AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

Partagez
 

 Livre II • Ibélène

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
PNJ
PNJ
Arven
Arven

Messages : 6493

Feuille de personnage
J'ai fait allégeance à :
Mes autres visages:
Message Sujet: Livre II • Ibélène   Livre II • Ibélène EmptyLun 28 Mar 2016 - 0:40




contes et légendes d'arven

Ibélène

livre ii




Préface


Ibélène vibre de savoir et respire la science. Née dans le nombril du monde, en Erebor la fière, l’humanité a conquis les armes à la main les plaines de Bellifère, peuplant de l’esprit aiguisé de Sombreciel les glaciers laborieux de Valkyrion. Application, poésie, imagination et ambition sont les maîtres-mots de la connaissance et les axes du pouvoir.

Eustache l’Allumé, savant fou de Valkyrion





Dernière édition par Arven le Sam 2 Déc 2017 - 15:01, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
PNJ
PNJ
Arven
Arven

Messages : 6493

Feuille de personnage
J'ai fait allégeance à :
Mes autres visages:
Message Sujet: Re: Livre II • Ibélène   Livre II • Ibélène EmptyLun 28 Mar 2016 - 0:40




contes et légendes d'arven

Erebor

Livre II • Ibélène








L'expiation



Par Sayyid Aslam, historien et homme de lettres d’Erebor, aux alentours de -1260 avant notre ère, traduction de l’erebien archaïque par Aïcha du Croissant, poétesse erebienne, en 781.

Alors que les temps étaient jeunes encore,
Que de concert vibraient savoir et magie,
Que la paix régnait entre Sombreciel et Erebor,
Vivaient deux des rois grands et forts de jadis.

Souverain de l’esprit, noble et avisé,
Tel était Enguerrand le Fier,
Brave et jovial, coléreux et entêté,
Seigneur de Sombreciel après son père.

En Erebor régnait Amjdad le juste et bon,
Souverain des lettres et des arts,
La jungle résonnait des louanges à son nom,
Célébrant son amour des steaks tartares. (*)

Erebor naguère,
Splendide et luxuriant,
Était la contrée des rivières
De la verdure et des champs.

Sur ses terres bénies vivait une noble peuplade.
Filles des fleurs, femmes des arbres, amoureuses du soleil,
Parfaites et généreuses, telles étaient les sages Dryades :
Gardiennes du savoir, des pouvoirs et des merveilles.

De l’une d’elles Amjad s’éprit follement.
Princesse des Dryades, elle avait nom Aliador,
Et sans tarder l’on parla épousailles et couronnement
Car elle voulait, elle aussi, se lier au roi d’Erebor.

Las ! Humaine convoitise, mesquine jalousie,
Amjad se vanta un peu trop de sa belle fiancée.
Enguerrand ombrage en prit,
Et derechef résolut de la lui voler.

Aliador fut enlevée par-delà les montagnes,
Et Sombreciel célébra la beauté de sa nouvelle reine.
Erebor outragé partit en campagne,
Et la guerre ravagea les deux contrées de larmes et de peine.

Massacrées, les Dryades, gracieuses et élégantes,
Fauchées aux pieds du courroux des hommes,
Elle disparurent dans le chaos qui meurtrit et qui tourmente,
Pauvres victimes d’un crime qu’aucune Puissance ne pardonne.

Aliador expira la dernière des siennes, triste et désolée,
Reine couronnée de Sombreciel, Erebor au fond du coeur,
Coupable d’avoir aimé deux hommes et de n’avoir pas su décider.
Les rivières se teintèrent de sang, appelant la perte et le malheur.

Privé de ses protectrices, Erebor dépérit :
Le royaume s’assécha, les cultures fanèrent
La verdure se résorba, la richesse de la nature flétrit,
Pour condamner le trépas des Dryades et leur fin amère.

En Sombreciel l’agonie fut plus discrète et mesurée :
Pour avoir massacré les innocentes protectrices d’Erebor,
Le brillant esprit des dirigeants fut affecté
Et lucidité se dissipa comme parfum s’évapore.

