Né en 949 dans une famille nombreuse, il était clair que pour se démarquer et tirer quelque chose d'un avenir qui ne lui tendait pas les bras plus que ça, qu'Alrik devait puiser dans ses propres ressources. Il était évident qu'il n'hériterait jamais de la maison familiale ni du maigre titre que son père possédait sur Sovnheim, brigué par ses quatre frères aînés. Et surtout. C'était ennuyeux. La neige, toujours la neige, un horizon de petites maisons basses, de forêt de sapins ou des étendues de roches d'un gris contrastant avec la neige immaculée. Il aspirait à l'aventure, à l'amusement, au défi et aux rencontres. L'ennui, resta son plus mortel ennemi et il en était certain, jusqu'à ce que la mort l'emporte. Ivre de faire ses preuves et encouragé par son père, ce dernier l'emmena en apprentissage guerrier parmi les Belliferiens, connus pour leur culture martiale et leurs aptitudes guerrières. C'est à la suite d'un entraînement vigoureux et d'une dureté sans pareil que sa jeunesse le poussa sur une voie qu'il ne quitterait jamais, la Guilde des Guerriers, qu'il intégra en 968.
A 19 ans Alrik avait déjà développé le goût de la brutalité et du sang. Bien heureusement, il estima que la cruauté était l'apanage des crétins et que ses penchants étaient ceux d'un homme valeureux. Bien heureusement ...
Néanmoins, toujours à la recherche de nouveautés il fut l'initiateur de nombreux paris lors de combats orchestrés dans les bouges et tavernes prêts à se servir de cette popularité naissante au sein des citoyens ivres de soif de sang pour faire proliférer leur chiffre d'affaire. Encore aujourd'hui certains se souviennent du jeune homme qu'il était, champion de combat de ruelle, de cave et de taverne. À travers ses pratiques plus ou moins tolérées en Bellifère, ces dernières lui valurent la désapprobation de ses supérieurs lorsqu'il quitta le duché pour l'antenne de Lorgol.
Cette décision ayant été prise lorsqu'il atteint l'âge de passer de l'apprentissage à membre à part entière de la guilde en 971.
Privé de ces petites habitudes, il se porta alors volontaires pour les missions qui nécessitaient de voyager loin, ou un engagement personnel à risque. Ainsi passèrent 15 années de sa vie à parcourir Arven . Il y gagna de nombreux combats ainsi que des cicatrices, son lot de regrets, d'amis, d'ennemis, de défaites aussi. Et de tentations, en très grande majorité. Alrik flirta en ce temps avec de nombreuses limites sans jamais les franchir, obtenant majoritairement l'approbation grincheuse de ses pairs et leur respect.
En 986, il retourna à Lorgol avec le désir de calmer ses ardeurs et de briguer le poste de capitaine de Bellifère laissé libre suite à la mauvaise blessure de l'homme qui occupait le poste. Son ambition fut stoppée par plusieurs facteurs.
En premier lieu, les guerriers de l'antenne de Bellifère ne lui apportèrent pas leur soutien, Alrik étant devenu un guerrier de l'antenne de Lorgol, il était pour eux plus judicieux de nommer l'un d'eux restés fidèles au duché. Enfin l'année suivante, il rencontra une drôle de morveuse en qui il se retrouvait. Il écarta donc ses prétentions le temps de garder un œil et de guider l'apprentissage au sein même de la guilde de la jeune Solveig qui débuta en 987.
Cette rencontre changea un peu cette homme. Rattrapé brutalement par les années, il se découvrit père sans l'être.
Solveig refusait de s'inventer un nom, il se décida le 25 mars 990 de lui proposer le sien. Peut être ne l’avouera t-il jamais, mais voir enfin cette chèvre buttée accepter d’être plus qu'un prénom et s'affilier officiellement à lui, lui offrit enfin la paternité dont il n'osait pas rêver. Il n'avait pourtant pas grand chose à lui proposer, son patrimoine se composant principalement d'un pécule fluctuant et d'un nom connu seulement dans une certaine mesure en Valkyrion, mais elle avait accepté sans rechigner pour une fois.
Ce fut après quatre années à ses cotés et à se consacrer à elle et certain qu'elle se débrouillerait désormais sans lui, qu'il estima qu'il pouvait revenir à son ambition de devenir capitaine.
Après neuf ans à cultiver à Lorgol sa notoriété et ses faits d'armes, une autre opportunité s'offrit à lui. Le poste de commandant était sur le point de se libérer, on lui offrait la possibilité d'évoluer dans les sphères administratives au contact de son futur prédécesseur pour qu'il puisse prendre sa place un jour prochain.
Il accepta, honoré par cette proposition et satisfait de voir ses efforts couronnés de succès, persuadé qu'il pourrait continuer de s'illustrer en quelques occasions.
Aujourd'hui Alrik est arrivé à son but. Et aujourd'hui encore les tentations sont fortes, le jeu est devenu un vice sous contrôle, mais le commandant qu'il est devenu en l'an 1000 doit faire face à un défi auquel il se serait bien abstenu. L'arthrose de son genou gauche. Une dégradation de son cartilage l'empêchant de se mouver comme dans sa jeunesse, l'obligeant à privilégier ses devoirs administratifs et stratégiques. Un domaine où il excelle, mais manquant cruellement de piquant, puisque la consécration ultime aurait été de continuer à être perçu comme un grand guerrier. Amer que ses efforts se soldent par des difficultés physiques, le commandant est désormais plus que jamais à la recherche de fuite en avant pour échapper à son vieillissement inéluctable qu'il s'était bien gardé d'écarter tout au long de sa vie de ses préoccupations.
Livre II Alrik à été touché de très loin par cette année pourtant désastreuse pour Arven. Il a pourtant serré les dents le Commandant lorsque ses guerriers sont morts plus massivement lors de l'attaque de Svaljärd.
Mais l'homme de stratégie s'est consolé lorsque l'épidémie frappa. Une merveilleuse opportunité de faire la promotion de la Guilde. Sachant pertinemment que certains de ses guerriers s'étaient rattachés d'eux même à la protection des mages.
Beaucoup de bourses garnies qui ne manqueront pas de se souvenir d'eux si l'occasion se fait de nouveau sentir. Et de façon rémunérée, bien entendu.