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 Au cœur de la nuit

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Message Sujet: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptyVen 6 Oct 2017 - 2:41


Livre II, Chapitre 5 • La Mort dans les Veines
Anthim d'Erebor & Shéhérazade Khamsin

Au cœur de la nuit

Coulent des larmes de sang




• Date : 30 septembre 1002
• Météo (optionnel) : Il fait nuit.
• Statut du RP : Privé.
• Résumé : Shéhérazade a boulotté le cœur d'un assassin venu s'en prendre à Mansour ; et elle partage son trophée avec son époux venu calmer l'agitation du harem.
• Recensement :
Code:
• [b]30 septembre 1002 :[/b] [url=http://arven.forumactif.org/t2697-au-coeur-de-la-nuit#82745]Au cœur de la nuit[/url] - [i]Anthim d'Erebor & Shéhérazade Khamsin[/i]
Shéhérazade a boulotté le cœur d'un assassin venu s'en prendre à Mansour ; et elle partage son trophée avec son époux venu calmer l'agitation du harem.

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Message Sujet: Re: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptyVen 6 Oct 2017 - 2:41

Sans pitié.
Sans pitié, jamais, devant un crime trop noir pour être raconté ! C’est ainsi que Shahryar l’a élevée, en lui enseignant qu’il faut toujours rendre les coups et rendre à l’ennemi chaque affront, chaque assaut, chaque blessure. Ainsi est-elle faite, la première épouse Shéhérazade, la fille de l’ancien émir du clan Khamsin dont la rumeur dit qu’elle a dévoré le cœur des mains de son frère, encore palpitant d’avoir été arraché à la chair de son père.

Elle est terrifiante, la fille du roc, tandis qu’elle parcourt les couloirs du harem avec son fils sur la hanche, cramponné de ses petits poings aux voiles qui parent sa mère – tandis qu’elle avance le long des appartements, ses filles à la queue leu leu derrière elle, les grandes guidant les petites, toquant à chaque porte, exhibant le cœur ruisselant qu’elle tient dans son autre main, demandant à chacune « Était-ce ton assassin ? ». Si la marque des incisives manque de netteté sur le ventricule mutilé, les traînées de sang qui maculent ses lèvres et son menton ne laissent aucun doute sur les bouchées avalées par la princesse des Khamsin.

Un assassin !
Penché au-dessus du lit de son fils, au plus noir de la nuit !

Elle a hurlé, la première épouse, elle a hurlé son cri de guerre, bondi sur l’homme. Le reste, elle ne s’en souvient pas vraiment. L’instinct de la mère devant son petit en danger a oblitéré toute pensée. Comment le kriss ondulé est-il venu se trouver dans sa main, comment a-t-elle occis l’assassin ? Elle ne sent pas la blessure sur son épaule dénudée, là où l’ignoble l’a meurtrie. Elle ne sent pas, l’entaille sur son flanc, qui laisse perler son propre flot de sang. Elle serre contre elle le petit corps de Mansour, terrifiée à l’idée de le lâcher, tenant fermement les rênes à la panique rétrospective qui menace de l’emporter.

Et elle traverse tout le harem, Shéhérazade, réveillant chaque concubine, provoquant leurs hurlements horrifiés emplis de répugnance, de terreur, de dégoût. Elle cherche la coupable – celle qui a payé la lame du kriss abandonné devant le lit d’enfant, celle qui a demandé la vie de Mansour. Celle qui a osé s’attirer le courroux d’une Khamsin. À chacune, elle murmure, comme un avertissement, l’aspergeant des gouttes encore tièdes de ce sang impie, que la prochaine à lever la main contre l’un des enfants du sultan, quelle qu’en soit la mère, paiera ce crime de son propre cœur. Et elle avance, Shéhérazade, de porte en porte, les eunuques s’écartant devant elle, ses enfants derrière elle, auréolée de son courroux vengeur, barbouillée d’écarlate, splendide comme une déesse guerrière tombée des cieux pour exiger son dû.

Et les cris résonnent, dans la nuit de septembre, tandis que l’hystérie des concubines tirées du lit augmente et se multiplie. Un garde court avertir le sultan de ce qui se joue dans les appartements de ses femmes ; et tandis que la première épouse fait une entrée remarquée dans le cloître où se situe la porte seigneuriale menant aux quartiers du duc au palais, Anthim en personne s’en vient calmer les esprits de sa ribambelle de femmes. Tendant droit devant elle le cœur entamé, c’est d’un geste ferme, mais empli d’un profond respect, que Shéhérazade le dépose dans les mains de son seigneur et maître.

« Votre Grâce, mon époux. Cet assassin-là ne tuera plus. »

La froide excitation tapie dans sa voix, le frisson délicieux de la mise à mort, la joie barbare d’avoir dévoré la force vive de son ennemi – tout cela transparaît dans la voix vibrante de la concubine, dans son sourire féroce imbibé d'écarlate, dans son regard enfiévré qui scintille à la lueur des flammes. Apprivoisée et recluse, de sa propre volonté, loyale et fidèle jusqu’à la mort – mais jamais domptée, et libre de chaînes, cette fille des sables au cœur sauvage !

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Message Sujet: Re: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptyJeu 12 Oct 2017 - 11:29

Même les cris, au cœur de la nuit, avaient finit par résonner jusqu’aux appartements privés du sultan des sables. Anthim venait à peine de revenir d’une excursion nocturne sur les dunes, écourtée par nécessité, quand un garde du harem arriva jusqu’à lui, le teint blême et inquiet. Si le visage était déjà la preuve que quelque chose se tramait, la voix ferme de l’homme et les mots qui coulèrent de sa bouche achevèrent de confirmer les soupçons du duc.

Un assassin dans le harem. Shéhérazade, sa première épouse après la sultane, et le second prince Mansour, étaient les cibles dudit assassin. On la disait marchant fièrement dans le palais fermé, le cœur boulotté de l’assaillant dans la main, à la recherche de la commanditaire.

