Histoire
Ses yeux s'ouvrirent sur le monde, un monde qui n'était pas encore entaché par les horreurs de la guerre, ou plutôt un monde où une trêve millénaire en occultait les dernières traces en-dehors des souvenirs. Un monde que seules des prunelles d'enfant pouvaient encore voir avant que l'âge adulte ne vienne tout souiller. Car en ce monde, il était venu à voir le jour sous une certaine violence. Secret de Polichinelle, Antonin de la Rive, né de l'union de Gustave et Lauriane de la Rive, aurait pu ne jamais voir le jour. Lauriane, alors seulement âgée de dix-sept ans, n'était certes pas préparée aux aléas de la maternité, et si tout à fait petit, le bambin ne pouvait réellement prendre pleinement conscience des lacunes de sa mère, il grandirait pour les découvrir. Les siennes qui étaient tout autant celles de son père.
Le bébé n'était pas seulement l'héritier de la Rive, petite baronnie outreventoise, mais également la raison qui avait unie Gustave du Ponant, noble de petite facture à l'ambition dévorante, à Lauriane de la Rive. Un mariage de convenance, car bien malgré elle, la future baronne avait fauté. Elle avait commis une erreur irréparable dont elle devait assumer les conséquences. La toute première étant cette union matrimoniale et la seconde ce petit nourrisson vagissant à qui un grand futur se dévoilerait un jour.
Si encore bébé naissant, Antonin n'avait nul moyen de percevoir rien de la froideur entretenue entre ses parents, en vieillissant, du haut de ses trois pommes, alors qu'il commençait à trotter aisément sur ses deux jambes dodues, peut-être a-t-il surpris quelque distance entre eux. Aujourd'hui, tout ceci n'est qu'un vague souvenir auquel il pense bien rarement. Après tout, il était encore bien jeune quand les relations entre ses parents se sont améliorées et que son enfance solitaire s'est enrichie de la présence de sa soeur, Armandine.
Dès qu'elle fut assez grande pour trotter avec lui, la petite soeur d'Antonin devint sa compagne de jeu favorite. Ayant à coeur son rôle de grand frère, il prenait garde que leurs jeux soient accessibles à la fillette encore toute potelée qu'elle était. Il ralentissait son pas pour qu'elle puisse rester à sa hauteur et près de lui, il veillait à ce qu'elle ne tombe pas. Par ses titres, Armandine n'était pas encore une princesse, mais dans le coeur d'Antonin, elle était particulièrement précieuse. Quand elle eut l'âge d'avoir sa propre dinette, il acceptait gracieusement ses invitations à prendre le thé dans ses jolies petites tasses qu'elle remplissait d'eau à servir avec des biscuits qu'il allait lui chercher en secret à la cuisine. Ils étaient heureux. Et parfois, quand haut dans le ciel le petit garçon voyait passer un dragon, il rêvait d'un jour devenir un grand mage et de rejoindre lui aussi le rang des Chevaucheurs pour protéger Outrevent et Faërie des dangers. Naïvement, il songeait à ces jours à l'Académie et l'arrivée d'Armandine à ses côtés, quand elle le rejoindrait pour être à son tour formée en tant que mage. À ce moment-là, il lui montrerait tout ce que lui-même aurait appris par le passé, l'aiderait à se faire à la vie à l'Académie. Il ne songeait que peu aux années de séparation qui précéderaient la réalisation de ce rêve.
Bien que fils de baron, l'enfance d'Antonin ne se passa pas seulement à jouer avec sa petite soeur. Alors que celle-ci était encore très jeune, ses premiers précepteurs se succédèrent pour lui apprendre à lire, à écrire, à compter. Il avait des cours d'histoire sur Faërie, sur Arven. Il apprenait les rudiments de la géographie. Bien qu'encore très jeune, il s'appliquait beaucoup dans ses études. D'abord pour apprendre à différencier les différentes lettres de l'alphabet, puis tranquillement apprendre à lire des mots et des phrases. Son écriture était brouillonne, il éprouvait des peines à reproduire les symboles qu'on lui enseignait, mais quand il sortait et qu'Armandine n'était pas avec lui pour partager ses jeux, il continuait sans relâche à tracer avec un bout de bois dans le sol les différentes lettres qu'il avait apprises. Dès l'enfance, il était appliqué et déterminé à réussir. Il deviendrait un homme un jour, un homme à la hauteur des espérances de son père qui a toujours été un modèle pour lui.