Le passage des siècles pleura la nature à l’agonie
Pour expier ce crime égoïste et cet acte si noir,
Pour condamner des hommes cette mesquine jalousie
La jungle se voila de deuil et se fit désert barbare.

La légende raconte que tout espoir n’est pas perdu :
Si le prix du sang se paie, si le crime est expié, alors
Quand la guerre prendra fin, que la paix sera voulue
Pourront refleurir les champs de dunes d’Erebor.

(*) : Ouais, bah allez trouver un truc classe qui rime avec “art”, vous, hein.







Revenir en haut Aller en bas
PNJ
PNJ
Arven
Arven

Messages : 6493

Feuille de personnage
J'ai fait allégeance à :
Mes autres visages:
Message Sujet: Re: Livre II • Ibélène   Livre II • Ibélène EmptyLun 28 Mar 2016 - 0:40




contes et légendes d'arven

Valkyrion

Livre II • Ibélène








À venir...



Post hoc impie perpetratum quod in aliis quoque iam timebatur, tamquam licentia crudelitati indulta per suspicionum nebulas aestimati quidam noxii damnabantur. quorum pars necati, alii puniti bonorum multatione actique laribus suis extorres nullo sibi relicto praeter querelas et lacrimas, stipe conlaticia victitabant, et civili iustoque imperio ad voluntatem converso cruentam, claudebantur opulentae domus et clarae.

Sed si ille hac tam eximia fortuna propter utilitatem rei publicae frui non properat, ut omnia illa conficiat, quid ego, senator, facere debeo, quem, etiamsi ille aliud vellet, rei publicae consulere oporteret?

Quo cognito Constantius ultra mortalem modum exarsit ac nequo casu idem Gallus de futuris incertus agitare quaedam conducentia saluti suae per itinera conaretur, remoti sunt omnes de industria milites agentes in civitatibus perviis.





Revenir en haut Aller en bas
PNJ
PNJ
Arven
Arven

Messages : 6493

Feuille de personnage
J'ai fait allégeance à :
Mes autres visages:
Message Sujet: Re: Livre II • Ibélène   Livre II • Ibélène EmptyLun 28 Mar 2016 - 0:41




contes et légendes d'arven

Bellifère

Livre II • Ibélène








Histoire probable d'un enlèvement improbable



Voici un extrait d'une lettre datant du 7 décembre 1002, envoyée par Alban Gardefer, originaire de Surin-le-Tranchant, bourg avoisinant Riven, en Bellifère. Il est le quatrième fils de sa fratrie, apprenti à Lorgol depuis quelques semaines à peine et a un penchant démesuré pour l'alcool.
 
La famille,
 
[…]
 
