Marcus

Il fait froid ce jour-là pour la région. Un jour d’hiver accompagné de neige. Un jour qui accueille au monde un nouvel enfant. Marcus est né aux petites heures de la nuit. Premier né d’une famille noble, il reçoit toute l’attention nécessaire à son bon développement. À peine sait-il s’asseoir qu’on lui offre de petites armes en bois. Il apprend à les manier en jouant et on raconte qu’il savait en donner quelques coups avant même de marcher solidement.

Il grandit, il apprend, il s’entraîne. Dans cette famille, tout porte sur le militaire. C’est la tradition. Dix-neuf générations d’officiers haut-gradés dans la famille. Dix-neuf. Avec lui, ce fera vingt. Il ne faut décevoir personne. Alors il bosse avec acharnement : études, entraînements. Tout ce qu’il faut pour pouvoir être à la hauteur des attentes qui ont été dressées pour lui. Chemin pré-tracé sur lequel il n’a qu’à marcher.

Il croit fortement à cette destinée. Il s’y applique depuis la tendre enfance et ses progrès sont considérables. Tout comme sa persévérance. Malgré tout, il s’impatiente souvent. Les leçons théoriques ne lui viennent pas facilement. Ni celles techniques, d’ailleurs. Il lui arrive parfois de crier sur les précepteurs qui viennent le préparer en vue de son entrée future à l’Académie. S’il n’y arrive pas, c’est forcément leur faute, non ? Chaque fois il finit pourtant par se calmer et se remet au travail. Laborieusement. Heureusement pour lui, les entraînements au combat eux se déroulent bien mieux. Il s’y distingue, même, au grand plaisir de son père.

L’été 1000 marque un tournant dans sa vie. Après plusieurs années d’études, il se sent prêt à rejoindre l’Académie pour y poursuivre ses apprentissages. Il s’y rend alors, déterminé à être accepté dans le cursus qui lui est destiné depuis sa naissance. Déterminé à faire honneur au nom qu’il porte fièrement. Il entre à l’Académie quelques mois plus tard. L’air satisfait qu’il arbore à son arrivée masque la pointe d’inquiétude qu’il éprouve pourtant devant ce qui approche.

Il tente de bosser dur depuis. Mais l’Académie est pleine de distractions en tous genre comme cette Chemsa qui profite bien de ses services. Services qu’il est plus qu’heureux de lui offrir. Ses périodes d’études ne sont pas aussi productives qu’il l’espérait. Ses résultats n’atteignent pas les buts d’excellence qu’il s’était fixés.  Ses progrès sont plus lents qu’il ne le pensait. Il se sent souvent comme empli d’un trop plein d’énergie. La vie à l’Académie manque d’action se plaint-il souvent à lui-même. Il a envie de plus que d’interminables rencontres entre de vieux tomes poussiéreux, son pupitre et son cerveau. Et en souhaitant cela, il ne parle pas des aventures nocturnes qui s’imposent parfois à lui. (Merci le somnanbulisme.) Et encore moins des rencontres avec le mage Clarence pour qui il éprouve beaucoup de rancœur.

Les événements de l’an dernier ne l’ont pas convaincu de quitter l’Académie, bien au contraire. Il est plus déterminé que jamais à compléter son cursus. Les temps sont incertains, mais rien n’ébranle la confiance. Il y parviendra, quoi qu’il arrive.