Quelques mois après son douzième anniversaire, alors que l'adolescence commençait à prendre ses droits sur lui, transformant sa voix en quelque chose d'étranger à lui-même, attablé devant parchemins et livres d'études qu'on lui avait offerts, Antonin étudiait avec sérieux. Son tracé à la plume n'était plus aussi tremblant, plus aussi cabossé et les lettres prenaient une élégance toute masculine. Il avait bien travaillé. Plus tard, il saurait devenir le digne héritier des terres de son père. Concentré, il sursauta lorsque Armandine vint toquer à la porte. La fenêtre s'ouvrit sous le poids d'une bourrasque de vent et souffla la mèche de la bougie. Bien qu'il ne ventait pas - pour une fois - quelques instants plus tôt, l'adolescent ne s'en formalisa pas et ferma tout simplement la fenêtre avant de s'occuper de sa soeur : tous deux étaient habitués aux vents hurlants d'Outrevent, ce n'était pas quelque chose d'exceptionnel.
Le phénomène se reproduisit quelquefois sans qu'Antonin ne remarque jamais rien de la magie qui s'était éveillée en lui. Jusqu'au jour où la flamme de la chandelle s'éteignit dans un souffle sans que la fenêtre ne soit ouverte. Et alors que la pièce baignait dans l'obscurité, une lumière s'éclaira dans les yeux de l'Outreventois : il était mage! Les entretiens pour l'Académie étaient déjà terminés, la nouvelle année d'études était commencée. Toutefois, l'espoir de devenir quelque chose de plus que le baron de la Rive s'était allumé dans son esprit. Il se présenterait aux prochains entretiens pour tenter d'apprendre à maîtriser cette magie qui deviendrait peu à peu la sienne.
L'année passa par moment rapidement, par d'autres plutôt lentement, mais vint le jour tant attendu. Il prit le portail en direction de l'Académie, prêt à relever tous les défis. Vif d'esprit et très décidé à être admis, il cacha toute l'intimidation qu'il ressentait de se retrouver devant les examinateurs. Ses premiers pas entre les murs de la grande école l'avaient fait se sentir petit, très petit. La splendeur des lieux n'avait rien à voir avec la demeure familiale où il avait grandi. Seul et effrayé, il avait craint de ne pas trouver sa place, de faire une erreur en se présentant, mais il en avait rêvé pendant des mois. Il n'était pas question de rebrousser chemin. Il ne ferait pas honte à son père en fuyant comme un poltron. Il irait la tête haute droit devant lui et ne reviendrait qu'après avoir tout tenté pour obtenir ce qu'il désirait. Il serait l'artisan de la réalisation de ses rêves ou de leur échec.
Détermination et conviction, c'était ce qui avait convaincu les examinateurs de la place d'Antonin sur les bancs de l'Académie. Il serait un élève assidu et ne se détournerait pas de son but. Rapidement, il choisit sa voie. Vérité. Antonin pour qui l'honneur et la droiture comptaient ne choisissait pas la voie facile, le domaine en question demandait une rigueur très forte, mais lui qui tenait beaucoup aux principes avec lesquels il avait grandi savait que c'était celle qui lui convenait le mieux. Il se plongea dans ses études avec diligence, recevant les éloges de ses professeurs pour son travail assidu.
