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 Le duc et le polisson

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Message Sujet: Le duc et le polisson   Le duc et le polisson EmptyLun 28 Mar 2016 - 18:37


Livre I, Chapitre 3 • Les Amoureux du Vent
Bartholomé d'Ansemer & Neve l'Embrun

Le duc et le polisson

Rencontre incongrue et circonstances fâcheuses.




Date : 9 avril 1001
Statut du RP : Privé
Résumé : Les sombres desseins de la Marie Sanglante et la disparition de Louison ont poussé Neve à demander une entrevue avec le duc, Bartholomé d'Ansemer. Tous deux cherchent des réponses.



Dernière édition par Neve l'Embrun le Lun 28 Mar 2016 - 19:06, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Le duc et le polisson   Le duc et le polisson EmptyLun 28 Mar 2016 - 18:38


L’arrivée du printemps semblait dissiper dans son châle de douceur le drame du Carnaval des Miracles, ici en Ansemer. La mer calme clapotait sur les récifs anguleux, les bises fines étaient porteuses de mille nouveaux parfums, les côtes se peuplaient de coquilles avides de soleils, et les falaises de touffes verdoyantes. Neve demeurait blotti contre les écailles bleutées d’Inespéré, les yeux rivés sur le rivage silencieux. Le svelte dragon, assoupi, respirait calmement et ses flancs se soulevaient légèrement à chaque inspiration. Le jeune ansemarien n’avait pas fermé l’œil depuis deux nuits, parcourant la plage dans une démarche malhabile, sans jamais détacher son regard de l’horizon fuyant. Le souvenir de la Marie Sanglante vociférant ses malédictions et des pirates menaçant les enfants éperdus demeurait vivace dans son esprit. Mais au-delà des obscurs desseins des corsaires de la Marie Sanglante, ce qui tourmentait Neve, c’était Louison. Elle n’était jamais revenue du navire. Louison, la jeune Chevaucheuse de l’escadron ansemarien, à la vue si basse et fragile, enlevée sur les flots. Cet amer constat avait participé pour beaucoup à la décision de Neve de se porter volontaire auprès de Philippe, le capitaine de l’Audacia. La suite des évènements était encore incertaine.

Sur un petit carnet ouvert sur ses genoux, le jeune ansemarien avait gribouillé deux vers insignifiants, qui pourtant exprimaient avec justesse son immense désarroi :

Et sur les tombes bleues des aventures humaines,
Se reposent sans mot l’ode et la marjolaine.

Il referma le carnet et songea un instant au présent. Son retour au quotidien de la Caserne de Port-Liberté n’avait certes pas été facile, mais dans sa quête de réponses, cette ville était une aubaine. Le duché marin était porteur de fabuleux trésors lorsqu’il s’agissait de la mer et de ses secrets. Les plus tenaces des mystères pouvaient être élucidés, et la disparition de Louison ne dérogeait pas à la règle. Neve se redressa, les galets de la plage crissant sous ses pieds nus. Il posa une main chaleureuse sur l’encolure de son ami, et lui souffla quelques paroles attentives. Le soleil approchait de son zénith, et l’escadron ne tolèrerait pas leurs escapades mélancoliques sur la jetée plus longtemps, il leur fallait rejoindre la Caserne de Flamme.

De plus, cette journée n’était pas anodine. Dans l’enchevêtrement des récents évènements de Lorgol, beaucoup de rumeurs parcouraient Port-Liberté concernant la Marie Sanglante et la disparition de Louison. Bartholomé d’Ansemer, le duc, avait fait parvenir de nombreuses missives à la Caserne, intimant aux Chevaucheurs présents au Carnaval des Miracles, ce qui représentait une majorité de l’escadron, de témoigner au regard de la disparition de l’un des leurs. Neve étant l’un des derniers à l’avoir aperçue sur le pont de la Marie Sanglante, il avait fait part de son rapport au duc, et l’avait prié avec maintes formules de politesse de bien vouloir lui accorder une entrevue. Ce genre de formalités ne se faisait guère dans le quotidien des ducs, rencontrer le corps armé n’était pas une tâche proprement noble. Pourtant, les circonstances à l’appui, Bartholomé d’Ansemer avait accepté, en échange de toutes les informations que Neve saurait lui apporter concernant ces fâcheux évènements. Le jeune ansemarien, de son côté, ne désirait qu’une chose : en apprendre le plus possible sur la Marie Sanglante et le lieu mystérieux où elle s’était enfuie. Qui d’autre qu’un homme mâture, à l’expérience de l’océan reconnue comme le duc d’Ansemer, pourrait lui transmettre ces indices ?

