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 Je vais bien, tout va bien

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Mayeul de Vifesprit
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Message Sujet: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyJeu 24 Mar 2016 - 22:02


Livre I, Chapitre 2 • Le Carnaval des Miracles
Grâce Martel & Mayeul de Vifesprit

Je vais bien, tout va bien

L'alcool, c'est pas vraiment une drogue non ?



• Date : 26 Mars de l'an 1001
• Statut du RP : Privé
• Résumé : De passage à Lorgol, Mayeul en profite pour déposer avant de rentrer une lettre à Bellifère. Lui qui espérait rester incognito et ne pas croiser ses anciens compagnons de Vol, cela semble quelque peu compromis.



Dernière édition par Mayeul de Vifesprit le Dim 25 Sep 2016 - 14:52, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyLun 28 Mar 2016 - 22:58

Lorgol lui manquait, quand il ne s'y rendait pas pendant longtemps. Cette ville aux mille couleurs, bruyante et pleine de vie, était là où il s'était senti chez lui, pendant longtemps. Depuis ses années à l'Académie, en vérité. Avec la mort de Mathilde, il aurait pu détester cette ville et ses habitants, les tenant pour responsables, mais il n'en était rien. Il y avait ses habitudes, ses amis, du moins, les rares qui ne lui avaient pas tourné le dos désormais. Lors de cette petite virée matinale, il avait laissé Nuage aux bons soins des Voltigeurs de la Caserne la plus proche, sachant qu'il y serait bien, tandis qu'il déambulait à travers les ruelles. Tout ce qu'on lui avait demandé en échange, c'était de déposer plus tard une lettre destinée au Vol de Bellifère. Cela ne le dérangeait pas, évitait de payer un transporteur, et puis, Bellifère avait été son chez-lui pendant quelques années, avant sa mutation. Avant la mort de Mathilde. Durant ces années de bonheur qui lui semblaient envolées à jamais.Une fois son escapade terminée, il avait laissé, à nouveau, Lorgol aux Mille Tours derrière lui, prévoyant une pause à Bellifère pour jouer les messagers. Quand à renouer avec ses anciens compagnons de vol, il préférait éviter. Son esprit, embrumé par les drogues exquises de chez lui et les verres avalés dans une taverne de Lorgol -où l'alcool était bien moins bon, et bien moins fort que dans la plus minable de taverne de Sombreciel, il tenait à le préciser- lui évitait de sombrer dans la mélancolie, mais penser à ce qui lui avait fait quitter l'endroit ne restait pas agréable. L'image de Mathilde flotta dans son esprit, à peine bousculée par le sentiment d'inquiétude de Nuage à son égard. Un sourire que le griffon ne pouvait pas voir, et le jeune homme se força à détendre ses mains sur le harnais, basculant sur le dos. Une position précaire en vol mais qui lui laissait tout le loisir d'admirer l'immensité du ciel, qui emplissait tout entier son champ de vision. Il allait bien. Les pensées les plus désagréables se contentaient de flotter aux limites de sa conscience, et c'était une sensation à laquelle il était habitué. Il allait bien. N'est-ce pas ? Visiblement, le griffon ne partageait pas cette sensation, mais qu'importe.

Ils arrivaient en vue de l'espace réservé au Vol de Bellifère, et Mayeul se redressa quelque peu, chassant les nuages qui embrumaient son esprit autant qu'il le pouvait. On lui reprochait souvent d'être un peu trop rêveur ces derniers temps, et il ne pouvait pas dire que c'était faux. Mais c'était agréable, cette sensation de planer, souvent, tout le temps même. C'était agréable d'être détaché de tout, d'être bien. Plus agréable que de se réveiller en pleurs la nuit, en tout cas. Bien plus. Et puis, il savait encore faire son boulot, non ? Enfin… peut-être pas tant que ça. Il repéra un griffon en bas, loin en dessous de lui, et quand Nuage lui transmit l'image, il était trop tard pour faire demi-tour. Il aurait dû le repérer bien avant. Tant pis. Faire demi-tour était exclu, un peu trop suspect, et assez peu correct. Pas que cela lui pose problème, ceci dit. Ou si ? Il n'en savait plus trop rien. Il était difficile de réfléchir, parfois. Peut-être qu'il aurait du ? Le temps de tergiverser, de toute façon, c'était un peu trop tard. En plus, il avait une lettre à livrer, bien sécurisée quelque part. Dans sa poche, peut-être bien. Nuage s'approcha de l'autre griffon, laissant le voltigeur rassembler ses esprit, et il en aurait besoin. Car si Corail était là, cela signifiait que Grâce n'était pas loin. Grâce Martel, envoyée des Dieux pour l'emmener sur le chemin de… de il ne savait trop quoi. Il n'avait besoin de rien, en vérité, il allait parfaitement bien. Il gérait son destin. Bon, avec un peu de cafouillage parfois, certes, mais l'un dans l'autre, ça allait. Si on en oubliait la patience de plus en plus ténue de son Capitaine de Vol à son égard. Et oublier, ça, Mayeul savait parfaitement le faire. Donc, tout allait bien. Le Dieu des explications alambiquées qui n'allaient que dans son sens veillait sur lui. Il n'avait pas besoin de l'inquiétude de Grâce, de sa sympathie à son égard, de sa volonté de l'aider à il ne savait trop quoi, bref, pas besoin d'elle.

"Bonjour, belle dame."
Salua-t-il la voltigeuse d'une courbette, même pas ironique. Bon, peut-être un peu. Qui sait, elle le prendrait peut-être mal et s'abstiendrait de lui faire la leçon sur son état du jour et sa tenue quelque peu échevelée par le vol. Le vol. En aucun cas l'alcool ingurgité dans cette taverne de Lorgol.

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Grâce de Séverac
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyLun 28 Mar 2016 - 22:59

Tout était mouvementé, en ce moment. Même en Béllifère. Outre l’attitude plus qu’agaçante de mes comparses voltigeurs – si l’on pouvait dire ça de tous ces hommes qui pensaient qu’elle ferait mieux de retourner auprès de son mari, ou de porter leurs propres enfants, peut-être. Grâce en était relativement agacée, mais elle faisait de son mieux pour les ignorer, et garder la tête haute, comme à son habitude. La force qui était caractéristique de l’unique voltigeuse béllifèrienne ne disparaîtrait pas de sitôt. Aucun d’entre eux n’en viendrait à bout ou ne la ferait ployer devant leur stupidité. Elle était fière de ce qu’elle avait accompli, fière de sa position, et qu’importe qu’elle soit une sorte de créature imaginaire pour eux. Qu’importe qu’elle semble forte tête ou anormale. Ou tant mieux, peut-être. Oui, c’est sûrement pour le mieux. En attendant, Corail lui transmettait des images d’un ciel clair et du vent qui donnait de la puissance à ses ailes. Oui, il était temps d’aller voler, de chasser les idées noires ou la colère, même pour un bref instant. Elle était, de toute façon, profondément satisfaite de sa vie, et ce crétin de Richard qui lui suggérait de rentrer à l’abri des bras protecteurs du mari qu’elle avait fuit n’arriverait pas à changer cela. Si seulement elle pouvait, par accident évidemment, le faire tomber d’Adamante, et écrabouiller sa cervelle et sa gueule bien faite. Ainsi, le capitaine de vol de son duché ne pourrait pas le rester bien longtemps encore. Seulement, les attaches d’un voltigeur au Griffon qui l’avait accepté étaient suffisamment puissantes pour éviter tout accident de ce genre, à moins d’insister réellement. Et Grâce n’était, de toute façon, pas cruelle. Désireuse de faire ses preuves, de titiller le Capitaine, par ses compétences qui aux yeux de Richard étaient tout sauf naturelles et impensables de la part d’une femme, oui, mais pas désireuse de le blesser volontairement. Et qui plus est, ils auraient besoin de tous les voltigeurs possibles, si une nouvelle guerre venait à éclater.

Soupirant, Grâce rejoint Corail, bien décidée à oublier ses soucis et tracas, et à simplement apprécier le sifflement du vent dans ses oreilles, son toucher léger et froid alors qu’elle traversait les nuages ou en avait l’impression, son contact rassurant et tellement familier maintenant… Oui, c’était tout ce qu’elle comptait faire. Faire taire son esprit, sa rancœur, ses regrets, tout ce qui pouvait la perturber, et être seule avec Corail à profiter de l’étendue du grand ciel bleu. Le soleil ne tapait pas trop, ou du moins ne donnait-il pas cette impression, et elle se sentait libérée de tous ses fardeaux. Pour le moment. La voltigeuse profitait de la joie de Corail, fermant les yeux et la laissant la guider. Elle avait toute confiance, et la réciproque était vraie. Elle menait Grâce où bon lui semblait, et cette dernière fut surprise par la brassée d’eau qui lui arriva dessus, la griffonne l’éclaboussant volontairement. Laissant libre cour à son rire, Grâce profitait tout simplement, sans pensée néfaste, sans quoi que ce soit qui n’assombrisse son vol. Le temps était passé bien vite, pourtant, quand Corail la ramena au sol. Elle chassait souvent seule, mais Grâce était malgré tout allée lui chercher du gibier. Par affection, par amitié, bien qu’elle n’ait pas besoin de moi pour ça. Elle ne put m’empêcher de sourire, en voyant Mayeul, et même de rire en l’entendant. Belle dame ? Il devait avoir abusé des marchandises chères à son duché d’origine, c’était certain. Son visage aurait du s’assombrir, à cette pensée, mais elle savait qu’elle ne réussirait à rien en réprimandant le voltigeur en face d’elle.

« Fringant jeune homme. Je crains que le soleil ne vous ait ébloui, et n’altère votre vision. À moins que vous n’aimiez particulièrement les armures et les cheveux qui volent dans tous les sens. »

M’approchant, non pas pour l’étreindre ou même le saluer différemment, elle lui adressa un léger sourire.

« Que me vaut le plaisir de ta présence ici ? »


Dernière édition par Grâce Martel le Mer 6 Avr 2016 - 17:11, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyMar 29 Mar 2016 - 0:43

On lui avait appris les bonnes manières : il était noble, après tout. Pas aussi noble que certains, bien loin d'être aussi riche que d'autres, mais aux yeux de ses parents, la gloire de porter un titre était suffisant : peu importait, après tout, que leurs terres ne rapportent plus guère, tant qu'ils avaient un titre. Et assez d'argent pour acheter les drogues qui leur faisaient oublier que ce n'était qu'un vain mot. Pour Mathilde, sa jumelle, et lui, être héritiers du nom et de la baronnie des De Vifesprit ne représentaient pas grand-chose. Ils préféraient courir les collines, nager dans les rivières, se mêler aux paysans et aux serviteurs plutôt que de devenir des enfants bien élevés qui tiennent leur rang sans broncher. Mais on ne leur avait pas demandé leur avis, en vérité : et Mayeul avait vite compris qu'un compliment, bien tourné, qu'il fût vrai ou pas, mettait les gens dans de bonnes dispositions.
Il était diplômé de psychologie, et ce n'était pas un hasard : il avait longuement étudié la question, les relations entres hommes et femmes,la meilleure manière, également, d'obtenir ce qu'il voulait. Un sourire charmeur, un mot flatteur, et on débloquait bien des situations. Pas toutes, il l'avait appris également. Mais beaucoup.

Et si ni le Major, ni le Capitaine n'étaient dupes de son charme et de ses sourires, il avait bon espoir que Grâce le soit. Il l'appréciait, ce n'était pas la question : il préférait juste qu'elle le laisse tranquille, et ne cherche pas à lui faire la morale. Mais elle semblait de bonne humeur, et toute l'inquiétude du voltigeur fondit plus vite que la neige au soleil. Il n'avait pas été totalement ironique, elle était très jolie ainsi. Décoiffée, débraillée, souriante, c'était très bien non ? Ça ne valait pas les dames de la Cour… mais Grâce n'était pas une dame, en même temps. Elle était une voltigeuse. Et une dame, oui, mais plus vraiment. Enfin, il lui semblait.

Il est vrai que froufrous et jupons t'iraient mieux, mais il me semble que ce ne serait guère pratique. Et je joue les messagers aujourd'hui.

Mayeul marqua une pause, passant sa main dans ses cheveux. Oh oui, il jouait les messagers, mais où était donc le message ? C'était important, il s'en rappelait, mais dans les brumes qui flottaient dans son esprit, parfois, les choses s'égaraient. Les importantes comme les non importantes, d'ailleurs. Là en l’occurrence, c'était important. Une lettre. Un message. Quelque part.
Masquant son trouble, son regard se porta vers Nuage. Nuage, son compagnon. Son frère d'armes, si tant est qu'on pouvait qualifier un griffon ainsi. Son soutien ultime face à ce qu'il ressentait, même s'il percevait, parfois, souvent même, son agacement. Sa poche. L'image était claire et précise, parvenant même à percer les brumes de son cerveau. Ah oui ! Dans sa poche ! Triomphant presque, le voltigeur sortit la précieuse missive.

Une lettre ! J'avais à faire à Lorgol, et Bellifère n'étant pas un grand détour, je me suis dit que j'allais en profiter pour venir admirer ton sourire.

Pieux mensonge, vile flatterie, qu'importe, tout était bon pour que Grâce demeure de bonne humeur. Elle n'était décidément pas marrante, et même si elle avait nargué toutes les coutumes de Bellifère, Mayeul craignait qu'elle ne joue les donneuses de leçons avec lui. Alors, un peu de flatterie et de compliments, il n'y avait aucun mal, après tout.
Et puis, il aurait été dommage que la jeune femme n'altère sa bonne humeur. Il se sentait très bien, n'en déplaise à ceux qui chuchotaient que les drogues de son duché natal embrouillaient totalement ses sens et son esprits. Aller bien, c'était… bien, non ? Ce n'était que des jaloux, sans doute. Et puisque Grâce semblait elle aussi de bonne humeur, même décoiffée et vêtue de son armure de vol, autant rester de bonne humeur tous les deux.