Ses études se déroulèrent sans de plus grave incident que la découverte de la magie qui avait réclamée sa soeur Armandine. Il était arrivé plusieurs fois à Antonin d'imaginer que sa benjamine le rejoindrait un jour à l'Académie, mais ce jour ne viendrait jamais. Éveillée à la magie du sang, Armandine n'avait pas sa place entre ces murs de pierres empreints de magie. Si aux premiers abords le jeune homme qu'il devenait alors se sentit effrayé, même révulsé, n'osant croire cette lettre qui lui annonçait la nouvelle, il prit rapidement sur lui-même. Magie maudite ou non, il s'agissait de sa soeur et elle avait besoin de lui. Honneur en tout point. Était-il excusable qu'un homme renie l'un des siens parce que c'était plus facile? Il eut envie Antonin, l'idée lui traversa l'esprit que la famille ne devrait plus que compter que trois personnes. Il était jeune, il avait peur. Que leur ferait-on si on savait qu'ils élevaient une mage du sang? Ce qui le convainquit finalement du bien fondé de protéger sa soeur, ce n'était pas les liens du sang qu'ils partageaient mais bien son sens de la justice. Jamais Armandine n'aurait choisi d'elle-même d'être porteuse d'une magie interdite. Était-il juste de la punir pour quelque chose qu'elle ne pouvait contrôler? En lui-même, Antonin savait qu'il avait raison et il se jura de devenir plus fort. Depuis, ses convictions sont encore plus arrêtées. Il oeuvrerait pour le bien des gens qui comme sa soeur étaient privés de leur liberté à tort.
Le premier pas vers ce nouveau chemin qu'il s'était tracé fut de troquer ses plumes d'étudiants pour quelque chose de plus grand : il lui fallait désormais des ailes et celle de Gustave ne suffiraient plus à le porter. Il devait voler encore plus haut et pour ce faire, il s'avança, tremblant et incertain, vers la Caserne de Flammes, prêt à tenter sa chance pour rejoindre les Chevaucheurs. Il n'était pas le seul candidat. Il a vu le visage défait de ceux qu'aucun dragon ne réclamait comme leur. Ses inquiétudes et incertitudes s'intensifièrent. Qu'est-ce qui lui faisait croire qu'un noble seigneur des cieux voudrait de lui pour partenaire? Sa magie, lui qui l'avait choisie sans hésiter, serait-elle vraiment utile à un Chevaucheur? Elle le détrompa sur ses craintes.
Agonie.
Si en se présentant à la Caserne, Antonin espérait lier son destin à celui d'un des dragons, il ne s'attendait pas à être choisi par nulle autre qu'une reine. Ses écailles vertes scintillantes étaient bien pâles face au poids de l'esprit ancien qui désormais lui murmurait directement dans sa tête ses pensées. Les premiers temps, la présence de la dragonne était envahissante pour l'adolescent qui apprenait lentement mais sûrement à lui ouvrir son coeur. Celui-ci était noir de toutes les peurs qu'il avait nourries à travers les années et si les voir être agitées l'effrayait au départ, que les perquisitions curieuses de la Reine de Jade dès qu'il était plus détendu le rendait nerveux, avec le temps Agonie devint un support indispensable dans la conquête de son avenir. Il avait trouvé en elle une âme soeur, un être à qui s'ouvrir, avec qui tout partager. Pourtant, la coexistence avec la dragonne n'avait rien de simple. Parfois joueuse et encline aux remarques si puériles, elle pouvait aussi se montrer implacable. Ils se trouvaient peu à peu l'un l'autre au fil des entraînements et bien malgré leurs joutes mentales, ils s'attachaient de plus en plus.
Les choses ne restèrent pas aussi calmes longtemps. Antonin avait 19 ans, il n'était plus un enfant. Si certaines choses n'avaient pas besoin de lui être dévoilées quand il était plus jeune, il était en âge maintenant de comprendre. De comprendre et de soutenir son père qui désirait retrouver ce qui lui revenait de droit. Les années qui couvrirent la formation de Chevaucheur d'Antonin furent aussi passées à organiser la prise de pouvoir de Gustave qui pouvait prétendre au titre d'empereur en raison de sa naissance, lui qui était l'aîné de la famille impériale, relégué à l'oubli parce qu'il était né homme. La mort de Chrysolde remplacée par Chimène devenait un tremplin pour arriver à ses fins.