Vous croirez jamais ce que j'ai vu, l'autre jour !
J'étais tranquillement en train de siroter quelques verres dans une taverne de la Ville Basse. Quelque chose avec pissenlit dans le nom ou tulipe, ou peut-être chardon ? Les souvenirs sont flous. Bref, on buvait sagement avec des camarades et v'là pas que je vois arriver l'un des rejetons Aubenacre ! Vous savez, la famille qui se reproduit entre elle ? Enfin, plus trop maintenant, vu qu'il en manque une partie et qu'une autre partie est morte. Puis le fils, c'est le dernier, celui qui servait à la caserne de Riven, celui qui était pas foutu de trouver une épouse. Moi, je maintiens qu'il est… vous savez, avec les hommes… Je peux même pas écrire le mot, ça me file des nausées, mais je maintiens qu'il est pas normal. Y a bien l'autre Martel qu'aurait voulu, mais il voulait pas. Je comprends pas. Elles sont bien les Martel. Elles ont toujours des cousines partout. C'est un peu
la spécialité belliférienne. Et donc, le fils Aubenacre, il était là, il se préparait. Y avait des gens qui l'encourageaient. Je me suis demandé ce que c'était que ce bordel. Puis il est parti. Alors, avec les copains, on l'a suivi discrètement – vous me connaissez. Mais on l'a perdu de vue. Alors on s'est arrêté à une autre taverne sur le chemin. On a trinqué un peu, histoire de pas avoir perdu notre temps et parce qu'il fait vite soif avec ce froid. Ils ont une bière bien goûtue dans ce trou, faudra que je vous en ramène un tonnelet.
Un peu plus tard, par hasard, on a entendu du grabuge, dehors. On est sortis parce que bon, on sait jamais, on aurait pu aider – vous me connaissez. Vous me croirez pas... On a vu le fils Aubenacre, avec une femme dans les bras. Mais vous me croirez pas non plus quand je vais vous dire qui : une baronne. Celle d'Orsang, celle qui s'est pris pour un homme et qu'est partie voltiger avec les mauviettes de Sombreciel, là. Un duché de tarés et de pervers, si vous voulez mon avis, mais bon, quand même. Une baronne. L'a mis la barre haut, le saligaud ! Puis, si vous l'aviez vu. Il la tenait d'un bras, sur son épaule, et de l'autre, il maniait deux épées. J'étais… pfiou, j'en suis tombé sur mon derrière.
Heureusement que j'avais bu pour me réchauffer parce qu'on est restés à le voir combattre au moins dix griffons ! Ça griffait, ça piquait avec leurs becs. Y en a même deux qui ont essayé de l'écraser, mais il les a retenus à la force de sa tête. De sa tête ! Puis, je vous parle même pas du troupeau de combattants qui était là… Y en a qui abandonnait jamais en criant : « Et mon baiser ? Je veux mon baiser ! Jamais, Gérard, jamais ! » Il avait l'air un peu fou, franchement, mais il se battait bien. Il envoyait des cartes sur le fils Aubenacre en criant qu'il l'aurait. Et les autres, ils ont essayé aussi, mais, d'un seul regard, il en a pétrifié un tas. Y en a même qui ont explosé, Papa, explosé ! J'en revenais pas. Je me suis demandé si j'avais pas un peu abusé de la bière, là, mais je vous jure, j'étais là, j'ai tout vu !
Et puis, je vous ai pas dit non plus. Le dragon. Violet, le dragon. Il est arrivé dans un éclair qui a fendu le ciel. Il a brûlé trois tours au passage – j'ai bien cru que j'allais y passer quand l'un des bâtiments s'est effondré… Mais j'ai survécu, vous me connaissez. Au final, il y avait des corps partout. Y en avait même un jonché à une fenêtre, tant le Aubenacre l'a repoussé fort juste avec son petit doigt. Le tout, en gardant la baronnette sur son épaule, hé. Y avait des plumes qui volaient encore dans l'air, avec une espèce de brume qui stagnait sur place, comme après les plus grandes batailles. Elle scintillait un peu. Ça devait être son éclat guerrier qui ressortait, si vous voulez mon avis. Puis bon, j'exagère rarement, vous me connaissez.
Enfin, après ça, il est reparti, fier et digne, et je me suis dit que c'était peut-être pas un si mauvais bougre que ça. Il a quand même fait la chasse à la baronne, c'est pas rien. Passer de gueux impuissant à Baron, bon, ça mérite au moins un peu de respect. Surtout quand on sait qu'il lui a déjà fait un gosse, à la Marianne d'Orsang. Certains disent qu'ils l'ont vu avec, quelques jours après l'enlèvement. Il a au moins trois ans, au moins ! Je pensais pas que ça poussait si vite ces bestiaux. C'est peut-être parce que c'est le Gérard. Il a quand même décimé une petite armée à lui tout seul et a fait appel à la puissance d'un dragon
violet. Enfin, respect vraiment. Il reste un pervers homos… Non, je peux pas. Il reste un déviant, mais je peux pas m'empêcher de me dire que c'était quand même bien trouvé, cet enlèvement. Puis, il paraît que la baronne en attend déjà un deuxième. Ça m'étonnerait même pas qu'ils aient une tripotée de gamins avant l'été prochain, du coup. J'espère qu'ils hériteront pas des caractéristiques Aubenacre, ils auraient pas fini d'en chier, les chiards.
 