L’après-midi commençait tout juste lorsque Neve se présenta aux portes du palais ducal d’Ansemer, où résidait Bartholomé d’Ansemer. Bien qu’il l’ait parfois aperçu à la capitale du duché, dans des circonstances officielles, la personne du duc restait en tout point inconnue au jeune ansemarien. Les marins ici-bas le considérait avec un profond respect, mêlée d’une certaine bonhomie quant à son parcours tantôt sur les flots, tantôt à régner. Un souverain qui ne reniait pas son attrait pour la mer était, dans le cœur des habitants d’Ansemer, un véritable souverain, méritant et admirable. Dans sa réponse favorable quant à une entrevue, Neve avait lui aussi cru entrevoir le duc attentif à son peuple et à ses suppliques, et non pas l’homme caractériel et impétueux que sa réputation lui accordait parfois. Le jeune ansemarien ne tarda pas à être reçu et, après une brève attente dans un long corridor fleurdelisé, le duc se présenta à lui.

Son visage paraissait profondément fermé, hostile à toute proximité, distancié. Neve ne supporta pas longtemps ses yeux intelligents qui semblaient le scruter de haut en bas, lui le Chevaucheur maladroit et polisson, tout frêle qu’il était. S’acquittant malhabilement des formules de politesse coutumières, il finit par déclarer d’une petite voix :

Je vous remercie infiniment de me recevoir, monseigneur.
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Message Sujet: Re: Le duc et le polisson   Le duc et le polisson EmptyJeu 31 Mar 2016 - 10:46

Je passe la main dans ma barbe naissante, inquiet, rêveur, décidé, taciturne, frustré, pensif. Tout comme la mer agitée, je n'arrive à me poser, à calmer mes pensées, à taire les interrogations. Il me faut du calme, du temps. Et pourtant, à travers la fenêtre ouverte, il n'y a qu'un ciel azur, une brise légère. Mouettes et goëlands virevoltent, les ris claquent, les marins chantent. Le temps ne pourrait être meilleur. Les informations affluent dans la Grande Salle. Je n'aime guère mon cabinet de travail. Trop exigü, trop petit. Et même si je n'apprécie pas plus la Grande Salle, celle-ci me permet de pouvoir respirer, de pouvoir aller et venir sans me cogner dans un meuble ou une pile de livres. Sur l'immense table, sont étalées de nombreuses cartes, toutes plus précises les unes que les autres, toutes plus différentes les unes que les autres. Elles nous montrent les trésors découverts, ces îles lointaines, peuplées de pirates, de créatures encore inconnues, impossibles d'étudier... Ah comme j'aimerais pouvoir y retourner, pouvoir les étudier, pouvoir découvrir de nouveaux continents. Arven me semble si petite désormais. Pour en faire le tour, il ne faut au final que quelques mois, alors que j'ai mis des années à parcourir ces mers. La main contre ma bouche, je m'empèche de proférer quelques imbécilités, les doigts contre ma barbe y caressent les poils. Le coude s'appuie sur la table et y fait craquer le bois alors que je me penche au dessus d'une carte d'apparence anodine. L'index de mon autre main tapote une latitude, ce trait imaginaire, perdu au milieu des eaux.

- Monseigneur? Comme d'habitude, penché au dessus d'une carte marine, je n'entends pas que l'on m'appelle. Monsieur le Duc? Le Chevaucheur l'Embrun est arrivé. Les paroles me sont lointaines, il me faut toute ma volonté pour retourner à Port-Liberté et me rappeler pourquoi un membre du corps armé voulait me voir. Dois-je le faire entrer? Je redresse la tête. Le page attend, incertain de s'être fait entendre. Finalement, je hoche du chef, sans un mot.

Je me redresse, attentif à l'étiquette, même si dans ce cas et dans la majorité de tous les cas, c'est moi qui me trouve en haut de la pyramide. Rompre avec la politesse et la bienséance serait acceptable, néanmoins, j'apprécie les bonnes manières et j'ai à l'égard de mon peuple du respect, qu'il provienne d'en bas ou de la bourgeoisie, cela inclut également les gardes et les chevaucheurs. Un rapide coup d'oeil vérifie qu'aucune carte ne transgresse la sécurité de mon duché. Ce n'est pas que je n'ai point confiance, mais je ne sais pas encore, ou plutôt, pas totalement ce que me vaut l'entrevue avec cet ansemarien. Il y a des choses que l'on ne dit qu'à ses conseillers et d'autres que l'on partage avec ses armées. Mais le panel de cartes étalées sur la table ne dévoile rien de plus que des îles lointaines et très certainement inconnues pour le chevaucheur. Les informations supplémentaires qui me sont parvenues depuis le drame du Carnaval de Lorgol ont été soigneusement archivées et mises au secret. Je les communiquerais quand j'en jugerais le moment opportun. La porte s'ouvre alors que j'ai de nouveau le regard plongé dans une des nombreuses cartes. Néanmoins, je le redresse et toise le jeune homme qui s'approche. Des pieds à la tête et inversement, prenant en compte sa stature, sa taille, sa force apparente, son évidente jeunesse, ses manières, le ton de sa voix, l'éclat volontaire dans ses yeux, l'envie de bien faire, mais la peur de rater lamentablement. J'incline simplement du chef, prouvant que j'ai bien entendu ses formules de politesse avant d'ouvrir la bouche.

- Comment se porte votre... dragon? Même si ce n'est pas une vivenef, chaque bateau pour chaque marin a une âme. Et l'on doit en prendre soin, porter attention à sa coque, à ses mats, à ses gréements, c'est une question habituelle que pose chaque marin à chaque capitaine de bâtiment. Et c'est donc une question naturelle qui me vient. Sauf que le chevaucheur n'est pas capitaine d'un bateau, mais d'un dragon. Et si les bestioles à plumes, qui rampent ou qui volent ne sont pas vraiment mes préférées, les dragons doivent être respectés. N'y a-t-il bien que la Chevaucheuse Louison qui manque à l'appel dans notre effectif? Je n'aime pas trop les fioritures, je les garde pour quand je me rends à Alfaë. Je préfère entrer directement dans le vif du sujet, et puis, c'est une manière de passer outre les politesses qui pourraient prendre des heures. Je veux savoir ce que vous avez réellement vu, entendu ou même senti lorsqu'elle a disparu. Je me tourne vers la table, cette immense table où s'éparpille la géographie d'Arven et au-delà. J'indique une des chaises alors que je prends place dans celle du bout, celle qui est plus confortable et ma préférée. On parle plus posément lorsque l'on est assis et on réfléchit mieux également. Qu'est-ce qu'il s'est passé? Ce n'est pas vraiment une interrogation, mais plus une réflexion à voix haute. Automatiquement, mon coude se pose sur la table, ma main part soutenir mon menton alors que mes doigts glissent une fois de plus dans ma barbe, mon regard reste fixé sur le jeune homme, immuable, et implacable oserais-je dire. J'attends beaucoup de ce chevaucheur que des sources certaines affirment avoir vu lors de l'épisode de la Marie Sanglante. Malgré les rapports détaillés qui me sont arrivés, je préfère voir les mots sortir directement de la bouche du locuteur. Point de voile de mystère, point de dérobade. Droit au but.
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Message Sujet: Re: Le duc et le polisson   Le duc et le polisson EmptyMar 12 Avr 2016 - 21:07

La demande, si anodine au demeurant, eut le mérite de décontenancer le jeune ansemarien, expressément parce qu’elle était anodine. Neve ne s’était jamais entendu poser cette question jusqu’alors, et elle ne lui semblait pas familière au domaine des Chevaucheurs. En règle générale, le lien étroit unissant dragon et mage relève du mystère, et la relation en elle-même demeure sous silence. Toutefois, conscient que le duc d’Ansemer demeurait novice en matière de dragon, le jeune ansemarien ne considéra pas cette insignifiante maladresse comme une intrusion, mais davantage comme une marque de respect, qu’il salua d’un hochement de tête et d’un sourire. Bartholomé d’Ansemer participait dans sa simple présence à le mettre en confiance, et il valait mieux pour les sujets qu’il restait à aborder. Sans plus tergiverser, Neve répondit d’une voix toujours ténue, mais plus confiante :

Bien, bien, je le crois. Merci de vous en préoccuper, ajouta-t-il sans oser retourner la question au duc, qui déjà enchaînait avec la disparition de Louison.

