Haussant les épaules à la question, il relève ses yeux pour observer les alentours.

« Non. Je n’ôte pas la vie aux innocents. Il est simplement inconscient. »

Bah, il ne pouvait pas lui en vouloir de croire qu’un assassin faisait peu de cas des victimes sur son passage. Mais malgré tout, les Fils et Filles de Lida respectaient un code d’honneur sincère et juste. Il ne serait pas homme à briser son serment.

« Allons y avant qu’il ne revienne à lui. On devrait être bientôt tranquille. »

Et il pourrait repartir de son côté, et elle aussi.

Spoiler:

« Ah… » répond Moira simplement, penaude. Pour sa défense, le type a tout de même l’air un peu mort. L’assassin ne s’en prend pas aux innocents, il n’est donc pas si mauvais, n’est-ce pas ? Pas comme la milice qui n’aurait pas hésité à l’accabler d’un meurtre qu’elle n’a pas commis.

D’après lui, ils ne sont plus très loin de s’en sortir. La jeune fille demande alors, étonnée : « Y en a pas d’autres ? » en essayant de repérer à quel endroit de la Ville Basse ils se sont échoués. Bientôt il faudra qu’elle rentre à la taverne et elle n’est pas très jouasse à l’idée de se balader dans ces ruelles en pleine nuit. En jetant un œil derrière son épaule, elle voit toujours son petit élémentaire voleter mais il offre un bien piètre moyen de défense. C’est-à-dire que Bébert l’élémentaire d’air est beaucoup moins impressionnant que Dédé l’Etrangleur masqué, mais jamais celui-ci n’acceptera de se coltiner la petite mage une fois la milice semée.

Oh ne te vexe pas, Bébert ! pense-t-elle, car elle pourrait jurer qu’entre le vent qui le compose et les particules de poussière qui tournoient autour de lui, il y a une petite mine tristounette, comme s’il était déçu de ne pas atteindre les attentes de sa créatrice.

« Vous pourriez m’aider à rentrer ? Non pas qu’j’ai peur, mais… »

Spoiler:

« Qui sait, peut-être se seront-ils tous donné le mot ce soir. Mais j’en doute. » Qu'il répond à l'adolescente curieuse en espérant avoir raison.

Deux miliciens en une soirée, c’était déjà bien suffisant. Une malédiction de Uld, à n’en pas douter, alors que dans la Ville Basse, ces hommes étaient réputés pour ne jamais agir quand il fallait. Bah qu’importait, ils n’étaient pas réellement une menace quand ils étaient tout seul. S’attendant à reprendre leur fuite, il surprend derrière la jeune femme ce qui ressemble à… à dire vrai Shahryar n’était pas vraiment capable de dire ce que c’était. Pas familier de la magie, il n’avait jamais réellement vu d’élémentaire. En tout cas, il semblait seulement suivre l’adolescente. Celle la même qui le surpris avec sa question pour le moins… inattendue. N’était-il pas un assassin ? Elle lui faisait confiance pour l’accompagner jusque chez elle ? Pas qu’il en avait réellement envie, mais une part de lui, la plus responsable, lui soufflait de ne pas la laisser se balader seule dans les rues de Lorgol. Pourquoi pas après tout.

« Si ce n’est pas trop loin, c’est d’accord. » Même si le masque posé sur son visage n’était pas tellement modèle de discrétion s’il n’avançait pas dans les ombres. Mais qu’importe, il acceptait et reprit la route pour s’échapper une bonne fois pour toute de ces ruelles.

Spoiler:

Les yeux de Moira s’illuminent, elle ne pensait pas qu’il accepterait. « Oh ! Merci merci merci ! » Repérant enfin un indice pour retrouver son chemin, elle rassure l’assassin : « Non, c’pas très loin. La Taverne de la Rose, vous connaissez ? » Sans même attendre sa réponse, elle fait un geste de la main, indiquant un pont pour traverser le canal. « Par-là. »

Elle devrait renvoyer Bébert maintenant. Pauvre petite chose, il n’aura pas eu l’occasion de se rendre utile dans cette affaire. « Attendez, dit-elle en s’arrêtant à côté du canal, je vais faire disparaître mon élémentaire. » Elle se rapproche de lui, se concentre juste une seconde et pouf ! Au revoir Bébert ! Alors qu’il s’échappe dans un dernier tourbillon d’air, la poussière qu’il avait amassée s’envole et surprise, Moira ferme les yeux, recule et tombant à la renverse, se rattrape à la seule chose à proximité, c’est-à-dire les vêtements de son accompagnateur, l’entraînant avec elle dans sa chute.

