Quête 2.4 - Le grimoire aux énigmes

Grâce avait issu ce livre de ses affaires personnelles, sans réellement comprendre ce qu’il faisait là. Encore moins d’où il venait. Ce n’était pas vraiment le genre de livres sur lequel elle aimait perdre du temps, ou plutôt sur lequel elle avait du temps à perdre. Combattive et compétitive comme elle l’était, elle savait être du genre à s’acharner, sans abandonner avant d’avoir réussi. Dusse-t-elle s’arracher les cheveux dessus, ou en perdre le sommeil. Elle aurait maudit celui qui l’avait glissé à son insu dans ses affaires – ou se serait maudite elle-même, s’il s’avérait qu’elle l’avait pris par erreur. Était-ce à Reja ? Ou peut-être l'avait-elle emprunté à un des Voltigeurs de l'Escadron, et l'avait-elle oublié ? Ou alors il était à Melsant. Toujours est-il que cela lui rappelait son enfance, à lire des livres cachés sous sa couette, après que Freyja lui ait appris, à la lueur d'une chandelle qui s'amenuisait beaucoup trop vite.

Elle n’avait pas réellement l’habitude des énigmes, trop persévérante, trop peu à même d’abandonner, elle les fuyait plutôt. Et elle aurait sûrement mieux fait de refermer ce livre tout de suite. Ou de le jeter au loin, ou de l’offrir à quelqu’un. Elle avait déjà perdu deux ou trois mèches de cheveux, à essayer de relier les neuf points qui lui faisaient face, ne comprenant absolument pas comment le faire, en restant dans les limites du cadre. Son esprit typiquement belliférien mit longtemps, très longtemps, à comprendre qu’elle pouvait sortir du rang. Dépasser. Et elle savait plutôt bien le faire, après tout.

Elle fixa longuement, longuement, le parchemin, à lire cette énigme, ces lettres, avant de rougir subitement, en réalisant qu’elle espionnait une correspondance privée entre deux Cielsombrois. Mayeul aurait parfaitement pu écrire ça. Elle fronça les sourcils - si c'était lui qui avait mis ce livre là, pour qu'elle tombe là-dessus, il allait l'entendre ! Elle lui ferait aucun quartier. Aucun. Elle avait persisté, pourtant, à résoudre les énigmes. Avait malmené les pages, essayé de découper le livre. S’était épanchée en de longues explications, ce dont elle n’était pourtant pas coutumière. Elle avait été surprise, de la dernière énigme, soulagée, aussi, qu’elle soit plus simple.

Surtout, elle était émerveillée, de voir ce sable violet, faisant coulisser le pendentif, avant de mettre le collier autour de son cou. Elle pourrait, peut-être, offrir le livre à Agathe. Ça l’amuserait, non ?