Selon le garde, elle était la cause de l’agitation qui s’élevait et qui allait finir par réveiller une part entière du palais. Les cris hystériques des femmes étaient tels que même les djinns du désert auraient préféré fuir. Mais le sultan des sables était nécessaire pour calmer les hurlements de terreurs et la folie qui s’emparait de son harem. Aussi n’hésita-t-il pas une seule seconde pour se diriger vers l’entrée de celui-ci. Lorsqu’il passa la lourde porte, ses gardes se déployèrent autour de lui, silencieux et observateurs, empêchant ses femmes de se précipiter à ses côtés, apeurées par la première épouse qui se tenait droit devant lui, l’air farouche et le sang maculant ses lèvres. Il était là pour calmer les esprits et dès qu’il fut présent, le brouhaha commença à se tarir. Il fut totalement éteint lorsque Shéhérazade tendit vers lui le coeur de l’assassin et le déposa dans la main qu’il avait avancé à son attention. S’il éprouva un dégoût certain pour l’organe encore chaud qui maculait de sang la manche de son riche vêtement, il n’en montra rien ni ne détourna le regard de son épouse. Un instant, leurs yeux restèrent à s’accrocher ainsi, sous les visages médusés et encore tremblants des autres femmes. Puis avec autorité, il porta la voix à leur intention, balayant du regard la pièce.

“Retournez dans vos appartements. Sauf vous, Shéhérazade mon épouse, attendez un instant.”


Il avait pourtant beaucoup d’affection pour certaines de ces femmes qu’il avait choisi - et même celles qui s’étaient offertes à lui - mais il n’avait pas la patience ce soir de voir chacune d’entre elle ne serait-ce que pour leur assurer que tout allait bien. Les choses n’allaient pas bien dans le harem, et Anthim le savait parfaitement. Mais il n’avait ni le temps de s’en occuper, ni le devoir de le faire. Cette tâche était celle de sa sœur, avant, et techniquement aujourd’hui celle de Sitara. Mais il était complexe, en ces temps troublés, de s’occuper des détails. En tous les cas, les femmes ne cherchèrent pas à contester l’autorité de leur souverain et époux. Et si un certain nombre fut tenté de lui adresser la parole, l’idée mourut instantanément et elles se détournèrent. Lorsque le cloître fut vidé des épouses, il se tourna vers un garde à qui il tendit le cœur, et ordonna aux autres :

“Allez débarrasser les appartements de la première épouse du cadavre qui s’y trouve. Et faite venir le médecin du harem.”

D’ordinaire, cette tâche aurait dû revenir à Alméïde, médecin de ses épouses, mais ce rôle lui avait été retiré - en même temps que celle de gestionnaire du harem - dès qu’elle était partie définitivement pour Lorgol et que sa route la conduirait ensuite jusqu’en Sombreciel où elle épouserait Castiel. D’une certaine manière, lorsqu’elle était partie dans les premiers jours d’août, le duc avait dit adieu à sa sœur qu’il ne reverrait plus jamais comme avant. Et avec beaucoup de mauvaise foi, il hésitait toujours à se rendre à ce mariage en Sombreciel qu’il continuait sans cesse de désapprouver. A dire vrai, il ne parviendrait sans doute jamais à accepter totalement cette union.

“Venez, vous êtes blessée.”

Il ne lui faisait sans doute pas remarquer, mais le dire ainsi était le signe que lui en tout cas avait vu la blessure qui saignait sur son flanc et l’entaille qui rougissait son épaule. Il tendit la main pour prendre celle de la femme, et la dirigea vers ses appartements qui étaient au même instant vidés par les gardes. Le cadavre passa devant leur regard, le torse ouvert d’un coup précis et vidé de son coeur. C’était parfaitement dégoûtant, mais tels étaient les Khamsin. La savante qu’il avait fait mander arriva à peine quelques secondes plus tard. Il aurait pu s’en aller, Anthim, maintenant que Shéhérazade était entre de bonnes mains, mais il avait le coeur tendre et aimant, pour cette femme qui était la première à l’avoir épousé, et il demeurerait alors dans les appartements jusqu’à ce qu’il soit assuré de sa bonne santé. Alors qu’elle était invité à s’asseoir par le médecin, la savante eut quelque peu du mal à examiner les plaies, à cause de la présence de l’enfant que Shéhérazade maintenant contre son sein, décidée à ne pas le lâcher.

“Soyez raisonnable mon épouse et laissez notre fils à d’autres bras. Vos blessures sont peut-être graves, laissez le médecin vous examiner correctement.”
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Message Sujet: Re: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptyDim 15 Oct 2017 - 14:15

Oh, comme elle aime l’ambiance de terreur qu’elle répand en ce soir de fureur, Shéhérazade ! Shahryar serait-il fier de la vengeance terrible de sa sœur, serait-il fier de la femme résolue qu’elle est devenue grâce à ses enseignements ? Elle lui posera la question, dans la prochaine lettre qu’elle lui enverra. Pour le moment, c’est l’approbation de son royal époux qu’elle attend, et son regard si sombre scrute la moindre des expressions du sultan, alors qu’il pénètre dans le harem avec sa garde d’élite qui se répand autour de lui comme un paon qui arrangerait ses plumes.

Elle sait bien qu’il ne partage pas son froid appétit pour les cœurs des impies, mais il ne frémit pas lorsqu’elle dépose celui de l’assassin entre ses mains. Il y a dix ans, elle est venue s’offrir au harem par nécessité, la fille de l’émir renégat ; mais aujourd’hui, elle est sauvagement fière d’appartenir à ce sultan si solide. Sait-il, le duc d’Erebor, que sa première épouse lui voue une affection farouche et une loyauté immuable ? Peut-être est-ce pour cela qu’il la garde près de lui, alors qu’il renvoie toutes les autres dans leurs logis respectifs. Ou peut-être veut-il la réprimander ? Un brin de doute saisit Shéhérazade, et elle resserre sa prise sur Mansour. Non, raisonne-t-elle, Anthim ne peut être fâché que son fils soit resté en vie. Peut-être serait-il un peu contrarié de l’agitation qu’elle a semée dans son sillage pendant sa recherche de la commanditaire… Mais au moins, ces folles furieuses se tiendront tranquilles quelques temps, avec la frayeur qu’elle leur a causée ! Depuis le départ de la princesse Alméïde et la reprise en main du harem par la sultane Sitara, les femmes se permettent de plus en plus d’excès. Il faudra réguler tout cela – et la première épouse se fait la promesse solennelle d’y veiller, autant que possible, pour calmer les choses de l’intérieur et faciliter le travail de sa reine.