Et donc, si on oublie ta tenue, tu es très jolie aujourd'hui. Je suis heureux d'avoir pu te croiser.

Il en faisait peut-être trop, il s'en rendit compte un peu tard. Ou pas assez. C'était un compliment, après tout, du moins, c'était censé l'être. S'il en faisait trop, elle s'en rendrait compte, non ? Il fallait qu'il change la conversation, sinon, elle allait se douter de son état loin d'être normal. Il lui offrit son plus charmant sourire, avant de changer de sujet.

Alors, quelles sont les nouvelles de Bellifère ?

Sujet sans risque, non ? Après tout, cela faisait longtemps qu'il n'était pas venu dans le coin, l'évitant de peur de faire une rencontre exactement comme celle-ci.

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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyVen 1 Avr 2016 - 1:27

Froufrous et jupons ? Bien rares étaient les occasions qui nécessitaient une telle mise de sa part. Mayeul n’était pas ignorant de son passé – comme tout le monde sur le territoire -, elle ne le cachait pas et ne le ferait jamais, il savait qu’elle n’avait rien de conventionnel, et en portait bien peu. Oh, Liselotte lui confectionnait des tenues splendides, en toutes occasions, mais rarement de splendides robes dignes des plus aisées nobles. Aujourd’hui aussi, elle portait une création de celle qu’elle pouvait qualifier d’amie, qui la mettait assurément en valeur. Une torture pour les autres béllifériens dans le Vol – une idée qui lui rendait encore un peu plus de sa bonne humeur, à y penser. Oh, oui, sa mise attirante imposait à quiconque la voyait, et les empêchait aussi probablement de détourner aisément le regard. C’était une revanche sur ces hommes revêches et détestables pour la plupart. Un retour de bâton. Mais toujours est-il que Mayeul devait être sacrément atteint, pour proférer de tels mots. Mots qui, elle devait le dire, l’agaçaient quelque peu.

« Toute femme n’est pas tenue de porter un tel accoutrement, et tu dois bien savoir que je ne le fais qu’en de rares occasions qui m’y obligent. Les messagers ? »

Elle n’était pas certaine de vouloir savoir de qui provenait le message. Si c’était cet intriguant et insupportable Richard… Elle pourrait bien vouloir brûler la lettre en prétextant la donner, et elle attirerai des ennuis à Mayeul qui, s’il continuait à jouer ainsi avec le feu, allait s’en créer tout seul. Inutile d’en ajouter elle-même. Elle fronça les sourcils, devant son manège. Il semblait troublé… L’aurait-il perdue lui-même ? Elle s’apprêtait à lui signaler de manière peu amène, quand il la sortit comme un enfant de trois ans devant un petit insecte. Bien. Attendons de voir s’il fait une réelle bévue. Soyons raisonnable.

« Tu ne me feras pas croire que l’élégant et charmant chevaucheur que tu es n’a pas fait chavirer quelques jouvencelles qui auraient été plus que ravies de t’offrir un sourire, voyons ? »

Grâce devait malgré tout lui reconnaître de bien manier la flatterie, qui n’était pas une habitude dans son duché d’origine. Complimenter les femmes, alors qu’elles n’étaient bonnes qu’à obéir et à être conquise par un affrontement aussi brutal que stupide entre les hommes de la famille de la belle, et le promis qui aurait l’audace de s’y confronter, et la chance de les vaincre ? Assurément pas. Bien malgré elle, la voltigeuse n’étais pat insensible à Mayeul. Même si sa fierté lui interdisait de le laisser embrumer son esprit.

« Je ne suis pas certaine que la couturière de l’impératrice apprécie que tu dénigres l’une de ses créations. Mais je comprends que ton voyage t’a quelque peu perturbé l’esprit, aussi ferais-je comme si je n’avais rien entendu… »

Un léger sourire amusé naquit sur les lèvres de Grâce, à l'attention de Mayeul. Il comprendrait ou pas qu'elle ne se leurrait pas, mais qu'elle lui ferait grâce d’un sermon cette fois. S’il n’allait pas plus loin. Elle fronça cependant légèrement les sourcils, en entendant sa question suivante.

« Tu veux que je commence par où ? L’imbécillité dont nos… camarades font preuve, depuis que Richard est Maréchal ? »

Bon, elle avait pris une voix légèrement moins amène, peut-être.


Dernière édition par Grâce Martel le Mer 6 Avr 2016 - 17:15, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyVen 1 Avr 2016 - 15:08

Visiblement, sa stratégie n’avait pas porté ses fruits. Si, lorsque rien ne venait embrumer son esprit, Mayeul se vantait de savoir manier les mots pour arriver à ses fins, il parlait toujours trop vite. Irréfléchi, bien trop franc, et la tête dans les nuages : clairement, cela faisait un mélange plus que détonnant. Et quand il était sous l’emprise d’une des drogues qui avait sa préférence, c’était encore pire, si possible. Déjà qu’il ne réfléchissait pas tellement avant d’agir, en général...
Mais là, même avec l’esprit embrumé, il n’était guère difficile de voir qu’il avait vexé la jeune femme. Grâce semblait agacée, voire énervée, et il sût aussitôt qu’il avait, à nouveau, parlé sans réfléchir. Froufrous et dentelles? Mais comment avait-il pu avoir l’idée saugrenue de prononcer ces mots devant la voltigeuse? Et comment la conversation en était-elle arrivée là, de toute façon?
Il préféra laisser passer la remarque, conscient qu’il ne ferait que s’enfoncer davantage. Que pouvait-il bien lui répondre, de toute façon? Quoi qu’il puisse dire sur ce sujet qu’il était loin de maîtriser, cela ne plairait pas à la jeune femme. Inutile d’attiser davantage ses sentiments négatifs à son égard, en vérité. Et puis, il avait bien d’autres choses à inquièter, comme la cachette de cette maudite lettre, qu’il finit par retrouver, avec l’aide de son griffon. Inutile de trop s’étendre sur le sujet, n’est-ce pas. Il était soulagé, en vérité, et si ce sentiment presque enfantin se lisait sans problème dans sa posture, Grâce lui épargna un commentaire. Il la remercia vivement dans sa tête, d’ailleurs, pour sa mansuétude.

Brandissant sa lettre avec une énergie retrouvée, Mayeul se fendit d’un nouveau compliment. Cela lui venait presque naturellement, et pour peu qu’il apprécia la personne en face de lui, ce n’était pas compliqué. Et le fait était que malgré sa nette tendance aux leçons de morales et à se mêler de ses affaires, il appréciait Grâce. Sincèrement. Il admirait son parcours et sa force de caractère, et même si elle n’était décidément pas marrante, il ne pouvait pas vraiment le lui reprocher. Elle était de Bellifère, après tout, et ces derniers n’étaient pas réputés pour leur extraordinaire sens de l’humour. Il avait eu l’occasion de s’en rendre compte durant les années passées dans cette même caserne, même s’il filait à Lorgol retrouver Mathilde dès qu’il avait quelques instants de libre. Et puis, parler et plaisanter, il savait faire, alors, cela ne le dérangeait pas de le faire pour eux deux. Devant sa remarque, il se fendit d’un nouveau sourire, plus charmeur encore que le précédent, et d’une légère courbette.

"Dame Grâce, voyons. Les jouvencelles ne me sont rien, je ne vis que pour voir un sourire éclairer votre splendide visage."

Clama-t-il, ses yeux bruns posés sur la voltigeuse. Elle ne le prendrait guère au sérieux, il le savait bien, mais un doux compliment ne faisait jamais de mal. En tout cas, pour Mayeul, cela ne faisait jamais de mal. Il avait bien son compte de jolies damoiselles naïves qui ne cherchaient qu’à s’amuser un peu dans les tavernes de Lorgol ou de chez lui, après tout, pour se permettre de charmer Grâce. Et puis, avec un peu de chance, elle serait sous le charme et oublierait ce qu’il venait de dire. Ce qui était son objectif, en réalité.

"Et il est bien heureux que je n’ai pas prévu de rencontre avec la couturière de l’impératrice dans les jours à venir. Ni avec l’impératrice elle-même, d’ailleurs. Mon dénigrement restera entre nous."

Plaisanta-t-il, sans vraiment prendre garde au froncement de sourcil de la jeune femme. Après tout, elle n’irait pas le dénoncer, n’est-ce pas? Il n’avait pas pour ambition de devenir un jour un savant de l’habillement, de toute façon : tant que c’était pratique et confortable, il n’en demandait guère plus, pour sa part. Et s’il avait jugé plus prudent de changer de sujet, à nouveau, il avait parlé sans trop y réfléchir : Grâce ne semblait pas moins énervée par cette nouvelle question. Ou peut-être que si, un peu moins. Un tout petit peu moins.
Il avait côtoyé Richard le Harnois, et son attitude déplorable envers tout ce qui porte jupons -ou pas forcément, comme le lui avait remémoré Grâce- après son entraînement de cadet en se retrouvant, à sa demande, au vol de Bellifère. Etant homme, il n’en avait jamais souffert, mais la façon de penser du Capitaine était difficile à admettre pour un natif de Sombreciel. Entre Grâce et Richard, l’atmosphère était... Tendue, et c’était le mot le plus polie qu’il lui venait à l’esprit pour expliquer la situation. Il en avait bien d’autres, mais jurer devant une dame était clairement un manque de savoir-vivre.

"En Bellifère, il a toujours été difficile de différencier capacité et virilité. Peut-être devrais-tu te laisser pousser la barbe!"

Hasarda-t-il, quelque peu hésitant quant à la réception de sa blague stupide. Pas sur qu’elle ait les faveurs de Grâce. Il n’était, de toute façon, pas totalement sûr qu’elle requérait son conseil pour quoi que ce soit, et surtout pas dans l’état qui était souvent le sien en ce moment.

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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyMer 6 Avr 2016 - 17:51

Il avait l’air d’un enfant, réellement, à montrer ainsi qu’il avait encore la lettre en main. Comme s’il s’agissait d’un trésor inestimable, à ses yeux, alors qu’il n’avait que peu de valeur en vérité. Elle ne savait pas le contenu de la lettre, et ça ne la regardait pas. Elle devait de toute façon être adressée à un des hommes de la division de Bellifère, certainement pas à Grâce. Peu importait, en tous les cas. Il pourrait bien aller la déposer après – ou maintenant, s’il ne désirait pas rester en sa compagnie, après tout. Cependant, malgré les habitudes déplorables qu’il avait, hautement condamnable aux yeux de Grâce par ailleurs, et qui finiraient par lui nuire bien plus qu’il ne le réalisait, Mayeul restait une compagnie agréable. Là où la plupart des bellifèriens se faisaient rustres et détestables, il se faisait plaisant et non dépourvu d’humour. Inutile de dire que la voltigeuse n’en saisissait pas en permanence toutes les subtilités, mais leurs échanges étaient souvent sympathiques – si tant est qu’il ne fanfaronnait pas, et ne se jouait pas d’elle. Elle ne décelait pas toujours quand il agissait ainsi, ou peut-être exagérait-elle quant à la fréquence avec laquelle il le faisait. Haussant les épaules, désireuse de ne pas le prendre au sérieux sans pour autant l’accuser de chercher à rire de moi, elle laissa échapper un petit rire à ses paroles.

« Dans ce cas, je devrais peut-être songer à vous inviter à partager un verre en ma compagnie, dans mes appartements. Je ne voudrais pas risquer de me retrouver cible d’une hystérique, jalouse de vous voir en ma compagnie. »

Accompagnant sa plaisanterie d’un rapide clin d’œil, qu’il pourrait peut-être penser avoir imaginé, elle s’approcha de Corail pour la délaisser de l’attirail qui l’encombrait et la délivrer de sa présence. Elle serait toujours là, quelque part, dans tous les cas.

« À moins que je ne laisse échapper ce détail bien involontairement, si nous nous trouvons tous deux affectés à la protection d’un des nobles de ce pays, et en leur présence. Il serait assurément divertissant de voir comment tes talents de charmeur invétéré te sortiraient de cette position délicate. »

Le ton dans la voix de Grâce ne laissait aucun doute sur le fait qu’elle ne faisait que s’amuser à cette idée mais qu’elle ne la réaliserait probablement jamais. Elle avait beau être pleine de rancœur et de fiel à l’encontre de bien des personnes, elle n’allait pas s’aliéner une des rares personnes qui ne l’avait pas repoussée pour sa différence. La plaisanterie fut d’ailleurs rapidement oubliée, à l’évocation d’une des personnes que Grâce méprisait presque autant que son mari ou la famille qui l’avait volontiers donnée à cet homme. Elle n’avait pas pour autant envie d’alourdir l’ambiance, ou même de ressasser cela. L’idée que Richard soit Maréchal l’agaçait suffisamment, pour qu’elle persiste à y penser.