Sinon, tout se passe bien ici. Je me suis fait quelques connaissances, comme dit plus haut : de fins connaisseurs en vinasse, vous les aimeriez, j'en suis sûr. Puis, je suis sérieux dans mon travail ; mon maître a que des éloges à la bouche. Puis, je suis pas du genre à sortir des lagraneries, vous me connaissez.
 
[…]








Dernière édition par Arven le Sam 2 Déc 2017 - 14:58, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
PNJ
PNJ
Arven
Arven

Messages : 6493

Feuille de personnage
J'ai fait allégeance à :
Mes autres visages:
Message Sujet: Re: Livre II • Ibélène   Livre II • Ibélène EmptyLun 28 Mar 2016 - 0:41




contes et légendes d'arven

Sombreciel

Livre II • Ibélène








Noë le Canoë



« Le vent souffle fort aujourd'hui, la mer s'agite !
-Bllb bllb bllb.
- Je suis d'accord, il va sûrement y avoir une tempête sur la côte ce soir. Nous danserons sur les vagues ma douce, rien que toi et moi.
- Bllb bllllb bllb bllb bllllb !
-Pardon très chère, sous les vagues. »

Noë émet un petit rire délicat. Figure de proue aux traits d'adolescents, résultat d'une expérience un peu particulière de quelques jeunes gens en quête d'innovation et de distraction, il a un regard enfantin.
Il n'est pas commun, ce jeune garçon de bois, plus petit que ses amies, plus léger, plus étourdi aussi. Quand d'autres sont l'égérie d'un navire pirate, d'un navire de guerre ou d'un navire commerçant, lui reste accroché à sa petite barque de bois sombre, ballotté par les vagues aux côtés de son amie retournée, la célèbre Fait-des-bulles. Elles ont bien étrange allure les deux embarcations ; l'une grande et fière, certainement belle, bien que personne ne puisse en attester puisque seule la coque dépasse des flots. Les constructeurs devaient avoir abusé de quelque substance le jour de sa confection, car l'équilibre précaire de la vivenef l'empêche de prendre la mer – et même de rester à la surface assez longtemps pour que l'on comprenne le doux prénom de sa figure de proue.
À ses côtés, le jeune Noë, si petit qu'il ne peut accueillir que deux passagers. Dans le port d'Euphoria, ce duo insolite semble inséparable et l'on dit que Noë est le seul à savoir le nom de sa tendre amie et à la comprendre, grâce aux bulles qui remontent à la surface. D'autres pensent simplement que sa solitude le pèse tellement qu'il croit être en mesure de déchiffrer les paroles de sa comparse sous-marine. Quelle que soit l'explication, il n'a jamais voulu révéler aux passants l'identité de son amie, ni quelque autre information à son sujet. Il ne cesse jamais de babiller, passe d'un sujet à l'autre comme un enfant qui ne peut se concentrer sur une seule chose à la fois.
Et il ravit les gens du ports, les commerçants et les pêcheurs, les enfants et les touristes.

« Oh comme elle est belle la robe de cette dame ! Elle te plairait je suis sûre !
-Bllb bllllb blllllb bllb ?
-Pourpre. Mais avec quelques nuances de rouge. Magnifique je te dis.
-Bllb bllb...
-Ne dis pas ça, elle t'irait à merv- Oh ! Un goéland !
-... »



Le Guide de la Non-Guerre avec Erebor, en dix préceptes

ou la diplomatie expliquée à mon fils, par Maximilien de Séverac



10. Aucune insulte et aucun commentaire à propos des turbans du duc ne devra être émis.
Bien que les coiffes de certains clans puissent te paraître amusantes, mangées aux mites, ou même laides, celles-ci sont toutes extrêmement précieuses. Leur cadeau à la couronne d’Erebor est un gage de fidélité envers celle-ci et leur port primordial, afin de préserver la paix entre les différents clans de gitans qui vivent à travers le sable et le roc. Ainsi, suggérer de brûler entièrement son étagère de turbans, de les utiliser comme torchons, faussement les méprendre pour des tapis sur lesquels essuyer ses pieds et toutes autres remarques du même acabit est prohibé.

