Ce qui est arrivé en Cibella et Sombreciel n’a pas tardé à venir jusqu’aux oreilles d’Anthim. Dès l’échappée des momies hors des vallées funéraires, le sultan avait été contacté, éveillant autant colère que crainte. Il avait désespérément tout fait pour cacher à ses voisins ce problème qui s’était déclaré dans deux des lieux les plus sacré de son royaume, mais force était de constater qu’il allait devoir dévoiler celui-ci au continent tout entier. Et s’il n’était pas coupable d’avoir envoyé des morts sur les domaines frontaliers, la tension existait belle et bien et le sultan se devrait d’y remédier au plus vite. A plus forte raison avec deux des duchés avec lesquels il avait noué une alliance depuis peu. Dès lors, il avait pris de nombreuses dispositions, s’assurant de contacter les bonnes personnes avec des excuses et des possibilités de contreparties pour les dommages causés. Et s’il n’avait guère de problème à l’idée de rencontrer la duchesse de Cibella, il l’ennuyait un peu plus de voir le duc de Sombreciel. Mais malgré toute ses rancunes à l’encontre de Castiel, il n’était pas permis d’ignorer un pareil voisin après ce qui était arrivé. Anthim était cependant bien content des actes de ses voltigeurs et de la Confrérie Noire qu’il avait sollicité et qui était parvenue à défaire le rituel qui avait redonné vie aux morts. Les choses étaient rentrées dans l’ordre assez rapidement, même s’il déplorait bien entendue la fuite d’information à propos de cette affaire. Il avait gracieusement payé les fils et filles de Lida pour le service rendu, loin des demandes habituelles qu’il pouvait leur confier, et avait aussi remercié ses voltigeurs pour ce qu’ils avaient courageusement fait.
Mais il n’avait pas encore eu le temps de tous les voir, et surtout l’une d’elle, qui n’était d’ailleurs plus officiellement voltigeuse. Pour l’instant tout du moins. Anthim avait gardé quelques réserves à l’encontre de Rejwaïde, venue quelques jours avant de partir pour la frontière en quémandant la magnanimité de son sultan. Il ne lui avait point promis de lui rendre ses ailes, seulement dit qu’il y songerait et en parlerait avec l’actuelle maréchale d’Erebor, Soltana. Et puis était arrivée cette affaire avec les momies et le souverain avait posé un ultimatum à cette demie sœur revenue de loin : qu’elle réussisse avec brio cette mission et le droit de voltigeur pour Erebor lui serait rendu. Il avait entendu, Anthim, les retours des autres voltigeurs sur place et l’implication de la Danseuse Astrale, ses actes et son courage. Alors décidé à son propos, il la convoqua, dans cette même salle où ils s’étaient revus la première fois, devant tous ces courtisans curieux, et surtout avec Soltana Kamar à ses côtés, fière et vaillante, le regard sévère et sérieux. Il était bien heureux de son choix, le sultan des sables, la sœur de sa chère Sitara était parfaite dans son nouveau rôle et prenait sa tâche très à cœur. Tout comme lui, elle avait été favorable pour donner à Reja une seconde chance. Cette seconde chance, la Sinhaj l’avait saisi. Et elle méritait les paroles que lui donna Anthim, alors que devant lui, agenouillée, elle attendait sa décision :
« On m’a dit, Rejwaïde, combien tu avais été courageuse et impliquée dans la mission que je t’ai confié à la frontière Cielsombroise. Tu as rempli ta promesse et prouvé à Erebor ta fidélité et ton désir de retrouver tes ailes. » Il se lève, le sultan, pour appuyer ses paroles devant tous ces courtisans qui pour certains peut-être n’approuvaient pas pareil pardon. « Tu es dès aujourd’hui réhabilitée dans le vol d’Erebor, Voltigeuse de plein droit du griffon Sirocco, et nous replaçons en toi toute notre confiance. »
C’est Soltana qui, sur un signe d’Anthim, approche de la jeune femme, l’invitant à se relever en posant une main sur son épaule, et déposant entre ses mains l’insigne des voltigeurs qu’elle avait perdue sur une terrible erreur. Une splendide plume de griffon aux couleurs d’Erebor. Elle avait prouvé par ses paroles et par ses actes sa volonté de retrouver le chemin des cieux et de voltiger pour le sultanat.
« La maréchale Kamar t’expliquera ta nouvelle affectation et te présentera ton ailière. Mais je crois que tu la connais déjà. »
Oh oui, on lui a déjà parlé de cette cadette qui a voltigée avec la Danseuse Astrale, cette petite Sifaï Sinhaj qui ne tarderait pas à être titularisée. Une décision convenue avec la maréchale qui n’avait pas montrée la moindre opposition à ce propos.