Madeleine de Sombreflamme

L'histoire raconte que Bellifère a connu de difficiles années et que ce fut l’ascension au trône de mes grand-parents, Juste et Ermengarde qui permit de rétablir un semblant de prospérité. Ils eurent deux fils, qui l'un et l'autre enlevèrent et épousèrent deux belles nobles délicieuses. L'une d'elle donna naissance à une magnifique petite fille, moi, qui donna beaucoup de joie à mes parents. Cependant, ce bonheur familial idyllique prit fin lorsqu'une épidémie meurtrière toucha le duché. Les deux fils de ma grand-père, dont mon père, moururent des suites de la maladie. J'avais huit ans alors et après avoir perdu mes deux chers parents, je perdis aussi mon grand-père, emporté par la même maladie.

Devenir orpheline d'une façon aussi brutale fut pour moi un véritable bouleversement. Quelle révélation aussi affreuse pour une enfant que de réaliser que ses parents n'avaient rien d'immortels et ne pourraient vivre auprès d'elle toutes les étapes importantes de son existence ? Il n'est rien de plus cruel et cela me marqua si profondément que mon innocence d'enfant disparut au moment où mes parents furent placés dans leur caveau. Afin de me montrer forte, je masquais mon chagrin et me réfugiais bien souvent auprès de ma grand-mère qui me couvrait de cette affection dont je craignais manquer, et de mon cousin.

L'ennui me prenant toutefois, je finis par me promener un peu partout dans le palais, m'interrogeant sur ce que chacun faisait tandis qu'eux me souriait doucement. Sans doute étaient-ils touchés par mon air grave et pensif, ou simplement par ma situation d'orpheline. Quoi qu'il en fut, je finis par poser à chacun les questions qui me venaient et ce sur de multiples sujets. J'étais consciente que certains de mes questionnements devaient leur sembler sans grand intérêt, mais tous me répondait une fois face à mon adorable minois. Même les plus récalcitrants à l'idée de perdre du temps à leur tâche finissaient par répondre à mes questions, bien qu'en ronchonnant.
Ce fut de là que vint mon désir perpétuel de savoir, bien qu'avec le temps je me sois intéressée à des sujets disons plus adultes comme la politique par exemple. Un sujet bien complexe par ailleurs qui m'intéressa beaucoup.

Finalement, j'ai grandi, mais les domestiques de ma famille n'ont pas oublié l'enfant curieuse que je fus, enfant qui s'intéressait à tout mais surtout à eux. Il faut reconnaître qu'encore aujourd'hui, je connais le nom de la plupart des domestiques ou de leurs enfants, montrant ainsi que leurs efforts à nous servir ne me laisse pas indifférente. Ce fut ainsi que certains, bien que peu nombreux, me partagèrent leur avis au sujet de mon cousin, Martial. En tant qu'homme de la famille, il devait hériter du trône de Bellifère et devenir le prochain duc de Bellifère. Or, quelques domestiques me firent le délicieux compliment selon lequel je ferais une excellente duchesse si je venais à me marier. Même si une femme ne pouvait hériter de rien ici. Si cela me flatta plus que je ne l'admettrais, je ne désirais aucunement succéder à ma grand-mère. J'avais bien d'autres projets et je ne rêvais alors que de liberté et de découvrir d'autres terres d'Arven, et surtout d'Ibélène.

Quoi qu'il en soit, ma vie a pris un tournant radical depuis peu. Ma grand-mère et le conseiller de Sombreciel, Maximilien de Séverac, souhaitaient me fiancer au duc de Sombreciel pour lequel je n'avais ni amitié ni quelque autre sentiment que ce fut. Il s'avéra qu'il refusa ma main, et ma fierté en prit un sacré coup bien que je l'admettrais jamais. Après tout, je n'avais aucune envie de quitter Bellifère pour Sombreciel. Si j'avais toujours désiré voyager, ce n'était certainement pas dans ce duché aux mœurs bien trop éloignés des nôtres que je me serais rendue. Dans d'autres bien entendu, peut-être à Valkyrion par exemple. Mais puisque ce projet n'était plus à l'ordre du jour, peut-être pourrais-je me pencher sur d'autres projets plus personnels.