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Pendant le livre I : C'est au couronnement de l'impératrice Chimène, un an après la mort de son aînée que Gustave tenta par l'Ordalie de prendre sa place sur le trône impérial. Déjoué dans ses plans, la famille de la Rive dut se cacher et se terrer. Antonin y compris. Malgré son attachement pour Agonie, sa détermination à devenir un Chevaucheur d'excellence, son devoir allait d'abord à sa famille et à sa sécurité. Comme un pleutre, il se terra. Parce que c'était ce qu'il devait faire.
Pouvait-il se pardonner d'avoir laissée sa dragonne derrière lui? Non. Il la regrettait tous les jours, il cherchait son contact, malgré le mur qu'elle lui imposait, elle qui le boudait de l'avoir abandonnée. La tentation de se laisser abattre était forte parfois. Il avait envie de broyer du noir, d'attendre que les choses ne redeviennent normales. Mais elles ne le seraient plus jamais et il devait l'accepter. Avancer. Continuer. C'était ce qu'elle aurait voulu, même ce qu'elle voulait sûrement malgré sa bouderie. On ne néglige pas une reine comme ça. Il comprenait Antonin. Il l'attendrait. Il attendrait qu'elle revienne à lui. En attendant il ne devait toutefois pas se relâcher. Gustave n'avait pas abandonné ses ambitions et lui en tant que fils se devait de se préparer à le soutenir. Sans relâche, Antonin se préparait à devenir celui qu'on attendait qu'il soit : le prince héritier de la couronne de Faërie. Lui qui ne l'avait qu'effleurée alors qu'il n'était encore qu'enfant, il se mit à étudier la politique, à apprendre la diplomatie. À devenir plus fort encore qu'il ne l'était déjà. Depuis trois ans, il se reposait complètement sur son lien avec la dragonne pour grandir. Elle l'avait supportée dans les moments difficiles. Elle l'avait poussé vers l'avant avec sa sagesse accumulée au cours des siècles. Il devait se surpasser pour lui montrer qu'elle pouvait dépendre de lui elle aussi. Pour montrer à son père qu'il était digne d'être son fils. Et pour se prouver à lui-même qu'il valait mieux que ce qu'il croyait.
Quand Gustave évinça Chimène, ce fut fini. Il le savait déjà depuis longtemps qu'il ne volerait plus derrière les ailes d'Agonie comme autrefois. Le ciel ne leur appartenait plus. Il avait laissé cette conscience d'un futur loin de la Caserne de Flammes s'effacer dans un coin de son esprit. Il avait peur de lui faire face et maintenant qu'il vivait au palais impérial d'Alfaë, il ne pouvait plus faire semblant de ne pas savoir. Alors pour combler le vide laissé par Agonie, il se plongea corps et âme dans l'apprentissage du prince parfait. S'il ne pouvait devenir le Chevaucheur de légende dont il avait rêvé, le jour où il prendrait le flambeau de son père, il se montrerait à la hauteur grâce à son travail acharné.
Il s'habituait à la vie au palais, mais pas à l'absence, ni au vide. Ni à la pression. Jamais assez parfait. Jamais assez rapide. Jamais suffisant. Il se le répétait constamment. Jamais assez rien. Le soir, lorsque la journée s'achevait, sachant Agonie en vol avec un autre Chevaucheur, il ne supportait plus d'être lui-même. Et c'est comme ça qu'il commença. Il avait entendu parler comme tout le monde des spiritueux des Cielsombrois. On disait qu'une petite dose suffisait à soulager de tous les soucis. C'est ainsi qu'il tomba dans le cercle vicieux des drogues. Il n'en prenait qu'un peu Antonin, il connaissait le danger de telles substances, il se croyait être capable de résister, mais il se prit lui-même au piège. Ça non plus, ce n'était jamais assez. Plus il en prenait, plus il en avait besoin. Plus, toujours plus.