« Peut-être pourrais-je voler quelques mèches de tes cheveux, pour me créer un substitut de barbe, en attendant. »

Elle s’efforçait de garder une mine sérieuse, comme si elle pensait réellement ce qu’elle disait.

|HJ| Je suis désolée, je me suis relue et j’ai vu que j’avais alterné plusieurs fois entre la première et la troisième personne >.< J’ai tout uniformisé, mea culpa >.<
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyJeu 7 Avr 2016 - 14:17

Bien qu’il eut craint de se retrouver face à l’un ou l’autre de ses anciens compagnons de vol, Mayeul devait bien s’avouer qu’il était ravi de cette discussion  avec Grâce. Honnêtement, quand elle oubliait de lui faire la leçon, elle était vraiment quelqu’un de sympathique. C’était dommage qu’elle se retrouve au vol de Bellifère, en vérité, car clairement les autres ne savaient pas l’apprécier à sa juste valeur. Tout ça pour ce qu’elle avait fait, ou pas fait en fait, cela dépendait du point de vue. Lui n’avait rien eu à lui reprocher, chacun menant sa vie comme il l’entendait, mais ce n’était pas le cas de tout le monde malheureusement. Un petit rire accompagna les paroles de la voltigeuse, une proposition plutôt avantageuse s’il la prenait à la lettre. Mais elle plaisantait. Non?
Le clin d’oeil le mis sur la voie, mais pour autant, Mayeul ne pût s’empêcher de se poser la question. Totalement maître de son esprit, il aurait sans doute compris plus rapidement, mais dans les brumes qui envahissaient son cerveau, c’était parfois compliqué de discerner la subtilité de certaines paroles. Grâce s’était approchée de sa griffonne pour la délester de son harnais de vol, ce qui fit penser à Mayeul qu’il venait d’arriver, et qu’il avait un travail à faire. Donner cette lettre qu’il tenait toujours en main, avant qu’il ne l’oublie définitivement. Mais d’abord, il fallait répondre à Grâce, ce qu’il fit d’un nouvelle courbette pleine de noblesse.

"Gente Dame, votre proposition m’agrée fort, mais croyez-moi, aucune hystérique ne viendra vous attaquer. A ce que j’ai entendu dire, elles ne font guère le poids contre une voltigeuse et son griffon."

Pathétique, comme remarque, songea-t-il tout en la débitant. Où était son cerveau quand il en avait besoin? Mayeul devait bien s’avouer que la remarque de la jeune femme l’avait quelque peu perturbé. Si une native de Bellifère se mettait à faire des blagues et des propositions plus ou moins scabreuses, où allait le monde? Décidement, Grâce ne collait pas aux standards, et si en temps normal cela ne le dérangeait pas, dans l’état où il était aujourd’hui, il aurait préféré qu’elle se montre un peu plus prévisible. Perdu dans ses pensées, il sursauta presque lorsqu’elle reprit la parole. Notant mentalement de supplier, à genoux s’il le fallait, le capitaine de ne jamais le laisser partir en mission avec la jeune femme, Mayeul la regarda d’un air pensif. Et quelque peu atterré. Elle blaguait toujours, là? A sa voix, il aurait dit que oui, mais du coup, il se montrait un peu suspicieux. Dans le doute, Mayeul préféra répondre avec un sourire, la main sur le coeur comme si les paroles de la jeune femme le touchaient profondément. En réalité, elles le perturbaient bien plus qu'autre chose.

"Grâce, voyons, ce manque de confiance en mes capacités me blesse. Tu l’as dit toi même, bien peu sont celles qui résistent à mon charme."

Honnêtement, s’il s’amusait à charmer tout ce qui porte jupons - ou non, donc, il avait bien retenu la leçon -, il se fichait souvent de savoir si cela marchait ou non. Il faisait ça pour le plaisir de tourner le compliment, d’attirer les sourires, et de se faire remarquer. Ce qui suivait était une récompense, mais pas toujours ce qu’il recherchait. Il avait appris, durant ses études, que ceux qui se faisaient le plus remarquer étaient, en général, ceux qui étaient le plus à même de cacher des choses. Et s’il cachait sa détresse et sa douleur derrière des sourires et des jolis compliments, bien peu de monde irait chercher plus loin. Cela ne marchait pas si mal, en général.
Mais le sujet glissa rapidement à un autre, bien moins agréable : la promotion de Richard au rang de Maréchal. Inutile de s’y attarder, en vérité : Mayeul savait pertinemment ce qu’en pensait la jeune femme. Sa blague, innocente bien que ridicule, se heurta à une nouvelle plaisanterie de Grâce. Cela ne pouvait être qu’une plaisanterie, n’est-ce pas? Elle ne pouvait en aucun cas être sérieuse? Parce que ce n’était absolument pas drôle. Un peu vexant, même, bien qu’il s’efforça de ne rien laisser paraître. Avec succès? Il n’en jurerait pas.

"Fais attention : encore un peu de plaisanterie, et beaucoup vont croire en ma mauvaise influence."

L’avertit-il, à moitié sérieux. Serait-ce si mal qu’elle prenne exemple sur un cielsombrois tel que lui? S’il devait être honnête envers lui-même... Oui, un peu. Beaucoup, même : il n’était clairement pas quelqu’un à prendre comme modèle. Surtout pas en ce moment. Et surtout pas par Grâce.

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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptySam 16 Avr 2016 - 13:14

Le voltigeur était assez difficile à cerner, surtout quand il n’était pas dans son état normal, ce qu’il n’était clairement pas actuellement. Grâce n’avait jamais réellement eu de mal à s’apercevoir de ce genre de choses chez Mayeul. Et si habituellement, elle en profitait pour essayer de le convaincre d’arrêter de se détruire l’esprit ainsi, et de détruire son futur aussi, car il n’allait pas pouvoir donner le change à jamais, c’était certain, mais elle ne voulait pas réellement s’y essayer là.

« Vous devriez ne pas douter, Baron, de l’effet que votre apparence ou même votre titre, peuvent avoir sur les jeunes femmes. Et ne parlons pas de l’héroïque voltigeur que vous êtes. Mais en effet, elles auraient tôt fait de fuir devant la colère aérienne de Corail et la mienne. »

Il était particulièrement ironique de dire une telle chose, alors même que tout le monde ici se plaisait à dire que la griffonne malingre des débuts de l’entrainement de Grâce et la femme qui combattait avec elle ne valaient rien, et ne tiendraient pas un mois. Et pourtant… Oui, Grâce avait de la force, mais de la force non reconnue. Haussant les épaules, elle ne put que rire devant le léger sursaut qui prit Mayeul. Si elle parvenait à l’effrayer pour si peu…

« Je ne doute pas de cela une seule seconde, sinon je n’envisagerai pas un instant de laisser échapper inadvertance un tel message. Mais sois rassuré, je ne compte pas t’attirer d’ennuis ou te mettre dans une position délicate. Je ne suis pas cruelle. »

Elle était bien plus sérieuse, alors qu’elle affirmait cela. Il semblait tellement… désemparé, ou convaincu qu’elle ne plaisantait pas, qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Si Grâce était obstinée et bien déterminée à faire comprendre à Mayeul l’imbécillité de certaines de ses actions, elle n’était pas non plus à même de mettre en difficulté quelqu’un qui, à la différence de tous, ne l’avait jamais fait à son sujet, et avait même contribué à adoucir un peu ses propres difficultés et le rejet, le jugement, constants dont elle était l’objet.

« Peut-être bien est-ce le cas. Mais est-ce réellement un tort, que de me laisser aller à plaisanter ? Et es-tu réellement sûre que je plaisante ? La barbe m’irait probablement à merveille. Surtout de la couleur noire de tes cheveux, elle se fondrait à merveille sur mon visage, et ferait un parfait ajout à ma blondeur. »

Tant qu’elle ne prenait pas d’autres travers cielsombrois… Ou pas en excès, du moins. Jamais elle n’approcherait les douceurs qui détruisaient, elle en était certaine, le cerveau de Mayeul. Quant à leur luxure… Ses réserves bellifèriennes avaient beau fondre au fil des années, elle avait beau eu tromper son mari… Elle ne pouvait malgré tout pas sombrer aussi bas dans la décadence. Elle blêmit légèrement, songeant à ses filles qui avaient séjourné là-bas quelques temps, et espérait qu’il ne leur soit rien arrivé. Elle avait confiance en Melsant, mais… être confronté à un opposé aussi violent que tout ce qu’elles avaient connu ne devait pas être évident.
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyMer 20 Avr 2016 - 0:37

Si Mayeul se sentait de bonne humeur, légèrement aidé par ce qu’il avait pris quelques heures plus tôt, la réplique de Grâce eut tôt fait d’apporter une ombre au tableau. Le voltigeur se renfrogna, plus aussi amusé, et plus aussi joueur. Ce n’était pas la faute de Grâce, non : comment aurait-elle pu savoir à quel point Mayeul était mitigé par rapport à ce titre d’héritier? Ca ne devait pas être pour lui, ça n’avait jamais été pour lui, et il s’en portait tout à fait bien. Ce titre, c’était celui de Mathilde, et désormais qu’elle n’était plus là, il n’en voulait pas. Il lui rappelait trop bien l’absence déchirante de sa soeur. Et puis, il ne savait pas vraiment le porter : il était voltigeur, la tête dans les nuages, les cieux pour tout horizon. Pas baron.
Mais Grâce attendait une réponse, et si le coeur n’y était plus, Mayeul s’efforça tout de même de donner le change. Avec succès? Il n’en jurerait pas : autant avec tout ses moyens, il était capable de s’en sortir d’une pirouette, autant avec un cerveau embrumé comme le sien, cela devenait compliqué. Il allait avoir un sacré mal de crâne demain, il le savait déjà.
Je n’ai pas besoin de vanter mes talents de voltigeur pour passer mes soirées en galante compagnie, même si ça a bien dû aider deux ou trois fois. Mais n’ayez crainte douce Grâce, vous n’aurez pas à souffrir d’hystériques concurrentes. Elles ne restent jamais assez longtemps pour devenir hystériques.
Ajouta Mayeul, après un instant de réflexion. Au grand désarroi de dame sa mère, d’ailleurs, qui insistait avec force pour avoir, un jour, des héritiers courant partout sur le domaine familial. Pas maintenant, sinon jamais. L’idée que Grâce puisse fondre sur d’éventuelles demoiselles eut cependant le mérite de lui faire retrouver le sourire. Il n’en fallait pas beaucoup à Mayeul pour se dérider, en vérité. Très peu, même, quand il était sous influence : il pouvait passer de la mélancolie à une joie débordante en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire. Les Cielsombrois n’étaient pas connus pour leur caractère extrêmement stable, de toute manière. Ni pour leur fidélité. Mayeul songea, un peu tard pour le coup, que ses propos devaient semblait étrange pour la voltigeuse : après tout, elle avait baigné dans un univers qui prônait de coucher avec une seule et même personne, toute sa vie, de préférence après avoir été enlevé par celui qui deviendrait son mari. Des barbares, franchement, en Bellifère. Des gens qui ne savaient pas s’amuser... Quoique, quand on y pensait, cette histoire de se battre pouvait être amusante. Mais, il l’avait découvert, Grâce avait un esprit plutôt ouvert, alors peut-être s’accomoderait-elle doute de ce qu’il disait. Au pire, elle se dirait qu’il n’avait pas réfléchi avant de parler, et cela n’avait rien de bien nouveau pour Mayeul.
Amusement
Le voltigeur se retourna pour observer Nuage lui faire part de son approbation quand à son peu de réflexion. D’un reniflement qui se voulait vexé, Mayeul se détourna à nouveau pour observer la jeune femme. Elle plaisantait, donc, sur le fait de faire revenir ce qu’il avait dit aux oreilles des personnes concernés. Il n’en avait jamais douté, ou presque. Peut-être un peu, en réalité. Assez, en tout cas, pour se rappeler de ne pas partir en mission avec Grâce.
Merci.
Se contenta-t-il de répondre. En vérité, il aurait été difficile de le mettre dans une position pire que celle dans laquelle il se trouvait déjà, non? Il avait beau s’efforcer de l’ignorer de toute ses forces, ce qui marchait remarquablement bien dans son esprit en tout cas, mais son addiction aux drogues de Sombreciel le mettait déjà en mauvaise posture vis-à-vis de son Capitaine de vol. Y ajouter Grâce et la couturière de l’impératrice, voire davantage, ne pouvait pas le mettre dans une position plus compliquée. Il appréciait, néanmoins, la sollicitude de la voltigeuse.Écartant d’un mouvement d’épaules toutes ces pensées décidément bien sombres, il s’efforça de sourire à nouveau. C’était simple, en vérité : il suffisait de se concentrer sur autre chose. Richard. Nuage. Grâce.
Bien sûr que tu plaisantais.
Répondit Mayeul, l’air convaincu. Enfin, l’air autant convaincu qu’il pouvait alors qu’il ne l’était pas vraiment. Enfin, si, mais... C’était une plaisanterie. N’est-ce pas?
Mais tu devrais te méfier, Grâce. Je pourrais bien te prendre au mot, et te faire don de ma splendide chevelure. Tu ferais des jaloux, avec une telle barbe. Ca enlèverait un peu de ton charme, mais après tout, tu en as largement assez pour ne pas trop en souffrir.
C’était une menace. Et un compliment, également. Une technique de drague, aussi, même si Grâce ne le prendrait pas au sérieux. Elle le connaissait bien trop pour s’y risquer.
J’aime quand tu plaisantes. Je crois. Ca te va bien.
Avoua Mayeul, quelque peu maladroitement. Lui qui trouvait toujours ses mots pour parler avec les dames, il reconnaissait volontiers s’emmeler quelques peu les pinceaux avec Grâce. Et le fait que son cerveau n’y mette pas du sien n’aidait pas, également. Mais l’intention était là : il appréciait la voltigeuse, sincèrement. Et si d’ordinaire il plaisantait, l’alcool ingurgité plus tôt lui faisait dire des choses qui sortaient de façon très étrange. Pas comme d’habitude. Même si, encore une fois, il n’était pas du genre à réfléchir très longtemps avant d’ouvrir la bouche.
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyLun 2 Mai 2016 - 21:50

Grâce fronça les sourcils, en voyant l’air avenant de Mayeul perdre de sa superbe, pour une expression plus austère. Avait-elle maladroitement dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Elle n’en savait rien, mais elle espérait que ça ne soit pas quelque chose de fâcheux. Elle n’eut toutefois pas le temps de s’attarder là-dessus, alors qu’il fit une remarque qui lui déplut… et la choqua un peu. Chassez le naturel, il revient au galop. Elle était bellifèrienne, après tout. Mais qu’il dispose ainsi des femmes… ça la mettait mal à l’aise, et l’agaçait aussi à l’idée qu’il puisse les considérer comme des objets dont on pouvait disposer, alors que c’était précisément ce qu’elle avait fuit en quittant son foyer – bien que ça soit bien pire encore selon les mœurs bellifèriennes. Secouant la tête, elle se força à sourire à nouveau, ne réagissant pas outre mesure cependant. Elle aurait été incapable de trouver la remarque qui convenait – elle le pensait, en tout cas.