Ils tombent tous les deux dans le canal et la panique envahit Moira qui ne sait pas nager. Le fond de l’eau l’attire, elle crie, fait des mouvements, essaie de ne pas couler mais c’est difficile de se maintenir à la surface. « Aidez-moi ! » Et elle recoule. Si seulement elle arrivait à attraper le rebord. Si seulement elle arrivait à se faire une petite bulle d’air. Mais elle est trop épuisée pour ça.

Bien trop épuisée.

Spoiler:

Pas le temps de répondre que l’adolescente s'emballe. Qui ne connaît pas la Taverne de la Rose au sein de la Ville Basse ? Tant mieux si ce n’était pas loin, il avait affaire ailleurs. Les canaux de Lorgol sont calmes à cette heure de la soirée, mais il est surpris, Shahryar, de n’y voir quasiment personne. Même s’il n’était point prudent de se balader de nuit dans la Ville Basse, il la connaissait plus vivante d’ordinaire. C’est sans doute à cause de cette réflexion intérieure que l’Adepte ne réagit pas immédiatement quand le poids de l’adolescente se raccrochant à lui déstabilisa son équilibre. Et avant de s’en rendre compte, il était déjà dans l’eau.

Louées soient ses années passées loin d’Erebor qui lui avaient appris à nager un peu. Ce n’est pas le cas de celle qui l’a entrainé avec elle dans l’eau, car il voit ses mouvements paniqués éclabousser dans tous les sens, et entend son cri désespéré. Alors il l’attrape, l’attire à lui pour qu’elle n’aille pas vers le fond. Il la sent fatigué, et lui doit faire appel à sa force pour la hisser sur le rebord du canal, avant de suivre à son tour. Quelle soirée ! Les vêtements trempés, le masque cachant ses traits retiré pour ne pas s’étouffer dans l’eau… heureusement que les crocodiles du canal ne les avaient pas rejoint.

« Ca va ? »

Spoiler:

Moira est hors de l’eau, assise sur les pavés. Elle tousse. Elle crache. Elle tousse à nouveau. Tout son corps tremble. De frayeur ? De froid ? Un peu des deux. Ca ne fait que la troisième fois qu’elle s’est vue mourir aujourd’hui. Dans l’opération, elle a perdu les quelques fleurons qu’elle avait récupérés du panier. Elle aura vraiment tout perdu sur cette dernière course. Ses habits dégoulinent de l’eau puante des canaux, si elle ne s’est pas noyée, elle attrapera sans doute une douzaine de maladies. Mais pour l’instant, elle est sauvée.

La voix lointaine de l’assassin arrive à son oreille et elle réalise que c’est lui qui l’a remontée. Il l’a sauvée de la noyade, ce qui finit d’effacer le sentiment de culpabilité de le trouver sympathique. Elle hoche la tête, les yeux plongés dans les pavés humides et parvient à répondre : « Oui… merci… beaucoup. » Puis elle relève enfin le regard et émet un petit bruit étonné en voyant un visage. Elle était si habituée à le voir masqué qu’il ne lui était pas venu à l’esprit que là-dessous, il y avait des traits humains.

Il a l’air si gentil pour quelqu’un qui tue des gens !

Pour l’aider, il s’est donné du mal et elle s’en veut un peu. « J’suis vraiment désolée... » Après ça, c’est sûr qu’il ne voudra pas la ramener. Faut pas abuser non plus !

Spoiler:

Elle ne s’est pas noyée, mais à voir son regard, on aurait presque pu croire que la mort l’avait frôlé. Ils avaient eu de la chance en vérité, car les eaux des canaux, réputées pour être particulièrement sales, contenaient aussi des locataires fort peu sympathiques. Un frisson s’empare de lui alors qu’il constate que le froid commence à le gagner un peu. Lorgol ne croulait pas sous la chaleur. Cela dit, si ça n’avait été que le froid, il s’en serait contenté, car la perte de son masque, et donc la révélation de son visage, le contrariait au plus haut point. Si la mission avait été une franche réussite, il avait échoué comme un débutant sur la fuite. Jamais encore personne n’avait pu voir son visage… et voilà qu’une adolescente le voyait, presque choquée.

« T’es vraiment maladroite toi. » Il n’acceptait pas les excuses, car sa vie était possiblement mise en danger par cet événement. Maintenant qu’elle peut voir plus en avant ses traits, ils ne sont pas particulièrement sympathiques. Et s’il avait accepté plus tôt de l’aider, il n’était pas sûr de maintenir cette proposition. « Je peux te faire confiance pour ne rien dire ? » Même avec une parole, pouvait-il croire les mots d’une gamine apeurée de la Ville Basse ? A dire vrai, elle avait de quoi se méfier, puisqu’il connaissait aussi son visage à elle, et surtout l’endroit où elle logeait.