Anthim l’entraîne à sa suite, prenant sa main libre dans la sienne, et Shéhérazade lui emboîte docilement le pas, flattée malgré tout qu’il ait repéré ses blessures et qu’il s’en inquiète. Le cadavre de l’importun est prestement évacué par les gardes, visiblement, et le regard haineux que la première épouse darde sur lui au passage ferait frémir la concubine responsable, si elle le voyait. À l’intérieur, des eunuques terminent de faire disparaître la flaque de sang à grands coups d’éponges, roulant le tapis définitivement taché, promettant de revenir au matin avec un nouveau pour le remplacer. Machinalement, Shéhérazade opine du chef, serrant toujours Mansour sur son flanc. Le petit, d’ordinaire si vif et éveillé, semble conscient de la gravité des choses et s’agrippe au sari de sa mère sans émettre un seul son.

Ce n’est pas Alméïde qui s’annonce pour examiner ses blessures ; et Shéhérazade regrette l’absence et la compétence discrète de cette femme qui a toujours su prendre soin d’elle et de ses enfants. Celle femme-là est détachée au harem depuis peu de temps, et la première épouse n’est pas encore bien sûr de pouvoir remettre entre ses mains la sécurité de Mansour. C’est donc à Anthim qu’elle tend le petit prince, qui gazouille de joie d’être remis entre les bras de son père, tendant ses petites mains potelées pour tenter d’attraper le rubis taillé fixé au col de sa veste brodée. C’est seulement une fois son fils en sécurité qu’elle laisse la savante examiner ses plaies, grimaçant légèrement alors qu’elle palpe les plaies. Contre le mur, les cinq filles se sont alignées, les deux aînées encadrant les cadettes et veillant sur elles avec une vigilance féroce. Le chagrin noie soudain le cœur de la première épouse, et c’est en silence qu’elle endure la souffrance, le temps que cette étrangère ait terminé son office.

Lorsque la médecin se retire après avoir préconisé du repos, c’est d’une voix fatiguée que Shéhérazade s’adresse à son mari, avec la familiarité respectueuse qu’il lui autorise en son privé. « Anthim, mon époux. Les atteintes sur Mansour se multiplient, et je ne suis pas une guerrière – viendra un jour où je ne saurai pas le défendre, et notre fils mourra. Ne peux-tu le prendre avec toi au palais ? Qu’il soit bien gardé ? Si c’est le prix de sa sécurité, ses sœurs et moi nous séparerons de lui, même si cette idée m’est… pénible, à supporter. Ou peut-être peux-tu nous trouver une guerrière qui consentirait à nous protéger ici ? Une fille des Sadaqa, ton propre clan ? Ou si ses allégeances claniques poseraient problème, une étrangère bien payée, peut-être, une de ces guerrières sacrées de Valkyrion ? »

Elle y a réfléchi, la première épouse, depuis le premier attentat, et lorsque le silence retombe dans la pièce, elle perçoit l'attention que ses filles portent à la décision de leur père. Est-ce qu’une garde du corps skjaldmö accepterait de se reclure au harem pour protéger une des concubines et ses enfants ? Est-ce qu’Anthim, surtout, y consentirait ? Shéhérazade n’en sait rien – ce qu’elle sait, c’est qu’elle est fatiguée d’avoir peur, et de devoir scruter chaque ombre…

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Message Sujet: Re: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptyLun 23 Oct 2017 - 23:42

Le silence répond à sa question, mais Shéhérazade n’est pas sans réagir. Sur son visage, Anthim lit un instant le doute en observant la médecin qui s’avance vers elle, et il devine la crainte qu’elle peut ressentir à la venue de cette étrangère. Il savait combien il était difficile de faire confiance à quelqu’un dans le harem. Alors en silence, il attend. Et quand elle tend vers lui un Mansour plein de joie, il prit l’enfant dans ses bras avec une réelle affection sur le visage. Un semblant de sourire vient même ourler le coin de ses lèvres alors que le petit tente de jouer avec les riches bijoux ornant son vêtement. Satisfait que les soins soient si rapides et efficaces, il ne tarda pas à congédier la savante qui les laissa dans le silence pesant de la pièce. Ses gardes, il le devinait, avaient su ramener le calme dans le harem par leur seule présence inquiétante, et au moins ainsi, personne ne viendrait espionner ce qui se dirait cette nuit dans la pièce.

La voix lasse de son épouse attire vite son regard. Ce n’est pas sans lui rappeler l’inquiétude constante de Sitara pour ses enfants, elle qui avait connu l’horreur de voir Qasim lui être dérobé et parfois même clairement menacé. Le cœur généreux et inquiet du sultan des sables se serre, à chaque parole que lui assène Shéhérazade. Pourtant, s’il sait son besoin de protéger leur fils, il ne peut déroger si simplement à certaines règles. Il y avait bien songé, une fois, en demandant la princesse Ljöta en mariage pour sauver Erebor du danger, mais de lourdes conséquences avaient pesé dans la balance à ce moment là. La tradition ne pouvait être abolie, au risque de fâcher les anciens clans du désert et du roc.