Or, Monsieur le Duc de Sombreciel en décida autrement et revint un beau jour demander à ma grand-mère ma main. C'était tout de même osé, mais la période actuelle exigeait que des alliances soient formées et celles du mariage étaient sans aucun doute les plus répandues qui soient. La guerre avait éclaté et fait déjà de trop nombreuses victimes. Peut-être une union entre nos deux duchés pourrait-elle nous permettre de mieux nous défendre face à nos ennemis de Faërie. Ainsi, j'acceptais bien qu'un peu du bout des lèvres la demande formulée par Castiel de Sombreflamme et attendit patiemment qu'il m'enlève comme la coutume l'exigeait. J'avais eu vent que des hommes du palais comptaient ne pas laisser cette union avoir lieu et d'une certaine manière j'hésitais entre me sentir triste de cette situation ou simplement heureuse d'avoir une chance de demeurer dans ce duché.

Finalement, le duc parvint jusqu'à moi et m'enleva comme la coutume le désirait. La nuit que nous avions ensuite passée avait été des plus agréable, en comparaison de ce que j'avais imaginé. Nous nous sommes finalement mariés et je suis ainsi devenue Duchesse de Sombreciel, Madeleine de Sombreflamme. Ce changement de vie assez soudain fut quelque peu délicat pour moi, d'autant plus lorsque je réalisais qu'Alméïde d'Erebor allait devenir très rapidement la seconde épouse de mon époux. Même si je le savais depuis que j'avais accepté de devenir l'épouse de Castiel, je ne pouvais m'empêcher de ne réaliser que maintenant ce que cela signifiait. Nous allions partager le même époux. Si je n'avais contre elle rien de personnel, cette étrangeté de la polygamie qui m'avait toujours été étrangère jusqu'alors m'irrita quelque peu. D'un autre côté, avais-je le choix ?
Et tandis que je me faisais à cette nouvelle épouse, ma consort, qui arriverait sous peu, on m'apprit que j'attendais un enfant.

Il se passa tant de choses en si peu de temps que je tente aujourd'hui de me faire à tout ses changements et la chose n'est pas aisée. Je prends mon temps, épaulée en cela par mon beau-frère Melsant de Séverac. Je verrais par la suite ce que je désire faire et vers quelle activité me tourner ici, à Sombreciel.

Penses-tu que la Rose Écarlate a eu raison de dissoudre la trêve, ou le prends-tu comme une trahison ?
• Il est clair que je ne suis pas favorable à cette décision. Même si la paix avait été rompu, libérer les magies et les savoirs bannis est une chose dangereuse. S'ils ont été bannis, c'est pour une bonne raison et je ne peux que me sentir angoissée en sachant que certains pourraient employer ces savoirs à mauvais escient.

Le savoir du Temps t’inspire-t-il de la curiosité, ou aurais-tu préféré qu’il demeure banni ?
• Etant d'un naturel curieux, il attire énormément mon attention. Toutefois, après avoir entendu plusieurs témoignages de personnes en ayant été victime, je comprends mieux les raisons qui ont amené ce savoir à être banni. Jouer avec les événements est une chose terriblement dangereuse et il vaudrait bien mieux que ce savoir disparaisse plutôt que d'être utilisé. Notamment entre des mains aux mauvaises intentions ...

Que penses-tu de Lorgol, la ville aux Mille Tours ? Est-ce que tu t'y promènes sereinement ou est-ce que la capitale des peuples libres t'oppresse ?
• J'apprécie beaucoup Lorgol bien que certains coins me semblent moins fréquentables que d'autres. Quoi qu'il en soit c'est une ville qui regorge de nouvelles choses à découvrir, de nouveaux mœurs également. J'aime voir les différentes cultures qui s'y mêlent, les différents personnages que l'on peut y croiser aussi. C'est une ville très cosmopolite en fait et on peut y faire des rencontres très intéressantes. En soit, Lorgol est une ville que j'apprécie et qui est toujours pleine d'agitation, bien que je n'ai pas eu l'occasion de m'y rendre très souvent. Une ou deux fois depuis peut-être à dire vrai, mais j'aimerais pouvoir m'y rendre à nouveau.