Spoiler:

Maladroite ? Non, d’abord c’est de la faute à Bébert ! Mais il serait malvenu de protester alors que l’assassin a tous les droits de l’engueuler. Alors elle reste silencieuse, baisse les yeux, acquiesce avec la tête. Bien sûr, qu’elle ne dira rien, elle n’est pas une balance ! Elle serait bien ingrate de le dénoncer, et puis même, qu’aurait-elle à dire ? Et qui la croirait ? Et qu’aurait-elle à y gagner ? Elle vient de lui dire où elle habite, si elle venait à le trahir, elle retrouverait bien vite le marchand de tout à l’heure.

« Ben oui. » répond-elle en le regardant de nouveau. « M’avez sauvée, jamais j’vous ferais des crasses. » Elle est sincère, mais évidemment, il n’a aucun moyen de le savoir. Visiblement, être à visage découvert lui fait un peu moins tolérer sa présence et elle se retrouve dans la même situation qu’en début de soirée : en train de se demander à quelle sauce elle va être mangée. Juste quand elle commençait à bien l’aimer… Puis zut ! « Savez quoi ? Si vous voulez vous débarrasser d’moi, y a le canal juste là. » dit-elle les yeux remplis de larmes « C’pas ‘tuer un innocent’ ou j’sais pas quoi… C’juste… me dé-sauver, voilà. »

Elle renifle et se relève. Frissonnante, puante, piteuse. Elle n’a pas spécialement envie de mourir noyée, alors en fin de compte, elle espère très fort qu’il ne la prendra pas au mot.

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La tuer aurait été la plus simple des solutions, mais cela allait à l’encontre de son serment envers la Confrérie Noire, il était seul coupable de ce contretemps bien ennuyeux. Bien sûr, il avait les moyens de faire pression sur cette adolescente qui, même en ayant connaissance de son visage, savait qu’il était un assassin et qu’il avait son adresse. Non qu’il irait la menacer ouvertement, mais il valait mieux pour elle qu’elle ne l’oublie pas. Le regard de Shahryar est un instant menaçant, avant d’être surpris par l’air qu’aborde la gamine, les larmes aux bords des yeux. Elle allait quand même pas pleurer ? Pas loin, et elle aurait presque pu le faire culpabiliser. Ce n’est pas le cas, mais ses prunelles abandonnent leur colère pour s’adoucir un peu. Un soupir lui traverse les lèvres lorsqu’il entend le mélodrame, et cette fois, il lève les yeux au ciel.

« Dis pas de bêtises, si je l’avais voulu, ça serait déjà fait. » Peut-être bien que l’idée lui avait traversé l’esprit. « Je vais accorder du crédit à tes paroles. » Mais son ton, quoique pas spécialement agressif, à cette froideur un peu menaçante. « Aller viens. » Après tout, ils n’étaient pas loin de la fameuse Taverne de la Rose. Plus vite il l’aurait ramené, plus vite il pourrait rentrer à la Tour Noire et se changer. L’odeur l’indisposait et il frissonnait un peu de froid.

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Il y en a plus d’un, dans le quotidien de la jeune fille, exaspéré par le volume de larmes qu’elle est capable de leur servir chaque jour. Le moindre détail devient intense et ses émotions, incontrôlables. Maintenant, Moira est à bout de nerfs, fatiguée, angoissée, un petit morceau de son esprit est convaincu que le déroulement catastrophique de cette soirée n’est pas un hasard et qu’elle ferait mieux de laisser les dieux achever leur œuvre. Alors paradoxalement, ses petites larmes qu’elle essaie à tout prix de contenir dans ses yeux, témoignent d’une certaine mesure : elle a déjà pleuré bien plus pour bien moins. Mais comment l’assassin pourrait-il le savoir ? Il ne la connaît pas.

Néanmoins, cette hypersensibilité à laquelle l’adolescente est soumise semble jouer en sa faveur pour une fois. Certes, le ton employé pour lui parler n’est pas des plus agréables, mais l’homme ne semble pas revenir sur sa décision. Il ne lui fera pas de mal et il la raccompagnera, même. Ces quelques paroles suffisent à lui arracher un pauvre sourire triste avant qu'elle reparte.

Silencieuse une trentaine de secondes, Moira réfléchit tout haut : « J’pense… si on me demande… J’raconterai quelque chose comme... » Il faut tout de même justifier d’avoir perdu le panier, les sous et d’être rentrée bien après l’heure. « ...on m’a volé mon panier et poussée à l’eau. Vous m’avez repêchée – c’pas totalement mentir – ça vous va ? »

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