9. Le marquisat de Sinsarelle est erebien et le restera.
Trop de tractations déjà ont eu lieu, à propos de ce domaine bien commodément installé sur la frontière entre les deux duchés, et il a été décidé que celui-ci serait erebien. Redessiner la frontière serait piétiner plus d’une centaine de traités de paix, sans un regard pour la difficulté de leur élaboration respective. La cession définitive de Sinsarelle à Erebor, lors des dernières négociations, a apporté beaucoup à Sombreciel, et il est nécessaire que chaque domaine soit bien gardé.

8. Ne ramène jamais un conflit, peu importe lequel, à l’histoire ancestrale de la fiancée volée de Sombreciel.
Chaque duché possédant sa version des faits, cet argument n’en est pas un et conduit irrémédiablement à une argumentation des plus ridicules, basée sur un ramassis de poèmes incompréhensibles et de chants barbares.

7. Ne ressuscite pas la carrière désormais désuète de balayeur de frontière.
Chaque conflit se déroulant autour du sable est vain et s’assurer que celui-ci soit balayé au bon endroit est un geste supplémentaire de provocation. Nos forces armées doivent se concentrer ailleurs qu’uniquement aux frontières naturelles et officielles.

6. Accepte de manger ce qui est servi à table, lors des rencontres officielles.
Qu’importe la quantité de miel versée sur ces desserts que tu trouveras immanquablement trop sucrés, ou encore le nombre de tasses de thé évidemment trop épicé qu’on te proposera, tu acceptes tout. Décréter que tu es surpris qu’ils ne mangent pas de sable puisqu’ils l’aiment tant n’est pas acceptable.

5. Complimente les chants qui te seront chantés et écoute les histoires qui te seront contées.
Bien sûr, tu ne comprendras rien de ce qui pourra bien t’être chanté et tu trouveras certainement à redire quant à leurs poèmes, mais je te prie d’apprécier cette démonstration de la riche culture erebienne. Retiens-toi de qualifier leurs rimes de boiteuses, leurs chants d’incompréhensibles et leurs contes de ridicules et inexacts.

4. N’évoque pas la particularité de leur succession ducale.
Certes, celle-ci te semblera farfelue au mieux, bancale au pire. Je sais que déjà te brûle le désir de leur souligner l’incohérence de leurs positions quant aux droits des femmes et à leur impossibilité d’hériter de la couronne ducale, sans parler du délicat cas du harem. Plusieurs débats se sont très mal terminés, suite à quelques remarques à ce sujet. Contente-toi d’accepter que leurs traditions soient différentes des nôtres et qu’elles règnent depuis bien longtemps sur leurs terres, si possible sans les qualifier de barbares, de misogynes et d’arriérées.

3. N’insulte pas le duc, ni aucun membre de sa famille, ni Erebor, ni aucun de ses habitants.
Si ce point te semble évident, en théorie, la pratique se révèle souvent ardue. Tu trouveras en annexe une liste des termes péjoratifs à éviter à tout prix lors d’une discussion animée, ainsi que des expressions proscrites. Il est également avisé de ne pas populariser certaines expressions injurieuses sorties de la bouche des moins nantis.

2. Ne vole aucune Erebienne (ni aucun Erebien).
Déjà j’entends tes protestations, mon fils : il n’y a pas de vol si la dame en question est en accord avec le vol en question, sans parler du fait que les personnes ne sont pas des objets. Il est vrai qu’empêcher l’amour n’est pas cielsombrois et il est hors de question que tu te laisses dépérir de désespoir, meurtri par l’impossibilité d’unir ta vie à une personne s’advenant à être erebienne. Je te propose toutefois de rencontrer exclusivement de futures prétendantes issues d’autres duchés, de garder une distance respectable avec toute Erebienne et tout Erebien rencontré lors de tes divers déplacements et de ne rencontrer aucune femme mariée provenant de ce duché. Il faut également strictement éviter d’enlever qui que ce soit pour jouer : ce n’est pas une blague. Personne ne trouvera cela drôle, ni amusant.

1. S’il advient que le mariage avec une Erebienne est inévitable, prière de ne pas s’acoquiner directement à la famille ducale et de ne pas s’en vanter.
Si tu as déjà cédé au deuxième point de cette liste, nous en aurons bien assez à gérer sans que tu y ajoutes de surcroît une imminente guerre et des fanfaronnades qui n’arrangeront rien, ni personne.

J’ai confiance, mon fils, que tu sauras suivre chaque conseil de cette précieuse liste et en appliquer jusqu’aux moindres détails, que je te laisse la liberté d’imaginer. Ainsi, pour ce règne et les suivants, la guerre sera évitée et chaque jour Ibélène sera un empire plus puissant et plus uni.



De Mirta et de Joseï



Le duc de l’Esprit avait deux fils
Pour que Maari avait béni son épouse
Et ainsi couraient sous ses jupons et ses blouses
Deux princes nés sous de favorables auspices

Le premier, futur duc de Sombreciel
D’esprit, de corps, de cœur, avait la part belle
Fin amateur de la bagatelle
On lui présidait un règne des plus sensuels

Le deuxième, cependant
Est celui qui encore se retrouve dans les chants
Protégé de la Muse
Rien jamais on ne lui refuse

Tel que l’on dit, dans les landes fleuries, il préférait le pistil au bouton
Oh, comme sa tige se dressait, pour de ces messieurs les splendides croupions
Dédaignant le beau sexe de ses attentions !
Même Mirta ne saurait se fâcher, pourtant, contre un tel mignon

Jeune cadet couronné de poésie
On n’attendait de lui que rires et mélodies
Peut-être parfois, quelques sourires charmeurs
Afin d’enjôler les agitateurs

Les sables et le roc enfantent de bien accortes demoiselles
Et de pas moins beaux éphèbes
L’un d’eux, l’œil noir comme les ténèbres
Aurait fait des plus honnêtes des criminels

Lors d’une visite en Erebor
Le cœur du prince poète se chargea des plus doux sentiments
Lorsque sur ce voisin du Nord
Ses yeux crurent y voir les plus belles étoiles du firmament

Ô, malheur, vois-tu l’histoire qui déjà se trace ?
Car le coquin, misère, n’était point homme de rien
C’est d’une couronne de prince, que son front était ceint
Autant que son visage d’audace

Ils devinrent amis, ces princes ennemis
Nouant au cœur de la nuit les liens les plus étroits
Bientôt, le sommeil quitta le prince de l’Esprit
Pour autant que son cœur se mourrait de son roi

C’est enflammé qu’il déclara son amour à son beau
N’espérant de lui qu’une parole, qu’un mot
Pour que son erreur, son ami lui pardonne
Celle d’avoir cédé à la grandeur de sa personne

Quelle surprise, par le Destin !
Lorsque sur sa bouche se posa un baiser
Et qu’à ses oreilles résonnèrent les aveux les plus fins
Ceux d’un amour aussi grand qu’il est partagé

D’amis, ils devinrent amants
Se jouant du soleil pour embrasser les lunes
Profitant des ombres pour s’ébattre gaiement
L’amour d’un prince de l’Esprit pour celui des Dunes

C’est la main dans le sac, qu’on les surprit
Pas le moindre des sacs, oh, les dieux encore en rient !
D’imaginer l’œil choqué de leurs parents
Lorsqu’ils comprirent que ce sont bien emboîtés que l’on retrouva les mécréants

On plaida l’amour, toujours, celui aussi grand que le ciel
Celui plus beau que toutes les choses du monde
Mais le mal était fait, la guerre vibrant aux portes de Sombreciel
Leur prince ayant volé pire encore qu’une blonde