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Pendant le livre II : Si les mois suivants furent durs pour Ibélène, ils restèrent un moment cléments pour Antonin, bien qu'il se reconnaissait dans les traits de son cousin, encore si jeune pour devoir assumer les devoir de son père alors que sa mère venait tout juste de rejoindre le royaume de Sithis. S'il ne rencontra pas de difficultés personnelles, de nouvelles peurs s'insinuèrent et empoisonnèrent le sang coulant dans ses veines. Il tremblait Antonin. Que ferait-il si Gustave était subitement emporté par le dieu sans visage? Il avait travaillé fort, il s'était démené pour ne pas devenir ce garçon qu'il avait entrevu dans cette autre réalité, ce rêve un peu fou, mais il le savait. Il le savait très bien qu'il n'arrivait pas encore à la cheville de son père et qu'il avait encore beaucoup à apprendre avant d'oser espérer pouvoir prendre sa place.
Il n'avait que 21 ans Antonin, mais il était temps pour lui aussi de penser à se marier. Il prenait son devoir au sérieux. Ça et un léger différend avec le comte de Rivepierre le poussait à agir en ce sens. Au début d'août, il convoqua Gabrielle de la Volte à Alfaë. Néanmoins, un terrible fléau s'abattit sur les mages retardant la visite. Une épidémie magique s'était répandue sur le continent, clouant au lit tous les mages par la fièvre. Comme les autres, Antonin fut prit de délires, délires qui ne prirent fin qu'une fois que des convois organisés par la Rose Écarlate ne se procure un antidote après avoir fait route jusqu'à Roc-Épine, convois auxquels avait participé la princesse cibellane à qui il commença à faire la cour dès leur rencontre.
Encore jeune, l'enfant d'Outrevent ne connaissait encore rien aux jeux de l'amour. Il s'ingénia pour trouver des cadeaux, plus resplendissants les uns que les autres pour séduire cette femme. Il n'était pas amoureux, mais il respectait la tradition cibellane. Il désirait lui montrer que même s'il était question d'un mariage de raison, il ne l'enchaînerait pas. Et... il ne pouvait s'empêcher de constater qu'elle était jolie et intelligente, Gabrielle. Comme pour beaucoup, jusqu'alors elle n'avait été pour lui que l'ombre de sa soeur aînée, la duchesse de Cibella, mais alors qu'il apprenait à la connaître, il découvrit qu'elle était plus que cela. Le coeur encore pur, incertain de ses sentiments pour la princesse, mais convaincu qu'il avait sa chance de bonheur auprès d'elle, même s'ils ne développaient jamais de sentiments amoureux l'un pour l'autre, il lui demanda sa main le 21 décembre 1002, scellant ainsi leur destin à tous les deux dans ces moments troubles. La Chasse Sauvage, la mort d'Augustus et la trêve, tout cela était bien loin quand il se perdait, les joues rosissantes, dans le regard de Gabrielle.
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TRAME ALTERNÉE (Intrigue 2.3 La Roue Brisée)
Lorsqu'il se réveilla lors de la réalité alternée, le 27 avril, il crut à un mauvais rêve, mais plus encore à sa descente aux enfers. La drogue avait-elle complètement changée son monde? Connu pour être un prince indolent, amoureux d'une certaine Cassiopée, il fut pris au dépourvu lorsqu'il dut venir en aide à une mage du nom d'Ilse. Lui qui avait été toujours si travaillant se retrouvait dans la peau d'un homme qui n'avait jamais rien fait de mieux que de se complaire dans l'opulence de sa position. Au retour à la normale, confus de l'expérience, Antonin décida toutefois d'en conserver le souvenir pour ne jamais oublier où la paresse pourrait le mener. Pour se prouver à lui-même que toute la pression qu'il se mettait avait raison d'être, qu'elle portait ses fruits. Si un temps cette expérience le tint éloigné des spécialités cielsombroises, le besoin viscéral revint vite. Trop vite.
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Pendant le livre III : Au cours de l'an 1003, Antonin a poursuivit ses études auprès de son père pour devenir son digne héritier. Sa relation avec Agonie s'étiole et lui cause d'immenses souffrances qu'il console auprès de sa fiancée qu'il s'est appliqué à voir plus régulièrement. Présent les festivités organisées pour célébrer la promotion de Gabin, il est toutefois resté terré auprès de Gabrielle pendant l'attaque des momies erebiennes sans se montrer utile. Le poids de la déception pèse lourd sur ses épaules. Il a également assisté au mariage de Bartholomé où il a tout fait pour se rendre utile et évacuer le navire naufragé.
Chronologie
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4 février 981 : Naissance d'Antonin
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10 août 984 : Naissance d'Armandine
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993 : Découverte de sa magie de l'Automne
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Septembre 994 : Entrée à l'Académie de la Magie et du Savoir, cursus vérité
999 : Fin de son cursus, il se présente à la Casener de Flamme et est choisi par la dragonne Agonie
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Intrigue 1.4 L'Ordalie de diamant : Gustave revendique le trône de Faërie, mais échoue. Antonin quitte la Caserne de Flamme où il était apprenti Chevaucheur.
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Intrigue 1.5 Le Tournoi des Trois Opales : Gustave profite du Tournoi pour tenter d'enlever Chimène de Faërie. L'enlèvement échoue et la famille de la Rive est mise à l'abri par l'Ordre du Jugement.
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Intrigue 1.6 La Danse des Trépassés : Gustave réussit à enlever Chimène et la fait passer pour morte. Gustave devient empereur de Faërie et Antonin prince de Faërie.
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25 janvier 1002 : La guerre est déclarée entre Faërie et Ibélène.
• Intrigue 2.3 La Roue Brisée : Antonin est un prince connu pour être indolent et paresseux.
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Intrigue 2.5 La Mort dans les Veines : Comme tous les mages, Antonin est touché par l'épidémie magique. Il ne se relève de la maladie qu'après avoir pris l'antidote.
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15 octobre 1002 : La survie de Chimène est rendue publique, celle-ci abdique officiellement en faveur du Gustave qui lui rend son titre de princesse impériale.
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6 décembre 1002 : Suite à la mort de l'empereur d'Ibélène, Gustave propose une trêve, en signe de respect.
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13 décembre 1002 : Armandine de Faërie et Tristan d'Amar sont fiancés.
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21 décembre 1002 : Antonin se fiance avec Gabrielle de la Volte.
23 septembre 1003 : Armandine épouse le marquis Tristan d'Amar, mage du Sang et Chevaucheur lagran.
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Intrigue 3.5 La Joueuse de Flûte : Antonin assiste au mariage de Bartholomé avec une opportuniste.
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21 décembre 1003 : Antonin épouse Gabrielle de la Volte.
Tout ce qui est exquis mûrit lentement
Gabrielle de la Volte & Antonin de Faërie
12 mars 1003
Les annonces des fiançailles avaient été annoncées le 2 janvier de l'an 1003 à travers tout l'empire de Faërie. Les rencontres se sont espacées tranquillement, désormais assuré de sa main, obligé de me tourner de nouveau vers mes devoirs. La trêve signée pour respecter le deuil de l'empereur d'Ibélène arrivait déjà bientôt à sa fin, beaucoup trop vite et le temps de décider si l'offensive reprendrait approchait. La situation m'appelait beaucoup à me retrouver auprès de mon père afin d'apprendre le métier d'empereur auprès de lui, mais aussi d'imposer ma place en tant que prince. Et les heures qui n'étaient pas passées à le suivre dans ses réunions avec nos différents alliés et conseillers étaient toutes consacrées à l'étude et à l'apprentissage. Les semaines passées avaient été particulièrement occupées et depuis le séjour de Gabrielle au palais pour la réception organisée par mère, nous ne nous étions plus revus. Mes obligations me tenaient loin de la cour que je lui faisais. Il en serait probablement ainsi tout au cours de notre vie d'homme et femme mariés en vérité, mais j'aurais aimé lui offrir au moins quelques temps pour apprendre à mieux se connaître, à s'apprivoiser, à entretenir les bases d'une affection qui jouerait sur notre bonheur futur. À défaut de lui offrir un amour passionné, j'aurais voulu lui offrir du temps, mais même mon temps je n'en avais pas le contrôle. Je ne pouvais lui offrir même si peu. J'éprouvais quelque inconfort à cette idée, mais il en était ainsi et en s'engageant à passer sa vie à mes côtés, la princesse savait, elle devait savoir, que mon devoir envers Faërie m'appellerait souvent à être éloigné d'elle.
