RP Express • Le secret le mieux gardé est celui que l'on a soi-même oublié.

Bien des raisons avaient poussé Denys à ne pas révéler à son épouse ces événements. Il savait qu’elle n’était pas du genre à apprécier les jugements et condamnation, et sans doute aurait-elle agit pour adoucir la peine qu’avait réservé le duc à son attaquant. Et il ne tenait pas particulièrement à revenir sur ses positions quant-à la décision qui avait été prise. Mais il ne voulait pas non plus l’inquiéter là où finalement, une autre personne avait prit pour lui. Les mains serrées sur la sienne le sortirent un peu de ses pensées, où il observa le visage inquiet de son épouse. Sa main libre vient se glisser sur la joue de la jeune femme, y caressant doucement la peau pour la rassurer.

« Non, ce n’est pas la Confrérie. J’en ai terminé avec eux. » Mensonge. Mais il préférait ne pas en parler à Marjolaine. « Et non, je ne suis pas blessé. Il s’agissait d’un jardinier qui croyait empoisonner une essence que j’ai diapré. Il s’est lourdement trompé. » Là encore, il évite de toucher un mot sur la personne qui avait subit le poison à sa place et de la venue d’Alméïde pour sauver Mélusine.

« Je ne souhaitais pas vous inquiéter. Je vous connais et je ne veux pas vous causer plus de soucis que vous en avez déjà. Surtout quand cela vous concern... » Il tait ses mots, allant trop loin dans la confidence.

Spoiler:

Il était déjà venu à l'idée de Marjolaine de diaprer le plant qu'ils avaient unis tous les deux à l'occasion de leur mariage, mais elle n'avait jamais eu le courage d'en parler.  Maintenant qu'une telle histoire s'était rendue à ses oreilles, elle éprouvait encore plus de réserves, bien qu'elle ne laissait pas tomber l'idée non plus.  Elle était prête à beaucoup pour être heureuse.

Toutefois, ce qui attira le plus son attention, c'était la phrase laissée en suspens par son mari.  Que voulait-il dire en sous-entendant que cela la concernait?  Marjolaine connaissait évidemment les jardiniers, elle qui aimait bien passer du temps dans les jardins, mais elle ne leur était aucunement liée.  Elle n'avait non plus diapré aucun plant... à moins que cela avait un lien avec ses jeux dans la magie du sang?  Rapidement, elle se sentit prise d'angoisse pour le bébé et ses mains se resserrèrent sur celle de son époux.

« Que voulez-vous dire? demanda-t-elle d'une voix tremblante qui masquait à peine son inquiétude, puis se calmant un peu, Il n'y a rien à craindre pour le bébé, sinon vous n'en parleriez pas aussi calmement, n'est-ce pas? » Néanmoins, outre un danger pour l'enfant qu'elle portait dans son ventre, elle ne voyait pas comment elle pouvait être liée à l'affaire. Pensait-on qu'elle l'avait commanditée pour se venger des infidélités du duc?

Spoiler:

Un instant, il se fustige d’avoir laissé filtrer le fond de sa pensée sans avoir su la retenir. Etait-il à ce point si prompt à céder à la confidence ? N’y avait-il aucune arrière pensée derrière cette erreur de débutant ? Le doute est permis. L’inquiétude qui se dessine sur les traits de son épouse n’en est pas un cependant, ni la sincérité de la peur qui l’étreint. A cette main qui se resserre sur la sienne, il la presse doucement pour essayer de la rassurer. Elle n’est en rien coupable et moins encore en danger.