Elle laissa la surprise orner son visage, en voyant les réactions de Mayeul face à Nuage, sans savoir, évidemment, ce qu’ils avaient échangé. Elle était curieuse, et presque tentée de questionner Corail. Elle le ferait surement, tout à l’heure. Pour peu que sa griffonne ait perçu leur échange. Souriant et haussant les épaules, elle changea de sujet, riant franchement en entendant Mayeul et en le faisant marcher en menaçant de le dénoncer à l’Impératrice et à sa couturière – ou au moins à cette dernière. Elle ne le ferait, en réalité, jamais, mais l’idée était malgré tout là.

« De rien. Et désolée de t’avoir fait croire ça. »

Elle avait un ton malicieux malgré tout, prouvant qu’elle n’était qu’à moitié sincère dans ses excuses, mais peu importait. Elle était réellement désolée de l’avoir mis mal à l’aise, du fait qu’il l’ait prise au sérieux, mais pas d’avoir tenté de plaisanter. Et puis… On ne pouvait pas réussir à tous les coups.

Ça ne l’empêchait pas de réessayer, cela dit, mais elle était définitivement bien trop sérieuse. Enfin, à en croire les réactions de Mayeul. Elle était plutôt piquée dans son orgueil, mais tant pis. Quoi que ? Il rentrait dans son jeu, là, non ? Peut-être.

« Je ne sais pas qui regretterait le plus que tu me prennes au mot. Mais fais attention toi aussi, je ne recule devant rien. »

Elle lui fit un léger clin d’œil, accompagné d’un petit sourire, incapable de prendre au sérieux le reste de ses remarques. Des jaloux ? Assurément, de ne pas oser agir ainsi au lieu de rester engoncé dans ses pensées fermées. Et pour le charme… Cela soulagerait à vrai dire sûrement – probablement même – ses camarades de vol, si elle pouvait les qualifier de camarades. Mais elle ne cèderait pas à leurs intimidations. À moitié consciemment, elle se redressa, comme pour se prouver qu’elle ne ploierait.

« Je vais finir par croire que tu y as succombé, aussi sûrement que les autres voltigeurs de Bellifère. Je savais que je pouvais faire des ravages autrement qu’en étant la seule femme voltigeuse en Bellifère, et une traitresse à nos coutumes. »

Elle disait ça de manière bien légère, dissimulant presque l’amertume qui se cachait derrière cette remarque – presque. Elle ne réalisait pas vraiment la chose, mais savoir ses filles épargnées du sort qui avait été le sien lui avait enlevé un poids et la rendait plus… légère dans ses propos, malgré la colère que suscitait Richard dans son esprit. Mais elle devait oublier. Penser à ses filles. À sa fierté.

« Merci. C’est… agréable aussi. »

Elle croyait.

|HJ| J'espère que ça te va :cache:
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyMer 4 Mai 2016 - 21:54

Il n’avait même pas remarqué le brusque froncement de sourcils de la jeune femme à sa remarque : après tout, quand il n’avait pas les idées claires, Mayeul se concentrait d’abord sur lui-même avant de se consacrer aux autres. Mais même lui qui avait tendance à parler sans vraiment y réfléchir avant, aurait du se douter que ses paroles pouvaient choquer la voltigeuse. Elle était de Bellifère, après tout, et lui-même était assez bien placé pour savoir que même avec de la volonté, on ne pouvait renier ses origines et ce qu’on était. Il en restait toujours une trace, quelque part. Bien cachée, parfois, mais qui ne demandait qu’à ressortir.
Le tour maussade prit par ses pensées ne dura pas longtemps, cependant, et Mayeul retrouva rapidement son sourire, passant d’une émotion à l’autre sans la moindre gène. Il savait que parfois, il fallait le suivre, mais Grâce le connaissait assez pour ne pas en prendre ombrage : même avant les drogues, même avant la mort de Mathilde, le voltigeur avait cette capacité de passer de la morosité à une joie débordante, comme un nuage qui cacherait brièvement le soleil. Il ne faisait jamais la tête très longtemps, ceci dit, même si ses accès de colère pouvaient s’avérer impressionnants. Et dans ces cas-là, Nuage savait comment le calmer. L’échange entre le voltigeur et son griffon n’était pas passé inaperçu de Grâce, visiblement, et Mayeul opta pour un sourire énigmatique, rien que embêter la jeune femme. Après tout, elle s’était joué de lui, et ce n’était qu’une juste vengeance.

Il hocha la tête, grand seigneur, acceptant ses excuses. Il était tenté de dire qu’il savait qu’elle le faisait marcher, mais ça aurait été un mensonge, et elle le saurait sans doute : avec ses pensées brumeuses, il n’était guère en état de donner le change très longtemps. Mais c’était une douce brume, agréable, du genre qui laissait virevolter ses pensées sans jamais qu’elles ne puissent lui faire mal. Il aimait cette sensation d’avoir la tête dans les nuages, même en ayant les pieds sur terre. Il se sentait léger, heureux, et rien ne pouvait vraiment le faire souffrir. C’était agréable. Pas comme cette sensation de vide qui l’étreignait quand il ne prenait rien, et qui se faisait de plus en plus douloureuse, l’obligeant à replonger même si cela le faisait hurler.
Mais quand elle lui répondit avec un clin d’oeil et un sourire adéquats, le voltigeur revint sur terre, la contemplant avec intérêt. Ses paroles sonnaient trop comme un défi pour qu’il ne s’y attarde pas, et si jusque là il n’avait fait que plaisanter, il songea qu’il aurait peut-être dû considérer la chose plus sérieusement. Il est vrai que reculer ne ressemblait pas à Grâce : elle était du genre à se battre plutôt qu’à plier l’échine, et il se demanda subitement jusqu’où allait cette volonté de se battre. Serait-elle prêt à relever n’importe quel défi pour peu que cela prouve, à elle-même ou aux autres, qu’elle en était capable? Il n’était pas du genre à en profiter ceci dit. Il appréciait Grâce, sincèrement. Quand elle ne venait pas l’embêter et lui faire la morale, lui ressassant un sujet qu’il connaissait par coeur et dont il se sentait assez coupable pour qu’elle ne vienne pas lui répéter qu’il l’était, elle était même très agréable. Une amie, presque, vers laquelle il aurait aimé se tourner si cela ne signifiait pas qu’elle lui fasse la morale ensuite. Non, il ne se confiait pas à Grâce, et il savait exactement pourquoi. Mais discuter avec elle restait néanmoins un plaisir. Succomber à son charme? Joueur, le voltigeur décida de la prendre au mot : il avait soif, de toute façon. Et un peu faim. Et puis, elle avait ôté le harnais de Corail, signifiant par là qu’elle avait quelques instants à lui consacrer, non? Laissant les images d’un bon dîner flotter dans son esprit pour Nuage, et Corail aussi sans doute, Mayeul lui lança un sourire éclatant, gardant son ultime recours -les yeux de chaton perdu et mouillé et «s’il te plait dit oui pitié»- dans sa manche pour le moment. Franchissant les quelques pas qui les séparaient jusque là, sans se soucier le moins du monde du fait que la voltigeuse pourrait mal prendre cette intrusion dans son espace vital, Mayeul posa son bras autour de la taille de Grâce.
Bien sûr que j’y ai succombé. Douce Grâce, me feriez-vous l’honneur d’un dîner en ma compagnie? Maintenant? Histoire de montrer à tous ces crétins de Bellifère qu’on peut traiter une femme autrement que suivant leurs traditions stupides et désuètes?
Elle lui avait proposé plus tôt de l'emmener dans sa chambre, certes, mais cela restait pourtant une proposition idiote, et hasardeuse : en pleine possession de ses moyens, Mayeul ne s’y serait sans doute pas risqué. Grâce luttait déjà pour montrer aux autres qu’elle leur était égale, sinon supérieure, alors braver les conventions pour dîner en sa compagnie? En plein coeur du duché de Bellifère qui plus est?

Mais le voltigeur n’était absolument pas concerné par le fait qu’il pouvait choquer Grâce, ou même ceux qui voltigeaient avec elle. Il avait dit ça sur l’impulsion du moment, et n’avait pas franchement réfléchi à la portée de sa demande. Avisant la lettre dans sa main, il reprit la parole.
Mais avant, je dois déposer ça! Sauf que... Où est le bureau du Capitaine?
Demanda-t-il, un peu désorienté. Il le savait, pourtant, où il était ce fichu bureau. En théorie, du moins.
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyJeu 12 Mai 2016 - 11:50

Dire que les relations avec tout non belliférien bien plus libéré étaient complexes serait un euphémisme. Preuve en était de cette aisance avec laquelle il évoquait ses conquêtes, et de ce malaise ressenti par Grâce, qui ne fut pas remarqué par son vis-à-vis. Peu importait, elle laissa couler, dans tous les cas. Difficile d’exprimer une telle réaction, surtout en sachant pertinemment que Mayeul devait fanfaronner et être plus respectueux que cela – sans doute était-ce convenu avec les femmes qui lui offraient leurs corps. Grâce l’espérait du moins, et s’en convainquait d’ailleurs probablement. Bref, peu importait. Et Mayeul avait visiblement déjà tourné la page, pensant à toute autre chose, et discutant dans sa tête. Oui, ça sonnait très étrange comme ça, mais tout voltigeur pouvait comprendre cette sensation, de percevoir son griffon où qu’il soit, et d’être grandement lié à lui. Et de converser sans réellement prêter attention au fait que l’on fasse différentes expressions qui pourraient nous faire passer pour fous. Si elle était intriguée, et sans le dissimuler, elle finit par sourire.

Et par s’excuser, de s’être jouée de lui. C’était assez cruel, d’autant plus en constatant qu’il n’était pas dans son état habituel. Mais elle n’estimait pas pour autant devoir lui faire de cadeaux à cause de cela – il décidait de se détruire ainsi la santé, l’esprit, ou d’amenuiser ses capacités de raisonnement. Alors s’il ne décelait pas une plaisanterie telle que celle-là, c’était malgré tout un peu sa faute, non ? Oui, assurément. Mais je ne voulais réellement pas m’y attarder. Et il était bien plus simple pour cela de plaisanter, sans grande conséquence. Après tout, il avait un certain sens de l’humour. Par moment. Et sous l’influence de ses meilleures amies nocives, ça devait être le cas, non ?

Impossible, cependant, de ne pas remarquer la différence dans sa stature, dans son regard, d’un instant sur l’autre. Là encore, le fil de ses pensées échappait à la voltigeuse. Peu importe, elle arriverait bien à conserver, et si elle devait naviguer en eaux troubles quant à son état d’esprit, alors il en serait ainsi. Comme elle le lui disait, elle ne fuyait devant aucun défi, et n’en avait pas réellement peur. Pas du tout même, mais il n’était pas forcément de bon ton de l’admettre ainsi, aussi garda-t-elle pour elle cette remarque. Ou presque. Elle le regarda, intriguée, alors qu’il s’approchait comme un… homme en pleine conquête ? Oui, peut-être.

Elle se raidit légèrement, alors qu’il posait son bras sur sa taille, avant de se laisser aller. Ou presque. Quel mal y avait-il à le laisser faire – sinon à choquer ces bellifériens mal embouchés qui estimait qu’elle ferait mieux de retourner auprès de son mari et de lui fournir une ribambelle d’enfants de nouveau ? Pour compenser des deux filles qu’elle lui avait volées pour les faire mener dans des endroits peu recommandables, où elle vivrait une vie aussi dissolue que celle de leur mère – les propos des autres, là encore. Grâce jouait avec le feu avec ça, elle le savait, mais elle ne regrettait pas un seul instant d’avoir secouru ses filles. Si elle devait recommencer, elle le ferait. Sa place restait malgré tout précaire en Bellifère, surtout avec cet imbécile de Richard aux commandes. Sans doute devrait-elle demander un transfert, mais n’était-ce pas prendre le risque qu’il lui dise qu’elle restait où elle l’était, ou qu’il l’excluait du vol ? Grimaçant et secouant la tête, elle se reconcentra sur son ami à ses côtés.

« Avec plaisir, cher ami. Rien ne me contenterait davantage, que de leur faire un tel pied de nez. »

Oui, plus que ses mœurs désuètes, elle voulait s’affirmer, et il n’y aurait en réalité rien de mal à dîner en compagnie de quelqu’un qui aurait pu être un ami, s’il ne se mettait pas en danger de manière aussi visible et radicale. Qui l’était, d’une certaine façon, et dans la limite des choses. Elle avait, de toute façon, eu des comportements bien plus condamnables, bien que cela reste en quelques sortes un secret.

« Tu peux rentrer, et te rendre au dernier étage. Tu trouveras une porte probablement ouverte, pour laisser voir l’intérieur luxueux et digne de la qualité d’un capitaine en Bellifère. »
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyMer 18 Mai 2016 - 22:23

Peut-être était-ce le défi qu’il lisait dans tout son être qui avait fait germé l’idée dans sa tête. Peut-être qu’il voulait lui prouver aussi qu’il n’était pas si irresponsable, si profondément enfoncé dans les drogues qu’il en oubliait l’essentiel. Ou peut-être était ce simplement parce qu’il avait faim, en réalité, et il aurait pu proposer un repas à n’importe qui. Comment savoir, avec Mayeul? Lui même peinait parfois à distinguer les choses dans sa propre tête, alors le fait que les autres n’y arrivent pas ne le choquait pas plus que ça. Quoi qu’il en soit, dans l’état qui était le sien actuellement, le filtre entre son cerveau et ses paroles se faisait remarquer par son absence. En temps normal, jamais il n’aurait proposé une telle chose à Grâce. Jamais, et certainement pas ici, où tout le monde pouvait les voir. Il avait beau avoir envie que la jeune femme le laisse tranquille parfois, elle n’en restait pas moins quelqu’un qu’il appréciait, et un dîner en sa compagnie risquait d’attiser les rumeurs. Pauvre Grâce qui n’en avait pas franchement besoin!
Il aurait compris qu’elle dise non, sincèrement. A la façon dont elle se raidit quand il posa son bras autour de sa taille -sans penser à mal, décidément, il n’y avait pas que ses paroles qui étaient libres de toutes entraves-, il aurait même penser qu’elle le rejetterait rien moins que gentiment. La partie consciente de son cerveau lui indiqua d’ailleurs qu’il l’aurait bien mérité : on ne propose pas ce genre de chose à quelqu’un d’aussi coincé que Grâce! Qui était bien moins coincée qu’avant mais tout de même, il ne voulait pas qu’elle perde tous ses moyens.

Même si pour le coup, c’est Mayeul qui les perdit quelque peu. Oui? Elle avait dit oui? Comment... Son bras toujours autour de la taille de la jeune femme, ses pensées tumultueuses essayant vainement de faire une place à ce qu’il venait d’entendre, le voltigeur ne pût compter que sur le soutien de son griffon pour essayer de surmonter le choc. Un bon repas. Un poisson hors de l’eau. Ridicule.
Oh? Heu... Je veux dire oui, merci. D’accord. Un dîner? Parfait.
Ridicule. Certes. Mais il ne s’attendait pas à une réponse positive et Grâce venait de le prendre totalement au dépourvu. Encore. Décidément, il devait se remémorer de ne pas tomber sur la voltigeuse quand il était bien en peine d’aligner plus de deux pensées cohérentes sans que son esprit se mette à voltiger, lui aussi, de son propre chef. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre contenance, et bien plus pour organiser ses idées. Mais au final, il y parvint sans trop de mal lui semblait-il : il n’était pas dans un état si déplorable que ça, peu importe ce qu’en pensait la jeune femme.
Charmante Grâce, votre plaisir sera le mien. Allons leur montrer ce qu’est de s’occuper d’une femme, à ces balourds
Et c’est exactement là qu’il se rendit compte à quel point ses paroles pouvaient passer pour tendancieuses. Ca, et sa main autour de la taille de la voltigeuse. Il la considéra un instant, un curieux air dans ses yeux bruns, avant de finalement la lâcher pour aller poser sa lettre sur le bureau du capitaine, qu’elle lui avait gentiment indiqué. Avec une ironie à peine dissimulée.
Je vais donc faire mon devoir. Je reviens, ma Dame.
Sur une courbette un rien trop appuyée pour être totalement sincère, Mayeul laissa la jeune femme pour se rendre dans la direction qu’elle lui avait indiqué, laissant ses pensées dériver à nouveau. Il ne draguait pas Grâce, absolument pas : elle et lui était bien trop différents pour qu’il ne puisse l’envisager. Quand à la mettre dans son lit, c’était hors de question : il la connaissait assez pour savoir qu’il le regretterait, sans compte le nombre de soucis que cela poserait. Donc non. Il était juste charmant, comme il savait l’être avec elle pour qu’elle le laisse en paix, et cela marchait relativement bien. C’était même à se demander pourquoi cela ne marchait pas avec Marianne : la médecin semblait immunisé contre son charme, et il était pratiquement sûr que cela avait un rapport avec le nombre de fois où elle avait du soigner ses plaies et ses bosses. Cela ne pouvait être que ça.

Il trouva sans problème le bureau, hésitant quelques secondes avant d’y entrer, déposant la lettre et en ressortant aussi vite. Mission accomplie! Un air fier sur le visage, une pensée éclatante de triomphe en direction du Nuage, et la satisfaction du devoir accompli, Mayeul retourna auprès de Grâce et de sa promesse de dîner en sa compagnie, un sourire ravi sur les lèvres. Il avait déjà oublié à quel point il était surpris de l’acceptation de la voltigeuse, et à quel point, surtout, il n’avait absolument rien planifié. Fallait-il planifier quelque chose? Il avait fait partie de l’escadron de Bellifère assez longtemps pour savoir où se procurer un repas mangeable et une compagnie agréable, mais il n’était pas sûr que cela entre dans les critères de Grâce. Avait-elle des critères, d’ailleurs?
Le Voltigeur que je suis ayant brillamment accompli sa mission du jour, où pouvons-nous aller fêter cela?
D’accord, ce n’était pas difficile et d’accord, ce n’était pas un exploit, loin de là même. Mais tant qu’à aller manger quelque chose, autant le considérer comme une fête et une ode à son honneur. Plus question de penser à des choses désagréables, devant un repas et un verre. Surtout devant un verre, en vérité.
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyLun 30 Mai 2016 - 1:25

L’air surpris, un peu ahuri même peut-être, de Mayeul, amusait grandement Grâce, qui s’efforçait de ne pas trop sourire. Elle ne savait trop quelle opinion il avait d’elle, mais elle était presque persuadée qu’elle était erronée. Car même si elle s’était quelque peu raidie en sentant sa main sur sa taille, par réflexe et conditionnement de sa vie passée, et qu’elle s’efforçait d’adopter une discrétion certaine surtout en Bellifère, elle était bien moins innocente que l’on ne s’y attendrait de la part d’une jeune femme issue de son duché. Fuir et rejoindre Lorgol, rejoindre les rangs des voltigeurs et faire ses preuves, l’y avaient aidée. Sa rencontre avec Melsant, aussi, et bien d’autre. Il ne subsistait plus qu’une grande amitié entre elle et l’aîné de la famille Séverac, bien qu’ils aient été beaucoup plus intimes. Grâce n’ébruitait cependant aucune des relations de ce genre qu’elle avait pu avoir, et elles étaient inexistantes en Bellifère. Comment aurait-il pu en être autrement, alors que sa simple vie était un affront à sa famille, à son mari du moins, et qu’il aurait pu lui arriver bien plus fâcheux incident, et pas seulement avec lui, si son infidélité était découverte ? Elle était avide de liberté, mais pas inconsciente quant à sa survie pour autant. Et cela importait peu pour le moment, seule l’incrédulité de Mayeul et l’amusement qu’elle en retirait comptaient.

« Allons, cela t’impressionnerait-il à ce point, que de dîner en ma compagnie ? Je t’assure qu’elle saura être plaisante, si tu ne reviens pas sur ta décision. »

Elle lui sourit davantage encore, s’autorisant même un petit rire, en entendant la suite de ses propos. S’occuper d’une femme, tiens donc ? À mi chemin entre la gêne et le rire, elle regarda le voltigeur, n’ayant pas agi pour retirer sa main de sa taille – bien qu’elle en soit perplexe, et quelque peu perturbée elle devait l’avouer, elle prenait un plaisir certain à faire jaillir les regards noirs de ses camarades – si elle pouvait les appeler ainsi – de Vol. Même si elle jouait légèrement avec le feu, et qu’elle pouvait en subir les répercussions, elle y était indifférente pour le moment.

« Fort bien, dépêchez-vous, il me semble que vous ayez une leçon à donner aux hommes ici présents, quant à l’attention à accorder à une femme, mon ami. »

Elle se demandait qu’elle était sa réaction, alors qu’elle le voyait s’empresser de se rendre au bureau qu’elle lui avait indiqué, adoptant un pas vif. Il serait, assurément, surpris lui aussi, mais peu importait.

« J’ai craint un instant que tu ne te perdes, mais je te laisse m’amener où bon te semblera. Tu dois connaître plusieurs lieux plaisants ici, n’est-ce pas ? »

Elle appréciait, à Lorgol, de sortir, et de se mêler à l’ambiance des rues, des auberges, des différentes échoppes, mais ne pouvait réellement se le permettre en Bellifère.
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyMer 1 Juin 2016 - 1:06

Elle l’avait pris au dépourvu, totalement. En vérité, Mayeul ne pensait pas forcément du mal de Grâce, mais il ne la considérait assurément pas comme quelqu’un de libéré. C’était peut-être une erreur, il en était conscient ou, du moins, l’aurait été si les brumes qui envahissaient son esprit lui laissaient se faire cette réflexion. Mais qu’importe, elle avait accepté, et une fois passé la surprise, bien légitime à son avis, qu’il éprouvait, ne subsistait que la joie d’un dîner en charmante compagnie. Car Grâce était charmante, avec sa tenue de vol ou pas. Elle était agaçante, venait lui rappeler des choses dont il préférait ne pas se soucier, était capable de lui faire -avec raison souvent- la morale sans qu’il ne puisse s’échapper, mais elle était charmante. Intelligente, drôle même parfois. Sa conversation était plaisante, pour peu que Mayeul parvienne à éviter les sujets qui le dérangeait, et il était passé maître en la matière. Sauf avec Grâce, qui lui faisait un peu perdre ses moyens parfois. Surtout quand il n’était pas en pleine forme, c’est-à-dire souvent, ces derniers temps.
Je suis un grand timide, que veux-tu?
Plaisanta Mayeul, recouvrant ses esprits du mieux possible. Et plaisanter, c’était devenu une seconde nature.
Mais je ne doute pas que tu tiendras ta parole, et j’aurais grand plaisir à te savoir à mes côtés pour ce dîner. Ta conversation sera assurément bien plus agréable que celle de tes camarades.
Assura-t-il à la jeune femme, remarquant les regards tournés dans leur direction. Il ne retira pas sa main pour autant, profitant avec amusement de la proximité de Grâce qu’il sentait perplexe quand à ce geste bien familier. Lui attirerait-il des ennuis? Si c’était le cas, Mayeul en était bien désolé, mais après tout, quel mal y avait-il? Ils étaient amis, voltigeurs tous les deux, et ne s’était pas vu depuis un moment, alors, il leur fallait bien renouer les liens, non?

Grâce, en tout cas, ne semblait pas craindre grand chose, et elle l’envoya déposer la lettre en lui enjoignant de se dépêcher, et il s’exécuta sans tarder, ne se perdant même pas? Après tout, entre une lettre et un repas en charmante compagnie, il avait fait son choix! Il ne s’attarda pas dans le bureau, ne désirant guère attirer l’attention, et revint presque en sautillant aux côtés de la voltigeuse, clamant l’accomplissement de son devoir. De quoi parlaient-ils, déjà? Ah oui, montrer à ces idiots la façon adéquate de parler à une dame! Quand à l’accueil de Grâce après sa mission victorieuse, il se contenta de lui sourire, prenant sa main avant de s’incliner devant elle.
Merveilleuse Grâce, comment aurais-je pu me perdre, alors que ta beauté illumine cette cour comme un phare dans la nuit?
Répliqua-t-il, charmeur. Elle lui laissa le libre choix de l’endroit, et il se redressa, réfléchissant. Après tout, il avait vécu quelques années ici, et il s’était fait un plaisir de découvrir les tavernes qui servaient la meilleure viande, le meilleure vin, et proposait les plus charmantes hôtesses. Il doutait que la troisième partie intéresse la jeune femme, aussi raya-t-il mentalement ce critère. Cela lui laissait encore pas mal d’endroit à visiter.
Fais -moi confiance, tu ne seras pas déçue.
Assura-t-il en l’entraînant, réalisant qu’il n’avait pas lâché sa main. Mayeul se figea, un bref instant, avant de finalement la lâcher, lui jetant un sourire amusé avant de tendre son bras.
Tenons-nous correctement, n’est-ce pas? Il serait dommage de choquer la populace de Hacheclair.
Ironisa le voltigeur, rajustant ses vêtements afin que l’emblème de la Voltige, une plume stylisée, soit bien visible. Pas qu’il craignait quiconque, mais les gens pouvaient être étranges, parfois, dans ce duché aux moeurs plus que rétrogrades. Entrainant de nouveau Grâce, il la guida dans les rues, observant avec bonheur la cité et ses rues animées. Trop de bonheur et pas assez d’attention, visiblement, car au but d’un moment, il regarda sa camarade d’un air un peu perplexe.
Je crois que... Que c’était à gauche après la boulangerie?
Cela ressemblait bien plus à une question qu’à une affirmation, mais Mayeul n’était pas connu pour son sens de l’orientation à tout épreuve. C’était Nuage qui se chargeait de cette délicate partie lorsqu’ils étaient en vol, et avec son cerveau embrumé, le voltigeur était bien en peine, désormais, de s’y retrouver. Peut-être... À gauche? A côté du tailleur? Il jeta un regard perdu à Grâce, avant de regarder autour de lui. Et soudain, un éclair de génie! Sautillant, avec un sourire ravi, il entraîna la jeune femme de plus belle devant une auberge qui n’avait rien de remarquable, sinon qu’elle bruissait d’activité.
Ah! Tu pensais que j’étais perdu, n’est-ce pas? C’était juste un détour pour profiter davantage de ta compagnie.
Claironna-t-il avec amusement, la mettant presque au défi de le contredire. Il n’était pas perdu. Jamais. Il faisait juste très bien semblant, tellement bien qu’il se trompait lui-même.
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyDim 12 Juin 2016 - 0:55

C’était plus fort qu’elle, elle n’était ni mauvaise ni malicieuse, mais elle se plaisait à mener Mayeul par le bout du nez, quelques fois, sans que ça ne soit particulièrement méchant. C’était même plutôt bon enfant, et jamais elle ne plaisanterait sur des sujets sensibles ou délicats – pas volontairement, et pas dans le but de perturber celui qu’elle pouvait qualifier d’ami, bien que les choses puissent être plus que compliquées, parfois, voire même explosives, étant donné les passe-temps du voltigeur, que Grâce ne pouvait que condamner. Mais elle avait passé une journée assez éprouvante comme cela, pour ne pas s’en familiariser en l’instant. Elle ne put s’empêcher de rire, en l’entendant, cependant.