À l’évocation distante de ce prénom, le jeune ansemarien eut un pincement au cœur emplit d’amertume. Cet enlèvement le rappelait à son exemplaire inutilité, à son impuissance de n’avoir pu sauver Nomane comme de n’avoir pu venir en aide à Louison, sur le pont déchaîné de la Marie Sanglante. Il se reprochait aussi, dans une culpabilité qui avait tout de la déraison, de s’être attaché à la jeune Chevaucheuse, tandis qu’il reconduisait des erreurs déjà produites. Mais le temps n’était pas aux amères considérations et aux crises existentielles. Recouvrant quelque assurance au-devant du duc d’Ansemer, Neve ne parvint toutefois à croiser de nouveau son regard, et ses yeux se perdirent sur les innombrables cartes qui bordaient la lourde table de la Grande Salle. Maintes îles, retranscrites avec plus ou plus d’attention et de précision, lui étaient inconnues.

Bartholomé d’Ansemer enchaîna sans plus tarder sur les évènements, manifestement résolu à saisir les tenants et les aboutissants de cette affaire. Dans une démarche lente et singulière, il prit place à l’une des extrémités de l’immense table, où la géographie d’Arven s’offrait sous un jour nouveau. Ces mille et une cartes étaient fascinantes, mais Neve ne s’autorisa pas le loisir de les détailler davantage, désireux de concerner son sérieux. Le duc lui indiqua une chaise, où le jeune ansemarien vint prendre place en silence, le regard toujours obstinément fugitif quant à celui, désormais penseur, de son supérieur. Bartholomé adoptait à présent une position méditative, le poing soutenant le menton dans un geste automatique. Quelques secondes de réflexion tue s’écoulèrent, avant que Neve ne prenne enfin la parole, sa voix faible portant un mol écho dans la Grande Salle :

Seule Louison est portée disparue à Port-Liberté, en effet. Il semble qu’un Voltigeur de la famille des De Séverac ait été enlevé lui aussi, dans le tumulte des affrontements. Des enfants aussi, notamment les premières-nées de Philippe Jedidiah, le capitaine de l’Audacia. Le jeune ansemarien marqua une pause. Je…, il hésita en bafouillant un instant, nous n’avons aucune nouvelle des disparus.

À cet instant du récit, Neve s’interrogea intérieurement sur le déroulement des évènements. Il soupesa une à une les paroles du duc : vu, entendu, senti, et il sentit ces mots l’écraser. Bartholomé d’Ansemer demeurait attentif, et le Chevaucheur poursuivit :

Lorsque Louison, Tristan d’Amar et moi-même sommes arrivés sur le pont de la Marie Sanglante, l’aura impénétrable de la vivenef avait déjà commencé à asseoir toute sa violence sur le navire, avoua Neve en esquivant le regard du duc. Les enfants étaient sur le pont, et Maria vociférait des psaumes enragés, et ses paroles… Que disaient au juste ses paroles ? interrogea-t-il comme pour lui-même, songeur, torturé. À vrai dire, les assauts des pirates et le brouhaha ambiant, les pleurs, les rugissements des dragons, les cris aigus des griffons, obscurcissait les sens comme de la poix. Mes propres gestes me semblaient lointains, comme sous l’effet d’un violent spiritueux. Je me souviens être venu en aide à un griffon blessé sur le pont, et puis le hurlement strident de Maria a comme annoncé la retraite.

Marquant une nouvelle pause, il se résigna enfin à rencontrer le regard de Bartholomé, et ses yeux bruns attentifs le saisirent à la gorge.

Un épais brouillard est tombé sur le navire, poursuivit le jeune ansemarien, empêchant Chevaucheurs et Voltigeurs d’accéder à la Marie Sanglante. Lorsqu’il s’est levé, le navire avait disparu. La dernière image que je garde de Louison, c’est elle affrontant un pirate.

Un silence réfléchit s’abattit sur la Grande Salle. Neve, qui jusqu’alors respectait l’étiquette à la lettre, se releva brusquement avant que le duc n’ait pu répondre quoi que ce soit.

Monseigneur, ces évènements se sont déjà produits pas le passé ! s’exclama-t-il avec une certaine violence. Ce sont des cycles, une vieille mage des portails de Lorgol m’a relatée la même histoire, près de cent ans auparavant ! Rhéa elle-même a confirmé ses dires, les vivenefs ont déjà vécu ces évènements, seuls les arveniens, mortels qu’ils sont, ne peuvent se souvenir… Ces enlèvements ont peut-être eu lieu dix fois, cent fois, et personne ne les a jamais entravés !

L'amertume de ses paroles étaient palpable.

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