Le châtiment tomba, comme bientôt la lame sur son cou
Châtré, décapité, voilà l’avenir promis
À un prince de la poésie
Qui n’avait voulu que les plaisirs les plus doux

Au matin de son exécution, on retrouva sa cellule vide
Et du prince du sable et du roc
Aucune trace, reconnurent les exécuteurs sous le choc
Que sur les visages de ses parents, de nouvelles rides

Jamais on ne les retrouva, les amants interdits
Fuyant à travers ce monde d’où ils étaient proscrits
Car encore une fois, de l’étreinte de Mirta et Joseï
Est née l'histoire la plus jolie.



La Baronne Sanglante



Derrière des sourires peut se cacher une terrible mélancolie…

Folle, on la disait folle.
Cupide. Avare. Mythomane.

Arpentant les terres de son domaine ensanglanté à l’est de Sombreciel depuis des années, des décennies, des siècles...
Nulle n’osait pénétrer ce lieu maudit, de nombreuses histoires hantées ce domaine vide de toute vie humaine. On racontait que prise d’un coup de folie, elle aurait massacré toute sa famille, son mari, ses enfants même les domestiques seraient morts, tués de sa main.
Un couteau entre les doigts, le regard rouge de sang elle a lacéré leurs chairs avec sa lame aiguisée. On dit que le sang ruisselait encore le long des vieilles marches de la bâtisse tellement cette nuit-là ce fut une terrible tuerie.
La maison était sens dessus dessous, les cadres décrochés, penchés, les miroirs étaient tombés, brisés, les rideaux déchirés, une aile de la maison avait été ravagée par les flammes…
Au petit matin, alors qu’elle avait erré dans son vieux manoir toute la nuit, elle fut témoin de ce qu’elle avait fait la veille… Elle trouva les corps étendus, inertes de ses jeunes enfants à l’étage, de son époux pas si adoré que ça dans la chambre conjugale, de son ancienne gouvernante qui élevait ses enfants, de sa mère qu’elle détestait tant, de ses chats…
Ses mèches brunes et bouclées étaient maculées de sang, du sang de sa famille, elle marchait sans but ses pieds trempés dans les flaques de sang de ses pauvres victimes. Elle se donna le mort sur les marches du perron, regardant le lever de soleil sur les blancs paysages de Valkyrion. Un chandelier dans une main, son couteau dans une autre, sa fine robe en lambeau qui glissait derrière elle, ses cheveux détachés, emmêlés flottaient dans les airs...
Les sols, les murs étaient devenus noirâtres, la poussière avait pris possession du mobilier, et elle, elle cherchait la paix, une paix impossible à trouver...

Elle déambulait dans toutes les pièces de la maison, dans le jardin, dans le sanctuaire où les urnes de ses ancêtres étaient disposées… La tristesse intense avait envahi le lieu, un brouillard omniprésent était posé sur le toit du manoir et on ne voyait pas l’horizon en regardant par les fenêtres. Beaucoup ne comprirent pas ce qu’il s’était passé cette nuit-là. De mère, elle était devenue une meurtrière. Le temps s’était comme arrêté, tout s’était figé à ce petit matin où les corps ensanglantés et mutilés avaient été retrouvés. La baronne aurait perdu la raison et depuis elle chanterait des comptines pour enfants tout en effrayant les courageux et les curieux qui essayeraient de pénétrer sa demeure… Peu d’entre eux en étaient ressortis vivants, mais certains avaient pu dire que les instruments de musique que possédait la famille jouaient dans le vide une macabre symphonie…