« Un cielsombrois qui n’est pas timide n’est pas un vrai cielsombrois, il et vrai. Je m’excuse platement de l’immense erreur que j’ai commise en omettant ce fait, et espère que tu pourras me pardonner. Je m’inclinerai, s’il le faut. »

Elle avait un air étonnamment sérieux, un instant, avant de décrocher un large sourire amusé à l’attention de Mayeul.

« Ne le dis pas trop fort, tu blesserais leur sensibilité d’hommes virils et charmants, voyons. Mais je ne reviens jamais sur ma parole. »

Elle était plutôt sérieuse, cette fois. Pas autant que le serait un outreventois, mais elle disait rarement des choses en l’air. Même si elle était plus libérée que les précités. Ce qui était assez paradoxal, sachant que c’était elle, la belliférienne. Et si la main de Mayeul la perturbait quelque peu, elle était fière avant d’être influencée par cette gêne, et elle gardait la tête haute, avançant avec Mayeul pour lui indiquer le bureau du directeur, retenant un léger rire devant ses fanfaronnades, n’y répondant pas mais acquiesçant alors qu’il lui intimait de lui faire confiance.

« Fort bien, je te crois sur parole. Mais si j’en viens à être déçue, tu m’en devras un autre, n’est-ce pas ? »

C’était une excuse comme une autre de le revoir, et de le surveiller comme elle le pouvait, mais cela, elle s’abstiendrait bien de le lui dire. Et dans son état, qui pouvait prédire s’il le comprendrait ou non ? On verrait.

« Effectivement, je vous prierai, monsieur, de ne point faire usage de votre rutilante insigne de voltigeur pour profiter de l’innocente femme que je suis – mariée, qui plus est. »

Quelle vaste plaisanterie ! Son mariage n’avait plus aucun sens depuis de nombreuses années, et bien qu’elle ait baissé la voix pour l’évoquer des fois que l’un des rares amis et fidèles de son mari se trouve non loin et la reconnaisse, ce qui pourrait lui attirer de grands ennuis, ça n’était ni plus ni moins qu’une invention ratée ou brumeuse de savants que cette union.

Elle laissait Mayeul la guider, ne prêtant attention aux lieux que parce qu’elle les connaissait, sans réellement savoir ou suspecter l’auberge – à supposer que ça en soit une – où il comptait l’amener. Elle fronça légèrement les sourcils, en l’entendant, prête à prendre les choses en mains et à l’amener dans un petit établissement parfaitement correct de sa connaissance, mais il sembla retrouver ses esprits. Fort heureusement, car cela aurait assurément quelque peu gâté l’esprit de la voltigeuse. Elle esquissa une certaine moue, cependant, à voir la clientèle qui se pressait auprès de l’auberge. Elle s’apprêtait à répondre, mais fut interrompue par ce qu’elle voyait. La clientèle était exclusivement formée d’hommes, ce qui n’était pas réellement surprenant dans un tel duché, mais ces derniers semblaient pour le moins… empressés. Elle s’apprêtait à faire demi tour et à planter Mayeul ici, offensée qu’il ait pu envisager de l’emmener dans une maison de plaisir, avant d’entendre une phrase pour la moins… surprenante.

« Il paraît que je deviendrais Maître des Dragons et des Griffons, Souverain Ultime de tout Arven, dans les cinq années qui viennent. Tout ça, grâce à cette relique extrêmement précieuse ! »

Confuse, elle s’approcha encore, avant de constater entre ses mains une vulgaire pierre issue des failles rocheuses bellifériennes, modelée afin de ressembler à un coquillage, et vernie, afin de lui donner un aspect quelque peu luxueux. Elle ne connaissait pas la personne qui se trouvait au centre de cet attroupement, mais elle était suffisamment douée pour tromper le benêt, pas belliférien pour un sou, qui se trouvait là.

« Je ne vous savais si friand de prédictions, mon ami. Souhaitez-vous attendre et obtenir une si… magnifique relique, à votre tour, ou préférez-vous que nous nous sustentions d’abord ? »
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyMar 14 Juin 2016 - 0:28

Elle ne revenait jamais sur sa parole? Mayeul la regarda avec malice, bien conscient de tout ce qu’il pourrait l’obliger à promettre rien qu’avec une phrase comme celle-ci. C’était jouer avec le feu, et aurait-il été un peu moins embrouillé, peut-être aurait-il profité de la situation. Mais pas maintenant : pour le moment, il s’évertuait encore à démêler les propos de Grâce, qui plaisantait avec bonhomie. Il n’y était guère habitué, ou, du moins, se trouvait être un peu plus lucide quand elle le faisait. C’est bien pour ça qu’il avait escompté l’éviter, en vérité : quand il était dans cet état, incapable de garder la tête à ce qu’il faisait, la voltigeuse lui expliquait en général sa profonde désapprobation. Elle ne plaisantait pas, et ce changement d’attitude le déstabilisait au plus haut point. Elle aussi n’était peut-être pas dans son état normal? Quoiqu’il ne lui poserait pas la question, craignait quelque peu de la vexer. Grâce pouvait être amusante et taquine, il l’avait assez côtoyé avant la mort de Mathilde pour le savoir, mais depuis son départ du Vol de Bellifère, il n’avait guère eut l’occasion de la croiser sans qu’elle lui expose son point de vue sur son état, qu’il prenait mal, ce qui écourtait de fait la conversation. Pas qu’elle soit à blâmer en réalité, il reconnaissait volontiers, en son for intérieur et une fois son cerveau un peu plus enclin à la réflexion, que c’était entièrement de sa faute. Pas qu’il soit prêt à lui avouer, par contre. Mais bon là, avoir affaire à une Grâce visiblement de bonne humeur et heureuse d’être en sa compagnie le perturbait plus qu’il ne saurait l’admettre.
Il avait saisi l’allusion de se faire offrir un autre dîner, par contre, bien que ce ne soit pas réellement une allusion. Qu’elle se rassure : quand elle se montrait aussi charmante avec lui, sans un seul mot sur sa carrière, son état, son comportement... Bref, sans un seul mot qu’il n’appréciait pas, Mayeul aimait réellement passer du temps en sa compagnie. Il ne regrettait pas d’avoir demandé sa mutation en Sombreciel à la mort de sa jumelle, mais Grâce était l’une des personnes qu’il regrettait d’avoir quitté. Elle était forte et intelligente, et sa compagnie, pour lui du moins, avait toujours été plaisante, même si ce n’était clairement pas le cas pour les autres membres du Vol de Bellifère. Par contre, le voltigeur ne songea pas un seul instant que c’était une ruse pour pouvoir le surveiller de près. L’aurait-il su qu’il s’en serait sûrement offusqué, se considérant - à tort sûrement - comme parfaitement capable de veiller sur lui-même.
Tout ce qu’il faut pour que tu oublies ta déception, belle Grâce. Mais un second dîner, si je parviens à rendre mauvais le premier, est-ce judicieux? Nous pourrions partager tellement d’autres choses ensemble.
Hasarda-t-il avec un sourire en coin, démontrant bien qu’il n’était pas sérieux ou du moins, pas réellement. Et puis, c’était vrai qu’elle était mariée, encore. En vérité, une proposition telle que la sienne aurait pu lui valoir des ennuis, l’adultère n’était-il pas un crime en Bellifère? Avec ses gens aux moeurs plus que rigides, il fallait se méfier... Mais Mayeul était là pour protéger sa chère amie, après tout. Pas que Grâce ne soit pas capable de se protéger elle-même, évidemment, mais ici, c’était l’homme qui primait, et donc, c’était à lui de la protéger, il lui semblait. A lui de la guider, assurément.
Le voltigeur avait entraîné Grâce dans les rues de Hacheclair, en faisant appel à sa mémoire pas vraiment fiable et à sa concentration défaillante. Un mélange explosif, assurément, puisqu’il avait trouvé le moyen de se perdre dans les rues de cette ville qu’il avait pourtant arpenté bien des fois. Si le visage de la jeune femme qui l’accompagnait était d’une quelconque indication, elle n’était pas ravie de cette aventure impromptue. Mayeul, lui préférait prendre sa désorientation à la rigolade, sa réputation de tête-en-l’air n’étant pas un secret auprès de la plupart de ses camarades de Vol. Mais il avait fini par la trouver, n’est-ce pas? Il en était presque fier de lui, et de son sens de l’orientation déplorable. Ravi, il entraîna Grâce vers l’auberge, qui était bien une auberge, non? Il en doutait quelque peu, maintenant, à vrai dire. Pouvait-il s’être trompé?
Tout à sa réflexion, il manqua l’air offensé et l’intérêt subit de Grâce pour un petit groupe d’hommes en train de palabrer, et ne saisit que quelques bribes de mots, avant que la voltigeuse ne finisse par se tourner vers lui. D’accord, il était officiellement perdu, et le regard qu’il adressa à Grâce ne cachait rien de cet état de fait.
Heu...
Autant pour le brillant esprit de Sombreciel qu’il était. Il n’avait pas vraiment suivi en réalité, mais ce que disait Grâce devait avoir du sens, non? «Heu» n’étant sans doute pas la réponse attendue, Mayeul se força à en donner une autre, bien plus construite, histoire de faire illusion, et que la voltigeuse ne se doute pas qu’en réalité, il n’avait pas écouté, perdu dans le brouillard de ses pensées. Bien qu’il n’avait strictement pas la moindre idée de ce à quoi elle faisait allusion.
Non?
Cela sonnait plus comme une question, songea-t-il en faisant la grimace. Deuxième essai.
Je veux dire oui, allons manger quelque chose. C’est pour ça que nous sommes là, n’est-ce pas? De toute façon, qu’est-ce que nous ferions avec une relique?
Non mais, franchement? L’homme n’était probablement pas sérieux - enfin, si c’était bien l’homme au milieu de cet attroupement qui avait parlé de reliques, mais ça lui semblait logique, non? - donc ils n’avaient rien à faire de lui, non? Ou si? Perdu, et ne voulait pas véritablement l’admettre devant Grâce qui, il le savait, lui ferait la leçon comme à un enfant perturbé, il saisit le bras de la voltigeuse et l’entraîna dans l’établissement, bien décidé à manger et à oublier. A boire aussi, peut-être. Pitié, pitié, qu’elle oublie ce qu’il venait de dire. Pourquoi Asil l’abandonnait-il toujours dans des moments comme celui-là?
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyVen 17 Juin 2016 - 1:36

Grâce se souciait peu, et ce assez égoïstement à vrai dire, des ressentis de Mayeul face à son état d’esprit, en ce moment. Elle était, à vrai dire, suffisamment agacée par ses comparses, pour ne pas aggraver la situation en faisant la morale à celui qu’elle considérait comme un ami, mais un ami aussi attachant qu’exaspérant, quand il succombait aux travers condamnables qui étaient les siens. C’était une aubaine, pour Mayeul, qu’elle ait l’esprit encombré et les pensées troubles, ces derniers temps, et n’aspire donc qu’à un échange amical et simple, sans contrariété. Elle avait beau être forte et affronter avec dignité et sans ployer sa vie au sein du Vol de son duché de naissance, elle avait, comme tout le monde, besoin de tranquillité, par moment. Bref, si elle parvenait à ignorer sciemment l’état de Mayeul, elle n’aurait donc aucun problème à passer une bonne fin de journée. Après tout, s’il n’était pas contrarié, l’homme pouvait se montrer très agréable, et une excellente distraction. Que cela éloigne ses pensées de ses filles, et de son mari, ne pouvait qu’être bénéfique.

« Tu peux, sinon, me promettre de passer une journée avec moi – avec activités de mon choix, si ce dîner s’avère… douteux. »

Il vaudrait mieux pour lui de refuser dès maintenant – car si le repas s’avérait donc réellement décevant, elle allait trouver quelques activités fort… drôles. Oui, drôles. Sympathiques, surement, mais drôles. Elle ne réagit pas davantage à sa proposition, pour la moins tendancieuse – il comprendrait ce qu’il voudrait, avec les activités de son choix. Elle même ne savait pas réellement ce qu’elle pourrait faire en sa compagnie. Peu importait. Il était fort heureux que personne ne les entende converser toutefois, car alors le grabuge qui s’ensuivrait serait fâcheux. Les bellifériens ne laisseraient pas une femme agir ainsi sans chaperon, et encore moins une voltigeuse. Sa place, après tout, était une honte et un affront à tous les hommes du duché. Soupirant, elle se reconcentrera sur le chemin qu’ils empruntaient, ou à peine, en réalité, fronçant les sourcils devant l’établissement où ils devaient se restaurer, quelque peu choquée de prime abord, puis incroyablement amusée.

Elle ne put s’empêcher de rire, devant l’air quelque peu ahuri de Mayeul. Il n’avait de toute évidence pas prêté attention à l’attroupement, pas plus qu’aux propos de l’homme. Elle secoua la tête, et le suivit à l’intérieur de l’auberge, étrangement vide – ou pas du tout. On les fit s’assoir dans une alcôve plutôt intime – évidemment. Une femme non mariée ne serait pas en compagnie d’un homme ici. Soupirant, elle prit place malgré tout. Au moins, ils n’auraient pas à subir les regards de ces hommes pensant qu’elle ferait mieux de ne pas sortir apprécier un repas en compagnie de celui qui devait la posséder. Elle retint un soupir, avant de jeter un œil à l’ardoise contenant les repas du moment.

« Que me conseillerais-tu ? »


Dernière édition par Grâce Martel le Mar 21 Juin 2016 - 3:11, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyDim 19 Juin 2016 - 16:02

Mayeul se demandait, tout de meme, jusqu’où il pouvait pousser sa chance. Clairement, il préférait grâce comme ça ; légère, plaisante et parfois un peu incompréhensible, mais bon, ce dernier adjectif n’était qu’un détail. Il appréciait réellement sa conversation et sa présence, et se promit que si elle se comportait dorénavant comme ça avec lui, il allait faire des efforts et moins l’éviter. Après tout, ils avaient été amis, avant la mort de Mathilde. Enfin, amis, peut-être que le mot était un peu fort, il ne savait pas vraiment si elle le considérait comme un ami. Il espérait que oui, surtout que Grâce ne semblait pas avoir beaucoup d’amis, alors, s’il pouvait en faire parti, c’était avec plaisir. Il l’appréciait quand elle ne jouait pas les donneuses de leçons.
Quand elle lui proposa de se rattraper autrement qu’avec un second dîner, au cas où le premier s’avérait désastreux, il la considéra un instant avec curiosité et, peut-être, une pointe de suspicion. La formulation ne lui disait rien qui vaille, évoquant un amusement certain pour Grâce, et sans doute quelque chose de désagréable pour lui? Que pouvait-elle lui proposer qu’il rechigne à apprécier? Pas qu’en plus, il pensait réellement que ce premier dîner serait nul. Pourquoi serait-il nul? C’est d’ailleurs ce point qui le poussa à répondre, associé au fait que Mayeul, lorsqu’un défi lui était proposé, ne réfléchissait pas longtemps à ses conséquences.
D’accord. Je te promets de me plier à quelques activités que tu jugeras nécessaire pour réparer le préjudice d’un éventuel dîner gâché. Pas que je pense le gâcher.
Précisa-t-il avec amusement, avant de demander, la curiosité prenant le pas sur toute autre considération.
Dois-je avoir peur de ce que tu as en tête?
En d’autres termes, devait-il s’inquièter de ce qu’il avait déjà accepté? Cela ne ferait probablement pas une grande différence, aussi se concentra-t-il sur la route à prendre, enfin, aussi bien qu’il pouvait se concentrer. Le résultat n’était pas terrible visiblement, mais il finit par amener Grâce à bon port. Enfin, il en avait l’impression. Après tout, une auberge était une auberge, non? Tant qu’on pouvait y manger?
L’attroupement et les remarques de Grâce l’avait pris totalement au dépourvu, et quand il essaya vaillamment de s’en sortir sans trop montrer sa confusion, le rire de sa compagne lui indiqua que c’était peine perdu. Ennuyé, le voltigeur passa une main dans ses cheveux pour dissimuler son trouble, avant de lui sourire. Il n’avait pas à se sentir vexé : les rôles auraient été inversés, il aurait probablement rit aussi. Rien ne servait de gâcher la journée par une bouderie intempestive, après tout. Alors il avait préféré l’attirer dans l’auberge, où on les conduisit dans une alcôve qui, visiblement, offrait aux couples l’intimité qu’ils désiraient. Les Bellifériens étaient décidément des gens aux mœurs bizarres, décida Mayeul pour la dixième fois au moins. Il avait toujours été un peu perplexe face à leur façon de vivre, et jamais rien ne l’avait détrompé durant ses années à Hacheclair. Il faut dire qu’il venait de Sombreciel et que forcément, les choses étaient différentes, pour ne pas dire diamétralement opposées parfois. Mais il n’allait pas se plaindre d’un moment protégé avec Grâce, loin des regards et des oreilles, car nul doute que leur conversation aurait choqué plus d’un de ces rétrogrades. Grâce semblait pensive, et Mayeul prit sur lui de ramener son sourire. Elle était décidément trop jolie quand elle souriait, pour se permettre de s’inquiéter très longtemps.
Vivons d’aventures et de surprises.
Déclara le voltigeur en lui enlevant l’ardoise des mains, bien décidé à commander ce que la serveuse leur conseillerait. Il était sûr qu’un peu moins de contrôle dans la vie de Grâce lui ferait un bien fou, elle avait l’air affreusement tendue, enfin, quand elle ne plaisantait pas. Ce qui l’amenait à s’interroger si quelque chose avait changé dans sa vie. Ah oui, tiens d’ailleurs, maintenant qu’il songeait à ça, c’était peut-être la clé de l’énigme, et la raison pour laquelle elle ne lui paraissait pas être dans son état habituel. Une bonne nouvelle? Ou au contraire, trop de mauvaises nouvelles, et elle aspirait à les oublier en sa compagnie?
Si tu pouvais manger n’importe quoi, qu’est-ce que tu choisirais?
Demanda-t-il avec curiosité, jetant un coup d’oeil sur l’ardoise qu’il avait volé à Grâce, sans même paraître prendre en compte qu’il avait la même à côté de lui.
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyMar 21 Juin 2016 - 3:06

Grâce souriait, amusée par le fait de taquiner son vis-à-vis, comme auparavant. Quand sa sœur était encore là. Elle ne pouvait et ne pourrait jamais ressentir une telle déchirure, ça ne l’avait pas pour autant empêcher de compatir avec l’homme, qu’elle appréciait bien qu’elle puisse se révéler pénible alors qu’elle tentait de le sortir de ses travers tout cielsombrois et néfastes pour lui. Mais elle avait bien trop à penser en ce moment, pour partir dans une telle croisade contre les addictions du voltigeur. Son sourire s’élargit, en le voyant légèrement suspicieux, quoi que plutôt à deux doigts de relever son défi.

« Tu ne le regretteras pas, je t’assure. Mais je te fais confiance, afin de ne rien gâcher, et que nous passions un excellent dîner. »

Et c’était vrai, sommes toutes. Tant qu’il n’essayait pas de la pousser à consommer ces subtances qu’elle condamnait… Mayeul restant quelqu’un de plaisant, dont la conversation était agréable, s’ils n’allaient pas l’un et l’autre sur des terrains minés. Et ils semblaient mutuellement déterminés à agir de manière à ce que ça ne soit pas le cas. Fort bien. Omen devait, en plus, être bien luné, pour les mener à cette taverne – ou laisser Mayeul retrouver son chemin jusqu’ici, du moins, qui semblait laisser moins à désirer que l’attroupement autour de la prétendue devineresse située à proximité de son entrée.

Au moins, tous les hommes se rayant sur leur virilité affirmer qu’ils avaient peur d’écouter leur futur par une bonne femme, qui ne pouvait que se tromper, ils auraient la paix un certain moment. A fortiori alors que la serveuse, indiscrète ou prévoyante, Grâce n’aurait su le dire, les isolait du reste de la pièce. Sans doute était-ce davantage pour préserver la propriété de monsieur des regards, plus que pour une tranquillité commune, mais autant en prendre son parti, non ?

Haussant les épaules par réflexe, elle sourit à nouveau, en entendant MayeuL C’était bien une devise dont on pouvait dire qu’elle gouvernait sa vie, depuis qu’elle avait fuit Brumecor pour se rendre à Lorgol. Elle était toujours incertaine quant à l’impulsion qui lui avait été donnée, quand bien même elle savait que c’était l’influence de sa chère Freyja qui le lui avait permis.

« Une spécialité d’un autre duché, surement. Mais je n’ai gu§re pu lire. Je te propose que l’on choisisse l’un pour l’autre, pour rendre ce repas un peu plus surprenant. À condition que l’on puisse échanger, si l’autre n’aime pas. Au moins, comme ça, le risque de mauvaise surprise est limité. »

|HJ| C'est pas très loin, j'espère que je te donne assez de matière :cute:
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyJeu 23 Juin 2016 - 19:01

Grâce, belle Grâce, courageuse, forte et indépendante. Elle ne faisait pas partie des filles que Mayeul approchait en général : il les préféraient douces et câlines, amusantes et légères, et Grâce transportait avec elle cette aura d’orgueil et de détermination à laquelle il ne se frottait guère. Sans doute qu’ils n’auraient pas été camarades d’escadre, il aurait gardé ses distances. Il la respectait, l’admirait, même, d’être aussi forte et déterminée. Dans ses yeux de cadet à peine promu Voltigeur, elle semblait intouchable, comme quelqu’un que l’on admire de loin mais qu’on sait qu’il ne faut mieux pas approcher sous peine de le regretter.
Il savait qui elle était avant même d’intégrer le Vol de Bellifère : elle était presque une légende, Grâce, qui avait renié mari et enfant pour vivre sa vie auprès de son griffon. On lui avait tout dit d’elle, les rumeurs, les méchancetés qui traînaient sur son compte, les insultes parfois. Mais Mayeul, au lieu de se ranger aux côtés des autres, l’avait trouvé admirable. Il venait de Sombreciel, et chez lui, rien de ce qu’avait fait la jeune femme ne méritait qu’on la traite de cette façon. Elle avait choisi de vivre une vie différente de celle qu’on lui destinait, et il admirait cette force de caractère.

Mais il voulait s’intégrer. Loin de Mathilde, même s’il filait la rejoindre dès que possible, loin de chez lui, loin de ses repères, il n’avait pas osé la défendre trop ouvertement, ni lui afficher son admiration. Avec le recul, il le regrettait un peu : s’il avait pris fait et cause pour Grâce, peut-être que quelque chose aurait été différent? Il s’était donc contenté de rire des rumeurs et de détourner les remarques, ne l’accablant pas de critiques, mais sans pour autant risquer son intégration à laquelle il tenait. Délicat exercice, mais il ne s’en était pas sorti trop mal, puisqu’au final, Grâce et lui étaient un peu plus que de simples connaissances. Puis Mathilde était décédé, il était parti, et tout s’était enchaîné, et quand la Voltigeuse s’était mise en tête de l’aider, il l’avait fui du mieux qu’il pouvait.
Du coup, il avait peut-être beaucoup à rattraper. C’était peut-être pour ça qu’il avait du mal à la comprendre, il lui manquait des morceaux de Grâce, comme elle devait avoir du mal à cerner certaines de ses réactions. Mais ce soir, d’un accord tacite, ils avaient décidé de ne pas aborder de sujets fâcheux, et Mayeul s’y tenait du mieux qu’il pouvait. Mais voir Grâce pensive l’interrogeait, tout de même. Le brouillard dans son esprit s’éclaircissait par endroit, éclairs de lucidité ou de compréhension. Il n’était pas drogué, véritablement, tout le temps. Mayeul était encore assez intelligent pour savoir que voler sous l’effet de ces substances qu’il appréciait signerait son départ du corps des Voltigeurs. Alors il s’arrangeait, le soir, ses jours de repos. Mais ce qui était, à l’origine, un soir sur cinq ou six s’était dangereusement rapproché, le laissant dans un brouillard quasi-continuel, et mettant, de fait, en danger son affectation. Il avait essayé de se calmer, d’arrêter, mais tous ses efforts semblaient vains. Mais entre ça et souffrir, il choisissait les drogues.
Fais moi confiance, alors. Tu n’auras pas à t’en plaindre, je peux te l’assurer.
Promesse, vide de sens, vide de vérité peut-être, mais il ferait de son mieux. Il l’avait amené à cette taverne où l’on servait des plats, c’était déjà une preuve de sa bonne volonté, sans aucun doute. La serveuse les avaient isolé, ce qui ne semblait guère être du goût de la voltigeuse, mais elle en prit son parti, et lui aussi. Faire un scandale et se lamenter sur la stupidité de leurs traditions n’était assurément pas une bonne stratégie. Pas que la stratégie soit le fort de Mayeul, d’ailleurs, mais il resta coi quand même. Il porta son regard sur la jeune femme, levant les yeux au ciel quand elle lui indiqua ne pas avoir pu lire. Que lui avait-il dit? Aventure, Grâce!
Tu es sûre?
Demanda-t-il, un peu indécis quand à sa proposition. D'accord, autant pour sa remarque sur l'aventure, mais... elle ne voulait pas qu’il gâche le dîner, et elle lui proposait de prendre la responsabilité de son plat? Cela lui semblait un peu contradictoire.
Qui te dit que je n’aime pas que les choses étranges? J’ai connu une fille d’Outrevent, une fois, qui ne mangeait que si ses plats étaient dégoulinants de miel.
Etait-ce vrai? Il lui semblait que oui mais parfois, dans ses songes et ses délires, il avait tendance à inverser quelques détails, et à en inventer d’autres. Des noms, des visages qui se mêlaient, s’embrouillaient, et le laissait quelque peu perdu.
Une spécialité de Sombreciel? Sans épices étranges, promis. Et... Une liqueur lagrane?
Elle lui avait dit de choisir, et il semblait bien plus indécis que déterminé, mais peu importe. Comme à regret, il lui rendit l’ardoise qu’il lui avait subtilisé, observant Grâce quelques secondes avant de lui poser une question.
Est-ce que tout va bien?
Qu’elle choisisse sa réponse. Ajouter qu’il la trouvait étrange conduirait sûrement à un retour de bâton, et il n’avait pas poussé sa chance aussi loin. Grâce semblait préoccupée. Mais si elle ne voulait pas se confier et choisissait de croire que sa question concernait cette soirée, il la laisserait faire. Il ne voulait pas la pousser dans ses retranchements, après tout : il savait pertinemment que sinon, il risquait de le regretter.
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyDim 31 Juil 2016 - 1:05

Ils étaient surement aux antipodes l’un de l’autre, ces deux voltigeurs. Lui, rarement sérieux, toujours avec le mot pour rire. Elle, prenant à cœur la plupart de ses actions, sachant que la plupart serait scrutée et refusant d’agir comme on l’attendait d’elle. Leur opiniâtreté et leur entêtement à ne pas agir de la manière que les autres souhaitaient qu’ils adoptent étaient peut-être la réelle chose qu’ils avaient en commun. Et si Grâce s’améliorait, quand à sa rigueur toute belliférienne, depuis le temps qu’elle était partie, elle était loin d’être aussi libre, aussi libérée, même, que Mayeul. Sans être un excellent exemple, mais pouvait-elle elle-même se targuer d’en être un ? assurément pas, elle avait beaucoup à apprendre de Mayeul. Plus qu’elle ne le croyait, et ne serait prête à le reconnaître.

Mais pour le moment, quelles que soient leurs différences, leurs différents aussi, elle comptait bien passer un bon moment, et ne pas s’attarder là-dessus. Certaines journées étaient plus difficiles que d’autres, mais elle faisait toujours front la tête haute. Et celle-ci ne ferait pas exception. Dusse-t-elle s’exhiber avec Mayeul, et froisser bien des belliferiens. Bien de ses camarades de vol, qui ont été ceux du voltigeur aussi, à vrai. Elle voulait uniquement passer un bon moment, à vrai dire, et rien de tout cela ne lui venait à l’esprit – pas plus qu’elle ne remarquait la coccinelle qui escaladait ses vêtements, alors qu’ils s’avançaient vers l’auberge dans laquelle l’homme, son ami, l’emmenait.

« Je te fais confiance. »

C’était dit de manière bien trop sérieuse, peut-être, mais elle le pensait sincèrement. Malgré ses réserves quant à ses addictions. Peut-être était-elle une très mauvaise juge de caractère, pour cela. Elle sourit, amusée, devant son incertitude quant à sa proposition. Pourquoi pas ? Elle n’en mourrait pas, si elle mangeait quelque chose qu’elle n’aimait pas – au mieux, en rirait-elle. Peut-être.

« Pourquoi pas ? J’ai déjà pris plus de risques que ça, auparavant. »

Bien plus, même. Comme ce soir où elle avait fuit.

« Mais qui te dit que ça n’est pas mon cas aussi ? Après tout, je suis pas une belliférienne typique, peut-être suis-je plus étrange qu’il n’y paraît. »

Un moindre risque, donc, comparé à quelqu’un de plus aventureux, ou provenant d’un duché plus ouvert. Mais elle refusait d’admettre quoi que ce soit de ce genre, ou même de fuir, surtout quand elle se donnait elle même des défis. Une attitude tout sauf responsable, mais quelle importance ? Elle saisit l’ardoise, la regardant rapidement.

« Très bien. Un plat typiquement erebien, avec un alcool de dattes ? »

Elle haussa un sourcil, surprise par sa question. Elle cachait moins bien son jeu qu’elle ne le pensait. Grimaçant, elle hésita à répondre. Elle ne voulait pas lui poser problème avec sa vie.

« Mon aînée m’a contactée pour que je l’aide à échapper à l’enlèvement belliférien programmé pour elle… Elles sont, elle est… avec sa sœur, auprès du Duc de Sombreciel. Pour le moment. »

Belle manière abrupte de dire les choses.
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptyMar 2 Aoû 2016 - 0:35

Il est vrai qu’ils formaient un curieux tableau, tous les deux. Se promener ensemble, alors qu’ils n’étaient même pas mariés, étaient probablement mal vu - voire pire - de la population tout entière. Bellifère et ses moeurs étranges, Bellifère et son climat étranges... Mayeul s’en échappait dès qu’il pouvait, lorsqu’il était Voltigeur. Tout, dans ce duché, l’interrogeait, et s’il pensait s’être bien intégré, il y avait toujours éprouvé une sensation étrange quand il y revenait. Peut-être était-ce en rapport avec Mathilde, ceci dit, plus que les étranges moeurs bellifériens. Il ne savait pas trop, et ne voulait guère prendre le temps d’y réflechir.
Ils n’avaient jamais vraiment profité d’être tous les deux, Grâce et Mayeul. Après tout, la pauvre Grâce était à l’écart du groupe des Voltigeurs, même si certains, comme Mayeul, lui manifestaient leur sympathie. Bien peu, à vrai dire. Elle ne logeait pas à la caserne, elle était femme, et rien que pour ces deux raisons, ils avaient rarement passé du temps ensemble en dehors de leurs heures de travail. Peut-être aussi parce que depuis la mort de Mathilde, Grâce se montrait agaçante, cherchant à l’aide bien qu’il clamât haut et fort n’avoir pas besoin d’elle. Mais là, puisqu’ils avaient décidé de ne parler de rien de ce genre, il se prenait à apprécier sincèrement sa compagnie. Bien qu’elle se moquât allègrement de lui et de son déboussolement parfois bien trop visible, signe indubitable que son esprit n’était pas tout à fait éclairci des brumes qui l’habitait.

Même leur converation était légère. Leurs plats, les risques, l’aventure. Rien qui ne risquait de froisser l’autre, ou de placer sur cette soirée un voile d’agacement. A la réponse de Grâce, Mayeul laissa échapper un léger rire. «Crois-moi, tu ne peux pas être aussi étrange que cette fille. Disons que... ses plats n’étaient pas la seule chose qu’elle aimait tartiner de miel.» Un autre éclat de rire le saisit, mais il ne s’expliqua pas davantage. Certes, comme elle venait de le clamer, Grâce était une Belliférienne atypique, mais pour autant, il ne voulait pas la choquer. Bien qu’elle lui ait déjà fait la morale la dessus, à savoir que ce qui la choquait et ce qu’il pensait pouvoir la choquer était, visiblement, deux choses opposées. «Erebien ?» Reprit-il quand elle lui donna son choix. «Pourquoi pas ? Ce n’est pas comme si on en mangeait tous les jours à Euphoria.» Plaisanta-t-il, dans une allusion pas vraiment dissimulée à l’inimité des deux duchés ennemis.

Il avait attendu quelques secondes avant de se jeter à l’eau, craignait de faire trembler le fragile équilibre qu’ils étaient parvenu à établir durant cette soirée. Mais pourtant, en toute conscience, il ne pouvait pas ne pas lui poser la question. Qu’elle se rassure pourtant : ce n’était pas si vsible que ça. Mais Mayeul, après tout, avait étudié le domaine de la psychologie et même s’il s’en défendait, il s’y était orienté par goût et parce qu’il possédait un véritable talent pour connaître les autres. Talent mis à mal par les drogues qu’il ingurgitait régulièrement, certes, mais talent tout de même. Et quand Grâce lui révela ce qui la préoccupait, Mayeul ne pût se retenir : il éclata de rire.
Il déchanta vite pourtant en voyant l’air de Grâce. Ah. Ce n’était pas une blague, visiblement. Cherchant comment amener le sujet le plus diplomatiquement possible - et échouant sans doute lamentablement - Mayeul prit la parole. «Tu... Tu les as envoyé à la Cour d’Euphoria ? Tes filles, sans chaperon, sans personne. Je... Je ne doute pas qu’elles y soient bien traités.» La fin de la phrase tomba à plat, en vérité. Il était né noble, il avait été convié à Euphoria, même, lorsque le jeune Duc était revenu. Et si ce n’était plus aussi dépravé, l’ambiance était tout de même particulière, pour des Bellifériennes. Mais, confusément, Mayeul songea qu’il devait rassurer Grâce. Elle devait sans doute s’inquiéter pour ses filles, et il la comprenait. «Et puis, c’est toujours mieux que d’être marié de force.» Ce n’était peut-être pas une bonne idée, de comparer ça au pire. «Enfin je crois» oui, ça non plus. S’efforçant de s’éclaircir les idées, Mayeul finit par lui adresser un sourire compatissant. «De toute façon, elles auraient aussi appris des choses, en étant enlevée puis mariée contre leur gré.» Lamentable, de plus en plus lamentable. Dans les brumes qui flottait dans son esprit, même lui se rendait compte qu’il s’enfonçait sans espoir de retour. «Elle arrive, la serveuse ?» Son seul espoir, songea-t-il en baissant la tête, se cognant volontairement le front contre la table, dans l’espoir d’oublier ses dernières paroles.
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Message Sujet: Re: Je vais bien, tout va bien   Je vais bien, tout va bien EmptySam 13 Aoû 2016 - 11:20

Grâce regarda Mayeul, un instant, perturbée par ses propos sur le miel… Elle n’était pas certaine de pouvoir de nouveau voir du miel, et encore moins en manger, qu’elle se serait bien passée de savoir. Grimaçant, elle secoua la tête, décontenancée par son rire, alors qu’elle trouvait ça… elle n’avait même pas de mot pour le décrire, et elle était persuadée que dérangeant ne convenait pas. Ça n’était assurément pas assez fort pour dire ce qu’elle ressentait. Mais peu importait, elle ne surenchérit pas, et passa bien vite au choix des plats, qui était un sujet beaucoup moins problématique. « Je pense que tu devrais ramener des pâtisseries érebiennes à ton duc, un jour. Il appréciera, à n’en pas douter. » C’était bien évidemment une plaisanterie, et elle espérait qu’il ne la mette jamais en pratique. Et que, si jamais, dans un acte inconscient et suicidaire, il le faisait, ce ne serait pas en l’évoquant. Elle savait la bonté dont il faisait preuve pour ses filles, elle ne pouvait compromettre ça. Si elle avait égoïstement abandonné ces dernières pendant de trop longues années, elle ne pouvait gâcher leur vie future, maintenant libérées de cet enfer qu’était Bellifère.

Si elle avait tenté d’éviter le sujet, celui-ci la rattrapa bien vite, alors que Mayeul lui demandait si elle était préoccupée. Ou si tout allait bien, ce qui revenait au même. Curieux renversement de situation – c’était elle, qui s’inquiétait de ça, généralement. Et si elle n’était pas douée, il ne l’était peut-être pas beaucoup plus qu’elle. Elle fut quelque peu froissée par son éclat de rire, même si elle tenta de ne pas montrer qu’elle s’était subitement quelque peu crispée. Croyait-il qu’elle avait eu le choix ? Sincèrement ? Elle s’efforça de se calmer, prenant une grande inspiration, avant de répondre un peu brusquement. Légèrement, bien moins que ça aurait pu être, si elle avait laissé éclater sa colère.

« Penses-tu réellement que j’avais le choix ? Ou les aurais-je envoyées ? Auprès des pirates de l’Audacia ? Chez mes parents ? Elles auraient tôt fait d’avoir été renvoyées auprès de leur père. Aurais-je du demander asile à la duchesse Ermengarde ? Elle a fait preuve de bonté envers moi, en me confiant de petites terres, pour m’assurer un certain revenu, m’offrant ainsi son soutien considérant ma… situation, et le petit grain de sable que je suis pour bouleverser les croyances stupides qui ont lieu en Bellifère. Mais je ne la connais pas. Je ne peux pas lui demander une telle faveur, et même elle ne peut ainsi froisser son peuple. Ce don qu’elle m’a fait, et qui me permet de vivre dois-je dire, si généreux, reste secret pour une raison. Melsant de Séverac est un ami de longue date, et je suis persuadée qu’il saura s’assurer que l’on veille sur elles. Son père, m’a-t-il dit, s’assure qu’elles soient bien installées, et pas trop bouleversées. Et quel que soit le choc qu’elles puissent vivre, cela vaut toujours mieux qu’un mari négligeant, leur adressant à peine la parole jusqu’à ce qu’elles pondent un, deux, trois, quatre ou peut-être même plus d’enfants, et à partir de là, uniquement pour leur demander de les nourrir, de faire la cuisine, de nettoyer, de leur apporter à boire. En les prenant chaque soir, sans égard pour elle, sans égard pour ce qu’elles peuvent bien ressentir. Je préfère que mes filles soient dévoyées que traumatisées. » Elle s’enflammait peut-être un peu trop, et elle ne savait même pas qu’elle ressentait tout ça. Elle en disait probablement beaucoup trop sur sa propre vie auprès de son époux, mais elle ne pouvait nier le calvaire que ça avait été. Si elle savait avoir été égoïste en abandonnant ses enfants, il y avait une limite à ce qu’elle pouvait tolérer pour eux. Elle n’osait affronter ses fils pour cela, de peur de retrouver leur père en eux. Elle avait été choquée, de voir Agathe aussi… belliférienne. Et elle préférait mille fois un choc important qui l’obligeait à changer, que ça.

Fort heureusement, la serveuse arriva, la – les - sortant de cet embarras. Elle avait commandé au hasard, pour Mayeul, parmi les spécialités erebiennes, et elle ne put s’empêcher d’éclater de rire – et de rougir -, en voyant le plat inondé de miel. Elle n’avait pas prévu cela, et elle ne put que rire davantage, quand la serveuse revint leur dire qu’elle s’était trompée de table. « Peut-être pourriez-vous, pour cette méprise, nous apporter nos plats réels, et laisser celui-ci à mon ami ? Il se faisait une joie de déguster tout ce miel. » Peut-être se forçait-elle quelque peu, mais elle refusait de laisser planer entre eux son discours. Ou de trop le laisser planer, du moins.
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