Dans ces temps occupés, une source de réconfort, en-dehors des percées d'Agonie qui était revenue dans mon esprit, venait des lettres qu'elle m'envoyait régulièrement. Enfermé dans mes appartements, je les lisais avec plaisir et je tâchai d'y répondre rapidement. Les parchemins couverts de ses mots qu'elle m'avait envoyés dormaient tous dans un coffre posé sur ma table de travail. Elle me rappelait que les efforts que je mettais en place était aussi pour elle. Faërie serait grand et elle règnerait sur un empire fort et resplendissant à mes côtés. J'aurais alors tou fait pour aider mon père en cette période troublée pour lui offrir un règne bien différent de celui qu'aurait connu ma mère. Gabrielle n'aurait pas à se faire durement sa place à mes côtés, je me promettais de lui rendre la vie douce et agréable.
Et si je n'avais pas cherché sa présence pendant tous ces jours, c'était parce que j'avais une idée bien précise en tête dont je ne voulais pas démordre. J'avais un devoir à accomplir envers Faërie, il était si important qu'il m'imposait de négliger ma promise, mais j'avais des obligations envers celle-ci et je ne devais pas la laisser se sentir délaissée. Nos escapades entourées de gardes à Alfaë étaient désormais bien loin et un jour spécial approchait. Celui de son anniversaire.
Si je n'avais été qu'un homme normal, qu'elle une jeune femme parmi les autres, je me serais simplement présenté à la porte de sa demeure pour l'emmener faire une promenade. Je l'aurais ramenée à ses parents avant que la noirceur ne tombe et tout cela aurait été une surprise pour elle. Néanmoins, nous n'étions pas de simples gens. Dans une lettre précédente, je lui avais donc demandé l'autorisation de la visiter dans sa baronnie du Ru-d'Argent à l'occasion de son anniversaire. Gabrielle était particulièrement jolie quand elle parlait de ses terres, ses joues prenaient la teinte de boutons de rose alors que ses yeux brillaient de mille éclats. Je craignais qu'elle ne me refuse ce droit, et je n'eus de cesse de me tourner dans mon lit le soir en y songeant, attendant sa réponse sous les railleries d'Agonie qui trouvait très amusants mes tourments.
La réponse était tombée et j'avais eu l'autorisation de me présenter le 12 mars 1003 sur ses terres. De mon père, j'avais la permission de m'absenter quelques jours, trop peu, mais la situation m'empêchait de faire mieux.
Le matin, après avoir vérifié une dernière fois que j'avais rempli tous mes devoirs avant de partir, je pris un portail accompagné d'une escorte de gardes plus ou moins réduite en direction de ma belle. Avais-je le droit de l'appeler ainsi? Elle méritait ce titre néanmoins. J'étais nerveux, j'avais préparé quelques présents pour elle. Il n'était plus nécessaire d'en offrir pour lui démontrer que j'étais un bon parti, mais je voulais me faire pardonner du peu d'attention que j'avais pu lui accorder jusqu'à présent. Avec un peu de chance, elle m'accorderait sa clémence.