« Il m’est tout aussi pénible qu’à toi de le savoir en danger, Shéhérazade. Mais la loi et les traditions sont ce qu’elles sont, tu le sais aussi bien que moi. Je ne peux prendre notre fils hors des murs du harem, tout prince soit-il. » Oh bien sur, ce n’était pas totalement chose impossible, mais le duc savait combien pouvaient être susceptibles les clans. Il devrait œuvrer sérieusement pour obtenir un jour un tel droit qui ne lui revenait pas entièrement, quand bien même était-il le duc et le sultan. « Une fille de Valkyrion ne sera jamais admise en mon palais, mais je peux accéder à ta requête de trouver une guerrière de mon sang pour veiller sur toi. J’enverrais un message à l’Emir Sadaqa et, si tu le souhaites, nous rencontrerons ensemble ces femmes qu’il m’enverra. Tu choisiras celle en qui tu peux porter ta confiance. » C’était pour l’instant la seule chose qu’il pouvait faire pour elle, et il connaissait les enfants de son clan. Il préférait sans aucun doute une guerrière issue des sables plutôt qu’une fille venue des contrées enneigées, quand bien même la réputation des Skjaldmö n’était plus à refaire.

Percevant la fatigue montante en son épouse, il confia le petit Mansour à l’ainée des filles de Shéhérazade avant de revenir s’asseoir près d’elle.

« J’aimerais tant t’épargner ces troubles et cette peur, mon épouse, mais je ne puis veiller si facilement sur vous. Sais-tu, ma douce, que ma sultane a reçue des menaces, elle aussi. Encore, alors qu’elle m’a donné un troisième fils. Je crains de ce qui pourrait leur arriver, tout comme je crains ce qui pourrait vous arriver à toi et aux enfants. »
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Message Sujet: Re: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptyDim 12 Nov 2017 - 14:45

Les lois qui régissent le harem sont immuables, et Shérérazade sait bien que le sultan ne peut y déroger, tant le respect de la tradition est important pour le peuple d’Erebor. Et pourtant, ces coutumes érigées en lois au fil du temps ont provoqué la mort de plusieurs épouses et enfants, à chaque génération. N’y a-t-il pas eu deux dauphins assassinés avant Anthim, deux frères aînés massacrés – Majda d’une part, Alméïde et Rejwaïde d’autre part, ne portent-elles pas toutes trois le deuil d’un frère qui aurait dû régner ? Combien de vies ont été mutilées par les conflits internes qui secouent le harem du duc couronné – combien de concubines assassinées, combien d’enfants massacrés…

La première épouse refuse que son fils en soit la victime. Si seulement Mansour pouvait grandir au contact de Qasim – oh, si seulement son fils apprenait dès à présent à toujours seconder et soutenir celui de Sitara ! Combien la couronne serait forte, d’avoir ainsi un sultan secondé de tous ses frères, quelle que soit la femme qui leur ait donné le jour ! C’est une belle chimère, un rêve d’utopie qui sûrement ne pourra jamais se réaliser, car Mansour sera reclus au harem jusqu’au couronnement de Qasim ; jusqu’à ce qu’il en soit chassé sans aucune considération ni aucune reconnaissance. Le cœur de la princesse Khamsin en saigne, mais telle est la loi d’Erebor, et nul ne saurait y déroger. Cela résoudrait tant de problèmes, pourtant. Elle s’en est déjà ouverte à son royal époux, exposant ses rêves de fratries unifiées, d’une époque où Qasim régnerait avec Mansour à ses côtés pour le défendre et le protéger. C’est ainsi qu’elle a élevé ses filles, dans le respect et le dévouement dus au dauphin de la couronne ; mais elles sont minoritaires au sein du harem à partager ces idées-là. Juste une poignée de femmes, qui se comptent sur les doigts d’une main – les sages et les loyales, les paisibles et les droites. Cinq femmes. Cinq soutiens, sur une trentaine de concubines, pour la sultane Sitara et ses enfants.

Cinq femmes à abattre.
Les préférées du duc, pour autant que Shéhérazade sache en juger.
Cinq victimes qui seront fauchées, un jour ou l’autre, par la jalousie et la haine.
Cinq oiselles, prisonnières d’une cage qui les meurtrit si fort, précisément parce qu’elles ont privilégié la douceur à la violence des harpies qui hantent les lieux.

Un soupir de soulagement échappe à la première épouse lorsque que son duc accède à sa demande, et d’un signe de tête elle indique à Satya et Sejal d’aller coucher leurs cadets. L’aînée dépose Mansour endormi dans le petit lit disposé à côté de celui où leurs parents sont assis, et disparaît dans la pièce attenante avec ses sœurs, ménageant aux époux une intimité bienvenue. Une fois les enfants hors de vue, la concubine laisse la fatigue apparaître pleinement sur ses traits, trahissant sa détresse et son inquiétude. « Je te remercie. J’aurai plaisir à rencontrer tes parentes Sadaqa pour choisir celle qui veillera sur notre fils et nos filles. Si… Si tu n’as pas assez de sigisbées pour défendre Sitara et Qasim, et le deuxième prince et la princesse, peut-être pourrais-tu… ? Enfin. Mon frère, Shahryar, appartient à la Main Noire, tu le sais. C’est notre cousin qui règne à présent sur le clan Khamsin, et je sais qu’il t’est aveuglément loyal. Il t’enverrait des guerriers pour rejoindre la garde du palais, si tu le demandais. De nombreuses tribus de mon clan prendraient à cœur de répondre à ton appel, mon époux – nous sommes les gardiens des morts, mais nous sommes également fils et filles du désert. Nous ne sommes jamais appelés au service des vivants, pourtant notre foi est forte : nous n’aurions ni trêve ni repos tant que ceux qui en voudraient à ta lignée respireraient encore. »

Doucement, Shéhérazade dépose une main prudente sur le bras d’Anthim, dans un muet appel au réconfort. La soigneuse a lavé les traces de sang sur sa peau, et c’est donc avec un grand respect que la fille des vallées funéraires se permet ce toucher familier. Elle est si lasse, ce soir ! L’adrénaline qui l’a aidée à abattre l’assassin a déserté son organisme à présent, et elle redevient la femme délicate qui a passé les dix dernières années de sa vie recluse dans un nid de vipères.

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Message Sujet: Re: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptyMar 19 Déc 2017 - 18:29

Il ne lance qu’un vague regard aux filles de Shéhérazade qui quittent la pièce sans un mot. Il ne les connaît pas vraiment, ces enfants qui sont pourtant de son sang, et ce n’est que depuis la naissance de Mansour qu’il pose réellement un regard sur elles. Les lois du harem et d’Erebor sont bien cruelles, mais ainsi sont les erebiens. Attendant dans le silence une réponse de son épouse, il se prend à observer les traits fatigués et inquiets qui trahissent tous ses sentiments. A l’inverse, il est solide et impénétrable, Anthim, et seuls ses yeux d’une pureté azurée expriment ce qu’il peut vraiment ressentir. Pourtant, dès l’instant où les filles sortent de la pièce, sa main vient se poser sur le flanc indemne de Shéhérazade, l’attirant à lui avec une extrême douceur.

Oh il entend bien ce qu’elle dit, mais cela le laisse songeur. Incertain. Bien sûr qu’il manque de sigisbées pour protéger sa sultane et les enfants qu’elle lui a donné. Mais ce n’était pas si simple, et il le savait. Non qu’il n’avait pas confiance en Sinbad Khamsin, émir du clan des Thaumaturges, le duc restait relativement sur ses gardes après ce qui était arrivé à sa sœur Alméïde et à sa chère Sitara. Il savait bien que Shéhérazade ne cherchait qu’à l’aider et il lui en était reconnaissant, mais un voile sombre couvrait toujours les prunelles du sultan des sables, plongé dans ses pensées. Un soupir enfin finit par rompre le silence.

« Je le sais. Je sais que ton clan accepterait sans condition mes demandes et je leur en suis profondément reconnaissant. Mais ce n’est pas si simple, ma douce. Si je contacte les Khamsin pour leur demander cette faveur, que crois-tu que les autres penseront ? Favoritisme de ma part, pour protéger ma sultane, elle qui n’est même pas de votre clan. J’entends bien... mais ce n’est pas simple. » Qu’il répète, préoccupé par cette proposition.

Mais ce n’est certainement pas la seule chose qui l’inquiète et peu à peu, il en fait part à Shéhérazade, qu’il sait prompt à écouter ses avis et craintes, comme pouvait le faire Sitara d’ailleurs.

« Et ce n’est hélas pas la seule chose qui me pose problème, à vrai dire. Je dois choisir avec vigilance ceux qui veillent sur les miens. C’est de plus en plus compliqué de faire confiance… » Sombre révélation, pour le duc d’Erebor pourtant loyal et aimant de son peuple. Bien vite, il dénoue la complexité de ses pensées, expliquant à Shéhé le fond du problème. « Tu sais ce qu’est l’Ordre du Jugement n’est-ce pas ? Un groupe dangereux qui s’en est déjà pris à Alméïde et Sitara, à plusieurs reprises. » Combien de fois était-il venu se confier à sa première épouse, lorsque sa sœur avait été porté disparu, enlevée par ces gens de l’Ordre qui agissaient par le massacre et la torture. « Je sais qu’ils sont infiltrés un peu partout et que Sitara a déjà subit de nouvelles menaces. Depuis plusieurs mois, je sais que nombreux sont les clans du désert à se rallier à leur cause. » Cela, il ne pouvait l’accepter. Ou du moins, ceux qui avaient attentés à la vie de ses êtres chers. « Pourtant… leurs valeurs sont louables, leurs objectifs nobles et je les partage. Mais comment pardonner tout ce qu’ils ont fait ? » Les actes des plus extrémistes, sans nuls doutes. Mais en ces conditions, comment pouvait-il faire appel à des gens des clans des sables, sans risquer d’apporter plus de danger au sein de son propre palais ?
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Message Sujet: Re: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptyVen 22 Déc 2017 - 17:52

Un instant, Shéhérazade savoure le silence retombé dans la pièce close, maintenant que les ses filles sont parties se coucher et que Mansour s’est assoupi dans le petit lit qui est le sien. Juste un moment, juste quelques secondes dérobées à la solitude du quotidien, la tête posée sur l’épaule d’Anthim et son bras solide la tenant à l’abri comme la plus imprenable des murailles. Elle a toujours trouvé fascinante la coexistence d’une implacable violence et d’une extrême douceur dans l’âme complexe de son époux. Oh, comme elle le respecte, ce sultan ferme et farouche – comme elle l’aime, cet époux qui lui a donné six enfants. Elle l’a connu brutal et emporté, dans ses colères et dans sa rancune, lorsque d’aventure les échos des conflits de l’extérieur parvenaient jusqu’au harem – oh, comme les lieux ont résonné de son courroux intense, lorsque Sitara n’a pas pu calmer totalement sa rage en apprenant les actes clandestins de la princesse Alméïde ! Elle-même a entendu la fin de la litanie de reproches qu’il est venu ensevelir entre ses bras, quelques soirs plus tard.

De lui cependant, elle n’a jamais reçu que de la tendresse et du respect. Il n’est pas de ces hommes qui déchargent leur frustration sur leurs femmes, et s’est toujours gardé de malmener les résidentes du harem, quand bien même certaines passaient les bornes. Il punit avec une ferme sévérité les excès et les crimes, oui – mais jamais injustement, et les jours que Shéhérazade a coulés au harem jusque-là ont été plutôt doux lorsqu’il venait les ensoleiller de sa présence. Anthim, seigneur d’Erebor, sultan des sables, roi des gitans – impitoyable avec ses ennemis, mais indulgent avec elle. Aucune autre ne peut se targuer d’avoir la liberté de visiter la bibliothèque du palais en dehors du harem, et elle n’abuse pas de ce privilège, préférant emporter de pleines brassées de livres qu’elle échangera à ses prochains visites. Elle est l’une des préférées, oui ; et elle qui goûte tellement le calme de l’obscurité n’a jamais éprouvé le besoin de rejoindre la lumière. Oui, elle apprécie la sérénité de ce moment de complicité d’époux à épouse, le nez niché au creux de son cou, confiante et abandonnée ; parce qu’elle sait qu’il ne durera pas, et que si son seigneur et maître s’attarde, c’est qu’il a quelque chose à lui dire.

Elle comprend ses raisons de laisser le clan Khamsin à ses strictes fonctions, bien sûr. « L’histoire d’Erebor fourmille de conflits nés de la trop grande fierté d’un clan vexé pour une peccadille. Je comprends ta prudence et je respecte ta décision, époux, bien entendu. Les Khamsin seront là le jour où tu auras besoin de leur soutien, sois-en convaincu. » Elle dépose un baiser tendre contre la peau de son cou, scellant sa promesse, attendant la suite qui ne tarde pas. Silencieuse, elle opine du chef lorsqu’il mentionne l’Ordre du Jugement. La jeune thaumaturge n’ignore rien des merveilles cachées par les partisans de l’Ordre dans les vallées funéraires du duché, c’est presque une tradition qui se perpétue de génération en génération – il y a des membres de l’organisation clandestine dans chaque tribu, et ils sont les gardiens du Savoir, veillant sur les trésors que le continent pensent perdus et qui sont simplement conservés en sécurité par les enfants de Joseï comptant parmi les initiés. « Seigneur époux, peut-être que… »

La première épouse s’interrompt, se mordillant les lèvres dans son hésitation. Elle ne souhaite pas attirer sur elle son courroux en ayant l’air de défendre des actes impardonnables. « Tu le sais, les gens du sable sont sensibles à leurs idéaux. Je n’ai jamais rejoint leur Ordre, mais je connais plusieurs Khamsin qui l’ont fait – et qui ne sont ni des terroristes, ni des assassins. Je sais par la correspondance que j’entretiens avec mes cousines que beaucoup ne se reconnaissent pas dans les actes récents qui ont secoué le continent. Mon époux, je soupçonne – à mon niveau lointain, et je n’ai pas l’intelligence aiguisée qui est la tienne, aussi pardonne-moi si j’ai tort – je soupçonne que l’Ordre ne soit pas aussi uni que leurs revendications le clament. Anthim, et si – et si l’Ordre ancestral était noble et droit, mais ses dirigeants actuels corrompus… ? »

Elle a chuchoté sa dernière phrase, blottie contre lui ; comme si les murs du harem avaient des oreilles, et que les ennemis étaient tapis derrière.

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Message Sujet: Re: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptyMer 10 Jan 2018 - 18:13

Depuis des temps immémoriaux, les conflits naissaient et mourraient en d’Erebor. Son peuple était fier, farouche et les clans qui composait cet immense royaume du sable et du roc pouvait se montrer facilement et excessivement offensé pour bien peu de choses. En tant que duc et sultan, Anthim se devait donc de respecter chacun d’entre eux, sans avoir l’air d’en favoriser un plus que l’autre. A ses yeux d’ailleurs, ces clans étaient tous égaux et bénéficiaient autant de sa bienveillance que de son jugement impartial. Et dès l’instant où il avait ceint la couronne d’Erebor, il avait fait le serment de respecter cet équilibre parfait qui faisait le symbole de son duché. Car au moindre balancement inéquitable, le chaos accourait pour imposer son pouvoir. Shéhérazade savait une telle chose et bien qu’elle lui ait proposé l’idée, elle se ravisa face au discours d’Anthim. Il trouverait autre chose pour protéger sa tendre sultane et ses enfants, il n’en doutait pas. Bien qu’en l’instant, avec la guerre et les conflits à l’extérieur de ses frontières, il ne pouvait affirmer en faire une affaire majeure. Néanmoins, cette simple pensée est calmée par le baiser tendrement déposé dans son cou, lui octroyant quelques frissons bienvenus.

Il a profondément confiance en Shéhérazade, le sultan des sables qui n’est pourtant pas homme à se confier si facilement. C’est Sitara, naturellement, qui est sa plus proche et sa plus attentive confidente, mais la belle et douce première épouse pouvait se targuer de recueillir elle aussi les tourments de son époux et ses colères envers ceux qui l’avaient blessé. Sa sultane ne pouvait pas toujours trouver les mots pour le calmer, alors souvent, c’était vers cette femme de l’ombre, à ses côtés depuis si longtemps, qu’il venait trouver le réconfort. L’amour qu’il lui portait n’était certes pas le flamboyant et puissant qu’il donnait sans retenue à Sitara, mais il n’en était pas moins intense et vrai. Aux yeux d’Anthim, sa belle Shéhérazade était la lumière ténue des lunes, rassurante et protectrice au cœur de la nuit. Et puis c’était une jeune femme intelligente, fine, qui instruisait encore son esprit en mettant à profit un privilège qu’il lui avait offert. Alors quand elle parlait, le duc savait que ses paroles n’étaient ni irréfléchies ni mesquines, que dans ses discours sincères, elle ne cherchait qu’à l’aider et à lui montrer une voie qu’il n’avait peut-être pas encore vue.

C’était le cas ici, ce soir, alors qu’il lui confiait ses craintes sur l’Ordre du Jugement.

Combien de fois Anthim avait-il pu réfléchir à leur propos, questionnant leurs buts et objectifs, ces nécessités qu’ils avaient d’apporter le chaos et la mort dans leur sillage… D’où venaient-ils ? Pourquoi tous ces éclats sanglants qui ne servaient finalement qu’à attiser une haine sur des enjeux qui pourtant méritaient qu’on s’y intéresse ? Car au fond de lui, le duc d’Erebor se reconnaissait profondément dans ce désir de protéger et retrouver ce qui avait autrefois été perdu. Il comprenait tout cela. Il l’approuverait même, s’il n’y avait eu toute cette barbarie dans les actes revendiqués par l’Ordre. Et puis, il ne pouvait pardonner simplement ce qui avait été fait à l’encontre de ses proches. Sa sœur n’avait que trop souffert de sa captivité... Quant-à Sitara, elle avait été à plusieurs reprises cible de ces gens…

Tiraillé à deux extrêmes, Anthim ne savait réellement trop quoi penser de tout ça. Aussi, les mots de Shéhérazade, terriblement prudents, éveillèrent en lui quelque chose. L’idée n’était certainement pas idiotes, et lui qui n’avait pas de contacts avec les gens de l’Ordre ne pouvait avoir de preuves quant-à ces dires qui pouvaient faire sens. Cela méritait, à son sens, de creuser un peu cette histoire. De ce même ton de confidence, le duc baissa la voix pour confier à l’oreille de son épouse ses pensées :

« Je ne puis dire si tu as tort ou raison, chère épouse. Mais je connais ton esprit et tes réflexions sont rarement légères et sans preuves. Si tel es le cas, tous, nous ignorons ce qu’il en est réellement de l’Ordre. » Car si c’était là les actes de dirigeants corrompus qui ne cherchaient qu’à imposer le chaos, alors les véritables motivations de l’Ordre étaient évincées. « Si ce que tu penses est vrai, j’aimerais que tu contactes ceux de ton clan que tu connais qui sont affiliés à l’Ordre, mais qui ne se reconnaissent pas en lui. Je voudrais entendre de leur bouche la valeur qu’ils accordent à cette cause, et pourquoi. Pourrais-tu faire ça pour moi ? »
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Message Sujet: Re: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptySam 13 Jan 2018 - 13:50

L’Ordre du Jugement est un sujet délicat, en Erebor, Shéhérazade le sait bien. Elle-même a grandi chez les Khamsin, clan de la garde thaumaturge, gardien de secrets et de trésors considérables dissimulés au cœur des vallées funéraires ; elle sait que, chez les siens, nombreux sont les sympathisants aux causes défendues par l’Ordre. Comment, en toute logique, peut-on être erebien et refuser qu’Erebor ne retrouve sa grandeur passée ? Du temps de l’âge d’or, avant la Trêve il y a mille ans, c’était le duché de sable et de roc le phare du continent, éclipsant même Valkyrion et ses savants. En Erebor, l’on trouvait les esprits les plus éclairés, les plus progressistes, les plus curieux de découvrir ce qui n’avait pas encore été inventé. Et quelles splendides merveilles dorment encore sous le sable des dunes ! N’eût-elle décidé d’intégrer le harem, elle se serait certainement investie auprès d’eux, pour contribuer à protéger les héritages retrouvés et éviter qu’ils ne soient perdus à nouveau. Elle n’a jamais trop osé en parler à Anthim – et les actes terroristes commis récemment, ces deux dernières années, ont considérablement refroidi son enthousiasme.

Hochant pensivement la tête, flattée que son illustre époux accorde quelque crédit à sa suggestion, Shéhérazade commence à réfléchir aux personnes qu’elle va recontacter. « Je pense qu’il y en aurait plusieurs susceptibles de répondre à ma demande, en effet… D’autant plus s’il s’agit simplement d’un entretien informatif, n’impliquant nulle application de sanction, quelle qu’elle soit. » La susceptibilité d’Anthim n’est plus à prouver, ce n’est rien de le dire ; et la première épouse indique subtilement à son irascible mari qu’il vaudrait mieux ne pas brusquer les éventuels interlocuteurs disposés à le rencontrer sous l’égide de l’Ordre, qu’il s’agisse de représailles physiques comme de simples menaces verbales. Il ne manquerait plus que le sultan déclare la guerre à l’une des plus puissantes organisations clandestines du continent… Le chantage répété et les tentatives d’attentat à la vie de Sitara et de ses enfants pèseront sûrement très défavorablement dans la balance, mais s’il s’agit bien là d’une minorité restreinte de malfaiteurs, peut-être qu’une rencontre avec leurs homologues plus modérés porterait des fruits intéressants ?

Et peut-être qu’une entente avec eux permettrait de placer hors de danger les enfants de la sultane, et Sitara elle-même.
Peut-être.
Cela vaut sûrement la peine d’être tenté.

Shéhérazade dresse mentalement la liste des questions à poser à Anthim, pour savoir qui dire à ses cousines dans son prochain courrier. « Combien d’émissaires souhaites-tu recevoir… et préfères-tu qu’il s’agisse de gradés ? » Elle sait que certains de leurs époux sont plus haut placés que le commun des sympathisants, et s’interroge sur la pertinence d’en associer certains à la rencontre. « Et veux-tu uniquement des Khamsin ? Je sais qu’il y a nombre de partisans chez les Sinhaj, par exemple. La sœur d’Alméide, peut-être… ? Ou même parmi ton propre clan, les Sadaqa… » Pensive, la première épouse laisse retomber le silence, dévidant mentalement l’interminable écheveau des relations familiales et des alliances matrimoniales entre les clans du désert.

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Message Sujet: Re: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptyMer 17 Jan 2018 - 16:39

Nulle sanction et nulle menace. De toute évidence, Shéhérazade se méfiait quelque peu des intentions d’Anthim vis-à-vis de l’Ordre, ce qu’il pouvait comprendre. On le connaissait susceptible lorsque l’on touchait à son égo, et le passif qui régnait sur l’Ordre à ses yeux le faisait partir avec beaucoup de faiblesses. Mais il pouvait se montrer aussi ouvert et sage, patient et à l’écoute. Et une fois encore, quand bien même les actes de cette organisation secrète étaient répréhensibles que leurs objectifs, eux, étaient plus que louable. L’histoire ne mentait pas sur le passé d’Erebor, et ce n’étaient points dans les livres que le duc avait découvert, il y a bien longtemps, la gloire passée de son duché. Quel erebien ne rêverait pas d’un retour à cette époque ? Son territoire était riche, certes puissant, mais il n’était plus le fleuron d’un savoir grandiose. Il était l’ombre d’un passé qu’on avait forcé à se cacher. Non il ne l’ignorait pas, mais avant le retour officiel de l’Ordre, il était tenu de respecter l’autorité de l’empereur. Et agir à l’encontre de la Trêve était une trahison.