La Guilde des Poètes



La taverne de la Luciole Ardante* était tristement célèbre pour sa beauté luxueuse, digne de la petite noblesse du duché, mais surtout pour sa clientèle de qualité discutable. Les lustres majestueux, les fauteuils capitonnés, les tables en bois travaillé, les tapis à motifs, les peintures murales : tout avait été soigneusement sélectionné par le tenancier bien avide d’attirer dans ce petit coin confortable d’Euphoria la fine fleur de la société cielsombroise. Le Destin se fait parfois moqueur car dès l’ouverture de l’endroit, un groupuscule de jeunes gens se proclamant humblement “élite littéraire de Sombreciel” avait assiégé la taverne et chassé, de par leur simple présence, les rêves de noble clientèle du patron. S’ils étaient jeunes, débordant d’idées et de rêves de grandeur et d'exubérance, ils demeuraient malgré tout le stéréotype même des Cielsombrois : passionnés, excessifs et passablement enclins à consommer toutes formes de substances. En peu de mots, ces hommes et ces femmes étaient l’archétype de ce qui faisait ombrage à la réputation cielsombroise en tout Ibélène.

- Comme est triste Obéron, quand sa reine réclame
Qu’il lui rende l’outil enfonçant son ourlet.
C’est journée de ménage, où est donc le balai ?


Ils avaient ri fortement devant Julien Sombreprose qui, debout sur l’une des magnifiques tables ouvragées, tapait du pied en déclamant son “Ode à Obéron”. Le tenancier, qui depuis déjà près d’un an avait lâché prise sur l’évolution de sa Luciole Ardante, se contentait de servir ces soi-disant poètes avec une certaine humilité. Il valait mieux en rire, qu’il se répétait à chaque ouverture. Il valait mieux en rire qu’en pleurer, puisqu’après tout, les jeunes payaient bien.

Le noyau dur de ces saccageurs de la prose était constitué de cinq Cielsombrois particulièrement agaçants, tous amis depuis l’Académie. Il y avait la jolie Valentine qui, toute voilée, déclamait maints sonnets scandaleux sur certaines parties de l’anatomie féminine. Rachel, le plus sage, qui s’entêtait à commenter et analyser chacun des discours de ses confrères, même les plus vulgaires et enfantins. Rémiel, pour qui la littérature, la vraie, se devait d’être spontanée et écrite en lien étroit avec son esprit - il parlait ici de drogue hallucinogène. Florine, joliette fraîchement mariée à ce fameux Julien Sombreprose, celui qui menait la danse. Autour d’eux gravitaient nombre gens de lettres, des poètes, d’Euphoria, puis, au fil du temps, des autres villes de Sombreciel. Il n’était pas rare que les jeunes gens désireux de s’investir dans le monde littéraire voyagent jusqu’à la capitale afin d’assister à l’une ou l’autre de ces soirées largement arrosées. Pour qui attirait l’attention de Julien Sombreprose, disait-on, il était même aisé de se faire un nom et d’entendre ses poèmes sur toutes les lèvres.

Des gamineries, des idioties, mais également de réels poèmes et oeuvres remarquables sortaient de ces beuveries. Leur plus belle création fut élaborée au coeur de la nuit, à l’une de ces heures où aucune bonne idée ne pouvait être prise, et pourtant…

- La Guilde des Lucioles !

Tous riaient aux éclats, l’humeur soigneusement rehaussée par une liqueur de poire agrémentée d’une drogue quelconque. Il n’y en avait aucun, cette nuit-là, pour remettre en question le nom scandé avec fougue et entrain. Il fallut attendre près d’une semaine avant que l’un des poètes présents, Julien Sombreprose, ne propose une légère modification et que naisse réellement la Guilde des Poètes comme nous la connaissons à ce jour.


*L’affiche de la taverne fut peinte par une artiste particulièrement perturbée, et la faute fut préservée pour faire un clin d’oeil ironique à la clientèle littéraire des lieux.




Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

Message Sujet: Re: Livre II • Ibélène   Livre II • Ibélène Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Livre II • Ibélène
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Octave d'Ibélène
» Ibélène VS Faërie
» Ibélène VS Faërie
» Ibélène VS Faërie
» Sixtine D'Ibélène - UC

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Arven :: Archives V18 :: Archives Pré-reboot :: Au commencement :: Table des lois :: Livre des Traditions :: Contes et Légendes d'Arven-
Sauter vers: