Armandiel Barl, traîne-savattes de vocation.

Mon histoire a moi, c'est Lorgol. C'est les abattoirs ou j'ai travaillé minot, les tripots ou je joue aux cartes jusqu'au petit matin et l'odeur appétissante du pain chaud qui embaume quand on a une petite fringale et la bouche pâteuse.

Oh, y'a pas grand chose a dire sur moi en tant qu'individu en fait. L'paternel a cané quand j'avais six piges, ma génitrice a fait le tapin pour payer la pitance. Oh, allez pas vous faire des idées, c'était pas si mal. Au moins pour un temps. La mère était pas mal niveau apparence et puis je faisais le complement en faisant les commissions pour les bouchers du coin. Tout le monde connaissant le p'tit Armandiel après tout. J'ai p'tête chiper deux trois trucs aussi, mais bon, qui peux en vouloir a un minot qu'aime sa môman hein?

Nan, là ou ça a commencé a me courir sur le carafon, c'est quand la drolâtre est devenu la -modèle- de Pietro, un barbouilleur de la haute qui s'est pris d'affection pour le portillon de ma mère. En deux coups de cuillère a pots, j'me suis retrouvé a vivre dans sa maison, promu nouvel apprenti en échange de faveurs bruyantes. Autant vous dire que l'empaffé, je l'ai sacrement détesté. Même si je lui doit un truc, maintenant que je vois les choses sur le tard, c'est d'apprendre que l'boulot de second couteau, c'est un art. Parce que la peinture, c'est l'art de tout voir d'une situation, une connaissance precise de l'anatomie, la capacité de varier son point de vue par le simple jeu d'un volet a une fenêtre. Et dans ma branche? Bingo ma grande.

Notez bien, c'est beau, c'est émouvant, mais je lui ai quand même fendu le crane à coups de chandelier le jour ou il a décidé qu'il aurait maman et fiston dans son pieu. Fallait pas déconner quand même. Le reste, c'est de la chance. C'est de se faire surprendre par un roublard des bas-quartiers qui devait faire sa fête au barbouilleur pour une raison que j'ai jamais su et qui a décidé qu'Armandiel, il avait la rage au ventre, l'art du chandelier et ce pétillement dans le regard. Et paf, de peintre a effaceur d'ennuis. Et je préfère le second, même si ca défouraille, ca égorge, ca empoisonne ou ca garrotte, ca vous ramène la diseuse qu'a parlé sur votre mère ou ca fait en sort que votre voisin dégage sa piaule fissa pour un rachat. Attention cependant, on parle pas là des gus de la Confrérie Noire. Moi les religieux qui assassinent par vocation, c'est pas tellement mon truc. Nan, moi, c'est un grand loubard qui aime sa ville, la vie et l'argent. Une âme a vendre quoi.
M'enfin... Faut bien dire, J'lui doit un paquet de choses au vieux mais ça jamais vous n'en saurez rien. Parce qu'Armandiel est un petit spadassin qui vivote de ses boulots et s'efforce pas finir mort sur le carreau. Pas un grand poète avec des sermons sur la grandeur d'âme. Tenez vous le pour dit.

L'impératrice Chimène a été couronnée suite à l'Ordalie de Diamant. Penses-tu qu'elle est légitime sur le trône de Faërie, ou défendrais-tu plutôt les droits de Gustave de la Rive ?
• Beh, que les couillons aillent s'étriper, j'vis a Lorgol, j'suis pas pâtissier royal. Au mieux, j'aurais p'tête un contrat pour dézinguer un gonze.

Envisages-tu de prendre part au conflit si une guerre entre Ibélène et Faërie devait se déclarer ? Quel parti prendrais-tu, et pourquoi ? Comment participerais-tu à la lutte ?
• En trois lettres? N-O-N. A moins que du métèque d'un des deux bleds autour commence a venir me cramer mon quartier, je m'en tamponne la braguette moi de leur affaires. Par contre, pas touche a Lorgol ou ca va saigner du truand de bas-étages aux balcons, j'vous préviens moi.

Que penses-tu de Lorgol, la ville aux Mille Tours ? Est-ce que tu t'y promènes sereinement ou est-ce que la capitale des peuples libres t'oppresse ?
• C'est le centre du monde. J'suis né, j'ai grandi et je vis ici. Les péquenots peuvent bien se défourailler la bedaine pour de la pierraille, le seul joyau, c'est Lorgol. Je sais tout de ses artères, de ses bas-quartiers, de ses demoiselles au cœur leger. Et croyez moi, j'compte pas me barrer.