Désormais, elle n’était plus.

Alors songer au passé n’était plus un crime.

« Je te promet que ces entretiens seront uniquement à but informatif et qu’aucune décision regrettable ne sera prise. »

Son regard se plonge dans celui de son épouse lorsqu’il précise une telle chose. Il avait sans mal deviné le sous entendu de ses paroles, quand bien même n’avait-elle posé aucune question et pas le moindre reproche. Elle savait jouer des mots pour adoucir son caractère, de la même manière que Sitara le faisait. Ces femmes particulièrement douces mais habiles pouvaient se targuer d’être les seules à parler ainsi à leur duc. Autrefois Alméïde aussi avait eu ce privilège… avant d’enchainer des erreurs toutes plus terribles les unes que les autres.

Le duc est néanmoins satisfait de savoir que Shéhérazade pouvait contacter les siens pour organiser ces quelques rencontres. Celles-ci devaient rester secrètes et discrètes, mais le préciser n’était pas nécessaire et il savait que son épouse le devinerait. L’Ordre avait trop mauvaise réputation à l’extérieur d’Erebor pour se permettre une telle bêtise. Car outre les actes qu’il avait proféré contre lui, duc d’Erebor, il était aussi coupable de l’attentat de Svaljärd lors de la Lughnasadh, impliquant le meurtre de l’impératrice et les lourdes blessures sur l’empereur.

« Quelques gradés oui. Ils seraient plus à même de me donner plus de détails, notamment sur les actes des dirigeants. Une petite dizaine de personne. Il vaut mieux recouper des informations. » Se contenter du témoignage d’une ou deux personnes ne serait pas suffisant pour le sultan des sables. Dans une affaire aussi importante, il ne pouvait se permettre de se fier aux dires de seulement quelques personnes. Mais pour un premier réel contact avec cette organisation, cela lui semblait suffisant. Il faudrait de toute façon du temps pour rassembler ces personnes et converser avec elles. « Rejwaïde ? » La sœur d’Alméïde – et un peu sa sœur aussi… - dans l’Ordre ? Songeur, il relève un sourcil en songeant à cette possibilité. Il sait que dernièrement, les deux sœurs ne se voient plus guère et ne s’entendent plus vraiment. Et il n’avait pour sa part jamais prit la peine de converser avec la voltigeuse. C’était une option qu’il garderait à l’esprit, mais il préféra se concentrer sur un seul clan. « Pour l’instant les Khamsin seulement oui. Mais je ne pense pas m’arrêter là. Ils pourront certainement me donner des noms dans les autres clans lorsque je déciderais de les contacter. Quant-à Rejwaïde… nous verrons cela plus tard. » Il n’avait pas beaucoup d’intérêt pour la sœur d’Alméïde qui lui avait toujours montré la même indifférence qu’il lui offrait. Mais les choses pouvaient changer.

Alors qu'il laissait à son épouse le temps de quelques réflexions sur les bonnes personnes à contacter, il se souvint d'un détail qu'on lui avait rapporté, des mois plus tôt, sur des agissements au coeur de Vivedune.

« L'Ordre s'est intéressé à quelque chose ici, dans les bas quartiers de notre cité. Tes cousines t'ont-elles parlé du Musée des Savoirs Perdus ? » Le nom était équivoque, mais avec la guerre, le duc n'avait pu s'intéresser de plus près à ce bâtiment étrange, depuis longtemps laissé à l'abandon.
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Shéhérazade d'Erebor
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Message Sujet: Re: Au cœur de la nuit   Au cœur de la nuit EmptyMer 17 Jan 2018 - 17:22

Anthim semble comprendre les précautions de Shéhérazade, et elle ne peut retenir un sourire reconnaissant. Il est fier, le sultan tout-puissant, terriblement susceptible, affreusement rancunier et même, considérablement têtu ; mais il est prêt à faire passer le bien-être d’Erebor avant toute considération personnelle, et c’est ce qui fait de lui un souverain aussi complètement adoré par son peuple, tous clans confondus, qu’ils soient enfants du sable ou nés du roc. Un instant, elle perd le fil de la discussion, son regard songeur posé sur son époux, comparant la prestance et le charisme de ce seigneur-là à ce dont elle se souvient de son père. Rien de commun, finit-elle par décider : là où Soliman était mené par la jalousie mesquine et une fierté vexée, Anthim se préoccupe avant tout d’Erebor et de la sécurité de ses sujets.

Doucement, Shéhérazade lève son bras indemne, tend la main pour effleurer du bout des doigts la joue de son duc, d’un geste empreint tout autant d’admiration que de tendresse. « J’écrirai à mes cousines pour leur demander de t’envoyer leurs époux. » promet-elle dans un chuchotement fervent, reconnaissante de l’attention qu’il lui porte et du crédit qu’il accorde à ses opinions. Lorsqu’il aborde le Musée, la première épouse fronce le sourcil un moment, cherchant à se souvenir – les faits parlent à sa mémoire. « C’était il y a plusieurs mois, oui… Je crois que l’une d’elles me l’a mentionné dans une de ses lettres. En mai, peut-être ? Je ne sais plus. Je chercherai. » promet-elle également, hochant la tête pour appuyer son propos. Un bâillement soudain l’empêche de poursuivre, et elle coule un regard gêné vers son duc ; l’adrénaline s’est dissipée et la laisse bien trop consciente de sa propre fatigue. « J’écrirai à mes cousines demain, si tu le veux bien ? Ce soir j’ai peur d’avoir besoin d’un peu de repos pour ne pas forcer mon épaule. »

C’est veillée par son duc silencieux, plongé dans des pensées bien sérieuses, que Shéhérazade plonge dans un sommeil épuisé ; et c’est discrètement qu’il s’en retourne auprès de Sitara dans l’autre partie du palais, avec matière à réflexion pour l’avenir de son duché.


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