« J’aurai du tenir ma langue, pardonnez moi. Ni vous ni le bébé n’êtes en danger, je vous le promets. C’est juste que… l’homme qui souhaitait me tuer l’a fait par vengeance, pour vous. Il s’avère que la façon dont… je vous traite, n’était pas au goût de cet homme. Il semblait… amoureux de vous. »

Peu à peu, la voix du duc s’assombrit. Et sur les derniers mots, sur cet amour que semblait ressentir un autre pour son épouse, il cracherait presque avec mépris. Avec jalousie. S’il avait été un autre, il aurait condamné aux pires tortures ce misérable. Au lieu de ça, il avait réservé un sort bien pire. Et s’il ne jubilait pas, il savait qu’un autre saurait s’en amuser.

« Je ne voulais pas que vous vous sentiez coupable pour rien. Et puis, en définitive, je suis indemne. »

Spoiler:

La stupeur est plutôt grande chez la duchesse qui n'aurait jamais songé à un dénouement aussi inattendu, c'était le cas de le dire.  Non seulement ressentait un soulagement immense à la confirmation qu'elle, ni l'enfant ne craignait rien, mais aussi à l'idée que son bien-aimé ne se doutait toujours rien de ses manigances avec les mages du sang. « Eh bien, voilà un dénouement plutôt déroutant qui ne me serait jamais venu à l'esprit avant que vous ne le mentionnez.  L'important c'est que vous n'ayez rien et que cet homme ait été arrêté avant qu'il ne puisse réellement faire du mal à quiconque appartenait ce plant. » Si Marjolaine fut touchée de recevoir l'amour de quelqu'un, elle n'y songea pas très longtemps.  Si ce n'était celui de Denys, elle n'en voulait pas.

Elle fut tentée de dire qu'elle ne se trouvait pas à plaindre et se lamentait jamais sur son sort, du moins pas à voix haute, mais elle songea que cela ne servirait pas à grand chose, puis il lui apparaissait que le duc n'avait même pas songé un seul instant qu'elle eusse participer volontairement à motiver cet homme.

« Merci.  De votre honnêteté et d'avoir voulu me protéger d'angoisses, dit-elle alors qu'elle-même continuait d'enfouir de terribles secrets, Promettez-moi d'être toujours sur vos gardes, je crains plus que tout de vous perdre. »

Spoiler:

Mieux valait taire la réalité. Même s’il en avait ressenti de la culpabilité, Denys n’aurait jamais mentionné le plant diapré qui appartenait autrefois à Mélusine et qui avait manqué de la tuer. Notamment parce que Marjolaine n’avait nullement connaissance de celui-ci et que l’inquiéter plus encore pour une affaire réglé n’était pas nécessaire. Il n’osait imaginer sa réaction si elle avait su pour Mélusine et le bébé qu’elle portait… Un sourire simplement, légèrement crispé, vient ourler les lèvres du duc.

« Vous avez entièrement raison. Les choses sont arrangées et il n’y a eu aucun mort, c’est le plus important. »

L’aveu le perturba. Le masque qu’il maintenait depuis le début s’effrita l’espace d’une seconde pour afficher un semblant de surprise et de gêne. Et s’il en avait eu l’habitude, peut être aurait-il rougit. Il connaissait l’amour de Marjolaine pour lui, mais y faire face d’une façon aussi criante avait de quoi… le déstabiliser.

« Je vous le promet. Comme je l’ai toujours fait d’ailleurs. » Nuls besoins de mentionner cependant la tentative d’assassinat de la Confrérie… « Quant-à vous soyez prudente aussi. Quoiqu’il en soit, je ferais plus lourdement surveiller notre entourage, et particulièrement pour Ostara. D’ailleurs, les préparatifs avancent bien à ce qu’on m’a dit ? » La fête traditionnelle de Lagrance était souvent organisée de concert avec la duchesse, aussi était-il intrigué de savoir, préférant délaisser les sujets… déplaisants.

Spoiler:

Marjolaine éprouva un certain soulagement quand Denys aborda le sujet de la fête à venir après lui avoir promis d'augmenter la sécurité autour d'eux. Elle n'avait pas honte de ses sentiments, ils étaient naturels, justes et bons, mais la plupart du temps enfouis au fond de son coeur, de peur de déplaire. Et puis, la fête approchait effectivement à grands pas sans qu'elle n'aie eu l'occasion d'en discuter beaucoup avec le duc.

« Oui, en effet, les choses avancent à grands pas. Avec les escarmouches en Lagrance et Sombreciel, le moral de la population était au plus bas, mais les choses commencent à s'arranger grâce à la perspective de la fête. » Plus que quiconque, la duchesse savait que le peuple avait besoin de réconfort et de croire que tout irait pour le mieux. Les Lagrans n'étaient point réputés pour leurs prouesses chevalresques, préférant s'adonner au jardinage dans leur foyer plutôt que d'aller batailler contre leurs voisins, encore moins quand on s'était toujours bien entendus.

« Les préparatifs pour la fête de Cerah sont avancées. Malgré tout, il semblerait que les horticulteurs se sont surpassés pour les concours. » Bien qu'adepte des fleurs, la duchesse éprouva un semblant de malaise en parlant de l'entretien des jardins, elle n'avait pas complètement oublié leur précédente discussion.

Spoiler:

Il n’est pas mécontent de changer de sujet, même si en tant que duc, il se devait d’être informé sur tout ce qui se passait en Lagrance. En fervent employeur d’espions il bénéficiait d’une large connaissance sur ses terres. Pourtant, ce qu’il savait du peuple et de leurs espérances, c’était à Marjolaine qu’il le devait, elle tant aimée des lagrans qui lui vouaient presque un culte. Pour un peu, il aurait pu se montrer jaloux d’une telle popularité, mais par bien des côtés, son épouse lui rappelait Cyselle et la douceur de son caractère.

« C’est une excellente nouvelle. Je ne souhaite pas que la guerre empoisonne le cœur même du peuple, c’est pourquoi je ne tenais en aucun cas à annuler. Nous nous assurerons que tout ira pour le mieux. »

Au malaise à peine perceptible dans la voix de son épouse, Denys n’a pas ce même état d’âme à la mention des jardiniers et horticulteurs, et avec presque légèreté, il reprend :

« J’ai hâte d’admirer leur travail. Avec un peu de chance je retrouverai un jardinier plus… compétent. » Il a un instant le regard mauvais, toujours noirci de cette haine et cette jalousie ressentie. Ça ne dure qu’une seconde. « En tout cas, y participer à vos côtés sera plaisant. »

Il a un regard vers la vitre, admirant le ciel se dégageant doucement.

« En parlant de ça, que diriez-vous d’une petite sortie ? »

Spoiler:

Si les faits avaient été moins sérieux, Marjolaine aurait éclaté d'un rire franc, prompte à la joie, mais les circonstances ne s'y prêtaient absolument pas, encore moins le regard sombre de son époux.  Pour apaiser les choses, elle dit doucement : « Je crois que vous ne serez pas déçu. »  Elle-même n'avait encore rien vu des merveilles qu'on promettait aux regards, mais elle avait absolument foi en leurs sujets, capables des plus belles surprises.

À l'invitation de Denys à une sortie, la duchesse ne pouvait qu'acquiescer avec beaucoup de joie : elle ne demandait pas mieux que cela.  « Si vous voulez bien me donner le bras, ce sera un plaisir pour moi, » déclara-t-elle en posant une main sur son ventre rebondi.  Elle pouvait marcher seule, mais une femme enceinte pouvait bien avoir ses quelques caprices, n'est-ce pas?  « Rose pourrait aussi se joindre à nous, elle se languit des attentions de son père dès la seconde où il tourne le dos pour vaquer à ses occupations. »

Puis comme tout cela ne semblait poser aucune difficulté, le couple ducal quitta ce sévère bureau pour admirer la beauté des jardins magnifiques de la propriété en compagnie de leur adorable petite princesse.  Parfois, ils pouvaient former un semblant de famille modèle et la duchesse ne pouvait point s'en plaindre.

Spoiler: